Discours 2005-2013 784

784 Il me reste maintenant à remercier tous ceux qui ont travaillé pour le synode. Je n'ose maintenant énumérer toutes les personnes qui y ont oeuvré parce que j'en oublierais certainement beaucoup. Mais je les remercie tous pour l'important travail qu'ils ont réalisé: les présidents délégués, le rapporteur avec son secrétaire-adjoint, tous les rapporteurs, les collaborateurs, les techniciens, les experts, les auditeurs et les auditrices, desquels nous avons appris des choses émouvantes. Un remerciement cordial à tous. Je suis un peu préoccupé car il me semble que nous avons violé le droit de certains au repos nocturne et également au repos dominical parce que ce sont réellement des droits fondamentaux. Nous devons réfléchir à la manière d'améliorer cette situation pour les prochains synodes. Je voudrais remercier également l'entreprise qui nous a préparé ce merveilleux déjeuner et tous ceux qui nous ont servi. Merci pour ce don.

Maintenant, nous devons commencer à élaborer le document post-synodal avec l'aide de tous ces textes. Il représentera également une école d'écoute. En ce sens, nous restons ensemble, nous écoutons toutes les voix des autres. Et nous voyons que seulement si l'autre me lit l'Ecriture, je peux entrer dans la richesse de l'Ecriture. Nous avons toujours besoin de ce dialogue, d'écouter l'Ecriture lue par l'autre dans sa perspective, dans sa vision afin d'apprendre ensemble la richesse de ce don.
Je souhaite à tous un bon voyage et je vous remercie tous de votre travail.


AU TERME DE LA MESSE À L'OCCASION DU 50 ANNIVERSAIRE DE L’ÉLECTION DU PAPE JEAN XXIII Basilique Vaticane Mardi 28 octobre 2008

Monsieur le cardinal-secrétaire d'Etat,
Vénérés confrères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce,
Chers frères et soeurs,

Je suis heureux de pouvoir partager avec vous ce geste d'hommage au bienheureux Jean XXIII, mon bien-aimé prédécesseur, en ce jour anniversaire de son élection sur le Siège de Pierre. Je me réjouis avec vous de cette initiative et je rends grâce au Seigneur qui nous permet de revivre l'annonce d'une "grande joie" (gaudium magnum) qui retentit il y a cinquante ans aujourd'hui, à cette même heure, de la Loggia de la Basilique vaticane. Ce fut le prélude et une prophétie de l'expérience de paternité, que Dieu devait abondamment nous offrir à travers les paroles, les gestes et le service ecclésial du Bon Pape Jean. La grâce de Dieu était en train de préparer une saison active et prometteuse pour l'Eglise et pour la société, et trouva dans la docilité à l'Esprit Saint, qui caractérisa toute la vie de Jean xxiii, le terrain favorable à l'éclosion de la concorde, de l'espérance, de l'unité et de la paix, pour le bien de toute l'humanité. Le Pape Jean montra la foi en Jésus Christ et l'appartenance à l'Eglise, mère et maîtresse, comme garantie d'un témoignage chrétien fécond dans le monde. C'est ainsi que, au milieu des fortes tensions de son époque, le Pape fut un homme et un pasteur de paix, qui sut ouvrir en Orient et en Occident des horizons inattendus de fraternité entre les chrétiens et de dialogue avec tous.

Le diocèse de Bergame est en fête et ne pouvait manquer sa rencontre spirituelle avec son fils le plus illustre, "un frère devenu père par la volonté de Notre Seigneur", comme il le dit lui-même. Sa dépouille mortelle repose aux côtés de l'autel de la Confession de l'Apôtre Pierre. De ce lieu cher à tous les baptisés, il vous répète: "Je suis Joseph, votre frère". Vous êtes venus pour réaffirmer les liens communs et la foi les ouvre à une dimension vraiment catholique. C'est pour cela que vous avez voulu rencontrer l'Evêque de Rome, qui est Père universel. Vous êtes guidés par votre pasteur, Mgr Roberto Amadei, accompagné par l'évêque auxiliaire. Je suis reconnaissant à Mgr Amadei des aimables paroles qu'il m'a adressées en votre nom à tous et j'étends à chacun l'expression de ma gratitude pour l'affection et la dévotion qui vous animent. Je me sens encouragé par votre prière, tandis que je vous exhorte à suivre l'exemple et l'enseignement du Pape, votre compatriote. Le serviteur de Dieu Jean-Paul ii le proclama bienheureux, reconnaissant que les traces de sa sainteté de père et de pasteur continuaient à resplendir devant toute la famille humaine.

Au cours de la Messe présidée par Monsieur le cardinal-secrétaire d'Etat, la Parole de Dieu vous a accueillis et introduits dans la grâce parfaite du Christ adressée au Père. Nous rencontrons en Lui les saints et les bienheureux, et ceux qui nous ont précédés sous le signe de la foi. Leur héritage est placé entre nos mains. Un don vraiment particulier, offert à l'Eglise par Jean xxiii, fut le Concile oecuménique Vatican ii, qu'il avait décidé, préparé et lancé. Nous sommes tous invités à accueillir de manière appropriée ce don, en continuant à en méditer les enseignements et à en traduire dans notre vie les indications de travail. C'est ce que vous-mêmes avez cherché à faire ces dernières années, en tant qu'individus et en tant que communauté diocésaine. En particulier, vous vous êtes récemment engagés dans le synode diocésain, consacré à la paroisse: grâce à cela, vous êtes retournés à la source du Concile pour y puiser ce supplément de lumière et de chaleur qui se révèle nécessaire pour que la paroisse redevienne une articulation vivante et dynamique de la communauté diocésaine. C'est dans la paroisse qu'on apprend à vivre concrètement sa foi. Cela nous permet de maintenir vivante la riche tradition du passé et d'en proposer à nouveau les valeurs dans un contexte social sécularisé, qui se révèle souvent hostile ou indifférent. C'est justement en pensant à des situations de ce genre que le Pape Jean dit dans l'encyclique Pacem in terris: le croyant doit "être, dans le monde d'aujourd'hui, comme une étincelle lumineuse, un centre d'amour fraternel et un ferment pour toute la masse. Cela, chacun le sera dans la mesure de son union à Dieu" (n. 162). Tel fut le programme de vie du grand Souverain Pontife et cela peut devenir l'idéal de tous les croyants et de toutes les communautés chrétiennes qui savent puiser, dans la célébration eucharistique, à la source de l'amour gratuit, fidèle et miséricordieux du Crucifié ressuscité.

785 Que l'on me permette de faire une allusion particulière à la famille, sujet qui est au coeur de la vie ecclésiale, cellule d'éducation à la foi et noyau irremplaçable de la vie sociale. Le futur Pape Jean écrivait à son égard, dans une lettre à ses proches: "L'éducation qui laisse les traces les plus profondes est toujours celle de notre foyer. J'ai oublié beaucoup de choses que j'ai lues dans les livres, mais je le rappelle encore très bien tout ce que j'ai appris de mes parents et des anciens" (20 décembre 1932). Dans la famille, on apprend en particulier à vivre au quotidien le concept chrétien fondamental de l'amour. C'est justement pour cela que l'Eglise compte sur la famille, et qu'elle a la mission de manifester partout, au travers de ses enfants, "l'ampleur de la charité chrétienne. Et rien n'est plus apte à extirper les semences de discorde, rien n'est plus efficace pour susciter la bonne entente, la paix juste et la fraternelle unité de tous" (Gaudet Mater Ecclesia, 33).

Pour conclure, en revenant à la paroisse, thème de votre synode diocésain, vous connaissez la sollicitude du Pape Jean xxiii pour cet organisme si important dans la vie ecclésiale. Le Pape Roncalli confiait à la paroisse, famille des familles, le devoir de nourrir parmi les fidèles le sentiment de communion et de fraternité. Façonnée par l'Eucharistie, la paroisse pourra devenir - pensait-il - un ferment pour soigner les inquiétudes issues du consumérisme et de l'individualisme diffus de notre époque, en réveillant la solidarité et en ouvrant dans la foi les yeux du coeur pour reconnaître le Père, qui est amour gratuit, soucieux de partager avec ses enfants sa propre joie.

Chers amis, vous avez apporté avec vous la statue de la Vierge que le Pape Jean reçut en don lors de sa visite à Lorette, quelques jours avant l'ouverture du Concile. Il souhaita que la statue soit placée dans le séminaire épiscopal qui porte son nom dans son diocèse natal et je vois avec joie de nombreux séminaristes enthousiastes dans leur vocation. Je confie volontiers à la Mère de Dieu toutes les familles et les paroisses, en leur proposant le modèle de la Sainte Famille de Nazareth: qu'elles soient le premier séminaire et qu'elles sachent faire grandir en leur sein des vocations au sacerdoce, à la mission, à la consécration religieuse, à la vie familiale selon le coeur du Christ. Lors d'une visite célèbre lors des premiers mois de son pontificat, le bienheureux demanda à ses auditeurs ce que signifiait, selon eux, la rencontre, et il se donna lui-même cette réponse: "Le Pape a mis ses yeux dans vos yeux et son coeur au côté du vôtre" (premier Noël du Pape, 1958). Je prie le Pape Jean qu'il nous permette de faire l'expérience de la proximité de son regard et de son coeur, afin de nous sentir réellement famille de Dieu.

Avec ces souhaits, je donne volontiers mon affectueuse bénédiction aux pèlerins de Bergame - et en particulier à ceux de Sotto il Monte, pays natal du bienheureux Pape, où j'ai eu la joie de me rendre il y quelques années -, ainsi qu'aux autorités, aux fidèles romains et orientaux ici présents, et à toutes les personnes qui leur sont chères.


À S.E. M.me ANNE LEAHY NOUVEL AMBASSADEUR DU CANADA PRÈS LE SAINT-SIÈGE Jeudi 30 octobre 2008



Madame l’Ambassadeur,

C’est avec joie que je vous souhaite la bienvenue à l’occasion de la présentation des Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Canada près le Saint-Siège, et je vous remercie des salutations chaleureuses que vous m’avez adressées de la part de Madame la Gouverneure Générale du Canada. En retour, je vous saurais gré de lui exprimer mes voeux cordiaux pour sa personne ainsi que pour le peuple canadien tout entier, souhaitant que la nouvelle législature qui commence dans votre pays contribue à la promotion du bien commun et à l’affermissement d’une société toujours plus fraternelle.

Le dialogue confiant que Votre Excellence a désormais la charge d’entretenir entre le Canada et le Saint-Siège a déjà une longue histoire, puisque, comme vous l’avez relevé, nous célébrerons dans quelques mois le 40ème anniversaire de l’établissement de nos relations diplomatiques. Toutefois, les liens entre le Siège Apostolique et votre pays remontent à plusieurs siècles. Ces relations ont donné une inflexion particulière aussi bien à la présence de l’Église qu’à l’attention que le Saint-Siège porte à votre pays. D’ailleurs, il n’est pas sans signification que le Pape Jean-Paul II ait effectué trois voyages apostoliques au Canada, dont le dernier eut lieu en 2002 à l’occasion de la XVIIème Journée mondiale de la Jeunesse, à la réussite de laquelle vous avez personnellement contribué. Et je voudrais rappeler ici ce que mon vénéré Prédécesseur disait à son arrivée à Toronto, s’adressant au Premier Ministre : « Les Canadiens sont les héritiers d’un humanisme extraordinairement riche, grâce à l’association de nombreux éléments culturels divers. Mais le noyau de votre héritage, c’est la conception spirituelle et transcendante de la vie, fondée sur la Révélation chrétienne, qui a donné une impulsion vitale à votre développement comme société libre, démocratique et solidaire, reconnue dans le monde entier comme un chantre des droits de la personne humaine et de sa dignité » (À l’aéroport de Toronto, 23 juillet 2002). Dans cette perspective, je suis particulièrement heureux de la revitalisation des liens d’entente entre l’Église catholique et les communautés autochtones du Canada, dont un signe très positif a été la visite d’un de leurs représentants à l’Assemblée de la Conférence épiscopale canadienne.

Je me réjouis aussi de l’attachement de votre pays à développer les collaborations multilatérales en faveur de la solution de nombreux problèmes qui défient l’humanité en notre temps. L’engagement du Canada dans les efforts de la Communauté internationale en vue de la recherche et de la consolidation de la paix et de la réconciliation dans plusieurs régions du globe est un apport important à l’établissement d’un monde plus juste et plus solidaire où toute personne humaine est respectée dans sa vocation fondamentale. À cet égard, nous pouvons mentionner l’engagement du Canada et du Saint-Siège, avec d’autres pays, pour soutenir l’application de la Convention pour l’interdiction des mines antipersonnel et pour promouvoir son universalisation. Cette Convention représente un instrument international qui a enregistré un succès rarement atteint dans le domaine du désarmement en des temps récents, montrant, comme l’a dit le Pape Jean-Paul II, que « lorsque des États s’unissent, dans un climat de compréhension, de respect mutuel et de coopération, pour s’opposer à une culture de mort et pour édifier dans la confiance une culture de la vie, c’est la cause de la paix qui avance dans la conscience des personnes et de l’humanité tout entière » (22 novembre 2004). De même, le Canada et le Saint-Siège, avec d’autres pays, s’efforcent d’apporter leur contribution à la stabilité, à la paix et au développement dans la région des Grands Lacs en Afrique.

Comme vous venez de le relever, Madame l’Ambassadeur, grâce aux institutions qu’il a créées et à la culture qu’il a promue, le catholicisme a représenté une clé de voûte essentielle de l’édifice de la société canadienne. Cependant, de nos jours, de profonds changements s’y sont produits et s’y produisent encore. Les signes de ces évolutions sont visibles dans plusieurs domaines et sont parfois préoccupants au point de se demander s’ils ne signifieraient pas aussi une régression dans la conception de l’être humain. Ils concernent surtout les domaines de la défense et de la promotion de la vie et de la famille fondée sur le mariage naturel. Étant bien connus, il n’est pas nécessaire de s’y appesantir.

Dans ce contexte, je voudrais plutôt encourager l’ensemble des Canadiens et Canadiennes à réfléchir profondément sur le chemin que le Christ invite à tracer. Il est lumineux et plein de vérité. Une culture de vie pourrait irriguer de nouveau l’ensemble de l’existence personnelle et sociale canadienne. Je sais que c’est possible et que votre pays en est capable. Pour y aider, il me semble nécessaire de redéfinir le sens de l’exercice de la liberté, expression trop souvent invoquée pour justifier certains débordements. De plus en plus, en effet, son exercice est perçu comme étant seulement une valeur absolue - un droit intangible de l’individu - tout en ignorant l’importance des origines divines de la liberté et de sa dimension communautaire nécessaire à sa construction. Selon cette interprétation, l’individu seul pourrait décider et choisir la physionomie, les caractéristiques et les finalités de la vie, de la mort et du mariage. La vraie liberté se fonde et se développe ultimement en Dieu. Elle est un don qu’il est possible d’accueillir comme un germe et de faire mûrir de manière responsable pour enrichir vraiment la personne et la société. L’exercice de cette liberté implique la référence à une loi morale naturelle, à caractère universel, qui précède et unit tous les droits et les devoirs. Dans cette perspective, je voudrais apporter mon appui aux initiatives des Évêques canadiens pour favoriser la vie familiale, et donc pour favoriser la dignité de la personne humaine.

786 Parmi les institutions ecclésiales de votre pays, Excellence, les écoles catholiques jouent un rôle important pour l’éducation humaine et spirituelle de la jeunesse et elles rendent ainsi un service de grande valeur à votre pays. Aussi, l’enseignement religieux doit-il y tenir la place qui lui revient, tout en respectant la conscience de chacun des élèves. En effet, c’est un droit inaliénable pour les parents d’assurer l’éducation religieuse de leurs enfants. L’enseignement de la religion, en raison de la contribution spécifique qu’il peut apporter, représente une ressource fondamentale et indispensable pour une éducation qui a parmi ses objectifs premiers la construction de la personnalité de l’élève et le développement de ses capacités, en intégrant les dimensions cognitive, affective et spirituelle. En contribuant ainsi à la transmission de la foi aux nouvelles générations et en les préparant au dialogue entre les différentes composantes de la nation, les écoles catholiques réalisent une exigence constante de la mission de l’Église, pour le bien de tous, et elles enrichissent l’ensemble de la société canadienne.

Madame l’Ambassadeur, les signes d’espérance ne manquent pas aujourd’hui. Ainsi, je me réjouis de la pleine réussite du 49ème Congrès Eucharistique International qui s’est conclu dans votre pays le 22 juin dernier. Dans cette rencontre ecclésiale importante, nous pouvons discerner un signe encourageant que les vieilles racines de l’arbre du catholicisme sont encore vivantes au Canada et qu’elles peuvent le faire refleurir. Nombreux ont été les pèlerins qui ont pu bénéficier de l’hospitalité chaleureuse de votre peuple. Je voudrais remercier vivement les Autorités de votre pays pour l’effort fait pour favoriser cet évènement. Fidèle à une longue tradition, malgré les difficultés de notre époque, le Canada a su demeurer une terre d’accueil. J’encourage les Canadiens et les Canadiennes à poursuivre généreusement cette belle tradition d’ouverture particulièrement à l’égard des personnes les plus fragiles.

Je saisis cette occasion, Excellence, pour vous demander de saluer chaleureusement la communauté catholique de votre pays. Dans le contexte souvent complexe où l’Église est appelée à exercer sa mission, j’encourage les Évêques et les fidèles à continuer à mettre leur espérance dans la Parole de Dieu et à témoigner sans crainte parmi leurs compatriotes de la puissance de l’amour divin. Que l’engagement des chrétiens dans la vie de la société soit toujours l’expression d’un amour qui cherche le bien intégral de l’homme !

Alors que vous commencez votre mission, assurée que vous trouverez toujours un accueil attentif auprès de mes collaborateurs, je vous offre, Madame l’Ambassadeur, mes voeux cordiaux pour son heureux accomplissement, afin que les relations harmonieuses qui existent entre le Canada et le Saint-Siège puissent se poursuivre et s’approfondir. Sur Votre Excellence, sur sa famille et sur ses collaborateurs, ainsi que sur les Responsables et sur les habitants du Canada, j’invoque de grand coeur l’abondance des Bénédictions divines.

Au Vatican, le 30 octobre 2008.


AUX MEMBRES DE L'«INTERNATIONAL JEWISH COMMITTEE ON INTERRELIGIOUS CONSULTATIONS» Salle des Papes Jeudi 30 octobre 2008

Chers amis,

Je suis heureux de recevoir cette délégation de l'"International Jewish Committee on Interreligious Consultations". Depuis plus de trente ans votre Comité et le Saint-Siège ont des contacts réguliers et fructueux, qui ont contribué à une compréhension et une acceptation plus grande entre les catholiques et les juifs. Je saisis volontiers cette occasion pour réaffirmer l'engagement pour la réalisation des principes exposés dans la déclaration historique Nostra aetate du Concile Vatican ii. Cette déclaration, qui a condamné avec fermeté toutes les formes d'antisémitisme, a été aussi bien une pierre milliaire significative dans la longue histoire des relations entre les catholiques et les juifs, qu'une invitation à une compréhension théologique renouvelée des relations entre l'Eglise et le peuple juif.

Aujourd'hui, les chrétiens sont toujours plus conscients du patrimoine spirituel qu'ils partagent avec le peuple de la Torah, le peuple élu par Dieu dans son ineffable miséricorde, un patrimoine qui exhorte à une appréciation, à un respect et à un amour plus grands et réciproques (cf. Nostra aetate NAE 4). Les juifs aussi sont appelés à découvrir ce qu'ils ont en commun avec ceux qui croient dans le Seigneur, le Dieu d'Israël, qui le premier s'est révélé à travers sa Parole puissante et qui donne la vie. Comme le psalmiste nous le rappelle, la Parole de Dieu est une lampe pour éclairer nos pas et une lumière sur notre chemin; elle nous garde vivants et nous donne une nouvelle vie (cf. Ps Ps 119,105). Cette Parole nous invite à apporter un témoignage commun de l'amour, de la miséricorde et de la vérité de Dieu. Il s'agit d'un service vital à notre époque, menacée par la perte des valeurs spirituelles et morales qui garantissent la dignité humaine, la solidarité, la justice et la paix.

Dans notre monde inquiet, si souvent marqué par la pauvreté, par la violence et par l'exploitation, le dialogue entre cultures et religions doit être toujours davantage considéré comme un devoir sacré de ceux qui sont engagés dans l'édification d'un monde digne de l'homme. La capacité de se respecter et de s'accepter réciproquement et d'énoncer la vérité avec amour, est essentielle pour dépasser les différences, prévenir les incompréhensions et éviter les conflits inutiles. Comme vous en avez vous-mêmes fait l'expérience au cours des années, durant les rencontres de l'"International Liaison Committee", le dialogue n'est sérieux et honnête que lorsqu'il respecte les différences et reconnaît les autres précisément dans leur diversité. Un dialogue sincère a besoin d'ouverture et d'un profond sens d'identité des deux parties, afin que chacun soit enrichi par les dons de l'autre.

787 Ces derniers mois, j'ai eu l'occasion de rencontrer des communautés juives à New York, à Paris et ici au Vatican. Je rends grâce à Dieu pour ces rencontres et pour le progrès qu'elles reflètent dans les relations entre catholiques et juifs. C'est donc avec cet esprit que je vous encourage à persévérer dans votre oeuvre importante avec patience et un engagement renouvelé. Je vous offre mes meilleurs voeux dans la prière, alors que votre Comité se prépare à rencontrer le mois prochain à Budapest une délégation de la Commission du Saint-Siège pour les relations religieuses avec les juifs, pour débattre sur le thème: "Religion et société civile aujourd'hui".

Chers amis, avec ces sentiments je demande au Tout-Puissant de continuer à veiller sur vous et sur vos familles et à guider vos pas le long du chemin de la paix.


AUX PARTICIPANTS À LA PLÉNIÈRE DE L'ACADÉMIE PONTIFICALE DES SCIENCES Salle Clémentine Vendredi 31 octobre 2008

Mesdames et Messieurs,

Je suis heureux de vous accueillir, chers membres de l'Académie pontificale des Sciences, à l'occasion de votre assemblée plénière, et je remercie le professeur Nicola Cabibbo, des paroles qu'il m'a courtoisement adressées en votre nom.

En choisissant pour thème "La compréhension scientifique de l'évolution de l'univers et de la vie", vous souhaitez vous pencher sur un domaine de recherche qui suscite beaucoup d'intérêt. En effet, nombre de nos contemporains aujourd'hui désirent réfléchir sur l'origine ultime des êtres, leur cause et leur fin, et le sens de l'histoire humaine et de l'univers.

Dans ce contexte, des questions sur la relation entre la lecture scientifique du monde et la lecture offerte par la Révélation chrétienne se posent naturellement. Mes prédécesseurs le Pape Pie XII et le Pape Jean-Paul II notaient qu'il n'y avait pas d'opposition entre la compréhension de la création à travers la foi et la preuve des sciences empiriques. La philosophie, dès ses débuts, a proposé des images pour expliquer l'origine de l'univers sur la base d'un ou plusieurs éléments du monde matériel. Cette genèse n'était pas envisagée comme une création, mais plutôt comme une mutation ou une transformation; elle avait recours à une sorte d'interprétation horizontale de l'origine du monde. Un progrès considérable dans la compréhension de l'origine du cosmos passa par la considération de l'être en tant qu'être et l'intérêt de la métaphysique pour la question la plus fondamentale de l'origine première ou transcendante de l'être participant. En vue de se développer et d'évoluer, le monde doit d'abord être, et il doit donc passer du néant à l'être. Il doit être créé, en d'autres termes, par le premier Etre qui est tel par essence.

Affirmer que le fondement du cosmos et ses développements se trouvent dans la sagesse providentielle du Créateur ne veut pas dire que la création a uniquement à voir avec le commencement de l'histoire du monde et de la vie. Cela implique plutôt que le Créateur fonde ces développements et les soutient, les étaie et les maintient constamment. Thomas d'Aquin pensait que la notion de création doit transcender l'origine horizontale du déploiement d'événements, qu'est l'histoire, et par conséquent toutes nos manières purement naturalistes de penser et de parler de l'évolution du monde. Thomas observe que la création n'est ni un mouvement ni une mutation. C'est en revanche la relation fondatrice et continue qui lie la créature au Créateur, car il est la cause de tout être et de de tout devenir (cf. Summa theologiae, I, q. 45, a. 3).

"Evoluer" signifie littéralement "dérouler une rouleau de parchemin", c'est-à-dire lire un livre. L'image de la nature comme un livre trouve ses racine dans le christianisme et elle est restée chère à un grand nombre de scientifiques. Galilée voyait la nature comme un livre dont l'auteur est Dieu de la même manière que l'Ecriture a Dieu pour auteur. C'est un livre dont nous lisons l'histoire, l'évolution, "l'écriture" et le sens selon les différentes approches des sciences, tout en présupposant toujours la présence fondatrice de l'auteur qui a souhaité se révéler en lui. Cette image nous aide également à comprendre que le monde, loin de trouver son origine dans le chaos, ressemble à un livre ordonné; c'est un cosmos. Malgré des éléments irrationnels, de chaos et de destructions dans le long processus de changement dans le cosmos, il demeure "lisible". Il possède une "mathématique" innée. L'esprit humain peut s'engager non seulement dans une "cosmographie" en étudiant les phénomènes mesurables mais aussi dans une "cosmologie", en discernant la logique interne visible du cosmos. Nous pourrions ne pas être immédiatement capables de voir l'harmonie à la fois de l'ensemble et des relations entre les parties, ou leur relation avec l'ensemble. Mais il demeure une large part d'événements intelligibles, et le processus est rationnel dans la mesure où il révèle un ordre de correspondances évidentes et de finalités indéniables; dans le monde non-organique, entre la microstructure et la macrostructure; dans le monde organique et animal, entre la structure et la fonction; et dans le monde spirituel, entre la connaissance de la vérité et l'aspiration à la liberté. La recherche expérimentale et philosophique découvre graduellement ces ordres; elle perçoit leur travail en vue de se maintenir dans l'être, de se défendre contre les déséquilibres, et de surmonter les obstacles. Et grâce aux sciences naturelles nous avons largement approfondi notre compréhension du caractère unique de la place de l'humanité dans le cosmos.

La distinction entre un simple être vivant et un être spirituel qui est capax Dei indique l'existence d'une âme intellective d'un sujet transcendant libre. En effet, le magistère de l'Eglise a constamment affirmé que "chaque âme spirituelle est immédiatement créée par Dieu - elle n'est pas "produite" par les parents - [et] qu'elle est immortelle" (Catéchisme de l'Eglise catholique CEC 366). Cela indique le caractère distinctif de l'anthropologie, et invite à l'exploration de celle-ci par la pensée moderne.

788 Illustres Académiciens, je souhaite conclure en rappelant les mots que vous avait adressés mon prédécesseur le Pape Jean-Paul II en novembre 2003: "La vérité scientifique, qui est elle-même une participation à la Vérité divine, peut aider la philosophie et la théologie à comprendre toujours plus pleinement la personne humaine et la Révélation divine sur l'homme, une Révélation qui est complétée et perfectionnée en Jésus Christ. Je suis, ainsi que toute l'Eglise, profondément reconnaissant pour cet important enrichissement réciproque dans la recherche de la vérité et au bénéfice de l'humanité".

Sur vous, sur vos familles et sur tous ceux qui sont associés au travail de l'Académie pontificale des Sciences, j'invoque de tout coeur des Bénédictions divines de sagesse et de paix.


AUX REPRÉSENTANTS DU RENOUVEAU CHARISMATIQUE CATHOLIQUE Basilique Vaticane Jeudi 30 octobre 2008



Eminence,
Vénérés frères dans l'épiscopat et le sacerdoce,
Chers frères et soeurs!

C'est avec un vif plaisir que je souhaite à tous une cordiale bienvenue, et que je vous remercie de la visite que vous me rendez à l'occasion de la II Rencontre internationale des évêques qui accompagnent les nouvelles communautés du Renouveau charismatique catholique, du Conseil international de la Catholic Fraternity of Charismatic Covenant Communities and Fellowships et, enfin, de la XIII Conférence internationale, convoquée à Assise, sur le thème: "Nous prêchons le Christ crucifié, puissance et sagesse de Dieu" (cf. 1Co 1,23-24), à laquelle prennent part les principales communautés du Renouveau charismatique dans le monde. Je vous salue, chers frères dans l'épiscopat, et vous tous qui oeuvrez au service des mouvements ecclésiaux et des nouvelles communautés. J'adresse un salut particulier au Professeur Matteo Calisi, président de la Catholic Fraternity, qui s'est fait l'interprète de vos sentiments.

Comme j'ai déjà eu l'occasion de l'affirmer en d'autres circonstances, les mouvements ecclésiaux et les nouvelles communautés, qui ont fleuri après le Concile Vatican ii, constituent un don singulier du Seigneur et une ressource précieuse pour la vie de l'Eglise. Ils doivent être accueillis avec confiance et valorisés dans leurs différentes contributions, que l'on doit placer au service du bien commun de manière ordonnée et féconde. Par ailleurs, votre réflexion actuelle sur le caractère central du Christ dans la prédication, ainsi que sur l'importance des "Charismes dans la vie des Eglises particulières", avec une référence à la théologie paulinienne, au Nouveau Testament et à l'expérience du Renouveau charismatique est d'un grand intérêt. Ce que nous apprenons dans le Nouveau Testament sur les charismes, qui apparurent comme signes visibles de la venue de l'Esprit Saint, n'est pas un événement historique du passé, mais une réalité toujours vivante: c'est le même Esprit divin, âme de l'Eglise, qui agit dans celle-ci à chaque époque, et ses interventions mystérieuses et efficaces se manifestent en notre temps de manière providentielle. Les mouvements et les nouvelles communautés sont comme des irruptions de l'Esprit Saint dans l'Eglise et dans la société contemporaine. Nous pouvons alors dire, en effet, que l'un des éléments et des aspects positifs des communautés du Renouveau charismatique catholique est précisément l'importance que revêtent dans celles-ci les charismes ou dons de l'Esprit Saint et que leur mérite est d'en avoir rappelé l'actualité dans l'Eglise.

Le Concile Vatican ii, dans différents documents, fait référence aux mouvements et aux nouvelles communautés ecclésiales, en particulier dans la constitution dogmatique Lumen gentium où nous lisons: "Ces grâces, des plus éclatantes aux plus simples et aux plus largement diffusées, doivent être reçues avec action de grâce et apporter consolation, étant avant tout ajustées aux nécessités de l'Eglise et destinées à y répondre" (n. 12). Ensuite, le Catéchisme de l'Eglise catholique a lui aussi souligné la valeur et l'importance des nouveaux charismes dans l'Eglise, dont l'authenticité est cependant garantie par la disponibilité à se soumettre au discernement de l'autorité ecclésiastique (cf. n. 2003). C'est précisément parce que nous assistons à une floraison prometteuse de mouvements et de communautés ecclésiales, qu'il est important que les pasteurs exercent à leur égard un discernement prudent, sage et bienveillant. Je souhaite de tout coeur que s'intensifie le dialogue entre pasteurs et mouvements ecclésiaux à tous les niveaux: dans les paroisses, dans les diocèses et avec le Siège apostolique. Je sais que sont à l'étude des modalités opportunes pour donner une reconnaissance pontificale aux nouveaux mouvements et communautés ecclésiales et nombreux sont ceux qui l'ont déjà reçue. Les pasteurs, en particulier les évêques, ne peuvent pas ne pas tenir compte de ce fait - la reconnaissance ou l'érection d'associations internationales de la part du Saint-Siège pour l'Eglise universelle - dans le devoir de discernement qui leur revient (cf. Congrégation pour les évêques, Directoire pour le ministère pastoral des évêques, Apostolorum Successores, chap. 4, 8).

Chers frères et soeurs, parmi ces nouvelles réalités ecclésiales reconnues par le Saint-Siège, se trouve également la vôtre, la Catholic Fraternity of Charismatic Covenant Communities and Fellowships, Association internationale de fidèles, qui assure une mission spécifique au sein du Renouveau charismatique catholique (cf. Décret du Conseil pontifical pour les laïcs du 30 novembre 1990 prot. 1585/S-6//B-SO). L'un de ses objectifs, conformément aux indications de mon vénéré prédécesseur Jean-Paul ii, est de sauvegarder l'identité catholique des communautés charismatiques et de les encourager à conserver un lien étroit avec les évêques et avec le Pontife Romain (cf. Lettre autographe à la Catholic Fraternity, 1 juin 1998). En outre, j'apprends avec plaisir que celle-ci se propose de créer un centre de formation permanente pour les membres et les responsables des communautés charismatiques. Cela permettra à la Catholic Fraternity de mieux valoriser sa propre mission ecclésiale orientée vers l'évangélisation, la liturgie, l'adoration, l'oecuménisme, la famille, les jeunes et les vocations de consécration spéciale; une mission qui sera encore davantage aidée par le transfert du Siège international de l'association à Rome, avec la possibilité d'être en contact plus étroit avec le Conseil pontifical pour les laïcs.


Discours 2005-2013 784