Angelus Benoit XVI 215

Dimanche 15 février 2009

Chers frères et soeurs!


216 Au cours de ces dimanches, l'évangéliste saint Marc a offert à notre réflexion une séquence de plusieurs guérisons miraculeuses. Aujourd'hui, il nous en présente une très particulière, celle d'un lépreux guéri (cf. Mc Mc 1,40-45), qui s'approcha de Jésus et, à genoux, le supplia: "Si tu le veux, tu peux me purifier!". Celui-ci, ému, tendit la main, le toucha et lui dit: "Je veux que tu sois purifié!". La guérison de cet homme eut lieu de manière instantanée, Jésus lui demandant de ne pas révéler le fait et de se présenter aux prêtres pour offrir le sacrifice prescrit par la loi mosaïque. Mais ce lépreux guéri ne réussit pas à se taire et il proclama même à tout le monde ce qui lui était arrivé, si bien que - rapporte l'évangéliste - les malades accouraient de toutes parts vers Jésus encore plus nombreux, au point de l'obliger à rester en dehors des villes pour ne pas être assailli par les personnes.

Jésus dit au lépreux: "Sois purifié!". Selon l'antique loi hébraïque (cf. Lv Lv 13-14), la lèpre était considérée non seulement comme une maladie, mais comme la plus grave forme d'"impureté" rituelle. Il revenait aux prêtres de la diagnostiquer et de déclarer impur le malade, qui devait être éloigné de la communauté et rester en dehors des lieux habités jusqu'à une éventuelle guérison dûment certifiée. La lèpre constituait donc une sorte de mort religieuse et civile, et sa guérison une sorte de résurrection. Dans la lèpre, il est possible d'entrevoir un symbole du péché, qui est la véritable impureté du coeur, capable de nous éloigner de Dieu. Ce n'est pas en effet la maladie physique de la lèpre, comme le prévoyaient les règles anciennes, qui nous séparent de Lui, mais la faute, le mal spirituel et moral. C'est pourquoi le Psalmiste s'exclame: "Heureux l'homme dont la faute est enlevée / et le péché remis!". Et ensuite, s'adressant à Dieu: "Je t'ai fait connaître ma faute, / je n'ai pas caché mes torts. / J'ai dit: "Je rendrai grâce au Seigneur en confessant mes péchés". / Et toi, tu as enlevé l'offense de ma faute" (Ps 31/32, 1.5). Les péchés que nous commettons nous éloignent de Dieu, et, s'ils ne sont pas confessés humblement avec confiance dans la miséricorde divine, ils en arrivent à produire la mort de l'âme. Ce miracle revêt alors une profonde valeur symbolique. Jésus, comme l'avait prophétisé Isaïe, est le Serviteur du Seigneur: "Or ce sont nos souffrances qu'il portait / et nos douleurs dont il était chargé" (Is 53,4). Dans sa passion, il deviendra comme un lépreux, rendu impur par nos péchés, séparé de Dieu: il fera tout cela par amour, dans le but d'obtenir pour nous la réconciliation, le pardon et le salut. Dans le sacrement de la pénitence, le Christ crucifié et ressuscité, à travers ses ministres, nous purifie avec sa miséricorde infinie, il nous restitue à la communion avec le Père céleste et avec nos frères, il nous fait don de son amour, de sa joie et de sa paix.

Chers frères et soeurs, invoquons la Vierge Marie, que Dieu a préservée de toute tache de péché, afin qu'elle nous aide à ne pas pécher et à avoir fréquemment recours au sacrement de la confession, le sacrement du pardon, qui aujourd'hui, doit être redécouvert encore davantage dans sa valeur et dans son importance pour notre vie chrétienne.

A l'issue de l'Angelus

Je suis heureux de vous saluer, chers frères et soeurs francophones, et tout particulièrement les jeunes du collège Charles Péguy de Paris. Aujourd'hui, la Parole de Dieu nous invite à changer notre regard et à nous rendre disponibles au souffle de l'Esprit. Jésus est venu purifier l'homme de toutes les formes de dégénérescence et d'esclavage. Le Christ est notre unique modèle. Puissions-nous vivre la liberté qu'Il nous offre et être ses témoins convaincus dans notre vie quotidienne. Avec ma Bénédiction apostolique.

Je souhaite à tous un bon dimanche.



FÊTE DE LA CHAIRE DE SAINT PIERRE



Place Saint-Pierre

Dimanche 22 février 2009

Chers frères et soeurs!


La page évangélique que la liturgie soumet à notre méditation en ce VII dimanche du temps ordinaire, rapporte l'épisode du paralytique pardonné et guéri (Mc 2,1-12). Alors que Jésus était en train de prêcher, parmi les nombreux malades qu'on lui apportait, voici un paralytique sur un brancard. A sa vue, le Seigneur lui dit: "Mon fils, tes péchés sont pardonnés" (Mc 2,5). Et comme, en entendant ces paroles, certaines des personnes présentes furent scandalisées, il ajouta: "Pour que vous sachiez que le Fils de l'homme a le pouvoir de pardonner les péchés sur la terre, je te l'ordonne, dit-il au paralytique: Lève-toi, prends ton brancard et rentre chez toi" (Mc 2,10-11). Et le paralytique s'en alla guéri. Ce récit évangélique montre que Jésus a le pouvoir non seulement de guérir le corps malade, mais aussi de remettre les péchés; plus encore, la guérison physique est un signe de la guérison spirituelle que produit son pardon. En effet, le péché est une sorte de paralysie de l'esprit, dont seule la puissance de l'amour miséricordieux de Dieu peut nous libérer, en nous permettant de nous relever et de nous remettre en chemin sur la route du bien.

Ce dimanche coïncide aussi avec la fête de la Chaire de saint Pierre, une fête liturgique importante qui met en lumière le ministère du Successeur du Prince des Apôtres. La Chaire de Pierre symbolise l'autorité de l'évêque de Rome, appelé à accomplir un service particulier à l'égard de tout le Peuple de Dieu. Immédiatement après le martyre des saints Pierre et Paul, l'Eglise de Rome s'est en effet vu reconnaître le rôle primatial dans toute la communauté catholique, rôle attesté déjà au début du ii siècle par saint Ignace d'Antioche (Aux Romains, Préf.: Funk, i, 252) et par saint Irénée de Lyon, (Contre les hérésies iii, 3, 2-3). Ce ministère singulier et spécifique de l'évêque de Rome a été rappelé par le Concile Vatican II. "De là vient aussi - lisons-nous dans la Constitution dogmatique sur l'Eglise - l'existence légitime, dans la communion ecclésiastique, des Eglises particulières qui jouissent de traditions propres, sans préjudice du primat de la Chaire de Pierre qui préside à toute l'assemblée de la charité (cf. saint Ignace d'Antioche, Ad Rom., Préf.), qui protège les légitimes diversités et, en même temps, veille à ce que les différences ne nuisent point à l'unité, mais la servent" (Lumen gentium LG 13).

217 Chers frères et soeurs, cette fête m'offre l'occasion de vous demander de m'accompagner de vos prières, afin que je puisse accomplir fidèlement la haute tâche que la Providence divine m'a confiée en tant que Successeur de l'apôtre Pierre. Invoquons pour cela la Vierge Marie que nous avons célébrée hier, ici, à Rome, sous le beau titre de Vierge de la Confiance. Demandons-lui aussi de nous aider à entrer avec les dispositions d'esprit propres au temps du Carême, qui commencera mercredi prochain par le rite suggestif des Cendres. Que Marie nous ouvre le coeur à la conversion et à l'écoute docile de la Parole de Dieu.

A l'issue de l'Angelus

Aujourd'hui, chers pèlerins francophones, nous sommes invités avec saint Paul à redire notre Oui au Christ et à l'amour miséricordieux de Dieu. Il nous donne un coeur capable d'aimer et de pardonner. Il nous libère de nos paralysies et de nos doutes. Il nous met debout et nous invite à nous remettre en marche. En Lui seul, peut s'épanouir notre espérance! Communauté de pécheurs pardonnés, vivons en Eglise dans la joie d'un renouveau toujours possible! En ce jour de la fête de la Chaire de saint Pierre, je vous invite à prier pour le Pape, humble Successeur de Pierre, et pour l'unité de l'Eglise! Avec ma Bénédiction apostolique.

Je souhaite à tous un bon dimanche.





Place Saint-Pierre

I Dimanche de Carême, 1 mars 2009




Chers frères et soeurs!

En ce premier dimanche de Carême, l'Evangile, dans le style sobre et concis de saint Marc, nous introduit dans l'atmosphère de ce temps liturgique: "L'Esprit pousse Jésus au désert. Et dans le désert, il resta quarante jours, tenté par Satan" (
Mc 1,12). En Terre Sainte, à l'ouest du fleuve du Jourdain et de l'oasis de Jéricho, se trouve le désert de Judée dont les vallées pierreuses, sur un dénivelé d'environ mille mètres, s'élèvent jusqu'à Jérusalem. Après avoir reçu le baptême de Jean, Jésus s'enfonça dans cette solitude, conduit par ce même Esprit Saint qui s'était posé sur Lui en le consacrant et en le révélant comme le Fils de Dieu. Dans le désert, lieu de l'épreuve, comme le montre l'expérience du peuple d'Israël, la réalité de la kenosi, du Christ qui s'est laissé vider, qui s'est dépouillé de la condition de Dieu (cf. Ph Ph 2,6-7), apparaît de manière dramatique. Lui, qui n'a pas péché et ne peut pécher, se soumet à l'épreuve et peut donc compatir à notre infirmité (cf. He He 4,15). Il se laisse tenter par Satan, l'adversaire, qui dès le départ s'est opposé au dessein salvifique de Dieu en faveur des hommes.

Face à cette figure obscure et ténébreuse qui ose tenter le Seigneur, apparaissent, à peine entrevus, dans la brièveté du récit, les anges, figures lumineuses et mystérieuses. Les anges, dit l'Evangile, "servaient" Jésus (Mc 1,13); ils sont le contrepoint de Satan. "Ange" veut dire "envoyé". Nous trouvons ces figures, qui aident et guident les hommes au nom de Dieu, dans tout l'Ancien Testament. Il suffit de se souvenir du Livre de Tobie, dans lequel apparaît la figure de l'ange Raphaël, qui assiste le protagoniste dans tant de vicissitudes. La présence rassurante de l'ange du Seigneur accompagne le peuple d'Israël dans tous les événements bons et mauvais. Au seuil du Nouveau Testament, Gabriel est envoyé pour annoncer à Zacharie et à Marie les heureux événements qui sont le début de notre salut; et un ange, dont on ne dit pas le nom, avertit Joseph, l'orientant dans ce moment d'incertitude. Un choeur d'anges annoncent aux pasteurs la bonne nouvelle de la naissance du Sauveur; ce sont aussi des anges qui annonceront aux femmes la joyeuse nouvelle de la résurrection. A la fin des temps, les anges accompagneront la venue de Jésus dans la gloire (cf. Mt Mt 25,31). Les anges servent Jésus, qui est assurément supérieur à eux, et sa dignité est ici, dans l'Evangile, proclamée de manière claire, bien que discrète. En effet, même dans une situation d'extrême pauvreté et d'humilité, quand il est tenté par Satan, Il reste le Fils de Dieu, le Messie, le Seigneur.

Chers frères et soeurs, nous ôterions une partie importante de l'Evangile si nous laissions de côté ces êtres envoyés par Dieu, qui annoncent sa présence parmi nous et en sont un signe. Invoquons-les souvent, pour qu'ils nous soutiennent dans l'engagement de suivre Jésus, jusqu'à nous identifier à Lui. Demandons-leur, particulièrement aujourd'hui, de veiller sur moi et sur mes collaborateurs de la Curie romaine qui cet après-midi, comme chaque année, commencerons la semaine des Exercices spirituels. Marie, Reine des Anges, prie pour nous!

A l'issue de l'Angelus

Je suis heureux de vous saluer, chers frères et soeurs francophones, et particulièrement d'accueillir les pèlerins du diocèse d'Arras. En ce premier dimanche de Carême, Jésus nous invite à convertir notre coeur et à croire à la Bonne Nouvelle. Sachons répondre à cet appel du Seigneur par la prière, le jeûne et l'aumône. Ouvrons-nous à la grâce et à la nouveauté de l'Evangile! Que ce temps du Carême nous donne de faire l'expérience de la miséricorde divine et nous aide à changer radicalement de vie! Avec ma Bénédiction apostolique.

Je salue les travailleurs de l'usine fiat de Pomigliano d'Arco, venus manifester leur préoccupation pour l'avenir de cette usine et des milliers de personnes qui, directement ou indirectement, dépendent d'elle pour leur travail. Je pense aussi à d'autres situations également difficiles, comme celles qui frappent les territoires de Sulcis-Iglesiente, en Sardaigne, de Prato en Toscane et d'autres centres en Italie et ailleurs. Je m'associe aux évêques et aux Eglises locales respectives en exprimant ma proximité aux familles concernées par le problème, et je les confie dans la prière à la protection de la Très Sainte Vierge Marie et de saint Joseph, patron des travailleurs. Je désire encourager les autorités politiques et civiles, ainsi que les entrepreneurs, afin que ce moment délicat soit affronté avec la participation de tous. Un engagement commun et fort est en effet nécessaire, en rappelant que la priorité doit être donnée aux travailleurs et à leurs familles.

Je souhaite à tous un bon dimanche et un Carême riche de fruits spirituels.


Place Saint-Pierre - II Dimanche de Carême, 8 mars 2009

8039 Chers frères et soeurs!

Ces derniers jours, comme vous le savez, j'ai suivi les Exercices spirituels, avec mes collaborateurs de la Curie romaine. Cela a été une semaine de silence et de prière: l'esprit et le coeur ont pu se consacrer entièrement à Dieu, dans l'écoute de sa Parole, à la méditation des mystères du Christ. Toutes proportions gardées, c'est un peu ce qui est arrivé aux apôtres Pierre, Jacques et Jean lorsque Jésus les a emmenés sur une haute montagne, à part, eux seuls, et pendant qu'il priait, a été transfiguré: son visage et sa personne apparurent lumineux, resplendissants. La liturgie repropose ce célèbre épisode justement aujourd'hui, deuxième dimanche de Carême (cf. Mc
Mc 9,2-10). Jésus voulait que ses disciples, en particulier ceux qui auraient eu la responsabilité de conduire l'Eglise naissante, fassent une expérience directe de sa gloire divine pour affronter le scandale de la Croix. En effet, lorsque viendra l'heure de la trahison, et que Jésus se retirera pour prier à Gethsémani, il prendra auprès de lui Pierre, Jacques et Jean, leur demandant de veiller et de prier avec lui (cf. Mt Mt 26,38). Ils n'y arriveront pas, mais la grâce du Christ les soutiendra et les aidera à croire dans la résurrection.

Je tiens à souligner que la Transfiguration de Jésus a été en substance une expérience de prière (cf. Lc Lc 9,28-29). En effet, la prière atteint son sommet, et c'est pour cela qu'elle devient source de lumière intérieure, lorsque l'esprit de l'homme adhère à celui de Dieu et que leurs volontés se fondent pour former en quelque sorte un tout. Lorsque Jésus a gravi la montagne, il s'est plongé dans la contemplation du dessein d'amour du Père, qui l'avait envoyé dans le monde pour sauver l'humanité. A côté de Jésus sont apparus Elie et Moïse, ce qui signifie que les Saintes Ecritures s'accordaient à annoncer le mystère de sa Pâque, c'est-à-dire que le Christ devait souffrir et mourir pour entrer dans sa gloire (cf. Lc Lc 24,26 Lc Lc 24,46). A ce moment-là, Jésus a vu se profiler devant lui la Croix, le sacrifice extrême, nécessaire pour nous libérer de la domination du péché et de la mort. Et dans son coeur, il a répété une nouvelle fois son "Amen". Il a dit: "Oui, me voici, que soit faite, ô Père, la volonté de ton amour". Et, comme cela s'était produit après le baptême au Jourdain, vinrent du Ciel des signes de la complaisance de Dieu le Père: la lumière, qui a transfiguré Jésus, et la voix qui l'a proclamé le "Fils bien-aimé" (Mc 9,7).

Avec le jeûne et les oeuvres de miséricorde, la prière forme la structure portante de notre vie spirituelle. Chers frères et soeurs, je vous exhorte à trouver en ce temps de Carême des moments de silence prolongés, si possible de retraite, pour revoir votre vie à la lumière du dessein d'amour du Père céleste. Dans cette écoute plus intense de Dieu, laissez-vous guider par la Vierge Marie, maîtresse et modèle de prière. Même dans les ténèbres les plus épaisses de la Passion du Christ, elle n'a pas perdu, mais a gardé dans son âme la lumière de son Fils divin. C'est pourquoi nous l'invoquons comme Mère de la confiance et de l'espérance!

A l'issue de l'Angelus

La date d'aujourd'hui, le 8 mars, nous invite à réfléchir sur la condition de la femme et à renouveler notre engagement pour que chaque femme puisse toujours et partout vivre et manifester en plénitude ses capacités, en obtenant le plein respect de sa dignité. C'est dans ce sens que se sont exprimés le Concile Vatican II et le magistère pontifical, en particulier la Lettre apostolique Mulieris dignitatem du serviteur de Dieu Jean-Paul II (15 août 1988). Mais les témoignages des saints valent plus que les documents eux-mêmes; et notre époque a eu celui de Mère Teresa de Calcutta: humble fille d'Albanie, devenue, par la grâce de Dieu, un exemple pour le monde entier dans l'exercice de la charité et dans le service à la promotion humaine. Combien d'autres femmes travaillent tous les jours, de façon cachée, pour le bien de l'humanité et pour le Royaume de Dieu! J'assure aujourd'hui ma prière pour toutes les femmes, afin qu'elles soient toujours plus respectées dans leur dignité et valorisées dans leurs potentialités positives.

Je suis heureux de vous saluer chers frères et soeurs de langue française et d'accueillir particulièrement le groupe des Missions catholiques linguistiques de Genève. Le temps du Carême est pour chacun de nous un temps de conversion, de recueillement et de retour vers Dieu. En ce dimanche où la liturgie nous conduit avec Jésus sur la montagne de la transfiguration, à la suite des apôtres Pierre, Jacques et Jean, accueillons en nos coeurs la lumière dont resplendit le visage de Jésus. Alors nous pourrons contribuer à transfigurer le visage de notre monde. Avec ma Bénédiction apostolique.

Chers frères et soeurs, dans le climat de prière plus intense qui marque le Carême, je confie à votre méditation les deux voyages apostoliques que, s'il plaît à Dieu, j'accomplirai prochainement. La semaine prochaine, du 17 au 23 mars, je me rendrai en Afrique, d'abord au Cameroun, puis en Angola, pour manifester ma proximité concrète et de toute l'Eglise, aux chrétiens et aux populations de ce continent qui m'est particulièrement cher. Puis, du 8 au 15 mai, j'accomplirai un pèlerinage en Terre Sainte pour demander au Seigneur, en visitant les lieux sanctifiés par son passage sur la terre, le don précieux de l'unité et de la paix pour le Moyen Orient et pour l'humanité tout entière. Je compte dès à présent sur votre soutien spirituel à tous, afin que Dieu m'accompagne et comble de ses grâces ceux que je rencontrerai sur mon chemin.

Je souhaite à tous un bon dimanche.


Place Saint-Pierre III Dimanche de Carême, 15 mars 2009

15039 Chers frères et soeurs!

Du mardi 17 au lundi 23 mars, j'accomplirai mon premier voyage apostolique en Afrique. Je me rendrai au Cameroun, dans la capitale Yaoundé, pour remettre l'"Instrument de travail" de la deuxième assemblée spéciale pour l'Afrique du synode des évêques, qui aura lieu en octobre, ici au Vatican; je poursuivrai ensuite mon voyage à Luanda, capitale de l'Angola, un pays qui, après une longue guerre interne, a retrouvé la paix et est aujourd'hui appelé à se reconstruire dans la justice. A travers cette visite, j'entends embrasser idéalement tout le continent africain: ses mille différences et son âme religieuse profonde; ses antiques cultures et son chemin difficile de développement et de réconciliation; ses graves problèmes, ses blessures douloureuses et ses potentialités et espérances immenses. J'entends confirmer les catholiques dans la foi, encourager les chrétiens dans l'engagement oecuménique, apporter à tous l'annonce de paix confiée à l'Eglise par le Seigneur ressuscité.

Alors que je me prépare pour ce voyage missionnaire, les paroles de l'apôtre Paul que la liturgie propose à notre méditation en ce troisième dimanche de Carême résonnent dans nos coeurs: "Nous proclamons un Messie crucifié - écrit l'Apôtre aux chrétiens de Corinthe -: scandale pour les Juifs, folie pour les peuples païens; mais pour ceux que Dieu appelle, qu'ils soient Juifs ou Grecs, ce Messie est puissance de Dieu et sagesse de Dieu" (
1Co 1,23-24). Oui, chers frères et soeurs! Je pars pour l'Afrique, conscient de n'avoir rien d'autre à proposer et à donner à tous ceux que je rencontrerai, que le Christ et la Bonne Nouvelle de sa Croix, mystère d'amour suprême, d'amour divin qui l'emporte sur toute résistance humaine et rend même possible le pardon et l'amour pour les ennemis. Telle est la grâce de l'Evangile capable de transformer le monde; telle est la grâce qui peut aussi renouveler l'Afrique, pour qu'elle produise une irrésistible force de paix et de réconciliation profonde et radicale. L'Eglise ne poursuit donc pas des objectifs économiques, sociaux et politiques; l'Eglise annonce le Christ, certaine que l'Evangile peut toucher les coeurs de tous et les transformer, renouvelant ainsi de l'intérieur les personnes et les sociétés.

Le 19 mars, précisément lors de la visite pastorale en Afrique, nous célèbrerons la solennité de saint Joseph, patron de l'Eglise universelle, qui est aussi le mien. Saint Joseph, alerté dans un rêve par un ange, dû fuir avec Marie en Egypte, dans le nord-ouest de l'Afrique, pour mettre à l'abri Jésus nouveau-né, que le roi Hérode voulait tuer. Les Ecritures s'accomplissent ainsi: Jésus a suivi les traces des anciens patriarches et, comme le peuple d'Israël, il est retourné dans la Terre promise après avoir été en exil en Egypte. Je confie à l'intercession céleste de ce grand saint ce prochain pèlerinage ainsi que toutes les populations de l'Afrique, avec les défis qu'elles affrontent et les espérances qui les animent. Je pense en particulier aux victimes de la faim, de la maladie, des injustices, des conflits fratricides et de toutes formes de violences qui continuent malheureusement à frapper des adultes et des enfants, sans épargner les missionnaires, les prêtres, les religieux, les religieuses et les volontaires. Frères et soeurs, accompagnez-moi dans ce voyage avec votre prière, en invoquant Marie, Mère et Reine de l'Afrique.

A l'issue de l'Angelus

Le jubilé paulinien des universitaires se conclut ce matin dans la basilique Saint-Paul-hors-les-murs, organisé par la Congrégation pour l'éducation catholique, par le Conseil pontifical de la culture et par le Vicariat de Rome sur le thème: "Celui que vous adorez sans le connaître, je vous l'annonce. Evangile et culture pour un nouvel humanisme". Je suis très heureux de la présence à Rome d'éminents professeurs et délégués de pastorale universitaire, venant de tous les continents. Cet événement constitue une étape importante dans le dialogue toujours vivant entre l'Eglise et l'université. Je souhaite que la pastorale universitaire se développe dans toutes les Eglises particulières, pour la formation des jeunes et l'élaboration d'une culture inspirée de l'Evangile. Chers universitaires, je vous encourage et vous accompagne par la prière.

220 Soyez les bienvenus, chers frères et soeurs de langue française et particulièrement le groupe du Centre Madeleine Daniélou de Rueil-Malmaison! En ce troisième dimanche de carême, l'Apôtre Paul nous rappelle que la folie de Dieu, manifestée dans la Croix du Christ, est plus sage que l'homme. Laissons-nous donc transformer par ce Messie crucifié qui est puissance et sagesse de Dieu. Purifiés de tout ce qui nous encombre, nous pourrons alors être libérés de nos peurs et de nos doutes. Je confie aussi à votre prière le voyage apostolique que j'entreprendrai cette semaine au Cameroun et en Angola. Que Dieu vous bénisse!

Je souhaite à tous un bon dimanche.



VOYAGE APOSTOLIQUE

DU PAPE BENOÎT XVI

AU CAMEROUN ET EN ANGOLA

(17-23 MARS 2009)



Esplanade de Cimangola à Luanda

IV Dimanche de Carême, 22 mars 2009




Chers Frères et Soeurs,

Au terme de notre célébration eucharistique, alors que ma visite pastorale en Afrique touche à sa fin, tournons-nous maintenant vers Marie, la Mère du Rédempteur, pour implorer son affectueuse intercession pour nous, pour nos familles et pour notre monde.

Avec cette prière de l’Angelus, nous nous remémorons le « oui » sans condition de Marie à la volonté de Dieu. Par l’obéissance dans la foi de la Vierge, le Fils est venu dans le monde pour nous apporter le pardon, le salut et la vie en abondance. En se faisant homme comme nous en tout excepté le péché, le Christ nous a révélé la dignité et la valeur de chacun des membres de la famille humaine. Il est mort pour nos péchés, pour nous rassembler tous dans la famille de Dieu.

Notre prière s’élève aujourd’hui depuis l’Angola, depuis l’Afrique, et elle embrasse le monde entier. De leur côté, que les hommes et les femmes qui, partout, dans le monde qui s’unissent à notre prière, tournent leur regard vers l’Afrique, vers ce grand continent, si riche d’espérance mais encore si assoiffé de justice, de paix et d’un développement intégral et sain qui soit en mesure d’assurer un avenir de progrès et de paix à sa population.

Aujourd’hui, je confie à vos prières le travail de préparation de la deuxième Assemblée spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques, dont la célébration est prévue pour la fin de cette année. Inspirés par leur foi en Dieu et confiants dans les promesses du Christ, puissent les catholiques de ce continent devenir toujours davantage levain d’espérance évangélique pour toutes les personnes de bonne volonté qui aiment l’Afrique, qui se dévouent pour le progrès matériel et spirituel de ses fils, tout comme pour la croissance de la paix, de la prospérité, de la justice et de la solidarité en vue du bien commun.

Que la Vierge Marie, Reine de la Paix, continue à guider le peuple de l’Angola dans la tâche de la réconciliation nationale après la dévastatrice et inhumaine expérience de la guerre civile ! Puissent ses prières obtenir pour tous les Angolais la grâce d’un pardon sincèrement donné, du respect des autres et de la coopération qui seule peut faire avancer l’immense oeuvre de la reconstruction ! Que la Sainte Mère de Dieu, qui nous montre son Fils comme notre frère, nous rappelle à nous chrétiens du monde entier le devoir d’aimer notre prochain, d’être bâtisseurs de paix, d’être les premiers à pardonner celui qui a péché contre nous, comme nous-mêmes avons été pardonnés.

Ici, en Afrique australe, nous voulons prier Notre-Dame afin qu’elle intercède de manière particulière pour la paix, pour la conversion des coeurs et pour la fin du conflit dans la région des Grands Lacs. Que son Fils, Prince de la Paix, apporte la guérison à ceux qui souffrent, le réconfort à ceux qui pleurent et la force à tous ceux qui font avancer le difficile processus du dialogue, de la négociation et de la cessation des violences !

221 Animés d’une telle confiance, nous nous tournons maintenant vers Marie notre Mère et, en récitant la prière de l’Angelus, prions pour la paix et le salut de la famille humaine tout entière.





Place Saint-Pierre

V Dimanche de Carême, 29 mars 2009




Chers frères et soeurs,

Je désire avant tout remercier Dieu et ceux qui, de diverses manières, ont collaboré à la réussite du voyage apostolique que j'ai pu accomplir ces derniers jours, et j'invoque l'abondance des bénédictions du ciel sur les semences plantées en terre africaine. Je m'étendrai davantage sur cette expérience pastorale significative mercredi prochain, au cours de l'audience générale, mais je ne peux manquer de saisir cette occasion pour exprimer l'émotion profonde que j'ai éprouvée en rencontrant les communautés catholiques et les populations du Cameroun et de l'Angola. Deux aspects surtout m'ont impressionné, tous deux très importants. Le premier est la joie visible sur les visages des personnes, la joie de se sentir membre de l'unique famille de Dieu, et je remercie le Seigneur d'avoir pu partager avec la multitude de nos frères et soeurs, des moments de fête simple, dans l'unité et la foi. Le deuxième aspect est justement le sens profond du sacré que l'on respirait dans les célébrations liturgiques, une caractéristique commune à tous les peuples d'Afrique et qui s'est manifestée en quelque sorte à chaque moment de mon séjour parmi ces chères populations. Cette visite m'a permis de voir et de mieux comprendre la réalité de l'Eglise en Afrique dans la diversité de ses expériences et des défis qu'elle affronte en ce moment.

En pensant justement aux défis qui marquent le chemin de l'Eglise sur le continent africain, et dans toutes les régions du monde, nous comprenons combien sont actuelles les paroles de l'Evangile de ce cinquième dimanche de Carême. A l'approche de sa passion, Jésus déclare: "Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul; mais s'il meurt, il donne beaucoup de fruit" (
Jn 12,24). Désormais, ce n'est plus l'heure des paroles et des discours; l'heure décisive a sonné, pour laquelle le Fils de Dieu est venu dans le monde, et même si son âme est troublée, il donne sa disponibilité pour accomplir la volonté du Père jusqu'au bout. Et voici la volonté de Dieu: nous donner la vie éternelle, à nous qui l'avons perdue. Mais pour que cela se réalise, il faut que Jésus meure, comme un grain de blé que Dieu le Père a semé dans le monde. Ce n'est qu'ainsi qu'une nouvelle humanité pourra germer et grandir, libérée de la domination du péché et capable de vivre dans la fraternité, comme fils et filles de l'unique Père qui est aux cieux.

Lors de la grande fête de la foi que nous avons vécue ensemble en Afrique, nous avons vu que cette nouvelle humanité est vivante, malgré ses limites humaines. Là où les missionnaires, comme Jésus, ont donné et continuent de donner leur vie pour l'Evangile, on recueille des fruits abondants. Je désire leur adresser une pensée spéciale de reconnaissance pour le bien qu'ils font. Il s'agit de religieuses, de religieux, de laïcs, hommes et femmes. J'ai aimé voir leur amour pour le Christ et constater la profonde reconnaissance des chrétiens à leur égard. Rendons grâce à Dieu, et prions la Très Sainte Vierge Marie, afin que dans le monde entier se répande le message de l'espérance et de l'amour du Christ.

A l'issue de l'Angelus

Je salue avec une grande affection les nombreux Africains qui vivent à Rome, parmi lesquels beaucoup d'étudiants sont ici présents, accompagnés par Mgr Robert Sarah, secrétaire de la Congrégation pour l'évangélisation des peuples. Très chers amis, vous avez voulu venir manifester votre joie et votre reconnaissance pour mon voyage apostolique en Afrique. Je vous remercie de tout coeur. Je prie pour vous, pour vos familles et pour vos pays d'origine. Merci!

Jeudi prochain, à 18 heures, je présiderai à Saint-Pierre la messe pour le quatrième anniversaire de la mort de mon bien-aimé prédécesseur, le serviteur de Dieu Jean-Paul II. J'invite spécialement les jeunes de Rome à y participer, pour que nous nous préparions ensemble à la Journée mondiale de la jeunesse, qui sera célébrée dans les diocèses le dimanche des Rameaux.

Je vous accueille avec joie, chers frères et soeurs de langue française. Ce jour nous donne d'entrer dans le temps liturgique de la Passion. Cette dernière étape du Carême nous invite à vivre un moment d'intimité avec Jésus. Préparons-nous à célébrer au mieux la Semaine Sainte qui s'annonce! Avec vous, je veux rendre grâce au Seigneur pour le voyage pastoral que je viens d'effectuer en Afrique. L'accueil chaleureux des Africains a rempli mon coeur de Pasteur d'une profonde joie. En lui redisant toute mon affection j'encourage cette Eglise jeune, vivante, pleine d'avenir et de dynamisme à suivre le Christ avec foi, espérance et charité! Que Dieu vous bénisse tous!

222 Je vous assure également tous de mon souvenir dans la prière pour la journée mondiale de l'autisme qui aura lieu le 2 avril prochain. Je souhaite à tous un bon dimanche.






REGINA CAELI



Castel Gandolfo

Lundi de l'Ange, 13 avril 2009


Chers frères et soeurs!

En ces jours de Pâques, nous entendrons souvent retentir les paroles de Jésus: "Je suis ressuscité et je suis toujours avec toi". Faisant écho à cette annonce, l'Eglise proclame avec joie: "Oui, nous en sommes certains! Le Seigneur est vraiment ressuscité! Alléluia! A lui gloire et puissance pour les siècles des siècles". C'est toute l'Eglise en fête qui manifeste ses sentiments en chantant: "C'est le jour du Christ Seigneur". En effet, en ressuscitant de la mort, Jésus a inauguré son jour éternel et a ouvert également la porte à notre joie. "Je ne mourrai pas - dit-Il, je resterai en vie". Le Fils de l'homme crucifié, pierre écartée par les bâtisseurs, est devenu désormais le fondement solide du nouvel édifice spirituel, qui est l'Eglise, son Corps mystique. Le peuple de Dieu, qui a le Christ comme son chef invisible, est destiné à croître au cours des siècles, jusqu'au plein accomplissement du dessein de salut. Alors, l'humanité tout entière sera incorporée à Lui, et chaque réalité existante sera pénétrée par sa victoire définitive. Saint Paul écrit: Il sera "l'accomplissement total de toute chose" (cf. Ep Ep 1,23) et "Dieu sera tout en tous" (1Co 15,28).

C'est pourquoi la communauté chrétienne - nous tous - se réjouit à juste titre car la résurrection du Seigneur nous assure que le dessein divin du salut, en dépit de toutes les obscurités de l'histoire, s'accomplira. Voilà pourquoi sa Pâque est véritablement pour nous espérance. Et nous, ressuscités avec le Christ au moyen du Baptême, nous devons à présent le suivre fidèlement dans la sainteté de vie, en marchant vers la Pâque éternelle, soutenus par la conscience que les difficultés, les luttes, les épreuves, les souffrances de notre existence, y compris la mort, ne pourront plus désormais nous séparer de Lui et de son amour. Sa résurrection a jeté un pont entre le monde et la vie éternelle, sur lequel tout homme et toute femme peut passer pour atteindre le véritable objectif de notre pèlerinage terrestre.

"Je suis ressuscité et je suis toujours avec toi". Cette garantie que formule Jésus se réalise surtout dans l'Eucharistie; c'est dans chaque célébration eucharistique que l'Eglise, et chacun de ses membres, fait l'expérience de sa présence vivante et bénéficie de toute la richesse de son amour. Dans le sacrement de l'Eucharistie, le Seigneur ressuscité est présent et, riche de miséricorde, nous purifie de nos fautes; il nous nourrit spirituellement et nous insuffle la force afin de soutenir les dures épreuves de l'existence et de lutter contre le péché et le mal. C'est lui le soutien sûr de notre pèlerinage vers la demeure éternelle du Ciel. Que la Vierge Marie, qui a vécu aux côtés de son Fils divin à chaque étape de sa mission sur terre, nous aide à accueillir avec foi le don de Pâques et fasse de nous d'heureux, fidèles et joyeux témoins du Seigneur ressuscité.

A l'issue du Regina caeli

Le Christ est vraiment ressuscité, Alléluia! Je suis heureux de vous saluer, chers pèlerins de langue française. Que la fête de Pâques soit pour vous tous, une lumière, la fête de la vie, de l'espérance et de la paix! Sur ses chemins, parfois marqués par la tristesse et la morosité, l'homme n'est pas seul, le Christ ressuscité marche à ses côtés. Renouvelés par la foi de notre baptême, avec l'aide de la Vierge Marie, soyons sans crainte pour annoncer à tous nos frères et soeurs qu'ils sont aimés d'un amour unique par le Seigneur et qu'ils sont appelés au bonheur sans fin. A tous, je souhaite de Saintes fêtes de Pâques!

A nouveau, Bonnes Pâques à tous!




REGINA CAELI



Castel Gandolfo

223
Angelus Benoit XVI 215