Discours 2005-2013 18508


VISITE PASTORALE À SAVONE ET GÊNES

BENOÎT XVI

ANGELUS Place Matteotti, Gênes Dimanche 18 mai 2008

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Chers frères et soeurs!

Au coeur de ma visite pastorale à Gênes, nous sommes arrivés à l'heure du rendez-vous dominical traditionnel de l'Angelus, et ma pensée va naturellement au sanctuaire de Notre-Dame de la Garde, où j'ai prié ce matin. Le Pape Benoît XV, votre illustre concitoyen, qui fit placer une reproduction de la très chère représentation de la Vierge de la Garde dans les Jardins du Vatican, se rendit très souvent comme pèlerin dans cette oasis de montagne. Et comme le fit mon vénéré prédécesseur Jean-Paul II, lors de son premier pèlerinage apostolique à Gênes, j'ai moi aussi voulu commencer ma visite pastorale avec l'hommage à la céleste Mère de Dieu, qui du haut du mont Figogna veille sur la ville et sur ses habitants.

La tradition raconte que Benedetto Pareto, inquiet car il ne savait comment répondre à l'invitation de construire une église en ce lieu si éloigné de la ville, la Vierge, lors de sa première apparition, dit à Benedetto: "Fais-moi confiance! les moyens ne te manqueront pas. Avec mon aide tout te sera facile. Garde seulement ferme ta volonté". "Fais-moi confiance!": c'est ce que nous répète aujourd'hui Marie. Une prière très ancienne, très chère à la tradition populaire, nous fait Lui adresser ces paroles de confiance, que nous faisons nôtres aujourd'hui: "Rappelle-toi, ô Vierge Marie, que l'on n'a jamais entendu que quelqu'un ait recouru à ton patronage, ait imploré ton aide, demandé ta protection, et ait été abandonné". C'est avec cette certitude que nous invoquons l'assistance maternelle de la Vierge de la Garde sur votre communauté diocésaine, sur ses pasteurs, les personnes consacrées, les fidèles laïcs: les jeunes, les familles, les personnes âgées. Nous lui demandons de veiller, de manière particulière, sur les malades et sur toutes les personnes qui souffrent, et de rendre fructueuses les initiatives missionnaires qui sont en chantier, pour porter à tous l'annonce de l'Evangile. Nous confions ensemble à Marie toute la ville, avec sa population variée, ses activités culturelles, sociales et économiques; les problèmes et les défis de notre époque, et l'engagement de tous ceux qui coopèrent au bien commun.

Mon regard s'élargit à présent à toute la Ligurie, parsemée d'églises et de sanctuaires mariaux, placés comme une couronne entre la mer et les montagnes. Avec vous, je rends grâce à Dieu pour la foi robuste et tenace des générations passées qui, au cours des siècles, ont écrit des pages mémorables de sainteté et de civilisation humaine. La Ligurie, et Gênes en particulier, est depuis toujours une terre ouverte sur la Méditerranée et sur le monde entier: combien de missionnaires sont partis de ce port pour les Amériques et pour d'autre terres lointaines! Combien de personnes ont émigré d'ici vers d'autres pays, pauvres en ressources matérielles peut-être, mais riches de foi et de valeurs humaines et spirituelles, qu'elles ont transplanté dans les lieux où elles ont débarqué! Continue, Marie, Etoile de la mer, de briller sur Gênes; continue Marie, Etoile de l'espérance, de conduire le chemin des Génois, en particulier des nouvelles générations, pour qu'ils suivent, avec ton aide, le bon cap sur la mer souvent tempétueuse de la vie.

A l'issue de l'Angelus

Je voudrais à présent rappeler un évènement important qui commencera demain à Dublin, en Irlande: la Conférence diplomatique sur les bombes à sous-munitions, convoquée dans le but de rédiger une Convention qui interdise ces engins de mort. Je souhaite que, grâce à la responsabilité de tous les participants l'on puisse parvenir à un instrument international puissant et crédible: en effet, il est nécessaire de remédier aux erreurs du passé et d'éviter qu'elles se répètent à l'avenir. J'accompagne de ma prière, les victimes de bombes à sous-munitions et leurs familles, ainsi que tous ceux qui prendront part à la Conférence en formant les meilleurs voeux de succès.

Je salue à nouveau tous les jeunes et toutes les personnes présentes. Merci de votre présence! Au revoir et que le Seigneur vous bénisse!

VISITE PASTORALE À SAVONE ET GÊNES (LIGURIE, ITALIE)

RENCONTRE AVEC LES JEUNES SUR LA "PIAZZA MATTEOTTI" À GÊNES

Dimanche 18 mai 2008


Chers jeunes,

la pluie m'a malheureusement poursuivi ces jours-ci, mais prenons-la comme un signe de bénédiction, de fécondité pour la terre, et même comme symbole de l'Esprit Saint qui vient et renouvelle la terre, la terre aride de nos âmes aussi. Vous êtes la jeunesse de Gênes! Je suis heureux de vous voir ici! Je remercie les deux représentants qui se sont faits vos "porte-parole". Et je vous remercie tous pour le travail de préparation, non seulement extérieur, mais surtout spirituel: avec l'adoration eucharistique, la veillée de prière, vous êtes réellement allés à la rencontre de l'Esprit Saint et, dans l'Esprit Saint, vous entrez dans la fête de la Très Sainte Trinité, que nous célébrons aujourd'hui. Merci pour ce chemin que vous avez fait! Et je vous remercie pour cet enthousiasme qui doit toujours caractériser votre âme, non seulement dans vos jeunes années, pleines d'attentes et de rêves, mais pour toujours, même quand les années de la jeunesse seront passées et que vous serez appelés à vivre d'autres âges de la vie. Mais nous devons tous rester jeunes dans le coeur! Il est beau d'être jeune et tous aujourd'hui veulent être, veulent rester jeunes, et endossent le masque de la jeunesse, même si le temps de la jeunesse est passé, visiblement passé. Et je me demande - j'ai réfléchi - pourquoi est-il beau d'être jeune? Pourquoi ce rêve de la jeunesse éternelle? Il me semble qu'il y a là deux éléments déterminants. La jeunesse a encore tout son avenir devant elle, tout est avenir, temps d'espérance. L'avenir est rempli de promesses. Pour être sincères, nous devons reconnaître que pour beaucoup l'avenir est encore obscur, plein de menaces. On ne sait pas: trouverai-je un emploi? Trouverai-je un logement? Trouverai-je l'amour? Quel sera mon véritable avenir? Et devant ces menaces, l'avenir peut apparaître comme un grand vide. C'est pour cela qu'aujourd'hui, ceux qui veulent arrêter le temps, par peur d'un avenir dans le vide sont nombreux. Ils veulent consommer immédiatement toutes les beautés de la vie. Et c'est ainsi que l'huile dans la lampe est consumée, au moment où la vie commencerait. Aussi est-il important de choisir les vraies promesses qui ouvrent vers l'avenir, même au prix de renoncements. Celui qui a choisi Dieu, a encore, même dans la vieillesse, un avenir sans fin et sans menaces devant lui. Il est donc important de bien choisir, de ne pas détruire l'avenir. Et le premier choix fondamental doit être Dieu, Dieu qui s'est révélé dans son Fils Jésus Christ, et dans la lumière de ce choix, qui nous offre en même temps une compagnie sur la route, une compagnie fiable qui ne me quitte jamais, dans la lumière de ce choix on trouve les critères pour les autres choix nécessaires. Etre jeune implique d'être bon et généreux. Et de nouveau la bonté en personne c'est Jésus Christ. Ce Jésus que vous connaissez ou que votre coeur recherche. Il est l'Ami qui ne vous trahit jamais, fidèle jusqu'au don de la vie sur la Croix. Rendez-vous à son amour! Comme vous le portez écrit sur les tee-shirts préparés pour cette rencontre: "Fondez" devant Jésus, parce que Lui seul peut faire fondre vos angoisses et vos craintes et combler vos attentes. Il a donné sa vie pour nous, pour chacun de nous. Pourrait-il jamais trahir votre confiance? Pourrait-il vous conduire sur des voies erronées? Ses voies sont les voies de la vie, celles qui portent aux pâturages de l'âme, même s'ils sont en altitude et difficiles d'accès. C'est la vie spirituelle que je vous invite à cultiver, chers amis. Jésus a dit: "Je suis la vigne; vous les sarments. Celui qui demeure en moi, et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruit; car hors de moi vous ne pouvez rien faire" (Jn 5,5). Jésus n'use pas de périphrase, il est clair et direct. Tous le comprennent et prennent position. La vie de l'âme est une rencontre avec Lui, Visage concret de Dieu; il est prière silencieuse et persévérante, il est vie sacramentelle, il est Evangile médité, il est accompagnement spirituel, il est appartenance cordiale à l'Eglise, à vos communautés ecclésiales.

666 Mais comment peut-on aimer, lier une amitié avec celui que l'on ne connaît pas? La connaissance pousse à l'amour et l'amour stimule la connaissance. Il en est ainsi pour Jésus aussi. Pour trouver l'amour avec Jésus, pour le trouver réellement comme compagnon de notre vie, nous devons avant tout le connaître. Comme ces deux disciples qui le suivent après les paroles de Jean le Baptiste et disent timidement: "Rabbi, où habites-tu?", ils veulent le connaître de près. C'est même Jésus qui, en parlant avec ses disciples, fait la distinction: "Qu'est-ce que les gens disent de moi?", en se référant à ceux qui le connaissent "directement", ayant vécu avec lui, étant réellement entrés dans sa vie intime jusqu'à être témoin de sa prière, de son dialogue avec le Père. Ainsi, il est pour nous aussi important de ne pas nous limiter simplement à la superficialité de tant de personnes qui ont entendu quelque chose de Lui - qu'il était une grande personnalité, etc. - mais entrer dans une relation personnelle pour le connaître réellement. Et cela exige la connaissance des Ecritures, notamment des Evangiles, où le Seigneur nous parle. Ces paroles ne sont pas toujours faciles, mais en entrant en elles, en entrant en dialogue, en frappant à la porte de ces paroles, en disant au Seigneur "Ouvre-moi!", nous trouvons réellement des paroles de vie éternelle, des paroles vivantes pour aujourd'hui, actuelles comme elles l'étaient à ce moment et comme elles le seront à l'avenir. Cette rencontre avec le Seigneur dans l'Ecriture doit toujours être aussi une rencontre non seulement individuelle, mais en communion, dans la grande communion de l'Eglise, où le Christ est toujours présent, dans la communion de la liturgie, de la rencontre très personnelle de la Sainte Eucharistie et du sacrement de la Réconciliation, où le Seigneur me dit "Je te pardonne". Aider les pauvres dans le besoin, avoir du temps pour l'autre est également un chemin très important. Il y a tant de dimensions pour entrer dans la connaissance de Jésus. La vie des saints l'est aussi, naturellement. Vous avez beaucoup de saints en Ligurie, à Gênes, qui nous aident à trouver le vrai visage de Jésus. Ce n'est qu'ainsi, en connaissant personnellement Jésus, que nous pouvons communiquer notre amitié aux autres. Nous pouvons dépasser l'indifférence. Parce que, même si elle apparaît invincible - en effet, il semble parfois que l'indifférence n'a pas besoin d'un Dieu - en réalité, tous savent que quelque chose manque dans leur vie. Ce n'est qu'en ayant découvert Jésus qu'ils se rendent compte: "C'était ce que j'attendais". Et nous, plus nous sommes réellement amis de Jésus, plus nous pouvons ouvrir également le coeur des autres, pour qu'eux aussi deviennent vraiment jeunes, et donc aient un grand avenir devant eux.

Au terme de notre rencontre, j'aurai la joie de remettre à certains d'entre vous l'Evangile comme signe d'un mandat missionnaire. Allez, chers jeunes, dans les lieux de vie, dans vos paroisses, dans les quartiers difficiles, dans les rues! Annoncez le Christ Seigneur, espérance du monde. Plus l'homme s'éloigne de Dieu, sa Source, plus il se décourage lui-même, la coexistence humaine devient difficile, et la société s'effrite. Soyez unis entre vous, aidez-vous à vivre et à grandir dans la foi et dans la vie chrétienne, pour pouvoir être des témoins hardis du Seigneur. Soyez unis, mais pas renfermés. Soyez humbles, mais pas peureux. Soyez simples, mais pas naïfs. Soyez soucieux, mais pas compliqués. Entrez en dialogue avec tous, mais soyez vous-mêmes. Restez en communion avec vos pasteurs: ils sont des ministres de l'Evangile, de l'Eucharistie divine, du pardon de Dieu. Il sont pour vous des pères et des amis, des compagnons de route. Vous avez besoin d'eux, et eux - nous tous - avons besoin de vous.

Chacun d'entre vous, chers jeunes, s'il reste uni au Christ et à l'Eglise peut accomplir de grandes choses. C'est le voeu que je vous laisse comme une consigne. Je dis à bientôt à Sydney à ceux qui parmi vous se sont inscrits pour participer à la rencontre mondiale de juillet, et je l'étends à tous, parce que chacun pourra suivre l'événement d'ici. Je sais que ces jours-ci les diocèses organiseront dans ce sens des moments communautaires, pour que cela soit véritablement une nouvelle Pentecôte pour les jeunes du monde entier. Je vous confie à la Vierge Marie, modèle de disponibilité et de courage humble dans l'accueil de la mission du Seigneur. Apprenez d'elle à faire de votre vie un "oui" à Dieu! Jésus viendra ainsi habiter en vous, et vous le porterez avec joie à tous. Avec ma Bénédiction!

VISITE PASTORALE À SAVONE ET GÊNES (LIGURIE, ITALIE)

CONCÉLÉBRATION EUCHARISTIQUE SUR LA PLACE DU PEUPLE À SAVONE

HOMÉLIE Samedi 17 mai 2008

Chers frères et soeurs!

C'est une grande joie pour moi de me trouver parmi vous et de célébrer pour vous l'Eucharistie, en la fête solennelle de la Très Sainte Trinité. Je salue avec affection votre pasteur, Monseigneur Vittorio Lupi, que je remercie pour les paroles avec lesquelles, au début de la célébration, il m'a présenté la communauté diocésaine, et plus encore pour le sentiment de charité et d'espérance pastorale qu'il a manifesté. Je remercie également Monsieur le Maire pour le salut cordial qu'il a voulu m'adresser au nom de toute la Ville. Je salue les autorités civiles, les prêtres, les religieux, les diacres, les responsables d'associations, de mouvements et de communautés ecclésiales. Je renouvelle à tous mon souhait de grâce et de paix.

En cette solennité, la liturgie nous incite à louer Dieu non simplement pour une merveille accomplie par Lui, mais pour sa manière d'être; pour la beauté et la bonté de son être, qui détermine son action. Nous sommes invités à contempler, pour ainsi dire, le Coeur de Dieu, sa réalité la plus profonde, qui est celle d'être Unité dans la Trinité, totale et profonde Communion d'amour et de vie. Toute la Sainte Ecriture nous parle de Lui. Plus encore, c'est Lui-même qui nous parle de Lui dans les Ecritures et se révèle, comme Créateur de l'univers et Seigneur de l'histoire. Aujourd'hui, nous avons écouté un passage du Livre de l'Exode dans lequel - chose tout à fait exceptionnelle - Dieu proclame son propre nom! Il le fait en présence de Moïse, avec lequel il parlait face à face, comme avec un ami. Et quel est ce nom de Dieu? A chaque fois il est émouvant de l'entendre: "Yahvé, Yahvé, Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère, riche en grâce et en fidélité" (Ex 34,6). Ce sont des paroles humaines, mais suggérées et presque prononcées par l'Esprit Saint. Elles nous disent la vérité sur Dieu: elles étaient vraies hier, elles sont vraies aujourd'hui et elles seront toujours vraies; elles nous font voir avec les yeux de l'esprit le visage de l'Invisible, elles nous disent le nom de l'Ineffable. Ce nom est Miséricorde, Grâce, Fidélité.

Chers amis, en me trouvant ici à Savone, comment ne puis-je me réjouir avec vous du fait que ce nom est précisément celui avec lequel s'est présentée la Vierge Marie, en apparaissant le 18 mars 1536 à un paysan fils de cette terre? "Vierge de Miséricorde" est le titre avec lequel elle est vénérée - et nous avons d'elle depuis quelques années une grande représentation dans les Jardins du Vatican également. Mais Marie ne parlait pas d'elle-même, elle ne parlait jamais d'elle-même, mais toujours de Dieu, et elle l'a fait avec ce nom si ancien et toujours nouveau: miséricorde, qui est synonyme d'amour, de grâce. C'est là toute l'essence du christianisme, parce que c'est l'essence de Dieu lui-même. Dieu est Un car il est tout entier et seulement Amour, mais précisément en étant amour, il est ouverture, accueil, dialogue; et dans sa relation avec nous, hommes pécheurs, Il est miséricorde, compassion, grâce, pardon. Dieu a tout créé pour l'existence et sa volonté est toujours et uniquement vie.

Pour celui qui court un danger, il est le salut. Nous l'avons écouté il y a peu dans l'Evangile de Jean: "Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle" (Jn 3,16); dans ce don de soi de Dieu dans la personne du Fils, toute la Trinité est à l'oeuvre: le Père qui met à notre disposition ce qu'il a de plus cher; le Fils qui, consentant avec le Père, se dépouille de sa gloire pour se donner à nous; l'Esprit qui sort du baiser divin pacifique pour irriguer les déserts de l'humanité. Pour cette oeuvre de sa miséricorde, Dieu, en se disposant à prendre notre chair, a voulu avoir besoin d'un "oui" humain, du "oui" d'une femme qui devienne la Mère de son Verbe incarné, Jésus, le Visage humain de la Divine Miséricorde. Marie est devenue ainsi et demeure pour toujours la "Mère de la Miséricorde", comme elle s'est faite connaître ici à Savone.

Au cours de l'histoire de l'Eglise, la Vierge Marie n'a pas cessé d'inviter ses enfant à retourner à Dieu, à se confier à Lui dans la prière, à frapper avec une insistance confiante à la porte de son Coeur miséricordieux. En vérité, il ne désire rien d'autre que reverser sur le monde la surabondance de sa Grâce. "Miséricorde et non justice" a imploré Marie, en sachant qu'elle aurait certainement trouvé écoute auprès de son Fils Jésus, mais également consciente de la nécessité de la conversion du coeur des pécheurs. C'est pourquoi elle invite à la prière et à la pénitence. Par conséquent, ma visite à Savone, le jour de la Très Sainte Trinité, est avant tout un pèlerinage, à travers Marie, aux sources de la foi, de l'espérance et de l'amour. Un pèlerinage qui est aussi mémoire et hommage à mon vénéré prédécesseur Pie VII, dont l'histoire dramatique est indissolublement liée à cette ville et à son sanctuaire marial. A distance de deux siècles, je viens renouveler l'expression de la reconnaissance du Saint-Siège et de toute l'Eglise pour la foi, l'amour et le courage avec lesquels vos concitoyens soutinrent le Pape dans sa résidence ici, qui lui fut imposée par Napoléon Bonaparte, dans cette Ville. On conserve de nombreux témoignages des manifestations de solidarité rendues au Souverain Pontife par les habitants de Savone, parfois même en courant un risque personnel. Ce sont des événements que les habitants de Savone peuvent évoquer avec fierté. Comme l'a très justement observé votre Evêque, cette page sombre de l'histoire de l'Europe est devenue, par la force de l'Esprit Saint, riche en grâces et en enseignements, encore de nos jours. Celle-ci nous enseigne le courage d'affronter les défis du monde: le matérialisme, le laïcisme, sans jamais céder à des compromis, disposés à payer de notre personne pour demeurer fidèles au Seigneur et à son Eglise. L'exemple de fermeté sereine que nous a donné le Pape Pie VII nous invite à conserver inaltérée dans les épreuves notre confiance en Dieu, conscients que, même s'Il laisse son Eglise traverser des moments difficiles, Il ne l'abandonne jamais. L'épisode vécu par le grand Pape dans votre terre nous invite à toujours avoir confiance dans l'intercession et dans l'assistance maternelle de la Très Sainte Vierge Marie.

L'apparition de la Vierge, dans un moment tragique de l'histoire de Savone et l'expérience effrayante que traversa le Successeur de Pierre concourent à transmettre aux générations chrétiennes de notre temps un message d'espérance, nous encouragent à avoir confiance dans les instruments de la Grâce que le Seigneur met à notre disposition dans toute situation. Et parmi ces moyens de salut, je voudrais avant tout rappeler la prière: la prière personnelle, familiale et communautaire. En la fête de la Trinité aujourd'hui, je suis heureux de souligner la dimension de la louange, de la contemplation, de l'adoration. Je pense aux jeunes familles et je voudrais les inviter à ne pas avoir peur de faire l'expérience, dès les premières années de mariage, d'un style simple de prière domestique, favorisé par la présence des petits enfants, aisément portés à s'adresser spontanément au Seigneur et à la Vierge. J'exhorte les paroisses et les associations à offrir du temps et de l'espace à la prière, parce que les activités sont stériles d'un point de vue pastoral si elles ne sont pas précédées, accompagnées et soutenues constamment par la prière.

667 Et que dire de la Célébration eucharistique, en particulier de la Messe dominicale? Le Jour du Seigneur est à juste titre au coeur de l'attention des évêques italiens: il faut redécouvrir le dimanche dans ses racines chrétiennes, à partir de la célébration du Seigneur ressuscité, rencontré dans la Parole de Dieu et reconnu dans le partage du Pain eucharistique. Et le Sacrement de la Réconciliation exige également d'être réévalué comme moyen fondamental de croissance spirituelle et pour pouvoir affronter avec force et courage les défis actuels. Avec la prière et les sacrements, les autres instruments inséparables de croissance sont les oeuvres de charité qu'il faut pratiquer avec une foi vivante. J'ai voulu m'arrêter sur cet aspect de la vie chrétienne également dans l'Encyclique Deus caritas est. Dans le monde moderne, qui fait souvent de la beauté et de l'efficacité physique un idéal à poursuivre par tous les moyens, comme chrétiens nous sommes appelés à trouver le visage de Jésus Christ, "le plus beau des enfants des hommes" (Ps 44,3), précisément dans les personnes qui souffrent et les exclus. Malheureusement, les urgences morales et matérielles qui nous inquiètent sont aujourd'hui nombreuses. A cet égard, je saisis volontiers l'occasion pour adresser un salut aux détenus et aux personnes de l'Institut pénitentiaire "Sant'Agostino" de Savone, qui vivent depuis longtemps dans une situation particulièrement difficile. J'adresse un salut tout aussi chaleureux aux malades qui sont à l'hôpital, dans les maisons de soin et à leur domicile.

Je désire adresser une parole particulière à vous, chers prêtres, pour vous dire combien j'apprécie votre travail silencieux et la fidélité exigeante avec laquelle vous l'accomplissez. Chers frères dans le Christ, croyez toujours dans l'efficacité de votre service sacerdotal quotidien! Il est précieux aux yeux de Dieu et des fidèles, et sa valeur ne peut pas être quantifiée en chiffres et statistiques: nous ne connaîtrons les résultats qu'au Paradis! Beaucoup d'entre vous sont âgés: cela me rappelle ce passage extraordinaire du prophète Isaïe, qui dit: "Les adolescents se fatiguent et s'épuisent, les jeunes ne font que chanceler, mais ceux qui espèrent en Yahvé renouvellent leur force, ils déploient leurs ailes comme des aigles, ils courent sans s'épuiser, ils marchent sans se fatiguer" (Is 40,30-31). Avec les diacres au service du diocèse, vivez la communion avec l'évêque et entre vous, en l'exprimant dans une active collaboration, dans le soutien réciproque et dans une coordination pastorale partagée. Faites progresser le témoignage courageux et joyeux de votre service. Allez à la recherche des personnes, comme le faisait le Seigneur Jésus; dans la visite aux familles, dans le contact avec les malades, dans le dialogue avec les jeunes, en étant présents dans tous les contextes de travail et de vie. Chers religieux et religieuses, je vous remercie de votre présence, et vous répète que le monde a besoin de votre témoignage et de votre prière. Vivez votre vocation dans la fidélité quotidienne et faites de votre vie une offrande appréciée de Dieu: l'Eglise vous est reconnaissante et vous encourage à persévérer dans votre service.

Je veux bien entendu réserver un salut particulier et chaleureux à vous, chers jeunes! Chers amis, mettez votre jeunesse au service de Dieu et de vos frères. Suivre le Christ comporte toujours le courage d'aller à contre-courant. Cela en vaut toutefois la peine: telle est la voie de la réalisation personnelle véritable et donc du vrai bonheur. Avec le Christ, on fait en effet l'expérience qu'"il y a plus de bonheur à donner qu'à recevoir" (Ac 20,35). Voilà pourquoi je vous encourage à prendre au sérieux l'idéal de la sainteté. Un célèbre écrivain français nous a laissé dans son oeuvre une phrase que je voudrais aujourd'hui vous soumettre: "Il n'est qu'une seule tristesse: celle de ne pas être des saints" (Léon Bloy, La femme pauvre, II, 27). Chers jeunes, osez engager votre vie dans des choix courageux, non pas seuls, bien entendu, mais avec le Seigneur! Donnez à cette ville l'élan et l'enthousiasme qui dérivent de votre expérience de foi vivante, une expérience qui ne porte pas atteinte aux attentes du vivre humain, mais les exalte dans la participation à l'expérience même du Christ.

Et cela vaut aussi pour les chrétiens qui ne sont plus dans leurs jeunes années. Mon souhait pour tous est que la foi en Dieu Un et Trine donne à chaque personne et à chaque communauté la ferveur de l'amour et de l'espérance, la joie de s'aimer entre frères et de se mettre humblement au service des autres. Tel est le "levain" qui fait croître l'humanité, la lumière qui brille dans le monde. Que la Très Sainte Vierge Marie, Mère de Miséricorde, avec tous vos saints patrons, vous aide à traduire en vie vécue l'exhortation de l'Apôtre, que nous venons d'entendre. Avec beaucoup d'affection, je la fais mienne: "Soyez joyeux; affermissez-vous; exhortez-vous. Ayez même sentiment; vivez en paix, et le Dieu de la charité et de la paix sera avec vous" (2Co 13,11). Amen!

VISITE À L’HÔPITAL PÉDIATRIQUE "GIANNINA GASLINI" DE GÊNES


Dimanche 18 mai 2008


Monsieur le Maire,
Monsieur le Commissaire extraordinaire,
Chers enfants,
Chers frères et soeurs!

Après avoir prié aux pieds de la Madone de la Garde, dans le beau sanctuaire qui domine la ville, ma première rencontre a lieu avec vous, dans ce lieu de souffrance et d'espérance, qui fut inauguré le 15 mai 1938, il y a exactement soixante-dix ans. Je vous embrasse, très chers enfants, qui êtes accueillis et soignés avec attention et amour dans cet hôpital, "pôle d'excellence" de la pédiatrie au service de Gênes, de l'Italie et de toute la zone de la Méditerranée. Votre porte-parole m'a exprimé vos sentiments d'affection, que je vous adresse à mon tour de tout coeur et que j'accompagne d'une pensée spéciale également pour vos parents. J'adresse un salut cordial à Mme Marta Vincenzi, Maire de Gênes, qui s'est faite l'interprète de l'accueil de la ville. Je salue le Professeur Vicenzo Lorenzelli, Commissaire extraordinaire de l'Institut "Giannina Gaslini", qui a rappelé l'objectif de cet hôpital et les futurs développement en projet.

L'hôpital Gaslini est né du coeur d'un généreux bienfaiteur, l'industriel et sénateur Gerolamo Gaslini, qui dédia cette institution à sa fille, morte à douze ans seulement, et il fait partie de l'histoire de charité qui fait de Gênes une "ville de la charité chrétienne". Aujourd'hui aussi, la foi suggère à de nombreuses personnes de bonne volonté des gestes d'amour et de soutien concret à cet institut, qui avec une juste fierté est considéré par les Génois comme un patrimoine précieux. Je remercie et j'encourage chacun à continuer. Je me réjouis en particulier du nouveau complexe, dont la première pierre a récemment été posée, et qui a trouvé un généreux donateur. L'attention effective et cordiale des Administrations publiques est également un signe de reconnaissance de la valeur sociale que l'hôpital Gaslini représente pour les enfants de la ville et d'ailleurs. En effet, lorsqu'un bien est destiné à tous, il mérite le concours de tous dans le juste respect des rôles et des compétences.

668 Je m'adresse à présent à vous, chers médecins, chercheurs, personnel paramédical et administratif; à vous, chers aumôniers, volontaires et ceux qui s'occupent de l'assistance spirituelle des petits patients et de leurs familles. Je sais que votre engagement unanime est de faire en sorte que l'Institut Gaslini soit un authentique "sanctuaire de la vie" et un "sanctuaire de la famille", où au professionnalisme des agents de chaque secteur s'unit l'amour et l'attention pour la personne. La décision du fondateur, qui veut que le Président de la Fondation soit l'Archevêque pro tempore de Gênes, manifeste la volonté que l'inspiration chrétienne de l'Institut ne fasse jamais défaut et que tous soient toujours soutenus par les valeurs évangéliques.

En 1931, en posant les bases de la structure, le sénateur Girolamo Gaslini préconisait "l'oeuvre éternelle de bien qui devra rayonner de l'Institut lui-même". Faire rayonner le bien à travers les soins pleins d'amour pour les petits malades est donc l'objectif de votre hôpital. C'est pourquoi, alors que je remercie tout le personnel - dirigeant, administratif et médical - pour le professionnalisme et le dévouement de leur service, je souhaite que cet excellent Institut pédiatrique continue à se développer dans les technologies, dans les soins et dans les services; mais également à élargir toujours davantage ses horizons dans cette optique de mondialisation positive qui permet de reconnaître les ressources, les services et les besoins en créant et en renforçant un réseau de solidarité aujourd'hui si urgent et nécessaire. Tout cela toujours accompagné du supplément d'affection ressenti par les petits patients comme la première thérapie indispensable. L'hôpital deviendra alors toujours davantage un lieu d'espérance.

Ici, à l'hôpital Gaslini, l'espérance prend le visage du soin des patients en âge pédiatrique, auquel on cherche à pourvoir à travers la formation permanente des agents de la santé. De fait, votre hôpital, en tant qu'institut de recherche et de soin à caractère scientifique, se distingue car il est monothématique et polyfonctionnel, recouvrant presque toutes les spécialités dans le domaine pédiatrique. L'espérance que l'on cultive ici a donc de bonnes bases. Toutefois, pour affronter efficacement l'avenir, il est indispensable que cette espérance soit soutenue par une vision plus élevée de la vie, permettant au scientifique, au médecin, au professionnel, à l'assistant, aux parents eux-mêmes, d'engager toutes leurs capacités, sans épargner les efforts pour obtenir les meilleurs résultats que la science et la technique peuvent aujourd'hui offrir, sur la plan de la prévention et des soins. Voilà alors que se présente la pensée de la présence silencieuse de Dieu, qui accompagne presque imperceptiblement l'homme au cours de son long chemin dans l'histoire. La véritable espérance "certaine" est Dieu seul, qui en Jésus Christ et dans son Evangile a ouvert sur l'avenir la porte sombre du temps. "Je suis ressuscité et à présent je suis toujours avec toi" - nous répète Jésus, en particulier dans les moments les plus difficiles - "ma main te soutient. Partout là où tu peux tomber, tu tomberas dans mes bras. Je suis présent également à la porte de la mort".

Ici, à l'hôpital Gaslini, les enfants sont soignés. Comment ne pas penser à la prédilection que Jésus eut pour les enfants? Il les voulut à côté de lui, il les indiqua aux apôtres comme modèles à suivre dans leur foi spontanée et généreuse, dans leur innocence. Avec des paroles dures, il mit en garde de ne pas les mépriser ni les scandaliser. Il fut ému devant la veuve de Nain, une mère qui avait perdu son fils, son unique fils. L'évangéliste saint Luc écrit que le Seigneur la rassura et lui dit: "Ne pleure pas!" (cf.
Lc 7,14). Jésus répète encore aujourd'hui à qui est dans la douleur ces paroles réconfortantes: "Ne pleure pas"! Il est solidaire de chacun de nous et il nous demande, si nous voulons être ses disciples, de témoigner de son amour pour quiconque se trouve en difficulté.

Je m'adresse enfin à vous, très chers enfants, pour vous répéter que le Pape vous aime. A côté de vous, je vois vos familles, qui partagent avec vous des moments d'inquiétude et d'espérance. Soyez-en tous certains: Dieu ne nous abandonne jamais. Restez unis à Lui et vous ne perdrez jamais la sérénité, pas même dans les moments les plus sombres et difficiles. Je vous assure de mon souvenir dans la prière et je vous confie à la Très Sainte Vierge Marie, qui en tant que mère a souffert pour les douleurs de son divin Fils, mais qui vit à présent avec Lui dans la gloire. Je remercie encore une fois chacun de vous pour cette rencontre, qui restera imprimée dans mon coeur. Je vous bénis tous avec affection.



Discours 2005-2013 18508