Discours 2005-2013 27908

À S.E. M. PAVEL VOSALÍK NOUVEL AMBASSADEUR DE LA RÉPUBLIQUE TCHÈQUE PRÈS LE SAINT SIÈGE Castelgandolfo Samedi 27 septembre 2008

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Monsieur l'ambassadeur,

Je suis heureux de vous recevoir aujourd'hui à l'occasion de la présentation des Lettres qui vous accréditent comme ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République tchèque. Je suis reconnaissant de vos paroles cordiales au moment où vous commencez la mission qui vous a été confiée par votre gouvernement. Veuillez transmettre mes respectueuses salutations à S.E. M. Vaclav Klaus, président de la République, en l'assurant de mes prières pour le bien-être de tous les habitants de votre pays.

Monsieur l'ambassadeur, j'apprécie que vous ayez souligné l'influence du christianisme sur le riche héritage culturel de votre nation, et en particulier le rôle joué par l'Evangile pour apporter l'espérance au peuple tchèque au temps de l'oppression. L'espérance est en effet le message éternel que l'Eglise offre à toutes les générations, et qui la caractérise pour participer à la tâche mondiale de forger des liens de paix et de bonne volonté entre les peuples. Elle le fait en particulier par son activité diplomatique, à travers laquelle elle promeut la dignité des personnes qui sont destinées à une vie de communion avec Dieu et avec les autres.

Votre nation, soutenue par le sens de la solidarité qui lui a permis de renaître courageusement après l'écroulement du totalitarisme, souhaite également contribuer au bien-être de la famille humaine en promouvant la coopération internationale dans la lutte contre la violence, la faim, la pauvreté et d'autres maux de la société. De nouvelles perspectives d'influence vont s'ouvrir pour votre pays qui se prépare à assumer la présidence du Conseil de l'Union européenne l'année prochaine. Je suis certain qu'en se donnant des objectifs clairs et en facilitant l'engagement de tous les Etats membres, le grand honneur de présider le Conseil pour une période de six mois permettra à la République tchèque d'avoir un rôle moteur dans la tentative commune de conjuguer l'unité et la diversité, la souveraineté nationale et l'action conjointe, ainsi que le progrès économique et la justice sociale sur tout le continent.

L'Eglise est bien consciente que l'Europe se trouve face à de nombreux défis précisément au moment où ses nations aspirent à construire une communauté internationale plus stable pour les générations futures. Pour aller de l'avant, ses responsables politiques sont appelés à reconnaître que le bonheur et le bien-être des hommes ne peuvent pas être obtenus uniquement à travers des structures ou par le seul niveau social ou politique (cf. Spe salvi ). La réalisation d'une culture authentique, digne de la noble vocation de l'homme, exige la coopération harmonieuse des familles, des communautés ecclésiales, des écoles, des forces économiques, des organisations communautaires et des institutions gouvernementales. Loin d'être des fins en elles-mêmes, ces entités sont organisées en structures en vue d'être au service de tous, et d'être totalement liées les unes aux autres dans la recherche du bien commun (cf. Centesimus annus
CA 13).

C'est pourquoi toute la société tire bénéfice du fait que l'Eglise puisse avoir le droit d'exercer la gestion des biens matériels et spirituels nécessaires à son ministère (cf. Gaudium et spes GS 88). On trouve dans votre pays des signes de progrès dans ce domaine, mais beaucoup reste encore à faire. Je suis certain que les commissions spéciales mises en place par votre gouvernement et votre parlement pour résoudre les questions en cours relatives aux biens ecclésiaux progresseront avec honnêteté, justice et la reconnaissance authentique de la capacité de l'Eglise à participer au bien-être de la République. Je souhaite en particulier que ces considérations soient clairement présentes au moment de trouver une solution au sujet de la cathédrale de Prague, qui s'élève comme un témoignage vivant du riche héritage culturel et religieux de votre pays, et témoigne de la coexistence harmonieuse de l'Eglise et de l'Etat.

Par sa nature, l'Evangile pousse les fidèles à s'offrir avec amour au service de leurs frères et soeurs sans distinction et à n'importe quel prix (cf. Lc 10,25-37). L'amour est une manifestation extérieure de la foi qui soutient la communauté des croyants et leur donne la force d'être des signes d'espérance pour le monde (cf. Jn 13,35). Un exemple de cette charité visible resplendit dans le travail de la Caritas, dont les membres s'engagent quotidiennement dans un grand nombre de services sociaux à travers le pays. Cela est particulièrement évident dans le service qui est offert aux femmes enceintes, aux sans-abris, aux porteurs de handicaps et aux détenus. La coordination entre la Caritas République tchèque et les ministères de la santé, du travail et des affaires sociales démontrent les fruits qui pourraient résulter d'une collaboration entre les institutions de l'Etat et de l'Eglise (cf. Deus caritas est ). Je voudrais souligner l'immense potentiel de formation pour les jeunes, auxquels la participation à ce type d'initiatives apprend que la solidarité authentique ne consiste pas simplement à apporter des biens matériels mais à s'offrir soi-même (cf. Lc 17,33). D'ailleurs, alors que la République tchèque tente de développer les moyens à sa disposition pour participer à la tâche de promouvoir davantage de cohésion et de coopération au sein de la Communauté internationale, nous ne devrions pas oublier que de nombreux citoyens tchèques oeuvrent déjà à l'étranger dans des projets d'aide et de développement à long terme sous les auspices de la Caritas et d'autres organisations humanitaires. J'encourage de tout coeur leurs efforts et salue la générosité de tous vos concitoyens qui cherchent de nouveaux moyens de servir le bien commun à la fois dans votre nation et à travers le monde.

Avant de conclure permettez-moi, Monsieur l'ambassadeur, de vous exprimer, ainsi qu'à vos concitoyens, mes sincères condoléances pour la mort tragique d'Ivo Zd'árek, ambassadeur de la République tchèque au Pakistan qui comptait parmi les victimes tuées lors du récent attentat à Islamabad. Je prie chaque jour pour la fin de tels actes d'agression, et j'encourage tous ceux qui sont engagés dans le service diplomatique à se consacrer avec toujours plus de zèle à faciliter la paix et à assurer la sécurité à travers le monde.

Au moment où vous commencez votre mission je vous présente, Monsieur l'ambassadeur, mes meilleurs voeux pour que la mission importante qui vous est confiée soit féconde. Soyez assuré que les bureaux de la Curie romaine vous assisteront dans l'accomplissement de votre fonction. Tout en vous demandant de bien vouloir assurer les habitants de la République tchèque de mes prières et de mon estime, j'invoque sur eux une abondance de Bénédictions divines et je les confie à la providence pleine d'amour de Dieu Tout-Puissant.


À LA RENCONTRE ORGANISÉE PAR LE CENTRE TOURISTIQUE ITALIEN DE LA JEUNESSE ET PAR LE BUREAU INTERNATIONAL DU TOURISME SOCIAL Samedi 27 septembre 2008

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Palais apostolique de Castelgandolfo - Salle des Suisses


Monsieur le cardinal,
Vénérés frères dans l'épiscopat
et dans le sacerdoce,
Chers amis,

C'est avec joie que je vous accueille et vous adresse ma cordiale bienvenue. Je remercie le cardinal Martino, président du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement, de m'avoir présenté les motifs de la rencontre d'aujourd'hui, et également de s'être fait l'interprète de vos sentiments. Je salue Mgr Agostino Marchetto, secrétaire de ce même dicastère préposé à la pastorale de la mobilité humaine, où s'inscrit également l'attention pastorale pour le tourisme. Mon salut s'étend à Mme Maria Pia Bertolucci et à Mgr Guido Lucchiari, respectivement présidente et consultant ecclésial du Centre touristique de la jeunesse (ctg), principal artisan de cette visite, ainsi que M. Norberto Tonini, président du Bureau international du tourisme social (bits), qui s'est associé à l'initiative. Un salut affectueux à vous tous ici présents.

Notre rencontre a lieu aujourd'hui à l'occasion de la célébration de la Journée mondiale du tourisme. Le thème de cette année - Le tourisme affronte le défi des changements climatiques - porte sur une problématique de grande actualité, qui fait référence au potentiel du secteur touristique au regard de l'état de la planète et du bien-être de l'humanité. Vos deux institutions sont déjà engagées dans un tourisme attentif à la promotion intégrale de la personne, dans une vision de développement durable et de solidarité, et cela fait de vous des acteurs qualifiés dans l'oeuvre de sauvegarde et de valorisation responsables des ressources de la Création, immense don de Dieu à l'humanité.

L'humanité a le devoir de protéger ce trésor et de s'engager contre un usage aveugle des biens de la terre. Sans une limite éthique et morale adéquate, le comportement humain peut en effet se transformer en menace et en défi. L'expérience enseigne que la gestion responsable de la Création fait partie, ou du moins devrait faire partie, d'une économie saine et durable du tourisme. Au contraire, le mauvais usage de la nature et l'abus infligé à la culture des populations locales nuisent également au tourisme. Apprendre à respecter l'environnement enseigne également à respecter les autres et soi-même. En 1991, dans l'encyclique Centesimus annus, mon bien-aimé prédécesseur Jean-Paul ii avait déjà dénoncé la consommation excessive et arbitraire des ressources, en rappelant que l'homme est un collaborateur de Dieu dans l'oeuvre de la Création et qu'il ne peut se substituer à Lui. Il avait également souligné combien l'humanité d'aujourd'hui doit "avoir conscience de ses devoirs et de ses responsabilités envers les générations à venir" (n. 37).

Aussi, il est nécessaire, surtout dans le domaine du tourisme, grand consommateur de la nature, que tous tendent à une gestion équilibrée de notre habitat, de ce qui est notre maison commune et qui le sera pour ceux qui viendront après nous. La dégradation de l'environnement ne peut être ralentie qu'en diffusant une culture comportementale adéquate, qui englobe des modes de vie plus sobres. D'où l'importance, comme je l'ai rappelé récemment, d'éduquer à une éthique de la responsabilité et de continuer à "faire des propositions plus constructives pour garantir le bien des générations futures" (Discours à l'Elysée).

De plus, l'Eglise partage avec vos institutions et d'autres organisations semblables l'engagement pour la diffusion du tourisme dit social qui promeut la participation des couches sociales les plus défavorisées et peut être un instrument valable de lutte contre la pauvreté et tant d'autres fragilités, en fournissant des emplois, en protégeant les ressources et en promouvant l'égalité. Ce tourisme représente un motif d'espérance dans un monde où s'est accentué l'écart entre celui qui a tout et ceux qui souffrent de la faim, de la famine et de la sécheresse. Je souhaite que la réflexion faite à l'occasion de cette Journée mondiale du tourisme, grâce au thème choisi, réussisse à influencer positivement le style de vie de nombreux touristes, de manière à ce que chacun contribue au bien-être de tous, qui est en définitive le bien-être de chacun.

Je m'adresse enfin aux jeunes pour que, à travers vos institutions, ils se fassent les partisans et les témoins de comportements visant au respect de la nature et de sa défense, dans une perspective écologique correcte, comme je l'ai souligné plusieurs fois à l'occasion de la Journée mondiale de la jeunesse à Sydney, en juillet dernier. Il revient aux nouvelles générations de promouvoir un tourisme sain et solidaire, qui bannisse le consumérisme et le gaspillage des ressources de la terre, pour laisser un espace aux gestes de solidarité et d'amitié, de connaissance et de compréhension. De cette manière, le tourisme peut devenir un instrument privilégié d'éducation à la coexistence pacifique. Que Dieu vous aide dans votre travail. De mon côté, soyez-en sûrs, je vous assure de mon souvenir dans la prière, alors que je vous donne avec affection la Bénédiction apostolique à vous tous ici présents, aux personnes qui vous sont chères et aux membres de vos institutions dignes d'éloges.

SALUTATION AU PERSONNEL DES VILLAS PONTIFICALES DE CASTELGANDOLFO Palais apostolique de Castelgandolfo Lundi 29 septembre 2008

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Chers frères et soeurs,

Au moment où je prends congé de vous, au terme de mon séjour estival à Castel Gandolfo, je ressens le vif désir de vous renouveler ma gratitude pour le service quotidien et efficace que vous accomplissez ici, dans les Villas pontificales.

Je suis reconnaissant en premier lieu au directeur, M. Saverio Petrillo, de ses paroles courtoises et de s'être fait l'interprète, comme chaque année, de vos sentiments à tous. En me promenant dans les allées des Villas, j'ai eu l'occasion d'apprécier l'attention que vous mettez dans votre travail. Je ressens également le besoin de remercier le personnel qui se consacre avec zèle à l'entretien du Palais apostolique.

Je me rends compte que ma présence exige de vous un engagement supplémentaire, et cela signifie beaucoup de sacrifices pour vous et pour vos familles. Je vous remercie de tout coeur de votre générosité, et je demande au Seigneur de vous récompenser de toute chose. Qu'il vous assiste de sa grâce et vous accompagne de son amour paternel, vous et vos proches, auxquels je vous prie de transmettre mes salutations cordiales.

Nous célébrons aujourd'hui la fête des saints Archanges Michel, Gabriel et Raphaël: je vous confie à leur protection particulière, pour que vous puissiez accomplir vos diverses activités avec sérénité et profit spirituel. Puisse la Sainte Vierge toujours veiller sur vous et sur vos proches. Tout en vous assurant de mon souvenir dans la prière, je vous bénis tous avec affection.

Octobre 2008



AUX ÉVÊQUES D'ASIE CENTRALE EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM"


Jeudi 2 octobre 2008



Vénérés frères,

Je suis particulièrement heureux de vous rencontrer au terme de votre visite "ad limina Apostolorum". J'accueille avec une vive gratitude vos salutations, dont s'est fait l'interprète Mgr Tomash Peta. Je salue chacun de vous, les évêques et le délégué pour les fidèles grecs-catholiques du Kazakhstan, l'administrateur apostolique au Kirghizistan; l'administrateur apostolique en Ouzbékistan, le supérieur de la missio sui iuris au Tadjikistan et le supérieur de la missio sui iuris au Turkménistan. Je vous remercie également de transmettre mes salutations aux fidèles confiés à votre sollicitude pastorale dans les régions d'Asie centrale. Je vous assure que le Successeur de Pierre suit votre ministère avec une prière constante et une affection fraternelle. Cette maison, la maison de l'Evêque de Rome, est aussi la vôtre.

C'est avec beaucoup d'intérêt et d'attention que j'ai écouté chacun de vous me présenter les réalisations, les engagements, les projets et les désirs de vos communautés, ainsi naturellement que les problèmes et les difficultés que vous rencontrez dans l'action pastorale. Je remercie le Seigneur que, malgré les pressions difficiles exercées pendant les années du régime athée et communiste, grâce à l'abnégation de prêtres, de religieux et de laïcs pleins de zèle, la flamme de la foi soit restée allumée dans le coeur des croyants. Les communautés sont parfois réduites à un "petit troupeau". Il ne faut pas se décourager, chers frères! Considérez les premières communautés des disciples du Seigneur, qui, bien que petites, ne s'enfermaient pas sur elles-mêmes, mais, soutenues par l'amour du Christ, n'hésitaient pas à prendre en charge les difficultés des pauvres, à aller à la rencontre des malades, en annonçant et en témoignant à tous avec joie l'Evangile. Aujourd'hui aussi, comme alors, c'est l'Esprit Saint qui conduit l'Eglise. Laissez-vous par conséquent guider par Lui et conservez vivante dans le peuple chrétien la flamme de la foi; conservez et valorisez les précieuses expériences pastorales et apostoliques du passé; continuez à éduquer chacun à l'écoute de la Parole de Dieu, suscitez notamment chez les jeunes l'amour pour l'Eucharistie et la dévotion mariale, diffusez dans les familles la pratique du Chapelet. Recherchez en outre, avec patience et courage, de nouvelles formes et méthodes d'apostolat, en vous préoccupant de les actualiser en fonction des exigences actuelles, en tenant compte de la langue et de la culture des fidèles qui vous sont confiés. Cela exige une unité plus solide encore entre vous, pasteurs, et au sein du clergé.

772 Cet engagement deviendra d'autant plus incisif et efficace que vous n'agirez pas seuls, mais tenterez d'impliquer toujours davantage les prêtres, vos premiers collaborateurs, les religieux et les religieuses, ainsi que les laïcs qui se consacrent aux diverses initiatives pastorales. Rappelez-vous ensuite que c'est avant tout à ces coopérateurs, qui sont comme vous des ouvriers dans la vigne du Seigneur, que vous devez prêter attention et écoute. Montrez-vous donc prêts et disponibles à aller à la rencontre de leurs attentes, soutenez-les dans les moments de difficulté, invitez-les à être toujours plus confiants dans la Providence divine qui ne nous abandonne jamais, surtout à l'heure de l'épreuve; soyez à leurs côtés lorsqu'ils peuvent se trouver dans des conditions de solitude humaine et spirituelle. Que le recours constant à Dieu dans la prière et la recherche constante de l'unité entre vous, comme dans chacune de vos communautés respectives très diverses, soient le fondement de toute chose.

Tout cela semble d'autant plus nécessaire pour affronter les défis que la société mondialisée d'aujourd'hui représente pour l'annonce et la pratique cohérente de la vie chrétienne dans vos régions également. Je voudrais ici rappeler combien, outre les difficultés auxquelles je faisais allusion ci-dessus, on constate presque partout dans le monde des phénomènes préoccupants, qui mettent sérieusement en danger la sécurité et la paix. Je me réfère en particulier à la plaie de la violence et du terrorisme, à la diffusion de l'extrémisme et du fondamentalisme. Il faut bien sûr s'opposer à ces fléaux à travers des interventions législatives. Mais jamais la force du droit ne peut se transformer elle-même en iniquité; et le libre exercice des religions non plus ne peut pas être limité, car professer sa foi librement compte parmi les droits de l'homme fondamentaux et universellement reconnus.

Il me semble ensuite utile de réaffirmer que l'Eglise n'impose pas, mais propose librement la foi catholique, tout en sachant que la conversion est le fruit mystérieux de l'action de l'Esprit Saint. Le foi est don et oeuvre de Dieu. C'est précisément pour cette raison qu'est interdite toute forme de prosélytisme qui force ou amène et attire quelqu'un à travers des pratiques indiscrètes à embrasser la foi (cf. Ad gentes
AGD 13). Une personne peut s'ouvrir à la foi avec une réflexion mûre et responsable et doit pouvoir réaliser librement cette inspiration intime. Cela est au bénéfice non seulement de l'individu, mais de la société tout entière, car l'observance fidèle des préceptes divins aide à construire une coexistence plus juste et solidaire.

Chers frères, je vous encourage à poursuivre le travail que vous avez entrepris, en mettant en valeur avec sagesse les contributions de chacun. Je saisis l'occasion pour remercier les prêtres et les religieux qui travaillent dans les différentes circonscriptions ecclésiastiques: en particulier les franciscains dans le diocèse de la Très Sainte Trinité à Almaty, les jésuites au Kirghizistan, les franciscains conventuels en Ouzbékistan, les religieux de l'Institut du Verbe incarné dans la Missio sui iuris au Tadjikistan, les Oblats de Marie Immaculée dans la Missio sui iuris au Turkménistan. J'invite également les autres familles religieuses à offrir généreusement leur contribution, en envoyant du personnel et des moyens pour mener à bien le travail apostolique dans les vastes régions de l'Asie centrale. A chacun de vous, je répète que le Pape est à vos côtés et vous soutient dans votre ministère. Que Marie, Reine des Apôtres, veille sur vous et sur vos communautés. Que vous accompagne également ma prière, tandis que je vous bénis de tout coeur.




AU MEMBRES DU CONSEIL D'ADMINISTRATION DES CHEVALIERS DE COLOMB Salle Clémentine Vendredi 3 octobre 2008

Chers amis,

Je suis heureux de vous souhaiter la bienvenue, membres du conseil d'administration des chevaliers de Colomb, ainsi qu'à vos familles, à l'occasion de votre pèlerinage à Rome en cette Année paulinienne. Je prie afin que votre visite auprès des tombes des saints Pierre et Paul vous confirme dans la foi des apôtres et comble vos coeurs de gratitude pour le don de notre rédemption en Christ.

Au début de sa Lettre aux Romains, saint Paul rappelle à ceux qui l'écoutent qu'ils sont "saints par vocation" (Rm 1,7). Au cours de ma récente visite pastorale aux Etats-Unis, j'ai surtout voulu encourager les fidèles laïcs à s'engager à nouveau à grandir dans la sainteté et à participer activement à la mission de l'Eglise. Telle est la vision qui a inspiré la fondation des chevaliers de Colomb comme association fraternelle de laïcs chrétiens, et qui continue à trouver une expression privilégiée dans les oeuvres caritatives de votre ordre et dans votre solidarité concrète avec le Successeur de Pierre dans son ministère à l'Eglise universelle. Cette solidarité est exprimée de manière particulière par le Fonds Vicarius Christi, que les chevaliers ont mis à la disposition du Saint-Siège pour les nécessités du peuple de Dieu dans le monde entier. Et elle est également démontrée par les prières et les sacrifices quotidiens de tant de chevaliers dans leurs conseils locaux, dans les paroisses et dans les communautés. Je vous en suis profondément reconnaissant.

Chers amis, dans l'esprit de votre fondateur, le vénérable Michael McGivney, puissent les chevaliers de Colomb découvrir des modèles toujours nouveaux pour être le levain de l'Evangile dans le monde et une force pour le renouvellement de l'Eglise dans la sainteté et le zèle apostolique! A cet égard, j'exprime ma satisfaction pour vos efforts en vue d'offrir une solide formation dans la foi aux jeunes et pour défendre les vérités morales nécessaires à une société libre et humaine, y compris le droit fondamental à la vie de chaque être humain.

Chers amis, avec ces sentiments je vous assure de mon souvenir particulier dans mes prières. A tous les chevaliers et à leurs familles, je donne de tout coeur ma Bénédiction apostolique en gage de joie et de paix durable dans notre Seigneur Jésus Christ.


VISITE OFFICIELLE AU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE ITALIENNE, S.E. M. GIORGIO NAPOLITANO Palais du Quirinal, Samedi 4 octobre 2008

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Monsieur le président,

C'est avec un véritable plaisir que je franchis à nouveau le seuil de ce palais, où j'ai été accueilli pour la première fois quelques semaines après le début de mon ministère d'évêque de Rome et de pasteur de l'Eglise universelle. Monsieur le président, j'entre dans votre résidence officielle, maison symbolique de tous les Italiens, en me rappelant avec gratitude la visite courtoise que vous avez voulu me rendre en novembre 2006 au Vatican, immédiatement après votre élection à la Magistrature suprême de la République italienne. La circonstance d'aujourd'hui est propice pour vous renouveler les sentiments de ma reconnaissance, également pour le don que je n'ai pas oublié, et profondément apprécié, du concert de grande valeur artistique que vous avez voulu m'offrir le 24 avril dernier. C'est donc avec une vive gratitude que je vous présente, Monsieur le président, ainsi qu'à votre épouse et à tous ceux qui sont ici réunis, mon salut respectueux et courtois. Mon salut s'adresse de manière particulière aux éminentes Autorités qui dirigent l'Etat italien, aux illustres personnalités ici présentes, et s'étend à tout le peuple d'Italie, qui m'est très cher, héritier d'une tradition séculaire de civilisation et de valeurs chrétiennes.

Ma visite, la visite du Pontife Romain au Quirinal, n'est pas seulement un acte qui s'insère dans le contexte des relations multiples entre le Saint-Siège et l'Italie, mais elle prend, nous pourrions dire, une valeur bien plus profonde et symbolique. Ici, en effet, plusieurs de mes prédécesseurs vécurent et gouvernèrent de ce lieu l'Eglise universelle pendant plus de deux siècles, faisant également l'expérience des épreuves et des persécutions, comme ce fut le cas des Papes Pie vi et Pie vii, tous deux arrachés avec violence de leur siège épiscopal et envoyés en exil. Le Quirinal, qui au cours des siècles a été le témoin de tant de pages d'histoire de la papauté, heureuses ou tristes, conserve de nombreux signes de la promotion des arts et de la culture de la part des Souverains Pontifes.

A un certain moment de l'histoire, ce palais devint un signe de contradiction, lorsque, d'une part, l'Italie aspirait à se réunir en un Etat unitaire et, de l'autre, le Saint-Siège était soucieux de conserver son indépendance pour garantir sa mission universelle. Une opposition qui dura pendant quelques décennies et qui fut un motif de souffrance pour ceux qui aimaient sincèrement la patrie et l'Eglise. Je me réfère à la délicate "question romaine", résolue de manière définitive et irrévocable de la part du Saint-Siège avec la signature des Accords du Latran, le 11 février 1929. A la fin de 1939, dix ans après les Accords du Latran, eut lieu la première visite accomplie par un Pape au Quirinal après 1870. En cette circonstance, mon vénéré prédécesseur, le serviteur de Dieu Pie xii, dont nous rappelons ce mois-ci le 50 anniversaire de la mort, s'exprima ainsi en utilisant des images presque poétiques: "Le Vatican et le Quirinal, que le Tibre divise, sont réunis par le lien de la paix avec les souvenirs de la religion des pères et des ancêtres. Les vagues du Tibre ont emporté et englouti dans les flots de la mer Tyrrhénienne les eaux troubles du passé et fait refleurir des branches d'oliviers sur ses rives" (Discours du 28 décembre 1939).

On peut vraiment affirmer aujourd'hui avec satisfaction que, dans la ville de Rome, cohabitent pacifiquement et collaborent de manière fructueuse l'Etat italien et le Siège apostolique. Ma visite confirme également que le Quirinal et le Vatican ne sont pas des collines qui s'ignorent ou qui s'affrontent avec rancoeur; ce sont plutôt des lieux qui symbolisent le respect réciproque de la souveraineté de l'Etat et de l'Eglise, prêts à coopérer ensemble pour promouvoir et servir le bien intégral de la personne humaine et le déroulement pacifique de la coexistence sociale. Il s'agit - j'ai plaisir à le répéter - d'une réalité positive que l'on peut constater presque quotidiennement à divers niveaux, et vers laquelle d'autres Etats peuvent également se tourner pour en tirer des enseignements utiles.

Monsieur le président, ma visite d'aujourd'hui a lieu le jour où l'Italie célèbre avec une grande solennité son protecteur particulier, saint François d'Assise. Entre autres, c'est précisément à saint François que Pie xi fit référence en annonçant la signature des Accords du Latran et surtout la constitution de l'Etat de la Cité du Vatican: pour ce Pape, la nouvelle réalité souveraine était, comme pour le "poverello", "le peu de corps qui suffisait pour garder l'âme unie" (Discours du 11 février 1929). Avec sainte Catherine de Sienne, saint François fut proposé par les évêques italiens et confirmé par le serviteur de Dieu Pie xii comme Patron céleste de l'Italie (cf. Lett. apos. Licet commissa du 18 juin 1939; aas xxxi [1939], 256-257). Le Pape Pacelli voulut confier le destin de l'Italie à la protection de ce grand saint et illustre Italien, à un moment où les menaces de la guerre s'amoncelaient sur l'Europe, touchant de manière dramatique également votre "beau pays".

Le choix de saint François comme Patron d'Italie tire donc ses raisons du lien profond entre la personnalité et l'action du "poverello" d'Assise et la noble nation italienne. Comme le rappela le serviteur de Dieu Jean-Paul ii lors de sa visite au Quirinal, accomplie en ce même jour de l'année 1985: "On pourrait difficilement trouver une figure qui incarne en soi de manière aussi riche et harmonieuse les caractéristiques du génie italien". "A une époque où l'affirmation des communes libres suscitait des ferments d'un renouveau social, économique et politique qui ébranlait jusque dans ses fondations le vieux monde féodal - poursuivait le Pape Wojtyla - François sut s'élever au-dessus des factions en lutte, prêchant l'Evangile de la paix et de l'amour en pleine fidélité à l'Eglise dont il se sentait fils et en totale adhésion au peuple dont il se reconnaissait membre" (Discours du 4 octobre 1985).

Chez ce saint, dont la figure attire les croyants et les non croyants, nous pouvons apercevoir l'image de ce qu'est la mission éternelle de l'Eglise, également dans son rapport avec la société civile. L'Eglise, à l'époque actuelle de profondes transformations souvent difficiles, continue à proposer à tous le message de salut de l'Evangile et s'engage à contribuer à l'édification d'une société fondée sur la vérité et la liberté, sur le respect de la vie et de la dignité humaine, sur la justice et sur la solidarité sociale. Comme je l'ai donc rappelé en d'autres circonstances, "l'Eglise ne se propose pas des objectifs de pouvoir ni ne prétend de privilèges, ou aspire à des situations d'avantages économique ou social. Son unique objectif est de servir l'homme, en puisant, comme norme suprême de conduite, aux paroles et à l'exemple de Jésus Christ qui "a passé en faisant le bien et en guérissant tous" (
Ac 10,38)" (Discours du 4 octobre 2007).

Pour mener à bien sa mission, l'Eglise doit pouvoir partout et toujours jouir du droit à la liberté religieuse, envisagé dans toute son ampleur. A l'Assemblée des Nations unies, en cette année qui commémore le 60 anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, j'ai voulu répéter que "la pleine garantie de la liberté religieuse ne peut pas être limitée au libre exercice du culte, mais doit prendre en considération la dimension publique de la religion et donc la possibilité pour les croyants de participer à la construction de l'ordre social" (Discours du 18 avril 2008). L'Eglise offre cette contribution à l'édification de la société de manière pluriforme, étant un corps avec de nombreux membres, une réalité à la fois spirituelle et visible, dans laquelle les membres ont des vocations, des devoirs et des rôles diversifiés. Elle ressent une responsabilité particulière à l'égard des nouvelles générations: en effet, aujourd'hui apparaît avec urgence le problème de l'éducation, qui est la clef indispensable pour permettre l'accès à un avenir inspiré par les valeurs éternelles de l'humanisme chrétien. La formation des jeunes est donc une entreprise à laquelle l'Eglise aussi sent devoir participer, avec la famille et l'école. En effet, elle est consciente de l'importance que l'éducation revêt dans l'apprentissage de la liberté authentique, présupposé nécessaire pour un service positif au bien commun. Seul un engagement éducatif sérieux permettra de construire une société solidaire, réellement animée par le sens du droit.

774 Monsieur le président, j'ai plaisir à renouveler le voeu que la communauté chrétienne et les multiples réalités ecclésiales italiennes sachent former les personnes, en particulier les jeunes, également en tant que citoyens responsables et engagés dans la vie civile. Je suis certain que les pasteurs et les fidèles continueront à apporter leur contribution importante pour construire, également en ces moments d'incertitude économique et sociale, le bien commun du pays, ainsi que de l'Europe et de toute la famille humaine, en prêtant une attention particulière aux pauvres et aux laissés-pour-compte, aux jeunes à la recherche d'un emploi, aux familles et aux personnes âgées qui avec difficulté et engagement ont construit notre présent et méritent pour cette raison la gratitude de tous. Je souhaite également que l'apport de la Communauté catholique soit accueilli par tous avec le même sens de disponibilité avec lequel il est offert. Il n'y a pas de raison de craindre une prévarication portant atteinte à la liberté de la part de l'Eglise et de ses membres, qui s'attendent par ailleurs qu'on leur reconnaisse la liberté de ne pas trahir leur propre conscience éclairée par l'Evangile. Cela sera encore plus facile si l'on n'oublie jamais que toutes les composantes de la société doivent s'engager, avec un respect réciproque, à poursuivre dans la communauté ce bien véritable de l'homme dont les coeurs et les esprits de la population italienne, nourris par vingt siècles de culture imprégnée de christianisme, sont bien conscients.

Monsieur le président, de ce lieu aussi significatif, je désire renouveler l'expression de mon affection, et même de ma prédilection pour cette nation bien-aimée. Je vous assure, ainsi que tous les Italiens et les Italiennes, de ma prière, en invoquant la protection maternelle de Marie, vénérée avec tant de dévotion dans chaque lieu de la péninsule et des îles, du nord au sud, comme j'ai pu le constater également à l'occasion de mes visite pastorales. En prenant congé, je fais mienne l'exhortation que le bienheureux Jean xxiii, pèlerin à Assise à la veille du Concile Vatican ii, adressa à l'Italie avec des accents poétiques: "Toi, Italie bien-aimée, sur les rives de laquelle la barque de Pierre s'arrêta - et pour cette raison, de tous les rivages viennent à toi, qui sait les accueillir avec un respect suprême et amour, les nations de tout l'univers - puisses-tu conserver le testament saint, qui t'engage devant le ciel et la terre" (Discours du 4 octobre 1962).

Que Dieu protège et bénisse l'Italie et tous ses habitants!

Discours 2005-2013 27908