Angelus Benoit XVI 35

35 Que la Vierge Marie, que Dieu a associée de façon particulière à la royauté de son Fils, nous obtienne de l'accueillir comme Seigneur de notre vie, pour coopérer fidèlement à l'avènement de son Royaume d'amour, de justice et de paix.

A l'issue de l'Angelus

Demain, mémoire liturgique de la Présentation de la Très Sainte Vierge Marie au temple, sera célébrée la Journée pro orantibus, c'est-à-dire pour les communautés religieuses de vie contemplative. Au nom de toute l'Eglise, j'exprime ma gratitude à tous ceux qui consacrent leur vie à la prière dans la clôture, en offrant un témoignage éloquent du primat de Dieu et de son Royaume. J'exhorte à être proche d'eux à travers notre soutien spirituel et matériel.

Je suis heureux de saluer cordialement les pèlerins de langue espagnole présents à la prière de l'Angelus. Je salue aujourd'hui de façon particulière mes frères Evêques du Mexique, ainsi que les prêtres, les religieux, les religieuses et les fidèles qui, dans l'archidiocèse de Guadalajara, participent à la béatification des martyrs Anacleto González Flores et ses huit compagnons, et de José Trinidad Rangel, Andrés Solá Molist, Leonardo Pérez, Darío Acosta Zurita, qui affrontèrent le martyre pour défendre leur foi chrétienne. En cette solennité de Jésus Christ, Roi de l'Univers, qu'ils invoquèrent au moment suprême de donner leur vie, ils représentent pour nous un exemple permanent et un encouragement en vue d'apporter un témoignage cohérent de notre foi dans la société actuelle. Avec ces sentiments, je vous donne avec une grande affection, ainsi qu'à tous les fidèles mexicains, la Bénédiction apostolique.

Je salue cordialement les pèlerins francophones. En ce dimanche consacré aux victimes de la route, je confie à l'amour du Seigneur toutes les personnes décédées dans des accidents de la circulation, ainsi que les très nombreux blessés et leurs familles. J'invite tous les automobilistes à une conduite prudente et responsable, afin de lutter efficacement, avec les Autorités, contre ce mal social et de réduire le nombre des victimes.

Je souhaite à tous un bon Dimanche du Christ-Roi.




Ier Dimanche de l'Avent, 27 novembre 2005


Chers frères et soeurs!

Ce dimanche marque le début de l'Avent, un temps de grande suggestion religieuse, car empreint d'espérance et d'attente spirituelle: chaque fois que la communauté chrétienne se prépare à faire mémoire de la naissance du Rédempteur, elle ressent en elle un frisson de joie, qui se transmet dans une certaine mesure à la société tout entière. Au cours de l'Avent, le peuple chrétien revit un double mouvement dans l'esprit: d'une part, il élève le regard vers l'objectif final de son pèlerinage dans l'histoire, qui est le retour glorieux du Seigneur Jésus; de l'autre, rappelant avec émotion sa naissance à Bethléem, il s'incline devant la crèche. L'espérance des chrétiens est tournée vers l'avenir, mais reste toujours bien enracinée dans un événement du passé. Dans la plénitude des temps, le Fils de Dieu est né de la Vierge Marie: "Né d'une femme, né sujet de la Loi", comme l'écrit l'Apôtre Paul (
Ga 4,4).

L'Evangile nous invite aujourd'hui à demeurer vigilants dans l'attente de la venue ultime du Christ. "Veillez donc!", dit Jésus, "car vous ne savez pas quand le maître de la maison va venir" (Mc 13,35 Mc 13,37). La brève parabole du maître parti en voyage, ayant donné pouvoir à ses serviteurs, met en évidence combien il est important d'être prêts à accueillir le Seigneur lorsqu'il arrivera à l'improviste. La communauté chrétienne attend avec impatience sa "manifestation", et l'apôtre Paul, écrivant aux Corinthiens, les exhorte à avoir confiance dans la fidélité de Dieu et à vivre de façon à être "irréprochables" (cf. 1Co 1,7-9) au jour du Seigneur. C'est pourquoi, de façon très opportune, au début de l'Avent, la liturgie place sur nos lèvres l'invocation du Psaume: "Fais-nous voir, Yahvé, ton amour, que nous soit donné ton salut!" (Ps 84,8).

Nous pourrions dire que l'Avent est le temps où les chrétiens doivent réveiller dans leur coeur l'espérance de pouvoir, avec l'aide de Dieu, renouveler le monde. A cet égard, je voudrais rappeler aujourd'hui également la Constitution du Concile Vatican II Gaudium et spes sur l'Eglise dans le monde contemporain: il s'agit d'un texte profondément empreint d'espérance chrétienne. Je me réfère en particulier au n. 39, intitulé "Terre nouvelle et cieux nouveaux". On y lit: "Mais, nous l'avons appris, nous savons que Dieu nous prépare une nouvelle demeure et une nouvelle terre où régnera la justice (cf. 2Co 5,2 2P 3,13)... Mais l'attente de la nouvelle terre, loin d'affaiblir en nous le souci de cultiver cette terre, doit plutôt le réveiller". En effet, nous retrouverons les bons fruits de notre travail lorsque le Christ remettra au Père son royaume éternel et universel. Que la Très Sainte Vierge Marie, Vierge de l'Avent, nous obtienne de vivre ce temps de grâce vigilants et actifs dans l'attente du Seigneur.

36 Je souhaite à tous un dimanche serein. Nous voyons qu'a débuté la construction de la Crèche sur la Place Saint-Pierre. Je vous souhaite un bon chemin de l'Avent. Bon dimanche et bon Avent!

A l'issue de l'Angelus

Je vous salue, chers pèlerins francophones. En ce premier dimanche de l'Avent, je vous invite à vous tourner davantage vers le Christ, pour vous préparer à vivre spirituellement le mystère de Noël, source de notre joie. Que ce soit une occasion privilégiée de retrouver la prière en famille, pour guider les jeunes vers le Seigneur.



II Dimanche de l'Avent, 4 décembre 2005




Chers frères et soeurs!

En ce temps de l'Avent, la communauté ecclésiale, tandis qu'elle se prépare à célébrer le grand mystère de l'Incarnation, est invitée à redécouvrir et à approfondir sa relation personnelle avec Dieu. Le mot latin "adventus" se réfère à la venue du Christ, et met au premier plan le mouvement de Dieu vers l'humanité, auquel chacun est appelé à répondre à travers l'ouverture, l'attente, la recherche et l'adhésion. Et comme Dieu est souverainement libre dans sa révélation et son don de soi, car il n'est poussé que par l'amour, de même, la personne humaine également est libre de donner son assentiment, toutefois nécessaire: Dieu attend une réponse d'amour. En ces jours, la liturgie nous présente comme modèle parfait de cette réponse la Vierge Marie, que nous contemplerons jeudi 8 décembre prochain dans le mystère de l'Immaculée Conception.

La Vierge est Celle qui demeure à l'écoute, toujours prête à accomplir la volonté du Seigneur, et elle est un exemple pour le croyant qui vit dans la recherche de Dieu. Le Concile Vatican II a consacré une réflexion attentive à ce thème, ainsi qu'au rapport entre vérité et liberté. En particulier, les Pères conciliaires ont approuvé, il y a précisément quarante ans, une Déclaration relative à la question de la liberté religieuse, c'est-à-dire le droit des personnes et des communautés à pouvoir rechercher la vérité et professer librement leur foi. Les premières paroles qui donnent leur titre à ce Document sont "dignitatis humanae": la liberté religieuse dérive de la dignité particulière de l'homme qui, entre toutes les créatures de cette terre, est l'unique en mesure d'établir une relation libre et consciente avec son Créateur. "En vertu de leur dignité - déclare le Concile - tous les hommes, parce qu'ils sont des personnes, c'est-à-dire doués de raison et de volonté libre... sont pressés, par leur nature même et tenus, par obligation morale, à chercher la vérité, celle tout d'abord qui concerne la religion" (
DH 2). Le Concile Vatican II réaffirme ainsi la doctrine traditionnelle catholique, en vertu de laquelle l'homme, en tant que créature spirituelle, peut connaître la vérité, et a donc le devoir et le droit de la chercher (cf. ibid, n. 3). Ce fondement étant établi, le Concile insiste amplement sur la liberté religieuse, qui doit être garantie tant aux personnes qu'aux communautés, dans le respect des exigences légitimes de l'ordre public. Quarante ans après, cet enseignement conciliaire demeure encore d'une grande actualité. En effet, la liberté religieuse est bien loin d'être effectivement garantie partout: dans certains cas, elle est niée pour des motifs religieux ou idéologiques; d'autres fois, bien que reconnue en théorie, elle est entravée dans les faits par le pouvoir politique ou encore, de façon plus sournoise, par la domination culturelle de l'agnosticisme et du relativisme.

Prions afin que chaque homme puisse réaliser pleinement la vocation religieuse inscrite dans son être. Que Marie nous aide à reconnaître dans le visage de l'Enfant de Bethléem, conçu dans son sein virginal, le divin Rédempteur venu dans le monde pour nous révéler le visage authentique de Dieu.

Je souhaite à tous un bon dimanche.

Au terme de l'Angelus

Je salue les pèlerins francophones présents ce matin. Puissiez-vous préparer les chemins du Seigneur dans vos coeurs et par une attention renouvelée aux plus démunis.

37 Au cours de la semaine à venir, le 9 décembre, nous fêterons le trentième anniversaire de laDéclaration des droits des personnes handicapées, proclamée par l'ONU. A cette occasion, j'invite chacun à oeuvrer toujours davantage en faveur de l'insertion des personnes handicapées dans la société, dans le monde du travail, mais aussi dans la communauté chrétienne, se rappelant que toute vie humaine est digne de respect et doit être protégée dès sa conception et jusqu'à sa fin naturelle. J'assure tous ceux qui se consacrent déjà à cette immense tâche de mon soutien et de ma prière.



SOLENNITÉ DE L'IMMACULÉE CONCEPTION

DE LA BIENHEUREUSE VIERGE MARIE



Jeudi 8 décembre 2005


Chers frères et soeurs!

Nous célébrons aujourd'hui la solennité de l'Immaculée Conception. Il s'agit d'un jour d'intense joie spirituelle au cours duquel nous contemplons la Vierge Marie, "humble et plus haute qu'aucune créature / terme fixé d'un Eternel Conseil" comme le chante le poète Dante (Par. XXXIII, 3). En elle resplendit l'éternelle bonté du Créateur qui, dans son dessein de salut, l'a choisie pour être Mère de son Fils unique et, en prévision de la mort de celui-ci, l'a préservée de toute tache de péché (cf. Prière de la Collecte). Ainsi, dans la Mère du Christ et notre Mère s'est parfaitement réalisée la vocation de tout être humain. Tous les hommes, rappelle l'Apôtre Paul, sont appelés à être saints et immaculés en présence de Dieu dans l'amour (cf Ep 1,4). En regardant la Vierge, comment ne pas la laisser réveiller en nous, ses fils, l'aspiration à la beauté, à la bonté et à la pureté du coeur? Sa candeur céleste nous attire vers Dieu, nous aidant à surmonter la tentation d'une vie médiocre, faite de compromis avec le mal, pour nous guider de façon décidée vers le bien authentique, qui est source de joie.

Aujourd'hui, ma pensée se tourne vers le 8 décembre 1965, lorsque le Serviteur de Dieu Paul VI conclut de façon solennelle le Concile oecuménique Vatican II, l'événement ecclésial le plus important du XX siècle, que le bienheureux Jean XXIII avait lancé trois ans auparavant. Dans la joie et en présence de nombreux fidèles Place Saint-Pierre, Paul VI confia la réalisation des documents conciliaires à la Vierge Marie, l'invoquant sous le doux titre de Mère de l'Eglise. En présidant, ce matin, une solennelle Célébration eucharistique dans la Basilique Vaticane, j'ai voulu rendre grâce à Dieu pour le don du Concile Vatican II. J'ai voulu, en outre, rendre grâce à la Très Sainte Vierge Marie pour avoir accompagné ces quarante ans de vie ecclésiale riches de nombreux événements. De façon particulière, Marie a veillé avec un soin maternel sur le Pontificat de mes vénérés prédécesseurs, chacun desquels, avec une grande sagesse pastorale, a guidé la barque de Pierre sur le chemin de l'authentique renouveau conciliaire, en oeuvrant sans cesse en vue de l'interprétation fidèle et de la réalisation du Concile Vatican II.

Chers frères et soeurs, pour couronner la Journée d'aujourd'hui entièrement consacrée à la Sainte Vierge, suivant une antique tradition, je me rendrai dans l'après-midi Place d'Espagne, au pied de la statue de l'Immaculée. Je vous demande de vous unir spirituellement à moi dans ce pèlerinage, qui veut être un acte de dévotion filiale à Marie, pour Lui confier la bien-aimée ville de Rome, l'Eglise et l'humanité tout entière.

Au terme de l'Angelus

J'adresse une salutation particulière aux membres de l'Académie pontificale de l'Immaculée, accompagnés par le Président, le Cardinal Andrjez Maria Deskur, ainsi qu'aux membres de la "Maison de Marie". Que la Vierge Marie veille toujours sur vous et sur vos activités.

Je suis heureux de bénir la flamme olympique, qui est passée aujourd'hui par Rome sur son itinéraire vers Turin, siège des prochains Jeux olympiques d'hiver. Puisse cette flamme rappeler à tous les valeurs de la paix et de la fraternité qui sont à la base des Jeux olympiques.

Je vous salue, chers pèlerins francophones. Que la Vierge immaculée vous aide à accueillir dans vos coeurs le mystère de l'Incarnation, source de notre joie, pour devenir des disciples du Sauveur et des serviteurs attentifs de vos frères.

Bonne fête à tous!



38
Place Saint-Pierre

III Dimanche de l'Avent, 11 décembre 2005

Chers frères et soeurs!


Après avoir célébré la solennité de l'Immaculée Conception de Marie, nous entrons ces jours-ci dans le climat suggestif de la préparation au Saint Noël prochain, et nous voyons déjà ici que l'arbre a été installé. Dans la société de consommation actuelle, ce temps subit malheureusement une sorte d'"empoisonnement" commercial, qui risque d'en altérer l'esprit authentique, caractérisé par le recueillement, la sobriété et une joie non pas extérieure, mais intime. Il est donc providentiel que, presque comme une porte d'entrée au Noël, ait lieu la fête de Celle qui est la Mère de Jésus, et qui mieux que quiconque peut nous guider pour connaître, aimer, adorer le Fils de Dieu fait homme. Laissons-La donc nous accompagner; que ses sentiments nous animent, afin que nous nous disposions, le coeur sincère et l'esprit ouvert, à reconnaître dans l'Enfant de Bethléem le Fils de Dieu venu sur terre pour notre rédemption. Marchons avec Elle dans la prière, et accueillons l'invitation répétée que nous adresse la liturgie de l'Avent à demeurer dans l'attente, une attente vigilante et joyeuse, parce que le Seigneur ne tardera pas: Il vient libérer son peuple du péché.

Dans de nombreuses familles, suivant une belle tradition consolidée, immédiatement après la fête de l'Immaculée, on commence à construire la crèche, comme pour revivre avec Marie ces jours pleins de trépidation qui précédèrent la naissance de Jésus. Construire la crèche dans la maison peut se révéler un moyen simple, mais efficace de présenter la foi pour la transmettre à ses enfants. La crèche nous aide à contempler le mystère de l'amour de Dieu, qui s'est révélé dans la pauvreté et la simplicité de la grotte de Bethléem. Saint François d'Assise fut à ce point frappé par le mystère de l'incarnation qu'il voulut le reproposer à Greccio dans la crèche vivante, devenant de cette façon le précurseur d'une longue tradition populaire qui conserve aujourd'hui encore sa valeur pour l'évangélisation. La Crèche peut en effet nous aider à comprendre le secret du véritable Noël, parce qu'elle parle de l'humilité et de la bonté miséricordieuse du Christ qui, "s'est fait pauvre, de riche qu'il était" (
2Co 8,9) pour nous. Sa pauvreté enrichit ceux qui l'embrassent et le Noël apporte la joie et la paix à ceux qui, comme les pasteurs de Bethléem, accueillent les paroles de l'Ange: "Et ceci vous servira de signe: vous trouverez un nouveau-né, enveloppé de langes, et couché dans une crèche" (Lc 2,12). Cela demeure le signe, pour nous aussi, hommes et femmes de l'An 2000. Il n'y a pas d'autre Noël.

Comme le faisait le bien-aimé Jean-Paul II, dans peu de temps, moi aussi, je bénirai les Bambinelli(Enfants-Jésus) que les enfants de Rome placeront dans la Crèche de leur maison. A travers ce geste de bénédiction, je voudrais invoquer l'aide du Seigneur afin que toutes les familles chrétiennes se préparent à célébrer avec foi les prochaines fêtes de Noël. Que Marie nous aide à entrer dans le véritable esprit de Noël.

Au terme de l'Angelus

Cette année aussi, au cours du temps de l'Avent, le diocèse de Rome propose l'initiative "De nouvelles églises pour Rome", visant à sensibiliser la communauté ecclésiale sur la nécessité de construire de nouvelles structures paroissiales dans les quartiers qui en sont encore privés. Tandis que je remercie tous ceux qui, à travers leur engagement généreux, ont permis, au cours de ces années, de doter de nombreux quartiers de la périphérie de centres pastoraux appropriés, je fais appel à la sensibilité de tous car il reste encore beaucoup à faire pour assurer aux fidèles de cette ville, qui continue de croître, des lieux adéquats pour la liturgie, la catéchèse et les oeuvres d'animation sociale et culturelle.

Je rappelle, en outre, que jeudi prochain, 15 décembre, dans la Basilique Saint-Pierre, je rencontrerai les membres des Universités romaines. J'invite chacun à s'unir à ce moment de prière en préparation à Noël.

A vous, chers pèlerins francophones, j'adresse un cordial salut. En ce temps de l'Avent, puissiez-vous préparer les chemins du Seigneur dans votre coeur et dans vos familles, pour devenir ses témoins dans le monde.

Je salue avec affection les groupes de pèlerins italiens présents; en particulier les nombreux jeunes des aumôneries et des paroisses de Rome venus avec leur "Bambinelli" et les statues de la crèche, que je viens de bénir.

39 Je souhaite à tous un bon dimanche et un bon Avent.



Place Saint-Pierre

IV Dimanche de l'Avent, 18 décembre 2005




Chers frères et soeurs!

En ces derniers jours de l'Avent, la liturgie nous invite à contempler de façon particulière la Vierge Marie et saint Joseph, qui ont vécu avec une intensité unique le temps de l'attente et de la préparation de la naissance de Jésus. Je désire aujourd'hui porter mon regard sur la figure de saint Joseph. Dans la page évangélique de ce jour, saint Luc présente la Vierge Marie comme "fiancée à un homme du nom de Joseph, de la maison de David" (
Lc 1,27). C'est toutefois l'évangéliste Matthieu qui accorde le plus d'importance au père putatif de Jésus, en soulignant que, à travers lui, l'Enfant résultait légalement inscrit dans la descendance de David, et accomplissait ainsi les Ecritures, dans lesquelles le Messie était prophétisé comme "fils de David". Mais le rôle de Joseph ne peut certainement pas se réduire à cet aspect juridique. Il est le modèle de l'homme "juste" (Mt 1,19), qui, en parfaite harmonie avec son épouse, accueille le Fils de Dieu fait homme et veille sur sa croissance humaine. C'est pourquoi, au cours des jours qui précèdent Noël, il est plus que jamais opportun d'établir une sorte de dialogue spirituel avec saint Joseph, afin qu'il nous aide à vivre en plénitude ce grand mystère de la foi.

Le bien-aimé Pape Jean-Paul II, qui avait une profonde dévotion pour saint Joseph nous a laissé une méditation admirable qui lui est consacrée dans l'Exhortation apostolique Redemptoris Custos, "Le Gardien du Rédempteur". Parmi les nombreux aspects qu'il met en lumière, un accent particulier est placé sur le silence de saint Joseph. Son silence est un silence empreint de contemplation du mystère de Dieu, dans une attitude de disponibilité totale aux volontés divines. En d'autres termes, le silence de saint Joseph ne manifeste pas un vide intérieur, mais au contraire la plénitude de foi qu'il porte dans son coeur, et qui guide chacune de ses pensées et chacune de ses actions. Un silence grâce auquel Joseph, à l'unisson avec Marie, conserve la Parole de Dieu, connue à travers les Ecritures Saintes, en la confrontant en permanence avec les événements de la vie de Jésus; un silence tissé de prière constante, prière de bénédiction du Seigneur, d'adoration de sa sainte volonté et de confiance sans réserve à sa providence. Il n'est pas exagéré de penser que c'est précisément de son "père" Joseph que Jésus a appris - sur le plan humain - la solidité intérieure qui est le présupposé de la justice authentique, la "justice supérieure" qu'Il enseignera un jour à ses disciples (cf. Mt Mt 5,20).

Laissons-nous "contaminer" par le silence de saint Joseph! Nous en avons tant besoin, dans un monde souvent trop bruyant, qui ne favorise pas le recueillement et l'écoute de la voix de Dieu. En ce temps de préparation à Noël, cultivons le recueillement intérieur, pour accueillir et conserver Jésus dans notre vie.

Après l'Angelus:

En ce dernier dimanche de l'Avent, puissiez-vous, chers pèlerins de langue française, ouvrir votre coeur au Christ qui vient habiter dans notre monde, à l'exemple de Marie, la Servante du Seigneur, pour faire comme elle la volonté de Dieu, qui nous rend libres. Avec mon salut cordial et affectueux.

Merci à tous pour votre visite appréciée. Bon dimanche.





Fête de saint Etienne protomartyr

40
Lundi 26 décembre 2005




Chers frères et soeurs!

Après avoir célébré hier avec solennité le Noël du Christ, nous faisons aujourd'hui mémoire de la naissance au ciel de saint Etienne, le premier martyr. Un lien particulier unit ces deux fêtes et il est bien résumé dans la liturgie ambrosienne par cette affirmation: "Hier le Seigneur est né sur la terre pour qu'Etienne naisse au ciel" (A la fraction du pain). Comme Jésus sur la Croix s'est entièrement remis au Père et a pardonné à ses bourreaux, de même Etienne, au moment de sa mort, prie en disant: "Seigneur Jésus, reçois mon esprit"; et encore: "Seigneur, ne leur impute pas ce péché" (Cf.
Ac 7,59-60). Etienne est un authentique disciple de Jésus et son parfait imitateur. Avec lui commence une longue série de martyrs qui ont scellé leur foi par l'offrande de leur vie, en proclamant à travers leur témoignage héroïque que Dieu s'est fait homme pour ouvrir le Royaume des Cieux à l'homme.

Dans le climat de joie de Noël, la référence au martyr de saint Etienne ne doit pas sembler déplacée. En effet, sur la mangeoire de Bethléem s'étend déjà l'ombre de la croix. Elle est déjà annoncée par la pauvreté de l'étable où pleure l'Enfant, par la prophétie de Siméon sur le signe de contradiction et sur l'épée destinée à transpercer l'âme de la Vierge, par la persécution d'Hérode qui rendra nécessaire la fuite en Egypte. Il ne faut pas s'étonner qu'un jour cet Enfant, une fois devenu adulte, demande à ses disciples de le suivre sur le chemin de la Croix avec une confiance et une fidélité totales. Attirés par son exemple et soutenus par son amour, de nombreux chrétiens, dès les origines de l'Eglise, témoigneront de leur foi par l'effusion du sang. Aux premiers martyrs, d'autres suivront au cours des siècles jusqu'à nos jours. Comment ne pas reconnaître qu'encore à notre époque, dans diverses régions du monde, professer la foi chrétienne exige l'héroïsme des martyrs? Comment ne pas dire ensuite que partout, même là où il n'y a pas de persécutions, vivre avec cohérence l'Evangile implique de payer un prix élevé?

En contemplant le divin Enfant dans les bras de Marie et en regardant l'exemple de saint Etienne, nous demandons au Seigneur la grâce de vivre avec cohérence notre foi, toujours prêts à répondre à quiconque nous demande raison de l'espérance qui est en nous (cf. 1P 3,15).

Au terme de l'Angelus

Je vous salue cordialement, chers pèlerins francophones. En la fête de saint Étienne, premier martyr, et dans la joie de Noël que vous avez pu vivre en famille, puissiez-vous être artisans de paix et témoins de l’amour infini de Dieu pour nous.

J'adresse enfin mes salutations cordiales à vous tous, pèlerins de langue italienne, et je vous souhaite de conserver ces prochains jours l'atmosphère spirituelle de joie et de sérénité de Noël.




BENOÎT XVI  ANGELUS 2006

MESSE EN LA SOLENNITÉ DE LA TRÈS SAINTE MÈRE DE DIEU ET

DE LA XXXIX JOURNÉE MONDIALE DE LA PAIX

BENOÎT XVI

41
Place Saint-Pierre

Dimanche 1 janvier 2006

Chers frères et soeurs,

En ce premier jour de l'année, l'Eglise fixe son regard sur la Mère céleste de Dieu, qui serre dans ses bras l'Enfant Jésus, source de toute bénédiction. "Salut à toi, Sainte Mère - chante la liturgie - tu as mis au monde le Roi qui gouverne le ciel et la terre pour les siècles des siècles". Dans le coeur maternel de Marie, émerveillé, a résonné l'annonce des anges à Bethléem: "Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu'il aime" (Lc 2,14). Et l'Evangile ajoute que Marie "conservait avec soin toutes ces choses, les méditant en son coeur" (Lc 2,19). Comme Elle, l'Eglise conserve et médite également la Parole de Dieu, la confrontant avec les situations diverses et changeantes qu'elle rencontre sur son chemin.

En regardant le Christ, venu sur la terre pour nous donner sa paix, nous célébrons lors du Nouvel An, la "Journée mondiale de la Paix", lancée à l'initiative du Pape Paul VI, il y a trente-huit ans. Dans mon premier message à cette occasion, j'ai voulu cette année reprendre un thème qui revient fréquemment dans le magistère de mes vénérés prédécesseurs, depuis la mémorable Encyclique du bienheureux Pape Jean XXIII Pacem in terris: le thème de la vérité comme fondement d'une paix authentique. "Dans la vérité, la paix": c'est la devise que je soumets à la réflexion de toute personne de bonne volonté. Lorsque l'homme se laisse éclairer par la splendeur de la vérité, il devient intérieurement un courageux artisan de paix. Le temps liturgique que nous sommes en train de vivre est porteur d'une grande leçon: pour accueillir le don de la paix, nous devons nous ouvrir à la vérité qui s'est révélée dans la personne de Jésus, qui nous a enseigné le "contenu" et en même temps la "méthode" de la paix, c'est-à-dire l'amour. Dieu, en effet, qui est l'Amour parfait et durable, s'est révélé en Jésus, en épousant notre condition humaine. Il nous a ainsi également indiqué le chemin de la paix : le dialogue, le pardon, la solidarité. Voilà l'unique chemin qui conduit à la paix véritable.

Tournons notre regard vers la Très Sainte Vierge Marie, qui bénit aujourd'hui le monde entier, en montrant son divin Fils, le "prince de la paix" (Is 9,5). Invoquons avec confiance sa puissante intercession, afin que la famille humaine, puisse, en s'ouvrant au message de l'Evangile, vivre l'année qui commence aujourd'hui, dans la fraternité et la paix. Avec ces sentiments je vous adresse à tous, à vous ici présents Place Saint Pierre et à tous ceux qui sont unis à nous à travers la radio et la télévision, mes plus sincères voeux de paix et de bien.

A l'issue de l'Angelus

Chers amis,
J'exprime ma vive reconnaissance à Monsieur le Président de la République italienne, pour les voeux qu'il m'a adressés lors de son traditionnel message de fin d'année. J'y réponds cordialement, en l'assurant, ainsi que le peuple italien, de mon souvenir dans la prière.

J'adresse ensuite une pensée particulière à tous ceux qui, dans les diocèses du monde entier, ont donné naissance à des moments de prière et d'engagement pour la paix. Je veux rappeler, en particulier, la marche organisée par la Conférence épiscopale italienne et par Pax Christi, qui s'est déroulée hier à Trente; ainsi que celle organisée par la Communauté de Sant'Egidio ici présente, à Rome et dans de nombreuses villes du monde pour la journée d'aujourd'hui; je salue les participants réunis ici. Merci pour ce geste.

Chers pèlerins francophones, je vous adresse mes voeux cordiaux en ce premier jour de l'année. Qu'en ce dimanche, vous puissiez, avec l'aide de Marie, contempler le mystère du Christ, qui s'est fait homme pour notre salut, nous découvrant ainsi le sens de toute notre existence. Je confie toutes les familles, en particulier les enfants, à la tendresse de Notre-Dame.

Je salue tous les pèlerins de langue anglaise présents aujourd'hui à la prière de l'Angelus, et en particulier les nombreux Pueri Cantores, que je remercie pour leurs beaux chants lors de la Messe de ce matin dans la Basilique Saint-Pierre. Je vous souhaite à tous une nouvelle année pleine de la joie et du réconfort de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ! A travers l'intercession de sa Bienheureuse Mère la Vierge Marie, puissent les chrétiens, partout dans le monde, avoir le courage de se faire les promoteurs du pardon, de la réconciliation et de la paix!

Bonne année à tous! Merci beaucoup!



SOLENNITÉ DE L'ÉPIPHANIE DU SEIGNEUR Place Saint-Pierre, Vendredi 6 janvier 2006

60106 Chers frères et soeurs,

Nous célébrons aujourd'hui l'Epiphanie du Seigneur, c'est-à-dire sa manifestation aux nations, représentées par les Rois mages, mystérieux personnages venus d'Orient, dont parle l'Evangile de saint Matthieu (
Mt 2,1-12). L'adoration de Jésus par les Rois mages fut immédiatement reconnue comme accomplissement des Ecritures prophétiques. "Les nations marcheront vers ta lumière - lit-on dans le livre d'Isaïe - et les rois, vers la clarté de ton aurore... apportant l'or et l'encens et proclamant les louanges du Seigneur" (Is 60,3 Is 60,6). La lumière du Christ, qui est comme contenue dans la grotte de Bethléem, rayonne aujourd'hui dans toute sa portée universelle. Ma pensée se tourne en particulier vers les frères et soeurs bien-aimés des Eglises d'Orient, qui, selon le Calendrier Julien, célèbrent aujourd'hui Noël: je leur adresse mes voeux les plus cordiaux de paix et de bien dans le Seigneur.

Aujourd'hui, vient spontanément à l'esprit la Journée mondiale de la Jeunesse. Celle-ci a rassemblé à Cologne en août dernier, et beaucoup d'entre vous étaient là-bas, plus d'un million de jeunes qui avaient pour devise les paroles des Rois mages se rapportant à Jésus: "Nous sommes venus l'adorer" (Mt 2,2). Combien de fois les avons-nous entendues et répétées! Maintenant nous ne pouvons pas les entendre sans revenir en esprit à cet événement mémorable, qui a constitué une authentique "épiphanie". En effet, le pèlerinage des jeunes, dans sa dimension plus profonde, peut être vu comme un itinéraire guidé par la lumière d'une "étoile", l'étoile de la foi. Et aujourd'hui, je suis heureux d'étendre à toute l'Eglise le message que j'ai alors proposé aux jeunes rassemblés sur les rives du Rhin: "Ouvrez tout grand votre coeur à Dieu, laissez-vous surprendre par le Christ! Ouvrez les portes de votre liberté à son amour miséricordieux! Exposez vos joies et vos peines au Christ, le laissant illuminer votre intelligence de sa lumière et toucher de sa grâce votre coeur!" (Discours du 18 août 2005 lors de la cérémonie d'accueil des jeunes).

Je voudrais que dans toute l'Eglise on respire, comme à Cologne, l'atmosphère d'une "épiphanie", d'un authentique engagement missionnaire suscité par la manifestation du Christ, lumière du monde, envoyé par Dieu le Père pour réconcilier et unifier l'humanité par la force de l'amour. Dans cet esprit, prions avec ferveur pour la pleine unité de tous les chrétiens, afin que leur témoignage devienne ferment de communion pour le monde entier. Invoquons pour cela l'intercession de la Très Sainte Vierge Marie, Mère du Christ et Mère de l'Eglise.

Au terme de l'Angelus:

Chers amis, en la fête de l'Epiphanie, on célèbre la Journée missionnaire des Enfants, instituée par le Pape Pie XII, de vénérée mémoire. Avec la devise, "les enfants aident les enfants", l'Oeuvre pontificale de l'Enfance missionnaire soutient des milliers d'initiatives de solidarité, enseignant aux enfants à grandir avec un esprit d'ouverture au monde et d'attention aux difficultés des enfants de leur âge plus défavorisés. Je compte moi aussi sur la prière des enfants pour mon ministère, et je vois que j'y compte à juste titre, ainsi que sur leur participation active à la mission de l'Eglise.

Chers pèlerins francophones, en ce jour de l'Epiphanie, je vous invite à adorer le Christ comme les Mages, afin de vous laisser transformer par lui et de repartir vers vos frères pour en rendre témoignage, par des chemins nouveaux. Avec mes voeux de sainte année et mon affectueuse Bénédiction.

Je souhaite à tous une bonne fête de l'Epiphanie.



Angelus Benoit XVI 35