Discours 2005-2013 821

À L'OCCASION DE LA RENCONTRE AVEC LES MEMBRES

DU CHEMIN NÉOCATÉCHUMÉNAL DU DIOCÈSE DE ROME Basilique Vaticane Samedi 10 janvier 2009


Chers frères et soeurs!

C'est avec une grande joie que je vous accueille aujourd'hui aussi nombreux, à l'occasion du 40 anniversaire du début du Chemin néocatéchuménal à Rome, qui compte actuellement 500 communautés. Je vous adresse à tous mon salut cordial. Je salue de manière particulière le cardinal-vicaire, Agostino Vallini, ainsi que le cardinal Stanislaw Rylko, président du Conseil pontifical pour les laïcs, qui vous a suivis avec dévouement dans le parcours d'approbation de vos statuts. Je salue les responsables du Chemin néocatéchuménal: M. Kiko Argüello, que je remercie cordialement des paroles enthousiastes et enthousiasmantes avec lesquelles il s'est fait l'interprète de vos sentiments à tous. Je salue Mme Carmen Hernández et le père Mario Pezzi. Je salue les communautés qui partent en mission vers les banlieues les plus démunies de Rome, celles qui partent en "missio ad gentes" sur les cinq continents, les 200 nouvelles familles itinérantes, et les 700 catéchistes itinérants responsables du Chemin néocatéchuménal dans les différents pays. Merci à vous tous! Que le Seigneur vous accompagne!

Notre rencontre se déroule de manière significative dans la Basilique vaticane construite sur le sépulcre de l'Apôtre Pierre. Ce fut précisément lui, le Prince des Apôtres qui, répondant à la question avec laquelle Jésus interpellait les Douze sur son identité, confessa avec élan: "Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant" (Mt 16,16). Vous êtes réunis ici aujourd'hui pour renouveler cette profession de foi. Votre présence, aussi nombreuse et animée, témoigne des prodiges opérés par le Seigneur au cours des quatre dernières décennies: elle révèle également l'engagement avec lequel vous entendez poursuivre le chemin commencé, un chemin de fidèle imitation du Christ et de témoignage courageux de son Evangile, non seulement ici à Rome, mais partout où la Providence vous conduit; un chemin d'adhésion docile aux directives des pasteurs et de communion avec toutes les autres composantes du Peuple de Dieu. C'est ce que vous entendez faire, bien conscients qu'aider les hommes de notre temps à rencontrer Jésus Christ, Rédempteur de l'homme, constitue la mission de l'Eglise et de chaque baptisé. Le "Chemin néocatéchuménal" s'inscrit dans cette mission ecclésiale comme l'une des nombreuses voies suscitées par l'Esprit Saint avec le Concile Vatican ii pour la nouvelle évangélisation.

Tout commença ici à Rome, il y a quarante ans, lorsque dans la paroisse des "Saints Martyrs canadiens" se constituèrent les premières communautés du Chemin néocatéchuménal. Comment ne pas bénir le Seigneur pour les fruits spirituels qui, à travers la méthode d'évangélisation que vous mettez en oeuvre, ont pu être recueillis au cours de ces années? Combien de fraîches énergies apostoliques ont été suscitées aussi bien parmi les prêtres que parmi les laïcs! Combien d'hommes et de femmes et combien de familles, qui s'étaient éloignées de la communauté ecclésiale ou avaient abandonné la pratique de la vie chrétienne, à travers l'annonce du kerygma et l'itinéraire de redécouverte du Baptême, ont été aidées à retrouver la joie de la foi et l'enthousiasme du témoignage évangélique! La récente approbation des statuts du "Chemin" de la part du Conseil pontifical pour les laïcs scella l'estime et la bienveillance avec lesquelles le Saint-Siège suit l'oeuvre que le Seigneur a suscitée à travers vos fondateurs. Le Pape, l'Evêque de Rome, vous remercie de ce généreux service que vous rendez à l'évangélisation de cette ville et pour le dévouement avec lequel vous vous prodiguez pour apporter l'annonce chrétienne dans tous les milieux. Merci à vous tous.

Votre action apostolique déjà si digne d'éloges sera encore plus efficace dans la mesure où vous vous efforcerez de cultiver constamment cette aspiration vers l'unité que Jésus a transmise aux Douze au cours de la Dernière Cène. Nous avons entendu le chant: en effet, avant la Passion, notre Rédempteur pria intensément pour que ses disciples soient un, de manière à ce que le monde soit poussé à croire en Lui (cf. Jn 17,21), car cette unité ne peut venir que de la force de Dieu. C'est cette unité, don de l'Esprit Saint et recherche incessante des croyants, qui fait de chaque communauté une articulation vivante et bien insérée dans le Corps mystique du Christ. L'unité des disciples du Seigneur appartient à l'essence de l'Eglise et est la condition indispensable pour que son action évangélisatrice soit féconde et crédible. Je connais le zèle avec lequel les communautés du Chemin néocatéchuménal oeuvrent dans au moins 103 paroisses de Rome. Alors que je vous encourage à poursuivre cet engagement, je vous exhorte à intensifier votre adhésion à toutes les directives du cardinal-vicaire, mon collaborateur direct dans le gouvernement pastoral du diocèse. Merci de votre "oui" qui vient bien évidemment du coeur. L'insertion organique du "Chemin" dans la pastorale diocésaine et son unité avec les autres réalités ecclésiales seront bénéfiques pour tout le peuple chrétien et rendront plus fructueux l'effort du diocèse visant à une annonce renouvelée de l'Evangile dans notre ville. En effet, nous avons besoin aujourd'hui d'une vaste action missionnaire qui fasse participer les différentes réalités ecclésiales, qui, tout en conservant chacune l'originalité de leur propre charisme, doivent oeuvrer en harmonie en cherchant à réaliser cette "pastorale intégrée" qui a déjà permis d'obtenir des résultats significatifs. Quant à vous, en vous plaçant avec une pleine disponibilité au service de l'évêque, comme le rappellent vos statuts, vous pourrez être un exemple pour les nombreuses Eglises locales, qui se tournent justement vers celle de Rome comme modèle de référence.

Il existe un autre fruit spirituel qui a mûri au cours de ces années et pour lequel je voudrais remercier avec vous la divine Providence: il s'agit du grand nombre de prêtres et de personnes consacrées que le Seigneur - Kiko nous en a parlé - a suscités dans vos communautés. De nombreux prêtres sont engagés dans les paroisses et dans d'autres domaines d'apostolat diocésain; de nombreux autres sont missionnaires itinérants dans différents pays: ils rendent un service généreux à l'Eglise de Rome et l'Eglise de Rome offre un précieux service à l'évangélisation dans le monde. Il s'agit d'un véritable "printemps d'espérance" pour la communauté diocésaine de Rome et pour l'Eglise universelle! Je remercie le recteur et ses collaborateurs du séminaire Redemptoris Mater de Rome pour l'oeuvre d'éducation qu'ils accomplissent. Nous savons tous que leur tâche n'est pas facile, mais très importante pour l'avenir de l'Eglise. Je les encourage donc à poursuivre cette mission, en adoptant les orientations de formation proposées aussi bien par le Saint-Siège que par le diocèse. L'objectif auquel tous les formateurs doivent viser est celui de préparer des prêtres bien insérés dans le presbyterium diocésain et dans la pastorale paroissiale et diocésaine.

822 Chers frères et soeurs, la page évangélique qui a été proclamée, nous a rappelé les exigences et les conditions de la mission apostolique. Les paroles de Jésus, que nous a rapportées l'Evangéliste saint Matthieu, retentissent comme une invitation à ne pas nous décourager face aux difficultés, à ne pas rechercher des succès humains, à ne pas craindre les incompréhensions et même les persécutions. Elles nous encouragent plutôt à placer notre confiance uniquement dans la puissance du Christ, à se charger de "sa propre croix" et à suivre les traces de notre Rédempteur qui, en ce temps de Noël qui vient de se terminer, nous est apparu dans l'humilité et dans la pauvreté de Bethléem. Que la Sainte Vierge, modèle de chaque disciple du Christ et "maison de bénédiction" comme vous l'avez chanté, vous aide à réaliser avec joie et fidélité le mandat que l'Eglise vous confie avec confiance. Alors que je vous remercie pour le service que vous rendez dans l'Eglise de Rome, je vous assure de ma prière et vous bénis de tout coeur, vous qui êtes ici présents, ainsi que toutes les communautés du Chemin néocatéchuménal présentes partout dans le monde.


AUX ADMINISTRATEURS DE LA RÉGION DU LATIUM, DE LA PROVINCE ET DE LA VILLE DE ROME Salle Clémentine Lundi 12 janvier 2009



Mesdames, Messieurs,

Au début de l'année nouvelle, une belle tradition veut que le Pape accueille dans sa maison les administrateurs de Rome, de sa province, et de la région du Latium pour un échange cordial de voeux. C'est ce qui a lieu ce matin également, dans un climat d'estime et d'amitié sincère: je vous remercie donc de votre présence appréciée. J'adresse tout d'abord un salut respectueux au président de la junte régionale du Latium, M. Pietro Marrazzo, au maire de Rome, M. Gianni Alemanno, et au président de la province de Rome, M. Nicola Zingaretti, en les remerciant des paroles courtoises qu'ils ont aimablement voulu m'adresser également au nom de leurs administrations respectives. Mon salut s'étend aux présidents des différentes assemblées des conseils, et à chacun de vous ici présents, à vos familles et aux chères populations que vous représentez.

Dans les interventions qui viennent d'être prononcées, j'ai saisi des espérances et des préoccupations. Il ne fait aucun doute que la communauté mondiale traverse une période de grave crise économique, mais qu'elle est liée à la crise structurelle, culturelle et des valeurs. La situation difficile, relative à l'économie mondiale, entraîne partout d'inévitables retombées et touche donc également Rome, sa province et les villes et les villages du Latium. Face à un défi aussi difficile - c'est ce qui ressort également de vos paroles - la volonté de réagir doit être unanime, en surmontant les divisions et en concertant des stratégies qui, d'une part, si elles affrontent les urgences d'aujourd'hui, de l'autre, visent à dessiner un projet stratégique organique pour les années à venir, inspiré par des principes et des valeurs qui font partie du patrimoine idéal de l'Italie et, plus spécifiquement, de Rome et du Latium. Dans les moments difficiles de son histoire, le peuple sait retrouver une unité d'intentions et le courage, autour de la sage direction d'administrateurs éclairés, dont la préoccupation fondamentale est le bien de tous.

Chers amis, dans vos interventions, il apparaît clairement que les administrations que vous guidez apprécient la présence et l'activité de la communauté catholique; je tiens à répéter ici que celle-ci ne demande ni ne se vante d'aucun privilège, mais elle désire que sa propre mission spirituelle et sociale continue à susciter l'appréciation et la collaboration. Je vous remercie de votre disponibilité; je rappelle en effet que Rome et le Latium jouent un rôle particulier pour la chrétienté. Ici, les catholiques se sentent incités à un vif témoignage évangélique et à une action zélée de promotion humaine, en particulier aujourd'hui, devant les difficultés que nous connaissons bien. A cet égard, bien que les Caritas diocésaines, les communautés paroissiales et les associations catholiques n'épargnent pas leurs efforts pour prêter leur aide à ceux qui sont dans le besoin, une synergie entre toutes les institutions devient indispensable pour offrir des réponses concrètes aux nécessités croissantes des personnes. Je pense ici aux familles, en particulier à celles ayant des enfants en bas âge qui ont droit à un avenir serein, et aux personnes âgées, dont beaucoup vivent dans la solitude et dans des conditions difficiles; je pense à l'urgence du logement, à la carence du travail et au chômage des jeunes, à la difficile coexistence entre groupes ethniques différents, à la grande question de l'immigration et des nomades.

Si la mise en oeuvre de politiques économiques et sociales adéquates est la tâche de l'Etat, l'Eglise, à la lumière de sa doctrine sociale, est appelée à apporter sa contribution en stimulant la réflexion et en formant les consciences des fidèles et de tous les citoyens de bonne volonté. Aujourd'hui, plus que jamais, la société civile comprend peut-être que ce n'est qu'avec des styles de vie inspirés par la sobriété, par la solidarité et par la responsabilité, qu'il est possible de construire une société plus juste et un avenir meilleur pour tous. Une partie du devoir institutionnel des pouvoirs publics est de garantir à tous les habitants leurs propres droits, en prêtant attention à ce que soient clairement définis et réellement réalisés les devoirs de chacun. Voilà pourquoi la priorité incontournable est l'éducation au respect des normes, à la prise de responsabilités, à une organisation de vie qui réduise l'individualisme et la défense des intérêts de partie, pour tendre ensemble au bien de tous, en ayant particulièrement à coeur les attentes des sujets les plus faibles de la population, qui ne doivent pas être considérés comme un poids, mais comme une ressource à valoriser.

Dans cette optique, avec une intuition que je voudrais qualifier de prophétique, l'Eglise concentre depuis des années ses efforts sur le thème de l'éducation. Je désire exprimer ici ma gratitude pour la collaboration qui s'est instaurée entre vos administrations et les communautés ecclésiales en ce qui concerne les aumôneries et les constructions de nouveaux complexes paroissiaux dans les quartiers qui en sont dépourvus. Je suis certain qu'à l'avenir, un tel soutien mutuel, dans le respect des compétences réciproques, se consolidera ultérieurement, en ayant à l'esprit que les structures ecclésiales, dans le coeur d'un quartier, permettent non seulement l'exercice du droit fondamental de la personne humaine qui est la liberté religieuse, mais qu'elles sont en réalité des centres de regroupement et de formation aux valeurs sociales, à la coexistence pacifique, à la fraternité et à la paix.

Comment ne pas penser en particulier aux enfants et aux jeunes, qui sont notre avenir? Chaque fois que les faits divers rapportent des épisodes de violences commis par des jeunes, chaque fois que la presse parle d'accidents de la route où meurent tant de jeunes, me revient à l'esprit le thème de l'urgence éducative, qui demande aujourd'hui la plus large collaboration possible. Les valeurs naturelles et chrétiennes qui donnent une signification à la vie quotidienne et forment une vision de la vie ouverte à l'espérance s'affaiblissent, spécialement parmi les jeunes générations, alors qu'apparaissent en revanche des désirs éphémères et des attentes de courte durée, qui à la fin engendrent l'ennui et des échecs. Tout cela a comme conséquence néfaste l'affirmation de tendances à banaliser la valeur de la vie elle-même, pour se réfugier dans la transgression, dans la drogue et dans l'alcool, devenus pour certains un rite habituel du week-end. Même l'amour risque de se réduire à "une simple chose que l'on peut acheter et vendre" et "plus encore, l'homme devient une marchandise" (Deus caritas est ). Devant le nihilisme qui envahit de manière croissante le monde des jeunes, l'Eglise invite chacun à se consacrer sérieusement aux jeunes, à ne pas les laisser en proie à eux-mêmes et exposés à l'école de "mauvais maîtres", mais à les occuper à des initiatives sérieuses, qui leur permettent de comprendre la valeur de la vie dans une famille stable fondée sur le mariage. Ce n'est qu'ainsi qu'on leur donnera la possibilité de projeter leur avenir avec confiance. Quant à la communauté ecclésiale, qu'elle se rende encore davantage disponible à aider les nouvelles générations de Rome et du Latium à projeter de manière responsable leur avenir. Elle leur propose surtout l'amour du Christ, le seul qui puisse offrir des réponses approfondies aux interrogations les plus profondes de notre coeur.

Enfin, qu'il me soit permis de faire une brève considération relative au monde de la santé. Je connais bien l'effort que demande la tâche d'assurer à tous une assistance médicale adaptée dans le domaine des maladies physiques et psychiques, et combien la dépense qui doit être soutenue est importante. Dans ce domaine également, comme du reste dans le domaine scolaire, la communauté ecclésiale, héritière d'une longue tradition d'assistance envers les malades, continue, avec de nombreux sacrifices, à accomplir son activité dans les hôpitaux et les maisons de soin inspirés par les principes évangéliques. Au cours de l'année qui vient de s'écouler, malgré les difficultés des circonstances actuelles, on a perçu de la part de la région du Latium des signaux positifs d'aide aux structures de santé catholiques. Je suis certain que, en poursuivant les efforts en oeuvre, cette collaboration sera opportunément développée, de manière à ce que les personnes puissent continuer à utiliser le précieux service qu'accomplissent ces structures, reconnues pour leur compétence, leur professionnalisme, leur gestion financière avisée et leur attention à l'égard des malades et de leurs famille.

823 Mesdames et Messieurs! La tâche qui vous est confiée par les citoyens n'est pas facile: vous êtes confrontés à de nombreuses situations complexes qui nécessitent toujours plus souvent des interventions et des décisions qui ne sont pas simples et parfois impopulaires. Soyez encouragés et réconfortés par la conscience que, alors que vous rendez un service important à la société d'aujourd'hui, vous contribuez à construire un monde véritablement humain pour les générations nouvelles. La contribution la plus importante dont le Pape vous assure, et il le fait avec beaucoup d'affection, est sa prière quotidienne, afin que le Seigneur vous illumine et fasse toujours de vous d'honnêtes serviteurs du bien commun. Avec ces sentiments, j'invoque l'intercession maternelle de la Vierge, vénérée dans de nombreuses localités du Latium, et de l'apôtre Paul, dont nous commémorons le bimillénaire de la naissance, tandis que j'implore la Bénédiction de Dieu sur vous, sur vos familles et sur ceux qui vivent à Rome, dans sa province et dans la région tout entière.


AUX ÉVÊQUES DE L'IRAN EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM" Vendredi 16 janvier 2009


Chers et vénérés Frères dans l’Episcopat,

C’est avec joie et affection que je vous reçois ce matin. Je salue particulièrement Son Excellence Monseigneur Ramzi Garmou, Archevêque de Téhéran des Chaldéens et Président de la Conférence Episcopale Iranienne, qui vient de m’adresser en votre nom de belles paroles. Vous êtes les Ordinaires des Eglises arménienne, chaldéenne et latine. Vous représentez donc, chers Frères, la richesse de l’unité dans la diversité qui existe au sein de l’Eglise catholique et dont vous témoignez quotidiennement dans la République Islamique d’Iran. Je saisis cette occasion pour exprimer à tout le peuple iranien mon salut cordial dont vous vous ferez les interprètes auprès de vos communautés. Aujourd’hui comme jadis, l’Eglise catholique ne cesse d’encourager tous ceux qui ont à coeur le bien commun et la paix entre les nations. Pour sa part, l’Iran, pont entre le Moyen Orient et l’Asie subcontinentale, ne manquera pas, lui aussi, de réaliser cette vocation.

Je suis surtout très heureux de pouvoir vous exprimer personnellement mon appréciation cordiale pour le service que vous rendez dans une terre où la présence chrétienne est antique et où elle s’est développée et maintenue au cours des divers aléas de l’histoire iranienne. Ma reconnaissance va également aux prêtres, aux religieux et aux religieuses qui oeuvrent dans ce vaste et beau pays. Je sais combien leur présence est nécessaire et combien l’assistance spirituelle et humaine qu’ils assurent aux fidèles, à travers un contact direct et quotidien, est précieuse et offre à tous un beau témoignage. Je pense de manière particulière aux soins apportés aux personnes âgées et à l’assistance donnée à des catégories sociales déterminées particulièrement dans le besoin. Je salue aussi à travers vous toutes les personnes engagées dans les oeuvres d’Eglise. Je voudrais évoquer aussi la belle contribution de l’Eglise catholique, en particulier à travers Caritas, à l’oeuvre de reconstruction, après le terrible tremblement de terre qui a frappé la région de Bam. Je ne veux pas oublier l’ensemble des fidèles catholiques dont la présence sur la terre de leurs ancêtres fait penser à l’image biblique du levain dans la pâte (cf. Mt 13,33), qui fait lever le pain, lui donne saveur et consistance. A travers vous, chers Frères, je voudrais tous les remercier de leur constance et persévérance et les encourager à demeurer fidèles à la foi de leurs pères et à rester attachés à leur terre pour collaborer au développement de la nation.

Même si vos différentes Communautés vivent dans des contextes variés, certains problèmes leur sont communs. Il leur faut développer d’harmonieuses relations avec les institutions publiques qui, avec la grâce de Dieu, s’approfondiront certainement peu à peu et leur permettront de réaliser au mieux leur mission d’Eglise dans le respect mutuel et pour le bien de tous. Je vous encourage à promouvoir toutes les initiatives qui favorisent une meilleure connaissance réciproque. Deux voies peuvent être explorées : celle du dialogue culturel, richesse plurimillénaire de l’Iran, et celle de la charité. Cette dernière illuminera la première et en sera le moteur. « L’amour prend patience ; l’amour rend service… L’amour ne passera jamais… » (1Co 13,4 et 8). Pour réaliser cet objectif, et surtout pour le progrès spirituel de vos fidèles respectifs, il est nécessaire d’avoir des ouvriers qui sèment et qui moissonnent : des prêtres, des religieux et des religieuses. Vos communautés réduites en nombre ne permettent pas l’émergence de nombreuses vocations locales qu’il est pourtant nécessaire d’encourager. Par ailleurs, la difficile mission des prêtres et des religieux les oblige à se déplacer pour rejoindre les différentes communautés chrétiennes disséminées sur l’ensemble du pays. Pour dépasser cette difficulté concrète et d’autres, la constitution d’une Commission bilatérale avec vos Autorités est à l’étude pour permettre aussi de développer les relations et la connaissance mutuelles entre la République Islamique d’Iran et l’Eglise catholique.

Je voudrais mentionner un autre aspect de votre quotidien. Parfois les chrétiens de vos communautés cherchent ailleurs des possibilités plus favorables pour leur vie professionnelle et pour l’éducation de leurs enfants. Ce désir légitime se rencontre chez les habitants de nombreux pays et se trouve ancré dans l’humaine condition qui cherche toujours un meilleur. Cette situation vous incite, en tant que pasteurs de votre troupeau, à aider particulièrement les fidèles qui demeurent en Iran et à les encourager à rester en contact avec les membres de leurs familles qui ont choisi un autre destin. Ceux-ci seront ainsi en mesure de maintenir leur identité et leur foi ancestrale. Le chemin qui s’ouvre devant vous est long. Il demande beaucoup de constance et de patience. L’exemple de Dieu qui est miséricordieux et patient avec son peuple sera votre modèle et vous aidera à parcourir l’espace nécessaire au dialogue.

Vos Eglises sont héritières d’une noble tradition et d’une longue présence chrétienne en Iran. Elles ont contribué, chacune à leur manière, à la vie et à l’édification du pays. Elles désirent poursuivre leur oeuvre de service en Iran en maintenant leur identité propre et en vivant librement leur foi. Dans ma prière, je n’oublie pas votre pays et les communautés catholiques présentes sur son sol et je demande à Dieu de les bénir et de les assister.

Chers frères dans l’Episcopat, je désire vous assurer de mon affection et de mon soutien. Je vous saurais gré, lorsque vous retournerez en Iran, de dire à vos prêtres, à vos religieux et à vos religieuses, ainsi qu’à tous vos fidèles, que le Pape est proche d’eux et qu’il prie pour eux. Que la tendresse maternelle de la Vierge Marie vous accompagne dans votre mission apostolique et que la Mère de Dieu présente à son divin Fils toutes les intentions, tous les soucis et toutes les joies des fidèles de vos diverses communautés ! J’invoque sur vous en cette année dédiée à saint Paul, l’Apôtre des Nations, une Bénédiction particulière.

VIDÉOCONFÉRENCE AU TERME DE LA

MESSE DE CONCLUSION DE LA

VI RENCONTRE MONDIALE DES FAMILLES

À MEXICO

Dimanche 18 janvier 2009



Chers frères et soeurs,

824 1. Je vous salue avec affection, au terme de cette solennelle célébration eucharistique avec laquelle se conclut la vi Rencontre mondiale des familles à Mexico. Je rends grâce à Dieu pour les nombreuses familles qui, sans épargner leurs efforts, se sont réunies autour de l'autel du Seigneur.

Je salue de manière particulière le cardinal-secrétaire d'Etat, Tarcisio Bertone, qui a présidé cette célébration en tant que mon légat. Je désire exprimer mon affection et ma gratitude au cardinal Ennio Antonelli, et également aux membres du Conseil pontifical pour la famille, qu'il préside; au cardinal-archevêque primat de Mexico, Norberto Rivera Carrera, et à la commission centrale qui s'est occupée de l'organisation de cette vi Rencontre mondiale. Ma reconnaissance va également à tous ceux qui, avec un généreux engagement et dévouement, ont rendu sa réalisation possible. Je salue également les cardinaux et les évêques présents à la célébration, en particulier les membres de la Conférence épiscopale mexicaine et les autorités de cette nation bien-aimée, qui ont généreusement accueilli et rendu possible cet important événement.

Les Mexicains savent bien qu'ils sont très proches du coeur du Pape. Je pense à eux et j'offre à Dieu le Père leurs joies et leurs espérances, leurs projets et leurs préoccupations. Au Mexique, l'Evangile s'est profondément enraciné, forgeant ses traditions, sa culture et l'identité de son noble peuple. Il faut conserver ce riche patrimoine, afin qu'il continue à être une source d'énergies morales et spirituelles pour affronter avec courage et créativité les défis d'aujourd'hui et pour l'offrir comme un don précieux aux nouvelles générations.

J'ai participé avec joie et intérêt à cette Rencontre mondiale, en particulier à travers ma prière, donnant des orientations spécifiques et suivant constamment sa préparation et son déroulement. Aujourd'hui, à travers les moyens de communication, j'ai accompli un pèlerinage spirituel jusqu'à ce sanctuaire marial, coeur du Mexique et de toute l'Amérique, pour confier à Notre-Dame de Guadalupe toutes les familles du monde.

2. Cette rencontre mondiale des familles a voulu encourager les foyers chrétiens, afin que leurs membres soient des personnes libres et riches de valeurs humaines et évangéliques, en marche vers la sainteté, qui est le meilleur service que les chrétiens puissent offrir à la société actuelle. La réponse chrétienne face aux défis que doit affronter la famille, et la vie humaine en général, consiste à renforcer la confiance dans le Seigneur et la vigueur qui naît de la foi elle-même, qui se nourrit de l'écoute attentive de la Parole de Dieu. Qu'il est beau de se réunir en famille pour laisser Dieu parler au coeur de ses membres à travers sa Parole vivante et efficace! Dans la prière, en particulier dans la récitation du Rosaire, comme cela a été fait hier, la famille contemple les mystères de la vie de Jésus, intériorise les valeurs qu'elle médite et se sent appelée à les incarner dans sa propre vie.

3. La famille est un fondement indispensable pour la société et pour les peuples, et également un bien irremplaçable pour les enfants, dignes de venir au monde comme un fruit de l'amour, du don total et généreux des parents. Comme Jésus l'a souligné, en honorant la Vierge Marie et saint Joseph, la famille occupe une place fondamentale dans l'éducation de la personne. Elle est une véritable école d'humanité et de valeurs éternelles. Personne ne s'est donné la vie tout seul. C'est d'autres personnes que nous avons reçu la vie, qui se développe et mûrit avec les vérités et les valeurs que nous apprenons dans la relation et dans la communion avec les autres. Dans ce sens, la famille fondée sur le mariage indissoluble entre un homme et une femme exprime cette dimension relationnelle, filiale et communautaire, et elle est le milieu dans lequel l'homme peut naître avec dignité et croître et se développer de manière intégrale (cf. Homélie lors de la Messe de la v Rencontre mondiale des familles, Valence, 9 juillet 2006).

Ce travail éducatif se heurte cependant à un concept trompeur de liberté, dans lequel le caprice et les impulsions subjectives de l'individu sont exaltés au point de laisser chacun enfermé dans la prison du propre moi. La véritable liberté de l'être humain provient du fait d'avoir été créé à l'image et à la ressemblance de Dieu, elle doit donc être exercée avec responsabilité en optant toujours pour le bien authentique, afin qu'elle se convertisse en amour, en don de soi. Dans ce but, plus que les théories, c'est la proximité et l'amour caractéristiques de la communauté familiale qui sont nécessaires. C'est dans le foyer domestique que l'on apprend à vivre véritablement, à valoriser la vie et la santé, la liberté et la paix, la justice et la vérité, le travail, la concorde et le respect.

4. Aujourd'hui plus que jamais, le témoignage et l'engagement public de tous les baptisés sont nécessaires pour réaffirmer la dignité et la valeur unique et irremplaçable de la famille fondée sur le mariage entre un homme et une femme et ouvert à la vie, et également de la vie humaine à toutes ses étapes. Il faut par ailleurs promouvoir des mesures législatives et administratives pour soutenir les familles dans leurs droits inaliénables, dont elles ont besoin pour réaliser leur mission extraordinaire. Les témoignages présentés lors de la célébration d'hier montrent qu'aujourd'hui également, la famille peut rester solide dans l'amour de Dieu et renouveler l'humanité au cours du nouveau millénaire.

5. Je désire exprimer ma proximité et assurer de ma prière toutes les familles qui rendent un témoignage de fidélité dans des circonstances particulièrement difficiles. J'encourage les familles nombreuses, qui, vivant parfois au milieu des contrariétés et des incompréhensions, donnent un exemple de générosité et de confiance en Dieu, en souhaitant que ne leur manquent pas les aides nécessaires. Je pense également aux familles qui souffrent de la pauvreté, de la maladie, de l'exclusion et de l'émigration, et de manière particulière aux familles chrétiennes qui sont persécutées à cause de leur foi. Le Pape est très proche de vous tous et vous accompagne dans vos efforts quotidiens.

6. Avant de conclure cette rencontre, je suis heureux d'annoncer que la vii Rencontre mondiale des familles se tiendra, si Dieu le veut, en Italie, dans la ville de Milan, en 2012, sur le thème: "La famille, le travail et la fête". Je remercie sincèrement le cardinal Dionigi Tettamanzi, archevêque de Milan, de la bienveillance dont il a fait preuve en acceptant cet important engagement.

7. Je confie toutes les familles du monde à la protection de la Très Sainte Vierge, si vénérée dans la noble terre mexicaine, sous le titre de Guadalupe. A Elle, qui nous rappelle toujours que notre bonheur consiste à accomplir la volonté du Christ (cf.
Jn 2,5), je dis à présent:

825 Très Sainte Mère de Guadalupe,
qui as montré ton amour
et ta tendresse
aux peuples du continent américain,
comble de joie et d'espérance
tous les peuples
et toutes les familles du monde.

A Toi, qui précèdes
et guides notre chemin de foi,
vers la patrie éternelle,
nous confions les joies, les projets,
826 les préoccupations et les aspirations
de toutes les familles,

O Marie,
nous avons recours à Toi
en nous confiant
à ta tendresse de Mère.
N'ignore pas les prières
que nous t'adressons
pour les familles du monde entier
en cette période cruciale
de l'histoire
827 mais accueille-nous tous
dans ton coeur de Mère
et accompagne-nous
sur notre chemin
vers la patrie céleste.

Amen.



Discours 2005-2013 821