Angelus Benoit XVI 11108

SOLENNITÉ DE LA TOUSSAINT 2008

11108
Place Saint-Pierre

Samedi 1 novembre 2008

Chers frères et soeurs!


Nous célébrons aujourd'hui avec une grande joie la fête de la Toussaint. En visitant un jardin botanique, on reste émerveillé devant la variété des plantes et des fleurs, et on pense spontanément à l'imagination du Créateur qui a transformé la terre en un jardin merveilleux. Un sentiment semblable nous saisit lorsque nous prenons en considération le spectacle de la sainteté: le monde nous apparaît comme un "jardin", où l'Esprit de Dieu a suscité avec une admirable imagination une multitude de saints et de saintes, de tout âge et condition sociale, de chaque langue, peuple et culture. Chacun est différent de l'autre, avec la particularité de sa propre personnalité humaine et de son propre charisme spirituel. Tous portent cependant imprimé le "sceau" de Jésus (cf. Ap
Ap 7,3), c'est-à-dire l'empreinte de son amour, témoigné à travers la Croix. Il sont tous dans l'allégresse, dans une fête sans fin, mais, comme Jésus, ils ont atteint cet objectif en passant à travers les difficultés et l'épreuve (cf. Ap Ap 7,14), en affrontant chacun leur part de sacrifice pour participer à la gloire de la résurrection.

La solennité de la Toussaint s'est affirmée au cours du premier millénaire chrétien comme une célébration collective des martyrs. En 609, à Rome, le Pape Boniface iv avait déjà consacré le Panthéon, le dédiant à la Vierge Marie et à tous les martyrs. Ce martyre, par ailleurs, nous pouvons l'entendre au sens large, c'est-à-dire comme amour sans réserve pour le Christ, un amour qui s'exprime dans le don total de soi à Dieu et à nos frères. Cet objectif spirituel, auquel tendent tous les baptisés, peut être atteint en suivant la voie des "béatitudes" évangéliques, que la liturgie nous indique en la solennité d'aujourd'hui (cf. Mt Mt 5,1-12). C'est cette même voie qu'a tracée Jésus et que les saints et les saintes se sont efforcés de parcourir, tout en étant conscients de leurs limites humaines. Au cours de leur existence terrestre, en effet, ils ont été pauvres d'esprit, attristés par les péchés, doux, affamés et assoiffés de justice, miséricordieux, purs de coeur, artisans de paix, persécutés pour la justice. Et Dieu leur a communiqué son propre bonheur: ils l'ont déjà goûté en ce monde et, dans l'au-delà, ils en jouissent pleinement. A présent ils sont consolés, héritiers de la terre, rassasiés, pardonnés, ils voient Dieu dont ils sont les fils. En un mot: "le Royaume des cieux est à eux" (cf. Mt Mt 5,3 Mt Mt 5,10).

En ce jour, nous sentons l'attirance vers le Ciel se faire plus vive en nous, qui nous pousse à hâter le pas de notre pèlerinage terrestre. Nous sentons s'allumer dans nos coeurs le désir de nous unir pour toujours à la famille des saints, dont nous avons déjà à présent la grâce de faire partie. Comme le dit un célèbre chant spiritual: "Lorsque viendra la multitude de tes saints, ô Seigneur, comme je voudrais être parmi eux!". Puisse cette belle aspiration être vive chez tous les chrétiens, et les aider à surmonter chaque difficulté, chaque peur, chaque épreuve! Chers amis, plaçons notre main dans la main maternelle de Marie, Reine de tous les Saints, et laissons-nous conduire par Elle vers la patrie céleste, en compagnie des esprits bienheureux "de toutes nations, races, peuples et langues" (Ap 7,9). Et unissons déjà dans la prière le souvenir de nos chers défunts que nous commémorerons demain.

A l'issue de l'Angelus

En ce jour de la solennité de Tous les Saints, je vous accueille avec joie, chers pèlerins de langue française, en particulier les membres de la famille de sainte Philippine Duchesne. Aujourd'hui, nous honorons la foule immense de tous ceux qui nous ont précédés et qui ont mis leur foi en Dieu, source de toute sainteté. Les saints nous invitent à vivre la joie profonde qui naît de la foi, de l'espérance et de la charité. Avec ma Bénédiction apostolique.

Je souhaite à tous une bonne fête de Tous les Saints!



Place Saint-Pierre

Dimanche 2 novembre 2008

21108
Chers frères et soeurs!


Hier, la fête de Tous les Saints nous a fait contempler "la ville du ciel, la Jérusalem céleste qui est notre mère" (Préface de Toussaint). Aujourd'hui, l'âme encore tournée vers ces réalités ultimes, nous commémorons tous les fidèles défunts, qui "nous ont précédés dans le signe de la foi et reposent dans le sommeil de la paix" (Prière eucharistique 1). Il est très important que nous chrétiens vivions la relation avec les défunts dans la vérité de la foi, et regardions la mort et l'au-delà dans la lumière de la Révélation. L'apôtre Paul déjà, écrivant aux premières communautés, exhortait les fidèles à "ne pas se désespérer comme les autres qui n'ont pas d'espérance". "Puisque nous croyons - écrivait-il - que Jésus est mort et qu'il est ressuscité, de même, ceux qui se sont endormis en Jésus, Dieu les emmènera avec lui"(
1Th 4,13-14). Il est encore aujourd'hui nécessaire d'évangéliser la réalité de la mort et de la vie éternelle, une réalité particulièrement sujette à des croyances superstitieuses et à des syncrétismes, pour que la vérité chrétienne ne risque pas de se mêler à des mythologies en tous genres.

Dans mon encyclique sur l'espérance chrétienne, je me suis interrogé sur le mystère de la vie éternelle (cf. Spe salvi ). Je me suis demandé: la foi chrétienne est-elle aussi pour les hommes d'aujourd'hui une espérance qui transforme et soutient leur vie (cf. ibid., n. 10)? Et plus radicalement: les hommes et les femmes de notre époque désirent-ils encore la vie éternelle? Ou bien l'existence terrestre est-elle devenue leur unique horizon? En réalité, comme l'observait déjà saint Augustin, nous voulons tous la "vie bienheureuse", le bonheur. Nous ne savons pas bien ce que c'est ni comment il est fait, mais nous nous sentons attirés par lui. Il s'agit là d'une espérance universelle, commune aux hommes de toutes les époques et de tous les lieux. L'expression "vie éternelle" voudrait donner un nom à cette attente inéluctable: non une succession sans fin, mais l'immersion dans l'océan de l'amour infini, dans lequel le temps, l'avant et l'après n'existent plus. Une plénitude de vie et de joie: voilà ce que nous espérons et attendons de notre vie avec le Christ (cf. ibid., n. 12).

Nous renouvelons aujourd'hui l'espérance de la vie éternelle fondée réellement dans la mort et la résurrection du Christ. "Je suis ressuscité et à présent je suis toujours avec toi", nous dit le Seigneur, et ma main te soutient. Où que tu puisses tomber, tu tomberas entre mes mains et je serai présent jusqu'à la porte de la mort. Là où personne ne peut plus t'accompagner et où tu ne peux rien emporter, c'est là que je t'attends pour transformer pour toi les ténèbres en lumière. L'espérance chrétienne n'est toutefois jamais seulement individuelle, elle est toujours aussi espérance pour les autres. Nos existences sont profondément liées les unes aux autres et le bien et le mal que chacun accomplit touche toujours aussi les autres. Ainsi la prière d'une âme en pèlerinage dans le monde peut aider une autre âme qui se purifie après la mort. Voilà pourquoi aujourd'hui l'Eglise nous invite à prier pour nos chers défunts et à faire une halte près de leurs tombes dans les cimetières. Puisse Marie, étoile de l'espérance, rendre plus forte et authentique notre foi dans la vie éternelle et soutenir notre prière d'action de grâce pour nos frères défunts.

A l'issue de l'Angelus

J'accueille avec plaisir les pèlerins francophones rassemblés pour la prière de l'Angelus. Aujourd'hui, notre pensée et notre prière rejoignent tous ceux et toutes celles qui vivent une épreuve suite à la disparition d'un être cher. Nous confions tous les défunts à la bienveillance de Notre-Dame et de saint Joseph. A la suite du Christ ressuscité qui nous a montré le chemin, que notre espérance soit plus forte que notre peine. Avec ma Bénédiction apostolique.

Je vous souhaite à tous un bon dimanche, dans le souvenir de nos chers défunts.



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Place Saint-Pierre

Dimanche 9 novembre 2008

Chers frères et soeurs,


La liturgie nous fait célébrer aujourd'hui la Dédicace de la basilique du Latran, appelée "Mère et tête de toutes les églises de la ville et du monde ". En effet, cette basilique a été la première à être construite après l'édit de l'empereur Constantin qui, en 313, a accordé aux chrétiens la liberté de pratiquer leur religion. Le même empereur donna au pape Miltiade l'ancien domaine de la famille des Laterani et il y fit édifier la basilique, le baptistère et le "patriarcat ", c'est-à-dire la résidence de l'évêque de Rome, où les papes habitèrent jusqu'à la période d'Avignon. La dédicace de la Basilique fut célébrée par le pape Sylvestre vers 324 et l'église fut dédiée au Très Saint Sauveur; c'est seulement après le vi siècle que furent ajoutés les titres des saints Jean Baptiste et Jean l'Evangéliste, d'où son appellation habituelle. Cette fête concerna d'abord uniquement la ville de Rome, puis à partir de 1565, elle s'étendit à toutes les Eglises de rite romain. Ainsi, en honorant l'édifice sacré, on entend exprimer amour et vénération pour l'Eglise romaine qui, comme l'affirme saint Ignace d'Antioche, "préside à la charité " de toute la communion catholique (Aux Rm 1,1).

En cette solennité, la Parole de Dieu rappelle une vérité essentielle: le temple de pierres est le symbole de l'Eglise vivante, de la communauté chrétienne, que déjà les apôtres Pierre et Paul considéraient, dans leurs lettres, comme un "édifice spirituel ", construit par Dieu avec les "pierres vivantes " que sont les chrétiens, sur le fondement unique qu'est Jésus Christ, comparé à son tour à une "pierre angulaire " (cf. 1Co 3,9-11 1Co 3,16-17 1P 2,4-8 Ep 2,20-22). "Frères, vous êtes le temple de Dieu ", écrit saint Paul qui ajoute: "le temple de Dieu est sacré, et ce temple, c'est vous " (). La beauté et l'harmonie des églises, destinées à rendre louange à Dieu, nous invite nous aussi, les êtres humains, limités et pécheurs, à nous convertir pour former un "univers", une construction bien ordonnée, en étroite communion avec Jésus qui est le vrai Saint des Saints. Cela culmine dans la célébration eucharistique dans laquelle "l'ecclesia ", c'est-à-dire la communion des baptisés, se retrouve unie pour écouter la Parole de Dieu et pour se nourrir du corps et du sang du Christ. Autour de cette double table, l'Eglise de pierres vivantes s'édifie dans la vérité et dans la charité, et elle est façonnée intérieurement par l'Esprit Saint: elle se transforme en ce qu'elle reçoit, et elle se conforme toujours davantage à son Seigneur Jésus Christ. Elle-même, si elle vit dans une unité sincère et fraternelle, devient ainsi un sacrifice spirituel agréable à Dieu.

Chers amis, la fête d'aujourd'hui célèbre un mystère toujours actuel: Dieu veut édifier dans le monde un temple spirituel, une communauté qui l'adore en esprit et vérité (cf. Jn Jn 4,23-24). Mais cette fête nous rappelle aussi l'importance des édifices matériels, dans lesquels les communautés se rassemblent pour célébrer les louanges de Dieu. Chaque communauté a donc le devoir de garder avec soin ses édifices sacrés, qui constituent un précieux patrimoine religieux et historique. Invoquons pour cela l'intercession de la Très Sainte Vierge Marie, pour qu'elle nous aide à devenir, comme elle, la "maison de Dieu ", le temple vivant de son amour.

A l'issue de l'Angelus

Je vous accueille avec joie, chers pèlerins francophones. Aujourd'hui, nous célébrons la Dédicace de la Basilique du Latran, Mère et Tête de toutes les églises de Rome et du monde. Nous demandons au Seigneur par l'intercession de Notre-Dame de nous aider à aimer et servir l'Eglise. Prions aussi Dieu, en ces jours de commémoration du 90 anniversaire de la fin de la Première Guerre mondiale, pour la paix dans le monde et pour tous ceux qui oeuvrent pour la justice et la fraternité entre les hommes. Avec ma Bénédiction apostolique.



C'est aujourd'hui le 70 anniversaire de ce triste événement qui a eu lieu dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938, lorsque s'est déchaînée en Allemagne la furie nazie contre les juifs. Les commerces, les bureaux, les habitations, et les synagogues furent attaqués et détruits, et de nombreuses personnes furent également tuées, ce qui fut le début de la persécution violente et systématique des juifs allemands qui déboucha sur la Shoah. Aujourd'hui encore, je ressens avec douleur ce qui est arrivé en cette tragique circonstance, dont le souvenir doit servir à faire en sorte que des horreurs semblables ne se répètent plus jamais et que l'on s'engage, à tous les niveaux, contre toute forme d'antisémitisme et de discrimination, en éduquant surtout les jeunes générations au respect et à l'accueil réciproques. J'invite en outre à prier pour les victimes d'alors et à vous unir à moi en manifestant une profonde solidarité avec le monde juif.

Des nouvelles inquiétantes continuent de nous parvenir de la région du Nord-Kivu, dans la République démocratique du Congo. Des affrontements armés sanglants et des atrocités systématiques ont fait et continuent de faire de nombreuses victimes parmi les civils innocents; destructions, saccages, violences de toutes sortes qui ont contraint d'autres dizaines de milliers de personnes à abandonner le peu qu'elles avaient pour survivre. On peut dire qu'actuellement le nombre des réfugiés s'élève à plus d'un million et demi. A tous et à chacun, je désire exprimer ma proximité particulière, et j'encourage et je bénis ceux qui agissent pour soulager leurs souffrances, en particulier les agents pastoraux de cette Eglise locale. Que mes condoléances et l'assurance de ma prière d'intention parviennent aux familles privées de ceux qui leurs sont chers. Je renouvelle enfin mon appel fervent pour que tous collaborent au retour à la paix sur cette terre martyrisée depuis trop longtemps, dans le respect du droit et surtout de la dignité de toute personne.





Place Saint-Pierre


Dimanche 16 novembre 2008

16118
Chers frères et soeurs,


La Parole de Dieu de ce dimanche - l'avant-dernier de l'année liturgique - nous invite à être vigilants et actifs dans l'attente du retour du Seigneur Jésus à la fin des temps. Le passage de l'Evangile raconte la célèbre parabole des talents, rapportée par saint Matthieu (
Mt 25,14-30). Le "talent" était une ancienne monnaie romaine, de grande valeur, et c'est justement à cause de la popularité de cette parabole que celle-ci est devenue synonyme de talents personnels, que chacun est appelé à faire fructifier. En réalité, le texte parle d'un "homme, qui partait en voyage" et qui "appela ses serviteurs et leur confia ses biens" (Mt 25,14). L'homme de la parabole représente le Christ lui-même, les serviteurs sont les disciples et les talents sont les dons que Jésus leur confie. Par conséquent, ces talents ne représentent pas seulement les qualités naturelles mais aussi les richesses que le Seigneur Jésus nous a laissées en héritage, afin que nous les fassions fructifier: sa Parole, déposée dans le saint Evangile; le Baptême, qui nous renouvelle dans l'Esprit Saint; la prière - le "Notre Père" - que nous élevons à Dieu en tant que fils unis dans le Fils; son pardon, qu'il a commandé de porter à tous; le sacrement de son Corps immolé et de son Sang versé. En un mot: le Royaume de Dieu, qu'Il est Lui-même, présent et vivant au milieu de nous.

C'est le trésor que Jésus a confié à ses amis, au terme de sa brève existence terrestre. La parabole de ce jour insiste sur l'attitude intérieure avec laquelle il faut accueillir et valoriser ce don. L'attitude qu'il ne faut pas avoir est celle de la peur: le serviteur qui a peur de son patron et craint son retour cache la pièce de monnaie sous terre et celle-ci ne produit aucun fruit. Cela arrive par exemple à celui qui a reçu le Baptême, la Communion, la Confirmation, mais ensevelit ensuite ces dons sous une couche de préjugés, sous une fausse image de Dieu qui paralyse la foi et les oeuvres. Ceci fait qu'il trahit les attentes du Seigneur. Mais la parabole souligne davantage les bons fruits portés par les disciples qui, heureux du don reçu, ne l'ont pas tenu caché jalousement et par peur, mais l'ont fait fructifier en le partageant. Oui, ce que le Christ nous a donné se multiplie en le donnant! C'est un trésor fait pour être dépensé, investi, partagé avec tous, comme nous l'enseigne ce grand administrateur des talents de Jésus qu'est l'apôtre Paul.

L'enseignement évangélique que nous offre aujourd'hui la liturgie a également eu une influence au niveau historique et social en encourageant parmi les populations chrétiennes une mentalité active et entreprenante. Mais le message central porte sur l'esprit de responsabilité avec lequel il faut accueillir le Royaume de Dieu: une responsabilité envers Dieu et envers l'humanité. Il incarne parfaitement l'attitude du coeur de la Vierge Marie qui, en recevant le don le plus précieux de tous, Jésus lui-même, l'a offert au monde avec un immense amour. Nous Lui demandons de nous aider à être des "serviteurs bons et fidèles", afin de pouvoir prendre un jour part "à la joie de notre Seigneur".

Vendredi prochain, 21 novembre, lors de la mémoire liturgique de la présentation de la Très Sainte Vierge Marie au Temple, aura lieu la Journée pro Orantibus, pour les communautés religieuses de clôture. Remercions le Seigneur pour les soeurs et les frères qui ont embrassé cette mission en se consacrant totalement à la prière et qui vivent de ce qu'ils reçoivent de la Providence. Prions à notre tour pour eux et pour les nouvelles vocations, et engageons-nous à soutenir les monastères dans leurs nécessités matérielles. Chères soeurs et chers frères, votre présence dans l'Eglise et dans le monde est indispensable. Je suis proche de vous et je vous bénis avec une grande affection!

Dans l'archidiocèse de Milan et dans les autres communautés de rite ambrosien commence ce dimanche le Temps de l'Avent. En leur adressant une salutation spéciale je voudrais rappeler que c'est justement aujourd'hui qu'entre en vigueur le nouveau Lectionnaire ambrosien, c'est-à-dire le recueil des lectures bibliques de cette ancienne et noble liturgie, renouvelé à la lumière du Concile Vatican II. Il est significatif que cela ait lieu au lendemain du Synode des évêques consacré à la Parole de Dieu. Puisse l'Eglise ambrosienne, nourrie avec sagesse, et abondamment, par les Saintes Ecritures, toujours cheminer dans la vérité et la charité et rendre un témoignage valide au Christ, Parole de salut pour l'humanité de tous les temps.

Je suis heureux de vous saluer, chers pèlerins francophones rassemblés pour l'Angelus. Avec saint Paul, nous implorons le Seigneur afin d'être vigilant dans la confiance et dans l'Amour, pour attendre sa venue. Que son Esprit nous donne prudence et intelligence, sagesse et force, charité, joie et paix pour faire fructifier les talents que nous avons reçus. Soyons des témoins audacieux et n'ayons pas peur de partager sans compter les dons que Dieu nous a confiés. Avec ma Bénédiction Apostolique.

Je salue chaleureusement tous les pèlerins et les visiteurs de langue anglaise présents à l'Angelus d'aujourd'hui. Que Dieu comble vote séjour à Rome de sa joie et de sa paix. En ce troisième dimanche de novembre, nous nous souvenons de manière particulière de tous ceux qui sont morts dans des accidents de la route. Nous prions pour qu'ils obtiennent le repos éternel et pour que leurs familles, qui pleurent leur perte, soient consolées. Cher frères et soeurs, j'implore chacun de vous - conducteurs, passagers et piétons - de considérer attentivement les paroles de saint Paul dans la liturgie de la Parole de ce jour: "Soyez vigilants et restez sobres". Sur la route, nous devons avoir un comportement responsable, et faire preuve de considération et de respect à l'égard des autres. Que la Vierge Marie nous conduise dans les rues et sur les routes du monde, en toute sécurité.

Je souhaite à tous un bon dimanche.



SOLENNITÉ DE NOTRE SEIGNEUR JÉSUS CHRIST

ROI DE L'UNIVERS

BENOÎT XVI

Place Saint-Pierre

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Dimanche 23 novembre 2008

Chers frères et soeurs!


Nous célébrons aujourd'hui, dernier dimanche de l'année liturgique, la solennité de Notre Seigneur Jésus Christ Roi de l'univers. Nous savons, par les Evangiles, que Jésus a refusé le titre de roi lorsqu'il était compris au sens politique, à l'instar des "chefs des nations" (cf. Mt Mt 20,24). En revanche, pendant sa passion, il a revendiqué une royauté singulière, devant Pilate qui l'interrogeait explicitement: "Alors, tu es roi?", et Jésus lui répondit: "C'est toi qui dis que je suis roi" (Jn 18,37); mais un peu auparavant, il avait déclaré: "Ma royauté ne vient pas de ce monde" (Jn 18,36). En effet, la royauté du Christ est une révélation et une mise en oeuvre de celle de Dieu le Père, qui gouverne toute chose avec amour et avec justice. Le Père a confié au Fils la mission de donner la vie éternelle aux hommes en les aimant jusqu'au sacrifice suprême, et en même temps, il lui a conféré le pouvoir de les juger, puisqu'il s'est fait le Fils de l'homme, en tout semblable à nous (cf. Jn Jn 5,21-22 Jn Jn 5,26-27).

L'Evangile d'aujourd'hui insiste justement sur la royauté universelle du Christ juge, avec la merveilleuse parabole du jugement final, que saint Matthieu a placée immédiatement avant le récit de la passion (Mt 25,31-46). Les images sont simples, le langage est populaire, mais le message est extrêmement important: c'est la vérité sur notre destin ultime, et sur le critère selon lequel nous serons évalués. "J'ai eu faim et vous m'avez donné à manger, j'ai eu soif et vous m'avez donné à boire, j'étais étranger et vous m'avez accueilli" (Mt 25,35) et ainsi de suite. Qui ne connaît pas cette page? Elle fait partie de notre civilisation. Elle a marqué l'histoire des peuples de culture chrétienne: la hiérarchie des valeurs, les institutions, les nombreuses oeuvres de bienfaisance et sociales. En effet, le royaume du Christ n'est pas de ce monde, mais il porte à son accomplissement tout le bien qui, grâce à Dieu, existe dans l'homme et dans l'histoire. Si nous mettons en pratique l'amour du prochain, selon le message évangélique, alors nous laissons place à la seigneurie de Dieu, et son royaume se réalise au milieu de nous. Si, au contraire, chacun ne pense qu'à ses propres intérêts, le monde ne peut qu'aller à sa ruine.

Chers amis, le royaume de Dieu n'est pas une question d'honneurs et d'apparences, mais, comme l'écrit saint Paul, il est "justice, paix et joie dans l'Esprit Saint" (Rm 14,17). Le Seigneur a notre bien à coeur, c'est-à-dire que tout homme ait la vie, et en particulier que ses enfants les plus "petits" puissent accéder au banquet qu'il a préparé pour tous. C'est pourquoi il ne sait que faire de ces formes d'hypocrisie de celui qui dit "Seigneur, Seigneur" et puis néglige ses commandements (cf. Mt Mt 7,21). Dans son royaume éternel, Dieu accueille ceux qui s'efforcent jour après jour de mettre sa parole en pratique. C'est pour cela que la Vierge Marie, la plus humble de toutes les créatures, est la plus grande à ses yeux et qu'elle siège en Reine à la droite du Christ Roi. Nous voulons nous confier une fois encore à son intercession céleste avec une confiance filiale, pour pouvoir réaliser notre mission chrétienne dans le monde.

A l'issue de l'Angelus

Demain, au Japon, dans la ville de Nagasaki, aura lieu la béatification de 188 martyrs, tous japonais, hommes et femmes, tués durant la première partie du XVII siècle. A cette occasion, si significative pour la communauté catholique et pour tout le pays du Soleil levant, je vous assure de ma proximité spirituelle. Par ailleurs, samedi prochain, à Cuba, Frère José Olallo Valdés, de l'Ordre hospitalier de saint Jean de Dieu, sera proclamé bienheureux. Je confie le peuple cubain, notamment les malades et les agents de la santé, à sa protection céleste.

Je vous salue cordialement, chers pèlerins de langue française. Aujourd'hui, prenons le temps de contempler le Christ, Roi de l'univers. En s'identifiant au plus pauvre et au plus petit d'entre-nous, Il est le pasteur et le roi qui veille sur nous pour nous aider à grandir dans la foi et dans l'amour, dans la justice et dans la charité. Laissons-nous conduire vers le Père, en lui offrant dans la prière, par l'intercession de Notre-Dame, nos vies, nos joies et nos peines. Avec ma Bénédiction apostolique.


Je souhaite à tous un bon dimanche.



Place Saint-Pierre

Dimanche 30 novembre 2008

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I Dimanche de l'Avent, 30 novembre 2008

Chers frères et soeurs!


Avec le premier dimanche de l'Avent, nous entamons aujourd'hui une nouvelle année liturgique. Ce fait nous invite à réfléchir sur la dimension du temps, qui exerce toujours sur nous une grande fascination. A l'exemple de ce que Jésus aimait faire, je désirerais toutefois partir d'une constatation très concrète: nous disons tous: "le temps nous manque", car le rythme de la vie quotidienne est devenu frénétique pour tous. A cet égard également l'Eglise a une "bonne nouvelle" à apporter: Dieu nous donne son temps. Nous disposons toujours de peu de temps; en particulier pour le Seigneur nous ne savons pas ou, parfois, nous ne voulons pas le trouver. Eh bien, Dieu a du temps pour nous! Telle est la première chose que le début d'une année liturgique nous fait redécouvrir avec un émerveillement toujours nouveau. Oui: Dieu nous donne son temps, car il est entré dans l'histoire avec sa parole et ses oeuvres de salut, pour l'ouvrir à l'éternité, pour la faire devenir une histoire d'alliance. Dans cette perspective, le temps est déjà en soi un signe fondamental de l'amour de Dieu: un don que l'homme, comme tout autre chose, est en mesure de valoriser ou, au contraire, d'abîmer; de saisir dans sa signification, ou de négliger avec une superficialité obtuse.

Il y a ensuite les trois grands "axes" du temps, qui rythment l'histoire du salut: la création au début, l'incarnation-rédemption au centre et à la fin la "parousie", la venue finale qui comprend également le jugement universel. Ces trois moments ne sont cependant pas à entendre simplement dans une succession chronologique. En effet, la création est bien à l'origine de tout, mais elle est également permanente et se réalise tout au long du devenir de l'univers, jusqu'à la fin des temps. De même l'incarnation-rédemption, si elle a eu lieu à un moment historique déterminé, la période du passage de Jésus sur la terre, étend toutefois son rayon d'action à tout le temps précédent et à tout le temps suivant. Et à leur tour, la venue finale et le jugement dernier, qui précisément dans la Croix du Christ ont eu une anticipation décisive, exercent leur influence sur la conduite des hommes de chaque époque.

Le temps liturgique de l'Avent célèbre la venue de Dieu, dans ses deux moments: il nous invite tout d'abord à réveiller l'attente du retour glorieux du Christ; puis, Noël s'approchant, il nous appelle à accueillir le Verbe fait homme pour notre salut. Mais le Seigneur vient sans cesse dans notre vie. L'appel de Jésus, qui en ce dimanche nous est reproposé avec force: "Veillez!" (
Mc 13,33 Mc 13,35 Mc 13,37) est donc plus que jamais opportun. Il est adressé aux disciples, mais également "à tous", car chacun, à l'heure que Dieu seul connaît, sera appelé à rendre compte de sa propre existence. Cela comporte un juste détachement des biens terrestres, un repentir sincère de ses propres erreurs, une charité active envers le prochain et surtout de se remettre de manière humble et confiante entre les mains de Dieu, notre Père tendre et miséricordieux. La Vierge Marie, la Mère de Jésus est l'icône de l'Avent. Invoquons-la pour qu'elle nous aide nous aussi à devenir un prolongement d'humanité pour le Seigneur qui vient.

A l'issue de l'Angelus

Le 30 novembre a lieu la fête de l'apôtre saint André, frère de Simon Pierre. Tous deux furent tout d'abord des disciples de Jean-Baptiste et, après le baptême de Jésus dans le Jourdain, ils devinrent ses disciples, reconnaissant en Lui le Messie. Saint André est le patron du patriarcat de Constantinople, si bien que l'Eglise de Rome se sent liée à celle de Constantinople par un lien de fraternité particulière. C'est pourquoi, selon la tradition, en cette heureuse circonstance une délégation du Saint-Siège, guidée par le cardinal Walter Kasper, président du Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens, a rendu visite au Patriarche oecuménique Bartholomaios I. Je lui adresse de tout coeur mon salut et mes voeux ainsi qu'aux fidèles du patriarcat, en invoquant sur tous l'abondance des bénédictions célestes.

En ce premier dimanche de l'Avent, je suis heureux de vous saluer, chers pèlerins de langue française, particulièrement les membres, présents sur cette place, des Communautés catholiques africaines francophones d'Italie. Voici revenu le temps du désir et de l'espérance où Dieu nous appelle à veiller et à prier! Puissiez-vous savoir prendre du temps pour méditer la Parole de Dieu afin d'en vivre même dans les moments d'épreuves! Notre prière rejoint, en ces jours, les victimes et les familles éprouvées par les attentats et les guerres. Avec ma Bénédiction apostolique.

Je voudrais vous inviter à vous unir dans la prière pour les nombreuses victimes des brutales attaques terroristes de Bombay, en Inde, ainsi que des affrontements qui ont éclaté à Jos au Nigeria, de même que pour les blessés et ceux qui, d'une manière ou d'une autre, ont été touchés. Les causes et les circonstances de ces tragiques événements sont différentes, mais l'horreur et la réprobation face à l'explosion d'une violence aussi cruelle et absurde doivent être unanimes. Nous demandons au Seigneur de toucher le coeur de ceux qui ont l'illusion que telle est la voie pour résoudre les problèmes locaux ou internationaux et soyons tous incités à donner un exemple de douceur et d'amour pour construire une société digne de Dieu et de l'homme.

Je souhaite à tous un bon dimanche et un Avent riche de fruits spirituels.





Place Saint-Pierre

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II Dimanche de l'Avent, 7 décembre 2008

Chers frères et soeurs!


Nous vivons, depuis une semaine, le temps liturgique de l'Avent: temps d'ouverture à l'avenir de Dieu, temps de préparation à Noël, où lui, le Seigneur, qui est la nouveauté absolue, est venu habiter au milieu de cette humanité déchue pour la renouveler de l'intérieur. Un message plein d'espérance résonne dans la liturgie de l'Avent, qui invite à lever le regard vers l'horizon ultime, mais en même temps à reconnaître dans le présent les signes du Dieu-avec-nous. En ce deuxième dimanche de l'Avent, la Parole de Dieu prend les accents émouvants de celui qu'on appelle le second Isaïe qui annonce finalement la libération aux Israélites éprouvés depuis des décennies par l'amer exil à Babylone: "Consolez, consolez mon peuple, dit le prophète au nom de Dieu. Parlez au coeur de Jérusalem, et criez-lui que son service est accompli" (
Is 40,1-2). C'est cela que veut faire le Seigneur de l'Avent: parler au coeur de son Peuple et, par lui, à l'humanité entière, pour annoncer le salut. Aujourd'hui encore s'élève la voix de l'Eglise: "Dans le désert, préparez le chemin du Seigneur" (Is 40,3). Pour les populations épuisées par la misère et par la faim, pour les foules des réfugiés, pour ceux qui souffrent des violations graves et systématiques de leurs droits, l'Eglise se place comme une sentinelle sur la haute montagne de la foi et annonce: "Voici votre Dieu! Voici le Seigneur qui vient avec puissance" (Is 40,10).

Cette annonce prophétique s'est réalisée en Jésus Christ. Par sa prédication, puis par sa mort et sa résurrection, il a porté à son accomplissement les anciennes promesses et il a révélé une perspective plus profonde et plus universelle. Il a inauguré un exode non plus seulement terrestre, historique, et donc provisoire, mais radical et définitif: le passage du règne du mal au règne de Dieu, de la domination du péché et de la mort à celui de l'amour et de la vie. L'espérance chrétienne va donc au-delà de la légitime attente d'une libération sociale et politique, car ce que Jésus a commencé est une humanité nouvelle, qui vient "de Dieu" mais en même temps germe dans notre terre, dans la mesure où elle se laisse féconder par l'Esprit du Seigneur. Il s'agit donc d'entrer pleinement dans la logique de la foi: croire en Dieu, dans son dessein de salut, et en même temps s'engager pour la construction de son Règne. La justice et la paix, en effet, sont un don de Dieu, mais elles exigent des hommes et des femmes qui soient un "bon terreau", prêt à accueillir la bonne semence de sa Parole.

Jésus, Fils de Dieu et fils de Marie, constitue les prémices de cette humanité nouvelle. Elle, la Vierge Mère, est le "chemin" que Dieu lui-même s'est préparé pour venir au monde. En toute humilité, Marie avance à la tête du nouvel Israël dans l'exode de tout exil, de toute oppression, de tout esclavage moral ou matériel, vers "les nouveaux cieux et la terre nouvelle où la justice habitera" (2P 3,13). Confions à son intercession maternelle l'attente de paix et de salut des hommes de notre temps.

Après la prière de l'Angelus

Ces derniers jours est mort le patriarche de Moscou et de toutes les Russies, Sa Sainteté Alexis II. Nous nous unissons dans la prière à nos frères orthodoxes pour recommander son âme à la bonté du Seigneur, afin qu'il l'accueille dans son Royaume de lumière et de paix.

Jeudi prochain, 11 décembre, dans l'après-midi, je rencontrerai dans la basilique Saint-Pierre les universitaires des Universités romaines, au terme de la messe qui sera présidée par le cardinal Agostino Vallini. A l'occasion de l'Année de Saint Paul, je remettrai aux jeunes étudiants la Lettre aux Romains de l'apôtre Paul et je serai heureux de les saluer ainsi que les recteurs, les enseignants et le personnel technique et administratif, lors de ce rendez-vous traditionnel qui prépare à Noël.

Je suis heureux d'adresser une salutation spéciale aux pères Mariens de l'Immaculée Conception, qui entameront demain le jubilé centenaire de la renaissance et de la réforme de leur congrégation. Chers frères, que la Vierge Marie vous obtienne d'abondantes grâces et vous aide à toujours rester fidèles à votre charisme.

Chers pèlerins francophones, je vous accueille ce matin avec joie. A la suite de Jean-Baptiste, nous sommes invités à préparer les chemins du Seigneur, car voici venir notre Dieu. Avec impatience, nous voulons l'accueillir, lui qui se fait homme pour chacun de nous. Que dans notre monde blessé par de multiples violences, cette période d'attente soit un moment de renouvellement des coeurs afin de vivre dans la justice et dans la paix, dans la solidarité et l'entraide, ce temps de la Miséricorde de Dieu qui nous est promis! Avec ma Bénédiction apostolique.

Je souhaite à tous un bon dimanche et une heureuse fête de l'Immaculée.



Angelus Benoit XVI 11108