Discours 2005-2013 14918

PROCESSION EUCHARISTIQUE - MÉDITATION Prairie à Lourdes, Dimanche 14 septembre 2008

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Seigneur Jésus, tu es là !

Et vous, mes frères, mes soeurs, mes amis,
Vous êtes là, avec moi, devant Lui !

Seigneur, voici deux mille ans, tu as accepté de monter sur une Croix d'infamie pour ensuite ressusciter et demeurer à jamais avec nous tes frères, tes soeurs !

Et vous, mes frères, mes soeurs, mes amis,
Vous acceptez de vous laisser saisir par Lui.

Nous Le contemplons.
Nous L'adorons.
Nous L'aimons. Nous cherchons à L'aimer davantage.

Nous contemplons Celui qui, au cours de son repas pascal, a donné son Corps et son Sang à ses disciples, pour être avec eux « tous les jours, jusqu'à la fin du monde » (
Mt 28,20).

Nous adorons Celui qui est au principe et au terme de notre foi, Celui sans qui nous ne serions pas là ce soir, Celui sans qui nous ne serions pas du tout, Celui sans qui rien ne serait, rien, absolument rien ! Lui, par qui « tout a été fait » (Jn 1,3), Lui en qui nous avons été créés, pour l'éternité, Lui qui nous a donné son propre Corps et son propre Sang, Il est là, ce soir, devant nous, offert à nos regards.

Nous aimons - et nous cherchons à aimer davantage – Celui qui est là, devant nous, offert à nos regards, à nos questions peut-être, à notre amour.

Que nous marchions – ou que nous soyons cloués sur un lit de souffrance, que nous marchions dans la joie – ou que nous soyons dans le désert de l'âme (cf. Nb 21,5), Seigneur, prends-nous tous dans ton Amour : dans l'Amour infini, qui est éternellement Celui du Père pour le Fils et du Fils pour le Père, celui du Père et du Fils pour l'Esprit, et de l’Esprit pour le Père et pour le Fils.

L'Hostie Sainte exposée à nos yeux dit cette Puissance infinie de l'Amour manifestée sur la Croix glorieuse. L'Hostie Sainte nous dit l'incroyable abaissement de Celui qui s'est fait pauvre pour nous faire riches de Lui, Celui qui a accepté de tout perdre pour nous gagner à son Père. L'Hostie Sainte est le Sacrement vivant, efficace de la présence éternelle du Sauveur des hommes à son Église.

Mes frères, mes soeurs, mes amis,

Acceptons, acceptez de vous offrir à Celui qui nous a tout donné, qui est venu non pour juger le monde, mais pour le sauver (cf. Jn 3,17), acceptez de reconnaître la présence agissante en vos vies de Celui qui est ici présent, exposé à nos regards. Acceptez de Lui offrir vos propres vies !

Marie, la Vierge sainte, Marie, l'Immaculée Conception, a accepté, voici deux mille ans, de tout donner, d'offrir son corps pour accueillir le Corps du Créateur. Tout est venu du Christ, même Marie ; tout est venu par Marie, même le Christ.

Marie, la Vierge sainte, est avec nous ce soir, devant le Corps de son Fils, cent cinquante ans après s'être révélée à la petite Bernadette.

Vierge sainte, aidez-nous à contempler, aidez-nous à adorer, aidez-nous à aimer, à aimer davantage Celui qui nous a tant aimés, pour vivre éternellement avec Lui.

Une foule immense de témoins est invisiblement présente à nos côtés, tout près de cette grotte bénie et devant cette église voulue par la Vierge Marie ;

la foule de tous ceux et de toutes celles qui ont contemplé, vénéré, adoré, la présence réelle de Celui qui s’est donné à nous jusqu'à sa dernière goutte de sang ;

la foule de tous ceux et de toutes celles qui ont passé des heures à L'adorer dans le Très Saint Sacrement de l'autel.

Ce soir, nous ne les voyons pas, mais nous les entendons qui nous disent, à chacun et à chacune d'entre nous : « Viens, laisse-toi appeler par le Maître ! Il est là ! Il t'appelle (cf. Jn 11,28) ! Il veut prendre ta vie et l'unir à la sienne. Laisse-toi saisir par Lui. Ne regarde plus tes blessures, regarde les siennes. Ne regarde pas ce qui te sépare encore de Lui et des autres ; regarde l'infinie distance qu'Il a abolie en prenant ta chair, en montant sur la Croix que Lui ont préparée les hommes et en se laissant mettre à mort pour te montrer son amour. Dans ses blessures, Il te prend ; dans ses blessures, II t’y cache (…), ne te refuse pas à son Amour ! ».

La foule immense de témoins qui s'est laissée saisir par son Amour, c'est la foule des saints du ciel qui ne cessent d'intercéder pour nous. Ils étaient pécheurs et le savaient, mais ils ont accepté de ne pas regarder leurs blessures et de ne plus regarder que les blessures de leur Seigneur, pour y découvrir la gloire de la Croix, pour y découvrir la victoire de la Vie sur la mort. Saint Pierre-Julien Eymard nous dit tout, lorsqu'il s'écrie : « La sainte Eucharistie, c'est Jésus-Christ passé, présent et futur » ( Sermons et instructions paroissiales d’après 1856, 4-2,1. De la méditation).

Jésus-Christ passé, dans la vérité historique de la soirée au cénacle, où nous ramène toute célébration de la sainte Messe.

Jésus-Christ présent, parce qu'il nous dit : « Prenez et mangez-en tous, ceci est mon corps, ceci est mon sang ». « Ceci EST », au présent, ici et maintenant, comme dans tous les ici et maintenant de l'histoire des hommes. Présence réelle, présence qui dépasse nos pauvres lèvres, nos pauvres coeurs, nos pauvres pensées. Présence offerte à nos regards comme ici, ce soir, près de cette grotte où Marie s'est révélée comme l’Immaculée Conception.

L'Eucharistie est aussi Jésus-Christ futur, Jésus-Christ à venir. Lorsque nous contemplons l'Hostie Sainte, son Corps de gloire transfiguré et ressuscité, nous contemplons ce que nous contemplerons dans l'éternité, en y découvrant le monde entier porté par son Créateur à chaque seconde de son histoire. Chaque fois que nous Le mangeons, mais aussi chaque fois que nous Le contemplons, nous L'annonçons, jusqu'à ce qu'Il revienne, « donec veniat ». C'est pourquoi nous Le recevons avec un infini respect.

Certains parmi nous ne peuvent pas ou ne peuvent pas encore Le recevoir dans le Sacrement, mais ils peuvent Le contempler avec foi et amour, et exprimer le désir de pouvoir s’unir à Lui. C’est un désir qui a une grande valeur aux yeux de Dieu. Ceux-ci attendent son retour avec plus d’ardeur ; Ils attendent Jésus-Christ à venir.

Lorsqu’une amie de Bernadette lui posa la question le lendemain de sa première communion : « De quoi as-tu été la plus heureuse : de la première communion ou des apparitions ? », Bernadette répondit : « Ce sont deux choses qui vont ensemble, mais ne peuvent être comparées – J’ai été heureuse dans les deux » (Emmanuélite Estrade, 4 juin 1858). Et son curé témoignait à l’Évêque de Tarbes au sujet de sa première communion : « Bernadette fut d’un grand recueillement, d’une attention qui ne laissait rien à désirer … Elle apparaissait bien pénétrée de l’action sainte qu’elle faisait. Tout se développe en elle d’une façon étonnante ».

Avec Pierre-Julien Eymard et avec Bernadette, nous invoquons le témoignage de tant et tant de saints et de saintes qui ont eu pour la sainte Eucharistie le plus grand amour. Nicolas Cabasilas s'écrie et nous dit ce soir : « Si le Christ demeure en nous, de quoi avons-nous besoin ? Que nous manque-t-il ? Si nous demeurons en Christ, que pouvons-nous désirer de plus ? Il est notre hôte et notre demeure. Heureux sommes-nous d'être Sa maison ! Quelle joie d'être nous-mêmes la demeure d'un tel habitant ! » (La vie en Jésus-Christ, IV, 6).

Le bienheureux Charles de Foucauld est né en 1858, l'année même des apparitions de Lourdes. Non loin de son corps raidi par la mort, se trouvait, comme le grain de blé jeté à terre, la lunule contenant le Saint-Sacrement que frère Charles adorait chaque jour durant de longues heures. Le Père de Foucauld nous livre la prière de l'intime de son coeur, une prière adressée à notre Père, mais qu'avec Jésus nous pouvons en toute vérité faire nôtre devant la Sainte Hostie :



« `Mon Père, je remets mon esprit entre Vos mains'.

C'est la dernière prière de notre Maître, de notre Bien-Aimé... Puisse-t-elle être la nôtre, et qu'elle soit non seulement celle de notre dernier instant, mais celle de tous nos instants :

Mon Père, je me remets entre vos mains ; mon Père, je me confie à vous ; mon Père, je m'abandonne à Vous ; mon Père, faites de moi ce qu'il Vous plaira ; quoi que Vous fassiez de moi, je Vous remercie ; merci de tout ; je suis prêt à tout, j'accepte tout ; je Vous remercie de tout. Pourvu que Votre volonté se fasse en moi, mon Dieu, pourvu que Votre volonté se fasse en toutes Vos créatures, en tous Vos enfants, en tous ceux que Votre coeur aime, je ne désire rien d'autre, mon Dieu ; je remets mon âme entre Vos mains ; je Vous la donne, mon Dieu, avec tout l'amour de mon coeur, parce que je Vous aime, et que ce m'est un besoin d'amour de me donner, de me remettre entre Vos mains, sans mesure, avec une infinie confiance, car Vous êtes mon Père » (Méditation sur les Saints Évangiles). »

Frères et soeurs bien-aimés, pèlerins d'un jour et habitants de ces vallées, frères évêques, prêtres, diacres, religieux, religieuses, vous tous qui voyez devant vous l'infini abaissement du Fils de Dieu et la gloire infinie de la Résurrection, restez en silence et adorez votre Seigneur, notre Maître et Seigneur Jésus le Christ. Restez en silence, puis parlez et dites au monde : nous ne pouvons plus taire ce que nous savons. Allez dire au monde entier les merveilles de Dieu, présent à chaque moment de nos vies, en tout lieu de la terre. Que Dieu nous bénisse et nous garde, qu'Il nous conduise sur le chemin de la vie éternelle, Lui qui est la Vie, pour les siècles des siècles. Amen.



CÉRÉMONIE DE DÉPART Aéroport de Tarbes Lundi 15 septembre 2008

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Monsieur le Premier Ministre,
Chers Frères Cardinaux et Évêques,
Autorités civiles et politiques présentes,
Mesdames, Messieurs !

Au moment de quitter – non sans regret - le sol de France, je vous suis très reconnaissant d'être venu me saluer, en me donnant ainsi l'occasion de dire une dernière fois combien ce voyage dans votre pays a réjoui mon coeur. A travers vous, Monsieur le Premier Ministre, je salue Monsieur le Président de la République et tous les membres du Gouvernement, ainsi que les Autorités civiles et militaires qui n'ont pas ménagé leur efforts pour contribuer au bon déroulement de ces journées de grâce. Je tiens à exprimer ma sincère gratitude à mes Frères dans l'Épiscopat, au Cardinal Vingt-Trois et à Mgr Perrier en particulier, ainsi qu'à tous les membres et au personnel de la Conférence des Évêques de France. Il est bon de se retrouver entre frères. Je remercie aussi chaleureusement Messieurs les Maires et les municipalités de Paris et de Lourdes. Je n'oublie pas les Forces de l'ordre et tous les innombrables volontaires qui ont offert leur temps et leur compétence. Tous ont travaillé avec dévouement et ardeur pour la bonne réussite de mes quatre jours dans votre Pays. Merci beaucoup.

Mon voyage a été comme un diptyque. Le premier volet a été Paris, ville que je connais assez bien et lieu de multiples rencontres importantes. J'ai eu l'occasion de célébrer l'Eucharistie dans le cadre prestigieux de l'esplanade des Invalides. J'y ai rencontré un peuple vivant de fidèles, fiers et forts de leur foi, que je suis venu encourager afin qu'ils persévèrent courageusement à vivre l'enseignement du Christ et de son Église. J'ai pu prier aussi les Vêpres avec les prêtres, avec les religieux et les religieuses, et avec les séminaristes. J'ai voulu les affermir dans leur vocation au service de Dieu et du prochain. J'ai passé aussi un moment, trop bref mais combien intense, avec les jeunes sur le parvis de Notre-Dame. Leur enthousiasme et leur affection me réconfortent. Comment ne pas rappeler aussi la prestigieuse rencontre avec le monde de la culture à l'Institut de France et aux Bernardins ? Comme vous le savez, je considère que la culture et ses interprètes sont des vecteurs privilégiés du dialogue entre la foi et la raison, entre Dieu et l'homme.

Le second volet de mon voyage a été Lourdes, un lieu emblématique, qui attire et fascine tout croyant : comme une lumière dans l'obscurité de nos tâtonnements vers Dieu. Marie y a ouvert une porte vers un au-delà qui nous interroge et nous séduit. Maria, porta caeli ! Je me suis mis à son école durant ces trois jours. Le Pape se devait de venir à Lourdes pour célébrer le 150e anniversaire des Apparitions. Devant la Grotte de Massabielle, j'ai prié pour vous tous. J'ai prié pour l'Église. J'ai prié pour la France et pour le monde. Les deux Eucharisties célébrées à Lourdes m'ont permis de m'unir aux fidèles pèlerins. Devenu l'un d'eux, j'ai suivi l'ensemble des quatre étapes du chemin du Jubilé, visitant l'église paroissiale, puis le cachot et la Grotte, et enfin la chapelle de l'hôpital. J'ai aussi prié avec et pour les malades qui viennent chercher apaisement physique et espoir spirituel. Dieu ne les oublie pas, et l'Église non plus. Comme tout fidèle en pèlerinage, j'ai voulu participer à la procession aux flambeaux et à la procession eucharistique. Elles font monter vers Dieu supplications et louanges. Lourdes est aussi le lieu où se rencontrent régulièrement les Évêques de France pour prier ensemble et célébrer l’Eucharistie, réfléchir et échanger sur leur mission de pasteurs. J’ai voulu partager avec eux ma conviction que les temps sont propices à un retour à Dieu.

Monsieur le Premier Ministre, Frères Évêques et chers amis, que Dieu bénisse la France ! Que sur son sol règne l'harmonie et le progrès humain, et que son Église soit le levain dans la pâte pour indiquer avec sagesse et sans crainte, selon son devoir propre, qui est Dieu ! Le moment est arrivé de vous laisser. Peut-être reviendrais-je dans votre beau Pays ? J'en ai le désir, un désir que je confie à Dieu. De Rome, je vous resterai proche et lorsque je m'arrêterai devant la réplique de la grotte de Lourdes, qui se trouve dans les jardins du Vatican depuis un peu plus d'un siècle, je penserai à vous. Que Dieu vous bénisse!




À S.E. Mme JASNA KRIVOSIC-PRPIC NOUVEL AMBASSADEUR DE BOSNIE ET HERZÉGOVINE PRÈS LE SAINT SIÈGE Castelgandolfo Jeudi 18 septembre 2008

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Votre Excellence,

Je suis heureux de vous accueillir aujourd'hui et d'accepter les Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de Bosnie et Herzégovine près le Saint-Siège. En cette occasion significative, je voudrais vous demander de bien vouloir transmettre mes salutations cordiales aux membres de la présidence et à tous les citoyens de votre pays. Assurez-les de mes ferventes prières pour leurs efforts constants en vue de parvenir à la réconciliation et au renforcement de la paix et de la stabilité.

Les relations diplomatiques du Saint-Siège constituent un aspect de sa mission au service de la Communauté internationale. Son engagement au service de la société civile s'ancre dans la conviction que la tâche de bâtir un monde plus juste passe par la reconnaissance de la vocation surnaturelle de tout individu. L'Eglise promeut donc une compréhension de la personne humaine qui reçoit de Dieu sa capacité à dépasser ses limites individuelles et ses contraintes sociales ainsi qu'à reconnaître et à protéger les valeurs universelles qui sauvegardent la dignité de tous et sont au service du bien commun.

Madame l'Ambassadeur, comme vous l'avez observé, votre pays, bien que peu étendu géographiquement, a été béni par un grand nombre de beautés naturelles. Une telle preuve de la main du créateur réjouit le coeur de ses habitants et les aide à élever leurs pensées vers le Tout-Puissant. Reflet de sa position géographique originale, la Bosnie et Herzégovine abrite également une riche variété de cultures et de précieux patrimoines. Malheureusement, toutefois, au cours de l'histoire les différences culturelles et ethniques ont souvent été une source d'incompréhensions et de désaccords. En effet, comme chacun des trois peuples constitutifs qui forment votre pays ne le sait que trop bien, elles ont même été la cause de conflits et de guerres. Personne ne souhaite la guerre. Aucun parent ne souhaite de conflit pour ses enfants. Aucun groupe civil ou religieux ne devrait jamais avoir recours à la violence et à l'oppression. Pourtant, de très nombreuses familles dans votre pays ont été victimes des souffrances qui résultent de ces catastrophes. Toutefois, en écoutant la voix de la raison et animé par l'espérance que nous désirons tous pour nous-mêmes et pour les générations qui nous suivront, tout individu peut trouver la force de surmonter les divisions passées et de briser les épées pour en faire des socs et les lances pour en faire des serpes (
Is 2,4). A cet égard, je souhaite souligner les progrès qui ont été faits pour renforcer les gestes de réconciliation et pour encourager la Communauté internationale à poursuivre ses efforts en vue d'aider la Bosnie et Herzégovine dans ce but. Je suis certain que, en acceptant les faits de l'histoire de cette région et les graves leçons qui doivent être tirées des années récentes, on trouvera le courage de bâtir un avenir avec un sens profond de la solidarité.

L'esprit d'un Etat se construit à différents niveaux. Le foyer familial est le lieu où les enfants apprennent les valeurs essentielles de la responsabilité et de la coexistence harmonieuse. C'est également là que les préjugés voient le jour ou sont combattus. Tout parent a donc le grave devoir d'instiller chez ses enfants, à travers l'exemple, le respect de la dignité qui caractérise toute personne quelle que soit son origine ethnique, sa religion ou son appartenance sociale. De cette manière, la splendeur de vies menées de façon juste - dans l'intégrité, la justice et la compassion - peuvent resplendir comme des exemples engageant les jeunes, et même tous les hommes, à les imiter. L'éducation contribue également beaucoup à l'âme d'une nation. Un bon enseignement ne vise pas seulement le développement du savoir chez les enfants mais aussi au développement civil et spirituel. Les enseignants qui exercent leur profession avec une passion pour la vérité peuvent faire beaucoup pour discréditer toute les fausses idéologies anthropologiques, qui contiennent des semences d'hostilité (cf. Message pour la Journée mondiale de la paix 2007, n. 10) et pour promouvoir le goût de la diversité culturelle et religieuse dans la vie d'un pays. Dans cette perspective, je voudrais aussi offrir une parole d'encouragement pour tous ceux qui travaillent dans les médias. Ils peuvent faire beaucoup pour surmonter des attitudes persistantes de méfiance en s'assurant de ne pas devenir des instruments de préjugés mais plutôt pour transcender les intérêts particuliers et promouvoir des objectifs civiques réunissant un large consensus et ouverts à tous, afin de devenir des instruments au service d'une justice et d'une solidarité plus grandes (Message pour la Journée mondiale des communications sociales 2008, n. 2).

Comme vous le savez bien, l'Etat est lui aussi appelé à assumer avec vigueur ses responsabilités pour renforcer les institutions et exalter les principes qui sont au coeur de toutes les démocraties. Cela exige un engagement inébranlable au service de l'Etat de droit et de la justice, l'éradication de la corruption et d'autres formes d'activité criminelle, le soutien à un pouvoir judiciaire indépendant et impartial, et l'égalité des chances sur le marché du travail. Je suis certain que les réformes constitutionnelles qui sont en cours d'examen par votre gouvernement répondront aux aspirations légitimes de tous les citoyens, en garantissant à la fois le droit des individus et des groupes sociaux, tout en préservant les valeurs morales et éthiques communes qui lient toutes les personnes et rendent les hommes politiques responsables. De cette manière, toutes les couches de la société peuvent contribuer à l'organisation au niveau national du développement social et économique et aider également à attirer l'investissement nécessaire à la croissance économique, qui permettra en particulier aux jeunes de trouver un emploi satisfaisant et de leur garantir un avenir sûr.

Pour sa part, l'Eglise qui est en Bosnie et Herzégovine continuera d'aider à la mise en oeuvre de ces objectifs de réconciliation, de paix et de prospérité. A travers ses paroisses, ses écoles, ses structures médicales et ses programmes de développement communautaires elle exerce sa mission de charité universelle sous une triple forme: matérielle, intellectuelle et spirituelle. Sa participation au dialogue oecuménique et interreligieux doit également être considérée comme une manière de servir la société dans son ensemble. La promotion des valeurs spirituelles et morales, accessibles à la raison humaine, non seulement relève de la transmission des traditions religieuses mais nourrit également la culture au sens plus large, en encourageant les hommes et les femmes de bonne volonté à renforcer les liens de solidarité et à manifester la manière dont une pluralité de peuples peut effectivement donner le jour à une société unie.

762 Votre Excellence, je suis certain que la mission diplomatique que vous entreprenez aujourd'hui contribuera à renforcer les liens de coopération qui existent entre la Bosnie et Herzégovine et le Saint-Siège. L'application de l'Accord fondamental récemment ratifié, entre autres sujets, facilite le droit d'établir des lieux de culte religieux et de fonder des oeuvres d'Eglise et, dans le même temps, offre un exemple positif des principes démocratiques qui s'enracinent dans votre pays. A cet égard, je suis certain que la Commission mixte entreprendra bientôt un travail d'une grande importance. En vous assurant de la collaboration des divers bureaux de la Curie Romaine et avec mes voeux les plus sincères, j'invoque sur vous et sur votre famille ainsi que sur tous les citoyens de la Bosnie et Herzégovine, les Bénédictions de Dieu tout-puissant.


AUX PARTICIPANTS AU SYMPOSIUM DE LA "PAVE THE WAY FOUNDATION" Palais apostolique de Castelgandolfo - Salle des Suisses Jeudi 18 septembre 2008



Cher M. Krupp,
Mesdames et Messieurs,

C'est pour moi un véritable plaisir de vous rencontrer au terme de l'important symposium organisé par la Pave The Way Foundation. Je sais que de nombreux et éminents chercheurs ont participé à cette réflexion sur les nombreux travaux de mon bien-aimé prédécesseur - le serviteur de Dieu Pie xii, réalisés durant la période difficile qui entoure la Seconde Guerre mondiale. Je souhaite ma plus cordiale bienvenue à chacun d'entre vous, notamment à M. Gary Krupp, président de la Fondation, que je remercie des paroles aimables qu'il a exprimées en votre nom. Je lui suis aussi reconnaissant pour les informations qu'il m'a données sur la manière dont se sont déroulés les travaux au cours du symposium. Vous avez analysé sans préjugés les événements de l'histoire, préoccupés uniquement de chercher la vérité. J'étends mon salut à ceux qui sont se unis à vous pour cette visite, ainsi qu'aux membres de votre famille et aux personnes qui vous sont chères.

Au cours de vos travaux, vous avez porté votre attention sur la figure et l'action pastorale et humanitaire inlassable de Pie xii, Pastor Angelicus. Un demi siècle s'est écoulé depuis sa pieuse mort, advenue ici à Castel Gandolfo aux premières heures du 9 octobre 1958, après une maladie qui diminua progressivement ses forces physiques. Cet anniversaire nous offre une occasion importante pour approfondir notre connaissance de Pie xii, pour méditer son riche enseignement et pour analyser en profondeur tous ses travaux. On a beaucoup écrit sur lui ces cinq dernières décennies et les vrais aspects de son action pastorale multiforme n'ont pas toujours été exposés sous une juste lumière. Le but de votre symposium est justement de combler ces lacunes, en effectuant une analyse attentive et documentée de beaucoup de ses interventions, notamment celles en faveur des juifs qui étaient durement touchés partout en Europe, dans ces années-là, suivant le plan criminel de ceux qui voulaient les éliminer de la surface de la Terre. Quand on s'approche sans préjugés idéologiques de la noble figure de ce Pape, en plus d'être frappé par son éminente personnalité humaine et spirituelle, on demeure conquis par l'exemplarité de sa vie et la richesse extraordinaire de son enseignement. On apprécie sa sagesse humaine et la tension pastorale qui l'ont guidé au cours de son long ministère, notamment dans l'organisation d'aides pour le peuple juif.

Grâce au matériel documentaire que vous avez recueilli, enrichi par de nombreux témoignages faisant autorité, votre symposium offre à l'opinion publique l'occasion de mieux connaître ce que Pie xii a accompli pour les juifs persécutés par les régimes nazis et fascistes. On comprend alors que, là où c'était possible, il ne s'épargna aucun effort pour intervenir en leur faveur, soit directement soit au travers d'instructions données à d'autres personnes ou à des institutions de l'Eglise catholique. Vous avez également mis à jour dans vos travaux les nombreuses interventions qu'il avait effectuées de manière secrète et silencieuse justement parce que, en tenant compte des situations concrètes de ce moment historique complexe, c'était le seul moyen possible d'éviter le pire et de sauver le plus grand nombre de juifs possibles.

Son dévouement courageux et paternel fut reconnu, pendant et après le terrible conflit mondial, par des communautés juives et des personnes qui exprimèrent leur gratitude pour ce que le Pape avait fait pour eux. Il suffit de rappeler la rencontre que Pie xii eut, le 29 novembre 1945, avec les 80 délégués des camps de concentration allemands qui, au cours d'une audience spéciale qui leur était accordée au Vatican, voulurent le remercier personnellement pour sa générosité envers eux durant la terrible période de la persécution nazie et fasciste.

Mesdames et Messieurs, je vous remercie de votre visite et pour les recherches que vous avez entreprises. Je remercie également la Pave the Way Foundation pour l'action constante qu'elle effectue en faveur des relations et du dialogue entre les différentes religions, en tant que témoins de paix, de charité et de réconciliation. Je souhaite vivement que cette année, qui marque le 50 anniversaire de la mort de mon vénéré Prédécesseur, nous offre l'occasion de promouvoir des études plus approfondies sur différents aspects de sa vie et de son action, pour arriver ensemble à connaître la vérité historique, en dépassant tous les préjugés restants. J'invoque sur vous et sur les travaux de votre symposium la bénédiction du Seigneur.


AUX ÉVÊQUES DU PANAMA EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM" Palais apostolique de Castelgandolfo Vendredi 19 septembre 2008

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Chers frères dans l'épiscopat,

"Nous rendons grâces à Dieu à tout moment pour vous tous, en faisant mention de vous sans cesse dans nos prières" (
1Th 1,2). Ces paroles de saint Paul expriment mes sentiments à l'occasion de votre visite ad limina, qui manifeste les liens puissants qui unissent vos Eglises particulières respectives au Successeur de saint Pierre, Chef du Collège épiscopal (cf. Lumen gentium LG 22).

Je remercie Mgr José Luis Lacunza Maestrojuán, évêque de David et président de la Conférence épiscopale, pour les paroles cordiales qu'il m'a adressées au nom de tous, en me faisant participer à la joie et au désir que vous portez dans votre coeur, et en me présentant également les défis que vous vous préparez à affronter. Sachez que, dans vos activités, le Pape chemine à vos côtés. Aussi, je vous demande, quand vous retournerez dans votre pays, de transmettre ma proximité spirituelle aux évêques émérites, aux prêtres et aux communautés religieuses, aux séminaristes et aux fidèles laïcs, surtout les plus indigents, et de les assurer que je prie pour eux, en demandant à Dieu qu'ils ne faiblissent pas dans leurs oeuvres pour l'Evangile et qu'ils continuent à exhorter toutes les personnes, à travers leur parole et leur vie, à trouver le bonheur en suivant le Christ et en partageant avec les autres la joie qui naît de savoir qu'Il nous aime jusqu'à la fin (cf. Jn 13,1).

La lecture de vos comptes-rendus quinquennaux et les conversations que nous avons eues m'ont permis de voir vos initiatives destinées à diffuser généreusement la Parole de Dieu dans le coeur des Panaméens, pour les accompagner le long de leur chemin de croissance dans la foi, de manière qu'ils deviennent d'authentiques disciples et missionnaires de Jésus Christ. En ce sens, aidés par les orientations tracées par la v Conférence générale de l'épiscopat latino-américain et des Caraïbes, célébrée à Aparecida, vous intensifiez actuellement votre action pastorale, également en vue des célébrations qui se préparent pour commémorer le v Centenaire de l'évangélisation du pays, en 2013. Ces engagements constituent une occasion providentielle de renforcer davantage la communion ecclésiale entre les diocèses du Panama.

On peut se réjouir de l'action missionnaire féconde des prêtres, des religieux et des laïcs, qui s'opposent à la sécularisation croissante de la société, entendue comme une conception du monde et de l'humanité qui met en marge la transcendance, qui envahit tous les aspects de la vie quotidienne, développe une mentalité dans laquelle Dieu est de fait absent de l'existence et de la conscience humaine et qui se sert souvent des moyens de communication sociale pour diffuser individualisme, hédonisme, idéologies et moeurs qui minent les fondements mêmes du mariage, de la famille et de la morale chrétienne. Le disciple du Christ trouve la force pour répondre à ces défis dans la connaissance profonde et dans l'amour sincère pour le Seigneur Jésus, dans la méditation des Saintes Ecritures, dans la formation doctrinale et spirituelle adéquate, dans la prière constante, dans la réception fréquente du sacrement de la Réconciliation, dans la participation consciente et active à la Messe et dans la pratique des oeuvres de charité et de miséricorde.

Cela est surtout important pour les nouvelles générations. Le rappel de mon vénéré prédécesseur, le Serviteur de Dieu Jean-Paul ii, dont on commémore cette année le xxv anniversaire de la visite à votre bien-aimée nation, peut servir de stimulant pour s'engager pleinement dans la pastorale des jeunes et des vocations, de manière à ce que ne manquent pas les prêtres qui apportent le Christ aux Panaméens, source de vie en abondance pour celui qui le rencontre (cf. Jn 10,10). A ce sujet, je vous invite à supplier avec confiance le "Maître de la moisson" afin qu'il vous envoie de nombreuses et saintes vocations au sacerdoce (cf. Lc 10,2): dans ce but, un discernement correct des candidats au sacerdoce est fondamental ainsi que le zèle apostolique et le témoignage de communion et de fraternité des prêtres. Ce style de vie doit être inculqué dès le séminaire, où l'on doit privilégier une sérieuse discipline académique, des espaces et des temps de prière quotidienne, la digne célébration de la liturgie, une direction spirituelle adéquate et une intense formation aux vertus humaines, chrétiennes et sacerdotales. De cette manière, en priant et en étudiant, les séminaristes peuvent construire en eux-mêmes cet homme de Dieu que les fidèles ont le droit de voir chez leurs ministres.

L'histoire du Panama a été marquée par l'oeuvre digne d'éloges de nombreux missionnaires et par la généreuse sollicitude des religieux et des religieuses. Que ces modèles lumineux encouragent à l'heure actuelle les personnes consacrées à faire de leur vie une expression permanente de charité chrétienne, alimentée par le désir de s'identifier radicalement au Christ et de servir fidèlement l'Eglise!

Avec abnégation, beaucoup de familles vivent dans leur patrie l'idéal chrétien au milieu de nombreuses difficultés, qui menacent la solidité de l'amour conjugal, la paternité responsable et l'harmonie et la stabilité des foyers domestiques. Les efforts qu'on accomplira ne suffiront jamais assez pour développer une pastorale familiale vigoureuse qui invite les personnes à découvrir la beauté de la vocation au mariage chrétien, à défendre la vie humaine de sa conception jusqu'à sa fin naturelle et à construire des familles dans lesquelles on éduque les fils à l'amour pour la vérité de l'Evangile et aux solides valeurs humaines.

Dans votre pays, comme ailleurs, vous vivez des moments difficiles, qui génèrent un malaise, mais aussi des situations qui suscitent une grande espérance. Dans le contexte actuel, il est particulièrement urgent que l'Eglise qui est au Panama ne cesse pas d'offrir ses lumières qui contribuent à la résolution des problèmes humains existants et urgents, en promouvant un consensus moral au sein de la société sur les valeurs fondamentales. Il est essentiel pour cela de diffuser le Compendium de la doctrine sociale de l'Eglise, pour permettre une connaissance plus approfondie et plus systématique des orientations ecclésiales que les laïcs doivent en particulier suivre dans le domaine politique, social et économique, en favorisant également leur application correcte dans des circonstances concrètes. L'espérance chrétienne pourra ainsi éclairer le peuple du Panama, désireux de connaître la vérité sur Dieu et sur l'homme face à des phénomènes comme la pauvreté, la violence des jeunes, les carences de l'éducation, de la santé et du logement, l'implantation d'innombrables sectes ou la corruption, qui, dans différentes mesures, perturbent sa vie et en empêchent le développement intégral.

Au terme de cette rencontre, je vous confie ainsi que tous les fils et les filles de cette noble nation à l'intercession de Santa María la Antigua, afin que son amour de Mère resplendisse toujours sur le Panama et vous conforte sur votre chemin. Avec ces sentiments, je vous donne avec affection ma Bénédiction apostolique.



Discours 2005-2013 14918