Discours 2005-2013 18408

RENCONTRE AVEC LES REPRÉSENTANTS DE LA COMMUNAUTÉ JUIVE "Park East Synagogue" de New York Vendredi 18 avril 2008

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Chers amis.

Shalom! C'est avec joie que je viens ici, tout juste quelques heures avant la célébration de votre Pesah, pour exprimer mon respect et mon estime à la communauté juive de la ville de New York. La proximité de ce lieu de culte avec ma résidence m'offre l'occasion de saluer quelques-uns d'entre vous aujourd'hui. Je trouve émouvant de se rappeler que Jésus, encore enfant, entendit les paroles de l'Ecriture et pria dans une lieu tel que celui-ci. Je remercie le Rabbin Schneier de ses expressions de bienvenue et j'apprécie tout particulièrement votre gentil cadeau, les fleurs printanières et la très jolie chanson que les enfants ont chantée pour moi. Je sais que la communauté juive apporte une précieuse contribution à la vie de cette ville, et j'encourage chacun de vous à continuer de construire des ponts d'amitié avec toutes les nombreuses et différentes ethnies et les groupes religieux présents à proximité. Je vous assure tout particulièrement de ma proximité en ce moment, alors que vous vous préparez à célébrer les hauts faits du Tout-Puissant, et à chanter des prières à Celui qui a offert tant de merveilles à son peuple. Je vous demande à vous tous ici présents de transmettre mes salutations et mes meilleurs voeux à tous les membres de la communauté juive. Béni soit le nom du Seigneur!


RENCONTRE OECUMÉNIQUE Eglise Saint-Joseph de New York Vendredi 18 avril 2008

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Chers frères et soeurs dans le Christ,

Mon coeur est comblé de gratitude envers Dieu - "Père de tous, qui est au-dessus de tous, par tous et en tous" (
Ep 4,6) - pour cette heureuse opportunité de me trouver ce soir en prière avec vous. Je remercie S.Exc. Mgr Dennis Sullivan de son accueil cordial, et je salue avec affection toutes les personnes présentes venues représenter les communautés chrétiennes à travers les Etats-Unis. La paix de notre Seigneur et Sauveur soit avec vous tous!

A travers vous, j'entends exprimer mon estime sincère pour l'oeuvre inestimable de tous ceux qui sont engagés au service de l'oecuménisme: le National Council of Churches, le Christian Churches Together, le Catholic Bishop's Secretariat for Ecumenical and Interreligious Affairs, et bien d'autres. La contribution offerte au mouvement oecuménique par les chrétiens des Etats-unis est perçue dans le monde entier. Je vous encourage tous à persévérer, en ayant toujours confiance dans la grâce du Christ ressuscité que nous nous efforçons de servir pour obtenir "l'obéissance de la foi... à l'honneur de son nom" (cf. Rm 1,5).

Nous venons d'entendre le passage de l'Ecriture où Paul - le "prisonnier à cause du Seigneur" - formule son appel chaleureux aux membres de la communauté chrétienne d'Ephèse. "Je vous exhorte - écrit-il - à mener une vie digne de l'appel que vous avez reçu... appliquez-vous à conserver l'unité de l'Esprit par ce lien qu'est la paix" (Ep 4,1-3). Ainsi, au terme de son appel passionné à l'unité, Paul rappelle à ses lecteurs que Jésus, une fois monté au ciel, a déversé sur les hommes tous les dons nécessaires à l'édification du Corps du Christ (cf. Ep Ep 4,11-13).

C'est avec tout autant de force que retentit aujourd'hui l'exhortation de Paul. Ses paroles nous donnent la certitude que le Seigneur ne nous abandonnera jamais dans notre recherche de l'unité. Elles nous invitent par ailleurs à vivre de manière à rendre témoignage de cet unique "coeur" et "âme" (Ac 4,32), qui a toujours été le trait caractéristique de la koinonia chrétienne (cf. Ac Ac 2,42), et la force qui attire ceux qui sont au dehors à venir faire partie de la communauté des croyants de manière à ce qu'ils puissent eux aussi partager l'"insondable richesse du Christ" (Ep 3,8).

La mondialisation a placé l'humanité entre deux extrémités. D'un côté le sens croissant de l'interrelation et de l'interdépendance entre les peuples eux-mêmes quand - si l'on parle en termes géographiques et culturels - ils sont distants entre eux. Cette nouvelle situation offre la possibilité d'améliorer le sens de la solidarité mondiale et du partage des responsabilités pour le bien de l'humanité. D'autre part, on ne peut nier que les changements rapides qui ont lieu dans le monde font aussi apparaître des signes évidents de fragmentation et de repli dans l'individualisme. Le recours toujours plus large à l'électronique dans le monde des communications a paradoxalement provoqué une croissance de l'isolement. Beaucoup - y compris des jeunes - cherchent pour cette raison des formes plus authentiques de communauté. Une autre source de grave inquiétude est la diffusion de l'idéologie séculariste qui mine voire rejette la vérité transcendante. La possibilité même d'une révélation divine, et donc de la foi chrétienne, est souvent mise en discussion par des modes de pensée largement présentes dans les domaines universitaires, dans les mass médias et dans l'opinion publique. C'est pourquoi un témoignage fidèle de l'Evangile est plus que jamais nécessaire. Il est demandé aux chrétiens de rendre raison avec clarté de l'espérance qui est en eux (cf. 1P 3,15).

Trop souvent les non-chrétiens, qui observent la fragmentation des communautés chrétiennes, se retrouvent à juste titre confus sur le message même de l'Evangile. Des croyances et des comportements chrétiens fondamentaux sont parfois modifiés au sein des communautés par ce que l'on appelle des "actions prophétiques" fondées sur une herméneutique qui n'est pas toujours en harmonie avec les données de l'Ecriture et de la Tradition. Par conséquent, les communautés renoncent à agir comme un corps uni, et préfèrent en revanche oeuvrer selon le principe des "options locales". Au cours de ce processus, s'égare le besoin de koinonia diachronique - la communion avec l'Eglise de tous les temps - précisément au moment où le monde a perdu son orientation et a besoin de témoignages communs et convaincants sur le pouvoir salvifique de l'Evangile (cf. Rm 1,18-23).

Face à ces difficultés, nous devons en premier lieu nous rappeler que l'unité de l'Eglise dérive de la parfaite unité de la Trinité. L'Evangile de Jean nous dit que Jésus a prié pour que ses disciples ne soient qu'un, "comme tu es en moi... et moi en toi" (cf. Jn 17,21). Ce passage reflète la ferme conviction de la communauté chrétienne des origines que son unité était le fruit et le reflet de l'unité du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Cela, à son tour, montre que la cohésion réciproque des croyants était fondée sur la pleine intégrité de la confession de leur credo (cf. 1Tm 1,3-11). Dans tout le Nouveau Testament, nous lisons que les Apôtres furent de manière répétée appelés à rendre raison de leur foi tant vis-à-vis des païens (cf. Ac Ac 17,16-34) que des juifs (cf. Ac Ac 4,5-22 Ac 5,27-42). Le noyau central de leur argumentation fut toujours le fait historique de la résurrection corporelle du Seigneur de la tombe (Ac 2, 24, 32; 3, 15; 4, 10; 5, 30;10, 40; 13, 30). L'efficacité dernière de leur prédication ne dépendait pas de "discours enseignés" ou de l'"humaine sagesse" (1Co 2,13), mais plutôt de l'action de l'Esprit (Ep 3,5) qui confirmait le témoignage digne de foi des Apôtres (cf. 1Co 15,1-11). Le coeur de la prédication de Paul et de l'Eglise des origines n'était autre que Jésus Christ, et "Jésus Christ crucifié" (1Co 2,2). Et cette proclamation devait être garantie par la pureté de la doctrine normative exprimée dans les formules de foi - les symboles - qui articulaient l'essence de la foi chrétienne et constituaient le fondement de l'unité des baptisés (cf. 1Co 15,3-5 Ga 1,6-9 Unitatis redintegratio UR 2).

Chers amis, la force du kerygma n'a rien perdu de son dynamisme intérieur. Nous devons toutefois nous demander si toute sa vigueur n'est pas atténuée par une approche relativiste de la doctrine chrétienne semblable à celle que nous trouvons dans les idéologies sécularisées qui, en soutenant que seule la science est "objective", relèguent complètement la religion dans le domaine subjectif du sentiment de l'individu. Les découvertes scientifiques et leurs réalisations à travers l'intelligence humaine offrent sans aucun doute à l'humanité de nouvelles possibilités d'amélioration. Cela ne signifie pas cependant, que le "connaissable" soit limité à ce qui est empiriquement vérifiable, ni que la religion soit confinée dans le royaume changeant de l'"expérience personnelle".

L'acceptation de cette ligne de pensée erronée conduirait les chrétiens à conclure que dans la présentation de la foi chrétienne il n'est pas nécessaire de souligner la vérité objective, parce qu'il faut uniquement suivre sa propre conscience et choisir la communauté qui répond le mieux à nos goût personnels. Le résultat peut se vérifier dans la prolifération continuelle de communautés qui évitent souvent des structures institutionnelles et minimisent l'importance pour la vie chrétienne du contenu doctrinal.

Même au sein du mouvement oecuménique, les chrétiens peuvent se montrer hésitants à affirmer le rôle de la doctrine, par crainte qu'il puisse exacerber plutôt que soigner les blessures de la division. Malgré cela, un témoignage clair et convaincant rendu au salut opéré pour nous en Jésus Christ doit se fonder sur la notion d'un enseignement apostolique normatif - un enseignement qui souligne véritablement la parole inspirée de Dieu et soutient la vie sacramentelle des chrétiens d'aujourd'hui.

C'est uniquement en "gardant fermement" l'enseignement sûr (cf. 2Th 2,15) que nous réussirons à répondre aux défis auxquels nous sommes appelés à nous confronter dans un monde qui change. Ce n'est qu'ainsi que nous donnerons un témoignage ferme à la vérité de l'Evangile et à son enseignement moral. Tel est le message que le monde s'attend à entendre de nous. Tout comme les premiers chrétiens, nous avons la responsabilité de rendre un témoignage transparent des "raisons de notre espérance", afin que les yeux de tous les hommes de bonne volonté puissent s'ouvrir et voir que Dieu a manifesté son visage (2Co 3,12-18) et nous a permis d'accéder à sa vie divine à travers Jésus Christ. Lui seul est notre espérance! Dieu a révélé son amour pour tous les peuples à travers le mystère de la passion et de la mort de son Fils, et il nous a appelés à proclamer qu'il est vraiment ressuscité, il s'est assis à la droite du Père et "il reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts" (Credo de Nicée).

Puisse la Parole de Dieu que nous venons d'entendre ce soir enflammer d'espérance nos coeurs sur le chemin de l'unité (cf. Lc 24,32). Puisse cette rencontre de prière être un exemple de la place centrale de la prière dans le mouvement oecuménique (cf. Unitatis redintegratio UR 8); car, sans prière, les structures, les institutions et les programmes oecuméniques seraient privés de leur coeur et de leur âme. Nous rendons grâce à Dieu pour les progrès réalisés à travers l'action de l'Esprit, et nous prenons acte avec gratitude des sacrifices spirituels accomplis par beaucoup de ceux ici présents et par ceux qui nous ont précédés.

En marchant sur leurs traces et en plaçant notre confiance en Dieu uniquement, je suis certain que - faisant miennes les paroles du Père Paul Wattson - nous parviendrons à cette "unité d'espérance, de foi et d'amour" qui seule peut convaincre le monde que Jésus Christ est l'envoyé du Père pour le salut de tous.

Merci à tous.


RENCONTRE AVEC UN GROUPE DE PORTEURS DE HANDICAP Séminaire Saint-Joseph, Yonkers, New York Samedi 19 avril 2008

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Votre Eminence,
Mgr Walsh,
Chers amis,

Je suis très heureux d'avoir cette possibilité de passer un bref instant avec vous. Je remercie le cardinal Egan pour son salut et je remercie surtout vos représentants pour leurs aimables paroles et pour le don de votre dessin. Sachez que c'est pour moi une grande joie d'être avec vous. Je vous prie de bien vouloir transmettre mes voeux à vos parents et aux membres de votre famille, ainsi qu'à vos enseignants et assistants.

Dieu vous a béni avec la vie, et il vous a également donné d'autres talents et d'autres qualités. A travers eux vous êtes capables de servir Dieu et la société de différentes manières. Même si la contribution de certains peut paraître importante et celle des autres plus modeste, la valeur du témoignage de vos efforts est toujours un signe d'espérance pour tous.

Il est parfois difficile de trouver une raison pour ce qui apparaît seulement comme une difficulté à surmonter ou une douleur à affronter. Malgré cela la foi nous aide à élargir notre horizon au-delà de nous-mêmes et à voir la vie comme Dieu la voit. L'amour inconditionnel de Dieu, qui touche chaque individu, indique un sens et un but pour tous les hommes. A travers sa Croix, Jésus nous fait véritablement entrer dans son amour salvifique (cf.
Jn 12,32) et ce faisant il nous montre la direction - la voie de l'espérance qui nous transfigure tous, de manière à ce qu'à notre tour nous devenions pour les autres des porteurs d'espérance et d'amour.

Chers amis, je vous encourage tous à prier tous les jours pour notre monde. Il y a tellement d'intentions et de gens pour lesquels vous pouvez prier, y compris ceux qui doivent encore arriver à connaitre Jésus. Et je vous demande de continuer à prier pour moi. Comme vous le savez, je viens de fêter un autre anniversaire. Le temps passe.

Merci encore à vous tous, y compris les jeunes chanteurs de la cathédrale Saint-Patrick et les membres du choeur de sourds de l'archidiocèse. En signe de vigueur et de paix et avec grande affection dans notre Seigneur, je vous donne à vous, vos familles, vos enseignants et vos assistants, ma Bénédiction apostolique.



RENCONTRE AVEC LES JEUNES ET LES SÉMINARISTES Séminaire Saint-Joseph, Yonkers, New York Samedi 19 avril 2008

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Votre Eminence,
Chers frères dans l'épiscopat,
Chers jeunes amis,

Proclamez le Christ Seigneur "toujours prêts à la défense contre quiconque vous demande raison de l'espérance qui est en vous" (
1P 3,15). C'est avec ces mots de la première épître de Pierre que je salue chacun de vous avec une affection cordiale. Je remercie le cardinal Egan pour ses aimables paroles de bienvenue et je remercie aussi les représentants choisis parmi vous pour leurs gestes de bienvenue. A Mgr Walsh, recteur du séminaire Saint-Joseph, au personnel et aux séminaristes, j'exprime mes salutations particulières et ma gratitude.

Jeunes amis, je suis très heureux d'avoir l'occasion de parler avec vous. Transmettez, je vous prie, mes chaleureuses salutations aux membres de votre famille et à vos parents, ainsi qu'aux professeurs et au personnel des différentes écoles, collèges et universités que vous fréquentez. Je sais que beaucoup de personnes ont travaillé de manière intense pour que notre rassemblement puisse avoir lieu. Je leur suis profondément reconnaissant. Je souhaite mentionner votre chant de "Joyeux anniversaire". Merci de ce geste émouvant, je vous donne à tous un "A+" pour votre prononciation allemande. Ce soir, je veux partager avec vous quelques pensées sur le fait d'être disciples de Jésus Christ: sur les pas du Seigneur, nos vies deviennent un voyage d'espérance.

Face à vous, il y a les images de six hommes et femmes ordinaires, qui ont grandi et qui ont mené des vies extraordinaires. L'Eglise les honore en tant que vénérables, bienheureux ou saints: chacun a répondu à l'appel du Seigneur à une vie de charité et chacun l'a servi ici, dans les avenues, les rues, et les banlieues de New York. Je suis frappé par le fait qu'ils constituent un groupe incroyablement diversifié: pauvres et riches, hommes et femmes laïcs, - dont une très riche épouse et mère de famille -, des prêtres et des religieuses, des immigrés venus de loin, la fille d'un père guerrier Mohawak et d'une mère Algonquin, un esclave Haïtien et, enfin, un intellectuel cubain.

Sainte Elizabeth Ann Seton, sainte Françoise-Xavier Cabrini, saint Jean Neumann, la bienheureuse Kateri Tekakwitha, le vénérable Pierre Toussaint et le Père Felix Varela: n'importe qui d'entre nous pourrait être parmi eux, parce qu'il n'y a aucun stéréotype dans ce groupe, aucun modèle uniforme. Mais à y regarder de plus près, ils ont des éléments communs. Embrasées par l'amour de Jésus, leurs vies sont devenues de remarquables voyages de l'espérance. Pour certains, cela voulait dire quitter leur maison et s'embarquer pour un pèlerinage de milliers de kilomètres. Pour chacun d'eux, il y a eu un acte d'abandon à Dieu, avec la confiance qu'il est la destination finale de tout pèlerin. Et ils ont tous offert une main tendue d'espérance à ceux qu'ils rencontraient sur leur chemin, en éveillant souvent en eux la vie de la foi. Par des orphelinats, des écoles et des hôpitaux, en se faisant amis des pauvres, des malades, et des marginaux, et par le témoignage convaincant qui vient du fait de marcher humblement sur les pas du Christ, ces six personnes ont ouvert la voie de la foi, de l'espérance et de la charité à un nombre incalculable de personnes, y compris peut-être vos propres ancêtres.

Et aujourd'hui? Qui porte témoignage de la Bonne nouvelle de Jésus, dans les rues de New York, dans les banlieues troublées des grandes villes, sur les places où les jeunes se rassemblent, cherchant quelqu'un en qui avoir confiance? Dieu est notre origine et notre destination, et Jésus le chemin. La route de cette journée (comme cela a été le cas pour nos saints) serpente à travers les joies et les épreuves de la vie quotidienne ordinaire: dans vos familles, à l'école ou au collège, au cours de vos loisirs, et dans vos communautés paroissiales. Tous ces endroits sont marqués par la culture dans laquelle vous grandissez. En tant que jeunes Américains, on vous offre de nombreuses occasions de développement personnel, et vous êtes élevés avec un sens de la générosité, du service et de la loyauté. Pourtant vous n'avez pas besoin que je vous dise qu'il y a aussi des difficultés: des activités et des modes de pensée qui étouffent l'espérance, des voies qui semblent conduire au bonheur et à l'accomplissement mais en fait s'achèvent dans la confusion et la peur.

Mes années d'adolescence ont été dévastées par un régime sinistre qui pensait avoir toutes les réponses. Son influence a grandi, - infiltrant les écoles et les milieux sociaux, politiques et même religieux - avant d'être pleinement reconnu comme le monstre qu'il était. Il bannit Dieu et devint ainsi inaccessible à tout ce qui était vrai et bon. Beaucoup de vos grands-parents et arrière-grands-parents vous auront raconté l'horreur de la destruction qui a suivi. En effet certains d'entre eux vinrent en Amérique justement pour fuir cette terreur.

Remercions Dieu du fait qu'aujourd'hui beaucoup de gens de votre génération peuvent jouir de libertés qui ont surgi grâce à l'extension de la démocratie et au respect des droits de l'homme. Remercions Dieu pour tous ceux qui s'efforcent de vous assurer de pouvoir grandir dans un environnement qui nourrit ce qui est beau, bon, et vrai: vos parents et vos grands-parents, vos professeurs et vos prêtres, ces responsables politiques qui cherchent ce qui est droit et juste.

Le pouvoir de destruction demeure cependant. Prétendre le contraire serait se faire illusion. Pourtant, il ne triomphe jamais: il est défait. C'est l'essence de l'espérance qui nous définit en tant que chrétiens; et l'Eglise le rappelle dramatiquement lors du triduum pascal, et le célèbre avec une grande joie pendant le temps pascal!

Celui qui nous montre le chemin au delà de la mort est Celui qui nous montre comment surmonter les destructions et la peur: ainsi, c'est Jésus qui est le vrai maître de la vie (cf. Spe Salvi ). Sa mort et sa résurrection signifient que nous pouvons dire au Père "tu nous as rendu la vie" (Prière après la communion, Vendredi saint). Et ainsi, il y a seulement quelques semaines, au cours de la belle liturgie de la Veillée pascale, ce n'est pas par désespoir ou par peur que nous avons crié vers Dieu pour notre monde, mais avec une confiance pleine d'espérance: chasse les ténèbres de notre coeur! Chasse les ténèbres de notre esprit! (cf. Prière du cierge pascal).

Que sont donc ces ténèbres? Qu'est-ce qui se passe lorsque les gens, spécialement les plus vulnérables, rencontrent le poing fermé de la répression ou de la manipulation, plutôt qu'une main tendue d'espérance? Un premier groupe d'exemples appartient au coeur. Ici, les rêves et les aspirations des jeunes peuvent être assombris ou détruits. Je pense à ceux qui sont victimes de la drogue et de l'abus de stupéfiants, les sans abri, les pauvres, les victimes du racisme, de la violence, de la dégradation - spécialement les jeunes filles et les femmes. Les causes de ces problèmes sont complexes mais ils ont tous en commun un état d'esprit empoisonné qui se manifeste dans le fait de traiter les personnes comme de simples objets - il en résulte une dureté de coeur qui tout d'abord ignore et ensuite ridiculise la dignité de tout être humain donnée par Dieu. De telles tragédies soulignent aussi ce qui aurait pu se passer et ce qui pourrait se passer, si d'autres mains - vos mains - s'étaient tendues, se tendaient vers elles. Je vous encourage à inviter les autres, spécialement les personnes vulnérables et innocentes, à se joindre à vous sur le chemin de la bonté et de l'espérance.

Le deuxième domaine de ténèbres - celles qui affectent l'esprit - passe souvent inaperçu et est, pour cette raison, particulièrement sinistre. La manipulation de la vérité déforme notre perception de la réalité et ternit notre imagination et nos aspirations. J'ai déjà mentionné les nombreuses libertés dont vous avez la chance de jouir. L'importance fondamentale de la liberté doit être rigoureusement sauvegardée. Ce n'est donc pas surprenant que de nombreuses personnes proclament bruyamment leur liberté sur la place publique. Cependant, la liberté est une valeur délicate. Elle peut être mal comprise, et mal utilisée, et ainsi conduire non pas au bonheur que nous attendons tous de la liberté, mais à une zone sombre de manipulation dans laquelle notre compréhension de nous-mêmes et du monde devient confuse, et même déformée par ceux qui ont un autre projet.

Avez-vous remarqué le nombre de fois où la liberté est revendiquée sans aucune référence à la vérité de la personne humaine? Il y a ceux qui affirment aujourd'hui que le respect de la liberté de la personne individuelle rend injuste la recherche de la vérité, y compris la vérité sur ce qui est bien. Dans certains milieux, parler de la vérité est considéré comme une source de discussions et de divisions et on préfère donc réserver cela à la sphère privée. Et à la place de la vérité - ou plutôt de son absence - s'est répandue l'idée qu'en donnant de la valeur à tout sans distinctions, on assure la liberté et on libère la conscience. C'est ce que nous appelons le relativisme. Mais quel est l'objectif d'une "liberté" qui, ignorant la vérité, poursuit ce qui est faux ou injuste? A combien de jeunes a-t-on proposé une aide qui, au nom de la liberté et de l'expérience, les a conduits à une accoutumance aux stupéfiants, à la confusion morale ou intellectuelle, à blesser, à la perte du respect de soi et même au désespoir, et ainsi, tragiquement et tristement, au suicide? Chers amis, la vérité n'est pas une imposition. Elle n'est pas non plus un simple ensemble de règles. C'est la découverte de Celui qui ne nous trahit jamais; de Celui en qui nous pouvons toujours avoir confiance. En cherchant la vérité nous finissons par vivre selon la foi car, en définitive, la vérité est une personne: Jésus Christ. C'est la raison pour laquelle la liberté authentique n'est pas le choix de "se désengager de". C'est le choix de "s'engager pour"; rien moins que sortir de soi et se laisser associer à l'"être pour les autres" du Christ (cf. Spe Salvi ).

Comment pouvons-nous alors en tant que croyants, aider les autres à marcher sur le chemin de la liberté qui conduit à l'épanouissement et au bonheur durable? Tournons-nous à nouveau vers les saints. De quelle manière leur témoignage a-t-il véritablement libéré d'autres personnes des ténèbres du coeur et de l'esprit? La réponse se trouve dans le noyau de leur foi - de notre foi. L'incarnation, la naissance de Jésus, nous dit que Dieu trouve vraiment une place parmi nous. Il n'y a plus de place à l'auberge mais il entre par l'étable, et il y a des personnes qui voient sa lumière. Elles reconnaissent le monde sombre et fermé d'Hérode pour ce qu'il est, et suivent en revanche l'étoile qui brille et les guide dans le ciel nocturne. Et quelle lumière répand-elle? Vous pouvez ici vous souvenir de la prière prononcée lors de la très sainte nuit de Pâques: "O Père, toi qui, par ton Fils, lumière du monde, nous as transmis la lumière de ta gloire, allume en nous la flamme vivante de ton espérance!" (cf. Bénédiction du feu). Et ainsi, dans une procession solennelle avec nos cierges allumés, nous nous sommes passés la lumière du Christ les uns aux autres. C'est la lumière qui "triomphe du mal, lave nos fautes, redonne l'innocence aux pécheurs, la joie aux affligés, dissipe la haine, nous apporte la paix et humilie l'orgueil du monde" (cf. Exsultet). C'est la lumière du Christ à l'oeuvre. C'est le chemin des saints. C'est une magnifique vision de l'espérance - la lumière du Christ vous invite à être des étoiles pour guider les autres, en marchant sur la route du Christ qui est la route du pardon, de la réconciliation, de l'humilité, de la joie et de la paix.

Cependant, nous sommes parfois tentés de nous refermer sur nous-mêmes, de douter de la force de rayonnement du Christ, de limiter l'horizon de l'espérance. Courage! Fixez votre regard sur nos saints! La diversité de leurs expériences de la présence de Dieu est une invitation à redécouvrir la largeur et la profondeur du christianisme. Laissez votre imagination se promener librement le long de l'expansion illimitée des horizons du disciple du Christ. Nous sommes parfois considérés comme des personnes qui ne parlent que d'interdits. Rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité! Ce qui caractérise un authentique disciple du Christ, c'est le sens de l'émerveillement. Nous sommes devant ce Dieu que nous connaissons et aimons comme un ami, devant l'immensité de sa création et la beauté de notre foi chrétienne.

Chers amis, l'exemple des saints nous invite alors à considérer quatre aspects essentiels du trésor de notre foi: la prière personnelle et le silence, la prière liturgique, la charité vécue et les vocations.

Le plus important est que vous développiez une relation personnelle avec Dieu. Cette relation s'exprime dans la prière. De par sa nature même, Dieu parle, écoute et répond. Saint Paul nous rappelle en effet que nous pouvons et devons "prier sans cesse" (cf. 1Th 5,17). Loin de nous replier sur nous-mêmes et de fuir les hauts et les bas de la vie, à travers la prière nous nous tournons vers Dieu et, à travers Lui, nous nous tournons les uns vers les autres, y compris les personnes marginalisées et celles qui suivent des voies qui ne sont pas celles de Dieu (cf. Spe Salvi ). Comme les saints nous l'enseignent de manière particulièrement vivante, la prière devient l'espérance en acte. Le Christ était leur compagnon de toujours, avec lequel il parlait à chaque instant sur leur chemin au service des autres.

Il y a un autre aspect de la prière que nous devons nous rappeler: la contemplation dans le silence. Saint Jean, par exemple, nous dit que pour accueillir la révélation de Dieu il faut d'abord écouter et ensuite répondre en annonçant ce que nous avons vu et entendu (cf. 1Jn 1,2-3 Const. Dei Verbum DV 1). N'avons-nous pas peut-être un peu perdu l'art d'écouter? Laissez-vous un peu d'espace pour entendre le murmure de Dieu qui vous appelle à la bonté? Chers amis, n'ayez pas peur du silence et du calme, écoutez Dieu, adorez-le dans l'Eucharistie! Laissez sa parole façonner votre chemin comme un développement de la sainteté.

Dans la liturgie nous trouvons l'Eglise tout entière en prière. Le mot "liturgie" signifie la participation du Peuple de Dieu à "l'oeuvre du Christ prêtre et de son Corps qui est l'Eglise" (Sacrosanctum Concilium SC 7). En quoi consiste cette oeuvre? Elle se réfère avant tout à la Passion du Christ, à sa mort et sa résurrection et à son ascension - ce que nous appelons "Mystère pascal". Elle se réfère aussi à la célébration de la liturgie elle-même. Les deux significations sont en effet liées de manière inséparable, car cette "oeuvre de Jésus" est le véritable contenu de la liturgie. A travers la liturgie, l'"oeuvre de Jésus" est continuellement mise en contact avec l'histoire, avec notre vie, pour la façonner. Nous avons ici un nouvel aperçu de la grandeur de notre foi chrétienne. Chaque fois que vous vous réunissez pour la messe, quand vous allez vous confesser, chaque fois que vous célébrez un des sacrements, Jésus est à l'oeuvre. A travers l'Esprit Saint, il vous attire vers lui, dans son amour sacrificiel pour le Père, qui devient amour pour tous. Nous voyons ainsi que la liturgie de l'Eglise est un ministère d'espérance pour l'humanité. Votre participation pleine de foi est une espérance active qui aide à maintenir le monde - les saints comme les pécheurs - ouvert à Dieu; voilà la véritable espérance humaine que nous offrons à chacun (cf. Spe Salvi ).

Votre prière personnelle, vos moments de contemplation silencieuse et votre participation à la liturgie de l'Eglise vous rapprochent de Dieu et vous préparent également à servir les autres. Les saints qui nous accompagnent ce soir nous montrent que la vie de foi et d'espérance est aussi une vie de charité. En contemplant Jésus sur la croix nous voyons l'amour sous sa forme la plus radicale. Nous pouvons commencer à imaginer le chemin de l'amour sur lequel nous devons avancer (cf. Deus caritas est ). Les occasions pour avancer sur ce chemin sont nombreuses. Regardez autour de vous avec les yeux du Christ, écoutez avec ses oreilles, ayez les mêmes sentiments que lui et pensez avec son coeur et son esprit. Etes-vous prêts à tout donner pour la vérité et la justice, comme Il le fit? Beaucoup des exemples de souffrance auxquels nos saints ont répondu avec compassion se trouvent encore dans cette ville et ses alentours. Et de nouvelles injustices sont apparues: certaines sont complexes et dérivent de l'exploitation du coeur et de la manipulation de l'esprit; notre habitat commun, la terre elle-même, gémit aussi sous le poids de l'avidité consumériste et de l'exploitation irresponsable. Nous devons écouter profondément. Nous devons répondre avec une action sociale renouvelée qui naisse de l'amour universel qui ne connaît pas de limite. Ainsi, nous serons sûrs que nos oeuvres de miséricorde et de justice deviendront une espérance en acte pour les autres.

Chers jeunes, pour finir je voudrais vous dire encore un mot sur les vocations. Tout d'abord, mes pensées vont à vos parents, à vos grands-parents et à vos parrains et marraines. Ils ont été vos premiers éducateurs dans la foi. En vous présentant pour le Baptême, ils vous ont donné la possibilité de recevoir le don le plus grand de votre vie. Ce jour-là, vous êtes entrés dans la sainteté de Dieu lui-même. Vous êtes devenus des fils et des filles adoptifs du Père. Vous avez été incorporés au Christ. Vous avez été transformés en demeures de son Esprit. Prions pour les pères et les mères du monde entier, en particulier pour ceux qui luttent à chaque instant - socialement, matériellement, spirituellement. Honorons la vocation du mariage et la dignité de la vie familiale. Reconnaissons toujours que les familles sont le lieu où naissent les vocations.

Rassemblés ici au "Saint Joseph Seminary", je salue les séminaristes présents et, de fait, j'encourage tous les séminaristes partout en Amérique. Je suis heureux de savoir que votre nombre augmente! Le peuple de Dieu attend de vous que vous soyez des prêtres saints, sur un chemin quotidien de conversion, en suscitant chez les autres le désir d'entrer plus profondément dans la vie ecclésiale des croyants. Je vous exhorte à approfondir votre amitié avec Jésus, le Bon Pasteur. Parlez avec Lui coeur à coeur. Rejetez toute tentation d'ostentation, de carriérisme ou de vanité. Recherchez un style de vie vraiment caractérisé par la charité, la chasteté et l'humilité, à l'imitation du Christ, le Prêtre Suprême éternel dont vous devez devenir l'image vivante (cf. Pastores dabo vobis PDV 33). Chers séminaristes, je prie pour vous chaque jour. Rappelez-vous que ce qui compte devant le Seigneur est de demeurer dans son amour et de faire rayonner son amour pour les autres.

Les religieuses, les religieux et les prêtres contribuent largement à la mission de l'Eglise. Leur témoignage prophétique est caractérisé par une profonde conviction du primat avec lequel l'Evangile façonne la vie chrétienne et transforme la société. Aujourd'hui, je voudrais attirer votre attention sur le renouveau spirituel positif que les Congrégations sont en train d'entreprendre en relation avec leur charisme. La parole "charisme" signifie un don accordé librement et gratuitement. Les charismes sont accordés par l'Esprit Saint qui inspire les fondateurs et les fondatrices et qui forme les congrégations avec un patrimoine spirituel conséquent. La merveilleuse série de charismes propres à chaque institut religieux est un trésor spirituel extraordinaire. En effet, l'histoire de l'Eglise est illustrée de la plus belle des manières par l'histoire de ses écoles de spiritualité, dont la plupart remontent aux vies saintes de fondateurs et de fondatrices. Je suis certain que, à travers la découverte des charismes qui produisent une telle profondeur de sagesse spirituelle, certains d'entre vous seront attirés par une vie de service apostolique ou contemplatif. Ne soyez pas trop timides pour parler avec des religieux, des religieuses ou des prêtres sur le charisme et sur la spiritualité de leur congrégation. Il n'existe pas de communauté parfaite, mais c'est le discernement de la fidélité à un charisme fondateur, et non à une personne en particulier, que le Seigneur vous demande. Soyez courageux! Vous aussi pouvez faire de votre vie un don personnel pour l'amour du Seigneur Jésus et, en Lui, de chaque membre de la famille humaine (cf. Vita consecrata VC 3).

Mes amis, je vous le demande à nouveau, que dire du moment présent? Que recherchez-vous? Qu'est-ce que Dieu vous suggère? L'espérance qui ne déçoit jamais est Jésus Christ. Les saints nous montrent l'amour désintéressé de son chemin. En tant que disciples du Christ, leurs itinéraires extraordinaires se développèrent au sein de cette communauté de l'espérance qui est l'Eglise. Et c'est de l'intérieur de l'Eglise que vous trouverez vous aussi le courage et le soutien pour marcher sur la voie du Seigneur. Nourris par la prière personnelle, préparés par le silence, façonnés par la liturgie de l'Eglise, vous découvrirez la vocation particulière que le Seigneur vous réserve. Embrassez-la avec joie. Aujourd'hui, c'est vous qui êtes les disciples du Christ. Faites rayonner sa lumière sur cette grande ville et au delà. Montrez au monde les raisons de l'espérance qui est en vous. Parlez avec les autres de la vérité qui vous rend libres. Avec ces sentiments de grande espérance en vous, je vous salue d'un "au revoir", dans l'attente de vous rencontrer à nouveau à Sydney, en juillet, pour la Journée mondiale de la jeunesse! Et, en gage de mon affection pour vous et pour vos familles, je vous donne avec joie ma Bénédiction apostolique.

Chers séminaristes, chers jeunes, c'est pour moi une grande joie de pouvoir vous rencontrer tous au cours de cette visite, pendant laquelle j'ai aussi fêté mon anniversaire. Merci de votre accueil et de la gentillesse dont vous avez fait preuve à mon égard.

Je vous exhorte à ouvrir votre coeur au Seigneur, afin qu'il le comble pleinement, de façon à ce qu'avec le feu de son amour vous puissiez apporter son Evangile dans tous les quartiers de New York.

La lumière de la foi vous poussera à répondre au mal par le bien et par la sainteté de votre vie, comme l'ont fait les grands témoins de l'Evangile au cours des siècles. Vous êtes appelés à poursuivre cette chaîne d'amis de Jésus, qui trouveront dans son amour le grand trésor de leur vie. Cultivez cette amitié à travers la prière, aussi bien personnelle que liturgique, et à travers les oeuvres de charité et l'engagement à aider ceux qui sont le plus en difficulté. Au cas ou vous ne l'auriez pas encore fait, demandez-vous sérieusement si le Seigneur ne vous invite pas à le suivre de manière radicale dans le ministère sacerdotal ou dans la vie consacrée. Un rapport sporadique avec le Christ ne suffit pas. Une telle amitié n'est pas une véritable amitié. Le Christ souhaite que vous soyez ses amis intimes, fidèles et persévérants.

En vous renouvelant mon invitation à participer à la Journée mondiale de la jeunesse à Sydney, je vous assure de mon souvenir dans la prière, dans laquelle je prie Dieu de faire de vous d'authentiques disciples du Christ ressuscité. Je vous remercie de tout coeur!



Discours 2005-2013 18408