Discours 2005-2013 27209

AUX MEMBRES DES ASSOCIATIONS PRO PETRI SEDE ET ETRENNES PONTIFICALES Vendredi 27 février 2009

27209

Chers amis,

Je suis particulièrement heureux de vous accueillir alors que vous accomplissez le pèlerinage qui, tous les deux ans, vous conduit sur le tombeau des Apôtres afin de demander au Seigneur de fortifier votre foi et de bénir les efforts que vous faites pour témoigner généreusement de son amour.

L’année paulinienne nous offre l’occasion, à travers la méditation de la parole de l’Apôtre des Nations, de reprendre une conscience plus vive du fait que l’Église est un Corps, à travers lequel circule une même vie qui est celle de Jésus. De ce fait, chaque membre du corps ecclésial est relié de façon très profonde à tous les autres et ne saurait ignorer leurs besoins. Nourris du même pain eucharistique, les baptisés ne peuvent pas demeurer indifférents lorsque manque le pain sur la table des hommes. Cette année encore, vous avez accepté d’entendre l’appel à élargir l’espace de votre coeur aux nécessités des déshérités, afin que les membres du Corps du Christ que la misère affecte soient soulagés et qu’ils deviennent ainsi plus vivants et plus libres pour témoigner de la Bonne Nouvelle.

En confiant le fruit de votre épargne au successeur de Pierre, vous lui permettez d’exercer une charité concrète et active qui est le signe de sa sollicitude pour toutes les Églises, pour chaque baptisé et pour chaque homme. Soyez-en très vivement remerciés au nom de toutes les personnes que votre générosité viendra soutenir dans la lutte contre les maux qui portent atteinte à leur dignité. En combattant la pauvreté, nous donnons plus de chance à la paix d’advenir et de s’enraciner dans les coeurs.

Vous confiant, vous et toutes les personnes que vous aimez, à l’intercession de la Bienheureuse Vierge Marie, Mère de miséricorde, je vous accorde de grand coeur la Bénédiction apostolique, ainsi qu’aux membres de vos deux associations et à leurs familles.

Mars 2009



CONCLUSION DES EXERCICES SPIRITUELS DE LA CURIE ROMAINE Chappelle "Redemptoris Mater" Samedi 7 mars 2009



Eminence, chers vénérés confrères,

L'une des belles fonctions du Pape est de dire "merci". En ce moment, je voudrais, Eminence, au nom de chacun de nous, vous remercier de tout coeur pour ces méditations que vous nous avez fait partager. Vous nous avez guidés, éclairés, aidés à renouveler notre sacerdoce. Il ne s'est pas agi d'une acrobatie théologique. Vous ne nous avez pas offert d'acrobaties théologiques, mais vous nous avez donné une saine doctrine, le bon pain de notre foi.

En écoutant vos paroles, une prophétie du prophète Ezéchiel m'est venue à l'Esprit, interprétée par saint Augustin. Dans le livre d'Ezéchiel, le Seigneur, le Dieu pasteur, dit au peuple: je guiderai mes brebis sur les monts d'Israël, sur les verts pâturages. Et saint Augustin se demande où sont ces monts d'Israël, ce que sont ces verts pâturages. Et il dit: les monts d'Israël, les verts pâturages sont l'Ecriture Sainte, la Parole de Dieu qui nous donne la véritable nourriture.

856 Votre prédication a été imprégnée de l'Ecriture Sainte, avec une grande familiarité avec la Parole de Dieu lue dans le contexte de l'Eglise vivante, des Pères jusqu'au catéchisme de l'Eglise catholique, toujours inscrite dans le contexte de la lecture, de la liturgie. Et, précisément ainsi, l'Ecriture a été présente dans sa pleine actualité. Votre théologie, comme vous nous l'avez dit, n'a pas été une théologie abstraite, mais elle a été marquée par un sain réalisme. J'ai admiré et aimé cette expérience concrète de vos cinquante ans de sacerdoce, dont vous avez parlé et à la lumière desquels vous nous avez aidés à concrétiser notre foi. Vous nous avez adressé des paroles justes, concrètes pour notre vie, pour notre comportement de prêtres. Et j'espère qu'un grand nombre de personnes liront également ces paroles et les prendront à coeur.

Au début, vous avez commencé par ce beau récit, toujours fascinant, des premiers disciples qui suivent Jésus. Encore un peu incertains et timides, ils demandent: Maîre, où habites-tu? Et la réponse, dont vous nous avez donné l'interprétation, est: "venez et voyez". Pour voir, nous devons venir, nous devons marcher et suivre Jésus, qui nous précède toujours. Ce n'est qu'en marchant et en suivant Jésus que nous pouvons également voir. Vous nous avez montré où habite Jésus, où se trouve sa demeure: dans son Eglise, dans sa Parole, dans la Très Sainte Eucharistie.

Merci, Eminence, de nous avoir guidés. Avec un nouvel élan et avec une nouvelle joie, nous entreprenons le chemin vers la Pâque. Je vous souhaite à tous un bon Carême et une bonne Pâque.

VISITE AU CAPITOLE Salle Jules César du palais sénatorial Lundi 9 mars 2009



Monsieur le maire,
Monsieur le président du Conseil municipal,
Mesdames et Messieurs les assesseurs et conseillers de la mairie de Rome,
Illustres autorités,
Chers amis!

Comme cela a été rappelé, ce n'est pas la première fois qu'un Pape est accueilli avec tant de cordialité dans ce palais sénatorial, et qu'il prend la parole dans cette solennelle Salle du conseil, dans laquelle se réunissent les plus hauts représentants de l'administration de la ville. Les annales de l'histoire enregistrent tout d'abord la brève halte du bienheureux Pie IX sur la place du capitole, après sa visite à la basilique de l'Ara Coeli, le 16 septembre 1870. La visite accomplie par le Pape Paul VI le 16 avril 1966 est beaucoup plus récente, suivie par celle de mon vénéré prédécesseur Jean-Paul II, le 15 janvier 1998. Ce sont des gestes qui témoignent de l'affection et de l'estime que les Successeurs de Pierre, Pasteurs de la communauté catholique romaine et de l'Eglise universelle, nourrissent depuis toujours à l'égard de Rome, coeur de la civilisation latine et chrétienne, "mère accueillante pour les peuples" (cf. Prudence, Peristephanon, poésie 11, 191) et "disciple de la vérité" (cf. Léon le Grand, Tract. septem et nonaginta).

857 C'est donc avec une émotion compréhensible que je prends à présent la parole au cours de ma visite d'aujourd'hui. Je la prends pour vous exprimer tout d'abord, Monsieur le maire, ma reconnaissance pour l'invitation courtoise à visiter le Capitole, que vous m'avez adressée au début de votre mandat de premier magistrat de l'Urbs. Merci également des paroles profondes avec lesquelles, interprétant les pensées des personnes présentes, vous m'avez accueilli. Mon salut s'étend à Monsieur le président du Conseil municipal, que je remercie des nobles sentiments exprimés également au nom de ses collègues. J'ai suivi avec une grande attention les réflexions aussi bien du maire que du président, et j'ai saisi dans celles-ci la ferme volonté de l'administration de servir cette ville en recherchant son bien-être matériel, social et spirituel véritable et intégral. Mon salut cordial va enfin aux assesseurs et aux conseillers municipaux, aux représentants du gouvernement, aux autorités et aux personnalités, ainsi qu'à toute la population romaine.

A travers ma présence aujourd'hui sur cette colline, siège et emblème de l'histoire et de la mission de Rome, j'ai à coeur de renouveler l'assurance de l'attention paternelle que l'évêque de la communauté catholique nourrit non seulement à l'égard des membres de celle-ci, mais également de tous les Romains et de ceux qui, de différentes parties d'Italie et du monde, viennent dans la capitale pour des raisons religieuses, touristiques, de travail, ou pour y demeurer en s'intégrant dans le tissu de la ville. Je suis ici aujourd'hui pour encourager votre engagement difficile, vous qui êtes les administrateurs au service de cette métropole particulière; pour partager les attentes et les espérances des habitants et pour en écouter les préoccupations et les problèmes dont vous vous faites les interprètes responsables dans ce palais, qui constitue le coeur naturel et dynamique des projets qui bouillonnent dans le "chantier" de la Rome du troisième millénaire. Monsieur le maire, j'ai saisi dans votre intervention la ferme intention d'oeuvrer pour que Rome continue à être un phare de vie et de liberté, de civilisation morale et de développement durable, promu dans le respect de la dignité de chaque être humain et de sa foi religieuse. J'ai à coeur de vous assurer, ainsi qu'à vos collaborateurs, que l'Eglise catholique, comme toujours, apportera son soutien actif à chaque initiative culturelle et sociale en vue de promouvoir le bien authentique de chaque personne et de la ville dans son ensemble. Le don du "Compendium de la doctrine sociale de l'Eglise", que j'offre avec affection au maire et aux autres administrateurs, veut être le signe de cette collaboration.

Monsieur le maire, Rome a toujours été une ville accueillante. En particulier au cours des derniers siècles, celle-ci a ouvert ses instituts universitaires et ses centres de recherche d'Etat et ecclésiastiques à des étudiants provenant de toutes les parties du monde, qui, de retour dans leur pays, sont ensuite appelés à remplir des rôles et à assumer de hautes responsabilités dans différents secteurs de la société, ainsi que dans l'Eglise. Notre ville, comme du reste toute l'Italie et toute l'humanité, doit affronter aujourd'hui de nouveaux défis culturels, sociaux et économiques, à cause des profondes transformations et des nombreux changements survenus au cours de ces dernières décennies. Rome s'est peu à peu peuplée de personnes provenant d'autres nations et qui appartiennent à des cultures et des traditions religieuses différentes, et à la suite de cela, elle possède désormais le visage d'une métropole multiethnique et multireligieuse, dans laquelle l'intégration est parfois difficile et complexe. La communauté catholique apportera toujours une contribution convaincue pour trouver des modalités toujours mieux adaptées en vue de sauvegarder les droits fondamentaux de la personne dans le respect du droit. Monsieur le maire, je suis moi aussi persuadé, comme vous l'avez affirmé, qu'en puisant une nouvelle sève aux racines de son histoire façonnée par le droit antique et par la foi chrétienne, Rome saura trouver la force pour exiger de tous le respect des règles de la coexistence civile et rejeter toute forme d'intolérance et de discrimination.

Qu'il me soit permis, en outre, de souligner que les épisodes de violence, que tous déplorent, expriment un malaise plus profond; ils sont le signe - dirais-je - d'une véritable pauvreté spirituelle qui afflige le coeur de l'homme contemporain. L'élimination de Dieu et de sa loi, comme condition de la réalisation du bonheur de l'homme, n'a en aucune manière atteint son objectif; au contraire, elle prive l'homme des certitudes spirituelles et de l'espérance nécessaires pour affronter les difficultés et les défis quotidiens. Lorsque, par exemple, il manque l'essieu central sur une roue, c'est toute sa fonction motrice qui disparaît. Ainsi, la morale ne peut remplir sa fonction ultime si elle n'a pas comme axe l'inspiration et la soumission à Dieu, source et juge de tout bien. Face à l'affaiblissement préoccupant des idéaux humains et spirituels qui ont fait de Rome un "modèle" de civilisation pour le monde entier, l'Eglise, à travers les communautés paroissiales et les autres réalités ecclésiales, s'engage dans une vaste oeuvre d'éducation, visant à faire redécouvrir ces valeurs éternelles, en particulier aux nouvelles générations. A l'époque post-moderne, Rome doit retrouver son âme la plus profonde, ses racines civiles et chrétiennes, si elle veut devenir promotrice d'un nouvel humanisme qui place en son centre la question de l'homme reconnu dans sa pleine réalité. Séparé de Dieu, l'homme serait privé de sa vocation transcendante. Le christianisme est porteur d'un message lumineux sur la vérité de l'homme, et l'Eglise, qui est dépositaire de ce message, est consciente de sa responsabilité à l'égard de la culture contemporaine.

Combien d'autres choses aimerais-je dire en ce moment! En tant qu'évêque de cette ville, je ne peux oublier qu'à Rome également, à cause de la crise économique actuelle que j'évoquais précédemment, est en augmentation le nombre de ceux qui, ayant perdu leur travail, se retrouvent dans des conditions précaires et, parfois, n'arrivent pas à faire face aux engagements financiers qu'ils ont pris; je pense par exemple à l'achat ou à la location d'un appartement. Un effort en commun est alors nécessaire entre les diverses institutions pour répondre aux besoins de ceux qui vivent dans la pauvreté. La communauté chrétienne, à travers les paroisses et les autres structures caritatives, est déjà engagée à soutenir quotidiennement de nombreuses familles qui ont des difficultés à maintenir un niveau de vie digne, et, comme cela a déjà été le cas récemment, elle est prête à collaborer avec les autorités chargées de rechercher le bien commun. Dans ce cas également, les valeurs de la solidarité et de la générosité, qui sont enracinées dans le coeur des romains, pourront être soutenues par la lumière de l'Evangile, afin que tous assument à nouveau les exigences des personnes les plus en difficulté, se sentant membres d'une unique famille. En effet, plus se développera chez chaque citoyen la conscience de se sentir responsable personnellement de la vie et de l'avenir des habitants de notre ville, plus grandira la confiance de pouvoir surmonter les difficultés du moment présent.

Et que dire des familles, des enfants et de la jeunesse? Je vous remercie, Monsieur le maire, car à l'occasion de ma visite, vous m'avez offert en don un signe d'espérance pour les jeunes, en lui donnant mon nom, celui d'un Pape âgé qui se tourne avec confiance vers les jeunes et qui prie chaque jour pour eux (ndlr: à l'occasion de sa visite, le maire de Rome a offert au Pape un terrain pour les jeunes, sur lequel sera édifié un centre qui portera son nom). Les familles, la jeunesse, peuvent espérer en un avenir meilleur dans la mesure où l'individualisme laissera la place à des sentiments de collaboration fraternelle entre toutes les composantes de la société civile et de la communauté chrétienne. Puisse ce projet en construction être également un encouragement pour Rome à créer un tissu social d'accueil et de respect, où la rencontre entre la culture et la foi, entre la vie sociale et le témoignage religieux, contribue à former des communautés véritablement libres et animées par des sentiments de paix. L'"Observatoire pour la liberté religieuse", en cours de réalisation, que vous venez d'évoquer, pourra également apporter sa contribution particulière à cela.
Monsieur le maire, chers amis, au terme de mon intervention, permettez-moi de tourner mon regard vers la Vierge à l'Enfant, qui, depuis des siècles, dans cette Salle, veille maternellement sur les travaux de l'administration de la ville. Je lui confie chacun de vous, ainsi que votre travail et les intentions de bien qui vous animent. Puissiez-vous oeuvrer toujours en harmonie au service de cette ville bien-aimée, dans laquelle le Seigneur m'a appelé à accomplir mon ministère épiscopal. J'invoque sur chacun de vous une abondance de Bénédictions divines, et j'assure à tous mon souvenir dans la prière. Merci pour votre accueil!



VISITE AU CAPITOLE

SALUTATION

À LA POPULATION ROMAINE Palais du Capitol Lundi 9 mars 2009



Chers frères et soeurs,

Après avoir rencontré les administrateurs de la ville, je suis très content de vous saluer cordialement, vous tous qui êtes rassemblés sur la place du Capitole, vers laquelle s'élancent dans une étreinte idéale les bras de la colonnade avec laquelle le Bernin a complété la splendide structure de la Basilique vaticane. Vivant à Rome depuis de très nombreuses années, je suis désormais devenu un peu romain; mais je me sens davantage romain en tant que votre Evêque. C'est donc avec une plus vive participation que j'adresse, à travers chacun de vous, ma pensée à tous "nos" concitoyens, que vous représentez d'une certaine façon aujourd'hui: les familles, les communautés et les paroisses, les enfants, les jeunes et les personnes âgées, les porteurs de handicap et les malades, les volontaires et les agents des services sociaux, les immigrés et les pèlerins. Je remercie le cardinal-vicaire qui m'accompagne dans ma visite, et j'encourage à poursuivre dans leur engagement tous ceux - prêtres, personnes consacrées et fidèles laïcs - qui collaborent activement avec les administrations publiques pour le bien de Rome, de ses banlieues et de ses faubourgs.

858 Il y a quelques jours, précisément en m'entretenant avec les curés et les prêtres de Rome, je disais que le coeur romain est un "coeur de poésie", pour souligner que la beauté est presque "son privilège, son charisme naturel". Rome est belle en raison des vestiges de son antiquité, de ses institutions culturelles et des monuments qui racontent son histoire, de ses églises et de ses nombreux chefs-d'oeuvre d'art. Mais Rome est belle surtout en raison de la générosité et de la sainteté d'un grand nombre de ses fils, qui ont laissé des traces éloquentes de leur passion pour la beauté de Dieu, la beauté de l'amour qui ne se fâne pas, ni ne vieillit. De cette beauté furent témoins les apôtres Pierre et Paul ainsi que la foule de martyrs du début du christianisme; de nombreux hommes et femmes en ont été témoins, qui, romains de naissance ou d'adoption, se sont consacrés tout au long des siècles, au service des jeunes, des malades, des pauvres et de toutes les personnes dans le besoin. Je me limite à en citer quelques-uns: le diacre saint Laurent, sainte Françoise Romaine, dont la fête tombe précisément aujourd'hui, saint Philippe Neri, saint Gaspard del Bufalo, saint Jean-Baptiste De Rossi, saint Vincent Pallotti, la bienheureuse Anna Maria Taigi, les bienheureux époux Luigi et Maria Beltrami Quattrocchi. Leur exemple montre que, lorsqu'une personne rencontre le Christ, elle ne se referme pas sur elle-même, mais elle s'ouvre aux nécessités des autres, et dans tous les milieux de la société, elle place le bien de tous avant son propre intérêt.

Nous avons véritablement besoin de ces hommes et femmes, même à notre époque, car de nombreuses familles, de nombreux jeunes et adultes se trouvent dans des situations précaires et parfois même dramatiques; des situations qu'il n'est possible de surmonter qu'ensemble; comme l'enseigne également l'histoire de Rome, qui a connu bien d'autres moments difficiles. Je pense, à ce propos, à un vers du grand poète Ovide qui, dans l'une de ses élégies, encourageait ainsi les romains de l'époque: "Perfer et obdura: multo graviora tulisti - supporte et résiste: tu as surmonté des épreuves bien plus difficiles" (cf. Trist., livre. v, el. xi, v. 7). Outre la solidarité nécessaire et l'engagement de tous, nous pouvons toujours compter sur l'aide certaine de Dieu, qui n'abandonne jamais ses fils.

Chers amis, en rentrant dans vos maisons, communautés et paroisses, dites à ceux que vous rencontrerez que le Pape assure à tous sa compréhension, sa proximité spirituelle et sa prière. A chacun, en particulier à ceux qui sont malades, qui souffrent et qui connaissent de plus graves difficultés, apportez mon souvenir et la bénédiction de Dieu, que j'invoque à présent sur vous par l'intercession des saints Pierre et Paul, de sainte Françoise Romaine et en particulier de Marie Salus populi romani. Que Dieu bénisse et protège toujours Rome et tous ses habitants!

VISITE AU MONASTÈRE SAINTE FRANÇOISE ROMAINE

A TOR DE' SPECCHI Monastère Sainte Françoise Romaine à Rome Lundi 9 mars 2009



Chères soeurs oblates!

C'est avec une grande joie, après ma visite au Capitole, non loin d'ici, que je viens vous rencontrer dans ce monastère historique de sainte Françoise Romaine, alors que nous sommes encore en l'année du quatrième centenaire de sa canonisation, qui a eu lieu le 29 mai 1608. De plus, précisément aujourd'hui, est célébrée la fête de cette grande sainte, dans le souvenir de la date de sa naissance au ciel. Je suis donc particulièrement reconnaissant au Seigneur de pouvoir rendre cet hommage à la "plus romaine des saintes", qui suit de façon heureuse la rencontre que j'ai eue avec les membres de l'administration municipale au siège de celle-ci. En adressant mon salut cordial à votre communauté, et en particulier à la présidente, mère Maria Camilla Rea - que je remercie pour les paroles courtoises à travers lesquelles elle a interprété les sentiments communs - je l'étends à l'évêque auxiliaire, Mgr Ernesto Mandara, aux étudiantes qui séjournent ici et à toutes les personnes présentes.

Comme vous le savez, je viens de terminer, avec mes collaborateurs de la Curie romaine, les Exercices spirituels, qui coïncident avec la première semaine du Carême. Pendant cette période, j'ai ressenti une fois de plus combien le silence et la prière sont indispensables. Et j'ai pensé à sainte Françoise Romaine, à son dévouement total à Dieu et à son prochain, dont a jailli l'expérience de vie communautaire ici, à Tor de' Specchi. La contemplation et l'action, la prière et le service de charité, l'idéal monastique et l'engagement social: tout cela a trouvé ici un "laboratoire" riche de fruits, dans un lien étroit avec les moines Olivétains de Santa Maria Nova. Le véritable moteur, toutefois, de ce qui s'est réalisé ici au fil du temps, a été le coeur de Françoise, dans lequel l'Esprit Saint déversa ses dons spirituels et dans le même temps suscita de nombreuses initiatives de bien.

Votre monastère se trouve au coeur de la ville. Comment ne pas voir en cela presque le symbole de la nécessité de ramener au centre de la coexistence civile la dimension spirituelle, pour donner son sens plein aux multiples activités de l'être humain? Précisément dans cette perspective, votre communauté, avec toutes les autres communautés de vie contemplative, est appelée à être une sorte de "poumon" spirituel de la société, afin qu'à toutes les activités, à tout le dynamisme d'une ville ne manque pas le "souffle" spirituel, la référence à Dieu et à son dessein de salut. Tel est le service que rendent en particulier les monastères, lieux de silence et de méditation de la Parole divine, des lieux où l'on se préoccupe de garder toujours la terre ouverte vers le ciel. De plus, votre monastère possède une particularité spécifique, qui reflète naturellement le charisme de sainte Françoise Romaine. Ici est vécu un équilibre particulier entre la vie religieuse et la vie laïque, entre la vie dans le monde et la vie hors du monde. Un modèle qui n'est pas né sur le papier, mais de l'expérience concrète d'une jeune romaine: écrit - dirait-on - par Dieu lui-même dans l'existence extraordinaire de Françoise, dans son histoire de petite fille, d'adolescente, de très jeune épouse et mère, de femme mûre, conquise par Jésus Christ, comme le dirait saint Paul. Ce n'est pas pour rien que les murs de ce lieu sont décorés par des images de sa vie, pour montrer que le véritable édifice que Dieu aime construire est la vie des saints.

De nos jours également, Rome a besoin de femmes - et naturellement également d'hommes, mais je voudrais souligner ici la dimension féminine - des femmes, disais-je, entièrement données à Dieu et entièrement données à leurs prochains; des femmes capables de recueillement et d'un service généreux et discret; des femmes qui savent obéir aux pasteurs, mais également les soutenir et les encourager par leurs suggestions, mûries dans le dialogue avec le Christ et dans l'expérience directe dans le domaine de la charité, de l'assistance aux malades, aux laissés-pour-compte, aux mineurs en difficulté. C'est le don d'une maternité qui ne fait qu'un avec l'oblation religieuse, sur le modèle de la Très Sainte Vierge Marie. Pensons au mystère de la Visitation: après avoir conçu dans son coeur et dans sa chair le Verbe de Dieu, Marie se met immédiatement en route pour aider sa parente âgée, Elisabeth. Le coeur de Marie est le cloître où la Parole continue à parler dans le silence et, dans le même temps, est le foyer d'une charité qui pousse à des gestes courageux, ainsi qu'à un partage persévérant et caché.

Chères soeurs! Merci de la prière par laquelle vous accompagnez toujours le ministère du Successeur de Pierre, et merci pour votre présence précieuse au coeur de Rome. Je vous souhaite de ressentir chaque jour la joie de ne rien préférer à l'amour du Christ, une devise que nous avons héritée de saint Benoît, mais qui reflète bien la spiritualité de l'apôtre Paul, que vous vénérez comme patron de votre Congrégation. A vous, aux religieux olivétains et à toutes les personnes présentes, je donne de tout coeur une Bénédiction apostolique particulière.




À LA DÉLÉGATION DU GRAND RABBINAT D'ISRAËL ET DE LA COMMISSION DU SAINT-SIÈGE POUR LES RAPPORTS RELIGIEUX AVEC LE JUDAÏSME Jeudi 12 mars 2009

12309

Eminents représentants du grand rabbinat d'Israël,
chers délégués catholiques,

C'est pour moi un grand plaisir de vous accueillir, membres de la délégation du grand rabbinat d'Israël, avec les participants catholiques guidés par la Commission du Saint-Siège pour les rapports avec le judaïsme. Le dialogue important dans lequel vous êtes engagés est le fruit de la visite historique de mon bien-aimé prédécesseur le Pape Jean-Paul II en Terre Sainte en mars 2000. Son désir était d'instaurer un dialogue avec les institutions religieuses juives en Israël et son encouragement fut décisif pour atteindre cet objectif. En recevant les deux grands rabbins d'Israël en janvier 2004, il qualifia ce dialogue de "signe de grande espérance".

Au cours de ces sept années, non seulement l'amitié entre la commission et le grand rabbinat s'est accrue, mais vous avez également pu réfléchir sur des thèmes importants d'un intérêt commun tant pour les traditions juives que chrétiennes. Etant donné que nous reconnaissons l'existence d'un riche patrimoine spirituel commun, un dialogue fondé sur la compréhension et le respect mutuel, comme le recommande Nostra aetate (n. 4), est nécessaire et possible.

En travaillant ensemble, vous êtes devenus de plus en plus conscients des valeurs communes qui sont à la base de nos traditions religieuses respectives, en les étudiant au cours des sept rencontres qui ont eu lieu ici à Rome, ou à Jérusalem. Vous avez réfléchi sur le caractère sacré de la vie, les valeurs familiales, la justice sociale et la conduite éthique, l'importance de la Parole de Dieu exprimée dans les Ecritures Saintes pour la société et l'éducation, les relations entre les autorités religieuses et civiles et la liberté de religion et de conscience. Dans les déclarations communes rendues publiques après chaque rencontre, ont été soulignés des convictions qui s'enracinent dans nos deux croyances religieuses respectives, tandis que les différences de compréhension ont également été reconnues. L'Eglise reconnaît que les débuts de sa foi remontent à l'intervention divine historique dans la vie du peuple juif et que c'est là que notre relation unique trouve son fondement. Le peuple juif, qui a été choisi comme le peuple élu, communique à toute la famille humaine la connaissance et la fidélité au Dieu unique et au vrai Dieu. Les chrétiens reconnaissent volontiers que leurs racines se trouvent dans la même révélation de Dieu par lui-même, qui a nourri l'expérience religieuse du peuple juif.

Comme vous le savez, je me prépare à accomplir un pèlerinage en Terre Sainte. Mon intention est de prier en particulier pour le don précieux de l'unité et de la paix tant dans la région que pour la famille humaine partout dans le monde. Comme le rappelle le psaume 125, Dieu protège son peuple: "Jérusalem! Les montagnes l'entourent, ainsi Yahvé entoure son peuple dès maintenant et pour toujours". Puisse ma visite contribuer également à approfondir le dialogue de l'Eglise avec le peuple juif, afin que les juifs et les chrétiens tout comme les musulmans puissent vivre en paix et en harmonie sur cette Terre Sainte.

Je vous remercie pour votre visite et je renouvelle mon engagement personnel en vue de promouvoir la vision exprimée pour les générations à venir dans la déclaration Nostra aetate du Concile Vatican II.


AUX ÉVÊQUES D'ARGENTINE EN VISITE "AD LIMINA APSOTOLORUM" Salle du Consistoire Samedi 14 mars 2009

14309

Monsieur le cardinal,

bien-aimés frères dans l'épiscopat,

1. C'est pour moi un motif de joie profonde de vous souhaiter la bienvenue à l'occasion de cette rencontre avec le Successeur de Pierre et chef du collège épiscopal.

Je remercie le cardinal Jorge Mario Bergoglio, archevêque de Buenos Aires et président de la Conférence épiscopale d'Argentine, pour les paroles cordiales avec lesquelles il s'est fait l'interprète des sentiments de tous. A travers vous, je désire saluer également le clergé, les communautés religieuses et les laïcs de vos diocèses, en leur exprimant mon estime et ma proximité, ainsi que mon encouragement constant pour le devoir passionnant d'évangélisation qu'ils accomplissent avec un grand dévouement et une grande générosité.

2. Vous êtes venus ici pour vénérer les tombes des saints apôtres Pierre et Paul et partager avec l'Evêque de Rome les joies et les espérances, les expériences et les difficultés de votre ministère épiscopal. La visite ad limina est un moment significatif dans la vie de tous ceux auxquels a été confié le soin pastoral d'une partie du Peuple de Dieu, car à travers celle-ci, ils manifestent et renforcent leur communion avec le Souverain Pontife.

Le Seigneur a fondé l'Eglise afin qu'elle soit "en quelque sorte le sacrement, c'est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l'union intime avec Dieu et de l'unité de tout le genre humain" (Lumen gentium
LG 1). L'Eglise est en soi un mystère de communion, un "peuple qui tire son unité de l'unité du Père, du Fils et de l'Esprit Saint" (ibid., n. 4). En effet, Dieu a voulu apporter à tous les peuples la plénitude du salut en les faisant participer aux dons de la rédemption du Christ et en leur permettant d'entrer ainsi en communion de vie avec la Trinité.

3. Le ministère épiscopal est au service de l'unité et de la communion de tout le Corps mystique du Christ. L'évêque, qui est le principe et le fondement visible de l'unité dans son Eglise particulière, est appelé à promouvoir et à défendre l'intégrité de la foi et la discipline commune à toute l'Eglise, en enseignant en outre aux fidèles à aimer tous leurs frères (cf. ibid., n. 23).

Je désire vous exprimer ma reconnaissance pour votre ferme volonté de maintenir et de renforcer l'unité au sein de votre conférence épiscopale et de vos communautés diocésaines. Les paroles de notre Seigneur - "que tous soient un" (Jn 17,21) -, doivent être une source constante d'inspiration dans votre activité pastorale, qui se traduira sans aucun doute par une plus grande efficacité apostolique. Cette unité, que vous devez promouvoir intensément et de façon visible, sera en outre une source de réconfort dans la difficile fonction qui vous a été confiée. Grâce à cette collégialité affective et effective, aucun évêque n'est seul, car il est toujours étroitement uni au Christ, Bon Pasteur, et également, en vertu de son ordination épiscopale et de la communion hiérarchique, à ses frères dans l'épiscopat et à celui que le Seigneur a choisi comme Successeur de Pierre (cf. Jean-Paul II, Pastores gregis ). Je désire vous dire à présent, de façon particulière, que vous pouvez compter sur mon soutien, sur ma prière quotidienne et sur ma proximité spirituelle dans votre effort et dans votre engagement en vue de faire de l'Eglise "une maison et une école de communion" (Jean-Paul II, Novo millennio ineunte NM 43).

4. Cet esprit de communion trouve un terrain privilégié d'application dans les relations de l'évêque avec ses prêtres. Je connais bien votre volonté de prêter une plus grande attention aux prêtres et, avec le Concile Vatican ii, je vous encourage à vous soucier avec un amour de père et de frère "de l'état spirituel, intellectuel et matériel de [vos] prêtres pour qu'ils aient les moyens de mener une vie sainte et pieuse et d'accomplir fidèlement et avec fruit leur ministère" (Christus Dominus CD 16). Dans le même temps, je vous exhorte à faire preuve de charité et de prudence lorsque vous devez corriger des enseignements, des attitudes ou des comportements qui ne sont pas conformes à la condition sacerdotale de vos plus proches collaborateurs et qui, en outre, peuvent porter atteinte et semer la confusion dans la foi et la vie chrétienne des fidèles.

Le rôle fondamental que les prêtres exercent doit vous conduire à réaliser un grand effort pour promouvoir les vocations au sacerdoce. A cet égard, il serait opportun de programmer une pastorale matrimoniale et familiale plus incisive, qui tienne compte de la dimension vocationnelle du chrétien et également une pastorale des jeunes plus audacieuse, qui aide les jeunes à répondre avec générosité à l'appel que Dieu leur adresse. Il est également nécessaire d'intensifier la formation des séminaristes dans toutes ses dimensions, humaine, spirituelle, intellectuelle, affective et pastorale, en accomplissant, en outre, un travail exigeant de discernement des candidats aux ordres sacrés.

5. Dans cette optique d'approfondissement de la communion au sein de l'Eglise, il est d'une grande importance de reconnaître, de valoriser et d'encourager la participation des religieux à l'activité évangélisatrice diocésaine, qu'ils enrichissent à travers la contribution de leurs charismes respectifs.

En vertu de leur baptême, les fidèles sont également appelés à coopérer à l'édification du Corps du Christ. A cette fin, il faut les conduire à faire une expérience plus vivante de Jésus Christ et du mystère de son amour. Le contact constant avec le Seigneur à travers une intense vie de prière et une formation spirituelle et doctrinale adéquate, renforcera chez tous les chrétiens le plaisir de croire et de célébrer sa foi et la joie d'appartenir à l'Eglise, les poussant ainsi à participer activement à la mission de proclamer la Bonne Nouvelle à tous les hommes.

6. Chers frères, je vous assure une fois de plus de ma proximité et de ma prière quotidienne, ainsi que de ma ferme espérance dans le progrès et le renouveau spirituel de vos communautés. Que le Seigneur vous accorde la joie de le servir, guidant en son nom le troupeau qui vous a été confié! Que la Vierge Marie, Nuestra Señora de Luján, vous accompagne toujours et vous protège tous, ainsi que vos fidèles diocésains! Avec une grande affection, je vous donne une Bénédiction apostolique particulière.



Discours 2005-2013 27209