Angelus Benoit XVI 184


VISITE PASTORALE À CAGLIARI



Parvis du Sanctuaire Notre-Dame de Bonaria

Dimanche 7 septembre 2008

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Chers frères et soeurs,


Au terme de cette célébration je désire vous saluer tous à nouveau et vous remercier. Je désire surtout saluer et remercier Monsieur Silvio Berlusconi, président du Conseil des ministres, pour son accueil et sa présence, Monsieur Giovanni Letta, sous-secrétaire, et toutes les autorités civiles et militaires ici présentes.

Et enfin, nous tournons encore notre regard vers la "Douce reine des Sardes", vénérée sur cette colline de Bonaria. Au cours des siècles, combien de personnages illustres sont venus lui rendre hommage! Combien de mes prédécesseurs ont voulu l'honorer d'une affection particulière! Le bienheureux Pie ix avait décrété son couronnement; saint Pie x, il y a environ cent ans, la proclama Patronne de toute la Sardaigne; Pie xi attribua à la nouvelle église le titre de "Basilique mineure"; Pie xii, il y a cinquante ans, fut spirituellement présent à travers un message spécial transmis en direct à Radio Vatican et le bienheureux Jean xxiii envoya une lettre en 1960, pour la réouverture du sanctuaire au culte, après sa restauration. Le premier pape à revenir sur l'île après 1650 ans, a été le serviteur de Dieu Paul vi, qui visita le sanctuaire le 24 avril 1970. Et devant la sainte effigie de la Vierge, Jean-Paul ii aussi s'arrêta pour prier, le 20 octobre 1985. Dans le sillage des papes qui m'ont précédé, j'ai moi aussi choisi le sanctuaire de Bonaria pour accomplir une visite pastorale qui veut idéalement embrasser toute la Sardaigne.

Nous avons aujourd'hui renouvelé la consécration de la ville de Cagliari, de la Sardaigne, et de chacun de ses habitants. Que la Sainte Vierge continue de veiller sur tous et sur chacun, afin que le patrimoine des valeurs évangéliques soit transmis intègre aux nouvelles générations, et afin que le Christ règne dans les familles, dans les communautés et dans les différents milieux de la société. Que la Vierge protège en particulier ceux qui, en ce moment, ont le plus besoin de son intervention maternelle: les enfants et les jeunes, les personnes âgées et les familles, les malades et tous ceux qui souffrent.

Conscients du rôle important que Marie joue dans l'existence de chacun de nous, en fils pleins de dévotion, nous fêtons aujourd'hui sa Nativité. Cet événement constitue une étape fondamentale pour la Famille de Nazareth, berceau de notre Rédemption; un événement qui nous concerne tous, parce que chaque don que Dieu lui a accordé, à elle, la Mère, il l'a accordé en pensant aussi à chacun de nous, ses enfants. C'est pourquoi nous demandons avec une grande reconnaissance à Marie, Mère du Verbe incarné, et notre Mère, de protéger toutes les mères sur terre: celles qui, avec leur mari, éduquent leurs enfants dans un cadre familial harmonieux, et celles qui, pour tant de motifs, se trouvent seules pour affronter une tâche si ardue. Puissent-elles toutes rendre avec dévouement et fidélité leur service quotidien dans la famille, dans l'Eglise et la société. Que pour toutes, Marie soit soutien, réconfort et espérance!

Sous le regard de Marie, je veux rappeler les chères populations de Haïti, durement éprouvées ces derniers jours par le passage de trois ouragans. Je prie pour les victimes, hélas nombreuses, et je prie pour les sans-abri. Je suis proche de toute la Nation et je souhaite que lui parviennent au plus vite les aides nécessaires. Je les confie tous à la protection maternelle de Notre-Dame de Bonaria.





VOYAGE APOSTOLIQUE

EN FRANCE À L'OCCASION DU 150e ANNIVERSAIRE

DES APPARITIONS DE LOURDES

(12 - 15 SEPTEMBRE 2008)



Prairie, Lourdes

Dimanche 14 septembre 2008

Chers Pèlerins, Chers frères et soeurs !


Chaque jour, la prière de l’Angelus nous offre la possibilité de méditer quelques instants, au plein milieu de nos activités, sur le mystère de l'Incarnation du Fils de Dieu. A midi, alors que les premières heures du jour commencent déjà à faire peser sur nous leur poids de fatigue, notre disponibilité et notre générosité sont renouvelées par la contemplation du ‘oui’ de Marie. Ce ‘oui’ limpide et sans réserve s'enracine dans le mystère de la liberté de Marie, liberté pleine et entière devant Dieu, dégagée de toute complicité avec le péché, grâce au privilège de son Immaculée Conception.

186 Ce privilège concédé à Marie, qui la distingue de notre condition commune, ne l'éloigne pas, mais au contraire la rapproche de nous. Alors que le péché divise, nous éloigne les uns des autres, la pureté de Marie la rend infiniment proche de nos coeurs, attentive à chacun de nous et désireuse de notre vrai bien. Vous le voyez ici à Lourdes, comme dans tous les sanctuaires mariaux, des foules immenses accourent aux pieds de Marie pour lui confier ce que chacun a de plus intime, ce qui lui tient particulièrement à coeur. Ce que, par gêne ou par pudeur, beaucoup n'osent parfois pas confier même à leurs proches, ils le confient à Celle qui est la toute pure, à son Coeur immaculé : avec simplicité, sans fard, en vérité. Devant Marie, en vertu même de sa pureté, l'homme n'hésite pas à se montrer dans sa faiblesse, à livrer ses questions et ses doutes, à formuler ses espérances et ses désirs les plus secrets. L'amour maternel de la Vierge Marie désarme tout orgueil ; il rend l'homme capable de se regarder tel qu'il est et il lui inspire le désir de se convertir pour rendre gloire à Dieu.

Marie nous montre ainsi la juste manière d'avancer vers le Seigneur. Elle nous apprend à nous approcher de lui dans la vérité et la simplicité. Grâce à elle, nous découvrons que la foi chrétienne n'est pas un poids, mais elle est comme une aile qui nous permet de voler plus haut pour nous réfugier entre les bras de Dieu.

La vie et la foi du peuple des croyants manifestent que la grâce de l'Immaculée Conception faite à Marie n'est pas seulement une grâce personnelle, mais elle est pour tous. Elle est une grâce faite au peuple de Dieu tout entier. En Marie, l'Église peut déjà contempler ce qu'elle est appelée à devenir. Chaque croyant peut dès à présent contempler l'accomplissement parfait de sa propre vocation. Puisse chacun de nous demeurer toujours dans l'action de grâce pour ce que le Seigneur a voulu révéler de son plan de salut à travers le mystère de Marie. Mystère dans lequel nous sommes impliqués de la plus belle des manières, puisque du haut de la Croix, que nous fêtons et que nous exaltons aujourd'hui, il nous est révélé, de la bouche même de Jésus, que sa Mère est notre mère. En tant que fils et filles de Marie, nous profitons de toutes les grâces qui lui ont été faites, et la dignité incomparable que lui procure sa Conception Immaculée rejaillit sur nous, ses enfants.

Ici, tout près de la grotte, et en communion particulière avec tous les pèlerins présents dans les sanctuaires mariaux et avec tous les malades de corps et d'âme qui cherchent réconfort, nous bénissons le Seigneur pour la présence de Marie au milieu de son peuple et nous adressons avec foi notre prière :

« Sainte Marie, toi qui t'es montrée ici, il y a cent cinquante ans, à la jeune Bernadette, tu `es la vraie fontaine d'espérance' (Dante, Le Paradis, XXXIII,12).

Pèlerins confiants, nous venons, de tous les horizons, encore une fois puiser la foi et le réconfort, la joie et l'amour, la sécurité et la paix, à la source de ton Coeur immaculé. ‘Monstra Te esse Matrem’. Montre-toi comme une Mère pour tous, ô Marie ! Et donne-nous le Christ, l'espérance du monde ! Amen ».

Après l'Angelus

I wish to greet all the English-speakers present. I pray that your participation in our pilgrimage here to Lourdes, in this anniversary year of the apparitions, will renew your relationship with Mary Mother of the Church and assist you to come to understand more fully her trust in God and her love of the Son. I extend my greetings to the members of your families at home: may our immaculate Mother continue to protect us all offering consolation especially to the sick and the suffering!

Von Herzen grüße ich die Pilger deutscher Sprache hier in Lourdes, besonders die Kranken, sowie alle, die über Rundfunk und Fernsehen mit uns verbunden sind. Maria ist unsere Mutter. Mit ihrer mütterlichen Fürsorge ist sie uns nahe. Dies dürfen wir immer wieder erfahren, gerade auch an diesem Wallfahrtsort. Als ihre Kinder wollen wir Maria unser Leben anvertrauen – Freuden und Sorgen, Krankheit und Leid, all unsere Anliegen. Denn wir wissen: Maria führt uns sicher zu ihrem Sohn Jesus Christus, dem Quell der Hoffnung und des Heils. Der Herr schenke euch und euren Lieben die Fülle seiner Gnade.

Saludo cordialmente a los peregrinos de lengua española que están aquí presentes para conmemorar el ciento cincuenta aniversario de las apariciones de la Virgen en Lourdes. Siguiendo el ejemplo de María Santísima, confiad siempre en Dios y poned vuestras vidas en sus manos de Padre. No os canséis de rezar, dando gracias al Señor por los beneficios recibidos y pidiendo constantemente el don de ser discípulos auténticos de Jesús, misioneros audaces de su Evangelio, sembradores de esperanza y testigos de la caridad. Feliz domingo a todos. Que Dios os bendiga y acompañe.

Queridos peregrinos de língua portuguesa, sob o olhar materno da Imaculada Conceição saúdo a todos vós que viestes, física ou espiritualmente, até Lourdes à procura de conforto e de esperança. Dando-nos Jesus, Maria é a verdadeira fonte da esperança. A Ela vos entrego e acompanho com a minha Bênção.

187 Wsród pielgrzymów przybylych na dzisiejsza uroczystosc pozdrawiam równiez Polaków. Tutaj w Lourdes Niepokalana Dziewica uczy nas milosci i zawierzenia Jezusowi. Badzmy posluszni Jej wezwaniu do modlitwy, pokuty i nawrócenia. Dziekuje za wasza obecnosc i z serca wam blogoslawie.

[Tra i pellegrini venuti alla Celebrazione odierna saluto anche tutti i Polacchi. Qui a Lourdes la Vergine Immacolata ci insegna l’amore a Gesù e la fiducia in Lui. Siate obbedienti all’appello della Madonna alla preghiera, alla penitenza e alla conversione. Vi ringrazio per la vostra presenza e vi benedico di cuore.]

Saluto con grande affetto i pellegrini italiani! Cari amici, in questa importante ricorrenza, accogliete con gioia e disponibilità il messaggio della Vergine Immacolata a santa Bernadette: preghiera e conversione del cuore sono la via per rinnovare il mondo. La Madonna vegli sempre su di voi, sulle vostre famiglie, specialmente sui malati e i sofferenti, e sull’intera nazione italiana. Grazie!

Je salue enfin tous les pèlerins francophones présents ce matin. Je vous remercie d’accompagner le successeur de Pierre dans son pèlerinage sur les pas de Bernadette. Que le Seigneur creuse toujours en chacun le désir profond de le chercher et d’aller à sa rencontre. Que Dieu bénisse tous ceux que vous aimez !



Palais apostolique de Castelgandolfo

Dimanche 21 septembre 2008

Chers frères et soeurs,


Vous vous souviendrez peut-être que, le jour de mon élection, quand je me suis adressé à la foule Place Saint-Pierre, je me suis spontanément présenté comme un ouvrier de la vigne du Seigneur. Eh bien, dans l'Evangile d'aujourd'hui (cf. Mt Mt 20,1-16), Jésus raconte précisément la parabole du patron de la vigne qui appelle des ouvriers à travailler dans sa vigne, à différentes heures du jour. Le soir venu, il donne à tous le même salaire, une pièce d'argent, suscitant les protestations des ouvriers de la première heure. Il est clair que cette pièce d'argent représente la vie éternelle, don que Dieu réserve à tous. Et ceux qui sont considérés les "derniers", s'ils l'acceptent, deviennent même les "premiers", alors que les "premiers" peuvent risquer de devenir les "derniers". Un premier message de cette parabole est que le patron ne tolère pas, d'une certaine manière, l'inactivité: il veut que tous soient engagés dans sa vigne. Et, en réalité, le fait d'être appelés est déjà la première récompense: pouvoir travailler dans la vigne du Seigneur, se mettre à son service, collaborer à son oeuvre, constitue en soi une récompense inestimable, qui compense toutes les peines. Mais seul celui qui aime le Seigneur et son Royaume le comprend; celui qui travaille en revanche uniquement pour son salaire, ne comprendra jamais la valeur de ce trésor inestimable.

C'est saint Matthieu, apôtre et évangéliste - dont c'est d'ailleurs aujourd'hui la fête liturgique -, qui raconte la parabole. Il me plaît de souligner que Matthieu a personnellement fait cette expérience (cf. Mt Mt 9,9). Avant que Jésus l'appelle, il exerçait en effet le métier de publicain et était par conséquent considéré comme un pécheur, exclu de la "vigne du Seigneur". Mais tout change quand Jésus, en passant près de sa table des impôts, le regarde et lui dit: "Suis-moi". Matthieu se leva et le suivit. Le publicain se transforma immédiatement en disciple du Christ. Il était le "dernier" et se retrouva le "premier", grâce à la logique de Dieu qui, - heureusement pour nous! - est différente de celle du monde. "Vos pensées ne sont pas mes pensées - dit le Seigneur par la bouche du prophète Isaïe - et mes voies ne sont pas vos voies" (Is 55,8). Saint Paul, dont nous célébrons une année jubilaire particulière, a lui aussi connu la joie de se sentir appeler par le Seigneur à travailler dans sa vigne. Et quel travail il a accompli! Mais, comme il le confesse lui-même, c'est la grâce de Dieu qui a agi en lui, cette grâce qui a transformé le persécuteur de l'Eglise en apôtre des nations. Au point de lui faire dire: "Pour moi, certes, la Vie, c'est le Christ, et mourir représente un gain". Mais il ajoute immédiatement: "Cependant, si la vie dans cette chair doit me permettre encore un fructueux travail, j'hésite à faire un choix" (Ph 1,21-22). Paul a bien compris que travailler pour le Seigneur est déjà sur cette terre, une récompense.

La Vierge Marie, que j'ai eu la joie de vénérer à Lourdes il y a une semaine, est le sarment parfait de la vigne du Seigneur. En Elle a germé le fruit béni de l'amour divin: Jésus, notre Sauveur. Qu'Elle nous aide à toujours répondre avec joie à l'appel du Seigneur, et à trouver notre bonheur dans le fait de pouvoir travailler généreusement pour le Royaume des cieux.

Après l'Angelus

188 Ces dernières semaines, les pays des Caraïbes - en particulier Haïti, Cuba, la République dominicaine - et le sud des Etats-Unis d'Amérique - notamment le Texas - ont été durement frappés par de violents cyclones. Je voudrais à nouveau assurer toutes ces chères populations de mon souvenir spécial dans la prière. Je forme par ailleurs le voeu que les secours arrivent rapidement dans les zones qui ont connu le plus de dommages. Que le Seigneur fasse prévaloir la solidarité et la fraternité sur toute autre raison, au moins en ces circonstances.

Jeudi prochain, 25 septembre, aura lieu à New York, dans le cadre de la 63 session de l'Assemblée générale de l'ONU, une rencontre de haut niveau pour vérifier la réalisation des objectifs fixés dans la Déclaration du Millénaire, le 8 septembre 2000. A l'occasion de cette importante réunion, qui rassemblera les responsables de tous les pays du monde, je voudrais renouveler l'invitation à prendre et à mettre en oeuvre avec courage les mesures nécessaires pour éradiquer l'extrême pauvreté, la faim, l'ignorance et le fléau des pandémies, qui touchent surtout les plus vulnérables. Un tel engagement, même s'il demande des sacrifices particuliers, en cette période de difficultés économiques mondiales, ne manquera pas d'entraîner des bénéfices importants aussi bien pour le développement des Nations qui ont besoin d'aide de l'étranger que pour la paix et le bien-être de la planète tout entière.

Je salue cordialement les pèlerins de langue française. Dans l'heureux souvenir de mon récent pèlerinage à Lourdes, je vous invite à vous laisser guider par la Vierge Marie vers la personne de son Fils Jésus. C'est Lui qui rend libre pour aimer comme il nous aime et pour construire un monde de justice et de paix. C'est en Lui que nous trouvons la source de la vie, la source du salut. Que Dieu vous bénisse!

En la journée consacrée par l'Organisation mondiale de la Santé à la maladie d'Alzheimer, je souhaite exprimer ma proximité spirituelle aux personnes affectées par cette maladie et à leurs familles. Je souhaite à tous un bon dimanche.



Palais apostolique de Castelgandolfo

Dimanche 28 septembre 2008

Chers frères et soeurs,


Aujourd'hui, la liturgie nous propose la parabole évangélique des deux fils envoyés par leur père travailler dans sa vigne. L'un d'eux dit aussitôt "oui", mais ensuite il n'y va pas; l'autre au contraire refuse sur le moment, puis il se repent et répond au désir de son père. Avec cette parabole, Jésus réaffirme sa prédilection pour les pécheurs qui se convertissent, et il nous enseigne qu'il faut de l'humilité pour accueillir le don du salut. Saint Paul aussi, dans le passage de la lettre aux Philippiens que nous méditons aujourd'hui, nous exhorte à l'humilité. "Ne soyez jamais intrigants ni vantards - écrit-il -, mais ayez assez d'humilité pour estimer les autres supérieurs à vous-mêmes" (Ph 2,3)

Ce sont les mêmes sentiments que ceux du Christ, qui, en se dépouillant de la gloire divine par amour pour nous, s'est fait homme et s'est abaissé jusqu'à mourir crucifié (cf. Ph 2,5-8). Le verbe utilisé - ekenôsen- signifie littéralement qu'il "s'est vidé lui-même" et met clairement en lumière l'humilité profonde et l'amour infini de Jésus, le Serviteur humble par excellence.

En réfléchissant sur ces textes bibliques, j'ai immédiatement pensé au pape Jean-Paul I: c'est aujourd'hui le 30 anniversaire de sa mort. Il a choisi la même devise épiscopale que saint Charles Borromée: Humilitas. Un seul mot qui synthétise l'essentiel de la vie chrétienne et indique la vertu indispensable pour qui, dans l'Eglise, est appelé au service de l'autorité. Dans l'une des quatre Audiences générales qu'il a tenues pendant son très bref pontificat, il a dit entre autres, avec ce ton familier qui le caractérisait: "Je me limite à recommander une vertu si chère au Seigneur. Il a dit: Apprenez de moi car je suis doux et humble de coeur (...). Même si vous avez fait de grandes choses, dites: "Nous sommes des serviteurs inutiles". Et il fit observer: "Au contraire la tendance, chez nous tous, est plutôt l'opposé: se mettre en avant" (Insegnamenti di Giovanni Paolo i, pp. 51-52). On peut considérer que l'humilité est son testament spirituel.

C'est justement grâce à cette vertu que 33 jours suffirent pour que le Pape Luciani entre dans le coeur des personnes. Dans ses discours, il utilisait des exemples tirés de faits de la vie concrète, de ses souvenirs de famille, et de la sagesse populaire. Sa simplicité était le véhicule d'un enseignement solide et riche, qu'il ornait, grâce au don d'une mémoire exceptionnelle et d'une vaste culture, par de très nombreuses citations d'auteurs ecclésiastiques et profanes. C'est ainsi qu'il a été un catéchiste incomparable, sur les pas de saint Pie x, son compatriote et prédécesseur, d'abord sur la chaire de saint Marc, et ensuite, sur celle de Pierre. "Nous devons nous sentir petits devant Dieu", a-t-il dit au cours de la même audience. Et il a ajouté: "Je n'ai pas honte de me sentir comme un enfant devant ma mère: on croit en sa mère, je crois dans le Seigneur, à ce qu'Il ma révélé". (ibid., p. 49). Ces paroles révèlent toute la profondeur de sa foi. En remerciant Dieu de l'avoir donné à l'Eglise et au monde, tirons profit de son exemple, en nous engageant à cultiver la même humilité, qui l'a rendu capable de parler à tous, spécialement aux petits et à ceux qui sont loin. Et pour cela invoquons la Très Sainte Vierge Marie, l'humble Servante du Seigneur.

Après l'Angelus

189 La période estivale est désormais terminée et après-demain je rentrerai au Vatican. Je remercie le Seigneur pour tous les dons qu'il m'a accordés durant cette période. Je pense en particulier à la Journée mondiale de la jeunesse de Sydney, au temps de repos à Bressanone, à la visite en Sardaigne et au voyage apostolique à Paris et Lourdes; et je pense à la possibilité de séjourner dans cette maison, où je peux mieux me reposer et travailler pendant les mois les plus chauds. J'adresse une salutation cordiale à la communauté de Castel Gandolfo, avec mes sincères remerciements à l'évêque, au maire et aux forces de l'ordre. Merci à tous et au revoir!

Je vous salue, chers pèlerins francophones, qui êtes venus pour réciter l'Angelus. Par cette prière, nous faisons mémoire de l'Incarnation du Fils de Dieu et nous contemplons le "oui" immédiat et paisible de la Vierge Marie à la volonté de Dieu exprimée par l'Archange Gabriel. Que la présence de Marie à nos côtés donne à nos "oui" d'être spontanés, généreux et sans retour! Avec ma Bénédiction apostolique.

Je souhaite à tous un bon mois d'octobre, mois du saint Rosaire, au cours duquel, s'il plaît à Dieu, je me rendrai en pèlerinage au Sanctuaire de Pompéi, dimanche 19. Bon dimanche.



Place Saint-Pierre

Dimanche 5 octobre 2008

Chers frères et soeurs!


Ce matin, la xii assemblée générale ordinaire du synode des évêques, qui se déroulera au Vatican pendant trois semaines, et qui aura pour thème: "La Parole de Dieu dans la vie et dans la mission de l'Eglise ", a été ouverte par la messe dans la Basilique Saint-Paul-hors-les-Murs. Vous connaissez la valeur et la fonction de cette assemblée particulière d'évêques choisis de façon à représenter tout l'épiscopat et convoqués pour apporter au Successeur de Pierre une aide plus efficace, en manifestant et en renforçant en même temps la communion ecclésiale. Il s'agit d'un organisme important, institué en septembre 1965 par mon vénéré prédécesseur le serviteur de Dieu Paul vi (cf. Lettre apostolique motu proprio "Apostolica sollicitudo") au cours de la dernière phase du Concile Vatican ii, pour mettre en pratique une consigne contenue dans le Décret sur le ministère des évêques (cf. Décret Christus Dominus CD 5). Voici quelles sont les finalités du synode des évêques: favoriser une union et une collaboration étroites entre le Pape et les évêques du monde entier; fournir des informations directes et exactes concernant la situation et les problèmes de l'Eglise; favoriser l'accord sur la doctrine et sur l'action pastorale; affronter des thèmes particulièrement importants et actuels. Ces diverses tâches sont coordonnées par un secrétariat permanent qui travaille sous l'autorité immédiate et directe de l'évêque de Rome.

La dimension synodale est constitutive de l'Eglise: celle-ci consiste dans la confluence de tout peuple et de toute culture pour devenir un dans le Christ et marcher ensemble à la suite de Celui qui a dit: "Je suis le chemin, la vérité et la vie" (Jn 14,6). En effet, le mot grec synodos, composé de la préposition syn, c'est-à-dire "avec" et de odòs, qui signifie "chemin, route", suggère l'idée de "faire route ensemble", et c'est précisément l'expérience du Peuple de Dieu dans l'histoire du salut. Pour l'Assemblée synodale ordinaire qui s'ouvre aujourd'hui, j'ai choisi, en accueillant des avis faisant autorité et allant dans ce sens, le thème de la Parole de Dieu pour l'approfondir, dans une perspective pastorale, dans la vie et dans la mission de l'Eglise. Les Eglises particulières du monde entier ont participé largement à la phase préparatoire, en envoyant leurs contributions au secrétariat du synode qui, à son tour, a élaboré l'Instrumentum laboris, document sur lequel débattent les 253 pères synodaux: 51 d'Afrique, 62 d'Amérique, 41 d'Asie, 90 d'Europe et 9 d'Océanie. De nombreux experts et auditeurs, hommes et femmes, ainsi que les "délégués fraternels" des autres Eglises et Communautés ecclésiales et quelques invités spéciaux s'ajoutent aux pères synodaux.

Chers frères et soeurs, je vous invite tous à soutenir les travaux du synode par votre prière, en invoquant spécialement l'intercession maternelle de la Vierge Marie, parfaite disciple de la Parole divine.

A la suite de l'Angelus

Ce soir se déroulera une initiative unique, promue par la rai, et qui a pour titre "Bible jour et nuit". Il s'agit de la lecture continue de toute la Bible, pendant sept jours et sept nuits, à partir d'aujourd'hui et jusqu'à samedi prochain 11 octobre, en direct à la télévision. Elle aura pour siège la basilique romaine Sainte-Croix-de-Jérusalem. Près de 1200 lecteurs de 50 pays différents se succéderont. Ils ont en partie été choisis selon des critères oecuméniques, beaucoup se sont inscrits librement. Cet événement accompagne bien le synode des évêques sur la Parole de Dieu et j'entamerai moi-même la lecture du premier chapitre du Livre de la Genèse, qui sera transmise ce soir à 19 heures sur la première chaîne de la rai. La Parole de Dieu pourra ainsi entrer dans les maisons pour accompagner la vie des familles et de chaque personne: une semence qui, si elle est bien accueillie, ne manquera pas de porter des fruits abondants.

190 Je vous salue, chers pèlerins francophones, en particulier les élèves de cinquième du Collège Sainte-Croix de Neuilly, ainsi que leurs professeurs et leurs accompagnateurs. Alors que s'ouvre aujourd'hui le synode des Evêques sur la Parole de Dieu, le Christ indique à ses disciples, dans l'Evangile de ce dimanche, que c'est la lecture des Ecritures qui permet de comprendre le sens de sa venue dans le monde et le mystère de sa Pâque. Que la Bible soit pour chaque chrétien comme un puits où il vienne s'abreuver chaque jour! Avec ma Bénédiction apostolique.

Je souhaite à tous un bon dimanche.





Place Saint-Pierre

Dimanche 12 octobre 2008

Alors que nous nous apprêtons à conclure cette célébration par la prière de l'Angelus, je désire saluer les pèlerins venus nombreux, de divers pays, rendre hommage aux nouveaux saints.


Je vous salue cordialement, chers pèlerins francophones. Aujourd'hui, suite à l'appel du Seigneur et à l'exemple des saints qui viennent d'être canonisés, nous sommes conviés à être, à la croisée des chemins, des témoins audacieux de la Parole de Dieu pour inviter aux noces de l'Evangile tous ceux que nous rencontrons. Puisse notre prière accompagner l'assemblée générale du synode des évêques pendant la durée de ses travaux! Avec ma bénédiction apostolique.
Appel pour la paix et la réconciliation en République démocratique du Congo,

en Irak et en Inde


Chers amis,

Dans la vie des saints et dans leurs oeuvres on retrouve toujours la forte présence spirituelle de la Vierge Marie. Il me plaît de souligner, en ce mois d'octobre, leur attachement à la prière du rosaire, comme moyen d'union quotidienne avec Jésus, comme source d'inspiration et de réconfort, comme instrument d'intercession pour les besoins de l'Eglise selon les intentions du Pape. A cet égard, je vous invite à prier pour la réconciliation et la paix face à plusieurs situations alarmantes et sources de grande souffrance: je pense aux populations du Nord-Kivu, dans la République démocratique du Congo, et je pense à la violence contre les chrétiens en Irak et en Inde, que je confie chaque jour au Seigneur. J'invoque la protection de Marie, Reine des saints, également sur les travaux du synode des évêques réuni ces jours-ci au Vatican.



VISITE PASTORALE

AU SANCTUAIRE PONTIFICALE DE POMPÉI

Esplanade du sanctuaire pontifical de Pompéi

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Dimanche 19 octobre 2008

Chers frères et soeurs,


Après la célébration eucharistique solennelle et la traditionnelle supplique à la Vierge de Pompéi, nous tournons encore une fois, comme chaque dimanche, notre regard vers Marie, avec la prière de l'Angélus, et nous lui confions les grandes intentions de l'Eglise et de l'humanité. Nous prions en particulier pour l'assemblée ordinaire du synode des évêques, qui se déroule à Rome et qui a pour thème: "La Parole de Dieu dans la vie et dans la mission de l'Eglise", afin qu'il puisse porter des fruits de renouveau authentique dans chaque communauté chrétienne. La célébration, aujourd'hui, de la Journée mondiale des missions nous offre une autre intention spéciale de prière. A l'occasion de l'Année paulinienne, cette journée propose à notre méditation une expression célèbre de l'Apôtre des nations: "Malheur à moi si je n'annonçais pas l'Evangile!" (1Co 9,16). En ce mois d'octobre, mois des missions et du rosaire, combien de fidèles et de communautés offrent le rosaire pour les missionnaires et pour l'évangélisation! Je suis donc heureux de me trouver précisément, aujourd'hui, en cette fête, ici à Pompéi, dans le plus important sanctuaire dédié à la Bienheureuse Vierge du Rosaire. Cela me permet en effet de souligner avec plus de force que le premier engagement missionnaire de chacun de nous est justement la prière. C'est d'abord en priant que l'on prépare la route à l'Evangile; c'est en priant que les coeurs s'ouvrent au mystère de Dieu et que les âmes se préparent à accueillir sa Parole de salut.

Il y a aussi, en ce jour, une autre heureuse coïncidence: c'est précisément aujourd'hui, à Lisieux que sont proclamés bienheureux Louis Martin et Zélie Guérin, parents de sainte Thérèse de l'Enfant Jésus, déclarée patronne des missions par Pie xi. Ces nouveaux bienheureux ont accompagné et partagé, par leur prière et leur témoignage évangélique, le chemin de leur fille appelée par le Seigneur à se consacrer à Lui sans réserve entre les murs du Carmel. Ce fut là, dans le secret de la clôture, que la petite Thérèse a réalisé sa vocation: "Dans le coeur de l'Eglise, ma mère, je serai l'amour" (Manuscrits autobiographiques, Lisieux 1957, 229). En pensant à la béatification des époux Martin, je voudrais rappeler une autre intention, qui me tient très à coeur: la famille, dont le rôle est fondamental dans l'éducation des enfants à un esprit universel, ouvert et responsable envers le monde et ses problèmes, ainsi que dans la formation des vocations à la vie missionnaire. Et alors, comme en poursuivant idéalement le pèlerinage que de nombreuses familles ont accompli il y a un mois à ce sanctuaire, invoquons la protection maternelle de la Vierge de Pompéi sur toutes les familles du monde, en pensant déjà à la vi Rencontre mondiale des familles qui aura lieu en janvier 2009 à Mexico.

En cette Journée mondiale des missions, nous nous unissons particulièrement aux pèlerins réunis à Lisieux pour la béatification de Louis et de Zélie Martin, parents de sainte Thérèse de l'Enfant Jésus, la patronne des missions. Par leur vie de couple exemplaire, ils ont annoncé l'Evangile du Christ. Ils ont vécu ardemment leur foi et l'ont transmise dans leur famille et dans leur entourage. Que leur prière commune soit source de joie et d'espérance pour tous les parents et toutes les familles.



Place Saint-Pierre

Dimanche 26 octobre 2008

Chers frères et soeurs,


Ce matin, avec la célébration eucharistique dans la basilique Saint-Pierre, s'est conclue la XII assemblée générale ordinaire du synode des évêques, qui a eu pour thème "La Parole de Dieu dans la vie et dans la mission de l'Eglise". Chaque assemblée synodale est une puissante expérience de communion ecclésiale, mais celle-ci l'est encore davantage, car au centre de l'attention a été placé ce qui éclaire et guide l'Eglise: la Parole de Dieu, qui est le Christ lui-même. Et nous avons vécu chaque journée en religieuse écoute, en ressentant toute la grâce et la beauté d'être ses disciples et ses serviteurs. Selon la signification originelle du terme "église", nous avons fait l'expérience de la joie d'être convoqués par la Parole et, en particulier dans la liturgie, nous nous sommes retrouvés en marche dans celle-ci, comme dans notre terre promise, qui nous fait goûter à l'avance le Royaume des cieux.

Un aspect sur lequel on a beaucoup réfléchi est la relation entre la Parole et les paroles, c'est-à-dire entre le Verbe divin et les écritures qui l'expriment. Comme l'enseigne le Concile Vatican ii dans la constitution Dei Verbum (n. 12), une bonne exégèse biblique exige aussi bien la méthode historique critique que théologique, car l'Ecriture Sainte est la Parole de Dieu en paroles humaines. Cela demande que chaque texte soit lu et interprété en tenant compte de l'unité de toute l'Ecriture, de la tradition vivante de l'Eglise et de la lumière de la foi. S'il est vrai que la Bible est également une oeuvre littéraire, et même le grand code de la culture universelle, il est également vrai que celle-ci ne doit pas être dépouillée de l'élément divin, mais doit être lue dans le même Esprit avec lequel elle a été composée. Exégèse scientifique et lectio divina sont donc toutes les deux nécessaires et complémentaires pour rechercher, à travers la signification littérale, la signification spirituelle, que Dieu veut nous communiquer aujourd'hui.

Au terme de l'assemblée synodale, les patriarches des Eglises orientales ont lancé un appel, que je fais mien, pour attirer l'attention de la communauté internationale, des chefs religieux et de tous les hommes et femmes de bonne volonté sur la tragédie qui se déroule dans certains pays d'Orient, où les chrétiens sont victimes de l'intolérance et de violences cruelles, tués, menacés et obligés d'abandonner leurs maisons et à errer à la recherche d'un refuge. Je pense surtout en ce moment à l'Irak et à l'Inde. Je suis certain que les antiques et nobles populations de ces pays ont appris, au cours des siècles de coexistence respectueuse, à apprécier la contribution que les petites minorités chrétiennes, qui sont actives et qualifiées, apportent à la croissance de la patrie commune. Elles ne demandent pas de privilèges, mais désirent seulement pouvoir continuer à vivre dans leur pays et avec leurs concitoyens, comme elles l'ont toujours fait. Aux autorités civiles et religieuses intéressées je demande de n'épargner aucun effort afin que le droit et la coexistence civile soient au plus tôt rétablies et que les citoyens honnêtes et loyaux sachent pouvoir compter sur une protection appropriée de la part des institutions de l'Etat. Je souhaite ensuite que les responsables civils et religieux de tous les pays, conscients de leur rôle de guide et de référence pour les populations, accomplissent des gestes significatifs et explicites d'amitié et de considération à l'égard des minorités, chrétiennes ou des autres religions, et mettent un point d'honneur à défendre leurs droits légitimes.

Je suis, en outre, heureux de vous communiquer, vous qui êtes ici présents, ce que j'ai déjà annoncé il y a un instant au cours de la Messe: en octobre de l'année prochaine se déroulera à Rome la II assemblée spéciale du synode pour l'Afrique. Avant cette date, si Dieu le veut, mon intention est de me rendre en Afrique au mois de mars, tout d'abord au Cameroun, où je remettrai aux évêques du continent l'Instrumentum laboris du synode, puis en Angola, à l'occasion du 500 anniversaire de l'évangélisation de ce pays. Nous confions les souffrances dont nous avons déjà parlé, ainsi que les espérances que nous portons tous dans le coeur, en particulier les perspectives pour le synode de l'Afrique, à l'intercession de la Très Sainte Vierge Marie.

A l'issue de l'Angelus

Je suis heureux de saluer les pèlerins francophones rassemblés pour la prière mariale de l'Angelus. L'assemblée du synode des évêques qui s'achève aujourd'hui nous a rappelé que la Parole de Dieu nourrit notre vie de prière et notre foi. Elle est la source qui nous invite à aimer, afin de vivre le plus grand des commandements. Demandons au Seigneur la force de répondre, au mieux, à l'appel entendu dans l'Evangile. Avec ma Bénédiction apostolique.

Je souhaite à tous un bon dimanche.




Angelus Benoit XVI 184