Angelus Benoit XVI 8016

Fête du Baptême du Seigneur Place Saint-Pierre, le 8 janvier 2006

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Chers frères et soeurs!


En ce dimanche après la solennité de l'Epiphanie, nous célébrons la fête du Baptême du Seigneur, qui conclut le temps liturgique de Noël. Aujourd'hui, nous portons notre regard sur Jésus qui, à l'âge de trente ans environ, se fit baptiser par Jean dans le fleuve Jourdain. Il s'agissait d'un baptême de pénitence, qui utilisait le symbole de l'eau pour exprimer la purification du coeur et de la vie. Jean, appelé le "Baptiste", c'est-à-dire "celui qui baptise", prêchait ce baptême à Israël pour préparer la venue imminente du Messie; et il disait à tous qu'après lui serait venu un autre, plus grand que lui, qui aurait baptisé non pas avec l'eau, mais avec l'Esprit Saint (cf. Mc
Mc 1,7-8). Et voici que lorsque Jésus fut baptisé dans le Jourdain, l'Esprit Saint descendit, se posa sur Lui sous l'apparence physique d'une colombe, et Jean le Baptiste reconnut qu'Il était le Christ, l'"Agneau de Dieu" venu ôter le péché du monde (cf. Jn Jn 1,29). C'est pourquoi le Baptême au Jourdain est lui aussi une "épiphanie", une manifestation de l'identité messianique du Seigneur et de son oeuvre rédemptrice qui culminera dans un autre "baptême", celui de sa mort et de sa résurrection, pour laquelle le monde entier sera purifié dans le feu de la divine miséricorde (cf. Lc Lc 12,49-50).

En cette fête, Jean-Paul II avait l'habitude d'administrer le sacrement du Baptême à plusieurs enfants. Pour la première fois, ce matin, j'ai eu moi aussi la joie de baptiser dix nouveau-nés dans la Chapelle Sixtine. A ces petits et à leurs familles, ainsi qu'aux parrains et aux marraines, je renouvelle avec affection mon salut. Le baptême des enfants exprime et accomplit le mystère de la nouvelle naissance à la vie divine dans le Christ: les parents croyants portent leurs enfants sur les fonts baptismaux, qui représentent le "sein" de l'Eglise, dans les eaux bénies desquelles sont engendrés les fils de Dieu. Le don reçu par les nouveau-nés exige qu'ils l'accueillent, une fois devenus adultes, de façon libre et responsable: ce processus de maturation les conduira ensuite à recevoir le sacrement de la Confirmation qui, précisément, confirmera le Baptême et conférera à chacun le "sceau" de l'Esprit Saint.

Chers frères et soeurs, que la solennité d'aujourd'hui soit une occasion propice pour tous les chrétiens de redécouvrir avec joie la beauté de leur Baptême, qui, s'il est vécu avec foi, est une réalité toujours actuelle: il nous renouvelle continuellement, à l'image de l'homme nouveau, dans la sainteté des pensées et des actions. En outre, le Baptême unit les chrétiens de toute confession. En tant que baptisés, nous sommes tous fils de Dieu en Jésus Christ, notre Maître et Seigneur. Que la Vierge Marie nous obtienne de comprendre toujours plus la valeur de notre Baptême et d'en témoigner à travers une conduite de vie digne.

Je souhaite à tous un bon dimanche.

A l'issue de l'Angelus:

Chers pèlerins francophones, au jour où nous célébrons le Baptême du Seigneur, que chacun se souvienne de son Baptême, rendant grâce pour ce don de Dieu, faisant de nous ses fils et nous appelant à vivre dans cette nouvelle dignité. Avec mon affectueuse Bénédiction.



Place Saint-Pierre


Dimanche 15 janvier 2006

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Chers frères et soeurs!


Dimanche dernier, au cours duquel nous avons célébré le Baptême du Seigneur, marquait le début du temps ordinaire de l'année liturgique. La beauté de ce temps est qu'il nous invite à vivre notre vie ordinaire comme un itinéraire de sainteté, c'est-à-dire de foi et d'amitié avec Jésus que nous découvrons et redécouvrons continuellement comme Maître et Seigneur, Chemin, Vérité et Vie de l'homme. C'est ce que nous suggère l'Evangile de Jean, dans la liturgie d'aujourd'hui, en nous présentant la première rencontre entre Jésus et quelques-uns de ceux qui deviendront ses apôtres. Ces derniers étaient des disciples de Jean-Baptiste et c'est précisément lui qui les conduisit à Jésus lorsque, après le Baptême dans le Jourdain, il le désigna comme "l'Agneau de Dieu" (
Jn 1,36). Deux de ses disciples suivirent alors le Messie qui leur demanda: "Que cherchez-vous?". Les deux disciples lui demandèrent: "Maître, où demeures-tu?" Et Jésus répondit: "Venez et voyez". Il les invita donc à le suivre et à demeurer un peu avec Lui. Ils furent tellement impressionnés lors de ces quelques heures passées en compagnie de Jésus, que l'un d'entre eux, André, en parla immédiatement à son frère Simon, lui disant: "Nous avons trouvé le Messie". Voici deux paroles particulièrement significatives: "chercher", "trouver".

Nous pouvons tirer ces deux verbes de la page de l'Evangile d'aujourd'hui et y puiser une indication fondamentale pour la nouvelle année, que nous souhaitons être un temps pour renouveler notre cheminement spirituel avec Jésus, dans la joie de le chercher et de le trouver sans cesse. La joie la plus véritable réside en effet dans la relation avec Celui que nous avons rencontré, suivi, connu, aimé, grâce à une tension continuelle de l'esprit et du coeur. Etre disciple du Christ suffit au chrétien. L'amitié avec le Maître assure à l'âme une paix profonde et la sérénité, même dans les moments sombres et dans les épreuves les plus difficiles. Lorsque la foi connaît des nuits obscures, dans lesquelles on ne "sent" plus et on ne "voit" plus la présence de Dieu, l'amitié de Jésus est l'assurance qu'en réalité rien ne pourra jamais nous séparer de son amour (cf. Rm Rm 8,39).

Chercher et trouver le Christ, source intarissable de vérité et de vie: la Parole de Dieu nous invite à reprendre, au début d'une nouvelle année, ce chemin de foi jamais achevé. "Maître, où demeures-tu?" demandons-nous nous aussi à Jésus, qui nous répond: "Venez et voyez". Pour le croyant, il s'agit toujours d'une recherche permanente et d'une nouvelle découverte, car le Christ est le même hier, aujourd'hui et à jamais, mais nous, le monde, l'histoire, ne sommes jamais les mêmes, et Il vient à notre rencontre pour nous donner sa communion et la plénitude de la vie. Demandons à la Vierge Marie de nous aider à suivre Jésus, en goûtant chaque jour la joie de pénétrer toujours davantage dans son mystère.

A l'issue de l'Angelus:

On célèbre aujourd'hui la Journée mondiale des Migrants et des Réfugiés. Les migrations constituent un phénomène particulièrement répandu dans le monde actuel: il s'agit d'un "signe des temps". Ce phénomène se présente de façons très diverses: la migration peut en effet être volontaire ou forcée, légale ou clandestine, motivée par le travail ou les études. Si, d'une part, on affirme le respect des diversités ethniques et culturelles, d'autre part, les difficultés d'accueil et d'intégration persistent. L'Eglise invite à saisir le côté positif que ce signe des temps revêt, en surmontant toute forme de discrimination, d'injustice et de mépris de la personne humaine, car tout homme est à l'image de Dieu.

Le diocèse de Rome célèbre aujourd'hui la Journée de l'Ecole catholique. Je salue les dirigeants, les enseignants, les parents et les élèves ici rassemblés, et je les encourage à poursuivre leur engagement au service d'une éducation intégrale, qui s'efforce d'unir la qualité de l'instruction et la conception chrétienne de l'homme et de la société. Je forme le voeu que la collaboration entre la famille et l'école soit constante, et que le service assuré par les écoles catholiques soit pleinement reconnu. Bonne année scolaire!

Je vous salue cordialement, chers pèlerins francophones, vous invitant, comme les premiers disciples, à partir à la recherche du Christ et à devenir ses compagnons, pour le suivre et trouver avec lui le bonheur véritable, qui transforme l'existence et lui donne tout son sens. Avec ma Bénédiction.

Je souhaite à tous un bon dimanche.



Place Saint-Pierre

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Dimanche 22 janvier 2006

Chers frères et soeurs!


Le Dimanche d'aujourd'hui se situe à mi-chemin de la "Semaine de prière pour l'unité des chrétiens", qui est célébrée chaque année du 18 au 25 janvier. Il s'agit d'une initiative, née au début du siècle dernier, qui a connu un développement positif, devenant toujours plus un moment oecuménique de référence, au cours duquel les chrétiens de diverses confessions dans le monde entier prient et réfléchissent, à partir d'un même texte biblique. Cette année, le passage choisi est tiré du chapitre 18 de l'Evangile de Matthieu, dans lequel sont rapportés certains enseignements de Jésus concernant la communauté des disciples. Il affirme entre autres: "Si deux d'entre vous, sur la terre, unissent leur voix pour demander quoi que soit, cela leur sera accordé par mon Père qui est aux cieux. Que deux ou trois, en effet, soient réunis en mon nom, je suis là au milieu d'eux" (Mt 18,19-20).

Que de confiance et d'espérance procurent ces paroles du Seigneur Jésus! En particulier, elles poussent les chrétiens à demander ensemble à Dieu cette pleine unité entre eux, pour laquelle le Christ lui-même, avec une insistance pressante, a prié le Père au cours de la Dernière Cène (cf. Jn Jn 17,11 Jn Jn 17,21 Jn Jn 17,23). On comprend mieux alors combien il est important que nous, chrétiens, invoquions le don de l'unité avec une persévérance constante. Si nous le faisons avec foi, nous pouvons être certains que notre prière sera exaucée. Nous ne savons pas comment, ni pourquoi, car il ne nous est pas donné de le connaître, mais nous ne devons pas douter qu'un jour, nous serons "une seule chose", comme Jésus et le Père sont unis dans l'Esprit Saint.

La prière pour l'unité constitue l'âme du mouvement oecuménique qui, grâce à Dieu, progresse dans le monde entier. Certes, les difficultés et les épreuves ne manquent pas, mais celles-ci ne sont pas non plus privées d'utilité spirituelle, car elles nous poussent à faire preuve de patience et de persévérance et à croître dans la charité fraternelle. Dieu est amour, et ce n'est qu'en nous convertissant à Lui et en acceptant sa parole que nous serons tous unis dans l'unique Corps mystique du Christ. L'expression "Dieu est amour", qui, en latin se dit: "Deus caritas est", est le titre de ma première Encyclique, qui sera publiée mercredi prochain, 25 janvier, fête de la Conversion de saint Paul. Je suis heureux que cela coïncide avec la conclusion de la Semaine de prière pour l'unité des chrétiens: ce jour-là, je me rendrai dans la Basilique Saint-Paul pour présider les Vêpres, auxquelles prendront part également les Représentants des autres Eglises et communautés ecclésiales. Que la Vierge Marie, Mère de l'Eglise, intercède pour nous.

Au terme de l'Angelus:

Il y a cinq cents ans, le 22 janvier 1506, le Pape Jules II accueillait et bénissait le premier contingent de Gardes suisses, venus à Rome pour assurer la défense de sa personne et du Palais apostolique. C'est ainsi que naissait la Garde suisse pontificale, que nous voyons réunie ici Place Saint-Pierre dans toute sa splendeur. Merci pour votre service qui dure depuis cinq cents ans. En rappelant cet événement historique, je suis heureux de saluer tous ceux qui composent aujourd'hui ce Corps de grand mérite, auquel, en signe d'appréciation et de reconnaissance, je donne de tout coeur une Bénédiction apostolique particulière.

Je salue cordialement les anciens Gardes suisses, qui viennent de commémorer à Fribourg le cinq centième anniversaire de la fondation du Corps de Gardes suisses, les remerciant de leur fidélité à l'Eglise et au Successeur de Pierre. Mon salut va aussi à vous tous, pèlerins francophones. Au cours de la Semaine de prière pour l'unité des chrétiens, je vous invite à prier pour que les fidèles du Christ fassent la volonté du Seigneur, qui veut rassembler tous ses disciples dans l'unité, afin qu'ils soient signe de l'unité trinitaire et de l'amour de Dieu. Avec ma Bénédiction.



Appel pour la Côte-d'Ivoire
Parmi les nombreuses préoccupations pour la situation internationale, ma pensée se tourne à nouveau aujourd'hui vers l'Afrique, et en particulier vers la Côte-d'Ivoire, où persistent de graves tensions entre les différentes catégories sociales et politiques du pays. J'adresse à tous une invitation à poursuivre la voie du dialogue constructif, en vue de la réconciliation et de la paix Je confie ces intentions à l'intercession de la Sainte Vierge, tant aimée du peuple ivoirien.

Je souhaite à tous un bon dimanche.



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Place Saint-Pierre

Dimanche 29 janvier 2006

Chers frères et soeurs!


Dans l'Encyclique publiée mercredi dernier, j'ai voulu rappeler, en réaffirmant le primat de la charité dans la vie du chrétien et de l'Eglise, que les témoins privilégiés de ce primat sont les saints, qui ont fait de leur existence, avec une multitude de nuances diverses, un hymne au Dieu Amour. La liturgie nous les fait célébrer tous les jours de l'année. Je pense, par exemple, à ceux que nous commémorons en ces jours: l'Apôtre Paul avec les disciples Timothée et Tite, sainte Angela Merici, saint Thomas d'Aquin, saint Jean Bosco. Ce sont des saints très différents entre eux: les premiers appartiennent aux débuts de l'Eglise, et sont les missionnaires de la première évangélisation; au Moyen-Age, Thomas d'Aquin est le modèle de théologien catholique qui rencontre dans le Christ la synthèse suprême de la vérité et de l'amour; à l'époque de la Renaissance, Angela Merici propose une vie de sainteté également pour ceux qui vivent dans le milieu laïc; à l'époque moderne, dom Bosco, enflammé par la charité de Jésus Bon Pasteur, prend soin des enfants les plus défavorisés et devient pour eux un père et un maître. En vérité, toute l'histoire de l'Eglise est une histoire de sainteté, animée par l'unique amour qui a sa source dans Dieu. En effet, seule la charité surnaturelle, comme celle qui jaillit toujours nouvelle du coeur du Christ, peut expliquer la prodigieuse floraison, au cours des siècles, d'Ordres, d'Instituts religieux masculins et féminins, et d'autres formes de vie consacrée. Dans l'Encyclique, j'ai cité parmi les saints les plus célèbres en raison de leur charité Jean de Dieu, Camille de Lellis, Vincent de Paul, Louise de Marillac, Joseph Cottolengo, Louis Orione, Teresa de Calcutta (cf. n. 40).

Cette multitude d'hommes et de femmes, que l'Esprit du Christ a façonnés en faisant d'eux des modèles de dévouement évangélique, nous amène à considérer l'importance de la vie consacrée comme expression et école de charité. Le Concile Vatican II a souligné que l'imitation du Christ dans la chasteté, dans la pauvreté, et dans l'obéissance, est entièrement orientée vers la poursuite de la charité parfaite (cf. décret Perfectae caritatis PC 1). C'est précisément pour mettre en lumière l'importance et la valeur de la vie consacrée, que l'Eglise célèbre, le 2 février prochain, fête de la Présentation du Seigneur au Temple, la Journée de la Vie consacrée. Dans l'après-midi, comme aimait le faire Jean-Paul II, je présiderai dans la Basilique vaticane la Messe à laquelle sont invités de façon particulière les hommes et les femmes consacrés qui vivent à Rome. Ensemble, nous rendrons grâce à Dieu pour le don de la vie consacrée et nous prierons afin qu'elle continue à être dans le monde un signe éloquent de son amour miséricordieux.

A présent, nous nous tournons vers la Très Sainte Vierge Marie, miroir de charité. Qu'avec son aide maternelle, les chrétiens, et de façon particulière les personnes consacrées, puissent marcher d'un pas décidé et avec joie sur la route de la sainteté.

J'adresse mes salutations aux pèlerins de langue française, venus pour la prière de l'Angelus. Qu'à l'invitation du Christ dans l'Evangile de ce jour, chacun sache faire silence pour accueillir la Bonne Nouvelle, la méditer dans son coeur et en faire sa nourriture. C'est ainsi que les fidèles apprendront à aimer et à servir, conformant leur vie à celle du Sauveur.

En saluant les pèlerins polonais, je pense à l'accident tragique survenu hier soir à Katowice, dans lequel de nombreuses personnes ont perdu la vie. Je confie les disparus à la miséricorde de Dieu, je m'unis en esprit à leurs familles et à ceux qui ont été blessés dans cet accident. Je vous donne à tous ma Bénédiction cordiale.

Je salue les pèlerins de langue italienne, en particulier la Schola Cantorum "Santa Maria Assunta" de Gerano. Je salue également avec une grande affection les jeunes de l'Action catholique de Rome, qui sont réunis aujourd'hui Place Saint-Pierre, au terme du "Mois de la Paix". Avec leurs représentants, qui sont ici à mes côtés, nous libérerons deux colombes, symbole de paix. Chers jeunes! Je sais que vous vous êtes proposés de vous "entraîner à la paix", guidés par le grand "entraîneur" qu'est Jésus. C'est pourquoi je vous confie, à vous, membres de l'Action catholique des Jeunes, le devoir que j'ai proposé à tous dans le Message du 1 janvier: apprenez à dire la vérité et à la mettre en pratique, vous deviendrez ainsi des bâtisseurs de paix.

A présent, rendons la liberté à ces deux colombes... La colombe veut rester avec le Pape, apparemment, mais elle retrouvera la liberté. Bon dimanche à tous. Allons en paix.

On célèbre aujourd'hui la Journée mondiale des Malades de la lèpre, lancée il y a plus de cinquante ans par Raoul Follereau et poursuivie par les Associations qui s'inspirent de son oeuvre humanitaire. Je désire adresser un salut spécial à tous ceux qui souffrent de cette maladie, et j'encourage les missionnaires, les personnes qui travaillent dans le domaine de la santé et les bénévoles engagés dans ce service à l'homme. La lèpre est le symptôme d'un mal plus grave et plus vaste, qui est la pauvreté. C'est pourquoi, dans le sillage de mes prédécesseurs, je renouvelle mon appel aux responsables des nations, afin qu'ils unissent leurs efforts en vue de surmonter les graves déséquilibres qui pénalisent encore une grande partie de l'humanité.



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Place Saint-Pierre

Dimanche 5 février 2006

Chers frères et soeurs!


On célèbre aujourd'hui en Italie la Journée pour la Vie, qui constitue une précieuse occasion de prière et de réflexion sur les thèmes de la défense et de la promotion de la vie humaine, en particulier lorsqu'elle connaît des conditions difficiles. De nombreux fidèles laïcs qui oeuvrent dans ce domaine, et dont certains sont engagés dans le Mouvement pour la Vie, sont présents Place Saint-Pierre. Je leur adresse mon salut cordial, avec une pensée particulière pour le Cardinal Camillo Ruini qui les accompagne, et je renouvelle l'expression de ma reconnaissance pour l'oeuvre qu'ils accomplissent, afin de faire en sorte que la vie soit toujours accueillie comme un don et accompagnée avec amour.

Tandis que j'invite à méditer sur le message des Evêques italiens, qui a pour thème "Respecter la vie", je repense au bien-aimé Pape Jean-Paul II, qui a consacré une attention constante à ces problèmes. Je voudrais rappeler en particulier l'Encyclique Evangelium vitae, qu'il publia en 1995, et qui représente une authentique pierre milliaire dans le Magistère de l'Eglise sur une question si actuelle et décisive. En insérant les aspects moraux dans un vaste cadre spirituel et culturel, mon vénéré prédécesseur a répété à plusieurs reprises que la vie humaine est une valeur primordiale à reconnaître, et l'Evangile invite à toujours la respecter. A la lumière de ma récente Lettre encyclique sur l'amour chrétien, je voudrais également souligner l'importance du service de la charité pour le soutien et la promotion de la vie humaine. A cet égard, avant de mettre en place des initiatives pratiques, il est fondamental de promouvoir une juste attitude envers l'autre: la culture de la vie est en effet fondée sur l'attention aux autres, sans exclusion, ni discrimination. Toute vie humaine, en tant que telle, mérite et exige d'être toujours défendue et promue. Nous savons bien que cette vérité risque d'être souvent contredite par l'hédonisme diffus dans ce que l'on appelle les sociétés du bien-être: la vie est exaltée tant qu'elle est agréable, mais on tend à ne plus la respecter lorsqu'elle est sujette à la maladie ou au handicap. En partant en revanche de l'amour profond pour chaque personne, il est possible de mettre en oeuvre des formes efficaces de service à la vie: à celle naissante comme à celle marquée par la marginalisation ou par la souffrance, en particulier dans sa phase terminale.

La Vierge Marie a accueilli avec un amour parfait le Verbe de Vie, Jésus Christ, venu dans le monde afin que les hommes "aient la vie en abondance" (Jn 10,10). Nous lui confions les femmes qui attendent un enfant, les familles, les personnes travaillant dans le domaine de la médecine, ainsi que les volontaires qui se consacrent de nombreuses façons au service de la vie. Nous prions, en particulier, pour les personnes qui se trouvent dans des situations de plus grande difficulté.

A l'issue de l'Angelus

Aujourd'hui commence dans le diocèse de Rome la "Semaine pour la vie et la famille", dont le point culminant sera, dimanche prochain, le moment de fête consacré aux familles, au Sanctuaire de la Madone du Divin Amour. Pour cette initiative, qui exprime l'engagement prioritaire du diocèse dans la pastorale familiale, j'assure chacun de mon souvenir dans la prière.

Je vous salue cordialement, chers pèlerins francophones, et notamment les jeunes et les enseignants du collège Jeanne d'Arc de Cambrai, vous invitant à maintenir vive en vos coeurs la présence du Seigneur, pour aimer toujours davantage notre Père des cieux et pour vivre en enfants de lumière, dans la vérité, la solidarité et la fraternité avec tous. Avec ma Bénédiction apostolique.

Je souhaite à tous un bon dimanche.



Place Saint-Pierre

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Dimanche 12 février 2006



Chers frères et soeurs,

Hier, 11 février, fête liturgique de Notre-Dame de Lourdes, nous avons célébré la Journée mondiale du Malade dont les manifestations les plus importantes - incluant également un Congrès international sur la santé mentale, un thème toujours particulièrement actuel - se sont déroulées à Adelaïde, en Australie. La maladie est un trait typique de la condition humaine, qui peut devenir une métaphore réaliste de celle-ci, comme l'exprime saint Augustin dans l'une de ses prières: "Seigneur, ayez pitié de moi! Hélas! Voilà mes blessures, je ne les cache pas. Vous êtes le médecin, je suis le malade; vous êtes miséricordieux, je suis un misérable". (Conf. Livre X, n. 39).

Le Christ est le vrai "médecin" de l'humanité, que le Père céleste a envoyé dans le monde pour guérir l'homme, marqué dans son corps et son esprit par le péché et ses conséquences. Ces dimanches précisément, l'Evangile de Marc nous présente Jésus qui, au début de son ministère public se consacre tout entier à la prédication et à la guérison des malades dans les villages de Galilée. Les innombrables signes prodigieux qu'il accomplit sur les malades confirment la "bonne nouvelle" du Royaume de Dieu. L'Evangile d'aujourd'hui raconte la guérison d'un lépreux et exprime avec une grande force l'intensité de la relation entre Dieu et l'homme, résumée dans un merveilleux dialogue: "Si tu le veux, tu peux me purifier", dit le lépreux. "Je le veux, sois purifié", répond Jésus, le touchant de la main et le libérant de la lèpre (Mc 1,40-42). Nous voyons ici en quelque sorte concentrée toute l'histoire du salut: ce geste de Jésus qui tend la main et touche le corps couvert de plaies de la personne qui l'invoque, manifeste parfaitement la volonté de Dieu de guérir sa créature déchue, en lui redonnant la vie "en abondance" (Jn 10,10), la vie éternelle, pleine, heureuse. Le Christ est "la main" de Dieu tendue à l'humanité pour qu'elle puisse sortir des sables mouvants de la maladie et de la mort et se remettre debout sur le roc solide de l'amour divin (cf. Ps Ps 39,2-3).

Je voudrais aujourd'hui confier à Marie "Salus infirmorum" tous les malades, spécialement ceux qui, dans le monde entier, souffrent non seulement d'un problème de santé mais aussi de la solitude, de la pauvreté, de la marginalisation. J'adresse une pensée particulière également à ceux qui dans les hôpitaux et tout autre centre de soins assistent les malades et mettent tout en oeuvre pour leur guérison. Que la Sainte Vierge Marie aide chacun à trouver le réconfort dans le corps et dans l'esprit, grâce à une assistance médicale adaptée et à la charité fraternelle qui sait être attentive, concrète et solidaire.

A l'issue de l'Angelus

Il y a deux jours, les XX Jeux Olympiques d'hiver ont été ouverts à Turin. Je salue cordialement les organisateurs, les responsables du Comité olympique international et tous les athlètes, venus de toutes les parties du monde. Je forme le voeu que cette belle compétition sportive se déroule à l'enseigne des valeurs olympiques de la loyauté, de la joie et de la fraternité, apportant ainsi une contribution à la paix entre les peuples.

Précisément aujourd'hui 12 février, nous fêtons le 75 anniversaire de l'inauguration de Radio Vatican et du premier radiomessage adressé au monde par le Pape Pie XI qui avait chargé le scientifique Guglielmo Marconi de construire la station radiophonique du Vatican. Grâce à l'instrument de la radio, puis de la télévision, le message de l'Evangile et les paroles des Papes ont pu être transmis plus rapidement et plus facilement à toutes les nations.

Je vous salue, pèlerins francophones. Comme nous le dit saint Paul dans la lecture de ce jour, tout ce que vous faites, faites-le pour la gloire de Dieu, prenant conscience que vos actes sont, auprès de vos frères, des témoignages de la vérité de l'Evangile et de la liberté que nous donne le Christ. Avec mon affectueuse Bénédiction.

Je souhaite à tous un bon dimanche et une bonne semaine.



Place Saint-Pierre

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Dimanche 19 février 2006

Chers frères et soeurs!


En ces dimanches, la liturgie présente dans l'Evangile le récit de plusieurs guérisons accomplies par le Christ. Dimanche dernier, le lépreux; aujourd'hui, c'est au tour d'un paralytique, que quatre personnes conduisent à Jésus sur un grabat. Voyant leur foi, Il dit au paralytique: "Mon enfant, tes péchés sont remis" (Mc 2,5). Ce faisant, il indique qu'il veut guérir avant tout l'esprit. Le paralytique est l'image de chaque être humain, que le péché empêche d'être libre de ses mouvements, de marcher sur la voie du bien, de donner le meilleur de soi-même. En effet, le mal, en se nichant dans l'âme, emprisonne l'homme dans les liens du mensonge, de la colère, de l'envie et des autres péchés, et peu à peu, le paralyse. C'est pourquoi Jésus, suscitant le scandale des scribes présents, dit tout d'abord: "Tes péchés sont remis" et seulement ensuite, afin de prouver l'autorité qui lui a été conférée par Dieu de remettre ses péchés, ajoute: "Lève toi, prends ton grabat et va-t'en chez toi" (Mc 2,11) et le guérit totalement. Le message est clair: l'homme, paralysé par le péché, a besoin de la miséricorde de Dieu, que le Christ est venu lui donner, afin que, guéri dans son coeur, toute son existence puisse refleurir.

Aujourd'hui aussi, l'humanité porte les signes du péché, qui l'empêche de progresser d'un pas rapide dans ces valeurs de fraternité, de justice et de paix qu'elle s'est pourtant fixées comme objectifs dans des déclarations solennelles. Pourquoi? Qu'est-ce qui freine son chemin? Qu'est-ce qui paralyse son développement intégral? Nous savons bien que, sur le plan historique, les causes sont multiples et le problème est complexe. Mais la Parole de Dieu nous invite à avoir un regard de foi et à avoir confiance, comme ces personnes qui portèrent le paralytique, dans le fait que seul Jésus peut guérir véritablement. Le choix fondamental de mes prédécesseurs, en particulier du bien-aimé Jean-Paul II, a été de conduire les hommes de notre temps au Christ Rédempteur afin que, par l'intercession de Marie Immaculée, il puisse les guérir. Moi aussi, j'ai voulu poursuivre sur cette voie. De façon particulière, avec ma première Encylique Deus caritas est, j'ai voulu montrer Dieu comme source d'amour authentique aux croyants et au monde entier. Seul l'amour de Dieu peut renouveler le coeur de l'homme, et ce n'est que si elle guérit dans son coeur que l'humanité paralysée peut se relever et marcher. L'amour de Dieu est la véritable force qui renouvelle le monde.

Invoquons ensemble l'intercession de la Vierge Marie, afin que chaque homme s'ouvre à l'amour miséricordieux de Dieu et qu'ainsi, la famille humaine puisse être guérie en profondeur des maux qui l'affligent.

A l'issue de l'Angelus

Je vous salue, chers pèlerins francophones; avec l'aide de Marie, je vous invite à aller chaque jour à la rencontre du Christ, en trouvant, personnellement et en communauté, les moyens pour accéder à lui, comme l'ont fait les porteurs du paralytique dont nous parle l'Evangile de ce jour. Avec ma Bénédiction apostolique.

Nos coeurs se tournent en particulier vers tous ceux qui souffrent des conséquences dévastatrices du glissement de terrain aux Philippines. Je vous demande de vous unir à mes prières pour les victimes, pour leurs proches et pour tous ceux qui ont été touchés. Puissent les familles en deuil être réconfortées par la présence du Seigneur et puissent les sauveteurs être assurés de notre proximité et de notre soutien.

Je souhaite à tous un bon dimanche.





Place Saint-Pierre

Dimanche 26 février 2006

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Chers frères et soeurs!


L'Evangile de Marc, qui constitue le fil conducteur des célébrations du dimanche de cette année liturgique, offre un itinéraire catéchuménal qui conduit le disciple à reconnaître en Jésus le Fils de Dieu. Par une heureuse coïncidence, le passage d'aujourd'hui aborde le thème du jeûne: comme vous le savez, mercredi prochain commencera le temps du Carême, avec le rite des Cendres et le jeûne pénitentiel. La page évangélique apparaît donc particulièrement appropriée. On y raconte en effet que, tandis que Jésus était à table dans la maison de Lévi, le publicain, les pharisiens et les fidèles de Jean-Baptiste lui demandent pourquoi ses disciples ne jeûnent pas comme eux. Jésus répond que les invités à la noce ne peuvent pas jeûner pendant que l'époux est avec eux; ils jeûneront lorsque l'époux leur sera enlevé (
Mc 2,18-20). En disant cela, Jésus révèle son identité de Messie, Epoux d'Israël, venu pour les noces avec son peuple. Ceux qui le reconnaissent et l'accueillent avec foi sont en fête. Mais lui devra être rejeté et mis à mort précisément par les siens: c'est à ce moment-là, lors de sa passion et de sa mort, que viendra l'heure du deuil et du jeûne.

Comme je le disais, l'épisode évangélique anticipe la signification du Carême. En effet, celui-ci, dans son ensemble, commémore la passion du Seigneur, en préparation à la Pâque de la Résurrection. Au cours de cette période, on s'abstient de chanter l'alleluia et l'on est invité à pratiquer des formes opportunes de renoncement pénitentiel. Le temps du Carême ne doit pas être affronté avec un esprit "vieux", comme s'il s'agissait d'une obligation pesante et ennuyeuse, mais avec l'esprit nouveau de celui qui a trouvé en Jésus et dans son mystère pascal le sens de la vie, et qui sent que désormais tout doit se référer à Lui. Telle était l'attitude de l'Apôtre Paul, qui affirmait avoir tout quitté pour pouvoir connaître le Christ, "la puissance de sa résurrection et la communion à ses souffrances, lui devenir conforme dans sa mort, afin de parvenir si possible à ressusciter d'entre les morts" (Ph 3,10-11).

Que la Très Sainte Vierge Marie, qui, lorsque Jésus se dirigea de façon résolue vers Jérusalem pour y subir la Passion, le suivit avec une foi totale, soit notre guide et notre éducatrice dans notre itinéraire de Carême. Comme des "outres neuves", recevez le "vin nouveau" (Mc 2,22). Et ainsi, cette grâce, qu'elle-même, avec un instinct de Mère, avait sollicitée pour les époux de Cana, elle la reçut en premier sous la Croix, provenant du Coeur transpercé de son Fils, incarnation de l'amour de Dieu pour l'humanité (cf. Deus caritas est ).

Je souhaite à tous un bon dimanche.

A l'issue de l'Angelus

Je vous salue, chers pèlerins de langue française. Que la Parole de Dieu et l'Eucharistie soient votre nourriture spirituelle, pour que vous puissiez vivre chaque jour la nouveauté de l'Evangile, source de joie personnelle et dynamisme missionnaire. Avec ma Bénédiction apostolique.
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Le Pape condamne la violence perpétrée au nom de la religion

Ces jours-ci se succèdent les nouvelles de tragiques violences en Irak, où ont lieu des attentats également contre les mosquées. Il s'agit d'actions qui sèment le deuil, alimentent la haine et font gravement obstacle à l'oeuvre difficile de reconstruction du pays. Au Nigeria, se poursuivent depuis plusieurs jours des affrontements entre chrétiens et musulmans, qui provoquent de nombreuses victimes et la destruction d'églises et de mosquées. Tandis que j'exprime ma ferme condamnation pour la violation des lieux de culte, je confie au Seigneur tous les défunts et ceux qui les pleurent. J'invite également chacun à intensifier sa prière et sa pénitence, au cours du temps sacré du Carême, afin que le Seigneur éloigne de ces chères nations, et de tant d'autres lieux de la terre, la menace de tels conflits! Les fruits de la foi en Dieu ne sont pas des antagonismes dévastateurs, mais un esprit de fraternité et de collaboration pour le bien commun. Dieu, Créateur et Père de tous, demandera encore plus sévèrement des comptes à ceux qui versent en son nom le sang de leurs frères. Que tous, à travers l'intercession de la Sainte Vierge, se retrouvent en Lui, qui est la véritable paix!



Place Saint-Pierre

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I Dimanche de Carême, 5 mars 2006

Chers frères et soeurs!


Mercredi dernier, nous avons commencé le Carême, et aujourd'hui, nous célébrons le premier dimanche de ce temps liturgique, qui pousse les chrétiens à entreprendre un chemin de préparation à Pâques. Aujourd'hui, l'Evangile nous rappelle que Jésus, après avoir été baptisé dans le fleuve Jourdain, poussé par l'Esprit Saint, qui était descendu sur Lui, le révélant comme étant le Christ, se retira pendant quarante jours dans le désert de Judée, où il surmonta les tentations de satan (cf. Mc
Mc 1,12-13). En suivant leur Maître et Seigneur, les chrétiens eux aussi entrent spirituellement dans le désert du Carême pour affronter avec Lui "la lutte contre l'esprit du mal".

L'image du désert est une métaphore très éloquente de la condition humaine. Le Livre de l'Exode rapporte l'expérience du peuple d'Israël qui, sorti d'Egypte, accomplit un pèlerinage dans le désert du Sinaï pendant quarante ans avant de parvenir à la terre promise. Au cours de ce long voyage, les juifs ressentirent toute la force et l'insistance du tentateur, qui les poussait à perdre confiance dans le Seigneur et à revenir en arrière; mais, dans le même temps, grâce à la médiation de Moïse, ils apprirent à écouter la voix de Dieu, qui les appelait à devenir son peuple saint. En méditant sur cette page biblique, nous comprenons que pour réaliser pleinement la vie dans la liberté, il faut surmonter l'épreuve que la liberté elle-même comporte, c'est-à-dire la tentation. Ce n'est que libérée de l'esclavage du mensonge et du péché que la personne humaine, grâce à l'obéissance de la foi qui l'ouvre à la vérité, trouve le véritable sens de son existence et atteint la paix, l'amour et la joie.

C'est précisément pour cela que le Carême constitue un temps favorable pour un examen attentif de la vie dans le recueillement, la prière et la pénitence. Les Exercices spirituels qui, selon la tradition, se tiendront à partir de ce soir jusqu'à samedi prochain ici, dans le Palais apostolique, m'aideront, ainsi que mes collaborateurs de la Curie romaine, à entrer avec une plus grande conscience dans ce climat quadragésimal caractéristique. Chers frères et soeurs, tandis que je vous demande de m'accompagner par vos prières, je vous assure de mon souvenir dans le Seigneur afin que le Carême soit pour tous les chrétiens une occasion de conversion et d'élan plus courageux vers la sainteté. Nous invoquons pour cela l'intercession maternelle de la Vierge Marie.

Je souhaite à tous un bon dimanche.

A l'issue de l'Angelus

Samedi prochain 11 mars, à 17h00, se tiendra dans la Salle Paul VI une veillée mariale organisée par les jeunes universitaires de Rome. Grâce à des liaisons radio-télévisées, de nombreux étudiants d'autres pays européens et d'Afrique y participeront également. Il s'agira d'une occasion propice pour prier la Sainte Vierge, afin que l'Evangile ouvre de nouvelles voies à la coopération entre les peuples d'Europe et d'Afrique. Chers jeunes, je vous attends nombreux!

Chers pèlerins de langue française, je vous adresse mon salut cordial. Laissez-vous pousser sans crainte par l'Esprit sur les chemins où Jésus vient vous rejoindre de manière particulière en ce temps de Carême! Accueillez généreusement son appel à la conversion du coeur et au renouveau de la foi! Que Dieu vous bénisse!



Place Saint-Pierre

II Dimanche de Carême, 12 mars 2006

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Chers frères et soeurs!


Hier matin s'est conclue la semaine d'Exercices spirituels, que le Patriarche émérite de Venise, le Cardinal Marco Cé, a prêchés ici, au Palais apostolique. Ce furent des journées consacrées entièrement à l'écoute du Seigneur, qui nous parle toujours, mais qui attend de nous une plus grande attention, en particulier en ce temps de Carême. C'est ce que nous rappelle également la page évangélique de ce dimanche, en reproposant le récit de la transfiguration du Christ sur le Mont Thabor. Tandis qu'ils se tenaient, stupéfaits, aux côtés du Seigneur transfiguré qui s'entretenait avec Moïse et Elie, Pierre, Jacques et Jean furent soudain enveloppés d'une nuée, dont sortit une voix qui proclama: "Celui-ci est mon Fils bien-aimé; écoutez-le" (
Mc 9,7).

Lorsque l'on a la grâce de faire une profonde expérience de Dieu, c'est comme si l'on vivait quelque chose d'analogue à ce qui eut lieu pour les disciples au cours de la Transfiguration: pendant quelques instants, l'on a un avant-goût de ce qui constituera la béatitude du paradis. Il s'agit en général de brèves expériences, que Dieu concède parfois, en particulier en vue d'épreuves difficiles. Toutefois, il n'est donné à personne de vivre "sur le Thabor", tant que l'on se trouve sur cette terre. En effet, l'existence humaine est un chemin de foi et, en tant que tel, avance davantage dans l'ombre que dans la lumière, non sans moments d'obscurité, mais également d'intenses ténèbres. Tant que nous nous trouvons ici-bas, notre relation avec Dieu a lieu davantage dans l'écoute que dans la vision; et la contemplation elle-même se réalise, pourrait-on dire, les yeux fermés, grâce à la lumière intérieure allumée en nous par la Parole de Dieu.

La Vierge Marie elle-même, tout en étant de toutes les créatures celle qui est la plus proche de Dieu, a marché jour après jour comme dans un pèlerinage de foi (cf. Lumen gentium LG 58), conservant et méditant sans cesse dans son coeur la Parole que Dieu lui adressait, aussi bien à travers les Saintes Ecritures qu'à travers les événements de la vie de son Fils, dans lesquels elle reconnaissait et accueillait la voix mystérieuse du Seigneur. Tels sont alors le don et l'engagement de chacun de nous au cours du temps du Carême: écouter le Christ, comme Marie. L'écouter à travers sa Parole, conservée dans les Saintes Ecritures. L'écouter dans les événements mêmes de notre vie, en cherchant à y lire les messages de la Providence. Enfin, l'écouter dans nos frères, en particulier dans les petits et les pauvres, dans lesquels Jésus lui-même demande notre amour concret. Ecouter le Christ et obéir à sa voix: telle est la voie maîtresse, l'unique, qui conduit à la plénitude de la joie et de l'amour.

A l'issue de l'Angelus

Je salue cordialement les pèlerins francophones. Que votre rencontre personnelle du Seigneur, pendant ce temps du carême, illumine vos yeux et vos coeurs. Qu'en vous mettant à l'écoute du Fils bien-aimé de Dieu vous trouviez la joie et le bonheur d'en être les disciples parmi les hommes d'aujourd'hui! Avec ma Bénédiction apostolique.

Je souhaite à tous un bon dimanche.



Place Saint-Pierre

III Dimanche de Carême, 19 mars 2006

Chers frères et soeurs!


Aujourd'hui, 19 mars, nous célébrons la solennité de saint Joseph, mais, étant donnée la coïncidence de cette fête avec le troisième dimanche de Carême, sa célébration liturgique est reportée à demain. Toutefois, le contexte marial de l'Angelus nous invite à nous arrêter aujourd'hui avec vénération sur la figure de l'époux de la Bienheureuse Vierge Marie et Patron de l'Eglise universelle. Je voudrais rappeler que le bien-aimé Pape Jean-Paul II également avait une grande dévotion pour saint Joseph, auquel il consacra l'Exhortation apostolique Redemptoris Custos - Gardien du Rédempteur, et il fit certainement l'expérience de son assistance à l'heure de sa mort.

53 La figure de ce grand Saint, tout en demeurant plutôt cachée, revêt dans l'histoire du salut une importance fondamentale. Tout d'abord, appartenant à la tribu de Juda, il relia Jésus à la descendance davidique, de sorte que, en réalisant les promesses sur le Messie, le Fils de la Vierge Marie peut se dire véritablement: "fils de David". L'Evangile de Matthieu souligne de façon particulière les prophéties messianiques qui trouvèrent leur accomplissement à travers le rôle de Joseph: la naissance de Jésus à Bethléem (2, 1-6); son passage en Egypte, où la sainte Famille s'était réfugiée (2, 13-15); le surnom de "Nazaréen" (2, 22-23). A l'instar de son épouse, Marie, il s'est montré en tout cela l'héritier authentique de la foi d'Abraham: foi dans le Dieu qui guide les événements de l'histoire selon son mystérieux dessein salvifique. Sa grandeur, comme celle de Marie, ressort encore davantage du fait que sa mission s'est accomplie dans l'humilité et dans la vie cachée de la maison de Nazareth. Du reste, Dieu lui-même, en la personne de son Fils incarné, a choisi cette voie et ce style - l'humilité et la vie cachée - dans son existence terrestre.

L'exemple de saint Joseph est pour nous tous une puissante invitation à accomplir avec fidélité, simplicité et modestie le devoir que la Providence nous a confié. Je pense avant tout aux pères et aux mères de famille, et je prie pour qu'ils sachent toujours apprécier la beauté d'une vie simple et consacrée au travail, en cultivant avec soin la relation conjugale et en accomplissant avec enthousiasme la grande et difficile mission éducative. Que saint Joseph obtienne pour les prêtres, qui exercent la paternité à l'égard des communautés ecclésiales, d'aimer l'Eglise avec affection et un dévouement total, et qu'il aide les personnes consacrées à observer de façon joyeuse et fidèle les conseils évangéliques de pauvreté, de chasteté et d'obéissance. Qu'il protège les travailleurs du monde entier afin qu'ils contribuent à travers leurs diverses professions au progrès de l'humanité tout entière, et qu'il aide chaque chrétien à réaliser avec confiance et amour la volonté de Dieu, coopérant ainsi à l'accomplissement de l'oeuvre de salut.

Au terme de l'Angelus

Nous célébrons cette année le V centenaire des Musées du Vatican, que mon bien-aimé prédécesseur Jean-Paul II a définis comme "l'une des plus importantes portes du Saint-Siège ouvertes sur le monde". Cette institution offre en effet une contribution importante à la mission de l'Eglise, en communiquant à des millions de personnes les vérités chrétiennes à travers le langage de l'art. Je forme les meilleurs voeux pour les manifestations culturelles prévues et j'assure de mon souvenir dans la prière tous ceux qui travaillent dans les Musées du Vatican et tous les visiteurs.

Chers pèlerins de langue française, je vous salue cordialement. Alors que nous fêtons saint Joseph, à qui Dieu a confié la garde des mystères du salut, puisse-t-il aider toute l'Eglise et chacun de vous à vivre en conformité avec l'enseignement et l'exemple de Jésus, pour y trouver la liberté et la joie véritables! Que Dieu bénisse votre chemin vers Pâques!

Je souhaite à tous un bon dimanche et un fructueux chemin de Carême. Meilleurs voeux, bonne semaine! Merci et encore bon dimanche. Merci.



Place Saint-Pierre

IV Dimanche de Carême, 26 mars 2006

Chers frères et soeurs,


Le Consistoire qui s'est déroulé ces derniers jours pour la nomination de quinze nouveaux Cardinaux a constitué une intense expérience ecclésiale, qui nous a permis de goûter la richesse spirituelle de la collégialité, de nous retrouver entre frères de différentes provenances, unis par l'unique amour pour le Christ et pour son Eglise. Nous avons revécu d'une certaine manière ce qu'a vécu la première communauté chrétienne, réunie autour de Marie, Mère de Jésus, et de Pierre, pour accueillir le don de l'Esprit et s'engager à diffuser l'Evangile dans le monde entier. La fidélité à cette mission jusqu'au sacrifice de la vie est un trait caractéristique des Cardinaux, comme l'atteste leur serment et comme le symbolise la pourpre, qui a la couleur du sang.

Par une coïncidence providentielle, le Consistoire s'est déroulé le 24 mars, jour où l'on faisait mémoire des missionnaires qui au cours de l'année dernière sont morts sur les frontières de l'évangélisation et du service à l'homme en différents endroits du monde. Le Consistoire a ainsi été une occasion pour se sentir plus proches que jamais de tous ces chrétiens qui souffrent de la persécution à cause de leur foi. Leur témoignage, dont nous recevons chaque jour des nouvelles, et surtout le sacrifice de ceux qui ont été tués, nous édifie et nous encourage à un engagement évangélique toujours plus sincère et généreux. Ma pensée se tourne en particulier vers les communautés qui vivent dans les pays où la liberté religieuse est absente ou soumise à de multiples restrictions, malgré des déclarations écrites affirmant son respect. Je leur adresse un encouragement chaleureux à persévérer dans la patience et la charité du Christ, semence du Royaume de Dieu qui vient, qui est même déjà dans le monde. Je voudrais exprimer ma plus vive solidarité, au nom de toute l'Eglise, à ceux qui oeuvrent au service de l'Evangile dans ces situations difficiles, et leur assurer mon souvenir quotidien dans la prière.

54 L'Eglise progresse dans l'histoire et se diffuse sur la terre, accompagnée par Marie, Reine des Apôtres. Comme au Cénacle, la Sainte Vierge constitue toujours pour les chrétiens la mémoire vivante de Jésus. C'est elle qui anime leur prière et soutient leur espérance. Nous lui demandons de nous guider sur le chemin de chaque jour et de protéger avec une prédilection spéciale les communautés chrétiennes qui vivent dans des situations de grande difficulté et de grande souffrance.

A l'issue de la prière de l'Angelus

Je salue cordialement les pèlerins francophones, en particulier les jeunes de l'Institution Saint-Jean de Passy, de Paris. La liturgie de ce dimanche nous dit que Dieu est riche en miséricorde. Accueillez généreusement dans vos vies la richesse infinie de l'amour du Seigneur, afin d'agir selon la vérité. Alors vous viendrez à la lumière et votre lumière brillera au milieu de vos frères. Que Dieu vous bénisse!

Puis le Saint-Père a salué les pèlerins en anglais, en allemand, en espagnol et en polonais, avant de conclure en italien:

Je souhaite à tous un bon dimanche



Place Saint-Pierre

V Dimanche de Carême, 2 avril 2006

Chers frères et soeurs,


Le 2 avril de l'an dernier, exactement comme aujourd'hui, le bien-aimé Pape Jean-Paul II vivait au cours de ces mêmes heures et ici, dans ce même appartement, la dernière phase de son pèlerinage terrestre, un pèlerinage de foi, d'amour et d'espérance qui a profondément marqué l'histoire de l'Eglise et de l'humanité. Son agonie et sa mort ont presque constitué un prolongement du Triduum pascal. Nous nous souvenons tous des images de son dernier Chemin de Croix, le Vendredi Saint: ne pouvant se rendre au Colisée, il le suivit depuis sa Chapelle privée, en tenant une croix entre les mains. Le jour de Pâques, il donna la bénédiction Urbi et Orbi, sans pouvoir parler, uniquement d'un geste de la main. Nous n'oublierons jamais cette Bénédiction. Ce fut la Bénédiction la plus empreinte de souffrance et la plus émouvante qu'il nous ait laissée comme témoignage extrême de sa volonté d'accomplir son ministère jusqu'à la fin. Jean-Paul II est mort comme il avait toujours vécu, animé par le courage indomptable de la foi, en s'abandonnant à Dieu et en se remettant entre les mains de la Très Sainte Vierge Marie. Ce soir, nous rappellerons sa mémoire lors d'une veillée de prière mariale, Place Saint-Pierre, où demain après-midi, je célébrerai la Messe pour lui.

A un an de son passage de ce monde à la Maison du Père, nous pouvons nous demander: que nous a laissé ce grand Pape qui a introduit l'Eglise dans le troisième millénaire? Son héritage est immense, mais le message de son long pontificat peut être bien résumé dans les paroles par lesquelles il a choisi de l'inaugurer, ici, Place Saint-Pierre, le 22 octobre 1978: "Ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au Christ!". Jean-Paul II a incarné cet appel inoubliable, que j'entends encore retentir en moi comme si c'était hier, par toute sa personne et toute sa mission de Successeur de Pierre, en particulier par son extraordinaire programme de voyages apostoliques. En visitant les pays du monde entier, en rencontrant les foules, les communautés ecclésiales, les responsables politiques, les chefs religieux, et les différentes réalités sociales, il a accompli comme un unique grand geste, confirmant ces paroles initiales. Il a toujours annoncé le Christ, le proposant à tous, comme l'avait fait le Concile Vatican II, comme une réponse aux attentes de l'homme, aux attentes de liberté, de justice, de paix. Le Christ est le Rédempteur de l'homme, aimait-il répéter, l'unique vrai Sauveur de chaque personne et de tout le genre humain.

Au cours des dernières années, le Seigneur l'a progressivement dépouillé de tout, pour le configurer pleinement à Lui-même. Et lorsqu'il ne parvint plus à voyager, puis ni même à marcher, et enfin, ni même à parler, son geste, son annonce, s'est réduite à l'essentiel: au don de soi jusqu'à la fin. Sa mort a été l'accomplissement d'un témoignage de foi cohérent, qui a touché le coeur de tant d'hommes de bonne volonté. Jean-Paul II nous a quittés un samedi, jour spécialement consacré à Marie, envers laquelle il a toujours nourri une dévotion filiale. Demandons à présent à la Mère céleste de Dieu de nous aider à conserver précieusement ce que ce grand Souverain Pontife nous a donné et enseigné.

55 Au terme de l'Angelus

Le Patriarche de Babylone des Chaldéens, Sa Béatitude Emmanuel III Delly, ainsi que les Evêques irakiens, ont lancé un appel aux fidèles, aux croyants et aux hommes de bonne volonté, afin que les 3 et 4 avril - demain et après-demain - ils s'unissent dans la prière et le jeûne pour demander à Dieu le don de la paix et de la concorde en Irak et dans le monde entier. C'est un appel important qui touche notre coeur. J'invite donc moi aussi chacun à adhérer à l'initiative de nos frères de ce pays martyrisé, et je confie cette intention à l'intercession de la Très Sainte Vierge Marie, Reine de la Paix. Vivons donc les journées de demain et après-demain comme des jours de prière et de jeûne pour la paix en Irak et dans le monde entier.

Nous aurons un autre rendez-vous, en plus de celui de ce soir, pour rappeler la mémoire du Serviteur de Dieu, Jean-Paul II. Je me réfère à la rencontre des jeunes, spécialement de Rome et du Latium, qui aura lieu dans l'après-midi de jeudi prochain, 6 avril, Place Saint-Pierre. Avec cette rencontre, dans la soirée de jeudi, nous nous préparerons ensemble à la XXI Journée mondiale de la Jeunesse qui sera célébrée dans tous les diocèses du monde, le Dimanche des Rameaux. J'invite tout le monde jeudi soir et pour le Dimanche des Rameaux.

Chers pèlerins francophones, je vous adresse mon cordial salut. Faites vôtre, vous aussi, le désir exprimé à Philippe, qui nous est rapporté par l'Evangile de ce jour: "Nous voudrions voir Jésus". Soyez toujours d'authentiques chercheurs du visage du Seigneur, en vous mettant généreusement à sa suite pour le servir. Avec ma Bénédiction apostolique.

Je souhaite à tous un bon dimanche. Au revoir, à ce soir pour le Rosaire.



Angelus Benoit XVI 8016