Angelus Benoit XVI 209

209 Les nouvelles dramatiques qui nous parviennent de Gaza montrent combien le refus du dialogue conduit à des situations qui pèsent de manière indicible sur les populations encore une fois victimes de la haine et de la guerre.

La guerre et la haine ne sont pas la solution aux problèmes. L'histoire la plus récente le confirme également. Prions, donc, afin que "l'Enfant dans la crèche... inspire les autorités et les responsables des deux fronts, israélien et palestinien, à une action immédiate pour mettre fin à la tragique situation actuelle".

Je souhaite à tous un bon dimanche.



SOLENNITÉ DE L'EPIPHANIE DU SEIGNEUR



Place Saint-Pierre

Mardi 6 janvier 2009




Chers frères et soeurs,

Nous célébrons aujourd'hui la solennité de l'Epiphanie, la "Manifestation" du Seigneur. L'Evangile raconte comment Jésus est venu au monde, dans une grande humilité et discrétion. Saint Matthieu raconte toutefois l'épisode des rois mages qui vinrent d'Orient, guidés par une étoile, pour rendre hommage au nouveau-né, roi des Juifs. Chaque fois que nous entendons ce récit, nous sommes touchés par le net contraste entre l'attitude des rois mages d'une part, et celle d'Hérode et des Juifs, de l'autre. L'Evangile dit en effet qu'en entendant les paroles des rois mages, "le roi Hérode fut pris d'inquiétude, et tout Jérusalem avec lui" (Mt 2,3). Une réaction qui peut être comprise de différentes manières: Hérode est inquiet car il voit en celui que les rois mages recherchent, un concurrent pour lui-même et pour ses fils. Les chefs et les habitants de Jérusalem, en revanche, semblent plutôt stupéfaits, comme réveillés d'une certaine torpeur et ayant besoin de réfléchir. Isaïe avait en réalité annoncé: "Oui! Un enfant nous est né, / un fils nous a été donné; / l'insigne du pouvoir est sur son épaule; / on proclame son nom: / Merveilleux-Conseiller, Dieu-Fort, / Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix" (Is 9,5).

Pourquoi Jérusalem est-elle donc troublée? Il semble que l'évangéliste veuille presque anticiper la position que prendront ensuite les grands prêtres et le sanhédrin, mais aussi celle du peuple, par rapport à Jésus durant sa vie publique. Il ressort, certainement, que la connaissance des Ecritures et des prophéties messianiques ne conduit pas toutes les personnes à s'ouvrir à Lui et à sa parole. On se souvient qu'à l'approche imminente de la passion, Jésus a pleuré sur Jérusalem car elle n'avait pas reconnu le temps où elle avait été visitée (cf. Lc Lc 19,44). Nous touchons ici un des points cruciaux de la théologie de l'histoire: le drame de l'amour fidèle de Dieu dans la personne de Jésus qui "est venu chez les siens, / et les siens ne l'ont pas reçu" (Jn 1,11). A la lumière de toute la Bible, cette attitude hostile, ambiguë, ou superficielle, représente celle de tout homme et du "monde" - au sens spirituel - quand il se ferme à l'esprit du vrai Dieu qui vient à notre rencontre avec la douceur désarmante de l'amour. Jésus, le "roi des Juifs" (cf. Jn Jn 18,37), est le Dieu de la miséricorde et de la fidélité; Il veut régner dans l'amour et dans la vérité et nous demande de nous convertir, d'abandonner les oeuvres mauvaises et de nous engager résolument sur la voie du bien.

"Jérusalem" représente donc, en ce sens, chacun de nous! Que la Vierge Marie, qui a accueilli Jésus avec foi, nous aide à ne pas fermer notre coeur à son Evangile de salut. Laissons-nous plutôt conquérir et transformer par Lui, l'"Emmanuel", Dieu venu parmi nous pour nous donner sa paix et son amour.

A l'issue de l'Angelus
Appel à la paix dans la bande de Gaza


210 J'adresse mes voeux les plus sincères aux frères et soeurs des Eglises orientales qui suivent le Calendrier Julien et célébreront demain le Saint Noël. Que la mémoire de la naissance du Sauveur fasse grandir toujours plus dans leurs coeurs la joie d'être aimés de Dieu. Le souvenir de nos frères dans la foi me conduit spirituellement en Terre Sainte et au Moyen Orient. Je continue à suivre avec une vive appréhension les violents affrontements armés qui se poursuivent dans la bande de Gaza. Tout en répétant que la haine et le refus du dialogue ne conduisent qu'à la guerre, je voudrais aujourd'hui encourager les initiatives et les efforts de ceux qui ont à coeur la paix et qui cherchent à aider les Israéliens et les Palestiniens à accepter de s'asseoir autour d'une table et de parler. Que Dieu soutienne l'engagement de ces courageux "artisans de paix"!
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Dans de nombreux pays, la fête de l'Epiphanie est aussi la fête des enfants. Je pense donc spécialement à tous les enfants, qui sont la richesse et la bénédiction du monde, et surtout à ceux que l'on a privés d'une enfance sereine. Je désire en particulier attirer l'attention sur les dizaines d'enfants et d'adolescents qui, ces derniers mois, y compris pendant la période de Noël, ont été enlevés dans la Province orientale de la République démocratique du Congo par des bandes armées qui ont attaqué les villages, faisant également de nombreux morts et blessés. Je lance un appel aux auteurs de ces actes d'une brutalité inhumaine, afin qu'ils rendent les enfants à leurs familles et à leur avenir de sécurité et de développement, auquel ils ont droit, aux côtés de ces chères populations. Je manifeste en même temps ma proximité spirituelle aux Eglises locales, frappées elles aussi dans leurs membres et leurs oeuvres, et j'exhorte les pasteurs et les fidèles à être forts et inébranlables dans l'espérance.
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Les épisodes de violence à l'égard des enfants, que l'on enregistre malheureusement aussi dans d'autres parties du monde, nous apparaissent d'autant plus déplorables qu'en 2009, on célèbre le 20 anniversaire de la Convention des droits de l'enfant: un engagement que la Communauté internationale est appelée à renouveler, pour défendre, protéger et promouvoir l'enfance dans le monde entier. Que le Seigneur aide ceux - ils sont innombrables! - qui oeuvrent chaque jour au service des nouvelles générations, en les aidant à être acteurs de leur avenir. Par ailleurs, la Journée de l'enfance missionnaire, que l'on célèbre aujourd'hui, en la fête de l'Epiphanie, est une bonne occasion pour montrer que les enfants et les adolescents peuvent jouer un rôle important dans la diffusion de l'Evangile et dans les oeuvres de solidarité envers les jeunes de leur âge qui en ont le plus besoin. Que le Seigneur les récompense!

En ce jour de l'Epiphanie, je suis heureux de vous saluer chers frères et soeurs de langue française. La venue des mages aux pieds de l'Enfant Jésus nous invite, à être, nous aussi d'humbles pèlerins qui marchent vers la Lumière. Que la clarté de l'Etoile radieuse du matin brille au fond de votre coeur et vous guide vers la clarté de son aurore. En ce jour, j'adresse aussi mes voeux cordiaux aux frères et aux soeurs des Eglises d'Orient qui célèbrent le saint Noël. Avec ma Bénédiction apostolique.

Tous mes voeux à tous!





FÊTE DU BAPTÊME DU SEIGNEUR



Place Saint-Pierre

Dimanche 11 janvier 2009

Chers frères et soeurs!


En ce dimanche qui suit la solennité de l'Epiphanie, nous célébrons le Baptême du Seigneur. Ce fut le premier acte de sa vie publique, rapporté par les quatre Evangiles. Parvenu à l'âge d'environ trente ans, Jésus quitta Nazareth, se rendit au fleuve Jourdain, et, au milieu de nombreuses personnes, il se fit baptiser par Jean. L'évangéliste Marc écrit: "En sortant de l'eau, il vit les cieux s'ouvrir et l'Esprit descendre sur lui comme une colombe. Et une voix vint du ciel: Tu es mon Fils bien-aimé, en toi j'ai mis ma complaisance" (Mc 1,10-11). Ces paroles: "Tu es mon Fils bien-aimé" nous révèlent ce qu'est la vie éternelle: c'est la relation filiale avec Dieu, telle que Jésus l'a vécue, et nous l'a révélée et donnée.

211 Ce matin, comme c'est la tradition, j'ai conféré, dans la chapelle Sixtine, le sacrement du Baptême à treize nouveaux-nés. Aux parents, aux parrains et marraines, le célébrant demande habituellement: "Que demandez-vous à l'Eglise de Dieu pour vos enfants?"; à leur réponse - "le baptême" - il reprend: "Et que nous donne le baptême?". Ils répondent: "La vie éternelle". Telle est la réalité merveilleuse: à travers le baptême, la personne humaine est greffée sur la relation unique et singulière de Jésus avec son Père, si bien que les paroles qui ont retenti du Ciel sur son fils unique, deviennent vraies pour tout homme et toute femme qui renaît de l'eau et de l'Esprit Saint: Tu es mon Fils bien-aimé.

Chers amis, que le don du Baptême est grand! Si nous nous en rendions pleinement compte, notre vie deviendrait un remerciement perpétuel. Quelle joie pour les parents chrétiens, qui ont vu une nouvelle créature naître de leur amour, de la porter sur les fonts baptismaux et de la voir renaître dans le sein de l'Eglise, pour une vie qui n'aura jamais de fin! Don, joie, mais aussi responsabilité! En effet, les parents, avec les parrains et marraines, doivent éduquer leurs enfants selon l'Evangile. Cela me fait penser au thème de la VI Rencontre mondiale des familles, qui aura lieu au cours des prochains jours à Mexico: "La famille formatrice aux valeurs humaines et chrétiennes". Cette grande rencontre familiale, organisée par le Conseil pontifical pour la famille, se déroulera en trois moments: d'abord, le congrès théologique et pastoral, au cours duquel on approfondira le thème également par un échange d'expériences significatives; puis le moment de fête et de témoignage, qui fera ressortir la beauté d'une rencontre entre familles de toutes les parties du monde, unies par la même foi, et par le même engagement; et enfin, la célébration eucharistique solennelle, comme action de grâce au Seigneur pour les dons du mariage, de la famille et de la vie. J'ai chargé le cardinal-secrétaire d'Etat, Tarcisio Bertone de me représenter, mais je suivrai moi-même avec une vive participation cet événement extraordinaire, en l'accompagnant par la prière et en intervenant par vidéo-conférence. Dès maintenant, chers frères et soeurs, je vous invite à implorer sur cette importante rencontre mondiale des familles l'abondance des grâces divines. Nous le faisons en invoquant l'intercession maternelle de la Vierge Marie, Reine de la Famille.

A l'issue de l'Angelus

Chers pèlerins de langue française, avec la célébration du Baptême du Seigneur, nous sommes invités à reconnaître en Jésus le Fils Bien-Aimé en qui le Père a mis tout son amour. Il nous convie à recevoir la Parole de Dieu, afin de vivre l'engagement pris à notre baptême. Nés de l'eau et de l'Esprit, nous sommes tous invités à annoncer avec assurance la Bonne Nouvelle de son amour et à en témoigner par notre vie entière. Avec ma Bénédiction apostolique.

Je souhaite à tous que la lumière intérieure, reçue pendant la période de Noël et de l'Epiphanie, éclaire le chemin quotidien et apporte un réconfort dans les difficultés. Bon dimanche!





Place Saint-Pierre

Dimanche 18 janvier 2009

Chers frères et soeurs!


C'est aujourd'hui la Journée mondiale des migrants et des réfugiés. Etant donné que cette année, on célèbre l'Année paulinienne, c'est en pensant justement à saint Paul comme grand missionnaire itinérant de l'Evangile, que j'ai choisi comme thème: "Saint Paul migrant, Apôtre des nations". Saul - c'était son nom juif - naquit dans une famille de juifs émigrés à Tarse, ville importante de Cilicie, et grandit avec une triple culture - juive, hellénistique et romaine - et avec une mentalité cosmopolite. Lorsqu'il se convertit de persécuteur des chrétiens en apôtre de l'Evangile, Paul devint "ambassadeur" du Christ ressuscité pour le faire connaître à tous, dans la conviction que tous les peuples sont appelés à former, en Lui, la grande famille des enfants de Dieu.

C'est aussi la mission de l'Eglise, et plus que jamais en cette période de mondialisation. Comme chrétiens, nous ne pouvons pas ne pas ressentir le besoin de transmettre le message d'amour de Jésus, en particulier à ceux qui ne le connaissent pas ou qui se trouvent dans des situations difficiles et douloureuses. Je pense aujourd'hui particulièrement aux migrants. Ils se trouvent assurément dans des situations très diverses: dans certains cas, grâce à Dieu, ils se trouvent dans une situation sereine et sont bien intégrés; dans d'autres cas, malheureusement ils connaissent une situation pénible, difficile et parfois même dramatique. Je voudrais vous assurer que la communauté chrétienne considère chaque personne et chaque famille avec attention et demande à saint Paul la force d'un élan renouvelé pour favoriser, dans toutes les régions du monde, la coexistence pacifique entre hommes et femmes d'ethnies, de cultures et de religions différentes. L'Apôtre nous dit quel fut le secret de sa nouvelle vie: j'ai été "saisi moi-même - écrit-il - par le Christ Jésus" (Ph 3,12), et il ajoute: "Devenez à l'envi mes imitateurs" (Ph 3,17). Oui, chacun de nous est appelé à témoigner de l'Evangile, selon sa vocation et là où il vit et travaille, avec une attention plus grande envers nos frères et soeurs qui sont venus d'autres pays, pour diverses raisons, vivre parmi nous, en valorisant ainsi le phénomène des migrations comme une occasion de rencontre entre civilisations. Prions et agissons afin que cela se déroule toujours de manière pacifique et constructive, dans le respect et dans le dialogue, en écartant toute tentation de conflit et de domination.

Je désire ajouter une parole spéciale pour les marins et les pêcheurs qui traversent depuis un certain temps des difficultés importantes. En plus des difficultés habituelles, ils subissent des restrictions pour descendre à terre et pour accueillir les aumôniers à bord; ils sont confrontés aux dangers de la piraterie et subissent les préjudices de la pêche illégale. Je leur exprime ma proximité et forme le voeu que leur générosité dans les activités de secours en mer soit récompensée par une plus grande considération. Je pense enfin à la Rencontre mondiale des familles qui se termine dans la ville de Mexico, et à la Semaine de prière pour l'unité des chrétiens qui commence précisément aujourd'hui. Chers frères et soeurs, je vous invite à prier pour toutes ces intentions, en invoquant l'intercession maternelle de la Vierge Marie.

212 A l'issue de l'Angelus

Je continue à suivre le conflit dans la bande de Gaza, avec une profonde inquiétude. Nous rappelons aussi aujourd'hui au Seigneur les centaines d'enfants, de personnes âgées, de femmes, victimes innocentes de la violence sans nom, les blessés, tous ceux qui pleurent leurs proches et ceux qui ont perdu leurs biens.

Je vous invite en même temps à accompagner par la prière les efforts que de nombreuses personnes de bonne volonté accomplissent pour mettre fin à cette tragédie. J'espère vivement que l'on saura profiter, avec sagesse, des moindres ouvertures pour rétablir la trêve et s'acheminer vers des solutions pacifiques et durables.

Je renouvelle dans ce sens mes encouragements à ceux qui, d'un côté comme de l'autre, croient qu'en Terre Sainte, il y a de la place pour tous, afin qu'ils aident leur peuple à se relever des cendres et de la terreur et à reprendre courageusement le fil du dialogue dans la justice et dans la vérité. C'est la seule voie qui puisse vraiment entrouvrir un avenir de paix pour les enfants de cette chère région!

Aujourd'hui débute la Semaine de prière pour l'unité des chrétiens, qui se terminera dimanche prochain, 25 janvier. Dans l'hémisphère sud, dans le sillage de la neuvaine fixée par le Pape Léon xiii à la fin du xix siècle, la prière pour l'unité des chrétiens se déroulera entre l'Ascension et la Pentecôte. Le thème biblique est en revanche commun à tous. Cette année, il a été proposé par un groupe oecuménique de Corée et il est tiré du Livre du prophète Ezéchiel: "Qu'ils ne fassent qu'un dans ta main" (
Ez 37,17). Accueillons nous aussi cette invitation et prions de manière plus intense afin que les chrétiens marchent résolument vers la pleine communion entre eux. Je m'adresse particulièrement aux catholiques présents dans le monde afin qu'unis dans la prière, ils ne se lassent pas d'oeuvrer pour surmonter les obstacles qui empêchent encore la pleine communion entre tous les disciples du Christ. L'engagement oecuménique est encore plus urgent aujourd'hui, pour donner à notre société, marquée par des conflits tragiques et des divisions profondes, un signe et un élan vers la réconciliation et la paix. Nous conclurons cette Semaine de prière dans la Basilique papale Saint-Paul-hors-les-Murs par la célébration des Vêpres, dimanche prochain, fête de la conversion de saint Paul, qui a fait de l'unité du corps du Christ un noyau essentiel de sa prédication.

J'accueille avec joie les pèlerins de langue française. En cette journée du migrant et du réfugié, l'exemple de saint Paul, Apôtre des Peuples, lui-même migrant et itinérant, nous invite à être les porteurs infatigables de la Bonne Nouvelle. Et, en ce début de la Semaine de prière pour l'unité des chrétiens, nous voulons redire au Père notre désir de cheminer vers la pleine communion. Que Marie, Notre-Dame de l'Unité, nous accompagne sur ce chemin! Avec ma Bénédiction apostolique.

Je souhaite à tous un bon dimanche.



FÊTE DE LA CONVERSION DE SAINT PAUL

ET CONCLUSION DE LA SEMAINE DE PRIÈRE

POUR L'UNITÉ DES CHRÉTIENS



Place Saint-Pierre

Dimanche 25 janvier 2009

Chers frères et soeurs!


Dans l'Evangile de ce dimanche résonnent les paroles de la première prédication de Jésus en Galilée: "Les temps sont accomplis: le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle" (Mc 1,15). Et précisément aujourd'hui, 25 janvier, on fait mémoire de la "Conversion de saint Paul". Une heureuse coïncidence - spécialement en cette année paulinienne - grâce à laquelle nous pouvons comprendre la vraie signification de la conversion évangélique - metànoia - en regardant l'expérience de l'apôtre. En vérité, dans le cas de Paul, certains préfèrent ne pas utiliser cette expression, parce que, disent-ils, il était déjà croyant, et même un juif fervent, et c'est pourquoi il n'est pas passé de la non-foi à la foi, des idoles à Dieu, et n'a pas dû abandonner la foi juive pour suivre le Christ. En réalité, l'expérience de l'apôtre peut être le modèle de toute conversion chrétienne authentique.

213 Celle de Paul a mûri dans la rencontre avec le Christ ressuscité; c'est cette rencontre qui changea radicalement son existence. Sur le chemin de Damas, il lui est arrivé ce que Jésus demande dans l'Evangile d'aujourd'hui: Saul s'est converti parce que, grâce à la lumière divine, "il a cru à l'Evangile". C'est en cela que consiste sa conversion et la nôtre: croire en Jésus mort et ressuscité et s'ouvrir à l'illumination de sa grâce divine. A ce moment-là, Saul a compris que son salut ne dépendait pas des bonnes oeuvres accomplies selon la loi, mais du fait que Jésus était mort aussi pour lui - le persécuteur - et qu'il était ressuscité. Cette vérité qui, grâce au Baptême, illumine l'existence de chaque chrétien, bouleverse totalement notre façon de vivre. Se convertir signifie, pour chacun de nous aussi, croire que Jésus "a donné sa vie pour moi", en mourant sur la croix (cf. Ga Ga 2,20) et, ressuscité, qu'il vit avec moi et en moi. En me confiant à la puissance de son pardon, en le laissant me prendre la main, je peux sortir des sables mouvants de l'orgueil et du péché, du mensonge et de la tristesse, de l'égoïsme et de toute fausse sécurité, pour connaître et vivre la richesse de son amour.

Chers amis, l'invitation à la conversion, mise en valeur par le témoignage de saint Paul, résonne aujourd'hui, en conclusion de la Semaine de prière pour l'unité des chrétiens, particulièrement importante aussi au niveau oecuménique. L'apôtre nous indique l'attitude spirituelle adéquate pour pouvoir progresser sur le chemin de la communion. "Certes, je ne suis pas encore arrivé - écrit-il aux Philippiens -, je ne suis pas encore au bout, mais je poursuis ma course pour saisir tout cela, comme j'ai moi-même été saisi par le Christ Jésus" (Ph 3,12). Nous, chrétiens, nous n'avons certes pas encore atteint le but de la pleine unité, mais si nous nous laissons continuellement convertir au Seigneur Jésus, nous y arriverons, c'est sûr. Que la bienheureuse Vierge Marie, Mère de l'Eglise une et sainte, nous obtienne le don d'une vraie conversion, afin que se réalise au plus vite l'aspiration du Christ: "Ut unum sint". Nous lui confions la rencontre de prière que je présiderai cette après-midi en la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs, et à laquelle participeront, comme chaque année, des représentants des Eglises et des communautés ecclésiales présentes à Rome.

A l'issue de l'Angelus

C'est aujourd'hui la Journée mondiale des malades de la lèpre, lancée il y a 55 ans par Raoul Follereau. L'Eglise a toujours, sur les pas de Jésus, une attention particulière pour les personnes marquées par cette maladie, comme le témoigne aussi le message diffusé il y a quelques jours par le Conseil pontifical pour la pastorale des services de la santé. Je me réjouis que les Nations unies, à travers une récente déclaration du Haut commissariat pour les droits humains, aient demandé aux Etats de protéger les malades de la lèpre, et leurs familles. Pour ma part, je les assure de ma prière et je renouvelle mes encouragements à ceux qui luttent avec eux pour la pleine guérison et une bonne insertion sociale.

Les peuples de différents pays d'Asie orientale se préparent à célébrer le nouvel an lunaire. Je leur souhaite de vivre cette fête dans la joie. La joie est l'expression de l'harmonie avec soi-même: et cela ne peut découler que de l'harmonie avec Dieu et avec sa création. Que la joie soit toujours vive dans le coeur de tous les citoyens de ces nations qui me sont si chères, et qu'elle rayonne sur le monde!

Je salue maintenant avec une grande affection les enfants et les adolescents de l'Action catholique de Rome et de certaines paroisses et écoles de la ville, qui ont fait vivre la traditionnelle "Caravane de la paix". Je salue le cardinal vicaire qui les a accompagnés. Chers jeunes, je vous remercie de votre fidélité à votre engagement pour la paix, un engagement fait non seulement de paroles, mais de choix et de gestes, comme le dira l'un de vos représentants, à qui je laisse maintenant la parole.

Chers jeunes, avec l'aide de Jésus, soyez toujours des bâtisseurs de paix, à la maison, à l'école, dans le sport, et partout. Encore merci!

Avec la fête de la conversion de saint Paul, chers frères et soeurs francophones, se termine la Semaine de prière pour l'unité des chrétiens. Depuis sa rencontre bouleversante avec le Christ sur le chemin de Damas, saint Paul est devenu pour nous le modèle parfait du disciple. Soyons comme lui des témoins intrépides de l'amour invincible du Seigneur. Il me plaît de saluer, aujourd'hui, l'Union internationale des associations Raoul Follereau qui continue son oeuvre de charité auprès des lépreux en luttant contre cette maladie et toutes les formes de pauvreté. Avec ma Bénédiction apostolique.

Je souhaite à tous un bon dimanche. Et à présent, libérons les colombes de la paix apportées par les jeunes de Rome.







Place Saint-Pierre

Dimanche 1er février 2009

214
Chers frères et soeurs!


Cette année, au cours des célébrations dominicales, la liturgie propose à notre méditation l'Evangile de saint Marc, dans lequel on trouve une caractéristique singulière appelée "secret messianique", c'est-à-dire le fait que Jésus ne veuille pas, pour le moment, que l'on sache en dehors du groupe restreint des disciples, qu'Il est le Christ, le Fils de Dieu. Et voilà qu'à plusieurs reprises, il met en garde les Apôtres comme les malades qu'il guérit de ne révéler son identité à personne. Par exemple, le passage évangélique de ce dimanche (
Mc 1,21-28) raconte le récit d'un homme possédé par le démon, qui se met à crier à l'improviste: "Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth? Es-tu venu pour nous perdre? Je sais fort bien qui tu es: le Saint, le Saint de Dieu!". Et Jésus l'interpelle vivement: "Silence! Sors de cet homme!". Et immédiatement, note l'évangéliste, l'esprit malin sortit de cet homme en poussant un grand cri. Jésus ne chasse pas seulement les démons des personnes, en les libérant du pire esclavage, mais empêche les démons eux-mêmes de révéler son identité. Et il insiste sur ce "secret" parce que c'est la réussite de sa mission même, dont dépend notre salut, qui est en jeu. Il sait en effet que pour libérer l'humanité de la domination du péché, Il devra être sacrifié sur la croix comme un véritable Agneau pascal. Le diable, pour sa part, cherche à le détourner pour le dérouter au contraire vers la logique humaine d'un Messie puissant et plein de succès. La croix du Christ sera la ruine du démon, et c'est pour cela que Jésus ne cesse d'enseigner à ses disciples que pour entrer dans sa gloire, il doit beaucoup souffrir, être rejeté, condamné et crucifié (cf. Lc Lc 24,26), la souffrance faisant partie intégrante de sa mission.

Jésus souffre et meurt sur la croix par amour. De cette manière, si l'on regarde bien, il a donné sens à notre souffrance, un sens que beaucoup d'hommes et de femmes de chaque époque ont compris et ont fait leur, en expérimentant une sérénité profonde, même dans le chagrin de dures épreuves physiques et morales. Et justement, "la force de la vie dans la souffrance" est le thème que les évêques italiens ont choisi pour le traditionnel Message de cette Journée de la vie. Je m'unis de tout coeur à leurs paroles, dans lesquelles on perçoit l'amour des pasteurs pour le peuple, et le courage d'annoncer la vérité, le courage de dire clairement, par exemple, que l'euthanasie est une fausse solution au drame de la souffrance, une solution qui n'est pas digne de l'homme. En effet, la réponse véritable ne peut être de donner la mort, aussi "douce" soit-elle, mais de témoigner de l'amour qui aide à affronter la douleur et l'agonie de manière humaine. Nous en sommes certains: aucune larme, ni celles de celui ou celle qui souffre, ni celles de celui ou celle qui lui est proche, n'est perdue aux yeux de Dieu.

La Vierge Marie a gardé dans son coeur de mère le secret de son Fils, elle en a partagé l'heure douloureuse de la passion et de la crucifixion, soutenue par l'espérance de la résurrection. Nous lui confions les personnes qui souffrent et celles qui s'engagent chaque jour à les soutenir, en servant la vie à toutes ses étapes: les parents, le personnel de la santé, les prêtres, les religieux, les chercheurs, les bénévoles, et les nombreux autres. Pour tous, prions!

A l'issue de l'Angelus

Demain, nous célèbrerons la fête liturgique de la Présentation de Jésus au temple. Quarante jours après la naissance de Jésus, Marie et Joseph le portèrent à Jérusalem, suivant les prescriptions de la Loi de Moïse. En effet, selon les Ecritures, chaque premier-né appartenait au Seigneur et il devait donc être racheté par un sacrifice. La consécration de Jésus à Dieu le Père se manifeste dans cet événement, comme celle de la Vierge Marie qui lui est liée. C'est pourquoi mon bien aimé prédécesseur Jean-Paul ii a voulu que cette fête, au cours de laquelle de nombreuses personnes consacrées prononcent ou renouvellent leurs voeux, devienne la Journée pour la vie consacrée. Par conséquent, demain après-midi, au terme de la Messe présidée par le préfet de la Congrégation pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique, je rencontrerai dans la basilique Saint-Pierre les personnes consacrées, hommes et femmes, présents à Rome. Je vous invite tous à rendre grâces au Seigneur pour le don précieux de ces frères et soeurs, et à Lui demander, par l'intercession de la Vierge, de nombreuses nouvelles vocations, dans la variété des charismes dont l'Eglise est riche.

Les lectures de ce dimanche, chers pèlerins francophones, nous parlent de joie et de bonheur. Demain le 2 février, fête de la Présentation du Seigneur au temple, nous célèbrerons la Journée mondiale de la vie consacrée. A l'exemple du vieillard Syméon et sous la conduite de l'Esprit-Saint, que les religieux, les religieuses et tous les consacrés ouvrent leurs coeurs au Christ! Lui seul peut conduire au vrai bonheur et la Vierge Marie saura intercéder pour nous tous! Bon dimanche. Avec ma Bénédiction apostolique.

Je souhaite à tous un bon dimanche.



Place Saint-Pierre

Dimanche 8 février 2009

Chers frères et soeurs,


215 Aujourd'hui, l'Evangile (cf. Mc Mc 1,29-39) - en étroite continuité avec dimanche dernier - nous présente Jésus qui, après avoir prêché le jour du sabbat dans la synagogue de Capharnaüm, guérit de nombreux malades, à commencer par la belle-mère de Simon. Entré dans sa maison, il la trouve au lit avec de la fièvre, et immédiatement, il la prend par la main, la guérit et la fait se lever. Après le coucher du soleil, il guérit une multitude de personnes affligées de maux en tout genre. L'expérience de la guérison des malades a occupé une bonne partie de la mission publique du Christ et nous invite une fois encore à réfléchir sur le sens et la valeur de la maladie dans toutes les situations dans lesquelles peut se trouver l'être humain. Cette occasion nous est aussi offerte par la Journée mondiale du Malade que nous célèbrerons mercredi prochain, 11 février, en la mémoire liturgique de la Bienheureuse Vierge Marie de Lourdes.

Bien que la maladie fasse partie de l'expérience humaine, nous ne réussissons pas à nous y habituer, non seulement parce qu'elle devient parfois vraiment lourde et grave, mais essentiellement parce que nous sommes faits pour la vie, pour la vie totale. A juste titre, notre "instinct intérieur" nous fait penser à Dieu comme plénitude de vie, et même comme vie éternelle et parfaite. Lorsque nous sommes éprouvés par le mal et que nos prières semblent vaines, le doute surgit alors en nous et nous nous demandons, angoissés: quelle est la volonté de Dieu? C'est justement à cette interrogation que nous trouvons une réponse dans l'Evangile d'aujourd'hui. Nous lisons par exemple dans le passage d'aujourd'hui que Jésus "guérit toutes sortes de malades, il chassa beaucoup d'esprits mauvais" (Mc 1,34); dans un autre passage de saint Matthieu, il est dit que "Jésus, parcourant toute la Galilée, enseignait dans leurs synagogues, proclamait la Bonne Nouvelle du Royaume, guérissait toute maladie et toute infirmité dans le peuple" (Mt 4,23). Jésus ne laisse pas de doutes: Dieu - dont lui-même a révélé le visage - est le Dieu de la vie, qui nous libère de tout mal. Les signes de sa puissance d'amour sont les guérisons qu'il accomplit: il démontre ainsi que le Royaume de Dieu est proche, en restituant aux hommes et aux femmes leur pleine intégrité d'esprit et de corps. Je dis que ces guérisons sont des signes: elles ne sont pas une fin en elles-mêmes, elles conduisent vers le message du Christ, elles nous guident vers Dieu et elles nous font comprendre que la maladie véritable et la plus profonde de l'homme est l'absence de Dieu, de la source de vérité et d'amour. Seule la réconciliation avec Dieu peut nous donner la vraie guérison, la vraie vie, parce qu'une vie sans amour et sans vérité ne serait pas une vie. Le Royaume de Dieu est précisément cette présence de vérité et d'amour et ainsi, elle est guérison dans la profondeur de notre être. On comprend donc pourquoi sa prédication et les guérisons qu'il accomplit sont toujours liées: elles forment un unique message d'espérance et de salut.

Grâce à l'action de l'Esprit Saint, l'oeuvre de Jésus se prolonge dans la mission de l'Eglise. A travers les sacrements, c'est le Christ qui communique sa vie à une multitude de frères et de soeurs, tandis qu'il guérit et réconforte d'innombrables malades à travers les nombreuses activités d'assistance médicale que les communautés chrétiennes promeuvent avec charité fraternelle en montrant le visage de Dieu, son amour. C'est vrai: combien de chrétiens - prêtres, religieux et laïcs - ont prêté et continuent de prêter dans tous les lieux du monde, leurs mains, leurs yeux et leurs coeurs au Christ, vrai médecin des corps et des âmes! Prions pour tous les malades, spécialement les plus graves, qui ne peuvent en aucune façon pourvoir à eux-mêmes, mais sont totalement dépendants des soins d'autrui: puisse chacun d'eux faire l'expérience, dans la sollicitude de ceux qui sont à leurs côtés, de la puissance de l'amour de Dieu et de la richesse de sa grâce qui sauve. Marie, santé des malades, prie pour nous!

A l'issue de l'Angelus

Ces dernières semaines, de fortes tensions politiques, qui ont également engendré des épisodes d'agitation populaire, ont eu lieu à Madagascar. Pour cette raison, les évêques de l'Ile ont décrété pour aujourd'hui une journée de prière pour la réconciliation nationale et la justice sociale. Vivement préoccupé par le moment particulièrement critique que traverse le pays, je vous invite à vous unir aux catholiques malgaches pour confier au Seigneur ceux qui ont perdu la vie au cours des manifestations et pour invoquer de Lui, par l'intercession de la Très Sainte Vierge Marie, le retour à la concorde des âmes, à la tranquillité sociale et à la coexistence civile.

Comme je l'évoquais tout à l'heure, le 11 février prochain, mémoire de la Bienheureuse Vierge Marie de Lourdes, sera célébrée la Journée mondiale du malade. Dans l'après-midi, je rencontrerai les malades et les autres pèlerins dans la basilique Saint-Pierre, après la messe qui sera présidée par le président du Conseil pontifical pour la pastorale des services de la santé, le cardinal Lozano Barragán. J'assure d'ores et déjà ma bénédiction particulière à tous les malades, les agents de la santé et les volontaires partout dans le monde.

A l'exemple de saint Paul, chers pèlerins de langue française, nous sommes invités à nous faire tout à tous pour transmettre notre foi. La force de l'Evangile qui nous vient du Ressuscité nous invite, avec droiture et générosité, à faire connaître la tendresse de notre Dieu! Mercredi prochain, le 11 février, nous célébrerons la fête de Notre-Dame de Lourdes et la Journée des malades. Aujourd'hui encore, je rends grâce à Dieu pour le Voyage apostolique que j'ai pu accomplir, en septembre dernier, à Paris et à Lourdes. Que le Seigneur, par l'intercession de Notre-Dame de Lourdes, bénisse la France et l'Eglise qui y témoigne et y oeuvre avec foi et courage!

Je vous souhaite à tous un bon dimanche.



Place Saint-Pierre

Dimanche 15 février 2009


Angelus Benoit XVI 209