Discours 2005-2013 20908

AUX PARTICIPANTS AU CONGRÈS INTERNATIONAL DE LA CONFÉDÉRATION BÉNÉDICTINE Palais apostolique de Castelgandolfo - Salle des Suisses Samedi 20 septembre 2008

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Chers pères abbés,
Chères soeurs abbesses,

C'est avec une grande joie que je vous accueille et vous salue à l'occasion du Congrès international qui, tous les quatre ans, vous réunit tous à Rome, abbés de votre confédération et supérieurs des prieurés indépendants, pour réfléchir et débattre sur les manières d'incarner le charisme bénédictin dans le contexte social et culturel actuel et de répondre aux défis toujours nouveaux qu'il lance au témoignage de l'Evangile. Je salue avant tout l'abbé primat Dom Notker Wolf et je le remercie pour ce qu'il a dit au nom de tous. Je salue également le groupe d'abbesses, venues en représentantes de la Communio Internationalis Benedictinarum, ainsi que les représentants orthodoxes.

Dans un monde désacralisé et à une époque marquée par une inquiétante culture du vide et du "non-sens", vous êtes appelés à annoncer sans compromis le primat de Dieu et à avancer des propositions d'éventuels nouveaux parcours d'évangélisation. L'engagement de sanctification, personnel et communautaire, que vous poursuivez et la prière liturgique que vous cultivez vous permettent d'apporter un témoignage d'une efficacité particulière. Dans vos monastères, vous êtes les premiers à renouveler et approfondir quotidiennement votre rencontre avec la personne du Christ, qui est toujours à vos côtés comme hôte, ami et compagnon. C'est pour cela que vos couvents sont des lieux où des hommes et des femmes, à notre époque aussi, accourent pour chercher Dieu et apprendre à reconnaître les signes de la présence du Christ, de sa charité, de sa miséricorde. Avec une confiance humble, vous ne vous lassez pas de partager, avec ceux qui s'adressent à votre sollicitude pastorale, la richesse du message évangélique, qui se résume dans l'annonce de l'amour du Père miséricordieux, prêt à embrasser chacun dans le Christ. Vous continuerez ainsi à offrir votre contribution précieuse à la vitalité et à la sanctification du Peuple de Dieu, selon le charisme particulier de Benoît de Nursie.

Chers abbés et abbesses, vous êtes les gardiens du patrimoine d'une spiritualité radicalement ancrée à l'Evangile, per ducatum evangelii pergamus itinera eius, dit saint Benoît dans le prologue de la Règle. C'est justement cela qui vous engage à communiquer et à offrir aux autres les fruits de votre expérience intérieure. Je connais et apprécie beaucoup votre généreuse et compétente oeuvre de culture et de formation que beaucoup de vos monastères réalisent, spécialement en faveur des nouvelles générations, en créant un climat d'accueil fraternel qui favorise une expérience d'Eglise particulière. En effet, il est de toute première importance de préparer les jeunes à affronter leur avenir et à se mesurer avec les multiples exigences de la société en faisant constamment référence au message évangélique, qui est toujours actuel, inépuisable et vivifiant. Dévouez-vous par conséquent avec une ardeur apostolique renouvelée aux jeunes, qui sont l'avenir de l'Eglise et de l'humanité. Pour construire une Europe "nouvelle", il convient en effet de commencer par les nouvelles générations, en leur offrant la possibilité d'approcher de plus près les richesses spirituelles de la liturgie, de la méditation, de la lectio divina.

Cette action pastorale et formative, en réalité, est plus que jamais nécessaire pour toute la famille humaine. Dans de nombreuses régions du monde, notamment en Asie et en Afrique, il y a un grand besoin d'espaces vitaux de rencontre avec le Seigneur, dans lesquels retrouver, à travers la prière et la contemplation, la sérénité et la paix avec soi-même et avec les autres. Ne manquez donc pas d'aller à la rencontre des attentes de ceux qui expriment, également en dehors de l'Europe, le vif désir de votre présence et de votre apostolat pour pouvoir puiser dans les richesses de la spiritualité bénédictine. Laissez-vous guider par le désir intime de servir avec charité tous les hommes, sans distinction de race et de religion. Avec une liberté prophétique et un sage discernement, soyez des présences significatives partout où la Providence vous amène à vivre, en vous distinguant toujours par l'équilibre harmonieux entre prière et travail qui caractérise votre style de vie.

Et que dire de la célèbre hospitalité bénédictine? Elle est votre vocation particulière, une expérience pleinement spirituelle, humaine et culturelle. Qu'il y ait un équilibre là aussi: que le coeur de la communauté soit grand ouvert, mais que les temps et les modes d'accueil soient bien proportionnés. Vous pourrez ainsi offrir aux hommes et aux femmes de notre temps la possibilité d'approfondir le sens de l'existence dans l'horizon infini de l'espérance chrétienne, en cultivant le silence intérieur dans la communion de la Parole de salut. Une communauté capable d'une authentique vie fraternelle, fervente dans la prière liturgique, dans l'étude, dans le travail, dans la disponibilité cordiale pour le prochain assoiffé de Dieu, constitue la meilleure impulsion pour faire surgir dans les coeurs, notamment dans celui des jeunes, la vocation monastique et, en général, un parcours de foi fécond.

Je voudrais adresser une parole spéciale aux représentantes des moniales et des soeurs bénédictines. Chères soeurs, vous souffrez vous aussi, comme d'autres familles religieuses, surtout dans certains pays, du manque de nouvelles vocations. Ne vous laissez pas décourager, mais affrontez ces situations douloureuses de crise avec sérénité et dans la conscience que ce n'est pas tant la réussite qui est demandée à chacun, que l'engagement dans la fidélité. Ce que l'on doit absolument éviter, c'est une baisse de l'adhésion spirituelle au Seigneur, à la vocation et à la mission. En persévérant fidèlement en elle, on confesse en revanche, avec une grande efficacité face au monde également, sa ferme confiance dans le Seigneur de l'histoire, qui tient entre ses mains le temps et le destin des personnes, des institutions, des peuples. C'est à Lui que l'on confie les réalisations historiques de ses dons. Faites vôtre l'attitude spirituelle de la Vierge Marie, heureuse d'être "ancilla Domini", totalement disponible à la volonté du Père céleste.

Chers moines, moniales et soeurs, merci de cette visite que j'apprécie! Je vous accompagne de ma prière, afin que lors de vos rencontres en ces jours de congrès vous puissiez distinguer les modalités les plus opportunes pour témoigner visiblement et clairement dans votre style de vie, dans votre travail et dans la prière l'engagement d'une imitation radicale du Seigneur. Que la Très Sainte Vierge Marie soutienne tous vos projets de bien, vous aide, avant tout autre chose, à toujours garder Dieu devant les yeux, et vous accompagne comme une mère sur votre chemin. Tandis que j'invoque d'abondants dons célestes pour soutenir chacune de vos généreuses propositions, je vous donne de tout coeur, ainsi qu'à toute la famille bénédictine, une Bénédiction apostolique spéciale.


AUX ÉVÊQUES NOMMÉS AU COURS DES DEUX DERNIÈRES ANNÉES (CONGRÈS DE LA CONGRÉGATION POUR L'ÉVANGÉLISATION DES PEUPLES) Samedi 20 septembre 2008

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Palais apostolique de Castelgandolfo - Salle des Suisses


Très chers frères dans l'épiscopat!

C'est avec joie que je vous reçois à l'occasion du séminaire de formation organisé par la Congrégation pour l'évangélisation des peuples. Je remercie vivement le préfet, Monsieur le cardinal Ivan Dias, pour le salut fraternel qu'il m'a adressé en votre nom à tous. Le congrès auquel vous participez se situe au cours de l'Année paulinienne, que nous célébrons dans toute l'Eglise avec l'intention d'approfondir la connaissance de l'esprit missionnaire et de la personnalité charismatique de saint Paul, considéré par tous comme le grand Apôtre des nations.

Je suis sûr que l'esprit de cet "enseignant des nations païennes, dans la foi et la vérité" (
1Tm 2,7 cf. 2Tm 1,11) est désormais présent dans vos prières, vos réflexions et vos discussions, et ne manquera pas d'éclairer et d'enrichir votre ministère pastoral et épiscopal. Dans l'homélie pour l'inauguration de l'Année paulinienne, en commentant l'expression "maître des païens", je notais comment cette parole s'ouvre sur l'avenir, en projetant l'âme de l'Apôtre vers tous les peuples et toutes les générations. Paul n'est pas simplement pour nous une figure du passé, que nous rappelons avec vénération. Il est également notre maître, il est l'apôtre et l'annonciateur de Jésus Christ pour nous aussi. Oui, il est notre maître et nous devons apprendre de lui à regarder avec sympathie les peuples auprès desquels nous sommes envoyés. Nous devons également apprendre de lui à chercher dans le Christ la lumière et la grâce pour annoncer aujourd'hui la Bonne Nouvelle; nous devons nous inspirer de son exemple pour parcourir inlassablement les sentiers humains et géographiques du monde d'aujourd'hui, en apportant le Christ à ceux qui lui ont déjà ouvert leur coeur et à ceux qui ne le connaissent pas encore.

Votre vie de pasteurs ressemble sous de nombreux aspects à celle de l'Apôtre Paul. Le champ de votre travail pastoral est très vaste et extrêmement difficile et complexe. Géographiquement, vos diocèses sont, pour la plupart, très étendus et souvent privés de voies et de moyens de communication. Cela rend plus difficile l'accès à vos fidèles les plus éloignés du centre de vos communautés diocésaines. De plus, le vent de la déchristianisation, de l'indifférence religieuse, de la sécularisation et du relativisme des valeurs s'abat sur vos sociétés, comme ailleurs, avec une violence toujours plus grande. Cela crée un contexte face auquel les armes de la prédication peuvent apparaître, comme dans le cas de Paul à Athènes, privées de la force nécessaire. Dans beaucoup de régions, les catholiques sont une minorité, parfois même très faible. Cela vous oblige à vous confronter avec d'autres religions bien plus fortes et pas toujours accueillantes à votre égard. Enfin, les situations ne manquent pas dans lesquelles vous devez, en tant que pasteurs, défendre vos fidèles face à la persécution et à des attaques violentes.

N'ayez pas peur et ne vous découragez pas face à tous ces inconvénients, même s'ils sont parfois pénibles, mais laissez-vous conseiller et inspirer par saint Paul, qui dut beaucoup souffrir pour les mêmes raisons, comme nous l'apprenons dans sa Deuxième Lettre aux Corinthiens. En parcourant les mers et les terres, il subit des persécutions, des flagellations et même la lapidation; il affronta les dangers du voyage, la faim, la soif, des jeûnes fréquents, le froid et la nudité, il travailla inlassablement en vivant jusqu'au bout sa préoccupation pour toutes les Eglises (cf. Cor 11, 24sq.). Il ne fuyait ni les difficultés ni les souffrances, parce qu'il était bien conscient qu'elles font partie de la croix qu'il nous faut, en tant que chrétiens, porter chaque jour. Il comprit jusqu'au bout la condition à laquelle l'appel du Christ expose le disciple: "Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il se renie lui-même, qu'il se charge de sa croix, et qu'il me suive" (Mt 16,24). Et pour cette raison, il recommandait à son fils spirituel et disciple Timothée: "Souffre avec moi pour l'Evangile" (2Tm 1,8), lui indiquant de cette manière que l'évangélisation et sa réussite passent à travers la croix et la souffrance. Il dit à chacun de nous: "Souffre toi aussi avec moi pour l'Evangile". La souffrance nous unit au Christ et à nos frères et exprime la plénitude de l'amour, dont la source et l'épreuve suprême est cette même croix du Christ.

Paul en vint à cette conviction suite à l'expérience des persécutions qu'il avait dû affronter dans sa prédication de l'Evangile; mais il avait découvert par cette voie la richesse de l'amour du Christ et la vérité de sa mission d'apôtre. Dans l'homélie d'inauguration de l'Année paulinienne, j'ai dit à ce propos: "La vérité dont il avait fait l'expérience dans la rencontre avec le Ressuscité méritait pour lui la lutte, la persécution, la souffrance. Mais ce qui le motivait au plus profond, était d'être aimé par Jésus Christ et le désir de transmettre cet amour aux autres". Oui, Paul fut un homme "saisi" (Ph 3,12) par l'amour du Christ et toutes ses actions et ses souffrances ne s'expliquent qu'à partir de ce centre.

Très chers frères dans l'épiscopat! Vous êtes au début de votre ministère épiscopal. N'hésitez pas à recourir à ce puissant maître de l'évangélisation, en apprenant de lui comment aimer le Christ, comment vous sacrifier au service des autres, comment vous identifier avec les peuples au milieu desquels vous êtes appelés à prêcher l'Evangile, comment proclamer et témoigner de sa présence de Ressuscité. Ce sont des leçons dont l'apprentissage exige d'invoquer avec insistance l'aide de la grâce du Christ. Dans ces lettres, Paul fait constamment appel à cette grâce. Vous qui, en tant que successeurs des apôtres, êtes les continuateurs de la mission de Paul dans l'annonce de l'Evangile aux nations, sachez vous inspirez de lui pour comprendre votre vocation en étroite dépendance avec la lumière de l'Esprit du Christ. Il vous guidera sur les routes souvent inaccessibles, mais toujours passionnantes, de la nouvelle évangélisation. Que ma prière et mon affectueuse Bénédiction apostolique, que je donne à chacun de vous et à tous les fidèles de vos communautés diocésaines, vous accompagnent dans votre mission pastorale.


AUX ÉVÊQUES NOMMÉS AU COURS DE L'ANNÉE PARTICIPANT À UN CONGRÈS ORGANISÉ PAR LA CONGRÉGATION POUR LES ÉVÊQUES Palais apostolique de Castelgandolfo - Salle des Suisse Lundi 22 septembre 2008



766 Très chers frères dans l'épiscopat!

Je suis heureux de vous accueillir au début de votre ministère épiscopal et je vous salue avec affection dans la conscience du lien collégial indissoluble qui unit dans une relation d'unité, de charité et de paix le Pape avec les évêques. Ces journées que vous passez à Rome pour approfondir les devoirs qui vous attendent et pour renouveler votre profession de foi sur la tombe de saint Pierre doivent constituer également une expérience singulière de cette collégialité qui "fondée à la fois sur l'ordination épiscopale et sur la communion hiérarchique... touche donc en profondeur l'être de tout évêque et appartient à la structure de l'Eglise telle qu'elle a été voulue par Jésus Christ" (Exhort. apos. Pastores gregis ). Que cette expérience de fraternité, de prière et d'étude auprès du siège de Pierre nourrisse en chacun de vous le sentiment de communion avec le Pape et avec vos confrères et vous ouvre à la sollicitude pour toute l'Eglise. Je remercie le cardinal Giovanni Battista Re pour les paroles aimables avec lesquelles il a interprété vos sentiments. J'adresse un salut particulier au cardinal Leonardo Sandri, préfet de la Congrégation pour les Eglises orientales, alors que j'adresse à travers vous un salut affectueux à tous les fidèles confiés à vos soins pastoraux.

Notre rencontre a lieu en l'Année paulinienne et à la veille de la xii Assemblée générale du Synode des évêques sur la Parole de Dieu: deux moments significatifs de la vie ecclésiale, qui nous aident à mettre en lumière certains aspects de la spiritualité et de la mission de l'évêque. Je voudrais m'arrêter brièvement sur la figure de saint Paul. Il est un maître et un modèle, en particulier pour les évêques! Saint Grégoire le Grand le définit "le plus grand de tous les pasteurs" (Regola Pastorale 1, 8). En tant qu'évêques nous devons tout d'abord apprendre de l'Apôtre un grand amour pour Jésus Christ. A partir du moment de sa rencontre avec le Maître sur le chemin de Damas, son existence fut entièrement un chemin de conformation intérieure et apostolique au Maître, entre les persécutions et les souffrances (cf.
2Tm 3,11). Saint Paul lui-même se définit un homme "conquis par le Christ" (cf. Ph 3,12) au point de pouvoir dire: "Je vis, mais ce n'est plus moi, c'est le Christ qui vit en moi" (Ga 1,20); et aussi: "Avec le Christ, je suis fixé à la Croix. Ma vie aujourd'hui dans la condition humaine, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m'a aimé et qui s'est livré pour moi" (Ga 2,20). L'amour de Paul pour le Christ nous émeut par son intensité. C'était un amour tellement fort et vivant qu'il le conduisait à affirmer: "Oui, je considère tout cela comme une perte à cause de ce bien qui dépasse tout: la connaissance du Christ Jésus, mon Seigneur. A cause de lui, j'ai tout perdu; je considère tout comme balayures, en vue d'un seul avantage, le Christ" (Ph 3,8). L'exemple du grand Apôtre nous appelle, nous évêques, à croître chaque jour dans la sainteté de la vie pour éprouver les mêmes sentiments qui furent ceux du Christ Jésus (2Co 3,11). L'Exhortation apostolique "Pastores gregis", en parlant de l'engagement spirituel de l'évêque, affirme avec clarté qu'il doit tout d'abord être un "homme de Dieu", car on ne peut pas servir les hommes sans être auparavant "serviteurs de Dieu" (cf. n. 13).

Le premier engagement spirituel et apostolique de l'évêque doit donc être précisément celui de progresser dans la voie de la perfection évangélique, dans la voie de l'amour de Jésus Christ. Avec l'Apôtre Paul, il doit en effet être convaincu que "notre capacité vient de Dieu: c'est lui qui nous a rendus capables d'être les ministres d'une Alliance nouvelle" (2Co 3,5-6). Parmi les moyens qui l'aident à progresser dans la vie spirituelle, il y a tout d'abord la Parole de Dieu, qui doit avoir une place centrale indiscutable dans la vie et dans la mission de l'évêque. L'Exhortation apostolique "Pastores gregis" rappelle qu'"avant d'être un transmetteur de la Parole, l'évêque, avec ses prêtres et comme tout fidèle, (...) doit être un auditeur de la Parole" et elle ajoute qu'"il n'y a pas de primat de la sainteté sans écoute de la Parole de Dieu, qui est un guide et une nourriture de la sainteté" (n. 15). Je vous exhorte donc, chers évêques, à vous en remettre chaque jour à la Parole de Dieu pour être des maîtres de la foi et d'authentiques éducateurs de vos fidèles; non comme ceux qui marchandent cette Parole, mais comme ceux qui avec sincérité, animés par Dieu et sous son regard, parlent de Lui (cf. 2Co 2,17).

Très chers évêques, pour faire face au grand défi du sécularisme propre à la société contemporaine, il est nécessaire que l'évêque médite chaque jour la Parole dans la prière, de manière à pouvoir être un héraut efficace en l'annonçant, un docteur authentique en l'illustrant et en la défendant, un maître éclairé et sage en la transmettant. Dans l'imminence des travaux de la prochaine Assemblée générale du Synode des évêques, je vous confie à la puissance de la Parole du Seigneur, afin que vous soyez fidèles aux promesses que vous avez formulées devant Dieu et l'Eglise le jour de votre consécration épiscopale, persévérants dans l'accomplissement du ministère qui vous a été confié, fidèles dans la conservation pure et intègre du dépôt de la foi, enracinés dans la communion ecclésiale avec tout l'ordre épiscopal. Nous devons toujours être conscients que la Parole de Dieu garantit la présence divine chez chacun de nous selon les paroles mêmes du Seigneur: "Si quelqu'un m'aime, il restera fidèle à ma parole; mon Père l'aimera, nous viendrons chez lui, nous irons demeurer auprès de lui" (Jn 14,23).

Lorsque la mitre vous a été remise, le jour de votre consécration épiscopale, il vous a été dit: "Que resplendisse en toi l'éclat de la sainteté". L'apôtre Paul, à travers son enseignement et son témoignage personnel nous exhorte à croître dans la vertu devant Dieu et les hommes. Le chemin de perfection de l'évêque doit s'inspirer des traits caractéristiques du Bon Pasteur, afin que sur son visage et dans son action les fidèles puissent apercevoir les vertus humaines et chrétiennes qui doivent distinguer chaque évêque (). En progressant sur la voie de la sainteté, vous exprimerez cette autorité morale indispensable et cette prudente sagesse que l'on demande à celui qui est placé à la tête de la famille de Dieu. Cette autorité est aujourd'hui plus que jamais nécessaire. Votre ministère ne sera fructueux d'un point de vue pastoral que s'il repose sur votre sainteté de vie: l'autorité de l'évêque - affirme Pastores gregis - naît du témoignage, sans lequel les fidèles pourront difficilement percevoir chez l'évêque la présence active du Christ dans son Eglise (cf. n. 43).

Avec la consécration épiscopale et la mission canonique vous a été confiée votre tâche pastorale, c'est-à-dire le soin habituel et quotidien de vos diocèses. L'apôtre Paul, avec les paroles célèbres adressées à Timothée, vous indique la voie pour être les pasteurs bons et faisant autorité de vos Eglises particulières; voici ce que dit saint Paul la veille de sa mort à Timothée: "Proclame la Parole, interviens à temps et à contre temps, dénonce le mal, fais des reproches, encourage, mais avec une grande patience et le souci d'instruire... sois prudent en tout" (2Tm 4,2 2Tm 4,5). A la lumière de ces paroles de l'apôtre, ne cessez jamais de vous engager à travers "les conseils, les encouragements, leurs exemples, mais aussi par l'autorité et par l'exercice du pouvoir sacré" (LG 27) pour faire progresser dans la sainteté et dans la vérité le troupeau qui vous est confié. Telle sera la manière la plus adaptée pour exercer en plénitude la paternité qui est propre à l'évêque à l'égard des fidèles. En particulier, ayez soin des prêtres, vos premiers et irremplaçables collaborateurs dans le ministère, ainsi que des jeunes.

Soyez proches des prêtres par toutes sortes d'attentions. N'épargnez pas vos efforts pour mettre en oeuvre toutes les initiatives, y compris celle d'une communion de vie concrète indiquée par le Concile Vatican ii, grâce à laquelle les prêtres seront aidés à croître dans le dévouement au Christ et dans la fidélité au ministère sacerdotal. Cherchez à promouvoir une véritable fraternité sacerdotale contribuant à vaincre l'isolement et la solitude, favorisant le soutien mutuel. Il est important que tous les prêtres sentent la proximité paternelle et l'amitié de l'évêque.

Pour construire l'avenir de vos Eglises particulières, soyez aussi les animateurs et les guides des jeunes. La récente Journée mondiale de la jeunesse qui s'est déroulée à Sydney a encore une fois mis en lumière que de nombreux enfants et jeunes sont fascinés par l'Evangile et disponibles à s'engager dans l'Eglise. Il faut que les prêtres et les éducateurs sachent transmettre aux nouvelles générations, avec l'enthousiasme pour le don de la vie, l'amour pour Jésus Christ et pour l'Eglise. Parmi les jeunes, encouragez avec une sollicitude particulière les séminaristes, dans la conscience que le séminaire est le coeur du diocèse. Ne manquez pas de proposer aux enfants et aux jeunes le choix d'un don total au Christ dans la vie sacerdotale et religieuse. Sensibilisez les familles, les paroisses, les instituts d'éducation, afin qu'ils aident les nouvelles générations à chercher et à découvrir le projet de Dieu pour leur vie.

En vous rappelant encore les paroles de saint Paul à Timothée: "Sois pour les croyants un modèle par ta façon de parler et de vivre, par ton amour et ta foi, par la pureté de ta vie" (1Tm 4,12), et en invoquant l'aide de Dieu sur votre ministère épiscopal, je donne de tout coeur une Bénédiction apostolique spéciale à chacun de vous et à vos diocèses.


AUX MEMBRES DU CENTRE D'ÉTUDES POUR L'ÉCOLE CATHOLIQUE DE LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE ITALIENNE Palais apostolique de Castelgandolfo - Salle des Suisses Jeudi 25 septembre 2008

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Chers frères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce,
Chers frères et soeurs,

La rencontre d'aujourd'hui a lieu à l'occasion du dixième anniversaire de la fondation du Centre d'études pour l'école catholique (cssc), institué par la conférence épiscopale italienne comme expression de la responsabilité des évêques à l'égard de l'école catholique, y compris les centres de formation d'inspiration chrétienne. C'est donc une heureuse circonstance pour renouveler mon estime et mon encouragement pour ce qui a été accompli jusqu'à présent dans cet important secteur de la vie civile et ecclésiale. Je vous souhaite une cordiale bienvenue, chers frères et soeurs ici présents, qui représentez, d'une certaine manière, tous ceux qui à tous les niveaux - cei, usmi, cism, instituts religieux d'éducation, associations, mouvements locaux et autres organisations - sont au service de l'école catholique en Italie. Que parvienne à chacun mon salut affectueux et la gratitude de l'Eglise pour le service précieux qui, à travers l'école catholique, est rendu à l'évangélisation de la jeunesse et du monde de la culture.

J'adresse un salut spécial à Mgr Agostino Superbo, vice-président de la conférence épiscopale italienne; aux évêques de la commission épiscopale pour l'éducation catholique, l'école et l'université, et en particulier à son président, Mgr Diego Coletti, qui s'est fait l'interprète des sentiments communs. Ses paroles m'ont permis de mieux connaître les objectifs atteints et les perspectives du Centre d'études pour l'école catholique. Que mon salut parvienne aussi aux participants au congrès organisé en vue de commémorer cet anniversaire, qui a pour thème: "Au-delà de l'urgence éducative, l'école catholique au service des jeunes".

L'importance de la mission de l'école catholique a été répétée à plusieurs reprises dans différentes interventions de mes prédécesseurs, reprises dans des documents significatifs de l'épiscopat italien. Le document de la CEI intitulé "L'école catholique aujourd'hui en Italie" affirme, par exemple, que la mission salvifique de l'Eglise s'accomplit dans l'étroite union entre l'annonce de la foi et la promotion de l'homme et trouve, pour cette raison, un soutien particulier dans l'instrument privilégié qu'est l'école catholique, qui vise à la formation intégrale de l'homme (cf. n. 11). Et, immédiatement après, il ajoute que "l'école catholique est une expression du droit de tous les citoyens à la liberté d'éducation, et du devoir correspondant de solidarité dans la construction de la coexistence civile" (n. 12). C'est donc dans la perspective de renforcer ensemble la double conscience ecclésiale et civile que l'épiscopat italien a ressenti, il y a dix ans, la nécessité de créer un Centre d'études consacré à l'école catholique. Pour être choisie et appréciée, il faut que l'intention pédagogique de l'école catholique soit connue; il est nécessaire que l'on possède non seulement une conscience mûre de son identité ecclésiale et de son projet culturel, mais aussi de sa signification civile, qui doit être considérée non comme la défense de l'intérêt d'un parti, mais comme une contribution précieuse à l'édification du bien commun de la société italienne tout entière.

Votre Centre d'études a rendu, au cours de cette première décennie d'activité, un service vraiment précieux à l'Eglise et à la société italienne. Le mérite en revient à la collaboration efficace qui s'est instaurée entre la CEI et ses bureaux avec les fédérations et associations d'école catholique, avec la faculté des sciences de l'éducation de l'université pontificale salésienne, le ministère de l'éducation nationale, le comité technique et scientifique dans lequel sont représentées l'université catholique du Sacré-Coeur et la Lumsa, et avec ceux qui ont collaboré à ses activités à divers titre.

Grâce à cette entente constante, le Centre d'études a réussi à accomplir un suivi attentif de la situation de l'école catholique en Italie, suivant avec un intérêt particulier les événements concernant la parité et les réformes de l'école en Italie. A ce propos, il a été souligné que dans certaines régions d'Italie la fréquentation de l'école catholique est en augmentation par rapport aux dix dernières années, même si perdurent des situations difficiles et parfois critiques. Précisément dans le contexte de renouveau auquel voudraient tendre ceux qui ont à coeur le bien des jeunes et du pays, il est nécessaire de soutenir cette égalité effective entre les écoles publiques et les écoles privées, pour permettre aux parents une liberté de choix opportune quant à l'école à suivre.

Chers frères et soeurs, l'anniversaire que vous commémorez est assurément une occasion propice pour poursuivre avec un enthousiasme renouvelé le service que vous accomplissez avec profit. Je vous encourage en particulier à concentrer votre engagement, comme c'est déjà votre intention, dans les cinq secteurs suivants: la diffusion d'une culture visant à mettre en valeur la pédagogie de l'école catholique ayant comme finalité l'éducation chrétienne; le suivi de la qualité et le recueil de données sur la situation de l'école catholique; le lancement de nouvelles recherches pour approfondir les urgences éducatives, culturelles et d'organisation aujourd'hui importantes; l'approfondissement de la culture de la parité qui n'est pas toujours appréciée, voire est l'objet d'interprétations équivoques; le développement d'une collaboration fructueuse avec les fédérations/associations d'écoles catholiques dans le respect des compétences et des finalités réciproques.

Je confie votre activité et vos futurs projets à l'intercession maternelle de Marie, Reine de la famille et Siège de la Sagesse, alors que je vous remercie de votre visite et que je vous bénis tous avec affection.


AUX PARTICIPANTS À LA RENCONTRE INTERNATIONALE DU MOUVEMENT "RETROUVAILLE" Palais apostolique de Castelgandolfo - Salle des Suisses Vendredi 26 septembre 2008

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Monsieur le cardinal,
Vénérés frères dans l'épiscopat
et dans le sacerdoce,
Chers frères et soeurs!

Je vous accueille avec joie aujourd'hui, à l'occasion de la rencontre mondiale du mouvement Retrouvaille. Je vous salue tous, époux et prêtres, avec les responsables internationaux de cette association, qui depuis plus de trente ans oeuvre avec un grand dévouement au service des couples en difficulté. Je salue en particulier le cardinal Ennio Antonelli, président du Conseil pontifical pour la famille, et je le remercie de ses paroles courtoises, ainsi que de m'avoir présenté les finalités de votre mouvement.

Chers amis, j'ai été frappé par votre expérience, qui vous met au contact des familles marquées par la crise du mariage. En réfléchissant sur votre activité, j'ai encore une fois reconnu le "doigt" de Dieu, c'est-à-dire l'action de l'Esprit Saint, qui suscite dans l'Eglise des réponses adaptées aux besoins et aux urgences de chaque époque. A l'heure actuelle, une urgence profondément ressentie est certainement celle des séparations et des divorces. L'intuition des conjoints canadiens Guy et Jeannine Beland, en 1977, d'aider les couples en crise grave à l'affronter grâce à un programme spécifique, qui vise à la reconstruction de leurs relations, non pas comme une alternative à des thérapies psychologiques, mais en suivant un parcours distinct et complémentaire, fut donc providentielle. En effet, vous n'êtes pas des professionnels; vous êtes des époux qui ont souvent vécu personnellement les mêmes difficultés, qui les ont surmontées avec la grâce de Dieu et le soutien de Retrouvaille et qui ont ressenti le désir et la joie de mettre, à leur tour, leur propre expérience au service des autres. Parmi vous se trouvent plusieurs prêtres qui accompagnent les époux sur leur chemin, en fractionnant pour eux la Parole et le Pain de la vie. "Vous avez reçu gratuitement: donnez gratuitement" (
Mt 10,8): c'est à cette parole de Jésus, adressée à ses disciples, que vous faites constamment référence.

Comme votre expérience le démontre, la crise conjugale - nous parlons ici de crises sérieuses et graves - constitue une réalité à deux faces. D'une part elle se présente, en particulier dans sa phase aiguë et la plus douloureuse, comme un échec, comme la preuve que le rêve est fini ou s'est transformé en un cauchemar et que, malheureusement, "il n'y a plus rien à faire". C'est l'aspect négatif. Mais il y a un autre aspect, qui nous est souvent inconnu, mais que Dieu voit. Chaque crise, en effet, - la nature nous l'enseigne - est un passage à une nouvelle phase de vie. Cependant, si chez les créatures inférieures cela se produit automatiquement, chez l'homme cela implique la liberté, la volonté et, donc, une "espérance plus grande" que le désespoir. Dans les moments les plus sombres, les conjoints ont perdu l'espérance; il y a alors besoin que d'autres personnes la conservent, d'un "nous", d'une compagnie d'amis véritables qui, dans le plus grand respect, mais aussi avec une sincère volonté de bien, soient prêts à partager un peu de leur espérance avec ceux qui l'ont perdue. Pas de manière sentimentale ou velléitaire, mais organisée et réaliste. Vous devenez ainsi, au moment de la rupture, la possibilité concrète pour le couple d'avoir une référence positive, à laquelle se confier dans le désespoir. En effet, lorsque la relation dégénère, les conjoints sombrent dans la solitude, tant individuelle que du couple. Ils perdent l'horizon de la communion avec Dieu, avec les autres et avec l'Eglise. Alors, vos rencontres offrent le "point d'appui" pour ne pas s'égarer entièrement, et pour remonter progressivement la pente. J'ai plaisir à penser à vous comme aux gardiens d'une espérance plus grande pour les époux qui l'ont perdue.

La crise est donc une étape de croissance. C'est dans cette perspective que l'on peut lire le récit des noces de Cana (Jn 2,1-11). La Vierge Marie s'aperçoit que les époux "n'ont plus de vin" et elle le dit à Jésus. Ce manque de vin fait penser au moment où, dans la vie de couple, l'amour finit, la joie s'épuise et l'enthousiasme du mariage diminue brutalement. Après que Jésus eut transformé l'eau en vin, ils firent des compliments à l'époux car - disaient-ils - il avait conservé jusqu'à ce moment "le bon vin". Cela signifie que le vin de Jésus était meilleur que le précédent. Nous savons que ce "bon vin" est le symbole du salut, de la nouvelle alliance nuptiale que Jésus est venu réaliser avec l'humanité. C'est précisément de celle-ci que chaque mariage chrétien est le sacrement, même le plus difficile et vacillant, et il peut donc trouver dans l'humilité le courage de demander de l'aide au Seigneur. Lorsqu'un couple en difficulté, ou - comme le démontre votre expérience - même déjà séparé, s'en remet à Marie et s'adresse à Celui qui a fait des deux époux "une seule chair", il peut être certain que cette crise deviendra, avec l'aide du Seigneur, un passage de croissance, et que l'amour en sortira purifié, mûri, renforcé. Seul Dieu est en mesure de faire cela, lui qui désire se servir de ses disciples comme des collaborateurs valables, pour approcher les couples, les écouter, les aider à redécouvrir le trésor caché du mariage, le feu resté enseveli sous la cendre. C'est Lui qui ravive et qui refait brûler la flamme; pas de la même façon que lorsque l'on tombe amoureux bien sûr, mais d'une manière différente, plus intense et profonde: la flamme étant cependant toujours la même.

Chers amis, qui avez choisi de vous mettre au service des autres dans un domaine aussi délicat, je vous assure de ma prière pour que votre engagement ne devienne pas une simple activité, mais qu'il reste toujours, au fond, un témoignage de l'amour de Dieu. Votre service va "à contre-courant". Aujourd'hui, en effet, lorsqu'un couple entre en crise, il trouve de nombreuses personnes prêtes à lui conseiller la séparation. Même aux époux mariés au nom du Seigneur on propose le divorce avec facilité, oubliant que l'homme ne peut pas séparer ce que Dieu a uni (cf. Mt 19,6 Mc 10,9). Pour accomplir votre mission, vous avez vous aussi besoin de nourrir sans cesse votre vie spirituelle, de mettre de l'amour dans ce que vous faites pour que, au contact des réalités difficiles, votre espérance ne disparaisse pas ou ne se réduise pas à une formule. Que vous aide dans cette oeuvre apostolique délicate la Sainte Famille de Nazareth, à laquelle je confie votre service et, en particulier, les cas les plus difficiles. Que Marie, Reine de la famille, soit à vos côtés, alors que de tout coeur je vous donne ma Bénédiction apostolique, ainsi qu'à tous ceux qui adhèrent au mouvement Retrouvaille.



Discours 2005-2013 20908