Discours 2005-2013 22309

ANGELUS Esplanade de Cimangola à Luanda IV Dimanche de Carême, 22 mars 2009

22309

Chers Frères et Soeurs,

Au terme de notre célébration eucharistique, alors que ma visite pastorale en Afrique touche à sa fin, tournons-nous maintenant vers Marie, la Mère du Rédempteur, pour implorer son affectueuse intercession pour nous, pour nos familles et pour notre monde.

Avec cette prière de l’Angelus, nous nous remémorons le « oui » sans condition de Marie à la volonté de Dieu. Par l’obéissance dans la foi de la Vierge, le Fils est venu dans le monde pour nous apporter le pardon, le salut et la vie en abondance. En se faisant homme comme nous en tout excepté le péché, le Christ nous a révélé la dignité et la valeur de chacun des membres de la famille humaine. Il est mort pour nos péchés, pour nous rassembler tous dans la famille de Dieu.

Notre prière s’élève aujourd’hui depuis l’Angola, depuis l’Afrique, et elle embrasse le monde entier. De leur côté, que les hommes et les femmes qui, partout, dans le monde qui s’unissent à notre prière, tournent leur regard vers l’Afrique, vers ce grand continent, si riche d’espérance mais encore si assoiffé de justice, de paix et d’un développement intégral et sain qui soit en mesure d’assurer un avenir de progrès et de paix à sa population.

Aujourd’hui, je confie à vos prières le travail de préparation de la deuxième Assemblée spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques, dont la célébration est prévue pour la fin de cette année. Inspirés par leur foi en Dieu et confiants dans les promesses du Christ, puissent les catholiques de ce continent devenir toujours davantage levain d’espérance évangélique pour toutes les personnes de bonne volonté qui aiment l’Afrique, qui se dévouent pour le progrès matériel et spirituel de ses fils, tout comme pour la croissance de la paix, de la prospérité, de la justice et de la solidarité en vue du bien commun.

Que la Vierge Marie, Reine de la Paix, continue à guider le peuple de l’Angola dans la tâche de la réconciliation nationale après la dévastatrice et inhumaine expérience de la guerre civile ! Puissent ses prières obtenir pour tous les Angolais la grâce d’un pardon sincèrement donné, du respect des autres et de la coopération qui seule peut faire avancer l’immense oeuvre de la reconstruction ! Que la Sainte Mère de Dieu, qui nous montre son Fils comme notre frère, nous rappelle à nous chrétiens du monde entier le devoir d’aimer notre prochain, d’être bâtisseurs de paix, d’être les premiers à pardonner celui qui a péché contre nous, comme nous-mêmes avons été pardonnés.

Ici, en Afrique australe, nous voulons prier Notre-Dame afin qu’elle intercède de manière particulière pour la paix, pour la conversion des coeurs et pour la fin du conflit dans la région des Grands Lacs. Que son Fils, Prince de la Paix, apporte la guérison à ceux qui souffrent, le réconfort à ceux qui pleurent et la force à tous ceux qui font avancer le difficile processus du dialogue, de la négociation et de la cessation des violences !

Animés d’une telle confiance, nous nous tournons maintenant vers Marie notre Mère et, en récitant la prière de l’Angelus, prions pour la paix et le salut de la famille humaine tout entière.




RENCONTRE AVEC LES MOUVEMENTS CATHOLIQUES POUR LA PROMOTION DE LA FEMME Paroisse de Santo António de Luanda Dimanche 22 mars 2009

22329
Chers frères et soeurs,

« Ils n’ont plus de vin » - disait Marie en suppliant Jésus, afin que les noces puissent continuer dans la fête, comme il se doit : « Les invités de la noce pourraient-ils donc jeûner pendant que l’Époux est avec eux ? » (
Mc 2,19). Puis la Mère de Jésus s’approcha des serviteurs pour leur recommander : « Faites tout ce qu’il vous dira » (Jn 2,5). Cette médiation maternelle rendit possible le « bon vin », prémonitoire d’une nouvelle alliance entre la toute-puissance divine et le coeur humain, pauvre mais disponible. C’est d’ailleurs ce qui s’était déjà produit dans le passé quand – nous l’avons entendu dans la première lecture – « le peuple tout entier répondit d’une seule voix : "Tout ce qu’a dit le Seigneur, nous le ferons." » (Ex 19,8).

Ces mêmes paroles jaillissent du coeur de ceux qui sont ici réunis, dans l’église Saint-Antoine, édifiée grâce à l’oeuvre missionnaire méritoire des Frères mineurs capucins, qui la voulurent comme une nouvelle Tente pour l’Arche de l’Alliance, signe de la présence de Dieu au milieu du peuple en marche. Sur eux et sur tous ceux qui collaborent et qui bénéficient de l’assistance religieuse et sociale qui y est donnée, le Pape invoque une bienveillante et encourageante bénédiction. Je salue affectueusement chacune des personnes présentes : Évêques, prêtres, personnes consacrées et, de façon particulière, vous, les fidèles laïcs qui accomplissez consciemment les devoirs d’engagement et de témoignage chrétien qui découlent du sacrement du Baptême et pour les époux, du sacrement du Mariage. En raison du motif qui nous réunit ici, j’adresse une salutation pleine d’affection et d’espérance aux femmes auxquelles Dieu a confié les sources de la vie : vivez et misez tout sur la vie, parce que le Dieu vivant a misé sur vous ! Avec reconnaissance, je salue les responsables et les animateurs des Mouvements ecclésiaux qui ont à coeur, entre autres, la promotion de la femme angolaise. Je remercie Monseigneur José de Queirós Alves et vos représentants pour les paroles qu’ils m’ont adressées, soulignant les préoccupations et les espérances des nombreuses femmes héroïques et silencieuses de cette Nation bien-aimée.

Je vous exhorte tous à une réelle prise de conscience des conditions défavorables auxquelles ont été – et continuent d’être – soumises de nombreuses femmes, en examinant dans quelle mesure la conduite des hommes, leur manque de sensibilité ou de responsabilité peuvent en être la cause. Les desseins de Dieu sont autres. Nous avons entendu dans la lecture que tout le peuple répondit d’une même voix : « Tout ce qu’a dit le Seigneur, nous le ferons. » (Ex 19,8). L’Écriture Sainte dit que le Créateur divin, en examinant l’oeuvre qu’il avait accomplie, découvrit que quelque chose manquait : tout aurait été bon, si l’homme n’avait pas été seul ! Comment l’homme seul pouvait-il être à l’image et à la ressemblance de Dieu qui est un et trine, de Dieu qui est communion ? « Il n’est pas bon que l’homme soit seul. Je vais lui faire une aide qui lui correspondra ». Et après que l’homme a cherché longuement dans la création sans résultat (cf. Gn Gn 2,18-20), Dieu se mit de nouveau à l’oeuvre pour créer l’aide qui lui manquait, et le gratifia de façon privilégiée en introduisant l’ordre de l’amour, qu’il ne voyait pas suffisamment représenté dans la création.

Comme vous le savez, frères et soeurs, cet ordre de l’amour appartient à la vie intime de Dieu lui-même, à la vie trinitaire, l’Esprit Saint étant l’hypostase personnelle de l’amour. Or, « conformément au dessein éternel de Dieu – comme disait le regretté Pape Jean-Paul II -, la femme est celle en qui l’ordre de l’amour dans le monde créé des personnes trouve le lieu de son premier enracinement » (Lettre Apostolique Mulieris dignitatem MD 29). En effet, en voyant le charme fascinant qui émane de la femme de par la grâce intime que Dieu lui a donnée, le coeur de l’homme s’éclaire et se retrouve en elle : « Cette fois-ci, voilà l’os de mes os et la chair de ma chair » (Gn 2,23). La femme est un autre « moi » dans l’humanité commune. Il faut reconnaître, affirmer et défendre l’égale dignité de l’homme et de la femme : tous les deux sont des personnes, à la différence de tout autre être vivant dans le monde autour d’eux.

Tous les deux sont appelés à vivre en profonde communion, dans une reconnaissance mutuelle et un don de soi réciproque, travaillant ensemble pour le bien commun avec les caractéristiques complémentaires de ce qui est masculin et de ce qui est féminin. Aujourd’hui, qui ne perçoit le besoin d’accorder plus de place aux « raisons du coeur » ? Dans une civilisation comme la nôtre, dominée par la technique, on ressent le besoin de cette complémentarité de la femme, afin que l’être humain puisse y vivre sans se déshumaniser complètement. Il suffit de penser aux terres où règne la pauvreté, aux régions dévastées par la guerre, à de nombreuses situations dramatiques découlant des migrations forcées ou non… Ce sont presque toujours les femmes qui y maintiennent intacte la dignité humaine, défendent la famille et sauvegardent les valeurs culturelles et religieuses.

Chers frères et soeurs, l’histoire mentionne presque exclusivement les conquêtes des hommes, alors qu’en réalité une part très importante est due à des actions déterminantes, persévérantes et utiles accomplies par des femmes. Parmi de nombreuses femmes extraordinaires, laissez-moi vous parler de deux d’entre elles : Teresa Gomes et Maria Bonino. La première, Angolaise, est décédée en 2004 dans la ville de Sumba, après une vie conjugale heureuse, dont sont nés sept enfants. Sa foi chrétienne a été solide et son zèle apostolique admirable, surtout au cours des années 1975 et 1976, quand une propagande idéologique et politique féroce s’est abattue sur la paroisse Notre-Dame des Grâces de Porto Amboim, arrivant presque à faire fermer les portes de l’église. Teresa se mit alors à la tête des fidèles qui n’abdiquaient pas face à cette situation, les soutenant, protégeant courageusement les structures paroissiales et recherchant toutes les voies possibles pour que la Messe soit à nouveau célébrée. Son amour pour l’Église la rendit infatigable dans l’oeuvre de l’évangélisation, sous la conduite des prêtres.

Quant à Maria Bonino, pédiatre italienne, elle s’est proposée comme volontaire pour différentes missions en cette Afrique bien-aimée, et elle est devenue responsable du service pédiatrique de l’hôpital provincial d’Uíge durant les deux derrières années de sa vie. Se consacrant aux soins quotidiens de milliers d’enfants qui y étaient hospitalisés, Marie dût payer par le sacrifice le plus haut le service qui y était rendu durant une terrible épidémie de fièvre hémorragique de Marbourg, finissant par être elle-même contaminée. Transférée à Luanda, c’est ici qu’elle est décédée et qu’elle repose depuis le 24 mars 2005. Demain, ce sera le quatrième anniversaire de sa mort. L’Église et la société humaine ont été – et continuent à être – grandement enrichies par la présence et par les vertus des femmes, en particulier de celles qui se sont consacrées au Seigneur et qui, en fondant leur vie sur Lui, se sont mises au service des autres.

Chers Angolais, aujourd’hui personne ne devrait plus douter du fait que les femmes, sur la base de leur égale dignité avec les hommes, ont « tout à fait le droit de jouer un rôle actif dans tous les secteurs de la vie publique, et leur droit doit être affirmé et défendu, y compris par des instruments juridiques lorsque cela se révèle nécessaire. La reconnaissance du rôle public des femmes ne doit pas diminuer pour autant leur rôle irremplaçable à l’intérieur de la famille : leur contribution au bien et au progrès de la société a là une valeur réellement inestimable, même si elle est peu considérée » (Message pour la Journée Mondiale de la Paix 1995, n. 9). Toutefois, au niveau personnel, la femme fait l’expérience de sa dignité non pas comme le résultat de l’affirmation de droits sur le plan juridique, mais plutôt comme la conséquence directe des attentions matérielles et spirituelles reçues au sein de la famille. La présence maternelle dans la famille est tellement importante pour la stabilité et la croissance de cette cellule fondamentale de la société, qu’elle devrait être reconnue, louée et soutenue par tous les moyens possibles. Et, pour le même motif, la société doit rappeler aux maris et aux pères leurs responsabilités à l’égard de leur propre famille.

Chères familles, vous vous êtes certainement rendu compte qu’aucun couple humain ne peut à lui seul, uniquement par ses propres forces, donner de façon adéquate à ses enfants l’amour et le sens de la vie. En effet, pour pouvoir dire à quelqu’un : « Ta vie est bonne, bien que je n’en connaisse pas l’avenir », il faut une autorité et une crédibilité plus grandes que celles que les parents peuvent avoir à eux seuls. Les chrétiens savent que cette plus grande autorité a été confiée à cette famille plus large que, par son Fils Jésus Christ et par le don de l’Esprit Saint, Dieu a créée dans l’histoire des hommes, c’est-à-dire à l’Église. Nous voyons ici à l’oeuvre cet Amour éternel et indestructible qui assure un sens permanent à la vie de chacun de nous, même si nous n’en connaissons pas l’avenir. C’est pourquoi la construction de chaque famille chrétienne advient au sein de cette famille plus grande qu’est l’Église, qui la soutient et la serre sur son coeur, en garantissant que se pose sur elle, maintenant et à l’avenir, le « oui » du Créateur.

« Ils n’ont plus de vin » - dit Marie à Jésus. Chères femmes angolaises, prenez-la comme votre Avocate auprès du Seigneur. C’est ainsi que nous la connaissons depuis les noces de Cana : comme la Femme bienveillante, pleine de sollicitude maternelle et de courage, la Femme qui perçoit les besoins des autres et, voulant y remédier, les porte devant le Seigneur. Auprès d’Elle, nous pouvons tous, femmes et hommes, retrouver la sérénité et la confiance intime qui nous font nous sentir heureux en Dieu et infatigables dans la lutte pour la vie. Puisse la Vierge de Muxima être l’Étoile de votre vie ! Qu’elle vous garde unis dans la grande famille de Dieu ! Amen.



CÉRÉMONIE DE CONGÉ Aéroport international 4 de Fevereiro de Luanda Lundi 23 mars 2009

22339

Monsieur le Président de la République,
Mesdames, Messieurs qui représentez les Autorités civiles, militaires et ecclésiastiques,
Chers frères et soeurs dans le Christ,
Chers amis Angolais,

Monsieur le Président, très sensible à la présence de Votre Excellence au moment de mon départ, je tiens à vous exprimer ma satisfaction et ma gratitude pour l’accueil de choix que vous m’avez réservé ainsi que pour les dispositions prises pour faciliter le déroulement des diverses rencontres que j’ai eu la joie de vivre. Aux Autorités civiles et militaires comme aux Pasteurs et aux responsables des communautés et Institutions ecclésiales qui ont participé à ces rencontres, j’adresse mes remerciements les plus cordiaux pour la gentillesse avec laquelle ils ont voulu honorer ma personne au cours des journées que j’ai passées parmi vous. Je dois aussi exprimer ma reconnaissance aux agents des moyens de communication sociale, aux membres des services de sécurité et à tous les volontaires qui, avec générosité, efficacité et discrétion, ont contribué à la bonne réussite de ma visite.

Je remercie Dieu d’avoir trouvé une Église vivante et, malgré les difficultés, pleine d’enthousiasme, qui a su se charger de sa croix et de celle des autres, portant témoignage devant tous de la force salvifique du message de l’Évangile. Elle continue d’annoncer que le temps de l’espérance est arrivé, s’engageant à pacifier les esprits et invitant à pratiquer une charité fraternelle qui sait s’ouvrir à l’accueil de tous, dans le respect des idées et des sentiments de chacun. Le moment est venu de vous saluer et de repartir à Rome, triste de devoir vous quitter, mais content d’avoir rencontré un peuple courageux et décidé à renaître. Malgré les résistances et les obstacles, ce peuple veut construire son avenir en passant par les sentiers du pardon, de la justice et de la solidarité.

Qu’il me soit permis de faire ici un appel final. Je voudrais demander que la réalisation légitime des aspirations fondamentales des populations les plus démunies constitue la préoccupation principale de ceux qui assument les charges publiques, car leur intention – j’en suis sûr – est d’accomplir la mission qu’ils ont reçue non pour eux-mêmes mais en vue du bien commun. Notre coeur ne peut être tranquille tant que des frères souffrent à cause du manque de nourriture, de travail, de maison ou d’autres biens primordiaux. Pour arriver à apporter une réponse concrète à nos frères humains, le premier défi à relever est celui de la solidarité : solidarité entre les générations, solidarité entre les Nations et entre les Continents, qui engendre un partage toujours plus équitable des ressources de la terre entre tous les hommes.

Et, depuis Luanda, j’élargis mon regard à toute l’Afrique, lui donnant rendez-vous au mois d’octobre prochain, à la Cité du Vatican, lorsque nous nous réunirons pour la deuxième Assemblée Spéciale du Synode des Évêques, consacrée à ce Continent, où le Verbe incarné en personne a trouvé refuge. Je prie Dieu aujourd'hui de faire sentir sa protection et son aide aux réfugiés et aux expatriés sans nombre qui errent en attendant de retourner chez eux. Le Dieu du Ciel leur répète : « Même si ta mère t’oubliait, moi, je ne t’oublierai jamais » (cf. Is
Is 49,15). C’est en tant que fils et filles que Dieu vous aime. Il veille sur vos jours et sur vos nuits, ainsi que sur vos efforts et sur vos aspirations.

Frères et amis d’Afrique, chers Angolais, courage ! Ne vous lassez pas de faire progresser la paix, en accomplissant des gestes de pardon et en travaillant pour la réconciliation nationale, afin que jamais la violence ne prévale sur le dialogue, la peur et le découragement sur la confiance, la rancoeur sur l’amour fraternel. Cela sera possible, si vous vous reconnaissez les uns les autres comme fils du même et unique Père du Ciel. Que Dieu bénisse l’Angola ! Qu’il bénisse chacun de ses fils et filles ! Qu’il bénisse le présent et l’avenir de cette Nation bien aimée. Adieu !



RENCONTRE AVEC LES JOURNALISTES SUR L'AVION AU COURS DU VOL DE RETOUR PAROLES Lundi, 23 mars 2009

22349
Chers amis,

je vois que vous travaillez encore. Mon travail est pratiquement terminé, par contre le votre recommence. Merci pour votre engagement.

Je garde surtout en mémoire deux impressions : d’une part, l’impression de la cordialité quasi exubérante, de la joie d’une Afrique en fête, et il me semble que dans le Pape on a vu, disons, la personnification du fait que nous sommes tous enfants et famille de Dieu. Cette famille existe et nous, avec toutes nos limites, nous faisons partie de cette famille et Dieu est avec nous. Ainsi la présence du Pape a, disons, aidé à le sentir et à être réellement dans la joie.

D’autre part, l’esprit de recueillement dans les grandes célébrations, le sens profond du sacré, m’ont fait une grande impression : dans les liturgies il n’y a pas une auto-présentation des groupes, une auto-animation, mais il y a la présence du sacré, de Dieu lui-même. Les mouvements aussi étaient toujours des mouvements de respect et de conscience de la présence divine. Cela m’a fait une grande impression.

Ensuite, je dois dire que j’ai été profondément touché du fait que, vendredi soir dans le chaos qui s’était formé à la porte du stade, deux jeunes filles sont mortes. J’ai prié et je prie pour elles. Malheureusement une d’elles n’a pas encore été identifiée. Le Cardinal Bertone et Mgr Filoni ont pu rendre visite à la maman de l’autre, une veuve, courageuse, avec cinq enfants. La première des cinq – celle qui maintenant est morte – était catéchiste. Nous tous nous prions et nous espérons qu’à l’avenir les choses puissent être organisées de façon que ceci n’arrive plus.

Deux autres souvenirs demeurent dans ma mémoire : un souvenir tout particulier – il y aurait tant à dire – concerne le Centre Cardinal Léger : mon coeur a été touché de voir là le monde des multiples souffrances – toute la douleur, la tristesse, la pauvreté de l’existence humaine – mais aussi de voir comment l’État et l’Église collaborent pour aider les personnes qui souffrent. D’une part l’État gère de façon exemplaire ce grand Centre, de l’autre mouvements ecclésiaux et réalité de l’Église collaborent pour aider réellement ces personnes. Et on voit, me semble-t-il, que l’homme en aidant celui qui souffre devient plus homme, que le monde devient plus humain. C’est ceci qui demeure inscrit dans ma mémoire.

Non seulement nous avons distribué l’Instrumentum laboris pour le Synode, mais nous avons aussi travaillé pour le Synode. Dans la soirée du jour de saint Joseph je me suis réuni avec tous les membres du Conseil pour le Synode – 12 Évêques – et chacun a parlé de la situation de son Église locale. Ils m’ont parlé de leurs propositions, de leurs attentes, et il en est ressorti ainsi un aperçu très riche de la réalité de l’Église en Afrique : comment elle évolue, comment elle souffre, ce qu’elle fait, quelles sont ses espérances, ses problèmes. Je pourrais raconter bien des choses, par exemple à propos de l’Église d’Afrique du Sud, qui a eu une expérience de réconciliation difficile, mais substantiellement réussie. À présent elle aide de ses expériences la tentative de réconciliation au Burundi et cherche à faire quelque chose de semblable, même si c’est avec de très grandes difficultés, au Zimbabwe.

Pour finir, je voudrais encore une fois remercier tous ceux qui ont contribué à la belle réussite de ce voyage : nous avons vu quels préparatifs l’avaient précédé, comment tous ont collaboré. Je désire remercier les Autorités étatiques, civiles, celles de l’Église et toutes les personnes qui ont collaboré. Il me semble vraiment que le mot « merci » doit conclure cette aventure. Merci encore une fois à vous aussi, journalistes, pour le travail que vous avez fait et que vous continuez à faire. Bon voyage à vous tous. Merci !






AUX ÉVÊQUES D'ARGENTINE EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM" Salle du Consistoire Jeudi 2 avril 2009

20409

Chers frères dans l'épiscopat,

1. C'est pour moi une joie immense de pouvoir vous recevoir ce matin, pasteurs du peuple de Dieu en Argentine, venus à Rome à l'occasion de votre visite ad limina Apostolorum. Ma pensée se tourne également vers tous les diocèses que vous représentez et vers vos prêtres, les religieux, les religieuses et les fidèles, qui travaillent avec abnégation et enthousiasme à l'édification du Royaume de Dieu dans cette nation bien-aimée.

En premier lieu, je désire vous remercier pour les paroles cordiales que, au nom de tous, Mgr Alfonso Delgado Evers, archevêque de San Juan del Cuyo, m'a adressées, voulant me confirmer vos sentiments de communion avec le Successeur de Pierre, en renforçant ainsi le lien intérieur qui nous unit dans la foi, dans l'amour fraternel et dans la prière.

2. Comme dans beaucoup d'autres parties du monde, en Argentine vous ressentez également l'urgence de conduire une action évangélisatrice vaste et incisive qui, tenant compte des valeurs chrétiennes qui ont modelé l'histoire et la culture de votre pays, conduise à une renaissance spirituelle et morale de vos communautés et de toute la société. Le vigoureux élan missionnaire que la v Conférence générale de l'épiscopat latino-américain et des Caraïbes, qui s'est tenue à Aparecida, a voulu susciter dans toute l'Eglise de l'Amérique latine, vous pousse également à le faire (cf. Document de conclusion, n. 213).

3. Mon vénéré prédécesseur, le Pape Paul VI, a affirmé dans l'Exhortation apostolique Evangelii nuntiandi qu'"évangéliser est tout d'abord témoigner, de façon simple et directe, du Dieu révélé par Jésus Christ, dans l'Esprit Saint. Témoigner que dans son Fils il a aimé le monde" (n. 26). Cela ne consiste donc pas seulement à transmettre ou à enseigner une doctrine sociale, mais également à annoncer le Christ, le mystère de sa personne et son amour, car nous sommes vraiment convaincus qu'"il n'y a rien de plus beau que d'être rejoints, surpris par l'Evangile, par le Christ. Il n'y a rien de plus beau que le connaître et de communiquer aux autres l'amitié avec Lui" (Homélie lors de la Messe pour le début du ministère pétrinien, 24 avril 2005).

Cette annonce claire et explicite du Christ comme Sauveur des hommes, s'insère dans la recherche passionnée de la vérité, de la beauté et du bien qui caractérise l'être humain. En outre, en tenant compte du fait que "la vérité ne s'impose qu'avec la force de la vérité elle-même" (Dignitatis humanae
DH 1), et que les connaissances acquises par d'autres ou transmises par la propre culture enrichissent l'homme avec des vérités qu'il ne pourrait pas atteindre tout seul, nous considérons que "l'annonce et le témoignage de l'Evangile sont même le premier service que les chrétiens doivent rendre à chaque personne et au genre humain" (Discours au congrès de la Congrégation pour l'évangélisation des peuples, 11 mars 2006).

4. Tout engagement évangélisateur naît d'un triple amour: pour la Parole de Dieu, pour l'Eglise et pour le monde. Etant donné qu'à travers l'Ecriture Sainte le Christ nous permet de le connaître dans sa personne, dans sa vie et dans sa doctrine, "la tâche prioritaire de l'Eglise, au début de ce nouveau millénaire, est tout d'abord de se nourrir de la Parole de Dieu, pour rendre efficace l'engagement de la nouvelle évangélisation, de l'annonce à notre époque" (Homélie de clôture de la XII assemblée générale du synode des évêques, 26 octobre 2008). En tenant compte du fait que la Parole de Dieu porte toujours des fruits abondants (cf. Is Is 55,10-11 Mt 13,23), et que seule celle-ci peut transformer en profondeur le coeur de l'homme, je vous encourage, chers frères, à faciliter l'accès de tous les fidèles à l'Ecriture Sainte (cf. Dei Verbum DV 22 et 25), afin que, plaçant la Parole de Dieu au centre de leur vie, ils accueillent le Christ comme rédempteur et que sa lumière illumine tous les milieux de l'humanité (cf. Homélie lors de l'ouverture de la XII Assemblée générale du Synode des évêques, 5 octobre 2008).

Etant donné que la Parole de Dieu ne peut pas être comprise si on la sépare de l'Eglise et qu'on la marginalise, il est nécessaire de promouvoir l'esprit de communion et de fidélité au magistère, en particulier chez ceux qui ont la mission de transmettre intégralement le message de l'Evangile. L'évangélisateur doit donc être un fils fidèle de l'Eglise et, en outre, il doit être plein d'amour pour les hommes, pour savoir leur offrir la grande espérance que nous portons dans notre âme (cf. 1P 3,15).

5. Il faut toujours garder à l'esprit que la première forme d'évangélisation est le témoignage de sa propre vie (cf. Lumen gentium LG 35). La sainteté de vie est un don précieux que vous pouvez offrir à vos communautés sur le chemin du véritable renouveau de l'Eglise. Aujourd'hui plus que jamais, la sainteté est une exigence toujours actuelle, car l'homme de notre temps ressent le besoin urgent d'un témoignage clair et attirant d'une vie cohérente et exemplaire.

A cet égard, je vous exhorte vivement à prêter une attention particulière aux prêtres, vos collaborateurs les plus directs. Les défis de l'époque actuelle demandent plus que jamais des prêtres vertueux, pleins d'esprit de prière et de sacrifice, ayant une solide formation et dévoués au service du Christ à travers l'exercice de la charité. Le prêtre a la grande responsabilité d'apparaître irrépréhensible dans sa conduite devant les fidèles, en suivant de près le Christ avec le soutien et l'encouragement de ces derniers, en particulier à travers leur prière, leur compréhension et leur affection spirituelle.

6. L'annonce de l'Evangile concerne chacun dans l'Eglise; également les fidèles laïcs, destinés à cette mission en vertu du baptême et de la confirmation (cf. Lumen gentium LG 33). Je vous exhorte, bien-aimés frères dans l'épiscopat, à faire en sorte que les laïcs soient toujours plus conscients de leur vocation, en tant que membres vivants de l'Eglise et authentiques disciples et missionnaires du Christ dans toutes les choses (cf. Gaudium et spes GS 43). On peut attendre de nombreux bénéfices, également pour la société civile, de la renaissance d'un laïcat mûr, à la recherche de la sainteté dans ses activités temporelles, en pleine communion avec ses pasteurs, et solide dans sa vocation apostolique d'être un ferment évangélique dans le monde.

7. Je confie avec une particulière dévotion à la Vierge Marie, Nuestra Señora de Luján, toutes vos aspirations pastorales, vos préoccupations et vos personnes. A vous, à vos prêtres, aux religieux, aux séminaristes et aux fidèles, je donne avec affection dans le Seigneur une Bénédiction apostolique particulière.



À S.E. M. VÍCTOR MANUEL GRIMALDI CÉSPEDES NOUVEL AMBASSADEUR DE LA RÉPUBLIQUE DOMINICAINE PRÈS LE SAINT-SIÈGE Salle Clémentine Vendredi 3 avril 2009

30409
Monsieur l'ambassadeur,

C'est avec une grande joie que je vous reçois à l'occasion de cet acte solennel, au cours duquel, Votre Excellence présente les Lettres qui l'accréditent en tant qu'ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République dominicaine près le Saint-Siège. Je vous remercie pour les paroles respectueuses que vous m'avez adressées, ainsi que pour le salut cordial de la part de M. Leonel Antonio Fernández Reyna, président de votre noble nation. Je vous prie de bien vouloir l'assurer que dans mes prières, je rappelle au Seigneur son gouvernement, ainsi que le bien-aimé peuple dominicain, si proche du coeur du Pape.

Votre Excellence, vous êtes ici pour représenter un pays aux profondes racines catholiques qui, comme vous venez de l'indiquer, rappelle déjà dans son nom l'adhésion au message chrétien de la majorité de votre peuple, évoquant saint Domingo de Guzmán, illustre prédicateur de la Parole de Dieu. Je forme des voeux afin que les relations diplomatiques cordiales que votre nation entretient avec le Siège apostolique s'intensifient toujours plus à l'avenir.

Comme Votre Excellence l'a également rappelé, la communauté catholique dominicaine se prépare à commémorer le v centenaire de la création de l'archidiocèse de Saint-Domingue, érigé le 8 août 1511. Cet anniversaire, uni à la mission continentale voulue par la v conférence générale de l'épiscopat latino-américain et des Caraïbes, qui s'est tenue à Aparecida, est un motif de dynamisme missionnaire et évangélisateur renouvelé, qui favorisera la promotion humaine de tous les membres de la société.

L'Eglise, qui ne peut jamais être confondue avec la communauté politique, oeuvre avec l'Etat dans la promotion de la dignité de la personne dans la recherche du bien commun de la société (cf. Gaudium et spes
GS 76). C'est dans ce contexte d'autonomie réciproque et de saine coopération, que s'inscrivent les initiatives diplomatiques qui, à travers les paroles de mon vénéré prédécesseur le Serviteur de Dieu Jean-Paul II, sont "au service de la grande cause de la paix, du rapprochement et de la collaboration entre les peuples et d'un échange fructueux pour établir des relations plus humaines et plus justes au sein de la communauté internationale" (Discours au Corps diplomatique accrédité auprès de la République dominicaine, 11 octobre 1992, n. 1). C'est pourquoi, Votre Excellence, le Saint-Siège tient en haute estime le travail que vous entamez aujourd'hui.

Votre pays a forgé au fil du temps un riche patrimoine culturel, profondément inscrit dans l'âme du peuple, dans lequel ressortent des traditions et des coutumes significatives, dont un grand nombre trouvent leur origine et leur nourriture dans la doctrine catholique, qui promeut chez ceux qui la professent un désir de liberté et de conscience critique, de responsabilité et de solidarité.

Il y a plus de cinq siècles, dans la terre qui est aujourd'hui la République dominicaine, était célébrée pour la première fois la Messe sur le continent américain. Depuis lors, et grâce à une oeuvre généreuse et dévouée d'évangélisation, la foi en Jésus Christ est devenue toujours plus vivante et active, de sorte que de l'Ile "Hispaniola", partirent les missionnaires chargés d'annoncer la Bonne Nouvelle du salut sur le continent. De cette première semence est apparue par la suite, comme un arbre fécond, l'Eglise qui est en Amérique latine, qui, avec les années, a produit d'abondants fruits de sainteté, de culture et de prospérité pour tous les membres de la société.

Dans ce sens, il est juste de reconnaître la contribution de l'Eglise, à travers ses institutions, au bénéfice du progrès du pays, en particulier dans le domaine éducatif, avec les diverses universités, les centres de formation techniques, les instituts et les écoles paroissiales, et dans le domaine de l'assistance, avec l'attention accordée aux nombreux immigrants, aux réfugiés, aux personnes handicapées, aux malades, aux personnes âgées, aux orphelins et aux personnes dans le besoin. A ce propos, je suis heureux de souligner la bonne collaboration existant entre les institutions catholiques locales et les organismes de l'Etat, dans le développement de programmes qui, recherchant toujours le bien commun de la société, favorisent les personnes les plus défavorisées et promeuvent d'authentiques valeurs morales et spirituelles.

D'autre part, il est de la plus grande importance que, dans les changements politiques et sociaux significatifs que connaît la République dominicaine, ces derniers temps, se consolident et se poursuivent les nobles principes qui caractérisent la riche histoire dominicaine depuis la fondation de la patrie. Je me réfère avant tout à la défense et à la diffusion de valeurs humaines fondamentales, comme la reconnaissance et la protection de la dignité de la personne, le respect de la vie humaine, de sa conception jusqu'à sa mort naturelle, et la sauvegarde de l'institution familiale fondée sur le mariage entre un homme et une femme, car il s'agit d'éléments irremplaçables et incontournables du tissu social.

Ces derniers temps, grâce au travail des diverses organisations de votre pays, de nombreux résultats ont été obtenus tant sur le plan social qu'économique, qui permettent d'espérer en un avenir plus lumineux et serein. Il reste toutefois encore un long chemin à parcourir pour assurer une vie digne aux Dominicains et déraciner les plaies de la pauvreté, du trafic de drogue, de la marginalisation et de la violence. C'est pourquoi, tout ce qui vise à renforcer les institutions est fondamental pour le bien-être de la société, qui se fonde sur des piliers comme la pratique de l'honnêteté et de la transparence, l'autonomie juridique, la protection et le respect de l'environnement, ainsi que le renforcement des services sociaux, d'assistance, de santé et d'éducation de toute la population. Ces progrès doivent être accompagnés par une forte détermination à déraciner de façon définitive la corruption, qui provoque tant de souffrance, en particulier aux membres les plus faibles et sans défense de la société. En instaurant un climat de véritable concorde et de recherche de réponses et de solutions efficaces et stables pour les problèmes les plus urgents, les autorités dominicaines trouveront toujours la main tendue de l'Eglise, pour la construction d'une civilisation plus libre, pacifique, juste et fraternelle.

Monsieur l'ambassadeur, avant de conclure notre rencontre, je voudrais vous renouveler ma proximité spirituelle unie à mes voeux fervents afin que le mandat important qui vous a été confié apporte un bénéfice à la nation. Je vous prie de vous faire l'interprète de cette espérance auprès de Monsieur le président et du gouvernement de la République dominicaine. Votre Excellence, sa famille, ainsi que le personnel de la mission diplomatique, pourront toujours compter sur l'estime, le bon accueil et le soutien du Siège apostolique dans l'accomplissement de ses hautes responsabilités, pour lesquelles je souhaite une abondance de fruits. J'implore le Seigneur, par l'intercession de Notre-Dame d'Altagracia et de saint Domingo de Guzmán, de combler de dons célestes tous les fils et toutes les filles de ce bien-aimé pays, auxquels je donne avec plaisir ma Bénédiction apostolique.



Discours 2005-2013 22309