Angelus Benoit XVI 28

28 Avec une grande joie, je souhaite la bienvenue aux pèlerins de langue allemande. Je voudrais saluer en particulier aujourd'hui les amis de la "Konzertgesellschaft" de Munich, ainsi que les nombreux pèlerins, qui sont venus à Rome pour la béatification du grand Evêque de Münster, le Cardinal Clemens August von Galen. La devise du nouveau bienheureux était: "Nec laudibus, nec timore". Ce principe doit également guider nos actions en l'honneur de Dieu et du bien des hommes. Je vous souhaite à tous une journée dans la grâce du Seigneur, à Rome!

S'adressant aux pèlerins de langue hongroise, Benoît XVI a dit:

Je salue de tout coeur les membres de la Conférence épiscopale hongroise, ici présents, ainsi que les nombreux pèlerins hongrois, avec lesquels ils ont célébré hier le 25 anniversaire de la dédicace de la chapelle hongroise dans la Basilique Saint-Pierre.

Après avoir salué les pèlerins polonais, le Saint-Père a conclu, s'adressant aux pèlerins de langue italienne:

Je salue les pèlerins de langue italienne, en particulier les enseignants de religion catholique provenant de toute l'Italie, qui ont tenu en ces jours leur première rencontre nationale. Chers amis, votre engagement au sein de l'école représente une contribution précieuse à la formation de nouvelles générations et à la maturation dans la connaissance de la tradition et de la culture catholique, dans la conscience des responsabilités personnelles et dans l'adhésion aux valeurs de la coexistence civile. C'est pourquoi je prie pour vous et je vous souhaite un bon travail.

Je suis heureux d'accueillir les "Jeunes pour l'Unité" du Mouvement des Focolari, qui donnent vie aujourd'hui, à Rome et dans de nombreuses villes du monde, à une compétition sportive pour l'unité et la paix. Chers jeunes garçons et filles, demeurez toujours unis à Jésus et vous serez des constructeurs de véritable fraternité.

Je désire enfin envoyer une salutation cordiale à l'Association "Camminando per mano" et aux Pères franciscains de la province d'Emilie-Romagne, qui ont mis sur pied un Centre de Service pour les personnes âgées à Pavullo dans la région de Frignano (diocèse de Modène).

A vous tous, chers pèlerins, je souhaite un bon dimanche.



Place Saint-Pierre

Dimanche 16 octobre 2005



Chers frères et soeurs!

29 Il y a vingt-sept ans, précisément aujourd'hui, le Seigneur appela le Cardinal Karol Wojtyla, Archevêque de Cracovie, à succéder à Jean-Paul I mort un peu plus d'un mois après son élection. Avec Jean-Paul II commença l'un des Pontificats les plus longs de l'histoire de l'Eglise, au cours duquel un Pape "venu d'un pays lointain", fut reconnu comme autorité morale également par les non-chrétiens et les non-croyants, comme l'ont démontré les manifestations émouvantes d'affection à l'occasion de sa maladie et de deuil profond après sa mort. Auprès de sa tombe se poursuit encore de manière ininterrompue dans les Grottes vaticanes le pèlerinage de très nombreux fidèles et cela aussi montre de façon éloquente combien le bien-aimé Jean-Paul II est entré dans le coeur des hommes, en particulier en vertu de son témoignage d'amour et de don de soi dans la souffrance. En lui, nous avons pu admirer la force de la foi et de la prière, ainsi qu'un abandon total à la Très Sainte Vierge Marie, qui l'a toujours accompagné et protégé, en particulier dans les moments les plus difficiles et dramatiques de sa vie.

Nous pourrions définir Jean-Paul II comme un Pape totalement consacré à Jésus à travers Marie, comme le souligne bien sa devise: "Totus tuus". Il fut élu au coeur du mois du Rosaire et le chapelet qu'il tenait souvent entre les mains est devenue l'un des symboles de son Pontificat, sur lequel la Vierge Immaculée a veillé avec une sollicitude maternelle. A travers la radio et la télévision, les fidèles du monde entier ont pu s'unir tant de fois à lui dans cette prière mariale et, grâce à son exemple et à ses enseignements, en redécouvrir le sens authentique, contemplatif et christologique (cf. Lettre apost. Rosarium Virginis Mariae
RVM 9-17). En réalité, le Rosaire ne s'oppose pas à la méditation de la Parole de Dieu et à la prière liturgique; il représente au contraire un complément naturel et idéal, en particulier comme préparation et action de grâce à la célébration eucharistique. Avec Marie, nous contemplons le Christ rencontré dans l'Evangile et dans le Sacrement dans les divers moments de sa vie grâce aux mystères joyeux, lumineux, douloureux et glorieux. A l'école de la Mère, nous apprenons ainsi à nous conformer à son divin Fils et à l'annoncer à travers notre vie elle-même. Si l'Eucharistie est le centre de la journée pour le chrétien, le Rosaire contribue de façon privilégiée à élargir la communion avec le Christ et enseigne à vivre en gardant le regard du coeur fixé sur Lui, pour faire rayonner sur tous et sur toute chose son amour miséricordieux.

Contemplatif et missionnaire: tel a été le bien-aimé Pape Jean-Paul II. Il l'a été grâce à l'union intime avec Dieu, nourrie chaque jour de l'Eucharistie et par des temps prolongés de prière. A l'heure de l'Angelus, qui lui était si chère, il est bon et de notre devoir de rappeler sa mémoire en cet anniversaire, en renouvelant notre action de grâce à Dieu pour avoir donné à l'Eglise et au monde un aussi digne Successeur de l'Apôtre Pierre. Que la Vierge Marie nous aide à préserver son précieux héritage.

A l'issue de l'Angelus

J'adresse un salut cordial aux pèlerins et visiteurs provenant des pays de langue allemande. Il y a aujourd'hui 27 ans que mon bien-aimé prédécesseur fut élu Pape. Je vous invite à vous unir à mon action de grâce à Dieu pour tout ce que le Pape Jean-Paul II a fait au cours de son long Pontificat pour diffuser la Bonne Nouvelle dans le monde entier. Que la paix du Christ vous accompagne! Je vous souhaite un bon dimanche ici à Rome!

Après avoir salué les pèlerins de langue espagnole et portugaise, et avant de saluer les pèlerins de langue italienne, le Pape a dit aux pèlerins polonais présents:

Je salue cordialement tous les Polonais ici présents. Nous rappelons aujourd'hui l'élection de Jean-Paul II sur le Siège de saint Pierre, le premier Pape polonais. En rendant grâce au Bon Dieu pour son service généreux à l'Eglise et à toute la famille humaine, nous renouvelons notre engagement à recueillir son enseignement.

Je salue les pèlerins francophones présents pour la prière mariale, notamment les jeunes du collège Saint-Louis du Mans. Que la Vierge vous aide à accueillir le Christ et à être attentifs à ceux qui vous entourent. Demain, ce sera la Journée mondiale du refus de la misère. La misère est un fléau contre lequel l'humanité doit lutter sans cesse. Nous sommes appelés à une solidarité toujours plus grande, pour que nul ne soit exclu de la société. Ma prière rejoint les pauvres luttant avec courage pour vivre dans la dignité, ayant le souci de leur famille et des détresses de leurs frères. Je salue tous ceux qui se mettent au service des personnes dans le besoin, et j'invite les Autorités civiles et les décideurs à entendre le cri des pauvres et à intensifier leurs actions dans la lutte contre la misère.

Je souhaite à tous un bon dimanche.



Place Saint-Pierre

Dimanche 23 octobre 2005

30
Chers frères et soeurs!


Avec la Célébration eucharistique d'aujourd'hui, Place Saint-Pierre, s'est conclue l'Assemblée du Synode des Evêques. Dans le même temps s'est achevée l'Année de l'Eucharistie, que le bien-aimé Pape Jean-Paul II avait inaugurée en octobre 2004. Je renouvelle aux chers et vénérés Pères synodaux, avec lesquels j'ai pu partager trois semaines de travail intense dans un climat de communion fraternelle, l'expression de ma gratitude cordiale. Leurs réflexions, leurs témoignages, leurs expériences et leurs propositions sur le thème: "L'Eucharistie, source et sommet de la vie et de la mission de l'Eglise", ont été recueillis pour être élaborés dans une Exhortation post-synodale qui, en tenant compte des diverses réalités du monde, puisse aider à dessiner le visage de la communauté "catholique", aspirant à vivre unie, dans la pluralité des cultures, le mystère central de la foi: l'Incarnation rédemptrice, dont l'Eucharistie est la présence vivante.

Aujourd'hui, en outre, comme le montrent les tentures exposées sur la façade de la Basilique vaticane, j'ai eu la joie de proclamer cinq nouveaux saints que, au terme de l'Année eucharistique, j'ai à coeur d'indiquer comme des fruits exemplaires de la communion de vie avec le Christ. Il s'agit de Józef Bilczewski, Evêque de Lviv des Latins; Gaetano Catanaso, prêtre, fondateur de la Congrégation des Soeurs véroniques de la Sainte-Face; Zygmunt Gorazdowski, prêtre polonais, fondateur de la Congrégation des Soeurs de Saint-Joseph; Alberto Hurtado Cruchaga, prêtre de la Compagnie de Jésus, chilien; et le religieux capucin Felice da Nicosia. Chacun de ces disciples de Jésus a été formé intérieurement par sa présence divine accueillie, célébrée et adorée dans l'Eucharistie. Chacun d'entre eux, en outre, a nourri, de façon diverse, une dévotion tendre et filiale pour Marie, la Mère du Christ. Ces nouveaux saints, que nous contemplons dans la gloire céleste, nous invitent à avoir recours en toute circonstance à la protection maternelle de la Vierge, pour avancer toujours plus sur le chemin de la perfection évangélique, soutenus par l'union constante avec le Seigneur réellement présent dans le sacrement de l'Eucharistie.

De cette façon, nous pourrons vivre la vocation à laquelle chaque chrétien est appelé, c'est-à-dire celle d'être "pain rompu pour la vie du monde", comme nous le rappelle de façon opportune la Journée mondiale des Missions d'aujourd'hui. Le lien entre la mission de l'Eglise et l'Eucharistie est plus que jamais significatif. En effet, l'action missionnaire et évangélisatrice est la diffusion apostolique de l'amour, qui est d'une certaine façon concentré dans le Très Saint Sacrement. Celui qui accueille le Christ dans la réalité de son Corps et de son Sang ne peut pas garder ce don pour lui, mais est poussé à le partager dans le témoignage courageux de l'Evangile, dans le service aux frères en difficulté, dans le pardon des offenses. En outre, pour certaines personnes, l'Eucharistie est la semence d'un appel spécifique à tout quitter pour aller annoncer le Christ à ceux qui ne le connaissent pas encore. Nous confions à la Très Sainte Vierge Marie, Femme eucharistique, les fruits spirituels du Synode et de l'Année de l'Eucharistie. Qu'Elle veille sur le chemin de l'Eglise et qu'elle nous enseigne à croître dans la communion avec le Seigneur Jésus pour être témoins de son amour, dans lequel réside le secret de la joie.

A l'issue de l'Angelus

Je vous salue, chers pèlerins francophones, vous invitant à répondre à l'appel du Christ dans l'Evangile de ce dimanche à mettre au centre de votre existence le commandement de l'amour, qui seul conduit au bonheur véritable et à la paix.

Je souhaite à tous un bon dimanche.



Place Saint-Pierre

Dimanche 30 octobre 2005

Chers frères et soeurs!


Il y a quarante ans, le 28 octobre 1965, se tint la septième session du Concile oecuménique Vatican II. Elle fut suivi de trois autres sessions, qui se succédèrent rapidement, et la dernière, le 8 décembre, marqua la clôture du Concile. Dans la phase finale de cet événement ecclésial historique, qui avait débuté trois ans plus tôt, fut approuvée la majeure partie des documents conciliaires. Certains d'entre eux sont plus connus et sont souvent cités; d'autres le sont moins, mais tous méritent d'être rappelés, parce qu'ils conservent leur valeur et qu'ils révèlent une actualité qui, sous certains aspects, s'est accrue. Je voudrais aujourd'hui rappeler les cinq Documents que le Serviteur de Dieu le Pape Paul VI et les Pères conciliaires signèrent le 28 octobre 1965. Ce sont: le DécretChristus Dominus, sur le devoir pastoral des Evêques; le Décret Perfectae caritatis, sur le renouveau de la vie religieuse; le Décret Optatam totius, sur la formation sacerdotale; la Déclaration Gravissimum educationis, sur l'éducation chrétienne; et enfin la Déclaration Nostra Aetate, sur les relations de l'Eglise avec les religions non chrétiennes.

31 Les thèmes de la formation des prêtres, de la vie consacrée et du ministère épiscopal ont été l'objet de trois Assemblées ordinaires du Synode des Evêques, qui se sont déroulées respectivement en 1990, en 1995 et en 2001, et qui ont largement repris et approfondi les enseignements du Concile Vatican II, comme en attestent les Exhortations apostoliques post-synodales de mon bien-aimé prédécesseur le Serviteur de Dieu Jean-Paul II, Pastores dabo vobis, Vita consecrata etPastores gregis. Le document sur l'éducation, en revanche, est moins connu. Depuis toujours, l'Eglise est engagée dans l'éducation de la jeunesse, à laquelle le Concile reconnut une "extrême importance" aussi bien pour la vie de l'homme que pour le progrès social (cf. Décl. Gravissimum educationis, Prologue). Aujourd'hui encore, à l'époque de la communication mondiale, la Communauté ecclésiale perçoit toute l'importance d'un système éducatif qui reconnaisse le primat de l'homme en tant que personne, ouverte sur la vérité et le bien. Les premiers et principaux éducateurs sont les parents, aidés, selon le principe de subsidiarité, par la société civile (cf. ibid., n. 3). L'Eglise, à laquelle le Christ a confié le devoir d'annoncer "le chemin de la vie" (cf. ibid.) se sent une responsabilité éducative particulière. Celle-ci cherche à accomplir sa mission de différentes façons: au sein de la famille, de la paroisse, à travers des associations, des mouvements ou des groupes de formation et d'engagement évangélique et, de manière particulière, dans les écoles, dans les instituts d'études supérieures et dans les universités (cf. ibid., nn. 5-12).

La Déclaration Nostra Aetate est elle aussi d'une très grande actualité, parce qu'elle concerne l'attitude de la communauté ecclésiale vis-à-vis des religions non chrétiennes. En partant du principe que "tous les peuples forment une seule communauté" et que l'Eglise "a la tâche de promouvoir l'unité et la charité" entre les peuples (n. 1), le Concile "ne rejette rien de ce qui est vrai et saint" dans les autres religions et elle annonce à tous le Christ, "chemin, vérité et vie", dans lequel les hommes trouvent "la plénitude de la vie religieuse" (n. 2). A travers la Déclaration Nostra Aetateles Pères du Concile Vatican II ont proposé certaines vérités fondamentales: ils ont rappelés avec clarté le lien particulier qui lie les chrétiens et les juifs (n. 4), ils ont rappelé l'estime envers les musulmans (n. 3) et les disciples des autres religions (n. 2) et ils ont confirmé l'esprit de fraternité universelle qui interdit toute discrimination ou persécution religieuse (n. 5).

Chers frères et soeurs, tout en vous invitant à relire ces documents, je vous exhorte à prier ensemble avec moi la Vierge Marie, afin qu'elle aide tous les croyants dans le Christ à conserver toujours vivant l'esprit du Concile Vatican II, pour contribuer à instaurer dans le monde cette fraternité universelle qui répond à la volonté de Dieu sur l'homme, créé à l'image de Dieu.

A l'issue de l'Angelus

Comme nous le savons tous, le 8 octobre dernier un puissant tremblement de terre a frappé la région du Cachemire, en particulier du côté pakistanais, provoquant la mort de plus de cinquante mille personnes et des dommages considérables. Dans ce cas également, les formes de solidarité ont été très nombreuses, mais les nécessités dépassent les aides offertes jusqu'à présent. Je renouvelle donc mon appel à la Communauté internationale, afin que se multiplient les efforts en vue d'apporter un soutien à ces populations tant éprouvées.

Je vous salue, chers pèlerins francophones, en particulier les jeunes de l'Association Foi, Action, Rayonnement, de la Principauté de Monaco. Que chacun d'entre vous sache se tourner vers le Seigneur, en le reconnaissant comme Père, pour vivre dans la liberté des enfants de Dieu, à la suite du Christ.

Je suis heureux de saluer cordialement les pèlerins de langue espagnole, présents pour la prière mariale de l'Angelus, en particulier les participants à la procession du "Señor de los Milagros". Je salue en particulier mes frères Evêques d'Espagne, les éminentes Autorités, les prêtres, et les Religieuses "Celadoras del Culto Eucarístico" ainsi que les fidèles venus d'Urgell et d'Andorre, de Madrid et de Majorque, et qui ont eu la joie de participer à la béatification du prêtre Josep Tàpies et de six confrères, ainsi que de la soeur María de los Angeles Ginard Martí, qui subirent le martyre pour leur foi dans le Christ. Ils sont pour tous un véritable exemple de réconciliation et d'amour jusqu'au bout, ainsi qu'un encouragement à offrir un témoignage cohérent de sa propre foi dans la société actuelle, dans une attitude de paix et de co-existence fraternelle.

Je salue cordialement les Polonais. La solennité de la Toussaint est proche. Nous rendons grâce à Dieu pour les témoins de la foi qui, dans leur vie, ont été unis au Christ dans l'amour et participent aujourd'hui à sa gloire. Je confie tous les croyants à leur intercession et à leur protection.

Je salue de tout coeur les membres de la Famille spirituelle "L'OEuvre" (Das Werk), qui célèbrent les quarante ans de leur présence à Rome. Chers amis, je souhaite que votre activité puisse rendre un service fécond à l'unité de l'Eglise. Je souhaite à tous un dimanche serein. Au revoir et à après-demain, pour la fête de Tous les Saints.



FÊTE DE LA TOUSSAINT

BENOÎT XVI

Place Saint-Pierre

Mardi 1er novembre 2005


32 Chers frères et soeurs!

Nous célébrons aujourd'hui la solennité de Tous les Saints, qui nous fait goûter la joie d'appartenir à la grande famille des amis de Dieu, ou, comme l'écrit saint Paul, de "partager le sort des saints dans la lumière" (
Col 1,12). La liturgie repropose l'expression remplie d'émerveillement de l'Apôtre Jean: "Voyez quelle manifestation d'amour le Père nous a donnée pour que nous soyons appelés enfants de Dieu. Et nous le sommes!" (1Jn 3,1). Oui, devenir saints signifie réaliser pleinement ce que nous sommes déjà, ayant été élevés, en Jésus Christ, à la dignité de fils adoptifs de Dieu (cf. Ep 1,5 Rm 8,14-17). A travers l'incarnation de son Fils, sa mort et sa résurrection, Dieu a voulu réconcilier l'humanité avec Lui et l'ouvrir à la participation à sa propre vie. Celui qui croit dans le Christ Fils de Dieu renaît "d'en-haut", il est comme régénéré par l'oeuvre de l'Esprit Saint (cf. Jn Jn 3,1-8). Ce mystère se réalise dans le sacrement du Baptême, à travers lequel la mère Eglise donne le jour à ses "saints".

La vie nouvelle, reçue dans le Baptême, n'est pas sujette à la corruption et au pouvoir de la mort. Pour celui qui vit dans le Christ, la mort est le passage du pèlerinage terrestre à la patrie du Ciel, où le Père accueille tous ses fils, "de toute nation, race, peuple et langue", comme nous le lisons aujourd'hui dans le Livre de l'Apocalypse (7, 9). C'est pourquoi, il est particulièrement significatif et approprié qu'après la fête de Tous les Saints, la liturgie nous fasse célébrer demain la Commémoration de tous les fidèles défunts. La "communion des saints", que nous professons dans le Credo, est une réalité qui se construit ici-bas, mais qui se manifestera pleinement quand nous verrons Dieu "tel qu'il est" (1Jn 3,2). C'est la réalité d'une famille liée par de profonds liens de solidarité spirituelle, qui unit les fidèles défunts à ceux qui sont en pèlerinage dans le monde. Un lien mystérieux mais réel, alimenté par la prière et par la participation au Sacrement de l'Eucharistie. Dans le Corps mystique du Christ, les âmes des fidèles se rencontrent en franchissant la barrière de la mort; elles prient les unes pour les autres, elles réalisent dans la charité un intime échange de dons. Dans cette dimension de foi est également comprise la pratique d'offrir des prières d'intention pour les défunts, en particulier le Sacrifice eucharistique, mémorial de la Pâque du Christ, qui a ouvert aux croyants le passage vers la vie éternelle.

En m'unissant spirituellement à ceux qui se rendent dans les cimetières pour prier pour leurs défunts, moi aussi je me recueillerai en prière demain après-midi dans les Grottes vaticanes auprès des tombes des Papes, qui forment une couronne autour du sépulcre de l'Apôtre Pierre, et j'aurai une pensée spéciale pour le bien-aimé Jean-Paul II. Chers amis, que l'arrêt traditionnel au cours de ces journées sur les tombes de nos défunts constitue une occasion pour penser sans crainte au mystère de la mort et cultiver cette attention permanente qui nous prépare à l'affronter avec sérénité. Pour cela, que nous aide la Vierge Marie, Reine des Saints, à laquelle nous nous adressons à présent avec une confiance filiale.

A l'issue de l'Angelus

Chers pèlerins francophones, je vous salue chaleureusement, vous invitant à rendre grâce pour tous les saints, qui nous sont donnés comme autant de frères aînés, pour marcher dans la voie de la sainteté et pour transmettre aux jeunes le désir de suivre le Christ, source de bonheur éternel.

Je salue avec affection les pèlerins de langue italienne. En cette fête de Tous les Saints, je pense à l'histoire bimillénaire de sainteté qui a enrichi l'Italie et je prie pour qu'elle se poursuive aujourd'hui et toujours.

Bonne journée!



Place Saint-Pierre

Dimanche 6 novembre 2005

Chers frères et soeurs!


33 Le 18 novembre 1965, le Concile oecuménique Vatican II approuva la Constitution dogmatique sur la Révélation divine, Dei Verbum, qui constitue l'un des piliers de tout l'édifice conciliaire. Ce Document traite de la révélation et de sa transmission, de l'inspiration et de l'interprétation des Ecritures Saintes, ainsi que de son importance fondamentale dans la vie de l'Eglise. En recueillant les fruits du renouveau théologique précédent, le Concile Vatican II met au centre le Christ, en le présentant comme le "Médiateur et la plénitude de toute la Révélation" (n. 2). En effet, le Seigneur Jésus, Verbe fait chair, mort et ressucité, a porté à terme l'oeuvre de salut, faite de gestes et de paroles, et a manifesté pleinement le visage et la volonté de Dieu, de sorte que jusqu'à son retour glorieux, aucune nouvelle révélation publique n'est à attendre (cf. n. 3). Les apôtres et leurs successeurs, les Evêques, sont dépositaires du message que le Christ a confié à son Eglise, afin qu'il soit intégralement transmis à toutes les générations. Les Saintes Ecritures de l'Ancien et du Nouveau Testament et la Tradition sacrée contiennent ce message, dont la compréhension se poursuit dans l'Eglise avec l'assistance de l'Esprit Saint. Cette même Tradition fait connaître le canon intégral des Livres sacrés et permet leur compréhension correcte, ainsi Dieu, qui a parlé aux Patriarches et aux Prophètes, ne cesse de parler à l'Eglise, et, à travers celle-ci, au monde (cf. n. 8).

L'Eglise ne vit pas d'elle-même, mais de l'Evangile, et tire toujours de l'Evangile son orientation pour son pèlerinage. La Constitution conciliaire Dei Verbum a donné un élan puissant à la valorisation de la Parole de Dieu, dont a dérivé un profond renouveau de la vie de la communauté ecclésiale, en particulier dans la prédication, la catéchèse, la théologie, la spiritualité et les relations oecuméniques. C'est en effet la Parole de Dieu qui, sous l'action de l'Esprit Saint, guide les croyants vers la plénitude de la vérité (cf. Jn
Jn 16,13). Parmi les multiples fruits de ce printemps biblique, j'ai plaisir à mentionner la diffusion de l'antique pratique de la lectio divina, ou "lecture spirituelle" des Saintes Ecritures. Celle-ci consiste à s'attarder longuement sur un texte biblique, le lisant et le relisant, en le "ruminant" presque, comme disent les Pères, et à en extraire, pour ainsi dire, tout le "suc", afin qu'il nourrisse la méditation et la contemplation et parvienne à irriguer, comme la sève, la vie concrète. Une condition de la lectio divina est que l'esprit et le coeur soient éclairés par l'Esprit Saint, c'est-à-dire par l'Inspirateur des Ecritures lui-même, et qu'ils se placent donc dans une attitude d'"écoute religieuse".

Telle est l'attitude typique de la Très Sainte Vierge Marie, comme le montre de façon emblématique l'icône de l'Annonciation: la Vierge accueille le Messager céleste tandis qu'elle médite les Ecritures Saintes, représentées d'ordinaire par un livre que Marie tient entre ses mains, ou sur ses genoux, ou sur un pupitre. Telle est également l'image de l'Eglise offerte par le Concile lui-même, dans la Constitution Dei Verbum: "En écoutant religieusement la Parole de Dieu..." (n. 1). Prions afin que, comme Marie, l'Eglise soit la servante docile de la Parole divine et la proclame toujours avec une ferme confiance, afin que: "en entendant [...], le monde entier y croie, qu'en croyant, il espère, qu'en espérant il aime" (ibid.).

Au terme de l'Angelus

Je vous salue cordialement, chers pèlerins francophones. Comme nous y invite l'Evangile de ce jour, puissiez-vous demeurer vigilants pour accueillir le Christ et pour remplir dans le monde votre mission de service, prenant soin d'aider les jeunes à reconnaître la présence du Seigneur à leurs côtés et les appels qu'il leur adresse pour mener une vie libre et belle.

Je souhaite à tous un bon dimanche.



Place Saint-Pierre

Dimanche 13 novembre 2005

Chers frères et soeurs!

Ce matin, dans la Basilique Saint-Pierre, ont été proclamés bienheureux les serviteurs de DieuCharles de Foucauld, prêtre; Maria Pia Mastena, fondatrice des Soeurs de la Sainte-Face, etMaria Crocifissa Curcio, Fondatrice de la Congrégation des Soeurs carmélites missionnaires de Sainte-Thérèse de l'Enfant-Jésus. Ils s'ajoutent à la longue liste des bienheureux qui, au cours du Pontificat de Jean-Paul II, ont été proposés à la vénération des communautés ecclésiales dans lesquelles ils ont vécu, dans la conscience de ce que le Concile oecuménique Vatican a fortement souligné, c'est-à-dire que tous les baptisés sont appelés à la perfection de la vie chrétienne: prêtres, religieux et laïcs, chacun selon son propre charisme et sa propre vocation spécifique.

En effet, le Concile a réservé une grande attention au rôle des fidèles laïcs, en leur consacrant un chapitre entier - le quatrième - de la Constitution Lumen gentium sur l'Eglise, pour en définir la vocation et la mission, enracinées dans le Baptême et la Confirmation, et en les conduisant à "chercher le règne de Dieu précisément à travers la gérance des choses temporelles qu'il ordonnent selon Dieu" (n. 31). Le 18 novembre 1965, les Pères approuvèrent un Décret spécifique sur l'apostolat des laïcs, Apostolicam actuositatem.Celui-ci souligne avant tout que "la fécondité de l'apostolat des laïcs dépend de leur union vitale avec le Christ" (ibid., n. 4), c'est-à-dire d'une spiritualité robuste, nourrie par la participation active à la Liturgie et exprimée dans le style des Béatitudes évangéliques. En outre, pour les laïcs, la compétence professionnelle, le sens de la famille, le sens civique et les vertus sociales sont d'une grande importance. S'il est vrai qu'ils sont appelés individuellement à apporter leur témoignage personnel, particulièrement précieux là où la liberté de l'Eglise se heurte à des obstacles, le Concile insiste toutefois sur l'importance de l'apostolat organisé, nécessaire pour influencer la mentalité générale, les conditions sociales et les Institutions (cf. ibid., n. 18). A ce propos, les Pères ont encouragé les multiples associations de laïcs, en insistant également sur leur formation à l'apostolat. C'est au thème de la vocation et de la mission des laïcs que le bien-aimé Pape Jean-Paul II a voulu consacrer l'Assemblée du Synode de 1987, au terme de laquelle a été publiée l'Exhortation apostolique Christifideles laici.

34 En conclusion, je voudrais rappeler que dimanche dernier, dans la Cathédrale de Vicenza, a été béatifiée une mère de famille, Eurosia Fabris, appelée "Mamma Rosa", modèle de vie chrétienne dans l'état laïc. A tous ceux qui sont déjà dans la patrie céleste, à tous nos saints et en premier lieu à la Très Sainte Vierge Marie et à son Epoux Joseph, nous confions le Peuple de Dieu tout entier, afin que croisse en chaque baptisé la conscience d'être appelé à travailler avec zèle et efficacité dans la vigne du Seigneur.

Au terme de la prière de l'Angelus

On célèbre aujourd'hui en Italie la Journée d'Action de grâce pour les fruits de la terre et du travail. Je m'unis à la prière et à la louange des fidèles, en particulier des agriculteurs et des communautés rurales, en invitant chacun à rendre grâces à Dieu pour ses bienfaits. Je souhaite que la récente "Note pastorale" des Evêques italiens consacrée au monde rural aide cette portion si importante de la société à conserver son riche patrimoine religieux et culturel pour le bien de tout le pays.

Je vous salue, chers pèlerins francophones. Charles de Foucauld, qui vient d'être béatifié, nous invite à suivre spirituellement le chemin de Nazareth et le silence qu'il vécut au désert. En effet, c'est de là, avec Marie, que nous pouvons découvrir le mystère du Christ, qui s'est fait humble et pauvre pour nous sauver, pour faire de nous des fils d'un même Père et des frères en humanité. Comme le Frère Charles, puisons dans le mystère eucharistique et dans la contemplation la force pour l'existence et pour le témoignage par lequel nous contribuons à l'évangélisation.

Je souhaite à tous un bon dimanche.



Place Saint-Pierre

Dimanche 20 novembre 2005

Solennité du Christ Roi de l'Univers



Chers frères et soeurs!

Aujourd'hui, dernier dimanche de l'Année liturgique, on célèbre la solennité du Christ Roi de l'univers. Dès l'annonce de sa naissance, le Fils unique du Père, né de la Vierge Marie, est défini "roi" dans le sens messianique, c'est-à-dire héritier du trône de David, selon les promesses des prophètes, pour un royaume qui n'aura pas de fin (cf. Lc Lc 1,32-33). La royauté du Christ, est demeurée entièrement cachée jusqu'à ses trente ans, passés dans une existence ordinaire à Nazareth. Puis, au cours de sa vie publique, Jésus inaugura le nouveau Royaume qui "n'est pas de ce monde" (Jn 18,36) et à la fin, le réalisa pleinement à travers sa mort et sa résurrection. En apparaissant ressuscité aux Apôtres, il dit: "Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre" (Mt 28,18): ce pouvoir jaillit de l'amour, que Dieu a manifesté en plénitude dans le sacrifice de son Fils. Le Royaume du Christ est un don offert aux hommes de tout temps, afin que quiconque croit dans le Verbe incarné "ne meure pas, mais ait la vie éternelle" (Jn 3,16). C'est pourquoi, précisément dans le dernier Livre de la Bible, l'Apocalypse, il proclame: "Je suis l'Alpha et l'Oméga, le principe et la fin" (Ap 22,13).

"Le Christ Alpha et Oméga", ainsi s'intitule le paragraphe qui conclut la première partie de la Constitution pastorale Gaudium et spes, du Concile Vatican II, promulguée il y a 40 ans. Dans cette belle page, qui reprend certaines paroles du Serviteur de Dieu Paul VI, nous lisons: "Le Seigneur est le terme de l'histoire humaine, le point vers lequel convergent les désirs de l'histoire et de la civilisation, le centre du genre humain, la joie de tous les coeurs et la plénitude de leurs aspirations". Et il poursuit ainsi: "Vivifiés et rassemblées en son Esprit, nous marchons vers la consommation de l'histoire humaine qui correspond pleinement à son dessein d'amour: "ramener toutes choses sous un seul chef, le Christ, celles qui sont dans les cieux et celles qui sont sur la terre" (Ep 1,10)" (GS 45). A la lumière de la place centrale du Christ, Gaudium et spes interprète la condition de l'homme contemporain, sa vocation et sa dignité, ainsi que les cadres de sa vie: la famille, la culture, l'économie, la politique, la Communauté internationale. Telle est la mission de l'Eglise hier, aujourd'hui et à jamais: annoncer et témoigner du Christ, afin que l'homme, chaque homme, puisse réaliser pleinement sa vocation.


Angelus Benoit XVI 28