Augustin, Sermons 3003

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TROISIÈME SERMON. DU MÉPRIS DES CHOSES TEMPORELLES (1).

Le catalogue manuscrit, num. 173, intitulé: Augustini operum, tom. 12, contient des traités et des sermons dont la majeure partie est en parfait accord avec ce qui est édité; mais les autres contiennent, en outre des variantes, des périodes qu'on ne trouve point dans les éditions. Dans ces dernières, j'en ai choisi une seule qui se trouve dans des variantes presque sans nombre. Comme je n'oserais décider si elle est l'oeuvre des scribes qui écrivaient précipitamment puis mettaient en ordre ce qu'ils avaient écrit, ou si elle est l'oeuvre de saint Augustin, qui a pu écrire de nouveau un sermon composé antérieurement, comme il avoue, dans son quinzième livre de la Trinité, qu'il l'a fait ailleurs, j'ai cru qu'il suffisait de s'en rapporter au jugement des érudits, qui devront statuer ce qu'il faut penser, par ce seul fait, des autres extraits que l'on fait de ce même catalogue. Mais le catalogue, num. 219, intitulé: Dydimus de Spiritu sancto, et alia, contient ce sermon absolument semblable à celui du premier catalogue. Les bénédictins de Saint-Maur, tom. 5, num. 345, ont donné ce sermon d'après les éditions de Colbert et de Sirmond, sans avoir aucun doute au sujet de son intégrité.

ANALYSE.- Soyons riches en bonnes oeuvres.- L'homme pauvre qui rêve des richesses, et se trouve pauvre à son réveil, c'est le riche sans bonnes oeuvres, pauvre à la mort.- Avec des voleurs on rachète sa vie par tous ses biens, donnons-les pour la vie éternelle.- Nous haïr pour aimer Dieu, lui confier nos biens, puisque nous lui confions notre âme.- Donnons nos biens à Dieu dans la personne des pauvres.- Le véritable riche, et la véritable vie.- Donnons à Dieu nos richesses, et faisons le don de nous-mêmes en le suivant à la croix, comme les martyrs.- Humilions-nous.- Les épreuves du temps présent.- Impossibilité d'évaluer par des choses temporelles le prix d'une vie sainte.

Cette fête des martyrs, ce jour du Seigneur, nous engagent à dire à votre charité ce qui peut nous porter au mépris du siècle présent et à l'espérance du siècle à venir. Cherches-tu de quoi mépriser? Tout homme saint, tout martyr a méprisé jusqu'à cette vie présente.

(1) L'édition de Saint-Maur lui donne ce titre: Du mépris du monde; il fut prêché dans les jours de Pâques, à la fête des saintes de Tibur, selon Sirmond agi nombre de deux, Félicité et Perpétue; selon Henri de Valois, au nombre de trois, Maxima, Donatilla, Seconda; d'après le témoignage des mêmes Pères de Saint-Maur. On voit plus clairement ici, que dans l'édition, que l'exorde est tiré des circonstances du temps.

Veux-tu de quoi espérer? C'est aujourd'hui que le Seigneur est ressuscité. Si tu hésites quant à ta chose espérée, sois ferme quant à l'espérance. Si le travail te cause du trouble, que la récompense te relève. Dans la première lecture (1) de cette épître que l'Apôtre écrit à Timothée, nous trouvons aussi pour nous ce précepte qu'il lui donne: «Prescrivez aux riches de ce monde de n'être point orgueilleux, de ne point mettre leur confiance dans des richesses incertaines, mais dans le Dieu vivant qui nous donne avec abondance ce qui est nécessaire à la vie. Qu'ils soient riches en bonnes oeuvres, qu'ils donnent de bon coeur, qu'ils fassent part de leurs richesses, qu'ils se fassent un trésor et un fondement solide pour l'avenir, afin d'embrasser la véritable vie (2)». (Et que cette leçon ne nous paraisse pas moins à propos dans cette solennité de nos saints martyrs; car cette fête nous enseigne aussi le mépris du monde. Dire en effet aux riches de se faire des trésors et un fondement solide pour l'avenir, afin d'embrasser la véritable vie, c'est dire sans aucun doute que cette vie est fausse.] Et surtout, ils doivent s'appliquer cette leçon, ces riches que les pauvres ne sauraient voir sans murmurer, sans louer, sans envier leur sort, sans en désirer un semblable, sans se plaindre de leur infériorité, et au milieu des applaudissements qu'ils donnent à la vie des riches, voici ce qu'ils disent le plus souvent C'est là seulement exister, c'est là seulement vivre. Or, à cause de ces paroles flatteuses que donnent aux riches les hommes de basse condition, (que c'est là vivre, qu'il n'y a de vie que pour eux seuls, de peur que ces adulations ne viennent à les enorgueillir, à leur persuader qu'ils vivent, prescrivez aux riches», dit l'Apôtre, «aux riches de ce monde, de ne point s'enorgueillir, de ne mettre point leur confiance dans des richesses incertaines, mais dans le Dieu vivant, qui nous donne avec abondance ce qui est nécessaire à la vie». Qu'ils soient riches, mais en quoi? «En bonnes oeuvres: qu'ils donnent facilement, car ce n'est point perdre que a donner; qu'ils veuillent bien faire part de

1. Le nom de première lecture s'appliquait autrefois à l'épître après laquelle on chantait des psaumes, puis l'évangile. C'est ce que nous Insinue clairement saint Augustin, sermon CL27, où il appelle indistinctement lectures ces trois objets. Dans notre liturgie actuelle on a conservé le même ordre, mais l'épître seule a retenu le nom de lecture, ou lectio.

2. 1Tm 6,17 et suiv.

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leurs biens à ceux qui n'ont rien. Et qu'en résultera-t-il? «Qu'ils s'acquièrent un trésor a et un fondement solide pour l'avenir, afin «qu'ils embrassent la véritable justice la, sans croire à ceux qui leur disent qu'ils vivent et qu'il n'y a qu'eux pour vivre.] Cette vie n'est qu'un songe, et ces richesses s'évanouissent comme dans un songe. Ecoute le Psalmiste, ô riche très-pauvre: «Ils ont dormi leur a sommeil, et tous ces hommes n'ont trouvé «sous leurs mains aucune richesse (1)». Quelquefois un mendiant couché sur la terre, tremblant de froid, et néanmoins endormi, rêve à des trésors, et dans son rêve il se livre à la joie et à l'orgueil, il ne daigne plus connaître son père couvert de haillons, et jusqu'à son réveil il est riche. Pendant son sommeil, il goûte une joie fausse, à son réveil il ne trouve de vrai (lue la douleur. Le riche, à sa mort, ressemble donc à ce pauvre qui s'éveille après avoir vu des trésors en songe; car lui aussi était vêtu de pourpre et de fin lin. Un certain riche qui n'est point nommé, et qu'on ne doit point nommer, dédaignait un pauvre couché à sa porte, se revêtait de pourpre et de fia lin, comme le dit l'Evangile, et donnait chaque jour de splendides festins: il mourut et fut enseveli; il s'éveilla et se trouva dans les flammes. Cet homme donc «dormit son sommeil et ne trouva sous sa main rien de toutes ses richesses», parce que ses mains n'avaient fait aucun bien. C'est donc pour la vie qu'on recherche les richesses, et non la vie pour les richesses. Combien ont pactisé avec l'ennemi, lui ont tout laissé, pour qu'il leur laissât la vie, achetant ainsi la vie au prix de tout ce qu'ils possédaient (2). A quel prix nous faudra-t-il acheter la vie éternelle, si cette vie qui doit finir est si précieuse? Donne au moins quelque chose au Christ, afin de vivre heureux, si tu donnes tout au voleur afin de vivre en mendiant. Par ta vie temporelle, que tu rachètes à si grand prix, juge de la vie éternelle, que tu négliges, afin de

1. Ps 62,6

2. On lit dans l'édition: «Ils ont tout donné pour ne point perdre la vie. Tu as donné, ô mon père, tous tes biens aux barbares! Tout, répond-il, et je suis demeuré nu; mais nu, je vis encore. Et pourquoi? on devait me tuer tout à fait, et j'ai tout donné. Et pourquoi ce malheur? Veux-tu que je te le dise? Avant la rencontre de ce barbare, tu ne donnais rien au pauvre, de manière à faire parvenir ton aumône jusqu'au Christ au moyen du pauvre. Tu n'as rien donné au Christ, et tu as tout donné aux barbares, tout avec serment. Le Christ demande et ne reçoit rien; le barbais tors turc et enlève tout. Si tu as acheté à un tel prix une vie périssable, à quel prix etc.

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vivre pendant quelques jours, dusses-tu arriver jusqu'à la vieillesse. Car tous les jours de l'homme, depuis l'enfance jusqu'à la vieillesse, ne sont que peu nombreux. Adam mourant aujourd'hui, n'aurait vécu que peu de jours, puisqu'il serait arrivé à la fin. Ce sont donc ces jours si peu nombreux, jours de peine, jours de disette, jours d'épreuve, que tu as rachetés? Et à quel prix? Tu ne veux plus rien posséder, pour te posséder toi-même. Veux-tu savoir combien vaut la vie éternelle? Sois toi-même le supplément du prix. L'ennemi qui avait fait de toi un captif t'a dit: Si tu veux vivre, donne-moi ce que tu as, et pour vivre tu as tout donné, toi racheté aujourd'hui pour mourir demain; échappé aujourd'hui, pour être massacré demain. Que nos périls nous instruisent, mes frères. Où trouver une pareille ignorance, au milieu et des paroles de Dieu, et des expériences de la vie humaine? Tu as tout donné, et tu t'es échappé heureux de vivre, et pauvre, et nu, et indigent, et mendiant; tu as de la joie, parce que tu vis et que la lumière est douce. Que le Christ apparaisse, qu'il pactise avec toi, lui qui, loin de te captiver, a été fait captif pour toi, qui, loin de chercher à te donner la mort, a daigné souffrir la mort pour toi et se donner pour toi. Quelle rançon! Celui qui t'a fait te dit donc: Faisons une convention Veux-tu te posséder et perdre tout? Situ veux te posséder, il faut m'avoir aussi, et te haïr, afin de m'aimer et de retrouver ta vie en la perdant, de peur de la perdre en la conservant. Quant à ces richesses que tu aimes à posséder, et que néanmoins tu es disposé à donner pour conserver cette vie terrestre, je t'ai donné un conseil salutaire. Si tu aimes aussi ces richesses, garde-toi de les perdre en même temps; mais elles périront ici-bas, où tu les aimes. A ce sujet je te donne aussi un conseil. Les aimes-tu véritablement? C'est de les envoyer où tu dois les suivre, de peur qu'en les aimant sur la terre, ou tu les perdes pendant ta vie, ou tu les abandonnes à la mort. C'est pour cela, nous dit-il, que je te donne un conseil, je ne te dis point de les perdre, mais de les conserver; tu veux thésauriser, loin de te le défendre, je t'indique l'endroit; écoute en moi un conseil, non une défense. Où donc te dis-je de thésauriser? «Amassez-vous un trésor dans le ciel, d'où n'approche point le voleur, où la teigne et la rouille ne rongent point (1)». Mais, diras-tu, je ne vois point ce que je place dans le ciel. Tu vois, il est vrai, ce que tu caches dans la terre. Or, voudrais-tu être en sûreté en cachant dans la terre, et dans l'inquiétude, quand tu confies quelque chose à celui qui a fait le ciel et 1a terre? Conserve où tu voudras; si tu trouves un dépositaire plus fidèle que le Christ, garde tout pour le lui confier. Mais, dis-tu, je confie à mon serviteur. Combien il serait mieux de confier à ton maître. Un serviteur enlève ce qu'on lui confie et prend la fuite; et au milieu de tant de malheurs, c'est encore un bien que le serviteur emporte le dépôt et s'enfuie, sans amener les ennemis contre son maître. Beaucoup de serviteurs se sont tout à coup tournés contre leurs maîtres et les ont livrés à l'ennemi avec tous leurs biens. A qui donc te fier? En attendant, diras-tu, je confie mon or à mon serviteur. Ton or à ton serviteur, et ton âme à qui? A mon Dieu, diras-tu. Combien serait mieux ton or chez celui qui a déjà ton âme? Pourrait-il, par hasard, fidèle à conserver ton âme, être infidèle à conserver tes richesses? Ne saurait-il rien conserver pour toi, celui qui te conserve toi-même? Aie donc confiance. L'affaire de ton serviteur est de ne point enlever, est-elle de ne point perdre? Toute sa fidélité consiste à ne point te tromper. Or, tu fais attention à sa fidélité, et non à sa faiblesse? Il a déposé, mais non caché ton trésor; un autre vient et t'enlève. Or, quelqu'un pourrait-il en agir ainsi envers le Christ? Secoue donc ta paresse, reçois un conseil et thésaurise pour le ciel. Que dis-je, secoue ta paresse, comme si c'était un labeur que thésauriser pour le ciel; et quand même ce serait un labeur, il n'en faudrait pas moins agir, entreprendre ce labeur et y déposer ce que nous avons soin de mettre dans un endroit sûr, afin que nul ne l'enlève. Et toutefois le Christ ne te dit point: Amasse des trésors dans le ciel, cherche des échelles, procure-toi des ailes, mais bien: Donne-moi sur la terre, et je te conserverai pour le ciel. Oui, dit-il, donne-moi sur la terre; car c'est pour cela que j'y suis venu pauvre, afin de t'enrichir dans le ciel. Prépare-toi un moyen de passer. Tu crains la fraude qui te ferait perdre. Voudrais-tu un homme pour le porter où tu dois aller? Le Christ est à ton service dans l'un et dans l'autre cas. Il ne connaît

1. Mt 6,20

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point la fraude et portera ton dépôt. Mais où trouver le Christ, me diras-tu? Ma foi m'apprend ce que j'ai entendu dans l'Eglise; je l'ai appris, je le crois, je suis imbu de ces mystères: Le Christ a été enseveli, il est ressuscité le troisième jour, et quarante jours après il monta aux cieux en présence de ses disciples, pour s'asseoir à la droite de son Père, d'où il doit venir au dernier jour; comment le trouver ici-bas, pour lui confier mes richesses? Point de trouble, écoute jusqu'à la fin, et, si tu as écouté, répète jusqu'à la fin. Tu crois ceci, je le sais, que le Christ a été suspendu à la croix, qu'on l'en a descendu, qu'on l'a mis au sépulcre, qu'il est ressuscité, qu'il est monté aux cieux; mais as-tu lu aussi, quand Saul persécutait son Eglise, quand il sévissait avec orgueil et cruauté, ne respirant que le carnage, et, dans sa soif du sang des chrétiens, portait des lettres à Damas afin d'amener enchaînés à Jérusalem les hommes et les femmes qu'il trouverait de cette religion (Ac 9,2 et suiv), as-tu entendu le cri que poussa celui que tu avoues être dans le ciel? Rappelle-toi ce qu'il dit alors; qu'as-tu entendu, toi qui as lu? «Saul, Saul, pourquoi me persécuter?» Or, Paul ne le voyait point, ne le touchait point, et Jésus disait néanmoins: «Pourquoi me persécuter?» Il ne dit point: Pourquoi persécuter mes serviteurs, mes fidèles, mes saints, mes frères, que tu dois honorer; il ne dit rien de semblable. Que dit-il donc? a Pourquoi me persécuter?» c'est-à-dire mes membres; et quand ces membres sont broyés sur la terre, la tête se plaint du haut du ciel; de même que, pour ton pied que l'on écrase sur la terre, ta langue s'écrie: Tu m'écrases, et non: Tu écrases mon pied. Comment donc ne sais-tu point à qui donner? Celui qui a dit: «Saul, Saul, pourquoi me persécuter?» te dit également: Nourris-moi sur la terre. Saul y sévissait, et néanmoins persécutait le Christ; et toi, donne sur la terre, et tu nourris le Christ. Car le Seigneur a tranché d'avance la question qui t'occupe. «Alors ils seront tout émus ceux qui seront placés à droite, et quand il leur dira: J'ai eu faim, et vous m'avez donné à manger, ils répondront: Seigneur, quand est-ce que nous vous avons vu avoir faim? et aussitôt ils entendront cette réponse: «Ce que vous avez fait au moindre des miens, c'est à moi que vous l'avez fait (Mt 25,37-40)». Si donc tu ne veux pas donner; il y a de quoi t'accuser, mais non t'excuser (2). C'est donc à propos de ces richesses que le Seigneur te dit: Je t'ai donné le plus salutaire conseil, les aimes-tu? porte-les ailleurs; et quand tu les auras portées ailleurs, tu les suivras, tu les suivras aussi de coeur; «car où est ton trésor, là est aussi ton coeur». Confier ton trésor à la terre, c'est cacher ton coeur dans la terre et dès qu'il est dans la terre, tu ne saurais sans rougir répondre qu'il est vers le Seigneur», quand tu entends: «En haut le coeur (3)». Pour moi, dit le Seigneur, je t'ai donné un conseil salutaire au sujet de tes richesses, si tu veux le suivre, si tu veux me comprendre, si tu veux être riche comme le prescrit l'Apôtre, sans orgueil, sans mettre ta confiance en des richesses qui sont incertaines, en donnant facilement, en faisant part de tes biens; si tu veux te faire un véritable trésor, un fondement solide pour l'avenir, afin d'embrasser la véritable vie. Maintenant, interroge-moi, dit le Seigneur ton Dieu; voilà, diras-tu, que j'ai envoyé au ciel ce que je possède, soit en donnant le tout, soit en possédant le reste comme si je ne le possédais point, usant de ce monde comme n'en usant pas (1Co 7,31). Le ciel vaut-il tout cela? S'il le vaut, voilà que je l'ai fait. Est-ce cher? Il vaut mieux encore. Car il n'est pas réellement de nature à valoir tel ou tel prix; tu vivras éternellement. Toi, qui donnerais tous ces trésors pour une vie de peu de jours, tu seras là, véritablement riche, puisque tu n'y manqueras de rien. Ton but unique, en recherchant les richesses, est de ne manquer de rien sur la terre. C'est pour cela que tu veux amasser, entasser une boue épaisse qui pèsera sur toi, qui t'écrasera et qui, en se desséchant, te fera une étroite prison. De là vient alors que, pour éviter l'indigence, tu veux pour ton carrosse beaucoup de chevaux, pour ta table des vivres en abondance, pour te couvrir les plus précieux vêtements. En dépit de ces possessions

2. On lit dans l'édition: «Si tu as entendu cette parole, dis franchement: Je ne veux point donner alors tu seras sans excuse et condamné par ta bouche».
3. Il y a dans l'édition: «Il te faut rougir comme d'un mensonge, quand tu réponds à cette parole: En haut les coeurs. On dit en a effet en haut les coeurs, et aussitôt tu réponds: Nous les avons vers le Seigneur. C'est mentir à Dieu. Pendant une heure tu mens à l'Eglise, tu mens à Dieu, et toujours aux hommes. Tu dit que ton coeur est vers Dieu, tandis qu'il est caché en terre; car où est a ton trésor, là aussi est ton coeur.

(500) il n'y aura point richesse pour toi, et pauvreté pour l'ange qui n'a pas besoin d'un cheval, qui ne court pas sur un char, qui ne couvre point sa table d'un tel apparat, à qui l'on ne tisse point de vêtement, puisqu'il est revêtu de lumières; apprends à connaître les véritables richesses. Tu veux les richesses qui te fourniront de quoi flatter ton palais, rassasier tes entrailles; celui-là te rendra véritablement riche, qui te donnera de quoi n'avoir pas faim; car n'avoir pas faim, c'est n'avoir aucun besoin. Quelles que soient, en effet, tes richesses, quand vient pour toi l'heure de dîner, ou avant de te mettre à table, avoir faim c'est être pauvre. Enfin, qu'on desserve la table, et tu respires dans ton orgueil. Ce n'est là que la fumée de nos soins, et non l'exemption du besoin. Vois quelles sont tes pensées, dans le dessein d'augmenter tes richesses. Vois si ton sommeil est facile, quand ton esprit s'occulte ou à ne point perdre ce que tu as amassé, ou à grossir ce que tu as conservé. C'est donc trouver la richesse, que trouver le repos. Eveillé, tu réfléchis à l'augmentation de les richesses; endormi, tu rêves des voleurs; inquiet le jour, peureux la nuit, toujours mendiant. Or, celui qui t'a promis le royaume des cieux te veut faire véritablement riche. Et à quel prix penses-tu pouvoir acquérir ces véritables richesses, cette vie véritable qui sera éternelle? Quoi donc? T'imaginerais-tu qu'elle est réelle, parce que tu l'achèteras au même prix que tu as voulu donner pour acheter ce jour de labeur et de misère? Mais ce qui est bien plus long doit avoir beaucoup plus de valeur. Que faire, diras-tu? J'ai donné aux pauvres tout ce que j'avais, et ce qui me reste j'en fais part aux indigents; que puis-je faire de plus? Tu as quelque chose de plus, toi-même; oui, toi-même et en plus: tu fais partie de tes possessions, il faut te donner toi-même. Ecoute le conseil que ton Dieu donnait à un riche: «Va, vends ce que tu possèdes et donne-le aux pauvres». L'abandonna-t-il après lui avoir tenu ce langage? De peur qu'il ne crût perdre ce qu'il aimait, le Sauveur le rassura d'abord, et lui montra que ce n'était point perdre, mais mettre en sûreté: «Tu auras», lui dit-il, «un trésor dans le ciel». Cela suffit-il? Non. Que faut-il encore? «Viens et suis-moi (2)». L'aimes-tu? Veux-tu le suivre?

1. Mt 19,21

Mais il est parti, il s'est envolé: cherche par où? Je ne sais. O chrétien! Tu ne sais pas où a passé ton Dieu? Veux-tu que je te dise par où tu dois le suivre? Par les angoisses, par les opprobres, par les calomnies, par les crachats sur son visage, par les soufflets, par les meurtrissures de la flagellation, par la couronne d'épines, par la croix, par la mort. Comme tu es lent! Tu voulais le suivre, tu connais le chemin. Mais tu dis: Qui donc le suit par là? Rougis d'être homme. Elles l'ont suivi, ces femmes dont nous célébrons la fête aujourd'hui; car aujourd'hui nous célébrons la fête de ces saintes femmes, martyres à Tibur. Votre Dieu, notre Dieu, leur Dieu, le Dieu de tous, notre Rédempteur, en marchant devant nous dans cette voie étroite et rude, en a fait une voie royale, fortifiée et pure, dans laquelle des femmes font leurs délices de marcher, et tu es lent encore? Tu ne veux point répandre ton sang pour un sang si précieux?Voilà ce que te dit le Seigneur ton Dieu: J'ai souffert le premier pour toi; donne ee que tu as reçu, rends ce que tu as bu. Ne saurais-tu le faire? Des jeunes enfants, des jeunes filles l'ont pu; des hommes délicats, des femmes délicates l'ont pu; des riches l'ont pu; ces hommes aux grandes richesses, quand est venue fondre sur eux l'épreuve de la souffrance, n'ont été retenus, ni par leurs grands biens, ni par les douceurs de la vie: ils pensaient à ce riche qui en finissait avec ses richesses, pour rencontrer les tourments, et sans envoyer leurs richesses devant eux, ils les ont précédées par le martyre. En face de si nobles exemples, tu affiches de la lenteur? Et toutefois tu célèbres les fêtes des martyrs. C'est aujourd'hui une fête des martyrs; j'irai, dis-tu, et peut-être avec une tunique plus belle. Vois avec quelle conscience, aime ce que tu fais, imite ce que tu célèbres, fais ce que tu loues. Mais moi, je ne saurais. Le Seigneur est tout près, soyez sans inquiétude (1). Mais moi, dis-tu, je ne puis. Loin de toi de craindre la source; où ces femmes ont été comblées, toi aussi tu peux être comblé, si tu en approches avec avidité, si tu ne t'élèves point comme la colline; si, au contraire, tu t'abaisses comme la vallée, afin de mériter d'être comblé. Gardons-nous donc, mes frères, de trouver ces exigences trop dures, surtout dans ces temps si féconds en douleurs (2). Les martyrs ont méprisé le monde

1. Ph 4,6. - 2. Ce sermon fut probablement prêché pendant la première persécution des Vandales, vers l'an 427. (Voir sermon CCXCVI, num. 6-14) Mais dans l'un il parle des ravages de Rome, ici des ravages de l'Afrique.

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dans sa fleur; le mépriser dans sa fleur est vraiment digne d'éloges, puisqu'on l'aime dans sa ruine. Les martyrs ont méprisé les fleurs, et tu en aimes les épines! S'il t'en coûte de partir, que ta maison qui s'écroule te cause au moins de l'effroi. Mais voilà qu'un païen te vient insulter. Ah! c'est pour un païen bien choisir son temps, quand s'accomplissent les oracles du Seigneur. Son insulte viendrait plus à propos, si l'on ne voyait point l'accomplissement de ses oracles. Il abjure le Dieu que tu adores, et toi, par ce qui arrive aujourd'hui dans le monde, prouve que ce Dieu est véridique; sans t'affliger des prédictions, réjouis-toi des promesses. Il est venu à cette heure où le monde, sur son déclin et près de finir, devait passer par des ruines, des calamités, des angoisses, des souffrances. Il est donc venu pour te consoler, celui qui est venu alors; pour te soutenir dans les angoisses de cette vie qui périt et qui passe rapidement; il t'a promis une autre vie. Avant que le monde fût en butte à ces afflictions, à ces calamités, les Prophètes furent envoyés; ce furent donc les serviteurs qui furent envoyés d'abord à ce grand malade qui était le genre humain, et qui, semblable à un seul homme, gisait de l'Orient à l'Occident. Le Médecin puissant envoya d'abord ses serviteurs. Alors il arriva que ce malade eut de tels accès, qu'il était condamné à souffrir beaucoup. Alors le Médecin dit: Le malade souffrira beaucoup; ma présence est nécessaire. Que, dans son délire, le malade dise au Médecin: Seigneur, je souffre beaucoup depuis votre arrivée. Insensé, tu souffres depuis mon arrivée; mais c'est parce que tu devais souffrir que je suis venu. Abrégeons, mes frères, pourquoi parler davantage? «Le Seigneur a résolu de faire sur la terre un grand retranchement». Vivons saintement, et, en échange de cette vie sainte, n'espérons point les biens passagers de la terre: un bonheur terrestre serait une récompense peu digne d'une sainte vie; une vie sainte sur la terre est, néanmoins, au-dessous des désirs que tu y conçois; et toutefois, avec ces désirs, ta vie est loin d'être sainte; si tu veux changer ta vie, change aussi tes désirs. Tu gardes ta foi au Seigneur, et cela afin d'obtenir le bonheur; c'est là ton but. Pourquoi garder ta foi au Seigneur? Combien vaut ta foi? Combien l'estimerais-tu? Quel prix la fais-tu? Si tu as ici-bas quelque chose à vendre, en faisant un prix avec l'acheteur, tu élèves ce prix, lui l'abaisse; cela vaut tant, dis-tu, en exagérant quelque peu comme vendeur; mais lui: non, mais tant seulement; et il fixe un prix intérieur, afin d'acheter à meilleur marché. Voilà que le Seigneur Jésus-Christ te corrige. Et toi, tu dis au Seigneur Jésus Seigneur, je vous garde ma foi, récompensez-moi sur la terre. Insensé! ce que tu voudrais vendre ne s'estime pas ainsi; tu es dans l'erreur, ne sachant ce que tu possèdes. Tu gardes ta foi et tu demandes la terre? Ta foi vaut mieux que la terre, et tu ne sais en faire le prix. Moi qui te l'ai donnée, je sais ce qu'elle vaut: elle vaut la terre entière; à la terre ajoute le ciel, elle vaut plus encore. Qu'y a-t-il donc au-dessus de la terre et du ciel? Celui qui a fait la terre et le ciel. Tournons-nous vers le Seigneur, etc.




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QUATRIÈME SERMON. POUR LA NAISSANCE DU SEIGNEUR.

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Les Pères de Saint-Maur se plaignent de n'avoir vu nulle part, dans le catalogue manuscrit, le sermon n. 189, tome 5, afin d'en compléter ou d'en restaurer certains endroits. Pour le rétablir dans son intégrité, je l'ai copié sur sept catalogues, dont trois sont d'antiques lectionnaires dont les moines se servaient pour la récitation solennelle de l'office au choeur. Parmi eux nous remarquons le catal. nom. 106, que Léon d'Ostie a transcrit avec beaucoup d'élégance de sa propre main, en l'ornant de figures, précisant l'époque et y apposant son nom. Deux autres sont des bréviaires en caractères latins du rive siècle, et antérieurs à Urbain 5, puisqu'ils contiennent les psaumes d'après l'édition romaine, et non d'après l'édition gallicane, que ce Pontife avait prescrite au Mont-Cassin. Les deux antres contiennent des sermons de divers auteurs, et sont inscrits de même. Dans ces sept catalogues, on lit le sermon tel qu'il est ici, c'est la même inscription, qui est d'accord avec l'édition de Saint Maur. La bibliothèque de Laurent de Médicis avertit que, dans le Cod. 1 Plut. 14, on retrouve en entier ce sermon tel qu'il est dans nos catalogues.

ANALYSE. - Jésus-Christ né du Père, c'est le jour du jour. - Né de Marie, c'est la vérité qui s'élève de la terre. - La justice vient du ciel pour se donner aux hommes et nous faire naître pour le ciel. - Merveille d'un Dieu naissant d'une Vierge. - Acceptons-le pour Maître, portons-le dans nos coeurs.

Voici le jour qu'a sanctifié pour nous le jour qui a fait tout jour, et dont le Psalmiste a chanté (1): «Chantez au Seigneur un cantique nouveau, que toute la terre chante le Seigneur; chantez au Seigneur et bénissez son nom. Annoncez de jour en jour que le salut vient de lui (2)». Quel est ce jour du jour, sinon le Fils qui vient (lu Père, lumière de lumière. Mais ce jour enfantant cet autre jour qui naît aujourd'hui de la Vierge, ce jour qui n'a point de lever non plus que de coucher, ce jour, je l'appelle Dieu le Père; (car Jésus ne serait point jour du jour, si le Père n'était le jour aussi.] Qu'est-ce donc que ce jour, sinon la lumière? Non point cette lumière qui luit aux yeux de la chair et qui n'est pas lumière, non plus cette lumière commune aux hommes et aux animaux; mais cette lumière qui est celle des anges et qui purifie les coeurs qui en jouissent. Elle passe en effet, cette nuit qui nous environne, dans laquelle nous vivons, dans laquelle on allume pour nous le flambeau des saintes

1. La version Italique porte: «Cantate Domino, benedicite nomen ejus, bene nuntiate diem de die, salutare ejus», ou annoncez son salut qui est le jour du jour; comme nous disons lumen de lumine. Aussi les Pères de Saint-Maur ont-ils cru que ce verset du psaume pouvait convenir ici. Mais nos catalogues ne suffisent pas pour établir cette opinion. Cl. Sabatier, dans son ancienne version de la Bible, dit que saint Augustin n'a fait usage qu'une seule fois de cette manière de lire, et que, partout ailleurs, il a écrit: de die in diem, ou: de die ex die.

2. Ps 95,1-2

Ecritures, et alors viendra ce matin que le psaume a chanté (1): «Au matin je me tiendrai devant vous, et vous contemplerai (2)». Ce jour est donc le Verbe de Dieu, jour qui éclaire les anges, qui resplendit dans cette patrie d'où nous sommes exilés, qui s'est revêtu de notre chair et a pris naissance de la Vierge Marie. Il est né d'une manière merveilleuse, et en. effet, quoi de plus merveilleux que l'enfantement d'une vierge? Elle a conçu demeurant vierge, enfanté demeurant vierge encore. Car il a été créé de celle que lui-même a créée, il lui a fait don de la fécondité, sans léser son intégrité. D'où vient Marie? D'Adam. D'où Adam? De la terre. Si donc Adam vient de la terre, et que Marie vienne d'Adam, Marie vient de la terre; si Marie vient de la terre, comprenons cette parole: «C'est de la terre que s'est levée la vérité». Quel bienfait pour nous que la vérité se soit levée de la terre? «C'est que la justice a regardé du haut du ciel (3)». Car les Juifs, comme l'a dit l'Apôtre, «ignorant la justice de Dieu et voulant établir leur propre justice, n'ont pas été soumis à la justice de Dieu (4)». D'où l'homme peut-il être juste? De lui-même? Quel pauvre se donne à lui

1. Dans les discours sur les psaumes et les traités sur saint Jean, saint Augustin a toujours cité: Mane astabo tibi et contemplabor. Ici seulement nous lisons: contemplabor te.

2. Ps 5,5 - 3. Ps 64,12 - 4. Rm 10,3

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même du pain? Quel homme; s'il est nu, peut se couvrir, si on ne lui donne un vêtement? (Nous n'avions pas la justice, il n'y avait en nous que péchés.] D'où vient la justice? Quelle justice peut exister sans la foi? «Car le juste vit de la foi (1)». Celui qui sans la foi se dit juste, est menteur par là même. Comment ne pas mentir quand on n'a pas la foi? Quiconque veut dire vrai, qu'il se convertisse à la vérité. Mais elle était loin. «La vérité s'est levée de la terre». Tu dormais, elle est venue à toi; tu étais endormi, elle t'a éveillé; elle t'a par elle-même tracé ta voie, de peur que tu ne vinsses à t'égarer. Donc, parce que la vérité s'est levée de la terre, Notre-Seigneur Jésus-Christ est né d'une Vierge. «La justice a regardé du haut du ciel», pour que les hommes aient non leur propre justice, mais celle de Dieu. Combien Dieu a daigné faire? Et dès lors combien nous étions indignes auparavant! Combien indignes? Nous étions mortels, accablés du poids de nos fautes, courbés sous nos peines. Tout homme qui vient au monde commence par la douleur. Ne cherche aucun prophète, interroge l'enfant nouveau-né et vois-le pleurer. Dès lors que sur la terre nous étions à ce point indignes de Dieu, comment tout à coup en sommes-nous devenus dignes? «La vérité s'est levée de la terre». Celui qui a tout créé a été créé parmi tout ce qui existe; il a fait le jour, il est venu au grand jour; il était avant le temps, et il a marqué le temps. Notre-Seigneur Jésus-Christ est dans l'éternité sans commencement en son Père; (et toutefois demande qu'y a-t-il aujourd'hui. Une naissance. De qui? Du Seigneur. Il prend donc naissance? Oui, il prend naissance. Il prend naissance, ce Verbe au commencement, Dieu en Dieu? Il prend naissance. ] S'il n'avait point sa génération parmi les hommes, nous ne parviendrions pas à la régénération divine. il naît pour que nous renaissions. Que nul n'hésite à renaître quand le Christ est né; quand il a une génération, celui qui n'a pas besoin de régénération. A qui faut-il une régénération, sinon à celui dont la génération est maudite? Que dès lors sa miséricorde se fasse dans nos coeurs. Sa Mère l'a porté dans son sein, portons-le dans notre coeur; le sein de Marie grossit par l'incarnation du Christ, que nos coeurs à notre tour grossissent de la foi au

1. Rm 1,17

Christ; elle a enfanté le Sauveur, enfantons sa louange. Ne soyons point stériles, que nos âmes reçoivent de Dieu la fécondité. Il y a une génération du Christ qui vient du Père, et sans, mère, et une génération du Christ, qui vient de la mère, et sans père: toutes deux sont admirables. La première s'accomplit dans l'éternité, la seconde dans le temps. (Quand est-il né du Père? Qu'est-ce à dire quand? Tu cherches quand, là où il n'y a aucun temps? Là ne cherche pas quand, cherche-le ici; c'est à propos de sa mère que l'on demande quand, mais quand est déplacé à propos du Père; il est né, et ne connaît point de temps]; il est né éternel de l'Eternel, et coéternel. Pourquoi t'étonner? Il est Dieu. En considérant la divinité, tu sens tomber tout étonnement. (Et quand nous disons: Il est né de la Vierge, ô merveille, tu es dans l'admiration! C'est un Dieu, ne t'étonne plus]; qu'à l'admiration succède la louange. Que la foi te soutienne. crois que cela fut fait]. Si tu ne le crois point, cela est fait également, et tu demeures dans l'infidélité. Il a daigné se faire homme, que cherches-tu de plus]? Est-ce peu, pour toi, qu'un Dieu se soit humilié? Parce qu'il était Dieu, il s'est fait homme, et comme l'hôtellerie était étroite, il a été enveloppé de langes et couché dans une crèche: vous l'avez entendu à la lecture de l'Evangile. Qui ne serait point dans l'admiration? Celui qui remplit le monde ne trouvait pas de place dans une hôtellerie, et il a été couché dans une crèche pour y devenir notre nourriture. Qu'ils viennent à l'étable, ces deux animaux, ou plutôt ces deux peuples; car le boeuf connaît son maître, et l'âne l'étable de son maître (1). Viens à l'étable, et ne rougis point d'être pour le Seigneur une bête de somme. Tu porteras le Christ sans t'égarer; tu marcheras dans la voie, et cette voie est assise sur toi. Vous souvient-il de cet âne que l'on amène au Seigneur? N'en rougissons pas, c'est nous. Que le Seigneur s'assoie sur nous et nous appelle où il voudra. Nous sommes sa monture, et nous allons à Jérusalem. Sous un tel poids, loin de nous courber, nous nous relevons; sous sa direction nous ne saurions errer, nous allons à lui, nous allons par lui, et nous ne saurions périr.

1. Isaï. 1,3

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Augustin, Sermons 3003