Augustin, Sermons 52

SERMON LII. LA SAINTE TRINITÉ (1).

1. Mt 3,13

ANALYSE. - On venait de lire dans l'Évangile l'histoire du Baptême de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Saint Augustin saisit cette occasion, qu'il regarde comme toute providentielle, pour démontrer comment les trois personnes divines sont inséparables. Au Baptême du Sauveur on les croirait séparées; mais en réalité elles sont inséparables dans toutes leurs opérations, comme l'Écriture le prouve et comme on peut s'en faire une idée en interrogeant les opérations de l'âme humaine. - 1. L'Écriture nous montre en effet que la création et le gouvernement de l'univers sont dus au Père, au Fils et par conséquent au Saint-Esprit. Si le Fils seul est né, si seul il a souffert, s'il est seul ressuscité et monté aux cieux; sa naissance et sa passion, sa résurrection et son ascension sont l'oeuvre de son Père comme la sienne. Ainsi en est-il de ses miracles et de tout ce qu'il a fait. - 2. on peut se former une idée de ce mystère en considérant, non pas la nature matérielle, mais l'âme spirituelle de l'homme. N'y a-t-il pas dans cette âme trois facultés distinctes: la mémoire, l'entendement et la volonté? Ces facultés sont toutefois si inséparables dans leurs actes, qu'on ne peut nommer une seule d'entre, elles sans le concours des trois ensemble. Saint Augustin proteste qu'il ne veut pas établir ici de comparaison entre ces trois facultés et les trois divines Personnes. Mais si la créature nous présente une telle simultanéité d'action, pourquoi nous étonner de rencontrer ce phénomène dans la Trinité créatrice?

1. La lecture de l'Évangile vient de nous faire connaître, en quelque sorte par l'ordre du Seigneur, ou plutôt et véritablement par son ordre, de quel sujet nous devons entretenir votre Charité. Mon coeur attendait de lui le mot d'ordre; je sentais qu'il me commandait de parler de ce qu'il voudrait qu'on récitât. Que votre zèle et votre piété se montrent donc attentifs; aidez auprès du Seigneur notre Dieu le travail de mon esprit.

Voici sous nos yeux comme un divin spectacle; sur les rives du Jourdain notre Dieu se révèle à nous dans sa Trinité sainte.

Jésus vient et il est baptisé par saint Jean; le Seigneur reçoit le baptême du serviteur afin de nous donner un exemple d'humilité, car l'humilité est la plénitude de la justice; lui-même l'a enseigné, quand à ces paroles de Jean: «C'est moi qui dois être baptisé par vous, et c'est vous qui venez à moi!» il répondit: «Laisse maintenant, afin d'accomplir toute justice.» Lors donc que Jésus fut baptisé, les cieux s'ouvrirent, et l'Esprit-Saint descendit sur lui en forme de colombe. On entendit ensuite cette voix d'en haut: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis mes affections.» Ne voyons-nous pas ici la Trinité distinctement? Dans la voix nous entendons le Père, nous adorons le Fils dans l'homme qui reçoit le baptême, et l'Esprit-Saint dans la colombe. Il suffit de le rappeler; rien n'est plus facile à saisir. Quoi de plus évident? Quoi de plus indubitable? C'est bien ici la Trinité. En effet, celui qui vient vers Jean sous la forme de serviteur, Jésus-Christ Notre-Seigneur est sûrement le Fils de Dieu; on ne peut dire qu'il soit ni le Père ni l'Esprit-Saint. «Jésus vint, u dit le texte sacré; c'est sans aucun doute le Fils de Dieu. D'un autre côté, qui peut hésiter à propos de la colombe? Qui peut demander ce qu'elle est, quand l'Évangile dit expressément: «L'Esprit-Saint descendit sur lui en forme de colombe?» On ne saurait douter non plus que la voix ne fût celle du Père, puisqu'elle dit: «Vous êtes mon Fils (Mc 1,11).» La Trinité est donc ici distincte.

2. J'ose même dire, en considérant espace, j'ose dire, quoique je le fasse en tremblant, que cette auguste Trinité est en quelque sorte séparable. Jésus en venant vers le fleuve se transportait d'un lieu dans un autre; la colombe en descendant du ciel sur la terre allait aussi d'un lieu à l'autre; et la voix du Père ne se faisait entendre ni de dessus la terre, ni du sein des eaux, mais du haut du ciel. Il y a donc ici comme une triple séparation de lieux, de fonctions et d'oeuvres.

Mais, me dira-t-on, montre plutôt que la Trinité est inséparable. Souviens-toi que tu es catholique et que tu parles à des catholiques. Tel est en effet l'enseignement de notre foi, c'est-à - 247 - dire de la foi véritable, de la foi droite, de la foi catholique, de la foi qui ne repose pas sur les présomptions de l'esprit mais sur les témoignages de l'autorité, de la foi qui ne flotte pas incertaine au souffle téméraire des hérétiques, mais qui demeure fortement établie sur la vérité apostolique. Voilà donc ce qu'elle nous fait connaître, ce qu'elle nous donne à croire. Tant que la foi nous purifie encore, nous ne voyons cette vérité ni des yeux du corps ni des yeux du coeur. Cette même foi cependant nous assure avec une exactitude et une force incomparables que le Père, le Fils et le Saint-Esprit forment une inséparable trinité, un seul Dieu et non pas trois Dieux: un seul Dieu, sans que, toutefois, le Fils soit le Père et sans que le Père soit le Fils, sans que le Saint-Esprit soit le Père ou le Fils, car il est l'Esprit et du Père et du Fils. Cette ineffable Divinité, cette Trinité ineffable, qui demeure en elle-même et qui néanmoins renouvelle toutes choses; qui crée et répare, qui envoie et rappelle, qui juge et absout, nous la savons non moins inséparable qu'elle est ineffable.

3. Mais quoi? Le Fils vient séparément avec son humanité; séparément l'Esprit-Saint descend du ciel sous forme de colombe, et séparément encore la voix du Père crie du haut du ciel: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé.» Comment donc la Trinité est-elle inséparable

Dieu vient par moi de vous rendre attentifs. Priez pour nous, conjurez-le, en ouvrant votre coeur, de nous donner de quoi le remplir. Appliquons-nous ensemble. Vous voyez quelle est notre entreprise; vous connaissez et ce que nous projetons, et ce que nous sommes, de quoi nous voulons vous parler et où nous sommes placé; placé hélas! dans ce corps qui se corrompt et appesantit l'âme, dans cette maison de boue qui abat l'esprit, malgré tous ses efforts pour s'élever (Sg 9,15). Je rappelle cet esprit répandu sur tant d'objets, je veux l'appliquer au Dieu unique, à l'inséparable Trinité, pour chercher à vous en parler, pour essayer de vous entretenir convenablement d'un si grand sujet; mais pensez-vous que sous le lourd fardeau de ce corps je pourrai m'écrier: «C'est vers vous, Seigneur, que j'ai élevé mon âme (Ps 75,4)?» Ah! qu'il me vienne en aide et l'élève avec moi. Je suis trop faible et c'est un poids trop lourd pour moi.

4. Les frères les plus studieux proposent souvent la question suivante, les amis de la parole de Dieu se demandent souvent et souvent on frappe au coeur de Dieu en disant: Le Père fait-il quelque chose sans le Fils et le Fils agit-il quelquefois sans le Père? Restreignons-nous pour le moment au Père et au Fils, et lorsque nous serons tirés de cette difficulté par Celui à qui nous disons: «Soyez mon aide, ne me délaissez pas;» nous comprendrons que l'Esprit-Saint agit toujours aussi avec le Fils et le Père. Appliquez donc, mes frères, votre attention au Père et au Fils.

Le Père fait-il quelque chose sans le Fils? Nous répondons que non. En doutez-vous? Mais que fait-il sans Celui par qui tout a été fait? «Tout, dit l'Écriture, a été fait par lui.» Et pour ne rien laisser à désirer aux esprits lourds, aux intelligences lentes et difficiles, elle ajoute: «Et sans lui rien n'a été fait (2)».

1. Ps 26,9 - 2. Jn 1,3

5. Mais quoi, mes frères, tout en voyant dans ces paroles: «Tout a été fait par lui,» la preuve que le Père a fait par son Verbe, que Dieu a fait par sa Vertu et par sa Sagesse toutes les créatures qui ont été faites par le Fils; dirons-nous que tout a été fait par lui au moment de la création, mais que le Père aujourd'hui ne fait plus tout par lui? Non: que cette pensée s'éloigne du coeur des fidèles, qu'elle n'entre point dans l'esprit des hommes religieux, dans l'entendement des âmes pieuses. On ne saurait admettre que Dieu ait créé et ne gouverne point par son Fils. Comment ce qui a l'être serait-il dirigé sans lui, puisque c'est lui qui a donné cet être? Mais recourons au témoignage de l'Écriture. Elle enseigne, non-seulement que tout a été fait et créé par lui, comme nous l'avons rappelé en citant ces paroles de l'Évangile. «Tout a été fait par lui et sans lui rien n'a été fait;» mais encore que tout ce qu'il a fait est régi et gouverné par lui. Le Christ, vous venez de le reconnaître, est la Vertu de Dieu, la Sagesse de Dieu. Mais n'est-ce pas de la Sagesse qu'il est dit: «Elle atteint avec force d'une extrémité à l'autre et dispose tout avec douceur (Sg 8,1)?» Ainsi donc, gardons-nous d'en douter: Celui par qui tout a été fait, gouverne également tout, et conséquemment le Père ne fait rien sans le Fils ni le Fils sans le Père.

6. Ici se présente une question et nous entreprenons de la résoudre au nom du Seigneur et par sa volonté. - Si le Père ne fait rien sans le Fils, ni le Fils rien sans le Père, n'en devons- 248 - nous pas conclure que c'est le Père aussi qui est né de la Vierge Marie, le Père qui a souffert sous Ponce-Pilate, le Père qui est ressuscité et monté au ciel? - Non. Nous ne tenons pas ce langage, parée qu'il n'est pas conforme à notre foi. «J'ai cru, est-il dit; c'est pourquoi j'ai parlé; nous aussi nous croyons et c'est pourquoi nous parlons (2Co 4,13).» Que nous dit la foi? Que le Fils, et non le Père, est né de la Vierge. Que dit-elle encore? Que le Fils, et non le Père, a souffert et est mort sous Ponce-Pilate.

J'oubliais de remarquer qu'il est des hommes, peu intelligents, connus sous le nom de Patripassiens. Ils affirment que c'est le Père qui est né d'une femme et qui a souffert, que le Fils n'est autre chose que le Père; deux noms, mais une seule personne. Or pour les empêcher de séduire qui que ce soit, pour qu'ils ne pussent contester que hors de son sein, l'Eglise catholique les a retranchés de la communion des fidèles.

7. Rappelons maintenant à votre souvenir la difficulté de la question. Vous avez avancé, peut-on me dire, que le Père ne fait rien saris le Fils, ni le Fils sans le Père; vous avez cité l'Ecriture; le Père ne fait rien sans le Fils, avez-vous dit, car c'est par le Fils que tout a été fait; et rien n'est gouverné sans le Fils, car il est la Sagesse du Père, atteignant avec force d'une extrémité à l'autre et disposant tout avec douceur. Mais n'êtes-vous pas maintenant en contradiction avec vous-même? Le Fils, dites-vous, est né d'une vierge, et non le Père; le Fils a souffert, le Fils est ressuscité, mais non le Père. Ainsi le Fils fait quelque chose que ne fait pas le Père. De deux choses l'une: avouez que le Fils agit quelquefois sans le Père, ou bien avouez que le Père est né aussi, qu'il a souffert, qu'il est mort et qu'il est ressuscité. Il n'y a point de milieu, il faut l'un ou l'autre: - Eh bien! je neveux ni l'un ni l'autre. Je n'avouerai pas que le Fils fait quelque chose sans le Père, car ce serait mentir; je n'avouerai par non plus que le Père est né, qu'il a souffert, qu'il est mort et qu'il est ressuscité: ce serait mentir également. Comment, dira-t-on, vous tirer de cet embarras?

8. Vous aimez cette question telle qu'elle est proposée; que Dieu m'accorde la grâce que vous l'aimiez aussi telle qu'elle sera résolue. C'est-à-dire, qu'il nous tire de peine, vous et moi; car sous l'étendard du Christ nous avons la même foi, nous vivons sous le même Seigneur dans la même maison; membres du même corps nous dépendons du même Chef et nous sommes animes du même souffle. Afin donc que le Seigneur délivre des embarras de cette difficile question, soit vous qui m'entendez, soit moi qui vous parle; voici ce que je dis: Le Fils, et non le Père, est né de la Vierge Marie; mais cette naissance est l'oeuvre du Père et du Fils. Le Père n'a point enduré la passion, c'est le Fils; mais cette passion est l'oeuvre du Père et du Fils. Le Père n'est pas ressuscité, c'est le Fils; relais la résurrection aussi est l'oeuvre du Père et du Fils. Il semble donc que la question soit résolue. Cependant l'est-elle dans l'Ecriture autant que dans mes paroles? Je dois donc démontrer, par le témoignage des livres saints, que la naissance du Fils, que sa passion et sa résurrection sont l'oeuvre du Père et du Fils; que si le Fils seul a été le sujet de ces trois évènements, la cause en est, non pas uniquement dans le Père, ou dans le Fils uniquement, mais dans le Père et le Fils tout ensemble. Prouvons chacune de ces assertions, vous êtes juges, la cause dont il s'agit est expliquée, faisons paraître les témoins. Que votre tribunal me dise maintenant comme on dit aux plaideurs: Prouve ce que tu avances. Avec l'aide du Seigneur je le prouve clairement, je vais produire des passages du coite céleste; et si vous vous êtes montrés attentifs à la proposition, soyez plus attentifs encore à ce qui en fait voir la vérité.

9. Je dois m'arrêter d'abord à la naissance du Fils et démontrer qu'elle est l'oeuvre du Père et du Fils, quoique le Fils seul en soit le sujet. Je produis ici l'autorité de Paul, cet habile docteur en droit divin. Il est aujourd'hui des avocats qui citent ce grand homme pour envenimer les disputes et non pour mettre fin aux contestations; je le cite, moi, pour établir la paix et non pour exciter la guerre. Montrez-nous, saint Apôtre, comment la naissance du Fils est l'oeuvre du Père. «Lorsqu'est venue la plénitude du temps, dit-il, Dieu a envoyé son Fils, formé d'une femme, soumis à la loi, pour racheter ceux qui étaient sous la loi (Ga 4,4-5).» Vous avez entendu et vous avez compris, rien de plus clair, de plus évident. C'est le Père qui a fait naître son Fils d'une vierge. La plénitude du temps étant venue, «Dieu a envoyé son Fils,» le Père a envoyé le Christ. Comment l'a-t-il envoyé? Il l'a envoyé «formé d'une femme, soumis à la Loi.» C'est - 249 - donc le Père qui l'a formé d'une femme et soumis à la loi.

10. Etes-vous surpris que j'aie dit: d'une vierge, et que Paul dise: d'une femme? Ne vous en étonnez point, ne nous arrêtons pas à cela; je ne parle pas à des ignorants. L'Écriture emploie les deux expressions; elle dit: d'une vierge, et: d'une femme. D'une vierge: «Voici qu'une, Vierge concevra et enfantera un Fils (Is 7,14).» D'une femme; vous venez de l'entendre. Mais il n'y a aucune contradiction, car la langue hébraïque appelle femmes, non pas celles qui ont perdu leur virginité, mais toutes les personnes du sexe. La Genèse en présente un exemple frappant, au moment même de la création d'Eve: de cette côte, dit-elle, «Dieu forma la femme (Gn 2,22).» Ailleurs encore l'Écriture rappelle que Dieu ordonna de séparer les femmes qui n'avaient point connu d'homme (Nb 31,17-18 Jg 21,11). Assez d'explication sur ce point; ne nous y arrêtons pas davantage, cherchons plutôt à expliquer avec la grâce de Dieu ce qui présente plus de difficultés.

11. Nous avons prouvé que la naissance du Fils est l'oeuvre du Père; démontrons aussi qu'elle est l'oeuvre du Fils. Le Fils est né de la Vierge Marie, qu'est-ce à dire? C'est-à-dire que dans le sein de cette vierge il a pris la nature de serviteur: la naissance dit Fils est-elle autre chose que cela? Mais le Fils en est l'auteur comme le Père; écoutez: «Il avait la nature de Dieu, dit l'Apôtre, et il ne croyait par usurper en s'égarant à Dieu; mais il s'est anéanti lui-même en prenant la nature de serviteur (Ph 2,6-7).» - «Lorsqu'est venue la plénitude du temps, Dieu a envoyé son Fils, formé d'une femme; son fils qui lui est né selon la chair, de la race de David (Rm 1,3).» Voilà la naissance du Fils produite par le Père; mais comme le Fils «s'est anéanti lui-même en prenant la nature de serviteur,» sa naissance est aussi son oeuvre. La preuve est faite, passons, appliquez-vous à ce qui suit.

12. Démontrons que la passion du Fils est également l'ouvrage et du Père et du Fils. L'ouvrage du Père: «Il n'a point épargné son propre Fils, mais il l'a livré pour nous tous (Rm 8,32).» L'oeuvre du Fils: «Il m'a aimé et s'est livré lui-même pour moi (Ga 2,20).» Le Père a livré son Fils, le Fils s'est livré lui-même; cette passion n'a pesé que sur l'un des deux, mais elle est l'oeuvre de l'un et de l'autre; et, comme la naissance, elle n'a pas été produite par le Père sans le Fils, ni par le Fils sans le Père. Le Père a livré son Fils, le Fils s'est livré lui-même. Qu'a fait ici Judas sinon le péché? Passons et arrivons à la résurrection.

13. C'est le Fils, et non le Père, qui ressuscite; mais la résurrection du Fils est l'oeuvre du Père et du Fils. L'oeuvre du Père: «C'est pourquoi il l'a exalté et lui a donné un nom qui est au-dessus de tout nom (Ph 2,19).» En exaltant son Fils et en le tirant d'entre les morts, le Père l'a donc ressuscité. Le Fils aussi ne s'est-il pas ressuscité? Sans aucun doute, car il a dit de son corps, en style figuré: «Renversez ce temple, et je le relèverai en trois jours (Jn 2,19).» Autre preuve: Si la passion consiste à donner son âme, la résurrection consiste à la reprendre. Voyons donc si le Fils a bien pu donner son âme et s'il a fallu que le Père la lui rendit. Il est certain que le Père la lui a rendue, car il est dit dans un psaume: «Ressuscitez-moi et je les châtierai (Ps 40,11)» Mais pourquoi attendez-vous que nous vous montrions le Fils la reprenant de son coté? N'a-t-il pas dit lui-même: «J'ai le pouvoir de donner mon âme?» - Mais ce n'est pas encore ce que je vous ai promis; j'ai dit seulement: «Le pouvoir de la donner;» et vous applaudissez, parce que vous devancez mes paroles. Formés à l'école du Maître du ciel, vous écoutez attentivement ses leçons, vous les reproduisez avec piété; aussi vous n'ignorez pas ce qui suit: «J'ai le pouvoir, dit-il, de donner mon âme, et j'ai le pouvoir de la reprendre. Personne ne me la ravit; mais je la donne et la reprends de moi-même (Jn 10,18).»

14. Nous avons rempli nos promesses; nous avons, je crois, prouvé nos propositions par les plus sûrs témoignages. Retenez ce que vous venez d'entendre. Je répète en peu de mots et je vous recommande de conserver dans vos esprits une vérité que je crois fort importante. Le Père n'est pas né de la Vierge, c'est le Fils; mais cette naissance est l'oeuvre du Père et du Fils. Le Père n'a point souffert sur la croix; mais la passion du Fils est l'oeuvre du Père et du Fils. Le Père n'est point ressuscité d'entre les morts; mais la résurrection du Fils est l'oeuvre du Père et du Fils. Voilà la distinction des personnes et l'unité des opérations. Gardons-nous donc de dire que le Père fait quelque chose sans le Fils ou le Fils quelque chose sans le Père. Demanderez-vous si parmi ses miracles Jésus n'en a pas fait quelques-uns sans le Père? Eh! que - 250 - deviendraient alors ces mots: «Mon Père, qui demeure en moi, fait lui-même mes oeuvres (Jn 14,10)?»

Ce que nous venons de dire était clair, il n'y avait qu'à l'énoncer; aucun effort n'était nécessaire pour le comprendre, il suffisait de le rappeler.

15. Je veux vous dire encore quelque chose; et ici je vous demande véritablement l'attention la plus active et l'union de vos coeurs avec Dieu. L'espace ne contient que des corps, au delà de l'espace est la divinité, il ne faut donc pas la chercher comme si elle était un corps. Elle est partout invisible et inséparable, sans avoir ici ou là plus ou moins d'étendue; car elle est partout tout entière, indivisible partout. Qui voit ce mystère? Qui le comprend? Modérons-nous; rappelons-nous qui nous sommes et de quoi nous parlons. Quelles que soient les perfections divines, croyons-les avec piété, méditons-les avec respect, et comprenons autant que nous en sommes capables, autant qu'il nous est donné, ce qui est ineffable. Ici point de paroles, point de discours; c'est le coeur qu'il faut exciter et élever vers Dieu. Ce n'est pas à Dieu de monter dans le coeur de l'homme, mais au coeur de l'homme de monter en Dieu.

Étudions la créature: «Les invisibles perfections de Dieu, rendues compréhensibles par les choses qui ont été faites, sont devenues visibles (Rm 1,20).» Dans ces oeuvres de Dieu au milieu desquelles nous vivons, ne pourrait-on découvrir quelque ressemblance, quelque objet qui nous montre trois choses bien distinctes, mais dont les opérations sont inséparables?

16. Allons, mes frères, appliquez-vous de tout votre coeur. Rappelez-vous d'abord quel est mon dessein; comme le Créateur est infiniment élevé au dessus de nous, je veux savoir si dans la créature je ne trouverai pas quelque similitude.

Au moment où la vérité brille comme un éclair dans son esprit, quelqu'un d'entre nous pourrait peut-être s'approprier ces paroles: «J'ai dit dans le transport de mon âme,» Et qu'as-tu dit dans ce transport de ton âme? «J'ai été rejeté de devant vos yeux (Ps 30,23).» Il me semble en effet que celui qui parlait ainsi avait élevé son âme vers Dieu, qu'en s'entendant demander chaque jour «Où est ton Dieu (Ps 41,4-11)?» il avait répandu son âme au dessus d'elle-même, que d'une manière toute spirituelle il avait atteint à la Lumière immuable, sans que sa faiblesse en pût supporter la vue; il retombe alors de tout son poids sur son infirmité, et se mesurant avec cette vive splendeur de la sagesse divine, il sent que le regard de son esprit ne peut la supporter encore. C'est dans le transport de l'âme qu'il a vu tout cela, quand élevé au dessus de la vie des sens il était ravi en Dieu. Mais quand il quitte Dieu en quelque sorte pour rentrer en lui-même, il s'écrie: «J'ai dit dans le transport de mon âme;» j'ai vu alors je ne sais quoi; il m'a été impossible de le supporter longtemps; et revenu à ce corps mortel qui appesantit l'âme et aux mille soucis des choses périssables qui naissent de lui, j'ai dit. Quoi? «Je suis rejeté de devant vos yeux;» vous êtes trop haut et je suis trop bas.

Que pouvons-nous donc dire de Dieu, mes frères? Si l'on comprend ce que l'on veut dire de lui, ce n'est pas lui; ce n'est pas lui que l'on peut comprendre, c'est autre chose en place de lui; et si l'on croit l'avoir saisi lui-même, on est le jouet de son imagination. Il n'est pas ce que l'on comprend; il est ce que l'on ne comprend pas; et comment vouloir parler de ce que l'on ne saurait comprendre?

17. Cherchons par conséquent si nous ne découvrirons pas dans la créature trois choses qui s'énoncent séparément et qui agissent d'une manière inséparable. Mais où aller? Au ciel pour y considérer le soleil, la lune et les autres astres? Sur terre pour y étudier les végétaux, les plantes et les animaux qui la remplissent? Faut-il envisager le ciel même et la terre qui comprennent tout ce que nous y voyons? Mais pourquoi, ô homme, chercher ainsi dans la créature? Rentre en toi-même, considère-toi, étudie-toi, examine-toi en personne. Tu veux trouver dans la créature trois choses qui s'énoncent séparément, tout eu agissant d'une manière inséparable; s'il en est ainsi, contemple-toi d'abord. N'es-tu pas une créature? Tu veux une comparaison, la chercheras-tu parmi les bestiaux? C'est de Dieu qu'il est question, lorsque tu cherches cette similitude; c'est de l'ineffable Trinité de la Majesté suprême; et parce que tu es trop au dessous de ce qui est divin, parce que tu as dû avouer humblement ton impuissance, tu t'es rabattu sur ce qui est humain; c'est donc sur ceci que tu dois arrêter ta pensée.

Pourquoi chercher parmi les troupeaux, dans le soleil ou les étoiles? Lequel de ces êtres est formé à l'image et à la ressemblance de Dieu? Il y a en toi quelque chose de bien préférable (251) de plus rapproché de ton Créateur. Dieu en effet n'a-t-il point formé l'homme à son image et à ski ressemblance? Inspecte ton âme; vois si l'image de la Trinité ne t'offrira point quelque vestige de la Trinité? Mais quelle image es-tu? C'est une image bien distante du modèle; c'est une ressemblance et une image bien imparfaite, et qui n'est pas égale à Dieu comme le Fils est égal au Père, dont il est l'image. Quelle différence entre l'image reproduite dans un fils, et l'image représentée par le miroir? Tu te vois toi-même en voyant ton image dans ton fils, car ton fils a la même nature que toi; et s'il est autre par sa personne, par sa nature il est le même. Ainsi clone l'homme n'est pas l'image de Dieu comme l'est le Fils unique du Père; il est plutôt formé à son image et à une certaine ressemblance avec lui. Examine donc si tu ne pourras découvrir en toi trois choses qui s'énoncent séparément et qui agissent toujours ensemble. Examinons ensemble, chacun de nous en soi-même; examinons en commun et en commun étudions notre commune nature, notre commune substance.

18. Ouvre les yeux, ô homme, reconnais si je dis vrai. As-tu un corps, as-tu un corps de chair? - Oui, réponds-tu. Comment, sans cela, pourrais-je occuper une place ici, me transporter d'un lieu dans un autre? Ne me faut-il pas, pour entendre ce qu'on me dit, des oreilles de chair, et des yeux de chair pour voir qui me parle?- C'est une chose sûre, tuas un corps; il ne faut pas chercher longtemps ce qui est sous nos yeux. Autre chose: Qu'est-ce qui agit par le corps? L'oreille entend, mais elle ne te fait pas entendre; il y a au dedans quelqu'un qui entend par elle. Tu vois par l'oeil; mais regarde l'oeil lui-même. Te contenteras-tu de considérer la maison sans t'occuper de celui qui l'habite? L'oeil voit-il par lui-même? N'y a-t-il pas en lui quelqu'un qui voit par lui? Je ne dis pas L'oeil d'un mort ne voit point, quand il est sûr que l'âme a quitté le corps; je dis que l'oeil d'un homme occupé d'autre chose ne voit pas ce qui est devant lui. C'est donc l'homme intérieur qu'il faut considérer en toi. C'est là surtout qu'il faut chercher l'idée de trois choses qui s'énoncent séparément et qui agissent ensemble.

Qu'y a-t-il dans ton âme? Il est possible qu'en scrutant j'y découvre beaucoup de choses; mais tout d'abord il s'en présente une qui est facile à saisir. Qu'y a-t-il dans ton âme? Rappelle tes idées, réveille tes souvenirs. Je ne demande pas que tu me croies sur parole; n'accepte ce que je vais dire qu'autant que tu le reconnaîtras en toi. Regarde donc.

Mais, ce qui nous a échappé, voyons d'abord si l'homme est l'image du Fils seulement, ou du Père, ou bien s'il l'est à la fois du Père, et du Fils, et conséquemment du Saint-Esprit. Il est dit dans la Genèse: «Faisons l'homme à notre image et à notre ressemblance (Gn 1,36).» Ainsi le Père ne l'a point fait sans le Fils ni le Fils sans le Père. «Faisons l'homme à notre ressemblance. - Faisons;» et non pas: je ferai, fais, qu'il fasse, mais «faisons à l'image,» non pas à ton image ou à la mienne, mais «à la nôtre.»

19. Je questionne donc et j'interroge ce qui est bien dissemblable. Ne dites pas: Comment! c'est ce qu'il compare à Dieu! Je l'ai dit et redit, je vous ai prévenus et j'ai pris mes, précautions les termes de comparaison sont à une distance infinie; il y a entre eux la distance du ciel à la terre, de l'immuable au muable, du Créateur à la créature, du divin à l'humain. Retenez avant tout cette observation, et que personne ne m'accuse s'il y a tant d'éloignement entre les deux termes; que nul ne-me montre les dents au lieu de m'ouvrir l'oreille; tout ce que j'ai promis de faire voir c'est trois choses qui s'énoncent séparément et qui agissent inséparablement. Quant à leur dissemblance plus ou moins considérable avec la Trinité toute puissante, il n'en est pas question pour le moment; ce que j'entreprends, c'est de montrer que dans cette créature infirme et muable il y a trois facultés qui se peuvent considérer séparément et qui agissent indivisiblement: O pensée charnelle! ô conscience opiniâtre et infidèle! pourquoi douter que cette ineffable Majesté possède ce que tu peux discerner en toi-même?

Voyons, ô homme, réponds-moi: As-tu de la mémoire? Mais si tu n'en as point, comment as-tu retenu ce que j'ai dit? Peut-être as-tu oublié ce que tu viens d'entendre; mais cette parole: J'ai dit; mais ces deux syllabes, tu ne les retiens que par la mémoire. Comment saurais-tu qu'il y a en deux, si tu avais oublié la première quand je prononce la seconde? Pourquoi d'ailleurs m'arrêter plus longtemps? Pourquoi me presser, me forcer de prouver cela? Il est clair que tu as de la mémoire.

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Autre question: As-tu de l'entendement? Oui, réponds-tu. - De fait, si tu ne pouvais, sans la mémoire, retenir ce que j'ai dit; tu ne saurais le comprendre sans l'entendement. Tu as donc de l'entendement; cet entendement, tu l'appliques à ce que garde ta mémoire, tu comprends alors, et comprendre c'est savoir.

Troisième question: Tu as de la mémoire pour retenir ce qu'on te dit; tu as de l'entendement pour comprendre ce que tu retiens; mais dis-moi: Est-ce volontairement que tu retiens et que tu comprends? Sans aucun doute, reprends-tu. - Donc aussi de la volonté.

Voilà les trois choses que j'avais promis de faire entendre à vos oreilles et à votre esprit. Elles sont toutes trois en toi, tu peux les compter sans pouvoir les séparer. Les voilà toutes trois mémoire, intelligence et volonté, remarque bien; on les énonce séparément et elles agissent inséparablement.

20. Le Seigneur nous viendra en aide et déjà il y est venu: je le vois à la manière dont vous saisissez; car ces acclamations me font sentir que vous comprenez, et j'espère qu'avec sa grâce vous comprendrez également tout le reste. J'ai promis de montrer trois choses qui s'énoncent séparément et qui agissent inséparablement. J'ignorais ce qu'il y a dans ton âme; tu me l'as fait connaître en disant: la mémoire. Cette parole, ce son, ce trot a jailli de ton coeur à mes oreilles. Car avant de parler tu réfléchissais silencieusement à ce qu'on nomme- la mémoire. Tu le savais et tu ne me l'avais pas dit encore. Or afin de me le faire entendre, tu as prononcé ce mot, la mémoire. J'ai entendu, j'ai distingué les trois syllabes dont est composé ce terme, la mémoire. C'est en effet un mot de trois syllabes; ce mot a été prononcé, il a frappé mes oreilles et a révélé quelque chose à mon esprit. Le son s'est évanoui; la cause et l'effet du son demeurent.

Dis-moi cependant: lorsque tu prononces ce mot: mémoire? remarques-tu qu'il n'y est question effectivement que de la mémoire? Les deux autres facultés ont leurs noms propres; l'une s'appelle l'intelligence, l'autre la volonté et aucune j'a mémoire. Et pourtant afin de prononcer ce dernier mot, afin de produire ces trois syllabes, quel moyen as-tu employé? Ce mot qui ne désigne que la mémoire a été formé en toi par la mémoire, qui te faisait retenir ce que tu disais; par l'intelligence, qui te faisait comprendre ce que tu retenais; enfin par la volonté, qui te portait à proférer ce que tu comprenais. Grâces au Seigneur notre Dieu! Il a donné son secours à vous et à nous. Je le dis franchement à votre charité, je tremblais en commençant à discuter et à vous expliquer ce sujet. Je craignais qu'en faisant plaisir aux esprits plus avances, je ne vinsse à ennuyer fortement les intelligences plus lentes. Mais à votre attention et à l'activité de votre intelligence; je vois que votas avez compris et que même avant moi vous preniez votre essor pour vous écrier: Grâces au Seigneur.

21. Voyez encore: je reviens sans inquiétude sur ce que vous avez compris; je ne dis rien ale nouveau, je répète seulement, pour mieux Ici graver en vous, ce que vous avez parfaitement saisi.

De ces trois facultés nous en avons nommé une, nous avons prononcé seulement le nom de la Mémoire, et ce nom qui n'appartient qu'à la mémoire, a été formé par les trois facultés réunies, On n'a pu nommer la mémoire qu'avec le concours (le la volonté, de l'intelligence et de la mémoire. On ne saurait non plus nommer l'intelligence qu'avec le concours de la mémoire, de la volonté et de l'intelligence; ni nommer la volonté qu'avec le concours de la mémoire, de l'intelligence et de la volonté.

Je crois donc avoir expliqué ce que j'ai promis d'expliquer; j'ai vu réuni dans ma pensée ce que j'ai énoncé séparément. Il a fallu les trois facultés pour former le nom de l'une d'entre elles, et ce nom formé par les trois n'appartient qu'à une seule. Les trois ont formé le nom de la mémoire; et ce nom n'appartient qu'à la mémoire. Les trois ont formé le nom de l'intelligence; et ce nom ne désigne que l'intelligence. Les trois ont formé le nom de la volonté; et ce nom n'appartient qu'à la volonté. Ainsi la Trinité a formé la chair du Christ; et cette chair n'est qu'au Christ. Ainsi la Trinité a formé la colombe descendue du ciel; et cette colombe ne désigne que l'Esprit-Saint. Ainsi la Trinité a fait entendre la voit d'en haut; et cette voix n'appartient qu'au Père.

22. Que nul maintenant ne me dise, que nul n'essaie de tourmenter tua faiblesse en s'écriant: De ces trois facultés que tu as montrées dans notre esprit ou plutôt clans notre âme, laquelle désigne le Père, c'est-à-dire la ressemblance du Père, laquelle désigne le Fils et laquelle le (253) Saint-Esprit? Je ne saurais le dire, je ne saurais l'expliquer. Laissons quelque chose à la méditation, laissons aussi quelque chose au silence. Rentre en toi, et te soustrais au bruit. Lis en toi-même, si toutefois tu as su te faire dans ta conscience connue un doux sanctuaire; ou tu ne produises ni bruit ni querelle, où tu tic cherches ni à disputer ni à contredire avec opiniâtreté. «Sois docile à écouter la parole, afin de la comprendre (Si 5,13).» Peut-être diras-tu bientôt: «Vous ferez entendre à mon oreille la joie et l'allégresse, et mes os tressailleront dans l'humilité, (Ps 50,10)» et non dans l'orgueil.

23. C'est donc assez d'avoir montré ces trois facultés qui s'énoncent séparément et qui agissent inséparablement. Si tu as pu reconnaître ce phénomène dans ta personne, dans un homme, dans un homme qui marche sur la terre et qui porte un corps fragile dont le poids appesantit l'ante; crois donc que le Père, le Fils et le Saint-Esprit peuvent se montrer séparément sous des symboles visibles, sous des formes empruntées à la créature, et néanmoins agir inséparablement. C'est assez.

Je ne dis pas que la mémoire représente le Père, l'intelligence le Fils et la volonté l'Esprit Saint; je ne dis pas cela, quelque sens que l'on y donne, je ne l'ose. Réservons ces mystères pour de plus grands esprits, et faibles expliquons aux faibles ce que nous pouvons. Je ne dis donc pas qu'entre ces trois facultés et la Trinité il y ait analogie, c'est-à-dire des rapports qui permettent une comparaison véritable; je ne dis pas cela non plus. Que dis-je, alors? Je dis qu'en toi j'ai découvert trois facultés qui s'énoncent séparément et qui agissent inséparablement car le nom de chacune est formé par les trois, sans toutefois convenir aux trois mais à une seule d'entre elles. Et si tu as entendu, si tu as saisi, si tu as retenu cela, crois en Dieu ce que tu ne saurais voir en lui. Tu peux connaître en toi ce que tu es; mais dans Celui qui t'a fait, comment, quoi qu'il soit, connaître ce qu'il est? Si tu le peux un jour, tu n'en es pas capable aujourd'hui; et lors-même que tu le pourras, te sera-t-il possible de connaître Dieu comme Dieu se connaît?

Que votre charité se contente de ce peu. Nous avons dit ce que nous avons pu; nous avons, à votre demande, acquitté nos promesses; ce qu'il faudrait ajouter encore pour élever plus haut votre entendement, demandez-le au Seigneur.





Augustin, Sermons 52