Discours 2005-2013 811

À S.E. M. RAJAONARIVONY NARISOA, NOUVEL AMBASSADEUR DE LA RÉPUBLIQUE DE MADAGASCAR PRÈS LE SAINT-SIÈGE Salle Clémentine Jeudi 18 décembre 2008



Monsieur l’Ambassadeur,

C’est avec plaisir, Excellence, que je vous reçois aujourd’hui et que je vous souhaite la bienvenue alors que vous me présentez les Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République de Madagascar près le Saint-Siège. Vous remercierez Son Excellence Monsieur Marc Ravalomanana, Président de la République, pour ses voeux cordiaux et, en retour, je vous prie de bien vouloir Lui transmettre les miens qui sont déférents pour sa personne et pour sa haute mission au service de ses concitoyens. Je voudrais aussi saluer à travers vous l’ensemble du cher peuple malgache.

J’ai été sensible, Monsieur l’Ambassadeur, aux paroles courtoises que vous m’avez adressées et je vous en remercie. La «Grande Ile» n’a pas été épargnée cette année par des calamités naturelles. Des cyclones ont détruit de nombreuses habitations, des ponts et des routes, et les rizières et les troupeaux ont subi de graves dommages. Des personnes sont mortes, d’autres ont été blessées et d’autres encore ont perdu leurs biens. Je voudrais assurer l’ensemble du peuple malgache de ma proximité dans le souci et la prière. Que Dieu, dans sa bonté, ait pitié de son peuple et entende la voix de ceux qui l’appellent (cf. Ps Ps 5,3) et implorent son secours! Et avec le psalmiste je dis: «Lève-toi, Seigneur! Dieu, étends la main! N’oublie pas le pauvre!» (Ps 9,12). Dans ce contexte, il est heureux que le Prix de la Fondation saint Matthieu en mémoire du Cardinal François-Xavier Van Thuân, Solidarité et Développement 2008, ait été concédé, le 13 novembre dernier à l’occasion de la célébration du 60ème anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme,au projet AKAMASOA de maisonnettes destinées aux sans-abris d’Antananarivo.

Il y a deux ans, en 2006, le Président de la République a présenté et commencé à mettre en oeuvre le «Madagascar Action Plan» (MAP) et le «Fihavanana» (Fraternité Solidaire) destinés à développer le pays, surtout les zones rurales, à construire des routes et à protéger la nature, ainsi qu’à favoriser l’harmonie sociale et la paix. Sont promues aussi la scolarisation, les mesures en faveur de la baisse de la mortalité infantile et de la lutte contre les grandes pandémies. Je souhaite pour Madagascar que ces projets et ces réalisations trouvent la faveur renouvelée de la communauté internationale qui continuera à démontrer sa grande générosité et évitera de prétexter la crise financière qui secoue les économies mondiales et nationales pour réduire ou supprimer ses aides.

812 En juillet de l’an prochain, votre pays, Excellence, sera l’hôte du sommet de l’Union Africaine, et l’année suivante il recevra celui de la Francophonie. Ces deux événements orienteront l’attention internationale vers Madagascar et lui permettront d’oeuvrer en faveur de la concorde entre les peuples et de la paix, surtout dans le continent africain torturé par d’innombrables conflits internes ou entre états, et par des drames humains qui affligent une population sans défense, obligée trop souvent à lutter pour sa survie humaine et matérielle. Ces rencontres internationales, qui sont à encourager, favorisent non seulement le dialogue entre les différents partenaires, mais, aussi et surtout, elles ouvrent des portes à divers types de coopération qui permettent d’échanger de manière réciproque, dans la dignité, des biens et des valeurs qui enrichiront les populations respectives et qui atténueront, peu à peu, les déséquilibres socio-économiques existants entre le nord et le sud de la planète. Lorsque ces biens et ces valeurs seront pleinement utilisés conformément au dessein du Seigneur l’humanité entière en sortira grandie. Enfin, ces rencontres internationales feront savoir au monde que Madagascar désire, comme le disait déjà mon vénéré Prédécesseur à l’Ambassadeur malgache qui vous a précédé, s’engager «toujours davantage sur la voie de la bonne gouvernance et du respect des droits de l’homme» (discours du 13 décembre 2002) en combattant, entre autre, la violence sournoise de la corruption et de la disparité entre les riches et les pauvres, et en promouvant toujours plus les nobles valeurs traditionnelles de votre pays.

Comme vous le savez, Monsieur l’Ambassadeur, l’Eglise catholique souhaite apporter sa contribution propre. Elle est présente à Madagascar depuis des siècles et elle est majoritairement malgache. Les catholiques malgaches, laïcs et membres de la hiérarchie ecclésiastique, partagent les souffrances et les espérances de la population. Ils collaborent, selon leurs moyens, au bien commun et au développement du peuple malgache. Ils désirent contribuer à l’édification d’une société fondée sur la justice et la paix. Leur intention est de servir au mieux l’Eglise et le peuple dont ils sont les enfants dans cette nation qui est la leur. Ils s’intéressent donc à l’ensemble de la vie nationale et aux lois qui la régissent comme aux projets de lois qui devraient parfaire la vie quotidienne du citoyen. La longue et riche tradition ecclésiale est un apport positif dans la lente construction de la nation. L’Eglise ne cherche pas à interférer dans un domaine qui n’est pas le sien et qui est d’ordre strictement politique, elle désire tout simplement, en vertu de sa nature propre, participer à l’édification et à la consolidation de la vie nationale.

Vous voudrez bien transmettre aussi, Monsieur l’Ambassadeur, mes salutations à la communauté catholique de votre pays. Elle participe au développement et à la croissance de la nation toute entière et vous savez son rôle dans les domaines de l’éducation et de la santé, surtout pour les personnes les plus démunies qu’elle essaye de soulager. L’Eglise a donné de grandes figures qui se sont illustrées par leur charité et leur amour pour Madagascar. Je pense particulièrement à la bienheureuse Victoire Rasoamanarivo et au vénérable Frère Raphaël-Louis Rafiringa dont la Cause progresse. Je suis certain que les jeunes générations trouveront en eux des modèles toujours contemporains à suivre et à imiter.

Alors qu’officiellement commence votre mission de représentation auprès du Saint-Siège, je vous offre, Monsieur l’Ambassadeur, mes voeux cordiaux pour le succès de votre noble tâche et je désire vous assurer que vous trouverez toujours un bon accueil et une compréhension attentive auprès de mes collaborateurs, afin que les relations harmonieuses qui existent entre la République de Madagascar et le Saint-Siège puissent se poursuivre et s’approfondir.

Sur vous, Excellence, sur votre famille et sur vos collaborateurs, ainsi que sur les Responsables de la Nation et sur le peuple malgache tout entier, j’invoque de grand coeur l’abondance des Bénédictions de Dieu.

Au Vatican, le 18 décembre 2008


À S.E. Mme RAFIÂA LIMAM BAOUENDI, NOUVEL AMBASSADEUR DE TUNISIE PRÈS LE SAINT-SIÈGE Salle Clémentine Jeudi 18 décembre 2008


Madame l’Ambassadeur,

Je vous accueille avec plaisir au moment où vous présentez les Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de Tunisie auprès du Saint-Siège. Je vous remercie des aimables paroles que vous m’avez adressées ainsi que des salutations de Son Excellence Monsieur Zine El Abidine Ben Ali, Président de la République. Je vous saurais gré de bien vouloir lui transmettre mes remerciements ainsi que mes voeux cordiaux pour Sa personne ainsi que pour le peuple tunisien tout entier.

Le progrès économique et social est une nécessité pour permettre à chaque personne comme à chaque famille de jouir du bien-être nécessaire à son plein développement. Je me réjouis donc de savoir qu’au cours des dernières années votre pays a connu une progression sensible dans ces domaines. Dans la difficile situation économique que connaît actuellement le monde, il est nécessaire qu’une authentique solidarité se mette en place aussi bien à l’intérieur de chaque pays qu’entre les nations, afin que les plus pauvres ne soient pas encore plus pénalisés. En effet, une croissance économique obtenue au détriment des êtres humains, de peuples entiers et de groupes sociaux, condamnés à l’indigence et à l’exclusion, n’est pas acceptable (cf. Compendium de la doctrine sociale de l’Église, n. 332).

813 Par ailleurs, le progrès économique doit aller de pair avec le développement de la formation humaine et spirituelle des personnes. En effet, la vie de l’homme ne peut être réduite à une dimension matérielle. Je salue les efforts accomplis par la Tunisie pour l’éducation de la jeunesse. Face aux difficultés et aux incertitudes de la vie, ou encore parfois devant un certain effacement des repères qui donnent sens à l’existence, il est nécessaire que les jeunes générations reçoivent une solide éducation pour les aider à affronter les rapides transformations des sociétés. Une attention particulière aux diversités culturelles et religieuses, leur permettra de mieux s’intégrer dans un monde qui se caractérise de plus en plus par un brassage des cultures et des religions, ainsi que de contribuer à l’édification d’un monde plus fraternel et plus solidaire.

En effet, le dialogue entre les cultures et entre les religions est de nos jours une nécessité incontournable, afin de pouvoir agir ensemble pour la paix et la stabilité du monde ainsi que pour promouvoir le respect authentique de la personne et des droits fondamentaux de l’homme. D’ailleurs, la reconnaissance de la place centrale de la personne et de la dignité de chaque être humain, ainsi que le respect de la vie qui est un don de Dieu et qui est donc sacrée, sont une base commune pour construire un monde plus harmonieux et plus accueillant aux légitimes diversités. L’édification d’une société où chacun est reconnu dans sa dignité implique aussi le respect de la liberté de conscience et de la liberté de religion pour chacun. Car l’expression des convictions religieuses authentiques est la manifestation la plus vraie de la liberté humaine.

La position qu’occupe la Tunisie au Maghreb l’invite à jouer un rôle important au niveau international, particulièrement en Méditerranée et en Afrique. L’établissement de relations de bon voisinage entre les nations ne peut que contribuer à une prise de conscience plus claire de l’appartenance commune à l’unique famille humaine. La coopération et les échanges entre les nations sont donc à encourager non seulement pour garantir à tous le droit au développement, mais aussi pour établir une authentique communauté de frères et de soeurs, appelés à former une grande famille. Pour cela, au-dessus de la logique étroite de relations de marché, la vie sociale doit s’appuyer sur le fondement solide de valeurs spirituelles et éthiques communes pour répondre aux exigences du bien commun et préserver les droits des plus faibles.

Madame l’Ambassadeur, l’Église catholique manifeste sa présence dans la société tunisienne notamment par ses institutions éducatives ou encore dans le domaine de la santé ou de l’attention aux personnes handicapées. Par ses engagements au service de la population, sans distinction d’origine ou de religion, elle entend contribuer, à sa manière, au bien commun. Le respect et la bienveillance manifestés à l’égard de ces institutions ecclésiales sont un signe de la confiance dont elles jouissent de la part des Autorités et de la population. Je ne peux que m’en réjouir.

En effet, vous le savez, la communauté catholique de Tunisie, que je vous saurais gré de saluer chaleureusement de ma part, se rattache à une antique tradition qui a marqué la vie culturelle et spirituelle de votre pays. Des saints et des saintes comme Cyprien, Perpétue et Félicité et tant d’autres y ont témoigné du Dieu unique jusqu’au don de leur vie. J’invite donc les catholiques, en communion profonde avec leur Évêque, à manifester ardemment autour d’eux, à l’image de leurs Pères dans la foi, l’amour de Dieu qui les anime et à être des témoins rayonnants de l’espérance qu’ils portent en eux.

Alors que vous inaugurez votre mission auprès du Saint-Siège, je vous offre, Madame l’Ambassadeur, mes voeux cordiaux pour son heureux accomplissement, afin que se poursuivent et se développent des relations harmonieuses entre le Saint-Siège et la Tunisie, et je vous assure que vous trouverez toujours un accueil attentif auprès de mes collaborateurs.

Sur Votre Excellence, sur sa famille et sur ses collaborateurs, ainsi que sur les Responsables et sur tous les habitants de la Tunisie, j’invoque de grand coeur l’abondance des Bénédictions du Tout-Puissant.

Au Vatican, le 18 décembre 2008.


À S.E. M. AMANZHOL ZHANKULIYEV, NOUVEL AMBASSADEUR DU KAZAKHSTAN PRÈS LE SAINT-SIÈGE Salle Clémentine Jeudi 18 décembre 2008




Monsieur l’Ambassadeur,

814 J’accueille avec plaisir Votre Excellence au Vatican pour la présentation des Lettres qui L’accréditent en qualité d’Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Kazakhstan près le Saint-Siège et je La remercie vivement de m’avoir transmis le message courtois de S. E. Monsieur Nursultan Nazarbayev, Président de la République. Je vous saurais gré de bien vouloir Lui exprimer en retour mes voeux les meilleurs pour sa personne, ainsi que pour les responsables de la vie civile et religieuse et pour tout le peuple kazakh.

Le Kazakhstan occupe une position géographique qui le met en contact avec de grands ensembles géo-politiques: l’Europe, la Russie, la Chine et des pays majoritairement musulmans. Sa population diversifiée compte des peuples de langues et traditions culturelles fort différentes. Ces deux éléments, alliés aux richesses naturelles que possède votre pays, sont un don de Dieu qu’il convient de bien gérer. Ce don offre de grandes possibilités et ouvre des perspectives qui peuvent intéresser l’avenir de l’homme et contribuer à l’affirmation de sa dignité. Votre Président a voulu faire de votre terre un lieu de rencontre et de dialogue, une sorte de laboratoire où on cherche à vivre une cohabitation respectueuse de la diversité culturelle et religieuse, un espace qui pourrait démontrer aux autres peuples et nations qu’il est possible aux hommes de vivre dignement, en paix, dans le respect de la croyance et de la particularité de chacun. Je ne saurais assez encourager toutes les initiatives prises au sein comme à l’extérieur de vos frontières en faveur du dialogue entre les hommes, entre les cultures et entre les religions. Le monde a soif de paix et Dieu désire qu’il croisse et se développe dans l’harmonie. Dans ce sens, je salue les démarches courageuses et ouvertes de dialogue entreprises par votre pays, qui porteront des fruits dans votre nation même, et consolideront la stabilité régionale.

Vous savez, Monsieur l’Ambassadeur, le rôle positif que peuvent jouer les religions dans la société en se respectant réciproquement et en collaborant ensemble à des objectifs communs. Il est certes de la compétence de l’Etat de garantir la pleine liberté religieuse, mais il lui revient aussi d’apprendre à respecter le religieux en évitant d’interférer en matière de foi et dans la conscience du citoyen. Pour tout Etat, la tentation est grande de laisser dans l’imprécision les définitions des domaines politiques et religieux risquant ainsi de ne pas reconnaître ce qui n’est pas de sa compétence. Chaque Etat est donc appelé à demeurer vigilant afin de conjurer les effets négatifs de l’interférence dans le domaine religieux et de son utilisation abusive, ainsi que de respecter la sphère religieuse individuelle qui ne demande qu’à s’exprimer simplement et librement sans entrave. Nombreux sont ceux qui observent avec attention le Kazakhstan et sa manière nouvelle de gérer les relations entre le religieux et l’étatique pour en tirer leçon. C’est une opportunité unique offerte à votre pays, qu’il faudrait saisir au mieux et ne pas laisser passer. Le Saint-Siège appuie toutes les initiatives et les activités en faveur de la paix et de l’amitié entre nations car elles favorisent le respect mutuel ainsi que l’épanouissement de l’homme.

La nature humaine, voulue par Dieu sainte et noble, n’est pas indemne de défiances et le coeur de l’homme est entaché par son égoïsme et par son mensonge, ainsi que par son manque d’attraction pour la solidarité et la compassion. Les diverses traditions religieuses, qui cohabitent dans votre nation, sauront proposer des orientations positives pour contribuer heureusement à sa construction et à son développement. Elles ne manqueront pas d’aider leurs fidèles à se conformer à la volonté de Dieu et à travailler pour le bien commun. La solidarité est essentielle dans les relations interpersonnelles et interétatiques. Votre pays que le Très Haut a largement doté de richesses humaines et naturelles, saura trouver des voies pour en faire profiter avantageusement ses concitoyens et les nations qui, moins bien pourvues, ont encore besoin d’aides diverses. La juste répartition des biens devient un impératif non seulement parce qu’elle favorise la stabilité politique, nationale et internationale, mais parce qu’elle répond à la volonté divine de créer les hommes frères les uns des autres.

La communauté catholique, que vous voudrez bien saluer en mon nom, Monsieur l’Ambassadeur, est présente dans votre pays depuis longtemps et a traversé bien des vicissitudes historiques. Elle est demeurée fidèle grâce à l’abnégation de ses prêtres, de ses religieux et religieuses, et grâce à la flamme de la foi qui est restée allumée dans le secret du coeur des fidèles (cf. Visite ad Limina des Evêques d’Asie Centrale, 2 octobre 2008). Ces catholiques kazakhs désirent vivre sincèrement leur foi et pouvoir continuer à la pratiquer sereinement pour leur perfection personnelle certes, mais aussi pour l’enrichissement spirituel de votre pays par leur apport religieux propre. La communauté catholique participe, par sa présence, par sa prière et par ses oeuvres, à la stabilité et à la concorde religieuse de l’ensemble de la noble société kazakhe. L’Accord entre le Saint-Siège et la République du Kazakhstan, signé et entré en vigueur il y a dix ans maintenant, garantit les droits et les devoirs des catholiques de votre pays et les droits et les obligations de votre Etat envers eux. En exergue de votre adresse, vous avez qualifié d’exemplaires, Excellence, nos relations bilatérales car, disiez-vous, elles sont basées sur «l’intercompréhension totale et sur la confiance». Vous avez eu raison de le souligner et je m’en félicite volontiers avec vous. Que Dieu bénisse cette confiance réciproque et la renforce toujours davantage!

Au moment où vous inaugurez votre noble mission, Monsieur l’Ambassadeur, certain que vous trouverez toujours un accueil attentif auprès de mes collaborateurs, je vous offre mes voeux les meilleurs pour son heureux accomplissement et pour que se poursuivent et se développent les relations harmonieuses entre le Saint-Siège et la République du Kazakhstan. Sur Votre Excellence, sur Sa famille et sur tout le personnel de l’Ambassade, ainsi que sur le Président de la République, sur les autres Responsables et sur tous les habitants de votre nation, j’invoque l’abondance des Bénédictions divines.

Au Vatican, le 18 décembre 2008


À S.E. M. NASER MUHAMED YOUSSEF AL BELOOSHI, NOUVEL AMBASSADEUR DU ROYAUME DU BAHREÏN PRÈS LE SAINT-SIÈGE Salle Clémentine Jeudi 18 décembre 2008


Monsieur l’Ambassadeur

C’est avec grande joie que je vous accueille au Vatican au moment où vous présentez les Lettres qui vous accréditent comme premier Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Royaume du Bahreïn près le Saint-Siège. Je vous remercie des aimables paroles que vous m’avez adressées ainsi que pour les salutations et l’invitation que vous m’avez transmises de la part de Sa Majesté le Roi Hamad Bin Isa Al-Khalifa. En retour, vous voudrez bien l’assurer de mes voeux les meilleurs pour sa personne ainsi que pour les habitants du Royaume, afin que tous vivent dans la paix et dans la prospérité.

815 La visite que Sa Majesté le Roi m’a rendue à Castel Gandolfo en juillet dernier, ainsi que votre désignation, Excellence, comme premier Ambassadeur du Royaume de Bahreïn, sont les signes des bonnes relations que votre pays désire poursuivre avec le Saint-Siège. Je m’en réjouis vivement et je souhaite qu’elles puissent encore s’approfondir.

Les évolutions que le Royaume a connues au cours des dernières années manifestent le souci constant de progresser vers l’établissement d’une société ouverte sur le monde et de relations toujours plus fraternelles avec les autres nations, tout en demeurant fidèle à ses valeurs traditionnelles légitimes. La participation du plus grand nombre aux orientations et à la gestion de la vie du pays ne peut que contribuer à maintenir l’unité et la solidarité entre ses diverses composantes, ainsi qu’à favoriser le bien commun.

Je voudrais saluer l’engagement de votre pays, que vous avez souligné, Monsieur l’Ambassadeur, de promouvoir une politique de paix et de dialogue. Le Royaume de Bahreïn a en effet une longue tradition de tolérance et d’accueil, recevant notamment de nombreux travailleurs étrangers, qui participent au développement du pays. Alors qu’ils sont éloignés de leurs nations d’origine et de leurs familles, ce qui ne peut que rendre leur vie plus difficile, puissent-ils se sentir chez eux dans votre pays, grâce à l’accueil bienveillant qui leur est réservé !

Parmi ces travailleurs étrangers un grand nombre est de religion catholique. Je voudrais remercier ici les Autorités du Royaume pour l’accueil qui leur est fait ainsi que pour la possibilité qui leur est donnée de pratiquer leur culte. Et, il me plait de rappeler que l’église érigée en 1939, sur un terrain offert par l’Émir de cette époque, fut la première église construite dans les pays du Golfe. Toutefois, tous sont conscients qu’aujourd’hui, avec le développement du nombre des catholiques, il serait souhaitable qu’ils puissent disposer d’autres lieux de culte.

Le respect de la liberté religieuse, qui figure parmi les droits garantis par la Constitution de votre pays, est d’une importance primordiale, car elle touche à ce qu’il y a de plus profond et de plus sacré dans l’homme : sa relation à Dieu. La religion donne la réponse à la question du vrai sens de l’existence dans le domaine personnel et social. La liberté religieuse, qui permet à chacun de vivre sa croyance seul ou avec d’autres, en privé ou en public, exige même la possibilité pour la personne de changer de religion si sa conscience le demande. D’ailleurs, lors du Concile Vatican II, l’Église catholique a voulu souligner solennellement l’obligation pour l’homme de suivre sa conscience en toute circonstance et le fait que personne ne peut être contraint d’agir contre elle (cf. Déclaration sur la liberté religieuse, Dignitatis humanae
DH 3).

Votre pays a aussi le souci de contribuer à l’établissement d’un authentique dialogue entre les cultures et entre les membres des religions. Il est en effet indispensable qu’une compréhension toujours plus sincère entre les personnes et entre les groupes humains et religieux puisse croître pour établir des relations toujours plus fraternelles. Ceci commence par une écoute respectueuse les uns des autres, basée sur une estime réciproque. Tout en reconnaissant les divergences qui nous séparent, chrétiens et musulmans, ainsi que les approches différentes que nous avons sur bien des points, il est important que dans le monde d’aujourd’hui nous puissions collaborer pour défendre et promouvoir les valeurs essentielles de la vie et de la famille qui permettent à l’homme de vivre dans la fidélité au Dieu unique et à la société de s’établir dans la paix et dans la solidarité.

Par votre intermédiaire, Monsieur l’Ambassadeur, je voudrais aussi saluer très chaleureusement la communauté catholique de votre pays, ainsi que son Vicaire apostolique. Je demande à Dieu de les soutenir dans leur foi et de les aider à être des témoins authentiques de l’espérance qui les fait vivre. Dans le Royaume de Bahreïn, comme dans tous les pays, les catholiques cherchent à contribuer au bien de la société. Ainsi, la Sacred Hearth School, dirigée par les religieuses carmélitaines, qui dispense un enseignement de grande qualité aux jeunes, sans distinction d’origine ni de religion, est-elle depuis de nombreuses années un signe éloquent de cet engagement. Dans cette perspective, je souhaite que l’Église locale et ses institutions offrent toujours plus leur contribution propre pour le bien de toute la société, en dialogue confiant et en collaboration efficace avec les Autorités du pays.

Monsieur l’Ambassadeur, alors que débute votre mission auprès du Saint-Siège, je vous adresse mes voeux cordiaux de réussite et je vous assure de la disponibilité de mes collaborateurs auprès desquels vous trouverez toujours compréhension et soutien pour son heureux déroulement.

Sur votre personne, sur votre famille, sur vos collaborateurs ainsi que sur tous les habitants du Royaume de Bahreïn et leurs dirigeants, j’invoque de grand coeur l’abondance des Bénédictions du Très-Haut.

Au Vatican, le 18 décembre 2008.


À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE DES NOUVEAUX AMBASSADEURS AUPRÈS DU SAINT-SIÈGE Salle Clémentine Jeudi 18 décembre 2008



Excellences,

C’est avec joie que je vous reçois ce matin pour la présentation des Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeurs extraordinaires et plénipotentiaires de vos pays respectifs près le Saint-Siège: le Malawi, la Suède, le Sierra Leone, l’Islande, le Grand-Duché de Luxembourg, la République de Madagascar, le Belize, la Tunisie, la République du Kazakhstan, le Royaume du Bahreïn, et la République de Fidji. Je vous remercie pour les paroles courtoises que vous avez pris soin de m’adresser de la part de vos Chefs d’Etat. Je vous saurais gré de leur transmettre en retour mes salutations cordiales et mes voeux déférents pour leurs personnes et pour leur haute mission au service de leurs pays et de leurs peuples. Je désire aussi saluer, par votre intermédiaire, toutes les Autorités civiles et religieuses de vos nations, ainsi que vos compatriotes. Mes prières et mes pensées vont aussi particulièrement vers les communautés catholiques présentes dans vos pays où elles sont soucieuses de vivre l’Evangile et d’en témoigner dans un esprit de collaboration fraternelle.

La diversité de vos provenances me permet de rendre grâce à Dieu pour son amour créateur et pour la multiplicité de ses dons qui ne cessent d’étonner l’humain. Elle est un enseignement. Parfois la diversité fait peur, c’est pourquoi il n’est pas étonnant de constater que, souvent, l’homme lui préfère la monotonie de l’uniformité. Des systèmes politico-économiques provenant ou se revendiquant de matrices païennes ou religieuses ont affligé l’humanité trop longtemps et ont cherché à l’uniformiser avec démagogie et violence. Ils ont réduit et, hélas, réduisent encore l’homme à un esclavage indigne au service d’une idéologie unique ou d’une économie inhumaine et pseudo-scientifique. Nous savons tous qu’il n’existe pas un modèle politique unique qui serait un idéal à réaliser absolument, et que la philosophie politique évolue dans le temps et dans son expression avec l’affinement de l’intelligence humaine et des leçons tirées de son expérience politique et économique. Chaque peuple a son génie et aussi «ses démons» propres. Chaque peuple avance à travers un enfantement parfois douloureux qui lui est propre, vers un avenir qu’il désire lumineux. Mon souhait serait donc que chaque peuple cultive son génie qu’il enrichira au mieux pour le bien de tous, et qu’il se purifie de ses «démons» qu’il contrôlera aussi au mieux jusqu’à les éliminer en les transformant en valeurs positives et créatrices d’harmonie, de prospérité et de paix afin de défendre la grandeur de la dignité humaine !

En réfléchissant à la belle mission de l’Ambassadeur, il m’est venu spontanément à l’esprit l’un des aspects essentiels de son activité: la recherche et la promotion de la paix que je viens d’évoquer. Il convient de citer, ici, la Béatitude prononcée par le Christ dans son Sermon sur la montagne: «Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu» (Mt 5,9). L’Ambassadeur peut et doit être un bâtisseur de paix. L’artisan de paix, dont il s’agit ici, n’est pas seulement la personne au tempérament calme et conciliant qui désire vivre en bonne intelligence avec tous et éviter si possible les conflits, mais elle est aussi celle qui se met totalement au service de la paix et s’engage activement à la construire, parfois jusqu’au don de sa vie. Les exemples historiques ne manquent pas. La paix n’implique pas seulement l’état politique ou militaire de non-conflit; elle renvoie globalement à l’ensemble des conditions permettant la concorde entre tous et l’épanouissement personnel de chacun. La paix est voulue par Dieu qui la propose à l’homme et lui en fait don. Cette intervention divine dans l’humanité porte le nom d’ «alliance de paix» (Is 54,10). Lorsque le Christ appelle l’artisan de paix, fils de Dieu, il signifie par là que celui-ci participe et travaille, de manière consciente ou inconsciente, à l’oeuvre de Dieu et prépare, à travers sa mission, les conditions nécessaires à l’accueil de la paix venue d’en-haut. Votre mission, Excellences, est haute et noble. Elle requiert toutes vos énergies que vous saurez déployer pour rejoindre cet idéal élevé qui honorera vos personnes, vos Gouvernants et vos pays respectifs.

Vous savez comme moi que la paix authentique n’est possible que lorsque règne la justice. Notre monde a soif de paix et de justice. Le Saint-Siège a d’ailleurs publié, à la veille de la Conférence de Doha qui s’est achevée il y a quelques jours, une Note sur l’actuelle crise financière et sur ses répercussions sur la société et sur les individus. Il s’agit de quelques points de réflexion destinés à promouvoir le dialogue sur plusieurs aspects éthiques qui devraient régir les rapports entre la finance et le développement, et à encourager les gouvernements et les acteurs économiques à rechercher des solutions durables et solidaires pour le bien de tous, et plus particulièrement pour ceux qui sont les plus exposés aux dramatiques conséquences de la crise. La justice, pour revenir à elle, ne revêt pas seulement une portée sociale ou même éthique. Elle ne renvoie pas uniquement à ce qui est équitable ou conforme au droit. L’étymologie hébraïque du mot justice fait référence à ce qui est ajusté. La justice de Dieu se manifeste donc par sa justesse. Elle remet tout en place, tout en ordre, afin que le monde soit conforme au dessein de Dieu et à son ordre (Cf. Is Is 11,3-5). La noble tâche de l’Ambassadeur consiste donc à déployer son art afin que tout soit «ajusté» pour que la nation qu’il sert vive non seulement en paix avec les autres pays mais aussi selon la justice qui s’exprime par l’équité et la solidarité dans les rapports internationaux, et pour que les concitoyens, jouissant de la paix sociale, puissent vivre librement et sereinement leurs croyances et rejoindre ainsi la «justesse» de Dieu.

Vous venez de débuter, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, votre mission auprès du Saint-Siège. Je vous présente à nouveau mes voeux les plus cordiaux pour la bonne réussite de la fonction si délicate que vous êtes appelés à accomplir. J’implore le Tout-Puissant de vous soutenir et de vous accompagner, vous-mêmes, vos proches, vos collaborateurs et tous vos compatriotes, afin de contribuer à l’avènement d’un monde plus pacifique et plus juste. Que Dieu vous comble de l’abondance de ses bénédictions!


AUX ENSEIGNANTS ET AUX ÉTUDIANTS DE L'INSTITUT PONTIFICAL D'ARCHÉOLOGIE CHRÉTIENNE Salle Clémentine du Palais Apostolique Vatican Samedi 20 décembre 2008


Monsieur le cardinal,
chers frères et soeurs!


Discours 2005-2013 811