Angelus Benoit XVI 198


SOLENNITÉ DE L'IMMACULÉE CONCEPTION

DE LA BIENHEUREUSE VIERGE MARIE



199
Place Saint-Pierre

Lundi 8 décembre 2008

Chers frères et soeurs!


Le mystère de l'Immaculée Conception de Marie, que nous célébrons solennellement aujourd'hui, nous rappelle deux vérités fondamentales de notre foi: tout d'abord le péché originel, ensuite la victoire sur celui-ci de la grâce du Christ, une victoire qui resplendit de manière sublime en la Très Sainte Vierge Marie. L'existence de ce que l'Eglise appelle le "péché originel" est malheureusement d'une évidence écrasante, en regardant simplement autour de nous et surtout en nous. L'expérience du mal est en effet tellement forte, qu'elle s'impose d'elle-même et qu'elle suscite en nous la question: d'où provient-il? En particulier, pour un croyant, la question est encore plus profonde: si Dieu, qui est la Bonté absolue, a créé toute chose, d'où vient le mal? Les premières pages de la Bible (
Gn 1-3) répondent à cette question fondamentale, qui interpelle chaque génération humaine, avec le récit de la création et de la chute de nos ancêtres: Dieu a créé toute chose pour l'existence, il a notamment créé l'être humain à son image, il n'a pas créé la mort, mais celle-ci est entrée dans le monde par la jalousie du diable (cf. Sag Sg 1,13-14 Sg 2,23-24) qui, s'étant rebellé contre Dieu, a attiré et trompé également les hommes, en les induisant à la rébellion. C'est le drame de la liberté, que Dieu accepte jusqu'au bout par amour, en promettant toutefois que viendra le fils d'une femme pour écraser la tête de l'antique serpent (Gn 3,15).

Depuis le commencement, par conséquent, "l'éternel conseil" - comme dirait Dante - a un "terme immuable" (Paradis, XXXIII, 3): la Femme prédestinée à devenir mère du Rédempteur, mère de Celui qui s'est humilié, jusqu'à l'extrême pour nous reconduire à notre dignité originelle. Cette Femme, aux yeux de Dieu, a depuis toujours un visage et un nom: "pleine de grâce" (Lc 1,28), comme l'appelle l'Ange en lui rendant visite à Nazareth. C'est la nouvelle Eve, épouse du nouvel Adam, destinée à être la mère de tous les hommes rachetés. Ainsi écrivait saint André de Crète: "La Theotókos Marie, le refuge commun de tous les chrétiens, a été la première à être libérée de la chute originelle de nos ancêtres" (Homélie IV sur la Nativité, ). Et la liturgie d'aujourd'hui affirme que Dieu a "préparé une digne demeure pour son Fils et en prévision de Sa mort, il l'a préservée de toute tache de péché" (Prière de la Collecte).

Très cher amis, en Marie Immaculée, nous contemplons le reflet de la Beauté qui sauve le monde: la beauté de Dieu qui resplendit sur le visage du Christ. En Marie, cette beauté est totalement pure, humble, libre de tout orgueil et présomption. C'est ainsi que la Vierge s'est montrée à sainte Bernadette, il y a 150 ans, à Lourdes, et qu'elle est de la même manière vénérée dans de nombreux sanctuaires. Cette après-midi, selon la tradition, je lui rendrai moi aussi hommage au pied du monument qui lui est dédié sur la Place d'Espagne. Invoquons à présent avec confiance la Vierge Immaculée, en reprenant avec l'Angelus les paroles de l'Evangile, que la liturgie d'aujourd'hui propose à notre méditation.

Après la prière de l'Angelus

Je suis heureux de saluer l'Académie pontificale de l'Immaculée et son président, le cardinal Andrea Maria Deskur. Chers amis, à 20 ans de l'approbation des nouveaux statuts de l'Académie, j'invoque la Sainte Vierge afin qu'elle veille toujours sur vous et sur votre activité.

Je suis heureux de vous saluer chers francophones présents pour la prière de l'Angelus, ici à Rome ou par la radio et la télévision. En la fête de l'Immaculée Conception de la Vierge Marie, nous sommes en union avec les pèlerins rassemblés dans les sanctuaires mariaux, et tout spécialement à Lourdes pour la clôture de l'Année jubilaire des Apparitions, mais également avec les fidèles réunis à Ars pour l'ouverture de l'Année jubilaire du cent cinquantième anniversaire de la mort de saint Jean-Marie Vianney. Que Notre-Dame de l'Avent, nous aide à dire oui au Seigneur qui saura combler notre vie! Nous pourrons, ainsi, vivre à son exemple dans la confiance. Avec ma Bénédiction apostolique.

Bonne fête à tous!



Place Saint-Pierre

200
III Dimanche de l'Avent, 14 décembre 2008

Chers frères et soeurs,


Ce dimanche, le troisième du temps de l'Avent, est appelé le "Dimanche gaudete", "soyez dans la joie" car l'antienne d'entrée de la messe reprend une expression de saint Paul dans la Lettre aux Philippiens qui dit: "Soyez toujours dans la joie du Seigneur; laissez-moi vous le redire; soyez dans la joie". Et immédiatement après, il explique pourquoi: "Le Seigneur est proche" (
Ph 4,4-5). Voilà le motif de la joie. Mais que signifie: "le Seigneur est proche?" Comment devons-nous comprendre cette "proximité" de Dieu? Ecrivant aux chrétiens de Philippes, l'apôtre Paul pense bien sûr au retour du Christ et il les invite à se réjouir car ce retour est certain. Cependant, dans sa Lettre aux Thessaloniciens, ce même saint Paul fait remarquer que personne ne peut connaître le moment de la venue du Seigneur (cf. 1Th 5,1-2) et met en garde contre tout alarmisme comme si le retour du Christ était imminent (cf. 2Th 2,1-2). Ainsi, déjà à cette époque, éclairée par l'Esprit Saint, l'Eglise comprenait toujours mieux que la "proximité" de Dieu n'est pas une question d'espace et de temps, mais une question d'amour: l'amour rapproche! Le prochain Noël viendra nous rappeler cette vérité fondamentale de notre foi et, devant la crèche, nous pourrons goûter la joie chrétienne, en contemplant à travers Jésus nouveau-né, le visage du Dieu qui par amour s'est fait proche de nous.
Dans cette lumière, c'est pour moi un réel plaisir de renouveler la tradition de la bénédiction des "enfants Jésus", les petites statues de l'enfant Jésus qui seront déposées dans la crèche. Je m'adresse spécialement à vous, chers garçons et filles de Rome venus ce matin avec vos "enfants Jésus", que je bénis maintenant. Je vous invite à vous unir à moi en suivant attentivement cette prière:

Dieu, notre Père,
tu as tant aimé les hommes
que tu nous as envoyé
ton Fils unique Jésus,
né de la Vierge Marie,
pour nous sauver
et nous ramener à toi.

Nous te prions,
201 afin que par ta bénédiction
ces représentations de Jésus,
sur le point de venir parmi nous,
soient, dans nos maisons,
signe de ta présence
et de ton amour.

Père très bon,
Accorde-nous aussi ta bénédiction,
ainsi qu'à nos parents,
à nos familles et à nos amis.

Ouvre notre coeur,
202 afin que nous sachions
recevoir Jésus dans la joie,
faire toujours ce qu'il demande
et le voir en tous ceux
qui ont besoin de notre amour.

Nous te le demandons
au nom de Jésus,
ton Fils bien-aimé,
qui vient donner la paix au monde.

Lui qui vit et règne
dans les siècles des siècles.
Amen.

203 Et maintenant récitons ensemble la prière de l'Angelus Domini, en invoquant l'intercession de Marie afin que Jésus qui, en naissant apporte la bénédiction de Dieu aux hommes, soit accueilli avec amour dans toutes les maisons de Rome et du monde.

A l'issue de l'Angelus

Aujourd'hui dans le diocèse de Rome, on célèbre la Journée pour la construction des nouvelles églises. Quelques nouveaux complexes paroissiaux ont été construits ces dernières années, mais il y a encore des communautés qui ne disposent que de structures provisoires et inadaptées. Je remercie de tout coeur ceux qui ont soutenu cet engagement si important du diocèse et je renouvelle à tous l'invitation à aider les paroisses de Rome à construire leur église.

Je vous salue cordialement, chers pèlerins francophones. L'Avent nous invite à préparer, avec humilité, la venue du Seigneur parmi nous. Saint Jean Baptiste affirme "au milieu de nous se tient celui que vous ne connaissez pas", et saint Paul nous convie à ne pas "éteindre en nous l'Esprit". Le Sauveur est la Parole vivante de Dieu qui vient se faire connaître et il nous exhorte "à discerner la valeur de toute chose". Aujourd'hui encore, grâce à la prière, le Christ nous donne la force d'être les témoins de son amour dans notre monde. Avec ma Bénédiction apostolique.

Je renouvelle mon salut aux enfants des paroisses et des écoles de Rome et je remercie le centre des aumôneries romaines qui a organisé la rencontre pour la bénédiction des "enfants Jésus". A tous je souhaite un bon dimanche.





Place Saint-Pierre

IV Dimanche de l'Avent, 21 décembre 2008

Chers frères et soeurs,


L'Evangile de ce quatrième dimanche de l'Avent nous propose à nouveau le récit de l'Annonciation (
Lc 1,26-38), le mystère auquel nous revenons chaque jour en récitant l'Angelus. Cette prière nous fait revivre le moment décisif où Dieu a frappé à la porte du coeur de Marie et où, une fois reçu son "oui", il a commencé à prendre chair en elle et par elle. La "Collecte" de la Messe d'aujourd'hui est celle que l'on récite à la fin de l'Angelus, et en italien, elle dit: "Répands ta grâce en notre esprit, ô Père. Toi qui, par l'annonce de l'Ange, nous as révélé l'incarnation de ton Fils, guide-nous par sa passion et par sa croix, à la gloire de la résurrection". A quelques jours de la fête de Noël, nous sommes invités à fixer notre regard sur le mystère ineffable que Marie a gardé dans son sein virginal pendant neuf mois: le mystère de Dieu qui se fait homme. Tel est le premier pivot de la rédemption. Le second est la mort et la résurrection de Jésus, et ces deux pivots inséparables manifestent un unique dessein divin: sauver l'humanité et son histoire en les assumant pleinement en se chargeant totalement de tout le mal qui les opprime.

Ce mystère de salut a une dimension universelle, et pas seulement historique: le Christ est le soleil de la grâce qui, par sa lumière, "transfigure et illumine l'univers en attente" (Liturgie). La place même de la fête de Noël est liée au solstice d'hiver, lorsque les journées de l'hémisphère boréal, recommencent à s'allonger. A ce propos, tous ne savent peut-être pas que la place Saint-Pierre est aussi une méridienne: en effet, le grand obélisque projette son ombre le long d'une ligne qui court sur les pavés vers la fontaine qui se trouve sous cette fenêtre, et ces jours-ci, l'ombre est la plus longue de l'année. Ceci nous rappelle la fonction de l'astronomie, de rythmer les temps de la prière. L'Angelus, par exemple, se récite le matin, à midi et le soir, et c'est grâce à la méridienne, qui servait dans l'antiquité à connaître le "vrai midi", que l'on réglait les horloges.

Le fait qu'aujourd'hui justement, le 21 décembre, à cette heure précise, c'est le solstice d'hiver, m'offre l'occasion de saluer tous ceux qui participent à différents titres aux initiatives de l'année mondiale de l'astronomie, en 2009, proclamée pour le 4 centenaire des premières observations au télescope de Galilée. Il y a eu parmi mes prédécesseurs de vénérée mémoire des amateurs de cette science, comme Sylvestre ii, qui l'a enseignée, Grégoire xiii, auquel nous devons notre calendrier, et saint Pie x qui savait construire des horloges solaires. Si, selon les belles paroles du psalmiste, les cieux "racontent la gloire de Dieu" (Ps 19[18], 2), les lois de la nature, que tant d'hommes et de femmes de sciences nous ont, au cours des siècles, mieux fait comprendre, sont aussi un grand stimulant à contempler avec gratitude les oeuvres du Seigneur.

204 Nous tournons maintenant notre regard vers Marie et Joseph, qui attendent la naissance de Jésus, et nous apprenons d'eux le secret du recueillement pour goûter la joie de Noël. Préparons-nous à accueillir avec foi le Rédempteur qui vient demeurer parmi nous, parole d'amour de Dieu pour l'humanité de tous les temps.

A l'issue de l'Angelus

Chers frères et soeurs francophones, aujourd'hui nous sommes invités à contempler Marie, modèle du coeur qui écoute. Elle nous montre la fécondité de la Parole de Dieu vécue dans l'obéissance de la Foi. A son exemple, en ce temps ultime de préparation à la fête de Noël, par l'écoute et la méditation de la Parole, recherchons la volonté de Dieu, afin de vivre intensément, dans la confiance, les merveilles du Seigneur à l'oeuvre dans nos vies. Avec ma Bénédiction apostolique.

Je souhaite à tous un bon dimanche et un Noël de joie et de paix.



FÊTE DE SAINT ETIENNE



Place Saint-Pierre

Vendredi 26 décembre 2008



Chers frères et soeurs!

Aujourd'hui, la fête de saint Etienne, premier martyr de l'Eglise, se situe dans la lumière spirituelle du Noël du Christ. Etienne, un jeune homme "rempli de foi et de l'Esprit Saint", comme nous le décrivent les Actes des Apôtres (6, 5), fut ordonné diacre avec six autres personnes dans la première communauté de Jérusalem et, en raison de sa prédication ardente et courageuse, il fut arrêté et lapidé. Il existe un détail, dans le récit de son martyre, qui, en l'année de saint Paul, mérite d'être souligné, il s'agit de la remarque: "les témoins avaient déposé leurs vêtements aux pieds d'un jeune homme appelé Saul" (Ac 7,58). Ici apparaît pour la première fois saint Paul, sous son nom juif Saul, dans son rôle de persécuteur zélé de l'Eglise (cf. Ph Ph 3,6), ce qu'il ressentait alors comme un devoir et un motif d'orgueil. A posteriori, on pourra dire que c'est précisément le témoignage de saint Etienne qui fut décisif pour sa conversion. Mais voyons de quelle façon.

Peu de temps après le martyre d'Etienne, Saul, toujours poussé par son zèle contre les chrétiens, se rendit à Damas pour arrêter ceux qu'il devait y trouver. Et, tandis qu'il s'approchait de la ville, il arriva qu'il fut foudroyé, une expérience singulière au cours de laquelle Jésus ressuscité lui apparut, lui parla et changea sa vie (cf. Ac Ac 9,1-9). Lorsque Saul, tombé à terre, entendit une voix mystérieuse l'appeler par son nom à laquelle il demanda: "Qui es-tu Seigneur?", il s'entendit répondre: "Je suis Jésus que tu persécutes" (Ac 9,5). Saul persécutait l'Eglise et avait collaboré également à la lapidation d'Etienne; il l'avait vu mourir sous les coups des pierres et surtout, il avait vu la façon dont Etienne était mort: en tout semblable au Christ, c'est-à-dire en priant et en pardonnant à ses bourreaux (cf. Ac Ac 7,9-60). Sur la route de Damas, Saul comprit qu'en persécutant l'Eglise, il persécutait Jésus mort et véritablement ressuscité; Jésus vivant dans son Eglise, vivant également en Etienne, qu'il avait certes vu mourir, mais qui vivait certainement à présent avec son Seigneur ressuscité. Nous pourrions presque dire que dans la voix du Christ, il perçut celle d'Etienne, et, à travers son intercession également, la grâce divine toucha son coeur. Ce fut ainsi que l'existence de Paul changea radicalement. A partir de ce moment, Jésus devint sa justice, sa sainteté, son salut (cf. 1Co 1,30), son tout. Et un jour, lui aussi suivra Jésus sur les même pas qu'Etienne, en versant son sang en témoignant de l'Evangile ici, à Rome.

Chers frères et soeurs, en saint Etienne, nous voyons se réaliser les premiers fruits du salut que le Noël du Christ a apportés à l'humanité: la victoire de la vie sur la mort, de l'amour sur la haine, de la lumière de la vérité sur les ténèbres du mensonge. Louons Dieu car cette victoire permet également aujourd'hui à de nombreux chrétiens de ne pas répondre au mal par le mal, mais par la force de la vérité et de l'amour. Que la Vierge Marie, Reine des Martyrs, obtienne pour tous les croyants de suivre avec courage la même voie.

Au terme de l'Angelus

205 Dans le climat de Noël, l'on ressent plus fortement la préoccupation pour tous ceux qui se trouvent dans des situations de souffrance et de graves difficultés. Ma pensée va, entre autres, vers deux femmes consacrées italiennes: Maria Teresa Olivero et Caterina Giraudo, appartenant au mouvement contemplatif missionnaire "Père de Foucauld", retenues en otage depuis plus d'un mois et demi, avec un groupe de collaborateurs locaux, dans le village d'El Waq, au nord du Kenya. Je voudrais qu'en ce moment, elles ressentent la solidarité du Pape et de toute l'Eglise. Que le Seigneur, qui, en naissant, est venu nous faire don de son amour, touche le coeur des ravisseurs et accorde au plus tôt à nos soeurs d'être libérées pour pouvoir reprendre leur service désintéressé auprès de leurs frères les plus pauvres. Pour cela, chers frères et soeurs, je vous invite tous à prier, sans oublier les nombreux enlèvements de personnes dans d'autres parties du monde, dont nous n'avons pas toujours des informations précises: je pense aux personnes enlevées tant pour des motifs politiques que pour d'autres raisons, en Amérique latine, au Moyen Orient, en Afrique. Que notre prière solidaire se transforme en ce moment pour tous en une aide profonde et spirituelle.

Je salue avec joie les pèlerins de langue française. En ce lendemain de Noël, la liturgie nous invite à célébrer la fête de saint Etienne, premier martyr chrétien. Elu comme diacre par l'assemblée des Apôtres, Etienne fut un témoin invincible de la charité, du pardon et de l'amour du Christ ressuscité. Que la prière de la Vierge Marie, Reine des Martyrs et de saint Etienne vous donne d'être des témoins crédibles de l'Evangile vécu dans la vérité et la charité! Bonnes et saintes fêtes à tous. Avec ma Bénédiction apostolique.

Je vous adresse, enfin, mon salut cordial, chers pèlerins de langue italienne, et je vous souhaite de conserver en ces jours le climat spirituel de joie et de sérénité de Noël.



FÊTE DE LA SAINTE FAMILLE DE NAZARETH



Place Saint-Pierre

Dimanche 28 décembre 2008

Chers frères et soeurs,


En ce dimanche qui suit le Noël du Seigneur, nous célébrons avec joie la Sainte Famille de Nazareth. Le contexte est le plus adapté, car Noël est par excellence la fête de la famille. C'est ce que démontrent les nombreuses traditions et coutumes sociales, en particulier l'usage de se réunir, en famille précisément, pour les repas de fête ainsi que pour les voeux et l'échange de cadeaux; et comment ne pas souligner qu'en cette circonstance, les difficultés et la douleur provoquées par certaines blessures familiales sont amplifiées? Jésus a voulu naître et grandir dans une famille humaine; il a eu pour mère la Vierge Marie et Joseph a été un père pour lui; ils l'ont élevé et éduqué dans un immense amour. La famille de Jésus mérite véritablement le titre de "sainte", car elle est entièrement prise par le désir de remplir la volonté de Dieu, incarnée dans l'adorable présence de Jésus. D'une part, c'est une famille comme toutes les autres, et, en tant que telle, un modèle d'amour conjugal, de collaboration, de sacrifices, de confiance dans la divine Providence, de travail et de solidarité, en bref, de toutes les valeurs que la famille préserve et promeut, en contribuant de façon primordiale à former le tissu de chaque société. Mais dans le même temps, la Famille de Nazareth est unique, différente des autres, en vertu de sa vocation particulière liée à la mission du Fils de Dieu. Précisément en vertu de son unicité, elle indique à chaque famille, et en premier lieu aux familles chrétiennes, l'horizon de Dieu, la primauté douce et exigeante de sa volonté, la perspective du Ciel auquel nous sommes destinés. Pour tout cela nous rendons grâce aujourd'hui à Dieu, mais également à la Vierge Marie et à saint Joseph, qui, avec tant de joie et de disponibilité, ont coopéré au dessein de salut du Seigneur.

Pour exprimer la beauté et la valeur de la famille aujourd'hui, des milliers de personnes se sont donné rendez-vous à Madrid.
J'adresse à présent un salut cordial aux participants qui sont réunis à Madrid à l'occasion de cette fête émouvante pour prier pour la famille et s'engager à travailler en faveur de celle-ci avec force et espérance. La famille est assurément une grâce de Dieu, qui laisse transparaître ce qu'Il est lui-même: Amour. Un Amour pleinement gratuit, qui soutient la fidélité sans limite, même dans les moments de difficulté ou de découragement. Ces qualités ressortent de façon éminente dans la Sainte Famille, au sein de laquelle Jésus est venu au monde, et a grandi empli de sagesse, grâce aux soins attentifs de Marie, et à la garde fidèle de saint Joseph. Chères familles, ne laissez pas s'affaiblir l'amour, l'ouverture à la vie et les liens incomparables qui unissent votre foyer. Demandez-les constamment au Seigneur, priez unis afin que vos intentions soient illuminées par la foi et accompagnées par la grâce divine sur la voie vers la sainteté. De cette façon, dans la joie de tout partager dans l'amour, vous donnerez au monde un beau témoignage de l'importance de la famille pour la personne humaine et pour la société. Le Pape est à vos côtés, en priant spécialement le Seigneur pour tous ceux qui, dans chaque famille, ont davantage besoin de santé, de travail, de réconfort et de compagnie. En cette prière de l'Angelus, je vous confie tous à notre Mère du ciel, la Très Sainte Vierge Marie!

Chers frères et soeurs, en parlant de la famille, je ne peux manquer de rappeler que, du 14 au 18 janvier 2009, aura lieu à Mexico la vi Rencontre mondiale des Familles. Prions dès à présent pour cet important événement ecclésial, et confions chaque famille au Seigneur, en particulier les plus éprouvées par les difficultés de la vie et par les blessures de l'incompréhension et de la division. Que le Rédempteur, né à Bethléem, leur donne à toutes la sérénité et la force de marcher unies sur la voie du bien.

A l'issue de l'Angelus

206 Chers frères et soeurs, la Terre Sainte, qui au cours des jours de Noël est au coeur des pensées et de l'affection des fidèles de toutes les régions du monde, est à nouveau bouleversée par les violences inouïes qui ont éclaté. Je suis profondément peiné pour les morts, les blessés, les dommages matériels, les souffrances et les larmes des populations victimes de cette succession tragique d'attaques et de représailles. La patrie terrestre de Jésus ne peut pas continuer à être le témoin de tant de sang versé, qui se répète sans fin! J'implore la fin de cette violence, qui doit être condamnée sous toutes ses formes, et le rétablissement de la trêve dans la bande de Gaza; je demande un sursaut d'humanité et de sagesse à tous ceux qui ont des responsabilités dans la situation, en demandant à la Communauté internationale de tout essayer pour aider les Israéliens et les Palestiniens à sortir de cette voie sans issue et à ne pas se résigner - comme je le disais il y a deux jours dans le message Urbi et Orbi - à la logique perverse du conflit et de la violence, mais à privilégier en revanche la voie du dialogue et des négociations. Confions à Jésus, Prince de la Paix, notre fervente prière pour ces intentions et disons-Lui, ainsi qu'à Marie et à Joseph: "O famille de Nazareth, experte de la souffrance, donne la paix au monde". Donne-la aujourd'hui en particulier à la Terre Sainte!

Je vous salue avec joie, chers pèlerins francophones. En ce temps de Noël, l'Eglise nous invite à fêter la Sainte Famille. L'amour et la tendresse, la disponibilité et la confiance, la patience et le dévouement discret étaient au coeur du foyer de Marie et de Joseph. Aujourd'hui rendons grâce pour toutes les familles qui sont heureuses, et confions au Seigneur toutes les familles qui sont dans la difficulté, afin qu'elles puissent trouver accueil, aide et réconfort. Avec ma Bénédiction apostolique.

Je souhaite à tous un bon dimanche et une fin d'année sereine, en étant reconnaissants à Dieu pour tous ses bienfaits. Tous mes voeux de bien!






BENOÎT XVI ANGELUS 2009

SOLENNITÉ DE MARIE TRÈS SAINTE MÈRE DE DIEU

XLII JOURNÉE MONDIALE DE LA PAIX



207
Place Saint-Pierre

Jeudi 1er janvier 2008



Chers frères et soeurs,

En ce premier jour de l'an, je suis heureux d'adresser à chacun de vous, présents place Saint-Pierre, et à ceux qui sont en liaison avec nous à travers la télévision, mes voeux les plus fervents de paix et de toutes sortes de biens. Ce sont des voeux que la foi chrétienne rend, en quelque sorte, plus "fiables", en les ancrant dans l'événement que nous célébrons ces jours-ci: l'Incarnation du Verbe de Dieu, né de la Vierge Marie. En effet, par la grâce du Seigneur, et seulement par elle, nous pouvons toujours espérer à nouveau que l'avenir soit meilleur que le passé. Il ne s'agit pas, en effet, de se fier à un destin plus favorable ou aux conjonctures modernes du marché et de la finance, mais de s'efforcer d'être nous-mêmes meilleurs et plus responsables, pour pouvoir compter sur la bienveillance du Seigneur. Et c'est toujours possible, parce que "Dieu nous a parlé par son Fils" (
He 1,2) et il nous parle continuellement, par la prédication de l'Evangile et par la voix de notre conscience. En Jésus la voie du salut a été montrée a tous les hommes, qui est avant tout une rédemption spirituelle, mais qui implique l'être humain tout entier, y compris sa dimension sociale et historique.

C'est pourquoi, en célébrant la maternité divine de la Très Sainte Vierge, l'Eglise, en cette Journée mondiale de la paix - qui a plus de 40 ans - indique à tous Jésus Christ, comme Prince de la paix. Selon la tradition commencée par le Serviteur de Dieu, le Pape Paul VI, j'ai écrit à cette occasion un message spécial, en choisissant pour thème: "Combattre la pauvreté, construire la paix". De cette façon, je désire une fois encore entrer en dialogue avec les responsables des nations et des organismes internationaux, en offrant la contribution de l'Eglise catholique pour la promotion d'un ordre mondial digne de l'homme. Au début d'une nouvelle année, mon objectif est justement d'inviter chacun, gouvernants et simples citoyens, à ne pas se décourager face aux difficultés et aux échecs, mais à renouveler leur engagement. La seconde moitié de 2008 a fait apparaître une crise économique aux vastes proportions. Une telle crise doit être lue en profondeur, comme un grave symptôme qui demande que l'on intervienne sur les causes. Il ne suffit pas, comme le dirait Jésus, de ravauder de vieux vêtements avec du tissu neuf (cf. Mc Mc 2,21). Mettre les pauvres à la première place signifie passer de façon décidée à cette solidarité globale que Jean-Paul ii déjà avait indiquée comme nécessaire, en concertation avec les possibilités du marché et de la société civile (cf. Message, n. 12), dans le respect constant du droit et en tendant toujours au bien commun.

Jésus Christ n'a pas organisé de campagnes contre la pauvreté, mais il a annoncé l'Evangile aux pauvres, pour un rachat intégral de la misère morale et matérielle. Par son oeuvre incessante d'évangélisation et de promotion humaine, l'Eglise fait de même. Invoquons la Vierge Marie, Mère de Dieu, pour qu'elle aide tous les hommes à marcher ensemble sur le chemin de la paix.

A l'issue de l'Angelus

Je désire remercier tous ceux qui m'ont fait parvenir leurs voeux pour la nouvelle année. J'exprime en particulier ma reconnaissance à Monsieur le président de la République italienne et je lui renouvelle cordialement, ainsi qu'à toute la nation italienne, mes meilleurs voeux de paix et de prospérité.

Je salue avec joie les participants à la marche intitulée "Pacem in terris" organisée par la communauté de Sant'Egidio à Rome et dans soixante-dix pays du monde. J'exprime ma reconnaissance pour les innombrables initiatives de prière et de réflexion sur le thème de la paix, parmi lesquelles je rappelle celle de la conférence épiscopale italienne, qui s'est déroulée hier à Palerme. La nouvelle année commence aux pas des artisans de paix. Merci de ces gestes! Que le Seigneur nous assiste et nous donne la paix!

Je suis heureux de vous saluer, chers frères et soeurs francophones. J'adresse en particulier mes salutations affectueuses aux prêtres et aux responsables des guides et scouts de France. Que votre venue auprès des tombeaux des apôtres Pierre et Paul, qui ont donné leurs vies pour que la lumière de l'Evangile brille sur le monde, ravive votre engagement au service des jeunes, que vous accompagnez afin qu'ils découvrent à leur tour la joie d'être disciples et serviteurs de Jésus. Je salue également avec joie le groupe de jeunes du Liban. Je les encourage à poursuivre, par leur témoignage et leur chant, leur geste de foi et de solidarité. En ce jour, confions à Dieu la nouvelle année qui commence. Par l'intercession de Sainte Marie, Mère de Dieu, qui, par sa maternité virginale, a offert au genre humain les trésors du salut éternel, demandons au Seigneur de combler notre monde de sa paix et chacun de nous d'une foi joyeuse et active. A vous tous, bonne, heureuse et sainte année 2009.


Je souhaite à tous une bonne fête et une année riche de tout bien.
208
Place Saint-Pierre

Dimanche 4 janvier 2008

Chers frères et soeurs,

La liturgie repropose aujourd'hui à notre méditation le même Evangile qui a été proclamé le jour de Noël, c'est-à-dire le Prologue de saint Jean. Après l'agitation des jours passés, avec la course à l'achat des cadeaux, l'Eglise nous invite à nouveau à contempler le mystère du Noël du Christ, pour en saisir encore davantage la signification profonde et son importance pour notre vie. Il s'agit d'un texte admirable, qui offre une synthèse vertigineuse de toute la foi chrétienne. Il part d'en-haut: "Au commencement était le Verbe, la Parole de Dieu, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu" (Jn 1,1); et voilà la nouveauté inouïe et humainement inconcevable: "Le Verbe s'est fait chair, il a habité parmi nous" (Jn 1,14). Il ne s'agit pas d'une figure de rhétorique, mais d'une expérience vécue! C'est Jean, témoin oculaire, qui la rapporte: "Nous avons vu sa gloire, la gloire qu'il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité" (Jn 1,14). Il ne s'agit pas de la parole érudite d'un rabbin ou d'un docteur de la loi, mais du témoignage passionné d'un humble pécheur qui, attiré par le jeune Jésus de Nazareth, pendant les trois années de vie commune avec Lui et avec les autres apôtres, fit l'expérience de son amour - au point de s'autodéfinir "le disciple que Jésus aimait" -, qui le vit mourir sur la croix et apparaître ressuscité, et qui reçut ensuite son Esprit avec les autres. Jean tira une intime certitude de toute cette expérience méditée dans son coeur: Jésus est la Sagesse de Dieu incarnée, il est sa Parole éternelle qui s'est faite homme mortel.

Pour un véritable Israélite, qui connaît les Ecritures Saintes, cela n'est pas un contresens, au contraire, il s'agit de l'accomplissement de toute l'ancienne Alliance: en Jésus Christ parvient à sa plénitude le mystère d'un Dieu qui parle aux hommes comme à des amis, qui se révèle à Moïse dans la Loi, aux sages et aux prophètes. En connaissant Jésus, en étant avec Lui, en écoutant sa prédication et en voyant les signes qu'Il accomplissait, les disciples ont reconnu que toutes les Ecritures se réalisaient en Lui. Comme l'affirme ensuite un auteur chrétien: "Toute l'Ecriture divine constitue un unique livre et cet unique livre est le Christ, il parle du Christ et il trouve dans le Christ son accomplissement" (Ugo di San Vittore, De arca Noe, 2, 8). Chaque homme et chaque femme a besoin de trouver un sens profond à sa propre existence. Et les livres ne suffisent pas à cela, pas même les Saintes Ecritures. L'Enfant de Bethléem nous révèle et nous communique le vrai "visage" de Dieu bon et fidèle, qui nous aime et ne nous abandonne pas même dans la mort. "Dieu, personne ne l'a jamais vu - conclut le Prologue de Jean -: le Fils unique, qui est dans le sein du Père, c'est lui qui a conduit à le connaître" (Jn 1,18).

La première à ouvrir son coeur et à contempler "le Verbe qui s'est fait chair" a été Marie, la Mère de Jésus. Une humble jeune fille de Galilée est ainsi devenue le "siège de la Sagesse"! Comme l'apôtre Jean, chacun de nous est invité à "l'accueillir chez lui" (cf. Jn Jn 19,27), pour connaître profondément Jésus et faire l'expérience de son amour fidèle et inépuisable. Tel est mon voeu pour chacun de vous, chers frères et soeurs, au début de cette année nouvelle.

A l'issue de l'Angelus

Je suis heureux de saluer les participants au congrès international sur "le système de prévention de Don Bosco et les droits de l'homme", organisé par les salésiens. Il s'agit d'un thème très important, car également dans le domaine des droits de l'homme l'aspect éducatif est décisif. Je leur souhaite donc un travail fructueux et je les assure de ma prière. J'accueille en outre avec joie les nombreux séminaristes, venus de différents pays pour une rencontre de formation du Mouvement des "Focolari". Chers jeunes, je bénis de tout coeur votre chemin: que la Vierge Marie veille toujours sur vous.

Je vous accueille avec joie pour la prière de l'Angelus, chers pèlerins francophones, en ce premier dimanche de l'an nouveau. Pendant ce temps privilégié de Noël, nous sommes invités à contempler en Jésus la Parole incarnée de Dieu parmi nous, et à témoigner tout au long de notre vie, avec force et courage, de la douceur de l'amitié de Dieu pour chacun de nous! Que l'exemple de la Vierge Marie nous aide à vivre chaque jour, en toute vérité, la rencontre avec le Seigneur! Avec ma Bénédiction apostolique.
Appel à la paix


Aujourd'hui, les patriarches et les chefs des Eglises chrétiennes de Jérusalem invitent les fidèles, dans toutes les Eglises de la Terre Sainte, à prier pour la fin du conflit dans la bande de Gaza et à implorer la justice et la paix pour leur terre. Je m'unis à eux et je vous demande aussi d'en faire autant, en rappelant, comme ils le disent, "les victimes, les blessés, ceux qui ont le coeur brisé, ceux qui vivent dans l'angoisse et dans la peur, pour que Dieu les bénisse avec le réconfort, la patience et la paix qui viennent de Lui".


Angelus Benoit XVI 198