Discours 2005-2013 668

AUX ÉVÊQUES DE LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE D'ALBANIE EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM" Vendredi 23 mai 2008

Vénérés et chers frères,

C'est avec une grande joie que je vous accueille tous ensemble, alors que vous accomplissez votre pèlerinage "ad limina Apostolorum". Il s'agit d'une occasion opportune pour le Successeur de Pierre de partager le service apostolique que vous affrontez dans la bien-aimée terre d'Albanie. Je vous salue avec affection et je vous remercie de l'ouverture spontanée de vos âmes, avec laquelle vous avez fait connaître au Pape la réalité complexe, avec ses difficultés et ses espérances, de l'Eglise qui est en Albanie. J'exprime en particulier ma reconnaissance pour les paroles avec lesquelles, en résumant la pensée de tous, le Président de votre Conférence épiscopale m'a exprimé vos sentiments. Merci, mes chers confrères dans l'épiscopat! Et bienvenus!

Chacun connaît le triste héritage laissé en Albanie par le régime dictatorial passé, qui avait proclamé l'athéisme comme idéologie d'Etat. Il est évident qu'une telle organisation anti-démocratique des relations entre les citoyens vous a laissé une tâche déjà difficile sur le plan humain: celle de redécouvrir une grammaire commune qui puisse à nouveau soutenir l'édifice social. Mais vous, Successeurs des Apôtres, vous êtes surtout appelés à être les témoins d'un autre héritage, particulièrement bénéfique et constructif: celui du message de salut apporté par le Christ dans le monde. Dans ce sens, après la nuit obscure de la dictature communiste, incapable de comprendre le peuple albanais dans ses traditions ancestrales, l'Eglise a pu providentiellement renaître, également grâce à la force apostolique de mon vénéré Prédécesseur, le serviteur de Dieu Jean-Paul II, qui s'y rendit en visite en 1993, reconstituant de manière stable la hiérarchie catholique, pour le bien des croyants et au bénéfice du peuple albanais.

L'un des premiers actes du grand Pape fut la reconnaissance des héros de la foi: je rappelle ici en particulier le splendide témoignage du Cardinal Koloqi, coryphée d'une multitude immense de martyrs. Le rétablissement de la hiérarchie catholique constitua une reconnaissance nécessaire de l'union intime qui lie votre peuple au Christ et contribua a faire place aux nouvelles forces du catholicisme en terre albanaise. Vous êtes les gardiens de ce lien, et c'est tout d'abord à vous que revient la tâche de promouvoir dans vos actions et dans vos initiatives cette unité qui doit manifester le mystère fondamental et vivifiant de l'unique Corps du Christ, en communion avec le ministère du Successeur de Pierre. On ne peut manquer de se rendre compte à quel point est essentiel, dans cette perspective, le sentiment commun et la coresponsabilité partagée des évêques, précisément pour faire face de manière efficace aux problèmes et aux difficultés de l'Eglise qui est en Albanie. Comment pourrait-on imaginer un parcours diocésain qui ne tienne pas compte de l'avis des autres évêques, dont le consentement est nécessaire pour répondre de manière appropriée aux attentes de l'unique peuple auquel l'Eglise s'adresse?

L'entente cordiale et fraternelle entre les pasteurs ne peut qu'apporter de grands bénéfices au bien-aimé peuple albanais, que ce soit sur le plan social, oecuménique ou interreligieux. Vénérés confrères, soyez donc un en Christ en annonçant l'Evangile et en célébrant les Mystères divins; manifestez la communion avec l'Eglise universelle, dans la fraternité épiscopale la plus large et la plus authentique. L'initiative d'un pasteur qui, dans l'approche de situations concrètes, ne se soucierait pas de coordonner son propre engagement avec celui de ses confrères évêques, serait inconcevable. Il existe des questions spécifiques, que l'on peut reconduire à des problèmes contingents, qui doivent nécessairement être résolues avec la contribution de tous, dans le domaine de la charité et de la patience pastorale. Je vous exhorte tous à la prudence évangélique, dans une attitude de charité authentique, en rappelant que les canons ecclésiaux sont des moyens pour promouvoir de manière ordonnée la communion en Christ et le bien supérieur de l'unique troupeau du Rédempteur. Cela concerne également l'activité évangélisatrice et catéchétique et s'exprime aussi dans l'engagement dans le domaine social. Je pense, en particulier, à la santé, à l'éducation, à l'effort de pacification des âmes et à tout ce qui favorise la collaboration positive entre les différentes composantes de la société et les traditions religieuses respectives.

669 Le phénomène de l'émigration, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays, vous place face à de graves problèmes pastoraux, qui interpellent votre coeur d'évêques non seulement en ce qui concerne les fidèles qui vivent sur votre territoire, mais également les fidèles de la diaspora. Cela fait appel à votre capacité de dialoguer avec vos confrères dans d'autres pays, dans le but d'offrir une aide pastorale nécessaire et urgente. Je connais la difficulté du manque de clergé. Je connais également la générosité d'un grand nombre de vos prêtres, qui agissent dans des situations précaires, engagés dans l'exercice du service ministériel dû aux fidèles catholiques d'origine albanaise en terre étrangère. Chers confrères, cela vous fait honneur, vous qui vous montrez attentifs, selon le coeur du Christ, aux conditions spirituelles de votre peuple également en dehors des frontières de votre patrie. Et cela fait également honneur aux prêtres qui partagent généreusement vos soucis pastoraux.

Il existe ensuite de nombreux problèmes d'ordre pratique, pour lesquels est également nécessaire la contribution efficace des instances civiles, à travers des propositions qui ne répondent pas seulement à des préoccupations d'ordre politique mais qui tiennent aussi compte des situations sociales concrètes. Du point de vue catholique, que ce soit dans votre pays ou dans le contexte de l'immigration, une attention devrait être manifestée, qui, tout en préservant l'identité spécifique de votre peuple, ne néglige pas son insertion dans les contextes sociaux d'arrivée. Dans cette optique, il est nécessaire de cultiver, en particulier chez les prêtres destinés au soin pastoral des immigrés, une vive sensibilité pour l'appartenance de tous à l'unique Corps du Christ, qui est identique dans chaque partie de la terre. Vénérés frères, dire cela signifie répéter la nécessité persistante d'un soin constant en faveur de ceux que le Seigneur appelle à sa suite. Que la promotion des vocations soit donc toujours une préoccupation en tête de vos priorités: l'avenir de l'Eglise qui est en Albanie en dépend.

Enfin, je désire vous exprimer mes félicitations pour les accords souscrits récemment avec les Autorités de la République: je suis certain que ces dispositions pourront profiter à la reconstruction spirituelle du pays, étant donné le rôle positif que l'Eglise joue dans la société. Pour ma part, je vous encourage à poursuivre votre ministère, pour mener à bien les programmes que vous avez établis ensemble. Alors que je vous confie à l'intercession céleste de Marie, Mère du Bon Conseil, je vous donne avec plaisir, ainsi qu'à vos prêtres, aux religieux, aux religieuses et à tous les fidèles confiés à vos soins pastoraux une Bénédiction apostolique spéciale.


À LA DÉLÉGATION DE LA RÉPUBLIQUE DE MACÉDOINE À L'OCCASION DES CÉLÉBRATIONS EN L'HONNEUR DES SAINTS CYRILLE ET MÉTHODE Samedi 24 mai 2008

Monsieur le chef du gouvernement
Messieurs les membres
du gouvernement,
et éminentes autorités,
Vénérés frères représentants
de l'Eglise orthodoxe
et de l'Eglise catholique!

670 La fête annuelle des saints Cyrille et Méthode vous a conduits à Rome, où sont conservées les reliques de saint Cyrille, et je suis heureux de vous accueillir et d'adresser à chacun de vous une salutation cordiale. Je forme le voeu sincère que votre pays progresse sur les chemins de la concorde et de la fraternité, en s'efforçant de suivre avec un engagement toujours plus généreux l'exemple des saints frères de Thessalonique. Animés par une foi fervente, ils semèrent à pleines mains en Europe les germes de la foi chrétienne, créatrice de valeurs et d'oeuvres au service du bien de l'homme et de sa dignité. Leur enseignement efficace demeure actuel et il est une source d'inspiration pour tous ceux qui souhaitent se mettre au service de l'Evangile, ainsi que pour les responsables du bien commun des nations.

Les saints frères Patrons de l'Europe, à travers leur incessante activité apostolique et leur inlassable zèle missionnaire, devinrent des "ponts" de liaison entre l'Orient et l'Occident. Leur témoignage spirituel lumineux indique une vérité éternelle qu'il faut redécouvrir toujours davantage: ce n'est qu'à partir de Dieu que l'espérance peut devenir fiable et sûre. Comme je l'ai écrit dans l'Encyclique Spe salvi, "celui qui ne connaît pas Dieu, tout en pouvant avoir de multiples espérances, est dans le fond sans espérance, sans la grande espérance qui soutient toute l'existence (cf. Ep
Ep 2,12)". Et j'ai ajouté: "La vraie, la grande espérance de l'homme, qui résiste malgré toutes les désillusions, ce peut être seulement Dieu - le Dieu qui nous a aimés et qui nous aime toujours "jusqu'au bout", "jusqu'à ce que tout soit accompli" (cf. Jn 13,1 et 19, 30)" (n. 27). Cette espérance devient une réalité tangible lorsque les personnes de bonne volonté de toutes les régions du monde, comme les frères Cyrille et Méthode, en imitant l'exemple de Jésus et fidèles à son enseignement, se consacrent sans trêve à poser les bases de la coexistence amicale entre les peuples, dans le respect des droits de chacun et en recherchant le bien de tous.

Merci de votre visite, qui s'inscrit dans le contexte de votre pèlerinage annuel à Rome: il s'agit à la fois d'un acte de vénération pour les saints Cyrille et Méthode et d'un signe éloquent des liens d'amitié qui marquent les relations entre votre nation et l'Eglise catholique. Je souhaite de tout coeur que ces liens se renforcent toujours davantage, en favorisant des attitudes de collaboration fructueuse au bénéfice de tout votre pays. Que Dieu tout-puissant remplisse votre esprit et votre coeur de sa paix, et qu'il bénisse abondamment le peuple de l'ex-République yougoslave de Macédoine!


À LA DÉLÉGATION DE LA RÉPUBLIQUE DE BULGARIE À L'OCCASION DES CÉLÉBRATIONS EN L'HONNEUR DES SAINTS CYRILLE ET MÉTHODE Samedi 24 mai 2008

Messieurs les membres
du gouvernement,
et éminentes autorités,
Vénérés frères représentants
de l'Eglise orthodoxe
et de l'Eglise catholique!

Comme chaque année, j'ai le plaisir de vous souhaiter une cordiale bienvenue à tous, membres de la délégation officielle bulgare, venus à Rome à l'occasion de la fête des saints Cyrille et Méthode, vénérés tant en Orient qu'en Occident. La mémoire liturgique de ces deux saints frères revêt pour la Bulgarie une haute valeur symbolique et constitue, dans le même temps, un important événement culturel. Leur souvenir stimule en effet chez les croyants, tant orthodoxes que catholiques, le vif désir d'offrir au pays un encouragement significatif à approfondir le riche patrimoine chrétien, dont les origines remontent précisément à l'initiative inlassable des deux grands évangélisateurs originaires de Thessalonique. Le signe de cet engagement commun est la composition de votre délégation, conduite par le vice premier ministre et constituée par des représentants des diverses Eglises et institutions culturelles présentes en terre bulgare.

671 L'oeuvre d'évangélisation réalisée avec une grande ardeur apostolique par les saints Cyrille et Méthode sur le territoire habité par les peuples slaves, doit encore aujourd'hui faire l'objet de notre attention, parce qu'elle constitue un modèle d'inculturation de la foi, dans ses éléments essentiels, même à l'époque post-moderne. L'Evangile, en effet, n'affaiblit pas ce qu'il y a d'authentique dans les différentes traditions culturelles, mais aide l'homme de tous les temps à reconnaître et à réaliser le bien authentique, éclairé par la splendeur de la vérité. La tâche des chrétiens est donc de conserver et de renforcer le lien intrinsèque existant entre l'Evangile, la mission des disciples du Christ et leur identité culturelle respective. Redécouvrir les racines chrétiennes est important pour contribuer à construire une société où soient présentes les valeurs spirituelles et culturelles qui naissent de l'Evangile. Des valeurs et des idéaux qui alimentent une incessante union avec Dieu, comme le démontre l'existence des saints Cyrille et Méthode, qui ont constamment tissé des liens de connaissance et de cordialité mutuelles entre des peuples différents et des cultures et des traditions diverses. J'ai voulu le rappeler dans mon Encyclique Spe salvi: si nous sommes en relation avec Celui qui ne meurt pas, qui est Lui-même la Vie et l'Amour, alors nous sommes dans la vie, nous pouvons nouer des relations de solidarité authentique avec notre prochain (cf. n. 27).

Je souhaite de tout coeur que notre rencontre puisse être pour vous tous ici présents et pour les réalités ecclésiales et civiles que vous représentez, un motif de relations fraternelles et solidaires toujours plus intenses. Que le Seigneur bénisse votre bien-aimé pays et tous ses citoyens.


À S.E. M. AHMADA RWEYEMAMU NGEMERA, NOUVEL AMBASSADEUR DE TANZANIE PRÈS LE SAINT-SIÈGE Jeudi 29 mai 2008

Votre Excellence,

Je suis très heureux de vous accueillir au Vatican et d'accepter les Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République unie de Tanzanie près le Saint-Siège. Je vous remercie des salutations courtoises et des sentiments de bonne volonté que vous avez exprimés au nom de S.E. M. Jakaya Mrisho Kikwete, Président de la République, que j'ai eu le plaisir de rencontrer. Je vous demande de bien vouloir transmettre mes sentiments de reconnaissance et mes meilleurs voeux à Son Excellence M. le Président, au gouvernement et au peuple de Tanzanie.

Votre pays, Monsieur l'Ambassadeur, est respecté et apprécié par les habitants d'Afrique de l'Est pour sa stabilité et son climat de tolérance et de paix. La Tanzanie est également estimée pour le rôle important que ses responsables politiques lui ont fait jouer dans le processus de pacification de la région des Grands Lacs et d'autres initiatives internationales de maintien de la paix. La généreuse hospitalité accordée aux réfugiés fuyant les hostilités dans les pays voisins, malgré les difficultés économiques, a également fait apprécier à juste titre les nobles sentiments du peuple de Tanzanie. Certaines tendances négatives telles que l'augmentation du trafic d'armes dans la région et les interruptions d'importantes initiatives de dialogue et de réconciliation ont soulevé récemment des doutes sur l'avenir proche du processus de paix. Il n'est pas surprenant, à cet égard, que certains responsables et de nombreux hommes et femmes de bonne volonté souhaitent ardemment voir ce processus soutenu à tout prix et mené à son terme. Aucun effort ne doit être épargné en vue de recréer les conditions indispensables pour une vie normale, le développement et le progrès culturel des populations touchées. Le Saint-Siège joint sa voix à cet appel et continue d'exhorter tous ceux qui ont des responsabilités dans la région à ne pas perdre confiance dans la valeur du dialogue, mais à rechercher avec une grande ouverture d'esprit et à exploiter toute possibilité qui puisse conduire à la conclusion d'une paix durable.

La Tanzanie peut être fière de son patrimoine de coexistence harmonieuse entre groupes ethniques et religieux différents transmis aux générations actuelles par le Président fondateur Julius Nyerere et d'autres importants hommes d'Etat. Chaque génération doit continuer à apprécier et protéger ce trésor. Il faut prendre garde que le bien commun de tous les Tanzaniens, la dignité et les droits authentiques de toutes les personnes prévalent sur les exigences et et les intérêts de certains groupes. A cet égard, le discernement et une action ferme de la part des autorités sont nécessaires pour éviter les favoritismes ou les initiatives qui seraient incompatibles avec un projet politique fondé sur les droits universels de l'homme et l'Etat de droit, et pourraient dans certaines circonstances être porteuses de semences d'intolérance et de violence. L'Eglise catholique est engagée à promouvoir des relations ethniques positives et le dialogue avec les membres d'autres religions comme un composant essentiel de son désir de rendre témoignage de l'amour universel de Dieu. C'est pour elle une source de joie d'aider une société à établir un environnement de bonne volonté entre les hommes et les femmes fondé sur la connaissance, l'estime et le respect mutuels.

Créer l'environnement et les structures appropriés pour le développement économique d'un pays est l'un des objectifs importants parmi les tâches d'un bon gouvernement. La confiance internationale et la bonne volonté à l'égard de la Tanzanie a été avec succès le fruit des efforts pour combattre notamment la corruption, et l'économie en retour a connu des progrès durables. Dans de nombreux pays en voie de développement, l'expérience montre que la responsabilité économique et la transparence, notamment dans l'usage des fonds publics, exige non seulement une nécessaire intégrité morale des personnes au pouvoir, mais est en soi un facteur économique indispensable pour un progrès durable. Une grande attention a été consacrée en vue de continuer dans cette voie, avec la claire volonté de permettre également aux secteurs les moins favorisés une participation juste et active à la croissance économique commune. Tandis que votre pays continue d'entreprendre des travaux d'infrastructures et de promouvoir des investissements pour aider l'agriculture et l'industrie, je forme le souhait que votre peuple oeuvrera avec confiance pour le bien de sa patrie et que la Tanzanie trouvera toujours une ouverture, une confiance et une aide concrète à l'échelle internationale.

Je suis heureux de constater que des efforts considérables ont été accomplis pour promouvoir un accès plus large à l'éducation et à la connaissance, qui sont l'un des plus importants facteurs de développement. Des programmes de formations ont également été largement mis en place pour les enseignants et pour les autres personnes dans les écoles et les centres de santé car la construction d'infrastructures ne peut pas aller sans l'effort complémentaire de former du personnel qualifié. Je vous remercie, Monsieur l'Ambassadeur, de vos paroles d'estime pour le service que l'Eglise catholique offre aux habitants de votre pays. A la fois dans l'éducation et les les services de santé, il faut être attentif à apporter des ressources financières pour les différents projets ou institutions sur la base de l'urgence des besoins ou du mérite. L'équité et la transparence dans ce domaine facilitent grandement un esprit de coopération loyale entre l'initiative privée et les institutions publiques. Dans ces mêmes secteurs du développement, les institutions doivent continuer de grandir et s'améliorer en qualité en vue de répondre aux besoins de la population. Je suis certain que les catholiques tanzaniens ne manqueront pas d'offrir leur contribution spécifique à travers les institutions de l'Eglise et ses initiatives, animés par le service chrétien pour leur prochain et l'amour généreux pour leur pays.

Votre Excellence, alors que vous prenez vos fonctions en tant qu'Ambassadeur de la République unie de Tanzanie auprès du Vatican, j'ai exprimé quelques-unes des perspectives du Saint-Siège et ses voeux sincères pour votre pays. Puisse votre mission permettre de renforcer les liens existant entre la République unie de Tanzanie et le Saint-Siège. Soyez assuré que les divers dicastères de la Curie romaine seront toujours prêts à vous assister dans votre tâche. Avec mes prières et mes meilleurs voeux pour le succès de votre mission, j'invoque de Dieu tout-puissant d'abondantes Bénédictions sur vous et votre famille, et sur le peuple de votre pays.


À S.E. M. NYINE S. BITAHWA, NOUVEL AMBASSADEUR D'OUGANDA PRÈS LE SAINT-SIÈGE Jeudi 29 mai 2008


Votre Excellence,

672 Je suis heureux de vous accueillir au Vatican et d'accepter les Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République d'Ouganda près le Saint-Siège. Je vous remercie pour les salutations que vous m'avez transmises au nom de S.E. M. Yoweri Museveni, président de la République, et j'y réponds très volontiers par mes meilleurs voeux et l'assurance de mes prières pour Son Excellence et tous les habitants de l'Ouganda.

Le Saint-Siège établit des relations diplomatiques avec des Etats en vue de mener à bien une coopération mutuelle pour le bien spirituel et matériel de leurs populations. A cet égard, les efforts de votre pays dans la lutte contre la pauvreté et ses causes profondes sont très encourageants. Le développement humain, à travers la possibilité de trouver un emploi, un logement et l'élargissement des opportunités d'éducation, est un facteur indispensable dans le progrès social et économique d'une nation. Beaucoup a été fait en Ouganda dans les domaines de l'éducation, du développement et de la santé, en particulier la lutte contre le SIDA avec une attention particulière pour les personnes malades et une politique efficace de prévention basée sur la chasteté et la promotion de la fidélité dans le mariage. Fidèle à son engagement à prêcher l'amour de Dieu et du prochain, l'Eglise catholique continuera à coopérer avec les autorités civiles, notamment dans ces domaines qui aident à améliorer la condition humaine.

Monsieur l'Ambassadeur, vous avez parlé de la joie de votre peuple de voir l'aboutissement des efforts en vue d'officialiser les accords de paix et de parvenir à une conclusion des longues années de guerre marquées par une violence cruelle et dénuée de sens. L'Eglise, par sa vocation à éclairer les consciences, ne peut manquer d'exprimer sa joie devant ce qui a été accompli, et sa joie la plus sincère que l'on parvienne au plus tôt à des conditions de sécurité totale, en permettant à toutes les personnes déplacées de retourner dans leurs foyers et de retrouver une existence paisible et productive. A cet égard, je souhaite faire état de la satisfaction du Saint-Siège à tous ceux qui ont élevé la voix contre la violence et la haine, et à tous ceux qui ont contribué à une recherche négociée de la paix. J'encourage toutes les personnes impliquées à prendre part généreusement à la tâche de réhabilitation et de reconstruction après de si nombreuses années de troubles et d'abandon. Cette tâche qui s'inscrit dans un contexte où l'on craint une pénurie mondiale de nourriture et une augmentation des prix, devrait donc constituer un encouragement supplémentaire à se consacrer et à persévérer en vue de consolider la paix, la réconciliation et la reconstruction. Je suis certain que le désir très fort des populations à trouver la paix convaincra le gouvernement de continuer à assumer ses responsabilités régionales et à faire tout ce qui est en son pouvoir pour assurer la stabilité et la réconciliation dans toute la région, où une paix durable ne sera possible que lorsque les parties impliquées souscriront les accords internationaux et s'engageront à respecter les frontières nationales. Beaucoup de progrès restent à accomplir ces prochaines années mais une nouvelle espérance est née pour les habitants de l'Ouganda du Nord et leurs voisins. Que Dieu tout-puissant les assiste dans leurs efforts en vue de commencer une vie nouvelle.

Aucune nation n'est libre aujourd'hui de l'influence de la mondialisation avec ses avantages et ses défis. Ce phénomène facilite les opportunités de commerce, l'accès à l'information et la communication des valeurs. Malheureusement, elle peut aussi promouvoir des modes de vie superficiels et des attitudes qui minent de saines traditions basées sur la vérité morale et la vertu. Les hommes et les femmes de bonne volonté en Afrique rejette à juste titre les perspectives de destruction qui sont associées à la cupidité, à la corruption et aux différentes formes de désagrégation personnelle et sociale. La démocratie et l'Etat de droit ne se nourrissent pas du matérialisme, de l'individualisme et du relativisme moral mais de l'intégrité et de la confiance mutuelle, notamment lorsqu'elles sont encouragées par des responsables engagés et généreux, désireux d'offrir leur service à leurs concitoyens pour l'édification du bien commun. Je prie avec ferveur afin que les bénéfices authentiques de la culture contemporaine améliorent l'existence de tous les Ougandais en harmonie avec ce qu'il y a de vrai et de sain dans les valeurs qui ont été transmises de génération en génération.

A cet égard, le pays que vous représentez, Monsieur l'Ambassadeur, porte en lui de nombreuses caractéristiques importantes fondées dans la culture africaine, telles que: une attitude de respect vis-à-vis de l'autorité parentale et un regard religieux porté sur les moments importants de l'existence humaine, en promouvant un profond respect pour la dignité de toute vie humaine de la conception à la mort naturelle. Tel est le riche contexte dans lequel des générations d'Africains ont été éduqués et à partir duquel la semence de l'Evangile chrétien a porté des fruits abondants. L'Eglise catholique apprécie cet héritage en lui-même et pour la relation harmonieuse qu'il entretient avec les vérités fondamentales de l'ordre moral naturel et avec les principes de base de la foi. Je vous assure, Monsieur l'Ambassadeur, que l'Eglise continuera à jouer son rôle dans la défense et la promotion de ces principes. Elle considère comme sa mission de les consolider et de les encourager dans la merveilleuse plénitude de l'Evangile.

Votre Excellence, j'ai abordé des thèmes d'un intérêt essentiel à la fois pour l'Etat et pour l'Eglise et des domaines où sans aucun doute la coopération continuera de porter des fruits pour un avenir meilleur de tous les Ougandais. Les divers bureaux de la Curie romaine vous assisteront dans votre mission de représentant de votre pays auprès du Saint-Siège. Je suis heureux de vous assurer de mes prières au moment où vous prenez vos fonctions et j'invoque de Dieu tout-puissant d'abondantes Bénédictions sur vous et votre famille et sur tout le peuple de l'Ouganda.


À S.E. M. WESLEY MOMO JOHNSON, NOUVEL AMBASSADEUR DU LIBÉRIA PRÈS LE SAINT-SIÈGE Jeudi 29 mai 2008



Votre Excellence,

Je suis heureux de vous accueillir au Vatican et d'accepter les Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Libéria près le Saint-Siège. Je souhaite vous exprimer ma gratitude pour les voeux que vous m'avez transmis de la part de votre président Mme Ellen Johnson-Sirleaf. Veuillez présenter à Son Excellence mes salutations cordiales et l'assurer de mes prières incessantes pour tous les citoyens de votre nation.

Laissez-moi vous assurer, Monsieur l'Ambassadeur, que le Saint-Siège accorde une grande valeur aux relations diplomatiques avec votre pays et souhaite les développer dans les années à venir. Alors que la Communauté internationale s'efforce de remplir ses obligations humanitaires à l'égard des peuples d'Afrique, le Saint-Siège se sent particulièrement concerné par le sort de nombreux citoyens du Libéria qui ont tout perdu suite au violent conflit qui a ravagé votre pays pendant de si nombreuses années. Après deux années de stabilité du gouvernement élu, un progrès significatif a été accompli dans l'immense tâche de reconstruction. J'ai appris avec satisfaction la décision du Fonds monétaire international, en novembre dernier, de prendre des mesures en vue d'annuler la dette du Libéria. C'est en effet une bonne nouvelle; il faut ardemment souhaiter que les signes récents de croissance économique soient confirmés dans les années à venir. Après des décennies de guerre et d'instabilité, les habitants de votre pays souhaitent être libérés de la pauvreté, de l'insécurité alimentaire et du chômage dont ils ont souffert pendant si longtemps.

Je suis certain que votre peuple est conscient qu'un avenir paisible et prospère n'est possible que si un véritable effort est accompli pour prendre conscience des échecs du passé et pour guérir les blessures infligées au cours de la guerre civile. Le processus "vérité et réconciliation" au Libéria, comme dans d'autres pays africains, est une étape courageuse et nécessaire sur le chemin d'un renouveau national, et si chacun s'y implique avec intégrité et détermination, il ne peut manquer de conduire à un renforcement des valeurs sur lesquelles repose toute société civilisée. Lorsque les citoyens d'une nation ont été témoins de la violence, de la mauvaise gestion et de la corruption, pratiquées dans l'impunité aux plus hauts niveaux de la société, il n'est pas aisé de regagner la confiance dans le système du gouvernement. En effet, il est tentant de se retirer de la vie nationale en général, en cherchant uniquement à défendre les intérêts particuliers individuels ou ceux d'une région ou d'un groupe ethnique. De telles attitudes partisanes doivent être dépassées à travers un engagement renouvelé à défendre le bien commun de tous les citoyens, un profond respect pour tous les membres de la société, sans considération d'origine ethnique ou de convictions politiques, et une volonté de mettre à contribution ses dons et ses ressources personnels afin de parvenir à un plus grand bien-être et à la prospérité de tous.

673 Dans mon Message pour la Journée mondiale de la Paix, au début de cette année, j'ai souligné l'importance de la famille comme un élément fondamental de la société, où les valeurs essentielles pour une coexistence pacifique peuvent être apprises et transmises aux générations futures. Par le "oui" responsable et définitif d'un homme et d'une femme, et le "oui" conscient des enfants qui rejoignent progressivement la famille, ses membres donnent leur consentement à la construction du bien commun. C'est ce qui permet à la communauté élargie de se développer, à l'échelle locale, nationale et même internationale (cf. Message pour la Journée mondiale de la paix 2008, n. 6). Je sais que les peuples d'Afrique accordent une grande valeur aux liens familiaux, et j'encourage votre gouvernement à assurer que les politiques publiques continuent d'aider et de renforcer la famille par tous les moyens. C'est la seule manière de jeter des fondements solides en vue de renouveler l'infrastructure sociale qui a été si gravement endommagée par des décennies d'un violent conflit.

Soyez sûr, Monsieur l'Ambassadeur, que l'Eglise qui est au Libéria est extrêmement désireuse de contribuer à construire la vie de famille, et à pourvoir à l'éducation et aux soins médicaux qui sont si dramatiquement urgents dans le pays. J'apprécie les éloges du Président Mme Johnson-Sirleaf pour l'activité de l'Eglise dans ces régions tout au long de l'histoire du Libéria, et pour le témoignage courageux des martyrs qui se sont consacrés à servir le pays, même au prix de leur vie. Les nombreux hommes et femmes de foi - prêtres, religieux et laïcs - qui accomplissent leur apostolat dans votre pays aujourd'hui sont également fortement engagés auprès des personnes, et pour la promotion de la justice, de la coexistence pacifique et de la réconciliation entre factions guerrières du passé récent.

La pastorale de l'éducation est peut-être leur engagement le plus significatif au service du Libéria de l'avenir. Beaucoup de vos enfants et de vos jeunes gens ont été traumatisés par l'expérience de la guerre, certains d'entre eux ont été forcés de devenir soldats et d'abandonner l'école, ce qui a pour résultat un faible niveau d'alphabétisation dans la population. Dans ces circonstances, l'Eglise tente d'offrir aux personnes de l'espoir, de leur donner foi en l'avenir, et de leur montrer qu'elles sont l'objet d'amour et d'attention, pour les conduire, en d'autres termes, à la rencontre avec le Christ, le Sauveur de l'humanité. Ainsi, Votre Excellence, je suis certain que les relations cordiales qui existent entre le Libéria et le Saint-Siège porteront des fruits abondants au service de la reprise économique et de la prospérité croissante de votre cher pays pour les nombreuses années à venir.

Tout en formant mes meilleurs voeux pour votre mission, je vous assure de la disponibilité des divers bureaux de la Curie romaine dans l'accomplissement de votre mission. J'invoque sur Votre Excellence, ainsi que sur votre famille et sur tout le peuple du Libéria les abondantes Bénédictions divines.



Discours 2005-2013 668