Augustin, les Psaumes 11912

DOUZIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME CXVIII - LA VANITÉ ET L'ENVIE

11912 Ps 119,37-40


Ici-bas nous sommes assujétis à la vanité, et le Psalmiste en veut détourner ses yeux, c'est-à-dire, ou qu'il veut être du nombre de ceux qui en seront délivrés, ou peut-être voudrait-il n'avoir jamais ni la vanité pour but de ses actions, c'est-à-dire la louange qui vient des hommes, ni mène le bien-être de cette vie, autrement il n'y aurait plus de martyrs. Faire cette prière, c'est reconnaître le besoin de a grâce; aussi le Prophète veut-il être affermi dans la crainte qui sanctifie.

Eloigner de lui l'opprobre du soupçon signifierait le détourner de soupçonner le mal chez les autres, ce qui est le propre de l'envie; et dès lors il veut être vivifié dans la justice de Dieu, ou dans la charité qui est le Christ.

1. Dans le psaume que nous avons entrepris d'expliquer, le Prophète continue: «Détournez mes yeux, afin qu'ils ne voient pas la vanité; vivifiez-moi dans votre voie». Vanité et venté sont fort opposées. L'amour de ce monde est vanité, mais le Christ qui nous délivre de ce monde est vérité. Il est la voie dans laquelle notre Prophète veut être vivifié, parce qu'il est aussi la vie; il a dit en effet: «Je suis la voie. la vérité et la vie 2». Mais qu'est-ce à dire: «Détournez mes yeux, afin qu'ils ne voient point la vanité?» Est-ce que l'on peut dérober à nos yeux la vanité pendant notre séjour sur la terre? « Toute créature, en effet, est soumise à la vanité 3»; ce que l'on entend de la vanité qui est dans l'homme; et encore: « Tout est vanité: quel est pour l'homme le profit du labeur qu'il s'impose sous le soleil 4?» Le Prophète voudrait-il demander à Dieu que sa vie ne soit point sous le soleil, où but est vanité, mais eu celui dans lequel il veut être vivifié? Car celui-là s'est élevé non-seulement au-dessus du soleil, mais «par-dessus tous les cieux, afin de remplir toutes choses 5». Et c'est plus en lui que sous le soleil que vivent ceux qui n'écoutent pas en vain cette parole de saint Paul: «Cherchez ce qui est en haut,

1. Ps 118,37. - 2. Jn 14,6.- 3. Rm 8,20.- 4. Si 1,2-3. - 5. Ep 4,10.

où Jésus-Christ est assis à la droite de Dieu; n'ayez du goût que pour les choses d'en haut, et non pour celles d'ici-bas, car vous êtes morts, et votre vie est cachée en Dieu avec Jésus-Christ 1». Et dès lors, si notre vie est où est aussi la vérité, elle n'est point sous le soleil, où est la vanité. Mais nous ne possédons un si grand bien que par l'espérance, et non en réalité. Et l'Apôtre n'a tenu ce langage que selon l'espérance; car, après avoir dit de la créature qu'elle est assujettie à la vanité, il ajoute que c'est contre son gré, et à cause de celui qui l'y a soumise dans l'espérance. C'est donc dans l'espérance de demeurer un jour fixés à la contemplation de la vérité, que nous sommes en attendant soumis aux choses vaines. Car la créature spirituelle, et animale et corporelle, se trouve dans l'homme, ou plutôt est l'homme lui-même. Elle a péché de son plein gré, et dès lors est devenue ennemie de la vérité; et son juste châtiment est d'être assujettie à la vanité contre son gré. Enfin l'Apôtre ajoute un peu plus loin: «Non-seulement ces créatures, mais nous aussi, qui possédons les prémices de l'Esprit 2», c'est-à-dire nous qui sommes soumis à Dieu, et non à la vanité, non pas assurément dans tout ce que nous sommes, mais dans la supériorité que nous avons sur

1 Col 3,1-3. - 2. Rm 8,20-25.

Les animaux, ou par les prémices de l'esprit : «Nous gémissons en nous-mêmes dans l'attente de l'adoption qui sera la délivrance de notre corps. Nous sommes sauvés en effet, mais par l'espérance; car l'espérance que l'on voit n'est plus une espérance; comment espérer ce qu'on voit déjà? Si nous espérons ce que nous ne voyons pas encore, nous l'attendons par la patience». Aussi longtemps que nous sommes dans un corps dont nous espérons avec patience être délivrés par l'adoption divine, nous sommes assujettis à la vanité, en ce qu'il y a de nous sous le soleil. Comment donc serions-nous en état de ne point voir la vanité, à laquelle nous sommes assujettis en espérance? Pourquoi dès lors le Prophète nous dit-il: «Détournez mes yeux, afin qu'ils ne voient point la vanité?» Voudrait-il demander, non point que s'accomplisse en cette vie ce qui est l'objet de notre espérance, mais qu'il soit au nombre de ceux en qui cette espérance pourra s'accomplir aussitôt qu' «ils seront délivrés de la corruption» dans l'esprit, dans l'âme et dans le corps, pour être admis à la liberté et à la gloire des enfants de Dieu, où ils ne verront plus la vanité?

2. On peut entendre ainsi ces paroles et demeurer dans les règles de la foi: mais il est un antre sens qui, je l'avoue, me sourit davantage. Le Seigneur dit dans l'Evangile: « Si votre oeil est pur, tout votre corps sera lumineux; mais si votre oeil est mauvais, tout votre corps sera ténébreux. Si donc la lumière qui est en vous est ténèbres, combien grandes seront les ténèbres elles-mêmes 1?» Dès lors ce qui devient très-important dans nos actions, c'est le motif qui nous fait agir. Car une action ne doit pas être pesée par l'action elle-même, mais par l'intention; c'est-à-dire qu'il ne faut pas considérer si elle est bonne en elle-même seulement, mais surtout si elle est bonne dans l'intention qui nous fait agir. Or, ces yeux par lesquels nous examinons ce qui nous fait agir, le Prophète demande à Dieu de les détourner afin qu'ils ne voient point la vanité; c'est-à-dire, afin qu'il ne se propose point la vanité, quand il fait une bonne action. Or, ce qui vient au premier rang dans cette vanité, c'est l'amour des louanges humaines, qui a été le mobile de tant de grandes actions


1. Mt 6,22-23.

dans ceux à qui le monde a décerné le nom de grands, et que les villes païennes ont comblés de tant de louanges. Ils cherchaient, non la gloire qui vient de Dieu, mais celle qui vient des hommes; et pour cette gloire ils vivaient dans une sorte de prudence, de courage, de tempérance, de justice; obtenir cette gloire, c'était obtenir leur récompense, vain salaire d'une vaine ambition. C'est d'une telle vanité que le Seigneur veut détourner nos yeux, quand il nous dit: «Gardez-vous de te faire votre justice devant les hommes, afin qu'ils vous voient; autrement vous n'aurez u pas de récompense de votre Père qui est dans les cieux 1». Puis énumérant quelques parties de cette justice, comme l'aumône, la prière, le jeûne, il avertit de ne faire aucune de ces oeuvres en vue d'une gloire humaine, et partout il dit que ceux qui agissent de la sorte, ont reçu leur récompense, non point cette récompense éternelle que nous réserve notre Père avec les saints, mais cette récompense temporelle qu'ils recherchent en se proposant la vanité dans les oeuvres qu'ils accomplissent. Sans doute il ne faut pas incriminer la louange humaine (qu'y a-t-il en effet de plus désirable parmi les hommes que l'agrément dans ce qu'ils doivent imiter?) mais agir en vue de cette louange, c'est envisager la vanité dans ses actions, Quelque louange que l'homme de bien reçoive de la part des hommes, elle ne doit pas être la fin de ses bonnes oeuvres, mais il doit la reporter à Dieu pour qui seul le véritable juste fait le bien, car il ne le fait point de lui-même, mais par le secours de Dieu. Aussi le Sauveur avait-il déjà dit dans le même discours : « Que votre lumière brille aux yeux des hommes, afin qu'ils voient vos bonnes oeuvres, et qu'ils glorifient votre Père qui est dans les cieux». C'est là qu'il nous donne comme fin la gloire de Dieu, que nous devons toujours nous proposer, quand nous faisons une bonne oeuvre, si nos yeux se détournent de la vanité. Dans nos bonnes oeuvres dès lors, ne nous proposons jamais les louanges des hommes, redressons au contraire ces louanges, et rapportons-les à la gloire de Dieu, qui nous donne ce que l'on peut louer en nous sans erreur. Or, s'il y a vanité à faire le bien pour en être loué par les hommes, combien sera-t-il plus frivole

1. Mt 6,1. - 2. Mt 5,16.

encore de le faire pour acquérir, pour grossir, pour retenir des trésors ou tout autre bien temporel qui nous vient de l'extérieur? Car « tout est vanité, et quel avantage revient à l'homme de tout ce labeur qu'il s'impose sous le soleil 1?» Nous ne devons pas même faire nos bonnes oeuvres pour la santé de cette vie, mais bien plutôt pour le salut éternel, où nous jouirons d'un bien immuable, qui nous viendra de Dieu, ou mieux qui sera Dieu lui-même. Si, en effet. les saints n'eussent eu dans leurs bonnes oeuvres d'autre but que la santé de cette vie, jamais les martyrs n'eussent perdu cette vie pour l'oeuvre glorieuse de confesser le Christ. Mais ils ont reçu le secours au milieu de la tribulation, ils n'ont point envisagé la vanité, car le salut qui vient des hommes n'est que vanité 2; ils n'ont point désiré les jours de l'homme 3, parce que l'homme est assimilé à la vanité, et que ses jours passent comme l'ombre 4.

1. Si 1,2 Si 1,12. - 2. Ps 59,13. - 3. Jr 17,16. - 4. Ps 143,4.

3. Mais demander à Dieu ce qui paraît en notre pouvoir, c'est-à-dire qu'il nous donne de détourner nos yeux de la vanité, n'est-ce pas proclamer le besoin de sa grâce? Plusieurs en effet n'ont pas détourné leurs yeux de cette vanité, ils ont cru par eux-mêmes devenir justes et bons, et ils ont préféré la gloire des hommes à celle de Dieu 5: car ils sont hommes aussi, et ont mis en eux-mêmes leur complaisance, et ont trop présumé des forces de leur libre arbitre. Mais là encore il y a vanité et présomption d'esprit 6. Aussi, après avoir dit : «Détournez mes yeux de peur qu'ils ne voient la vanité; donnez-moi la vie dans votre voie 7»; comme cette voie n'est pas la vanité, mais la vérité, le Prophète ajoute: «Affermissez votre parole dans votre serviteur, afin qu'il vous craigne 8». Qu'est-ce dire autre chose que, donnez-moi d'accomplir ce que vous ordonnez? Car cette parole n'est pas affermie dans ceux qui l'ébranlent en eux-mêmes en faisant ce qui lui est contraire; mais être affermie chez un homme, c'est y être immobile. Dieu donc a affermi sa parole dans la crainte, chez tous ceux à qui il domine l'esprit de crainte. Or, telle n'est pas la crainte qui a fait dire à l'Apôtre: «Vous n'avez point reçu l'Esprit de servitude pour agir encore par la crainte 9»; puisque cette

- 5. Jn 12,43.- 6. Qo 6,9.- 7. Ps 118,37. - 8. Ps 118,38. - 9. Rm 8,15.

crainte est bannie par la charité 1; mais la crainte dont il est ici question est celle que le Prophète appelle Esprit de crainte de Dieu 2; crainte qui est chaste, qui demeure dans le siècle des siècles 3,crainte qui n'ose déplaire à celui qu'on aime. Autre est en effet la crainte que l'époux inspire à l'épouse adultère, autre celle de l'épouse chaste; l'une craint qu'il ne vienne, l'autre qu'il ne s'éloigne.

4. «Eloignez de moi l'opprobre que je soupçonne, parce que vos jugements sont pleins de douceur 4». Qui donc a des soupçons au sujet de son opprobre, et qui ne le connaît pas plus parfaitement que l'opprobre d'aucun autre? On peut avoir des soupçons quand il s'agit des autres, mais non quand il s'agit de soi-même; car soupçonner c'est encore ignorer. Or, on ne soupçonne point son opprobre, on en a une science certaine, puisque la conscience parle. Que signifie donc cette parole: «Mon opprobre que je soupçonne?» C'est dans les versets précédents que nous en pourrons découvrir le sens. Tant qu'un homme ne détourne point ses yeux pour qu'ils ne voient pas la vanité, il soupçonne chez les autres ce qu'il sent en lui-même; et il croit facilement que dans le culte qu'il rend à Dieu, dans les bonnes oeuvres qu'il fait, tel autre a le même but qu'il se propose lui-même. Les hommes en effet peuvent voir nos actions; mais le dessein qui nous fait agir est caché: de là le soupçon, et chez un homme l'audace de juger des secrets des autres, d'en juger souvent à faux, et toujours témérairement, quand même le soupçon toucherait à la vérité. C'est pourquoi le Seigneur, en parlant de l'intention qui doit nous faire agir dans nos bonnes oeuvres, et voulant détourner nos yeux de la vanité, nous avertit de ne pas faire le bien à cause des louanges des hommes, en disant : « Gardez-vous de faire votre justice devant les hommes afin d'en être vus 5». Il nous avertit aussi de ne les point faire par le désir de l'argent, en disant : « Ne vous amassez  point des trésors sur la terre 6»; et encore «Vous ne pouvez servir Dieu et l'argent 7». Il nous détourne encore d'agir en vue de la nourriture et du vêtement, en disant: « Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que

1. 1Jn 4,18. - 2 Is 11,3.- 3. Ps 18,10.- 4. Ps 118,19. - 5. Mt 6,1.- 6. Mt 6,19.- 7. Mt 6,24.

vous mangerez, ni pour votre corps de quoi vous le vêtirez 1». Après nous avoir donné tous ces avis, comme nous pouvons soupçonner de pareilles intentions chez ceux dont nous voyons les oeuvres de justice sans voir leurs desseins, le Sauveur ajoute: «Ne jugez point, de peur d'être jugés 2». C'est pourquoi, après avoir dit: « Eloignez de moi l'opprobre que je soupçonne», le Prophète ajoute : «Parce que vos jugements sont pleins de douceur»; c'est-à-dire, parce que vos jugements sont vrais. Quiconque aime la vérité, proclame la douceur de ce qui est vrai. Quant aux jugements des hommes sur les secrets des coeurs, ils ne sont point doux à cause de leur témérité. Il appelle donc son opprobre celui qu'il soupçonne dans les autres; car l'Apôtre l'a dit: «En se comparant eux-mêmes à eux-mêmes 3», ils se jettent dans l'erreur, et l'homme en effet soupçonne facilement chez les autres ce qu'il sent en lui. C'est pourquoi le Prophète supplie le Seigneur d'éloigner de lui cet opprobre qu'il sentait en lui-même et qu'il soupçonnait chez les autres, afin de ne point ressembler au diable qui avait soupçonné les motifs cachés du saint homme Job. Il ne croyait point que Job servît Dieu gratuitement, et demanda le pouvoir de le tenter, afin de trouver en lui la faute qu'il lui reprochait 4.

5. Mais, il n'y a que l'envie qui soupçonne le mal chez les autres; dans son impuissance à dénigrer une bonne action, car ce qui est extérieur s'affirme de soi-même, elle s'en prend à l'intention qui est secrète, et ne s'affirme point; quiconque dès lors peut la soupçonner mauvaise, parce qu'il ne voit pas ce qui se dérobe, et qu'il porte envie à ce qui est évident. A cette inclination perverse, qui

1. Mt 6,25.- 2. Mt 7,1.- 3. 2Co 10,12.- 4. Jb 1,9-11.

nous porte à soupçonner chez les autres un mal que nous ne voyons point, il faut opposer la charité qui n'est point jalouse 1, et que le Seigneur nous recommande si particulièrement quand il dit: «Je vous donne un commandement nouveau, c'est de vous aimer les uns les autres 2»; et encore: « Tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples, si vous vous aimez les uns les autres». Et au sujet de l'amour de Dieu et du prochain, «toute la loi», nous dit-il, «est renfermée dans ces deux commandements, ainsi que les Prophètes 3». Aussi le Prophète, contrairement à ce soupçon, dont il veut être délivré, dit-il à Dieu: «Voilà que j'ai désiré vos commandements, vivifiez-moi dans votre justice 4». Voilà que j'ai désiré de vous aimer de tout mon coeur, de toute mon âme, de tout mon esprit, et mon prochain comme moi-même; «vivifiez-moi dans votre justice», et non dans la mienne, ou plutôt comblez-moi de cette charité que j'ai désirée. Soutenez-moi dans l'accomplissement de ce que vous recommandez, donnez-moi vous-même ce que vous m'ordonnez. «Vivifiez-moi dans votre justice»; car j'ai en moi de quoi mourir, mais ce n'est qu'en vous que je trouve de quoi vivre. «Votre justice, c'est le Christ qui nous a été donné par Dieu comme notre sagesse, notre justice, notre sanctification et notre rédemption; afin que, selon qu'il est écrit, celui qui se glorifie ne se glorifie que dans le Seigneur 5».  C'est en lui que je trouve votre loi que je désire, afin que vous me donniez la vie dans votre justice, ou plutôt en lui-même. Car c'est lui qui est le Verbe Dieu, et le Verbe s'est fait chair, afin d'être aussi mon prochain 6.

1. 1Co 13,4. - 2. Jn 13,34-35.- 3. Mt 22,40.- 4. Ps 118,40. - 5. 1Co 1,30-31.- 6. Jn 1,40.



11913

TREIZIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME CXVIII - LA VIE DANS LE CHRIST.

Ps 119,41-43


Le Prophète supplie le Seigneur de le vivifier dans la justice ou dans le Christ, et c'est là un acte de miséricorde et de salut envers les enfants de la promesse. Alors il répondra une parole à ceux qui lui reprochent une parole. Cette parole, c'est le Christ, que nous reprochent ceux que la croix scandalise; c'est le Christ encore, que répondent les martyrs, et ceux qui après une chute Sont revenus à lui comme Pierre: cette parole n'a donc pas été pour jamais ôtée de leur bouche. C'est alors que le Prophète gardera la loi de Dieu en cette vie et en l'autre.

1. Au sermon d'hier il faut joindre celui-ci sur les versets suivants du plus long des psaumes. Voici ces versets: «Et que votre miséricorde, ô mon Dieu, vienne sur moi 1». Ces paroles semblent se rapporter aux précédentes; car le Prophète ne dit point: «Que votre miséricorde vienne sur moi»; mais : «Et que votre miséricorde». Or, voici les paroles qui précèdent: «Voilà que j'ai désiré vos commandements; vivifiez-moi dans votre justice». Puis il continue: « Et que votre miséricorde, ô mon Dieu, descende sur moi». Que demande le Prophète, sinon d'accomplir par la divine miséricorde les préceptes qu'il a désirés? Il explique en quelque sorte le sens de ces paroles : « Vivifiez-moi dans votre justice», quand il ajoute: «Et que votre miséricorde, ô mon Dieu, descende sur moi, ainsi que votre salut selon votre parole»; c'est-à-dire, selon votre promesse. De là vient que saint Paul veut que nous nous regardions comme les fils de la promesse 2,afin que nous rapportions tout ce que nous sommes à la grâce de Dieu, sans nous en rien attribuer à nous-mêmes. «Car le Christ nous a été donné par Dieu, comme notre sagesse, notre justice et notre sanctification, notre rédemption, afin que, selon qu'il est écrit, celui qui se glorifie, ne se glorifie que dans le Seigneur 3». Quand donc le Prophète nous dit: « Vivifiez-moi dans votre justice», il demande la vie dans le Christ, et telle est la miséricorde qu'il supplie Dieu de faire descendre sur lui. C'est aussi le Christ qui est le «salut de Dieu»; et ce mot nous fait voir quelle miséricorde voulait appeler sur lui le Prophète, quand il disait; « Et que votre miséricorde, ô mon Dieu,

1. Ps 118,41. - 2. Rm 9,8. - 3. 1Co 1,30-31.

descende sur moi». Si nous voulons savoir quelle est cette miséricorde, écoutons ce qui suit «Votre salut, selon votre parole ». Voilà ce qui nous est promis par Celui qui appelle ce qui n'est point encore, comme s'il était déjà 1». Il n'y avait personne encore à qui il pût faire des promesses, afin que nul ne se glorifiât de ses mérites. Et ceux à qui la promesse a été faite ont été promis eux-mêmes, afin que tout le corps du Christ pût dire: «Par la grâce de Dieu, je suis ce que je suis 2».

2. «Et je répondrai», dit le Prophète, «à ceux qui me reprochent une parole 3». On ne sait s'ils me reprochent une parole, ou si je répondrai une parole; mais l'un et l'autre nous désignent le Christ. C'est lui que nous reprochent ceux pour qui la croix est un scandale ou une folie 4; qui ne savent point que le Verbe s'est fait chair et a demeuré parmi nous, et que ce Verbe était au commencement en Dieu, était Dieu 5. Mais, quand même ils ne nous reprocheraient point ce Verbe qu'ils ignorent, puisqu'ils n'en reconnaissent point la divinité, eux qui ont méprisé sa faiblesse à la croix, nous leur répondons néanmoins ce Verbe, notas disons que leurs reproches ne nous inspirent ni frayeur, ni confusion. «S'ils eussent en effet con nu le Verbe, «ils n'eussent jamais crucifié le Seigneur de la gloire 6». Mais pour répondre le Verbe à ceux qui nous font des reproches, il faut que la divine miséricorde soit descendue sur nous, que son salut soit venu pour nous protéger, et non pour nous briser. Car il viendra, pour les briser, sur quelques-uns qui méprisent maintenant son humilité, et qui seront

1. Rm 4,17. - 2. 1Co 15,10. - 3. Ps 118,42. - 4. 1Co 1,23.- 5. Jn 1,1 Jn 1,14.- 6. 1Co 2,8.

679

broyés en se heurtant contre lui. Voici ce qu'il dit dans l'Evangile: «Quiconque heurtera cette pierre s'y brisera, elle écrasera celui sur qui elle tombera 1». Nous reprocher le Christ, c'est donc le heurter et s'y briser. Pour nous, mes frères, loin de nous heurter et de nous briser contre lui, loin de craindre leurs injures, répondons-leur une parole, «parole de la foi que nous prêchons. Car si tu crois en ton coeur que le Christ est le Seigneur, et si tu confesses de bouche que Dieu l'a ressuscité d'entre les morts, tu seras sauvé. Car on croit de coeur pour être juste, et l'on confesse de bouche pour être sauvé 2». C'est donc peu d'avoir le Christ dans son coeur, et de ne point le confesser par crainte des injures; mais à ceux qui nous le rejettent comme un opprobre, il faut répondre hautement le Verbe. Afin que les martyrs pussent le faire, voici ce qui leur fut promis: «Ce n'est point vous qui parlez, mais l'Esprit de votre Père qui parle en vous 3». Aussi, après avoir dit: « Je répondrai une parole à ceux qui m'injurient», le Prophète a-t-il ajouté: «Parce que j'ai espéré en vos paroles»; c'est-à-dire, en vos promesses.

3. Mais comme plusieurs, tout initiés qu'ils étaient au corps du Christ, qui parle ici, accablés sous le poids des persécutions, n'ont pu supporter ces opprobres, et sont tombés en reniant le Christ, le Prophète continue : «N'ôtez pas à jamais de ma bouche la parole de vérité 4». N'ôtez pas de ma bouche, est-il dit, car c'est l'unité de tout le corps qui parle, et l'on compte parmi ses membres ceux qui ont failli, renégats d'un instant, mais sont ressuscités par la pénitence, ou bien ont regagné, par une confession nouvelle, cette palme du martyre qu'ils avaient d'abord perdue. Ainsi ce ne fut pas « à jamais», usque valde, ou «pour toujours», usquequaque, comme on trouve en certains manuscrits, c'est-à-dire d'une manière absolue, que la parole fut retirée à saint Pierre, alors type de l'Eglise. Bien que troublé par la crainte il ait un moment renié son Dieu, il se releva par ses larmes 5, et mérita par une glorieuse confession la couronne glorieuse. C'est donc tout le corps de Jésus-Christ, l'Eglise entière, qui parle ici; et dans ce corps entier, la parole n'a pas été ôtée à jamais de sa bouche,

1. Lc 20,18.- 2. Rm 10,8-10.- 3. Mt 10,20.- 4. Ps 118,43. - 5. Mt 26,70-75.

soit parce que devant l'apostasie d'un grand nombre d'autres demeuraient forts, et combattaient jusqu'à la mort pour la vérité, soit parce que dans ces renégats beaucoup se relevaient. Quand nous entendons dire à Dieu: «N'ôtez pas», il nous faut comprendre: Ne souffrez pas que l'on m'ôte; dans le même sens que nous disons dans notre prière: « Ne nous induisez pas en tentation». Le Seigneur lui-même dit à Pierre: « J'ai prié pour toi, afin que ta foi ne vienne point à défaillir 2»; c'est-à-dire, afin que la parole de vérité ne fasse point défaut dans ta bouche «pour toujours». « Parce que j'ai espéré dans vos jugements», dit le Prophète; ou comme il y a plus expressément dans le grec, «j'ai surespéré 3»; expression moins usitée, mais qui répond à la nécessité d'interpréter la vérité. Il nous faut donc examiner avec attention le sens de ces paroles, afin de comprendre avec le secours de Dieu ce que signifie: «J'ai espéré dans vos paroles, j'ai surespéré dans vos jugements». « Je répondrai»,dit le Prophète, «je répondrai à mes insulteurs une parole, parce que j'ai espéré en vos paroles»; c'est-à-dire, parce que vous m'avez fait cette promesse: « Et n'ôtez pas à jamais de ma bouche la parole de la vérité, parce que j'ai surespéré dans vos jugements»; c'est-à-dire, parce que ces jugements que vous exercez en me redressant et en me châtiant, non-seulement ne m'ôtent point l'espérance, mais l'affermissent en moi; car le Seigneur corrige celui qu'il aime, et il flagelle celui qu'il reçoit parmi ses enfants. Or, voilà que les saints, les humbles de coeur, en mettant leur espoir en vous, n'ont point failli dans les persécutions: ceux mêmes qui sont tombés en s'appuyant sur eux-mêmes, et qui néanmoins appartiennent à votre corps, ont pleuré en reconnaissant leur misère, et ont retrouvé une grâce d'autant plus ferme qu'ils ont déposé leur orgueil. Donc u n'ôtez pas à jamais «de ma bouche votre parole, parce que vos jugements sont toute mon espérance».

4. « Et je garderai toujours votre loi». C'est-à-dire, si vous n'ôtez pas de ma bouche la parole de la vérité, «je garderai votre loi, toujours, et dans les siècles des siècles». Le Prophète nous donne ici la signification de «toujours». Souvent, en effet, « toujours»signifie pendant la vie d'ici bas; mais alors ce

1. Mt 6,13.- 2. Lc 22,32.- 3. Grec, epelpisa.

680

n'est point «dans le siècle et dans les siècles des siècles»; toutefois la traduction vaut mieux que celle de certains exemplaires qui portent: « Dans l'éternité, et dans les siècles des siècles», parce qu'ils n'ont pu dire : « Et dans l'éternité de l'éternité». Il faut donc entendre par la loi, celle dont l'Apôtre a dit: « L'amour est la plénitude de la loi». Telle est la loi que garderont les saints dont la bouche ne cessera de dire la vérité, c'est-à-dire l'Eglise du Christ qui la gardera non seulement dans le siècle, c'est-à-dire pendant

1. Rm 13,10.

la durée du monde, mais encore dans l'autre vie, que l'on appelle ici le «siècle du siècle». Là, en effet, nous n'aurons point à garder les préceptes de la loi, comme ici-bas, mais la plénitude de la loi, que nous garderons sans craindre de l'offenser, parce que nous aimerons Dieu plus parfaitement quand nous le verrons, ainsi que notre prochain, puisque Dieu sera tout en tous 1, et que nous n'aurons aucune occasion de soupçonner faussement le prochain, parce que nul ne sera inconnu aux autres.

1. 1Co 15,28.



QUATORZIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME CXVIII - LES EFFETS DE LA GRÂCE

11914 Ps 119,40-48

Après avoir prié, le Prophète raconte le bien qu'il a fait, comme pour nous dite qu'il a été exaucé. Il a marché dans la voie large par la charité, parce qu'il s'appliquait à suivre les préceptes du Seigneur avec le secours de la prière, et cette prière est avivée par l'Esprit-Saint qui demeure en nous. Ensuite il a publié sans rougir les témoignages du Seigneur, comme les martyrs, parce qu'il méditait les préceptes elles pratiquait.

1. Les versets précédents de ce long psaume contenaient une prière; ceux que nous avons à traiter maintenant sont une narration. L'homme de Dieu implorait en effet le secours de la grâce, quand il disait: «Vivifiez-moi dans votre justice, et que votre miséricorde, ô mon Dieu, descende sur moi»; ainsi des autres versets qui précèdent ou qui suivent. Maintenant il s'écrie: « Et je marchais dans la voie spacieuse, parce que j'ai cherché vos commandements. J'annonçais vos témoignages en présence des rois, sans en rougir. Je méditais vos préceptes qui font mes délices. Et j'ai levé mes mains vers vos commandements, objet de mon amour, et je m'exerçais dans les oeuvres de votre justice 1». Ce langage est d'un homme qui raconte, et non d'un homme qui prie; il a, ce semble, obtenu de Dieu ce qu'il demandait, et reconnaît en louant Dieu ce qu'a fait de lui cette miséricorde, qu'il appelait sur lui-même. Il ne cherche pas à relier ces paroles à ce qui précède, et ne dit pas:

1. Ps 118,40-48.

Et n'ôtez point à ma bouche votre parole à jamais, parce que j'ai espéré en vos jugements, et je garderai toujours votre loi dans le siècle, et dans le siècle des siècles, et je marcherai dans la voie spacieuse, parce que j'ai recherché vos commandements. Et je parlerai de vos témoignages en présence des rois, sans en rougir; et ainsi de suite: alors on eût compris qu'il rattachait ce qui suit à ce qui précède; mais il dit: « Et je marchais dans la voie spacieuse», phrase inconséquente, puisque la particule copulative : « Et» ne lie absolument rien; car il ne dit pas: «Et je marcherai», comme il disait: «Et je garderai toujours votre loi».Ou bien, s'il est dit au mode optatif: Custodiam, «Que je garde votre loi»; il n'est pas dit: Que je marche dans la voie large, comme si le Prophète eût fait un souhait et une prière. Mais il dit: Ambulabam, «je marchais dans la voie large»; et si l'on ne voyait ici une conjonction, si la phrase sans se rattacher à ce qui précède eût été absolue: Je marchais dans la voie large; rien d'extraordinaire n'eût (681) forcé le lecteur à voir ou à chercher ici un sens caché. Il nous laisse donc à entendre ce qu'il n'a pas dit, c'est-à-dire qu'il a été exaucé: et il nous montre l'état où nous a mis la grâce de Dieu, comme s'il disait: Quand je faisais cette prière, vous m'avez exaucé: «Et je marchais dans la voie spacieuse», et le reste que nous lisons ensuite.

2. Que signifie donc: « Et je marchais dans la voie large», sinon je marchais dans la charité, «qui a été répandue dans nos coeurs par l'Esprit-Saint qui nous a été donné 1?» C'est dans cette voie large que marchait celui qui disait: «O Corinthiens, ma bouche vous est ouverte, et mou coeur se dilate 2». Or, cette charité est renfermée complètement dans les deux préceptes de l'amour de Dieu et de l'amour du prochain, qui renferment à leur tour la loi et les Prophètes 3. Aussi, après avoir dit: «Et je marchais dans la voie large, le Prophète nous en donne-t-il la raison: «C'est»,dit-il, «parce que j'ai cherché vos préceptes». Dans plusieurs exemplaires, on voit, non point, «vos préceptes, mais, vos témoignages»: plus souvent, néanmoins, nous avons lu, «vos préceptes» surtout chez les Grecs, et qui ferait difficulté de s'en tenir à cette traduction d'où est venu le texte latin? Si donc nous voulons savoir comment le Prophète a cherché ces commandements, ou comment il faut les chercher, écoutons ce que nous dit le divin maître, qui nous enseigne et nous domine ce que nous devons demander: «Demandez et vous recevrez; cherchez et vous trouverez; frappez et l'on vous ouvrira». Et un peu après: « Si donc vous qui êtes méchants, savez donner ce qui est bon à vos enfants, combien plus votre Père qui est dans les cieux donnera-t-il ce qui est bon à ceux qui le lui demandent 4?» Par là il nous montre évidemment que ces paroles: «Demandez, cherchez, frappez», ne sont qu'une recommandation de prier avec instance. Mais un autre Evangéliste ne dit point: «Il donnera des biens à ceux qui les lui demandent», ce qui peut avoir plusieurs sens et se rapporter aux biens corporels, ou aux biens spirituels; mais il retranche tout le reste et nous montre d'une manière précise ce que le Seigneur veut que nous demandions avec ardeur et avec instance: «A

1. Rm 5,5. - 2. 2Co 6,2. - 3. Mt 22,40. - 4. Mt 7,7 Mt 7,51.

681

combien plus forte raison», dit-il, «votre Père du ciel donnera-t-il l'Esprit à ceux qui l'invoqueront 1?» C'est ce même Esprit qui répand la charité dans nos coeurs, afin que nous accomplissions les commandements par l'amour de Dieu et du prochain. C'est par ce même Esprit que nous crions: Père, Père 2. C'est lui dès lors qui nous fait demander ce que nous voulons recevoir, qui nous fait chercher ce que nous désirons trouver, qui nous fait frapper où nous essayons d'arriver. Voilà ce qu'enseigne l'Apôtre qui, après nous avoir dit que le Saint-Esprit nous fait crier: Père, Père, ajoute dans un autre endroit: «Dieu a envoyé dans nos coeurs l'Esprit de son Fils qui crie: Abba, mon Père 3». Comment est-ce nous qui crions, si lui-même crie en nous, sinon parce qu'il nous fait crier, quand il commence d'habiter en nous? li le fait encore dès qu'il est en nous, afin qu'en demandant, en cherchant, en frappant, on le demande, et on le reçoive plus abondamment. Soit en effet que l'on demande à Dieu une vie sainte, soit que l'on vive déjà saintement, tous ceux qui sont dirigés par l'Esprit de Dieu sont enfants de Dieu 4. Donc: «Je marchais», dit le Prophète, « dans la voie large, parce que j'ai cherché vos préceptes». Il avait cherché et il avait trouvé, parce qu'il avait demandé et reçu l'Esprit-Saint, par lequel, devenu bon lui-même, il avait fait des bonnes oeuvres, par la foi qui opère par la charité 5.

3. « Et je parlais de vos témoignages en présence des rois, sans en rougir»; non plus que celui qui avait demandé et obtenu la faveur de répondre à ceux qui lui reprocheraient le Verbe, et à la bouche duquel ne devait pas être dérobé le Verbe de Ii vérité. Il combat donc pour elle jusqu'à la mort et ne rougit point de la proclamer en présence des rois. Ces témoignages, en effet, qu'il nous dit avoir proclamés, s'appellent en grec martyres, expression que nous avons adoptée en latin; et de là vient que nous avons appelé martyrs ceux à qui Jésus a prédit qu'ils le confesseraient en présence des rois 6.

1. Lc 11,13.- 2. Rm 7,15.- 3. Ga 4,6.- 4. Rm 8,14. - 5. Ga 5,6. - Mt 10,18. - 6. Ps 118,47-48.


4. «Et je méditais», dit le Prophète, «vos commandements qui font mes délices. Et j'ai levé les mains vers vos préceptes, objet de mon amour 7». D'autres ont traduit dilexi valde, que j'ai aimés beaucoup, d'autres nimis, (682) «à l'excès», d'autres encore vehementer, « avec violence», cherchant à rendre ainsi le grec sphodra. Il aimait donc les commandements de Dieu, dès lors qu'il marchait dans la voie large, par ce même Esprit-Saint qui a répandu dans nos coeurs la charité, et qui dilate les coeurs des fidèles 1. Or, il les a aimés en les méditant et en les pratiquant. Quant à la méditation, il nous dit: «Je réfléchissais à vos oeuvres»; et quant à la pratique: «Je levais les mains vers vos préceptes». Et à chacun de ces versets, il ajoute: quae dilexi, «que j'ai aimés». « Or, la fin de tout précepte, c'est la charité émanant d'un coeur 2». Quand c'est dans cette fin, c'est-à-dire d'après cette considération que l'on accomplit les préceptes de Dieu, alors l'oeuvre est bonne, et on élève les mains, parce que c'est vers Dieu qu'on les élève. Aussi l'Apôtre voulant parler de la charité, nous dit-il: «Je vous indique une voie

1. Rm 5,5 - 2. 1Tm 1,5.

bien supérieures 1»; et ailleurs, «afin», dit-il, «de connaître l'amour de Jésus Christ envers nous, lequel surpasse toute connaissance».Car accomplir les commandements de Dieu en vue d'un bonheur terrestre, c'est abaisser les mains plutôt que les élever; puisque c'est rechercher par une semblable intention,non plus les récompenses d'en haut,mais celles d'ici-bas. A la méditation et à l'accomplissement des préceptes appartient ce qui suit: «Et je m'exerçais dans vos oeuvres de justice»: ce que plusieurs ont traduit ainsi de préférence à laetabar, « je me réjouissais», ou à garriebam, «je m'entretenais», comme l'ont fait plusieurs à cause du grec edolesxoun. Celui en effet qui aime les commandements de Dieu, et qui fait ses délices de les méditer et de les pratiquer, s'exerce dans ces coinmandements avec joie, en parle avec plaisir.

1. 1Co 12,31. - 2. Ep 3,19.




Augustin, les Psaumes 11912