Discours 2005-2013 799


CÉLÉBRATION OECUMÉNIQUE PRÉSIDÉE PAR LE PAPE BENOÎT XVI

ET LE CATHOLICOS DE CILICIE DES ARMÉNIENS, SA SAINTETÉ ARAM I

SALUTATION

À SA SAINTETÉ ARAM I, CATHOLICOS DE CILICIE DES ARMÉNIENS Chapelle "Redemptoris Mater" - Palais apostolique Lundi 24 novembre 2008

Votre Sainteté,

800 C'est avec une sincère affection dans le Seigneur que je vous salue, ainsi que les membres éminents de votre délégation, à l'occasion de votre visite à l'Eglise de Rome. Notre rencontre d'aujourd'hui s'inscrit dans la continuité de la visite que vous avez rendue à mon bien-aimé prédécesseur le Pape Jean-Paul ii en janvier 1997, et des nombreux autres contacts et visites réciproques qui, par la grâce de Dieu, ont conduit ces dernières années à des relations plus étroites entre l'Eglise catholique et l'Eglise apostolique arménienne.

En cette année paulinienne, vous vous rendrez auprès de la tombe de l'Apôtre des Nations et vous prierez avec la communauté monastique de la basilique érigée en sa mémoire. Dans cette prière, vous vous unirez à la grande assemblée des saints et des martyrs, d'enseignants et de théologiens arméniens, dont l'héritage de doctrine, de sainteté et les résultats missionnaires font partie du patrimoine de toute l'Eglise. Nous pensons aux saints Nerses Shnorkhali et Nerses de Lambon qui, en tant qu'évêque de Tarse, était connu comme le "deuxième Paul de Tarse". Ce témoignage atteignit son sommet au xx siècle, une époque de souffrance indicible pour votre peuple. La foi et la dévotion du peuple arménien ont constamment été soutenues par le souvenir des nombreux martyrs qui ont témoigné de l'Evangile au cours des siècles. Que la grâce de ce témoignage continue à façonner la culture de votre nation et à inspirer aux disciples du Christ une confiance toujours plus grande dans la force salvifique et dispensatrice de vie de la Croix.

Depuis très longtemps, le Siège de Cilicie participe à des contacts oecuméniques positifs entre les Eglises. En effet, le dialogue entre les Eglises orthodoxes orientales et l'Eglise catholique a bénéficié de manière significative de la présence de ses délégués arméniens. Nous devons espérer que ce dialogue se poursuivra, car il promet d'éclaircir des questions théologiques qui nous ont divisés par le passé, mais qui à présent semblent déboucher sur un plus large consensus. J'ai confiance dans le fait que l'oeuvre actuelle de la Commission internationale sur le thème: "La nature, la constitution et la mission de l'Eglise" permettra à de nombreuses questions spécifiques de notre dialogue théologique de trouver leur contexte et leur solution.

L'accroissement de la compréhension, du respect et de la coopération, qui sont nés du dialogue oecuménique, est très prometteur pour l'annonce de l'Evangile à notre époque. Partout dans le monde, les Arméniens vivent aux côtés des fidèles de l'Eglise catholique. Une plus grande compréhension et mise en valeur de notre tradition apostolique commune contribuera à un témoignage encore plus efficace des valeurs spirituelles et morales sans lesquelles il ne peut pas exister d'ordre social authentiquement juste et humain. C'est pour cette raison que j'ai confiance dans l'élaboration de nouveaux instruments concrets pour mettre en oeuvre les déclarations communes que nous avons déjà signées.

Votre Sainteté, je ne peux manquer de vous assurer de mes prières quotidiennes et de la profonde préoccupation que je nourris pour le peuple du Liban et du Moyen Orient. Comment ne pas être attristés par les tensions et les conflits qui continuent à faire obstacle à tous les efforts pour promouvoir la réconciliation et la paix à chaque niveau de la vie civile et politique dans la région? Nous avons récemment été tous affligés par l'intensification des persécutions et de la violence contre les chrétiens dans certaines régions du Moyen Orient et d'ailleurs. Ce n'est que lorsque les pays concernés pourront déterminer leur destin et que les différents groupes ethniques et communautés religieuses s'accepteront et se respecteront réciproquement que l'on pourra édifier la paix sur de solides bases de solidarité, de justice et de respect pour les droits légitimes des individus et des peuples.

C'est avec ces sentiments et avec affection dans le Seigneur, que je remercie Votre Sainteté, et que j'exprime l'espoir que ces journées passées à Rome seront source de nombreuses grâces pour vous et pour ceux qui sont confiés à votre sollicitude pastorale. Sur vous et sur tous les fidèles de l'Eglise apostolique arménienne, j'invoque la joie et la paix en abondance dans le Seigneur.

                                                                       Décembre 2008




                                          DISCOURS

                                                       AUX ÉVÊQUES DU CHILI

                                           EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM"

Jeudi 4 décembre 2008



Monsieur le cardinal,
Chers frères dans l'épiscopat,

1. Je vous souhaite la plus cordiale bienvenue à cette rencontre qui constitue le sommet de votre visite ad limina et qui m'a permis de partager, en tant que Successeur de Pierre, les engagements apostoliques que vous affrontez dans la bien-aimée terre chilienne.

801 Je désire tout d'abord remercier vivement Mgr Alejandro Goic Karmelic, évêque de Rancagua et président de la conférence épiscopale, des paroles cordiales qu'il m'a adressées au nom de tous. J'exprime également mon affection et ma reconnaissance à vos diocèses respectifs et à tous les fils de l'Eglise qui est au Chili.

2. Le Seigneur Jésus, après avoir passé la nuit en prière, "appela ses disciples, en choisit douze, et leur donna le nom d'Apôtres" (
Lc 6,12). Il vous a choisis vous aussi, chers frères successeurs des apôtres, et en vous faisant participer de son amour, il vous a confié la tâche de diffuser dans le monde son message de salut (cf. Jn 15,15).

C'est pourquoi je vous invite à cultiver une intense et profonde vie intérieure et de foi, car c'est dans le contact intime dans la prière avec le Maître que mûrissent les initiatives pastorales les meilleures pour répondre aux besoins spirituels des fidèles et ainsi, en partant de Dieu, nous pourrons atteindre nos frères avec une parole d'espérance efficace. Les difficultés et les obstacles sont sans aucun doute nombreux, mais soutenus par la promesse de notre Seigneur, qui nous assure de sa présence parmi nous tous les jours jusqu'à la fin du monde (cf. Mt 28,20), et par le pouvoir de l'Esprit Saint, nous pourrons nous consacrer avec joie et enthousiasme à la grande tâche d'apporter le Christ à tous les hommes avec la même ardeur que les apôtres.

3. En tant que fruit d'un vaste effort de discernement ecclésial, et en harmonie avec le document de conclusion de la v Conférence générale de l'épiscopat de l'Amérique latine et des Caraïbes, qui s'est déroulée à Aparecida, vous avez élaboré plusieurs orientations pastorales précieuses pour les quatre prochaines années. Avec celles-ci vous entendez susciter chez tous les fidèles la joie de suivre le Christ, et également une plus grande conscience missionnaire qui permettra à toute la communauté ecclésiale chilienne d'affronter avec un véritable élan apostolique les défis du moment présent.

Cette grande entreprise évangélisatrice, dans laquelle vous vous êtes résolument engagés, exige de tous un effort particulier de purification et de charité. Vous savez bien que l'homme d'aujourd'hui ressent le besoin urgent d'exemples de vie vraiment évangéliques et cohérents. C'est pourquoi la sainteté de tous les membres de l'Eglise, et surtout de ses pasteurs, est l'un des dons les plus précieux que vous puissiez offrir à vos frères. En rappelant les nombreux saints et bienheureux de votre terre qui, avec leur merveilleux témoignage de foi et de dévouement à leurs frères (cf. Orientaciones Pastorales, n. 3), constituent un patrimoine non seulement de l'Eglise catholique mais de toute la société chilienne, vous continuez à proposer inlassablement l'appel universel à la sainteté (cf. Lumen gentium LG 39-42).

4. Je désire également vous confier de manière particulière les prêtres, vos plus proches collaborateurs, et je vous demande de leur faire part de ma reconnaissance pour leur fidélité au ministère reçu et pour le travail constant et généreux qu'ils accomplissent. Faites preuve de sollicitude à l'égard de leurs difficultés et aidez-les afin que, parmi les multiples activités qui remplissent leurs journées, ils sachent accorder la priorité à la prière et à la célébration de l'Eucharistie, qui les configure à Jésus Christ, prêtre suprême et éternel.

A ce propos, je vous encourage afin que vous ne renonciez pas à vos efforts pour améliorer la qualité de la formation humaine, intellectuelle et spirituelle des séminaristes. Il est en outre nécessaire de renforcer la dimension vocationnelle de la vie chrétienne dans la pastorale des jeunes, au moyen d'un accompagnement spirituel adapté qui leur permette de répondre avec générosité à l'appel de Jésus dans leur vie.

5. Je connais également la grande oeuvre que vous avez réalisée afin que les laïcs acceptent avec responsabilité et maturité les exigences de leur baptême, en participant selon leur propre condition de laïcs à la mission de toute l'Eglise. Continuez à leur offrir une éducation adaptée à la foi, ainsi qu'un contact plus assidu avec la Parole de Dieu, qui les conduira à un plus grand engagement missionnaire dans leur vie. Ils ont reçu comme vocation spécifique la sanctification du monde, en le transformant de l'intérieur selon le projet de Dieu (cf. ibid., n 31). Tous les secteurs de la société peuvent être illuminés par la lumière de la foi. Je pense, entre autres choses, au monde de la culture, de la science et de la politique, à la promotion de la famille, fondée sur le mariage entre un homme et une femme, à la création de conditions de travail plus justes et à l'aide aux plus démunis, à la protection de l'environnement, à la défense de la vie humaine à toutes les étapes de son existence et à l'obligation et au droit des parents à l'éducation morale et spirituelle des enfants.

Un autre aspect important de votre ministère, que je désire vous recommander vivement, est l'activité caritative de vos diocèses en faveur des pauvres. En effet, à l'exemple de la première communauté de disciples (cf. Ac Ac 2,42-44), nous devons chercher à faire en sorte que l'Eglise, comme famille de Dieu, soit un lieu d'assistance réciproque (cf. Deus caritas est ).

6. Enfin, je vous encourage à continuer à cultiver l'esprit de communion avec le Souverain Pontife et avec vos autres frères évêques, en particulier au sein d'une même conférence épiscopale et d'une même province ecclésiastique. Chers frères, vous avez été configurés "au Christ pour aimer l'Eglise avec l'amour du Christ époux" (Pastores gregis ) et pour veiller sur l'unité et la protéger. Soyez donc pour tous de véritables modèles et instruments de communion.

En vous quittant, je vous demande d'apporter aux évêques émérites, aux prêtres, aux religieux et aux religieuses, aux séminaristes, et également à tous les fidèles, le salut du Pape et de les assurer de sa prière pour eux. Je vous place entre les mains maternelles de la Vierge du Carmel, afin qu'Elle vous guide et vous aide à mener à bien vos engagements apostoliques et je vous donne ma Bénédiction apostolique, que j'étends à tous vos fidèles diocésains bien-aimés.


AUX MEMBRES DE LA COMMISSION THÉOLOGIQUE INTERNATIONALE Salle des Papes Vendredi 5 décembre 2008

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Vénérés frères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce,
illustres professeurs,
chers collaborateurs,

c'est avec une véritable joie que je vous accueille au terme des travaux de votre assemblée plénière annuelle, qui, cette fois, coïncide également avec la conclusion du VII quinquennat de la création de la Commission théologique internationale. Je désire avant tout exprimer mes sincères remerciements pour les paroles d'hommage que Mgr Luis Francisco Ladaria Ferrer, en qualité de secrétaire général de la Commission théologique internationale, a voulu m'exprimer au nom de tous dans son adresse de salut. Mes remerciements s'étendent ensuite à vous tous, qui, au cours du quinquennat, avez consacré vos énergies à un travail véritablement précieux pour l'Eglise et pour celui que le Seigneur a appelé à accomplir le ministère de Successeur de Pierre.

En effet, les travaux de ce vii "quinquennat" de la Commission théologique internationale ont déjà apporté des fruits concrets, comme Mgr Ladaria Ferrer l'a rappelé, avec la publication du document: "L'espérance du salut pour les enfants qui meurent sans baptême", et s'apprêtent à atteindre un autre objectif important avec le document: "A la recherche d'une éthique universelle: nouveau regard sur la loi naturelle", qui doit être encore soumis aux dernières étapes prévues par les normes des statuts de la Commission, avant l'approbation définitive. Comme j'ai déjà eu l'occasion de l'affirmer précédemment, je répète la nécessité et l'urgence, dans le contexte actuel, de créer dans la culture et dans la société civile et politique, les conditions indispensables pour une pleine prise de conscience de la valeur incontournable de la loi morale naturelle. Grâce à l'étude que vous avez entreprise sur ce thème fondamental également, il apparaîtra clairement que la loi naturelle représente la véritable garantie offerte à chacun pour vivre libre et respecté dans sa dignité de personne, et pour se sentir défendu contre toute manipulation idéologique et tout abus perpétré sur la base de la loi du plus fort. Nous savons tous bien que dans un monde formé par les sciences naturelles, le concept métaphysique de la loi naturelle est quasiment absent, incompréhensible. En considérant son importance fondamentale pour nos sociétés, et pour la vie humaine, il est d'autant plus nécessaire que ce concept soit à nouveau reproposé et rendu compréhensible dans le cadre de notre pensée: c'est-à-dire le fait que l'être lui-même porte en soi un message moral et une indication pour les voies du droit.

En ce qui concerne ensuite le troisième thème, Sens et méthode de la théologie, qui a été l'objet particulier de votre étude au cours de ce quinquennat, je tiens à souligner son importance et son actualité. Dans une "société planétaire", telle que celle qui se développe aujourd'hui, l'opinion publique demande en particulier aux théologiens de promouvoir le dialogue entre les religions et les cultures, de contribuer au développement d'une éthique qui ait comme bases fondamentales la paix, la justice, la défense de l'environnement naturel. Et il s'agit véritablement de biens fondamentaux. Mais une théologie qui se limiterait à ces nobles objectifs perdrait non seulement son identité, mais le fondement même de ces biens. La première priorité de la théologie, comme l'indique déjà son nom, est de parler de Dieu, de penser Dieu. Et la théologie ne parle pas de Dieu comme d'une hypothèse de notre pensée. Elle parle de Dieu parce que Dieu lui-même a parlé avec nous. Le véritable travail de la théologie consiste à entrer dans la parole de Dieu, à chercher à la comprendre dans la mesure du possible et à la faire comprendre à notre monde, et à trouver ainsi les réponses à nos grandes questions. Dans ce travail, il apparaît également que la foi non seulement n'est pas contraire à la raison, mais qu'elle ouvre les yeux de la raison, élargit notre horizon et nous permet de trouver les réponses nécessaires aux défis des diverses époques.

Du point de vue objectif, la vérité est la Révélation de Dieu dans le Christ Jésus, qui demande comme réponse l'obéissance de la foi en communion avec l'Eglise et son Magistère. L'identité de la théologie, entendue comme réflexion argumentée, systématique et méthodique sur la Révélation et sur la foi ayant ainsi été retrouvée, la question de la méthode s'en trouve elle aussi éclairée. En théologie, la méthode ne pourra pas se constituer uniquement sur la base de critères et de normes communes aux autres sciences, mais devra observer avant tout les principes et les normes qui dérivent de la Révélation et de la foi, du fait que Dieu a parlé.

Du point de vue subjectif, c'est-à-dire du point de vue de celui qui fait la théologie, la vertu fondamentale du théologien consiste à rechercher l'obéissance à la foi, l'humilité de la foi qui ouvre nos yeux: cette humilité qui fait du théologien le collaborateur de la vérité. De cette façon, ce n'est pas de lui-même qu'il parlera; intérieurement purifié par l'obéissance à la vérité, il arrivera au contraire à faire en sorte que la Vérité elle-même, que le Seigneur, puisse parler à travers le théologien et la théologie. Dans le même temps, il obtiendra que, par son intermédiaire, la vérité puisse être apportée au monde.

D'autre part, l'obéissance à la vérité ne signifie pas renoncer à la recherche et à la difficulté de penser; au contraire, l'inquiétude de la pensée, qui indubitablement ne pourra jamais être totalement apaisée dans la vie des croyants, à partir du moment où ils sont eux aussi sur un chemin de recherche et d'approfondissement de la Vérité, sera toutefois une inquiétude qui les accompagne et les stimule dans le pèlerinage de la pensée vers Dieu, et elle sera ainsi féconde. Je souhaite donc que votre réflexion sur ces thèmes parvienne à ramener à la lumière les principes authentiques et la signification solide de la véritable théologie, afin de percevoir et de comprendre toujours mieux les réponses que la Parole de Dieu nous offre et sans lesquelles nous ne pouvons pas vivre de façon sage et juste, car ce n'est qu'ainsi que s'ouvre l'horizon universel infini de la vérité.

Mes remerciements pour votre engagement et votre travail au sein de la Commission théologique internationale au cours de ce quinquennat sont donc, dans le même temps, un souhait cordial pour le travail à venir de cet important organisme au service du Siège apostolique et de l'Eglise tout entière. En renouvelant l'expression de mes sentiments d'appréciation, d'affection et de joie pour la rencontre d'aujourd'hui, j'invoque du Seigneur, par l'intercession de la Très Sainte Vierge, d'abondants dons de lumière céleste sur votre travail, tandis que je vous donne de tout coeur une Bénédiction apostolique particulière, en l'étendant à toutes les personnes qui vous sont chères.


AUX MEMBRES DE L'ORDRE ÉQUESTRE DU SAINT SÉPULCRE DE JÉRUSALEM Salle Clémentine Vendredi 5 décembre 2008

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Monsieur le cardinal,
Vénérés frères dans l'épiscopat,
Messieurs les membres du Grand Magistère et Lieutenants,
chers frères et soeurs!

Je suis heureux d'accueillir et de souhaiter une cordiale bienvenue aux chevaliers, aux dames et aux ecclésiastiques qui représentent l'Ordre équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem. Je salue en particulier Monsieur le cardinal John Patrick Foley, grand maître de l'Ordre, et je le remercie des paroles courtoises qu'il vient de m'adresser, également en votre nom. Je salue également le grand Prieur, Sa Béatitude Fouad Twal, patriarche de Jérusalem des Latins. En outre, à travers chacun de vous, je souhaite faire parvenir l'expression de mon estime et de ma reconnaissance à tous les membres de votre association de grand mérite présente dans de nombreuses régions du monde.

La raison qui vous voit réunis ici à Rome est le "conseil mondial" qui prévoit tous les cinq ans la réunion des lieutenants, des délégués magistériels et des membres du grand magistère pour analyser la situation de la communauté catholique en Terre Sainte, les activités exercées par l'Ordre et programmer les orientations pour l'avenir. Tout en vous remerciant de votre visite, je souhaite vous exprimer ma vive estime, notamment pour les initiatives de solidarité fraternelle que l'Ordre du Saint-Sépulcre de Jérusalem continue à promouvoir depuis de nombreuses années en faveur des Lieux Saints. En effet, né comme une "garde d'honneur" pour protéger le Saint Sépulcre de Notre Sauveur, votre Ordre équestre a joui d'une singulière attention de la part des Pontifes romains, qui l'ont doté des instruments spirituels et juridiques nécessaires pour assumer son service spécifique. En 1847, le bienheureux Pie ix le reconstitua pour favoriser la recomposition d'une communauté de foi catholique en Terre Sainte, confiant la garde du Tombeau du Christ non plus à la force des armes, mais à la valeur d'un constant témoignage de foi et de charité envers les chrétiens résidents sur ces terres. Plus récemment, le serviteur de Dieu Pie xii, de vénérée mémoire, conféra à votre Association une personnalité juridique, rendant ainsi plus officielle et solide sa présence et son oeuvre au sein de l'Eglise et aux côtés des nations.

Chers frères et soeurs, un lien antique et glorieux rattache votre association de chevalerie au Saint-Sépulcre du Christ, où est célébrée de manière tout à fait particulière la gloire de sa mort et de sa résurrection. C'est précisément cela qui constitue le noyau central de votre spiritualité. Que Jésus Christ crucifié et ressuscité soit donc le centre de votre existence et de chacun de vos projets et programmes personnels et associatifs. Laissez-vous guider et soutenir par sa puissance rédemptrice pour vivre en profondeur la mission que vous êtes appelés à accomplir, pour offrir un témoignage évangélique éloquent, pour être les constructeurs, à notre époque, d'une espérance effective fondée sur la présence du Seigneur ressuscité, qui, avec la grâce de l'Esprit Saint, guidera et soutiendra le labeur de ceux qui se consacrent à l'édification d'une nouvelle humanité inspirée par les valeurs évangéliques de la justice, de l'amour et de la paix.

Comme la Terre de Jésus a besoin de justice et de paix! Continuez à oeuvrer pour cela, et ne vous lassez pas de demander, avec la Prière du chevalier et de la dame du Saint-Sépulcre, que ces aspirations trouvent au plus tôt leur accomplissement. Demandez au Seigneur qu'ils fasse de vous "des ambassadeurs convaincus et sincères de paix et d'amour parmi vos frères"; demandez-Lui de féconder par la puissance de son amour votre oeuvre incessante qui soutient l'ardent désir de paix de ces communautés, alourdies ces dernières années par un climat d'incertitude et de danger. J'adresse à ces chères populations chrétiennes, qui continuent à souffrir à cause de la crise politique, économique et sociale au Moyen-Orient, rendue encore plus pénible par l'aggravation de la situation mondiale, une pensée affectueuse, en réservant un témoignage particulier de proximité spirituelle à nos nombreux frères dans la foi qui sont obligés d'émigrer. Comment ne pas partager la peine de ces communautés si éprouvées? Comment ne pas vous remercier, dans le même temps, vous qui vous prodiguez généreusement pour leur venir en aide? En ces jours d'Avent, alors que nous nous préparons à fêter Noël, le regard de notre foi se tourne vers Bethléem, où le Fils de Dieu est né dans une pauvre grotte. Le regard du coeur se tourne ensuite vers tous les autres lieux sanctifiés par le passage du Rédempteur. Nous demandons à Marie, qui a donné le Sauveur au monde, de témoigner de sa protection maternelle à nos frères et soeurs qui habitent en ce lieu et qui affrontent chaque jour de nombreuses difficultés. Nous lui demandons également de vous encourager, ainsi que ceux qui, avec l'aide de Dieu, veulent et peuvent contribuer à l'édification d'un monde de justice et de paix.

Chers chevaliers et chères dames, nourrissez en vous le climat de l'Avent, en gardant vivante dans vos coeurs l'attente du Seigneur qui vient, pour pouvoir le rencontrer dans les événements de chaque jour et le reconnaître et le servir en particulier chez les pauvres et les personnes qui souffrent. Que la Vierge de Nazareth, que nous invoquerons dans quelques jours sous le titre d'Immaculée Conception, vous assiste dans votre mission de veiller avec amour sur les Lieux qui virent passer le divin Rédempteur, "faisant le bien et guérissant tous ceux qui étaient sous le pouvoir du démon. Car Dieu était avec lui" (cf. Ac
Ac 10,38). Avec ces sentiments, je donne volontiers à tous ma Bénédiction apostolique.

HOMMAGE DU SAINT-PÈRE À L’IMMACULÉE SUR LA PLACE D'ESPAGNE Solennité de l’Immaculée Conception Lundi 8 décembre 2008

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Chers frères et soeurs!

Il y a environ trois mois, j'ai eu la joie de me rendre en pèlerinage à Lourdes, à l'occasion du 150 anniversaire de l'apparition historique de la Vierge Marie à sainte Bernadette. Les célébrations de cet anniversaire particulier se concluent précisément aujourd'hui, en la solennité de l'Immaculée Conception, car la "belle Dame" - comme l'appelait Bernadette - en se montrant à elle pour la dernière fois dans la grotte de Massabielle, lui révéla son nom en disant: "Je suis l'Immaculée Conception". Elle le dit dans la langue locale, et la petite voyante rapporta à son curé cette expression pour elle inconnue et incompréhensible.

"Immaculée Conception": nous aussi, nous répétons avec émotion ce nom mystérieux. Nous le répétons ici, au pied de ce monument, au coeur de Rome; et nos innombrables frères et soeurs le font également dans mille autres lieux du monde, sanctuaires et chapelles, ainsi que dans les maisons des familles chrétiennes. Partout où se trouve une communauté catholique, on y vénère aujourd'hui la Madone sous ce nom superbe et merveilleux: Immaculée Conception. Certes, la conviction en ce qui concerne la conception immaculée de Marie existait déjà de nombreux siècles avant les apparitions de Lourdes, mais celles-ci eurent lieu comme un sceau céleste après que mon vénéré prédécesseur, le bienheureux Pie ix, en définit le Dogme, le 8 décembre 1854. En la fête d'aujourd'hui, si chère au peuple chrétien, cette expression s'élève du coeur et monte aux lèvres comme le nom de notre Mère céleste. Comme un enfant élève les yeux sur le visage de sa mère et, le voyant souriant, oublie toutes les peurs et toutes les douleurs, nous aussi, en tournant notre regard vers Marie, nous reconnaissons en elle le "sourire de Dieu", le reflet immaculé de la lumière divine, nous retrouvons en elle la nouvelle espérance, même au milieu des problèmes et des drames du monde.

La tradition veut que le Pape s'unisse à l'hommage de la Ville en apportant une corbeille de roses à Marie. Ces fleurs expriment notre amour et notre dévotion: l'amour et la dévotion du Pape, de l'Eglise de Rome et des habitants de cette Ville, qui se sentent spirituellement fils de la Vierge Marie. De façon symbolique, les roses peuvent exprimer ce que nous avons réalisé de beau et de bon au cours de l'année, car à l'occasion de ce rendez-vous désormais traditionnel, nous voudrions tout offrir à la Mère, convaincus que nous n'aurions rien pu faire sans sa protection et sans les grâces qu'elle nous obtient chaque jour de Dieu. Mais - comme on dit -, il n'y a pas de rose sans épines, et sur les tiges de ces superbes roses blanches également, ne manquent pas les épines, qui représentent pour nous les difficultés, les souffrances, les maux que ont marqué et marquent la vie des personnes et de nos communautés. Nous présentons nos joies à la Mère, mais nous lui confions également nos préoccupations, assurés de trouver en elle un réconfort pour ne pas nous abattre et un soutien pour aller de l'avant.

O Vierge immaculée, en cet instant, je voudrais te confier en particulier les "petits" de notre Ville: avant tout les enfants et en particulier ceux qui sont gravement malades, les enfants défavorisés, et tous ceux qui subissent les conséquences de situations familiales difficiles. Veille sur eux et fais en sorte qu'ils puissent sentir, à travers l'affection et l'aide de ceux qui sont à leurs côtés, la chaleur de l'amour de Dieu! Je te confie, ô Marie, les personnes âgées seules, les malades, les immigrés qui ont des difficultés à s'adapter, les familles qui ont du mal à équilibrer leur budget à la fin du mois, et les personnes qui ne trouvent pas de travail ou qui ont perdu un travail indispensable pour aller de l'avant. Enseigne-nous, ô Marie, à être solidaires de ceux qui sont en difficulté, à combler les inégalités sociales toujours plus grandes; aide-nous à cultiver un sens plus profond du bien commun, du respect de ce qui est public, encourage-nous à considérer la ville - et plus que jamais notre Ville de Rome - comme le patrimoine de tous, et à faire chacun, avec conscience et engagement, ce que nous devons pour édifier une société plus juste et solidaire.

O Mère immaculée, qui es pour tous un signe certain d'espérance et de réconfort, fais que nous nous laissions attirer par ta candeur immaculée. Ta Beauté - Tota Pulchra chantons-nous aujourd'hui - nous assure que la victoire de l'amour est possible; et qu'elle est même certaine; elle nous assure que la grâce est plus forte que le péché, et que le rachat de toute forme d'esclavage est donc possible. Oui, ô Marie, tu nous aides à croire avec une plus grande confiance dans le bien, à miser sur le don gratuit, sur le service, sur la non-violence, sur la force de la vérité; tu nous encourages à demeurer éveillés, à ne pas céder à la tentation d'évasions faciles, à affronter la réalité, avec ses problèmes, avec courage et responsabilité. C'est ce que tu as fait, en tant que jeune femme, appelée à tout risquer sur la Parole du Seigneur. Sois une mère aimante pour nos jeunes, afin qu'ils aient le courage d'"être les sentinelles du matin", et transmets cette vertu à tous les chrétiens, afin qu'ils représentent l'âme du monde en cette période difficile de l'histoire. Vierge Immaculée, Mère de Dieu et notre Mère, Salus Populi Romani, prie pour nous!

CONCERT ORGANISÉ PAR LE CONSEIL PONTIFICAL JUSTICE ET PAIX

À L'OCCASION DE L'ACTE COMMÉMORATIF DU 60 ANNIVERSAIRE DE LA DÉCLARATION UNIVERSELLE DES DROITS DE L'HOMME

PAROLES Salle Paul VI Mercredi 10 décembre 2008

Mesdames, Messieurs,
805 Chers frères et soeurs,

J'adresse un salut cordial aux autorités présentes, en particulier au président de la République italienne, aux autres autorités italiennes, au grand maître de l'Ordre de Malte et à vous tous qui avez pris part à cette soirée consacrée à l'écoute d'un répertoire de musique classique interprété par le Brandenburgisches Staastorchester de Francfort, dirigé à cette occasion par le chef d'orchestre, Madame Inma Shara. Je souhaite lui exprimer, ainsi qu'aux membres de l'orchestre, l'appréciation de tous pour le talent et la virtuosité avec lesquels ils ont interprété ce répertoire musical suggestif. Je remercie le Conseil pontifical justice et paix et la "Fondation saint Matthieu en mémoire du cardinal Francois-Xavier Van Thuân" d'avoir organisé le concert, qui a été précédé par l'Acte commémoratif du 60 anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, par la remise du prix Cardinal Van Thuân 2008 à Monsieur Cornelio Sommaruga, ancien président du Comité international de la Croix Rouge, et par la remise des prix "Solidarité et développement" au père Pedro Opeka, missionnaire à Madagascar, au père José Raul Matte, missionnaire parmi les lépreux en Amazonie, aux destinataires du projet Gulunap, pour la réalisation d'une faculté de médecine en Ouganda du nord et aux responsables du projet Villaggio degli Ercolini, pour l'intégration des enfants et des jeunes gens du voyage à Rome. Ma pensée reconnaissante va aussi à tous ceux qui ont collaboré à la réalisation du concert et à la rai qui l'a retransmis, élargissant, pour ainsi dire, l'assemblée des auditeurs qui ont pu y participer.

Il y a 60 ans, le 10 décembre, l'assemblée générale des Nations unies, réunie à Paris, adopta la Déclaration universelle des droits de l'homme, qui constitue aujourd'hui encore un très haut point de référence du dialogue interculturel sur la liberté et sur les droits de l'homme. La dignité de chaque homme n'est véritablement garantie que lorsque tous ses droits fondamentaux sont reconnus, protégés et promus. Depuis toujours, l'Eglise rappelle que les droits fondamentaux, au-delà des différentes formulations et importances qu'ils peuvent prendre dans le cadre des diverses cultures, sont un fait universel, parce qu'inhérents à la nature même de l'homme. La loi naturelle, écrite par Dieu dans la conscience humaine, est un dénominateur commun à tous les hommes et à tous les peuples; c'est un guide universel que tous peuvent connaître et sur la base duquel tous peuvent s'entendre. Les droits de l'homme sont donc, en ultime analyse, enracinés en Dieu créateur, lequel a donné à chacun l'intelligence et la liberté. Si l'on fait abstraction de cette solide base éthique, les droits humains demeurent fragiles car privés d'un fondement solide.

La célébration du 60 anniversaire de la Déclaration constitue donc une occasion pour vérifier dans quelle mesure les idéaux, acceptés par la majorité de la communauté des nations en 1948, sont aujourd'hui respectés dans les différentes législations nationales, et plus encore dans la conscience des personnes et des collectivités. Un long chemin a sans aucun doute été parcouru, mais une bonne partie reste encore à parcourir: des centaines de millions de nos frères et soeurs voient aujourd'hui encore menacés leurs droits à la vie, à la liberté, à la sécurité; l'égalité entre tous n'est pas toujours respectée, ni la dignité de chacun, alors que de nouvelles barrières sont élevées pour des raisons liées à la race, à la religion, aux opinions politiques ou à d'autres convictions. Que ne cesse donc pas l'engagement commun à promouvoir et mieux définir les droits humains, et que s'intensifient les efforts pour en garantir le respect. J'accompagne ces voeux de ma prière afin que Dieu, Père de tous les hommes, nous permette de construire un monde où chaque être humain se sente accueilli dans sa pleine dignité, et où les relations entre les personnes et entre les peuples soient basées sur le respect, le dialogue et la solidarité. Je donne à tous ma Bénédiction.

Discours 2005-2013 799