Discours 2005-2013 805


RENCONTRE DU SAINT-PÈRE AVEC LES UNIVERSITAIRES DE ROME Basilique Vaticane Jeudi 11 décembre 2008

Messieurs les cardinaux,
Madame le ministre, et éminentes autorités,
vénérés frères,
Illustres recteurs et professeurs,
chers étudiants!

806 L'approche de Noël m'offre l'occasion, toujours appréciée, de rencontrer le monde universitaire romain. Je salue cordialement le cardinal Agostino Vallini, mon vicaire pour le diocèse de Rome, ainsi que le cardinal George Pell, archevêque de Sydney, dont la présence nous ramène par l'esprit et le coeur à l'inoubliable expérience de la Journée mondiale de la jeunesse du mois de juillet dernier. Le passage de l'icône de Marie Sedes Sapientiae de la délégation roumaine à la délégation australienne nous rappelle que ce grand "réseau" de jeunes dans le monde entier est toujours actif et en mouvement. Je remercie le recteur de l'Université "La Sapienza" de Rome et l'étudiante, qui m'ont salué au nom de tous. Je remercie pour sa présence également le ministre des Universités et de la recherche, en formant les meilleurs voeux pour ce secteur, si important pour la vie du pays. J'adresse un salut particulier aux étudiants israéliens et palestiniens qui étudient à Rome grâce aux subventions de la région du Latium et des Universités romaines, ainsi qu'aux trois recteurs qui ont participé hier à la rencontre sur le thème: "De Jérusalem à Rome pour construire un nouvel humanisme".

Chers amis, cette année, l'itinéraire préparé pour vous, étudiants universitaires du diocèse de Rome, se conjugue de façon opportune avec l'année de saint Paul. Le bimillénaire de la naissance de l'Apôtre des nations aide toute l'Eglise à redécouvrir sa vocation missionnaire fondamentale et, dans le même temps, à puiser à pleines mains au trésor théologique et spirituel intarissable des Lettres de saint Paul. Moi-même, comme vous le savez, je développe chaque semaine un cycle de catéchèses sur ce thème. Je suis convaincu que pour vous aussi, tant sur le plan personnel que sur celui de l'expérience communautaire, et de l'apostolat dans l'Université, la confrontation avec la figure et le message de saint Paul constitue une occasion très enrichissante. Pour cette raison, je vous remettrai d'ici peu la Lettre aux Romains, expression suprême de la pensée paulinienne et signe de sa considération particulière pour l'Eglise de Rome, ou, - pour utiliser les paroles du salut initial de la Lettre - pour "tous les bien-aimés de Dieu qui sont à Rome, aux saints par vocation" (
Rm 1,7).

La Lettre aux Romains - certains des professeurs ici présents le savent bien - est sans aucun doute l'un des textes les plus importants de la culture de tous les temps. Mais elle est et demeure principalement un message vivant pour l'Eglise vivante, et en tant que tel, je le remets ce soir entre vos mains. Puisse ce texte, jailli du coeur de l'Apôtre, devenir une nourriture substantielle pour votre foi, en vous conduisant à croire davantage et mieux, et également à réfléchir sur vous-mêmes, pour arriver à une foi "pensée" et, dans le même temps, pour vivre cette foi, la mettant en pratique selon la vérité du commandement du Christ. Ce n'est qu'ainsi que la foi que l'on professe devient "crédible" également pour les autres, qui sont conquis par le témoignage éloquent des faits. Laissez Paul vous parler, professeurs et étudiants de la Rome d'aujourd'hui, et vous faire participer à l'expérience qu'il a faite personnellement: c'est-à-dire que l'Evangile de Jésus Christ est "une force de Dieu pour le salut de tout homme qui croit" (Rm 1,16).

L'annonce chrétienne, qui fut révolutionnaire dans le contexte historique et culturel de Paul, eut la force d'abattre le "mur de séparation" qui existait entre juifs et païens (cf. Ep Ep 2,14 Rm 10,12). Elle conserve une force de nouveauté toujours actuelle, en mesure d'abattre d'autres murs qui recommencent à s'élever dans tous les contextes et à toutes les époques. La source de cette force réside dans l'Esprit du Christ, auquel Paul fait appel de façon consciente. Aux chrétiens de Corinthe, il déclare ne pas compter, dans sa prédication, "sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu" (1Co 2,4). Et quel était le noyau de son discours? Il s'agissait de la nouveauté du salut apporté par le Christ à l'humanité: dans sa mort et sa résurrection, le salut est offert à tous les hommes sans distinction.

Offert, pas imposé. Le salut est un don qui demande toujours à être accueilli personnellement. Tel est, chers jeunes, le contenu essentiel du Baptême qui vous est proposé cette année comme Sacrement à redécouvrir, et, pour certains d'entre vous, à recevoir ou à confirmer par un choix libre et conscient. Précisément dans la Lettre aux Romains, au chapitre 6, se trouve une formulation géniale de la signification du Baptême chrétien. "Ou bien ignorez-vous - écrit Paul - que, baptisés dans le Christ, Jésus, c'est dans sa mort que tous nous avons été baptisés?" (Rm 6,3). Comme vous pouvez facilement le comprendre, il s'agit d'une idée très profonde, qui contient toute la théologie du mystère pascal: la mort du Christ, par la puissance de Dieu, est source de vie, source inépuisable de renouveau dans l'Esprit Saint. Etre "baptisés dans le Christ" signifie être plongés spirituellement dans la mort qui est l'acte d'amour infini et universel de Dieu, capable de racheter chaque personne et chaque créature de l'esclavage du péché et de la mort. Saint Paul, en effet, poursuit ainsi: "Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême dans la mort, afin que comme le Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous vivions nous aussi dans une vie nouvelle" (Rm 6,4).

L'Apôtre, dans la Lettre aux Romains, nous communique toute sa joie pour ce mystère, lorsqu'il écrit: "Qui nous séparera de l'amour du Christ? (...) Oui, j'en ai l'assurance, ni mort ni vie, ni anges ni principautés, ni présent ni avenir, ni puissances, ni hauteur ni profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu manifesté dans le Christ Jésus notre Seigneur" (Rm 8,35 Rm 8,38-39). Et ce même amour est ce en quoi consiste la vie nouvelle du chrétien. Ici aussi, saint Paul réalise une synthèse impressionnante, toujours fruit de son expérience personnelle: "Celui qui aime autrui - écrit-il - a de ce fait accompli la Loi (...) La charité est donc la Loi dans sa plénitude" (Rm 13,8 Rm 13,10).

Voici, chers amis, ce que je vous confie ce soir. Il s'agit d'un message de foi, certes, mais dans le même temps une vérité qui illumine l'esprit, l'élargissant selon les horizons de Dieu; il s'agit d'une vérité qui oriente la vie réelle, car l'Evangile est le chemin pour parvenir à la plénitude de la vie. Jésus a déjà parcouru ce chemin, et ce chemin est d'ailleurs lui-même, qui du Père est venu jusqu'à nous afin que nous puissions à travers lui arriver au Père. Tel est le mystère de l'Avent et de Noël. Que la Vierge Marie et saint Paul vous aident à l'adorer et à le faire vôtre avec une foi profonde et une joie intime. Merci à vous tous pour votre présence. En vue des fêtes de Noël qui sont désormais proches, je forme pour chacun de vous des voeux cordiaux, que j'étends volontiers à vos familles et aux personnes qui vous sont chères. Bon Noël!


AUX PARTICIPANTS À L'ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE DU CONSEIL PONTIFICAL POUR LA PROMOTION DE L'UNITÉ DES CHRÉTIENS Salle Clémentine Vendredi 12 décembre 2008

Messieurs les cardinaux,
Vénérés frères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce,
807 Chers frères et soeurs!

J'adresse une cordiale bienvenue à vous tous qui prenez part à l'assemblée plénière du Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens. Mon salut va tout d'abord au cardinal-président, auquel je suis également reconnaissant pour les paroles courtoises avec lesquelles il a illustré le travail que vous avez accompli au cours de ces journées. Mon salut s'étend au secrétaire et aux autres collaborateurs du Conseil pontifical, ainsi qu'à ceux qui, provenant de divers lieux, ont offert la contribution de leur expérience à la réflexion commune sur le thème de votre réunion: "Accueil et avenir du dialogue oecuménique". Il s'agit d'un argument d'un grand intérêt pour le chemin vers la pleine unité entre les chrétiens; un argument qui présente deux dimensions essentielles: d'une part, le discernement de l'itinéraire parcouru jusqu'à présent, et, de l'autre, la définition de voies nouvelles pour le poursuivre, en cherchant ensemble comment surmonter les divergences qui demeurent malheureusement encore dans les relations entre les disciples du Christ.

Il ne fait aucun doute que le dialogue théologique constitue une composante essentielle pour rétablir la pleine communion à laquelle nous aspirons tous, et, pour cette raison, il doit être soutenu et encouragé. Ce dialogue se déroule toujours davantage dans le contexte des relations ecclésiales qui, par la grâce de Dieu, se développent et concernent non seulement les pasteurs, mais toutes les différentes composantes et articulations du Peuple de Dieu. Rendons grâce au Seigneur pour les pas significatifs accomplis, par exemple dans les relations avec les Eglises orthodoxes et avec les antiques Eglises orthodoxes d'Orient, aussi bien en ce qui concerne le dialogue théologique que la consolidation et la croissance de la fraternité ecclésiale. Le dernier document de la Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l'Eglise catholique et les Eglises orthodoxes sur le thème "Communion ecclésiale, conciliarité et autorité", que Sa Sainteté Bartholomaios I a explicitement mentionné lors de son intervention à l'assemblée générale ordinaire du synode des évêques, ouvre assurément une perspective positive de réflexion sur la relation qui existe entre primat et synodalité dans l'Eglisse, un thème d'une importance cruciale dans les relations avec nos frères orthodoxes, et qui sera l'objet d'un approfondissement et d'une confrontation lors de prochaines réunions. Il est ensuite réconfortant de noter qu'un esprit sincère d'amitié entre catholiques et orthodoxes s'est développé au cours des dernières années, et s'est manifesté également dans les multiples contacts qui ont eu lieu entre les responsables de la Curie romaine, les évêques de l'Eglise catholique et les responsables des différentes Eglises orthodoxes, ainsi que lors des visites de représentants orthodoxes de haut niveau à Rome et dans des Eglises catholiques particulières.

Au cours de votre assemblée plénière, vous avez réfléchi de manière particulière sur ce que l'on appelle le Harvest Project: "Ecumenical consensus/convergence in some basic aspects of the Christian faith found in the reports of the first four international bilateral dialogues in which the Catholic Church has taken part since the Second Vatican Council" [Consensus/Convergence oecuménique sur quelques aspects fondamentaux de la foi chrétienne apparus dans les rapports des quatre premiers dialogues bilatéraux internationaux auxquels l'Eglise catholique a participé depuis le Concile Vatican ii]. Cette confrontation vous a conduits à examiner les résultats de quatre dialogues importants: avec la Fédération luthérienne mondiale, avec le Conseil mondial méthodiste, avec la Communion anglicane et avec l'Alliance réformée mondiale. Si vous avez retracé ce que, avec l'aide de Dieu, vous avez déjà réussi à atteindre dans la compréhension réciproque et dans la détermination d'éléments de convergence, vous n'avez cependant pas évité, avec une grande honnêteté, de faire apparaître ce qui reste encore à accomplir. Nous pourrions dire que nous nous trouvons in via, en route dans une situation intermédiaire, où apparaît sans aucun doute utile et opportun un examen objectif des résultats obtenus. Et je suis certain que le travail de votre assemblée apportera une contribution valable pour élaborer, dans cette perspective, une réflexion plus large, précise et détaillée.

Chers frères et soeurs, dans de nombreuses régions la situation oecuménique a aujourd'hui changé et se transforme encore, ce qui comporte l'effort d'une franche confrontation. De nouvelles communautés et groupes apparaissent, des tendances inédites se profilent, et parfois même des tensions entre les Communautés chrétiennes; le dialogue théologique est donc important, car il touche le milieu concret de la vie des différentes Eglises et communautés ecclésiales. C'est sous cette lumière que se situe le thème de votre assemblée plénière, et le discernement indispensable pour définir de façon concrète les perspectives que l'Eglise catholique entend poursuivre et intensifier avec prudence et sagesse pastorale. Le commandement du Christ, le "mandatum novum", et sa prière pour l'unité "ut omnes unum sint... ut mundus credat quia tu me misisti" (
Jn 17,21) rententissent dans notre esprit. La charité aidera les chrétiens à cultiver la "soif" de la pleine communion dans la vérité et, en suivant docilement les inspirations de l'Esprit Saint, nous pouvons espérer parvenir rapidement à l'unité souhaitée, le jour où le Seigneur le voudra. Voilà pourquoi l'oecuménisme nous invite à un échange de dons généreux et fraternel, bien conscients que la pleine communion dans la foi, dans les sacrements et dans le ministère demeure le but et l'objectif de tout le mouvement oecuménique. L'oecuménisme spirituel, comme l'affirma clairement le Concile oecuménique Vatican ii, est le coeur battant de cette vaste entreprise.

Nous vivons les premiers jours de l'Avent, qui nous prépare au Noël du Christ. Que ce temps d'attente vigilante garde vivante en nous l'espérance de l'accomplissement du Royaume de Dieu, de la Basileia tou Theou et que Marie, Mère de l'Eglise, nous accompagne et nous guide sur le chemin difficile vers l'unité. Avec ces sentiments, je forme mes voeux pour les prochaines fêtes de Noël et, alors que je vous remercie à nouveau pour le travail que vous avez accompli dans cette assemblée, j'invoque sur vous tous et sur chacun la Bénédiction de Dieu.


À S.E. M. GRAZIANO LUIGI TRIBALDI, NOUVEL AMBASSADEUR DE LA RÉPUBLIQUE DES SEYCHELLES PRÈS LE SAINT-SIÈGE Salle Clémentine Vendredi 19 décembre 2008



Monsieur l’Ambassadeur,

Je suis heureux de recevoir Votre Excellence et de l’accréditer en qualité d’Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République des Seychelles près le Saint-Siège. Je vous remercie de m’avoir transmis les salutations de son Excellence Monsieur James Alix Michel, Président de la République. Je vous saurais gré de bien vouloir lui exprimer en retour les voeux cordiaux que je forme pour sa personne, ainsi que pour l’ensemble du peuple seychellois.

En évoquant votre pays, il est toujours heureux de parler de sa beauté et de pouvoir énumérer les nombreux atouts dont il jouit. Pour accroître ses potentialités, votre pays accomplit aujourd’hui des efforts importants afin de réduire son endettement. Dans un contexte mondial devenu difficile, je veux saluer ces efforts qui doivent pouvoir rencontrer l’appui des institutions internationales à la mesure du sérieux et de l’engagement consentis. C’est là un défi important vis-à-vis des générations futures. En effet, il serait injuste que les hommes d’aujourd’hui fuient leurs responsabilités et fassent peser les conséquences de leurs choix ou de leur inaction sur les générations qui viendront après eux. Il s’agit donc, non seulement d’assainir l’économie, mais aussi et tout autant d’affronter un enjeu de justice sociale. En outre, redresser les comptes de la nation, c’est également offrir un cadre plus sûr pour l’activité économique et donc protéger davantage les populations les plus pauvres et les plus vulnérables.

808 Cet objectif louable nécessite la coopération de tous, pour laquelle le sens de la solidarité est primordial. Nous mesurons ici combien l’harmonie sociale est liée non seulement à un cadre législatif juste et adapté, mais aussi à la qualité morale de chaque citoyen car « la solidarité se présente sous deux aspects complémentaires : celui de principe social et celui de vertu morale » (Compendium de la Doctrine sociale de l’Église, n.109). La solidarité s’élève au rang de vertu sociale lorsqu’elle peut s’appuyer à la fois sur des structures de solidarité, mais aussi sur la détermination ferme et persévérante de chaque personne à travailler pour le bien commun, parce que tous nous sommes responsables de tous.

Pour susciter ce sens durable de la solidarité, l’éducation des jeunes est assurément la meilleure voie. De ce point de vue, il me plaît de pouvoir souligner une nouvelle fois les efforts consentis depuis longtemps par votre pays pour construire un système éducatif de qualité. Quel que soit son niveau de responsabilité, j’encourage chacun à poursuivre dans cette voie et à semer généreusement pour le futur. Toutefois, cette préoccupation pour l’éducation resterait vaine si l’institution familiale était excessivement fragilisée. Les familles ont constamment besoin d’être encouragées et soutenues par les pouvoirs publics. Il y a une harmonie profonde entre les tâches de la famille et les devoirs de l’État. Favoriser entre eux une heureuse synergie, c’est oeuvrer efficacement pour un avenir de prospérité et de paix sociale.

Pour sa part, l’Église locale ne ménage pas ses efforts pour accompagner les familles, en leur offrant la lumière de l’Évangile qui met en relief toute la grandeur et la beauté du « mystère » de la famille et en les aidant à assumer leurs responsabilités éducatives. À l’égard de celles qui connaissent des difficultés, elle a le souci d’aider à la pacification des relations et d’éduquer les coeurs à la réconciliation.

Je saisis l’occasion de cette rencontre, Monsieur l’Ambassadeur, pour saluer chaleureusement, par votre intermédiaire, l’Évêque des Seychelles et ses collaborateurs, ainsi que l’ensemble des fidèles catholiques qui vivent dans votre pays. Qu’ils gardent le souci, de concert avec tous les autres citoyens, de bâtir une vie sociale où chacun puisse trouver les voies d’un épanouissement personnel et collectif ! Ils témoigneront ainsi de la fécondité sociale de la Parole de Dieu

Au moment où vous inaugurez votre noble mission de représentation auprès du Saint-Siège, je souhaite renouveler l’expression de ma satisfaction pour les excellentes relations qu’entretiennent la République des Seychelles et le Saint-Siège et je vous adresse, Monsieur l’Ambassadeur, mes voeux les meilleurs pour le bon accomplissement de votre mission. Soyez certain que vous trouverez toujours auprès de mes collaborateurs l’accueil et la compréhension dont vous pourrez avoir besoin.

Sur Votre Excellence, sur sa famille et sur ses collaborateurs, ainsi que sur tout le peuple des Iles Seychelles et ses dirigeants, j’invoque de grand coeur l’abondance des Bénédictions divines.

Au Vatican, le 19 décembre 2008

VISITE À L’AMBASSADE D’ITALIE PRÈS LE SAINT-SIÈGE

RENCONTRE AVEC LE PERSONNEL DE L'AMBASSADE

Chapelle consacrée à saint Charles Borromée Samedi 13 décembre 2008



Monsieur le sous-secrétaire à la présidence du Conseil,
chers amis!

809 Au cours de ma brève visite à l'ambassade d'Italie, mon premier rendez-vous a lieu dans cette belle chapelle qui vient d'être restaurée et rénovée. Et je suis heureux de vous rencontrer précisément ici, vous tous qui constituez la communauté de vie et de travail de cette Ambassade. Je vous salue tous avec affection, ainsi que vos familles. J'adresse un salut particulier à Monsieur le sous-secrétaire à la présidence du Conseil des ministres, qui m'a transmis les salutations du président du Conseil, et m'a adressé une chaleureuse bienvenue, se faisant l'interprète de vos sentiments. Il a rappelé que cette chapelle, bénie il y a quelques jours par le cardinal-secrétaire d'Etat, est consacrée à un saint, dont le nom est lié de façon indissoluble à ce palais: saint Charles Borromée. Avec son frère Frédéric, il reçut en don cette demeure de son oncle, le Pape Pie IV, avec lequel, ayant été nommé cardinal très jeune, il collabora dans le gouvernement de l'Eglise universelle. Ce fut précisément après la mort de son frère aîné, que le jeune neveu du Pontife commença un parcours de croissance spirituelle qui le conduisit à une profonde conversion marquée par un choix définitif de vie évangélique. Devenu Evêque, il consacra tous ses efforts à l'archidiocèse de Milan. Il ressort clairement de sa biographie le zèle avec lequel il accomplit son ministère épiscopal, en promouvant la réforme de l'Eglise selon l'esprit du Concile de Trente, dont il appliqua les directives de façon exemplaire, faisant preuve d'une proximité constante aux populations, en particulier au cours des années de la peste, au point d'être appelé, précisément en vertu de son généreux dévouement, l'"Ange des pestiférés". La vie humaine et spirituelle de saint Charles Borromée montre que la grâce divine peut transformer le coeur de l'homme et le rendre capable d'un amour pour ses frères poussé jusqu'au sacrifice de soi.

Chers frères et soeurs, je confie chacun de vous ici présent, ainsi que vos familles, à la protection de saint Charles, afin que vous puissiez vous aussi réaliser la mission que Dieu vous confie au service de votre prochain, selon vos diverses fonctions. Je profite enfin de cette occasion pour vous souhaiter un heureux et saint Noël, tandis que je vous bénis de tout coeur.

VISITE À L’AMBASSADE D’ITALIE PRÈS LE SAINT-SIÈGE

RENCONTRE AVEC LES AUTORITÉS DIPLOMATIQUES

Salon de l'Ambassade Samedi 13 décembre 2008


Monsieur le ministre des affaires étrangères,
Monsieur le sous-secrétaire à la présidence du Conseil,
Monsieur l'ambassadeur près le Saint-Siège,
Mesdames et messieurs les représentants du Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège,
illustres Autorités,
Mesdames et messieurs!

Je suis véritablement heureux de pouvoir répondre aujourd'hui à l'aimable invitation qui m'a été adressée à visiter ce bâtiment historique, siège de l'Ambassade d'Italie près le Saint-Siège. Je vous salue tous cordialement, en commençant par Monsieur le ministre des affaires étrangères, que je remercie pour les paroles respectueuses qu'il vient de m'adresser. Je salue les autres ministres, les Autorités présentes et de façon particulière Monsieur l'ambassadeur Antonio Zanardi Landi. Je vous remercie de tout coeur de votre accueil courtois, accompagné par un agréable interlude musical.

810 Comme il a déjà été rappelé, cet édifice historique a reçu la visite de trois de mes prédécesseurs: les serviteurs de Dieu Pie XII, le 2 juin 1951, Paul VI, le 2 octobre 1964, et Jean-Paul II, le 2 mars 1986. Aujourd'hui, en cette circonstance solennelle et dans le même temps familiale, me reviennent à l'esprit également les récentes rencontres avec le président de la République: celle du 24 avril dernier, à l'occasion du concert qu'il m'a offert pour l'anniversaire du début solennel de mon service sur la Chaire de Pierre; et celle, le 4 octobre, au Quirinal, ainsi que celle de mercredi dernier dans la Salle Paul vi au Vatican, à l'occasion du 60 anniversaire de la Déclaration des droits de l'homme, à laquelle vous avez, Monsieur le ministre des affaires étrangères, fait référence. Tandis que j'adresse une salutation reconnaissante et respectueuse au président de la République, j'ai plaisir à répéter ce que j'ai affirmé précisément au cours de ma visite au Quirinal, c'est-à-dire que "dans la ville de Rome cohabitent pacifiquement et collaborent de manière fructueuse l'Etat italien et le Siège apostolique".

L'attention particulière manifestée par les Souverains Pontifes à l'égard de ce siège diplomatique suffirait à montrer la reconnaissance du rôle important qu'a joué et que continue de jouer l'Ambassade d'Italie dans les relations intenses et particulières qui existent entre le Saint-Siège et la République italienne, ainsi que dans les relations de collaboration mutuelle entre l'Eglise et l'Etat en Italie. Nous aurons certainement l'occasion de souligner ce double ordre important de liens diplomatiques, sociaux et religieux au cours du mois de février de l'an prochain, lors du 80 anniversaire de la signature des Accords du Latran et du 25 anniversaire de l'Accord de révision du concordat. Il a déjà été fait référence à cet anniversaire pour souligner à juste titre la relation fructueuse qui existe entre l'Italie et le Saint-Siège. Il s'agit d'une entente plus que jamais importante et significative dans la situation mondiale actuelle, dans laquelle la persistance de conflits et de tensions entre peuples rend toujours plus nécessaire une collaboration entre tous ceux qui partagent les mêmes idéaux de justice, de solidarité et de paix. En outre, Monsieur le ministre des affaires étrangères, en reprenant ce que vous avez dit, je ne peux manquer d'évoquer avec des sentiments de profonde gratitude la collaboration quotidienne existant entre l'Ambassade d'Italie et ma Secrétairerie d'Etat, et à ce propos, je salue cordialement les chefs de mission qui, au cours de ces années, se sont succédé au Palais Borromée et qui ont bien voulu être présents avec nous aujourd'hui.

Cette brève visite me donne l'occasion de répéter la façon dont l'Eglise est tout à fait consciente que "la distinction entre ce qui est à César et ce qui est à Dieu (cf.
Mt 22,21), à savoir la distinction entre Etat et Eglise (...) appartient à la structure fondamentale du christianisme" (Enc. Deus caritas est ). Non seulement l'Eglise reconnaît et respecte cette distinction et cette autonomie, mais elle s'en réjouit, comme d'un grand progrès de l'humanité et d'une condition fondamentale pour sa liberté même et pour remplir sa mission universelle de salut entre tous les peuples. Dans le même temps, l'Eglise ressent comme son devoir, en suivant les préceptes de sa doctrine sociale, argumentée "à partir de ce qui est conforme à la nature de tout être humain" (ibid.), de réveiller dans la société les forces morales et spirituelles, en contribuant à ouvrir les volontés aux authentiques exigences du bien. C'est pourquoi, en rappelant la valeur que revêtent pour la vie non seulement privée mais également et surtout publique certains principes éthiques fondamentaux, l'Eglise contribue de fait à garantir et à promouvoir la dignité de la personne et le bien commun de la société, et dans ce sens se réalise la véritable coopération souhaitée entre Eglise et Etat.

Qu'il me soit à présent permis de mentionner avec gratitude également la précieuse contribution que cette représentation diplomatique ainsi que les Autorités italiennes en général offrent avec générosité afin que le Saint-Siège puisse librement accomplir sa mission universelle et donc également entretenir des relations diplomatiques avec de nombreux pays du monde. A cet égard, je salue et je remercie le doyen et certains représentants du Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège, qui prennent part à notre rencontre. J'ai la certitude qu'ils partagent cette reconnaissance pour les services précieux que l'Italie rend à leur mission délicate et de haute valeur.

Mesdames et messieurs, il est véritablement significatif que la représentation diplomatique italienne près le Saint-Siège ait depuis 1929 son siège là où vécut dans sa jeunesse saint Charles Borromée, qui exerçait alors la charge de collaborateur du Pontife romain au sein de la Curie romaine, guidant ce que l'on appelle couramment la diplomatie du Saint-Siège. Ceux qui opèrent ici peuvent donc trouver dans ce saint un protecteur constant et dans le même temps un modèle auquel s'inspirer dans l'accomplissement de leurs devoirs quotidiens. Je confie à son intercession tous ceux qui sont réunis ici aujourd'hui, et je forme pour chacun de sincères voeux de bien. Tandis que s'approche la fête du Noël du Seigneur Jésus, ce voeu s'étend aux Autorités italiennes, en commençant par le président de la République, et tout le peuple bien-aimé de cette chère péninsule. Mes voeux de paix s'étendent ensuite également à tous les pays de la terre, qu'ils soient ou non officiellement représentés près le Saint-Siège. Il s'agit de voeux de lumière et d'authentique progrès humain, de prospérité et de concorde, autant de réalités auxquelles nous pouvons aspirer avec une espérance confiante, car il s'agit de dons que Jésus a apportés dans le monde en naissant à Bethléem. Que la Vierge Marie, que nous avons vénérée il y a quelques jours comme l'Immaculée Conception, obtienne pour l'Italie et le monde entier, ces dons, ainsi que tout autre véritable bien souhaité, de son Fils le prince de la paix, dont j'invoque de tout coeur les Bénédictions sur vous tous et sur les personnes qui vous sont chères.


À S.E. M. PAUL DÜHR, NOUVEL AMBASSADEUR DU GRAND-DUCHÉ DE LUXEMBOURG PRÈS LE SAINT-SIÈGE Salle Clémentine Jeudi 18 décembre 2008


Monsieur l'Ambassadeur,

Je suis heureux d'accueillir Votre Excellence en cette circonstance solennelle de la présentation des Lettres qui L'accréditent en qualité d'Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Grand-Duché de Luxembourg près le Saint-Siège. Je vous remercie, Monsieur l’Ambassadeur, pour les paroles cordiales que vous m’avez adressées. Je vous saurais gré de bien vouloir exprimer à Son Altesse Royale le Grand-Duc Henri mes voeux cordiaux pour sa personne et pour la famille grand-ducale ainsi que pour le bonheur et la réussite du peuple luxembourgeois. Je prie Dieu d’accompagner les efforts et les initiatives de toutes les personnes qui portent le souci du bien commun.

En cette fin d’année, s’achèvent les festivités qui ont marqué la célébration du 1350ème anniversaire de la naissance de saint Willibrord, le patron secondaire de votre nation. Infatigable missionnaire au milieu des plus grandes vicissitudes politiques, c’est, en particulier, grâce à lui que la semence de l’Évangile a été déposée dans votre terre, qu’elle a grandi et porté du fruit et qu’elle a laissé une empreinte profonde sur l’histoire de votre pays. Aujourd’hui encore, la communauté catholique participe activement à la vie sociale et politique de votre nation cherchant à apporter une contribution utile au bien-être de toute la population et à participer efficacement à la résolution des problèmes qui affectent la vie des hommes.

C’est notamment un pressant devoir commun à tous de protéger la dignité de l’homme des agressions que lui font subir les situations de pauvreté qui existent même au sein des nations les plus développées comme la vôtre. Cette attention doit se déployer à divers niveaux à travers des actions de proximité, mais aussi à l’échelle nationale, sans oublier la coopération internationale. Que la crise financière actuelle qui suscite tant d’inquiétudes ne détourne cependant pas votre pays des efforts qu’il consent pour la solidarité et l’aide au développement. Je souhaite que votre pays sache également réaffirmer auprès des autres nations développées avec lesquelles il entretient des relations étroites, que les pays riches ne peuvent oublier leurs responsabilités, en premier lieu, en faveur du sort des populations les plus pauvres. La prospérité dont jouit heureusement votre nation lui donne un devoir d’exemplarité.

811 Le contexte économique invite paradoxalement à rechercher le vrai trésor de l’existence et à être attentif aux équilibres qui permettent une vie sociale harmonieuse. Parmi tous les éléments qui y contribuent, figure à n’en pas douter le respect du dimanche. Au-delà de sa signification religieuse, la singularité de ce jour rappelle à chaque citoyen sa haute dignité et que son labeur n’est pas servile. Ce jour est offert à tous pour que l’homme ne soit pas réduit à n’être qu’une force de travail ou un consommateur mais qu’il puisse se reposer et consacrer du temps aux réalités les plus hautes de la vie humaine: la vie familiale, la rencontre gratuite avec les autres, les activités de l’esprit et le culte rendu à Dieu. Il est important de ne pas perdre, dans une vaine et dangereuse course au profit, ce qui est, non seulement un acquis social, mais surtout le trait d’une sagesse humaniste profonde.

Je voudrais, Monsieur l’Ambassadeur, saisir aussi l’occasion de notre rencontre pour exprimer ma très vive préoccupation au sujet du texte de loi sur l’euthanasie et le suicide assisté, actuellement en débat au Parlement. Ce texte, accompagné par ailleurs et d’une manière contradictoire, d’un autre projet qui contient d’heureuses dispositions législatives pour développer les soins palliatifs afin de rendre la souffrance plus supportable dans la phase finale de la maladie et favoriser pour le patient un accompagnement humain approprié, légitime concrètement la possibilité de mettre fin à la vie. Les responsables politiques, dont le devoir grave est de servir le bien de l’homme, tout comme les médecins et les familles, doivent se rappeler que «la décision délibérée de priver un être humain innocent de sa vie est toujours mauvaise du point de vue moral et ne peut jamais être licite» (Encyc. Evangelium vitae
EV 57). En vérité, l’amour et la vraie compassion empruntent une autre voie. La demande qui monte du coeur de l’homme dans sa suprême confrontation avec la souffrance et la mort, spécialement quand il est tenté de se livrer au désespoir et qu’il est égaré au point de souhaiter disparaître, est surtout une demande d’accompagnement et un appel à plus de solidarité et de soutien dans l’épreuve. Cet appel peut apparaître exigeant, mais il est seul digne de l’être humain et il ouvre à des solidarités nouvelles et plus profondes qui viennent, en définitive, enrichir et fortifier les liens familiaux et sociaux. Sur ce chemin d’humanisation, tous les hommes de bonne volonté sont invités à coopérer et l’Église, pour sa part, veut résolument y engager toutes ses ressources d’attention et de service. Fidèle aux racines chrétiennes et humanistes de sa nation et au constant souci de promouvoir le bien commun, que le peuple luxembourgeois, dans toutes ses composantes, ait toujours à coeur de réaffirmer la grandeur et le caractère inviolable de la vie humaine!

Par votre intermédiaire, Monsieur l'Ambassadeur, je suis heureux en conclusion de saluer Mgr Fernand Franck, Archevêque de Luxembourg, les prêtres, les diacres et tous les fidèles qui forment la communauté catholique du Grand-Duché. Comme je l’ai souligné, je sais qu'ils ont à coeur le souci de construire, avec les autres citoyens, une vie sociale où chacun puisse trouver les voies d’un épanouissement personnel et collectif. Que Dieu confirme ces bonnes dispositions!

Au moment où Votre Excellence inaugure officiellement ses fonctions auprès du Saint-Siège, je forme les souhaits les meilleurs pour l’heureux accomplissement de sa mission. Soyez sûr, Monsieur l'Ambassadeur, de toujours trouver auprès de mes collaborateurs attention et compréhension cordiales. En invoquant l’intercession de la Vierge Marie et de saint Willibrord, je prie le Seigneur de répandre de généreuses bénédictions sur vous-même, sur votre famille et sur vos collaborateurs, ainsi que sur les dirigeants et le peuple luxembourgeois.

Au Vatican, le 18 décembre 2008



Discours 2005-2013 805