Angelus Benoit XVI 79

79

Dimanche 17 septembre 2006



Chers frères et soeurs,

Le voyage apostolique en Bavière, que j'ai accompli les jours passés, a été une forte expérience spirituelle, dans laquelle se sont mêlés des souvenirs personnels, liés à des lieux qui me sont si familiers, et des perspectives pastorales pour une annonce efficace de l'Evangile en notre temps. Je remercie Dieu pour les consolations intérieures qu'il m'a donné de vivre et, en même temps, je suis reconnaissant envers tous ceux qui ont activement travaillé pour la réussite de ma visite pastorale. Comme il est désormais habituel, j'en parlerai plus largement au cours de l'Audience générale de mercredi prochain. En ce moment, je désire seulement ajouter que je suis vivement attristé par les réactions suscitées par un bref passage de mon discours à l'Université de Ratisbonne, considéré comme offensant pour la sensibilité des croyants musulmans, alors qu'il s'agissait d'une citation d'un texte médiéval, qui n'exprime en aucune manière ma pensée personnelle. Hier, Monsieur le Cardinal Secrétaire d'Etat a rendu publique, à ce sujet, une déclaration dans laquelle il a expliqué le sens authentique de mes paroles. J'espère que cela contribuera à apaiser les esprits et à clarifier le sens véritable de mon discours, qui, dans son ensemble, était et est une invitation au dialogue franc et sincère, avec un grand respect réciproque. Tel est le sens de mon discours.

A présent, avant la prière mariale, je voudrais m'arrêter sur deux fêtes liturgiques récentes et importantes: la Fête de l'Exaltation de la Croix, célébrée le 14 septembre, et la mémoire de Notre-Dame des Douleurs, célébrée le lendemain. Ces deux célébrations liturgiques peuvent se résumer de façon visuelle dans la traditionnelle image de la Crucifixion, qui représente la Vierge Marie au pied de la Croix, selon la description de l'évangéliste Jean, le seul des Apôtres à être resté près de Jésus mourant. Mais quel sens cela a-t-il d'exalter la Croix? N'est-il pas scandaleux de vénérer un échafaud infamant? L'Apôtre Paul affirme: "Nous proclamons nous un Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens" (1Co 1,23). Cependant, les chrétiens n'exaltent pas n'importe quelle croix, mais la Croix que Jésus a sanctifiée par son sacrifice, fruit et témoignage d'un amour immense. Le Christ sur la Croix a versé tout son sang pour délivrer l'humanité de l'esclavage du péché et de la mort. Signe de malédiction, la Croix a par conséquent été transformée en signe de bénédiction, de symbole de mort, elle a été transformée en symbole par excellence de l'Amour qui vainc la haine et la violence et engendre la vie immortelle. "O Crux, ave spes unica! O Croix, unique espérance!". Ainsi chante la liturgie.

L'évangéliste raconte: au pied de la Croix se trouvait Marie (cf. Jn Jn 19,25-27). Sa douleur forme un tout avec celle de son Fils. C'est une douleur pleine de foi et d'amour. La Vierge sur le Calvaire participe à la puissance salvifique de la souffrance du Christ, unissant son "fiat", son "oui", à celui de son Fils. Chers frères et soeurs, spirituellement unis à Notre-Dame des Douleurs, nous renouvelons nous aussi notre "oui" à Dieu qui a choisi le chemin de la Croix pour nous sauver. Il s'agit d'un grand mystère qui continue de s'accomplir, jusqu'à la fin du monde, et qui demande également notre collaboration. Que Marie nous aide à prendre chaque jour notre croix et à suivre fidèlement Jésus sur le chemin de l'obéissance, du sacrifice et de l'amour. Merci à vous tous, vous m'encouragez.

A l'issue de l'Angelus

Je vous salue chers pèlerins francophones. Dans l'Evangile de ce jour, Jésus demande aux Apôtres: "Pour vous, qui suis-je?". Puissiez-vous personnellement répondre à cette question et faire connaître aux hommes d'aujourd'hui, notamment aux jeunes, la personne du Christ, dont la parole et la vie donnent le sens de toute existence. Avec ma Bénédiction apostolique.

Je souhaite à tous un bon dimanche.



Palais apostolique de Castelgandolfo

Dimanche 24 septembre 2006

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Chers frères et soeurs,


Dans l'Evangile de ce Dimanche, Jésus annonce pour la seconde fois aux disciples sa passion, sa mort et sa résurrection (cf.
Mc 9,30-31). L'évangéliste Marc souligne le fort contraste entre sa mentalité et celle des douze Apôtres, qui non seulement ne comprennent pas les paroles du Maître et refusent nettement l'idée qu'Il aille au-devant de la mort (cf. Mc 8,32), mais discutent entre eux pour savoir qui doit être considéré comme "le plus grand" (cf. Mc 9,34). Jésus leur explique avec patience sa logique, la logique de l'amour qui devient service jusqu'au don de soi: "Si quelqu'un veut être le premier, il sera le dernier de tous et le serviteur de tous" (Mc 9,35).

Telle est la logique du christianisme, qui répond à la vérité de l'homme créé à l'image de Dieu, mais dans le même temps est en contraste avec son égoïsme, conséquence du péché originel. Chaque personne humaine est attirée par l'amour - qui, en dernière analyse, est Dieu lui-même - mais se trompe souvent dans les façons concrètes d'aimer, et ainsi, d'une tendance à l'origine positive, mais tachée par le péché, peuvent dériver des intentions et des actions mauvaises. C'est ce que rappelle, dans la liturgie d'aujourd'hui, également la Lettre de saint Jacques: "Là où il y a jalousie et chicane, il y a désordre et toutes sortes de mauvaises actions. Tandis que la sagesse qui vient d'en haut est tout d'abord pure, puis pacifique, indulgente, bienveillante, pleine de pitié et de bons fruits, sans partialité, sans hypocrisie". Et l'apôtre conclut: "Un fruit de justice est semé dans la paix pour ceux qui produisent la paix" (Jc 3,16-18). Ces paroles font penser au témoignage de si nombreux chrétiens qui, avec humilité et dans le silence, consacrent leur vie au service des autres à cause du Seigneur Jésus, oeuvrant concrètement comme serviteurs de l'amour et étant ainsi "artisans" de paix. A certains, il est parfois demandé le témoignage suprême du sang, comme cela est arrivé il y a quelques jours également à la religieuse italienne Soeur Leonella Sgorbati, victime de la violence. Cette soeur, qui depuis de nombreuses années, servait les pauvres et les plus petits en Somalie, est morte en prononçant le mot "pardon": voilà le témoignage chrétien le plus authentique, un signe pacifique de contradiction qui démontre la victoire de l'amour sur la haine et sur le mal.

Il ne fait aucun doute que suivre le Christ est difficile, mais, comme Il le dit, seul celui qui perd sa vie à cause de lui et de l'Evangile la sauvera (cf. Mc 8,35), donnant tout son sens à son existence. Il n'existe pas d'autre voie pour être ses disciples, il n'existe pas d'autre voie pour témoigner de son amour et tendre à la perfection évangélique. Que Marie, que nous invoquons aujourd'hui comme Bienheureuse Vierge de la Miséricorde, nous aide à ouvrir toujours plus notre coeur à l'amour de Dieu, mystère de joie et de sainteté.



A l'issue de l'Angelus

Je suis heureux d'adresser mon salut cordial au groupe d'Evêques de divers pays qui participent au Congrès oecuménique organisé par le Mouvement des Focolari. Chers frères, je me réjouis de l'engagement particulier que vous consacrez au service de la pleine unité entre les chrétiens et je souhaite toutes sortes de biens aux communautés diocésaines qui vous sont confiées.

Je vous adresse mes salutations cordiales, chers pèlerins francophones. L'Evangile nous invite aujourd'hui à être d'humbles serviteurs du Christ et de son message de salut. Puisse cette attitude spirituelle vous disposer à accueillir la grâce du Seigneur et vous ouvrir à la rencontre avec vos frères, pour leur annoncer la Bonne Nouvelle et vivre avec eux une vie fraternelle. Avec ma Bénédiction apostolique.

Jeudi prochain, nous célébrons la Journée maritime mondiale et j'aimerais vous inviter tous à prier pour les hommes et les femmes exerçant l'activité de marin, ainsi que pour leurs familles. Je rends grâce au Seigneur pour l'oeuvre de l'apostolat de la mer qui, depuis de nombreuses années, offre un soutien humain et spirituel à tous ceux qui mènent ce genre de vie difficile et exigeant. Je salue de façon particulière les récentes initiatives prises par l'Organisation maritime internationale afin de contribuer à la lutte contre la pauvreté et la faim. Puisse Notre-Dame, Etoile de la Mer, porter un regard d'amour sur les marins et leurs familles et sur tous ceux qui contribuent à leurs nécessités humaines et spirituelles.

Après avoir salué les pèlerins de langue anglaise, allemande, espagnole, polonaise et italienne, le Saint-Père a conclu:

Je souhaite à tous un bon Dimanche.



Palais apostolique de Castelgandolfo

Dimanche 1er octobre 2006

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Chers frères et soeurs,


Aujourd'hui, premier jour d'octobre, je voudrais m'arrêter sur deux aspects qui, dans la communauté ecclésiale, caractérisent ce mois: la prière du Rosaire et l'engagement pour les missions. Le 7 octobre, samedi prochain, nous célébrerons la fête de la Bienheureuse Vierge du Rosaire et c'est comme si, chaque année, la Vierge nous invitait à redécouvrir la beauté de cette prière, si simple et si profonde. Le bien-aimé Jean-Paul II a été un grand apôtre du Rosaire: nous nous le rappelons, agenouillé, le chapelet entre les mains, plongé dans la contemplation du Christ, comme lui-même a invité à le faire avec la Lettre apostolique Rosarium Virginis Mariae. Le Rosaire est une prière contemplative et christocentrique, inséparable de la méditation de l'Ecriture Sainte. C'est la prière du chrétien qui avance dans le pèlerinage de la foi, à la suite de Jésus, précédé par Marie. Chers frères et soeurs, je voudrais vous inviter au cours de ce mois à réciter le Rosaire en famille, dans les communautés et dans les paroisses pour les intentions du Pape, pour la mission de l'Eglise et pour la paix dans le monde.

Octobre est également le mois missionnaire, et le dimanche 22, nous célébrerons la Journée mondiale des Missions. L'Eglise est, par nature, missionnaire. "Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie" (
Jn 20,21), dit Jésus ressuscité aux Apôtres dans le Cénacle. La mission de l'Eglise est le prolongement de celle du Christ: apporter à tous l'amour de Dieu, en l'annonçant à travers les paroles et le témoignage concret de la charité. Dans le Message pour la prochaine Journée mondiale des Missions, j'ai voulu présenter la charité précisément comme l'"âme de la mission". Saint Paul, l'Apôtre des nations, écrivait: "Car l'amour du Christ nous pousse" (2Co 5,14). Puisse chaque chrétien faire siennes ces paroles, en faisant l'expérience joyeuse d'être missionnaires de l'Amour là où la Providence l'a placé, avec humilité et courage, en servant son prochain sans arrière-pensées et en puisant dans la prière la force de la charité joyeuse et agissante (cf. Deus caritas est ).

Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus, Vierge carmélite et docteur de l'Eglise, dont nous faisons mémoire précisément aujourd'hui, est, avec saint François-Xavier, la Patronne universelle des missions. Qu'Elle nous aide, elle qui a indiqué comme voie "simple" vers la sainteté l'abandon confiant à l'amour de Dieu, à être des témoins crédibles de l'Evangile de la charité. Que la Très Sainte Vierge Marie, Vierge du Rosaire et Reine des Missions, nous conduise tous au Christ Sauveur.

A l'issue de l'Angelus

Chers frères et soeurs, J'ai eu la joie, hier, de rencontrer Sa Béatitude Emmanuel III Delly, Patriarche de Babylone des Chaldéens, qui m'a exposé la tragique réalité que doit affronter quotidiennement la chère population d'Irak, dans laquelle chrétiens et musulmans vivent ensemble depuis quatorze siècles comme fils de la même terre. Je souhaite que ces liens de fraternité entre eux ne se distendent pas, tandis que, avec les sentiments de ma proximité spirituelle, j'invite chacun à s'unir à moi pour demander à Dieu tout-puissant le don de la paix et de la concorde pour ce pays martyrisé.

Nous célébrerons demain la Journée mondiale annuelle de l'Habitat, proclamée par les Nations unies et consacrée cette année au thème "Villes, aimants de l'espoir". La gestion du rapide processus d'urbanisation, conséquence également de l'émigration toujours plus importante vers les villes, représente l'une des plus graves questions auxquelles l'humanité du XXI siècle est appelée à faire face. J'encourage tous ceux qui, au niveau local et international, oeuvrent afin que soient garanties des conditions de vie dignes aux personnes qui habitent dans les périphéries dégradées, et que soient satisfaits leurs besoins primordiaux et la possibilité de réaliser leurs aspirations, en particulier dans le domaine familial et dans une coexistence sociale pacifique.

Je vous salue cordialement, chers pèlerins francophones. L'Eucharistie dominicale est pour tout chrétien la source première de sa vie filiale avec le Père et la force pour le témoignage, afin d'annoncer aux hommes, par les actes, la Bonne Nouvelle du Salut. En ce jour où l'Eglise fait mémoire de sainte Thérèse de Lisieux, Docteur de l'Eglise et patronne des missions, que le Seigneur vous accompagne sur votre route avec le Christ. Avec ma Bénédiction apostolique pour vous tous.

Je suis heureux de saluer les pèlerins de langue anglaise rassemblés ici aujourd'hui, y compris les pèlerins de Rotterdam, qui célèbrent le cinquantième anniversaire de la fondation de leur diocèse. En ce mois d'octobre, consacré au Saint Rosaire, nous méditons avec Marie les mystères de notre salut, et nous demandons au Seigneur de nous aider à croître dans notre compréhension des merveilles qu'il a faites pour nous. Puisse Dieu vous combler de son amour et puisse-t-il déverser sur tous ceux qui vous sont chers ses bénédictions de joie et de paix.

Je suis heureux d'accueillir le groupe nombreux de dirigeants du Mouvement des Focolari, venus des cinq continents. Je salue en outre les participants à la "Fête du sportif" organisée par la Conférence épiscopale du Latium, réunis en ce moment dans la Basilique Saint-Paul et parmi lesquels figurent 1.500 jeunes sportifs porteurs de handicap provenant de divers pays européens. Aujourd'hui, en la Journée nationale pour la disparition des barrières architectoniques, j'encourage les Institutions et les Associations de volontariat à continuer de collaborer pour atteindre cet important objectif.

Aujourd'hui est le dernier dimanche de mon séjour estival à Castel Gandolfo. Dimanche prochain, nous nous retrouverons donc à Rome. Je renouvelle mon salut affectueux ainsi qu'un cordial "au revoir" à l'Evêque d'Albano, au Maire, au curé et à vous tous, chers habitants de cette belle petite ville. Je souhaite à tous un bon dimanche et une bonne semaine. Au revoir!



Place Saint-Pierre

Dimanche 8 octobre 2006

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Chers frères et soeurs!


En ce dimanche, l'Evangile nous présente les paroles de Jésus sur le mariage. A celui qui lui demandait s'il était licite que le mari répudie sa femme, comme le prévoyait un précepte de la loi de Moïse (cfr
Dt 24,1), Il répond qu'il s'agissait là d'une concession faite par Moïse en raison de la "dureté du coeur", mais que la vérité sur le mariage remontait "au commencement de la création", lorsque - comme il est écrit dans le Livre de la Genèse - Dieu "les fit homme et femme. A cause de cela, l'homme quittera son père et sa mère, il s'attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu'un" (Mc 10,6-7 cf. Gn Gn 1,27 Gn 2,24). Et Jésus ajouta: "Ainsi, ils ne sont plus deux, mais ils ne font qu'un. Donc, ce que Dieu a uni, que l'homme ne le sépare pas!" (Mc 10,8-9). Tel est le projet originel de Dieu, comme l'a également rappelé le Concile Vatican II dans la Constitution Gaudium et spes: "La communauté profonde de vie et d'amour que forme le couple a été fondée et dotée de ses lois propres par le Créateur; elle est établie sur l'alliance des conjoints... Dieu lui-même est l'auteur du mariage" (GS 48).

Ma pensée se tourne vers tous les époux chrétiens: je rends grâce avec eux au Seigneur pour le don du Sacrement du mariage, et je les exhorte à demeurer fidèles à leur vocation à toutes les étapes de la vie "dans le bonheur et dans les épreuves, dans la santé et dans la maladie", comme ils l'ont promis dans le rite sacramentel. Conscients de la grâce reçue, puissent les conjoints chrétiens construire une famille ouverte à la vie et capable de faire face, unie, aux multiples et complexes défis de notre temps. Nous avons particulièrement besoin de leur témoignage aujourd'hui. Nous avons besoin de familles qui ne se laissent pas entraîner par des courants culturels modernes inspirés de l'hédonisme et du relativisme, mais qui soient au contraire prêtes à accomplir leur mission dans l'Eglise et la société, avec un généreux dévouement.

Dans l'Exhortation apostolique Familiaris consortio, le serviteur de Dieu Jean-Paul Il a écrit que "le sacrement de mariage [...] établit les époux et les parents chrétiens comme témoins du Christ "jusqu'aux confins de la terre", comme véritables "missionnaires" de l'amour et de la vie" (cfr FC 54). Cette mission s'adresse aussi bien à la famille elle-même - en particulier à travers le service réciproque et l'éducation des enfants - qu'au monde extérieur: la communauté domestique est en effet appelée à être un signe de l'amour de Dieu envers toute personne. Il s'agit d'une mission que la famille chrétienne ne peut réaliser que si elle est soutenue par la grâce divine. C'est pourquoi il est nécessaire de prier sans jamais se lasser et de persévérer dans l'effort quotidien de conserver les engagements pris le jour du mariage. J'invoque sur toutes les familles, spécialement les familles en difficulté, la protection maternelle de la Vierge Marie et de son époux Joseph. Marie, Reine de la famille, prie pour nous!

Au terme de l'Angelus

Je salue avec affection les quelques 350 jeunes "missionnaires" appartenant à des paroisses, des associations, des mouvements et des communautés du diocèse de Rome, qui ces derniers jours, ont lancé, avec l'aide de quelques prêtres, religieuses et séminaristes, la troisième édition de la "mission des jeunes aux jeunes", intitulée "Jésus au centre". Chers amis, je vous félicite de votre joyeux engagement à annoncer l'Evangile dans les rues et sur les places, dans les écoles et les hôpitaux, comme dans les lieux de loisir des jeunes de Rome. Je vous encourage à conserver ce style missionnaire dans la vie de tous les jours, en profitant toujours des initiatives de formation du diocèse.

Je vous salue, chers pèlerins de langue française. Dans l'Evangile de ce dimanche, Jésus fait réfléchir sur le mariage et le sens de l'amour humain. J'invite les couples et les familles à être témoins de la grandeur du sacrement de mariage. Puissent les jeunes découvrir la valeur d'un tel engagement. Je souhaite aussi que, pour le bien de tous, les responsables de la vie publique soutiennent l'institution conjugale et familiale, fondamentale pour la société. Avec ma Bénédiction apostolique.

Je souhaite à tous un bon dimanche.





Place Saint-Pierre

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Dimanche 15 octobre 2006

Avant de conclure cette célébration solennelle, je souhaite adresser un salut cordial et reconnaissant à vous tous qui, venus de différents pays, avez rendu plus manifeste à travers votre pieuse participation le sens de l'événement d'aujourd'hui pour l'Eglise universelle.


Je souhaite la bienvenue aux pèlerins de langue espagnole venus pour cette célébration solennelle. Je salue cordialement mes frères Evêques du Mexique, les Autorités, ainsi que les nombreux Mexicains qui ont participé à la canonisation de saint Rafael Guízar y Valencia, Evêque de Veracruz. Que son exemple aide les fidèles catholiques à suivre avec bonheur et cohérence le chemin du Christ, en témoignant auprès de toute la société de la beauté de son amour et de sa paix. Joyeuse fête à tous!

Je suis heureux de saluer les pèlerins anglophones présents aujourd'hui, en particulier ceux qui sont venus pour la canonisation de Mère Théodore Guérin, fondatrice des Soeurs de la Providence de Saint-Mary-of-the-Woods. L'Eglise se réjouit des quatre nouveaux saints élevés à la gloire des autels. Puisse leur exemple nous inspirer et leurs prières nous obtenir discernement et courage. Tout en invoquant sur vous d'abondantes Bénédictions de Dieu, je vous souhaite à tous un bon dimanche!

Je salue les pèlerins francophones venus pour les canonisations, en particulier la délégation officielle du Gouvernement français et les pèlerins du diocèse de Saint-Brieuc et Tréguier, avec leur Evêque. Puisse sainte Théodore Guérin vous inciter à vivre votre foi et à en donner le témoignage auprès de nos contemporains dans une attention aux plus petits et aux plus délaissés de la société. Avec ma Bénédiction apostolique.

J'ai une grande joie à saluer également les nombreux pèlerins de langue allemande présents sur la Place Saint-Pierre. Levez les yeux vers l'exemple des nouveaux saints et remettez-vous à l'intercession de tous les saints de Dieu!

Je salue cordialement tous les pèlerins polonais venus pour rendre hommage aux nouveaux saints. Je souhaite que l'exemple de Rafael Guizar y Valencia, Filippo Smaldone, Rosa Venerini et Théodore Guérin vous aide à suivre avec fidélité le Christ, en témoi-gnant de son Evangile d'amour et de paix.

Je salue avec affection les pèlerins de langue italienne venus rendre hommage en particulier à saint Filippo Smaldone et à sainte Rosa Venerini. Je remercie de leur présence la Délégation officielle du Gouvernement italien, les Evêques et les Autorités civiles venus spécialement des Pouilles et de Naples.

En nous tournant à présent vers la Vierge Marie, nous voulons lui rendre grâce pour sa présence maternelle dans la vie des nouveaux saints, et demander son intercession afin que chaque croyant réponde avec joie et à travers un engagement généreux à l'appel que Dieu lui adresse à être un signe de sa sainteté.





Place Saint-Pierre

Dimanche 22 octobre 2006

84
Chers frères et soeurs!


Nous célébrons aujourd'hui la quatre-vingtième Journée mondiale des Missions. Celle-ci fut instituée par le Pape Pie XI, qui donna une forte impulsion aux missions ad gentes et, lors du Jubilé de 1925, promut une exposition grandiose qui devint ensuite l'actuelle Collection ethnologique et missionnaire des Musées du Vatican. Cette année, dans le traditionnel Message pour cette occasion, j'ai proposé comme thème "La charité, âme de la mission". En effet, si elle n'est pas animée par l'amour, la mission se réduit à des activités philanthropiques et sociales. En revanche, pour les chrétiens, s'appliquent les paroles de l'Apôtre Paul: "L'amour du Christ nous presse" (
2Co 5,14). La charité qui a incité le Père à envoyer son Fils dans le monde, et le Fils à s'offrir pour nous jusqu'à la mort sur la croix, cette même charité a été reversée par l'Esprit Saint dans le coeur des croyants. Chaque baptisé, comme sarment uni à la vigne, peut ainsi coopérer à la mission de Jésus qui se résume ainsi: porter à toute personne la bonne nouvelle que "Dieu est amour" et que, précisément pour cette raison, il veut sauver le monde.

La mission part du coeur: lorsque l'on s'arrête pour prier devant le Crucifié, le regard tourné vers son côté transpercé, on ne peut pas ne pas éprouver intérieurement la joie de se savoir aimé et le désir d'aimer et de devenir des instruments de miséricorde et de réconciliation. C'est ce qui arriva il y a environ 800 ans, au jeune François d'Assise, dans la petite église Saint-Damien, qui était alors en ruines. François entendit Jésus lui dire, du haut de la croix conservée actuellement dans la Basilique Sainte-Claire: "Va, répare ma maison qui, comme tu le vois, est toute en ruines". Cette "maison" était avant tout sa vie elle-même, à "réparer" à travers une véritable conversion; c'était l'Eglise, non pas celle qui était faite de pierres, mais de personnes vivantes, qui a sans cesse besoin de purification; c'était également l'humanité tout entière, dans laquelle Dieu aime demeurer. La mission part toujours d'un coeur transformé par l'amour de Dieu, comme en témoignent d'inombrables histoires de saints et de martyrs, qui, de diverses manières, ont donné leur vie au service de l'Evangile.

La mission est donc un chantier dans lequel il y a de la place pour tous: pour celui qui s'engage à mettre en oeuvre le Royaume de Dieu dans sa propre famille; pour celui qui vit son travail professionnel dans un esprit chrétien; pour celui qui se consacre totalement au Seigneur; pour celui qui suit Jésus Bon Pasteur dans le ministère ordonné au Peuple de Dieu; pour celui qui, de manière spécifique, part annoncer le Christ à ceux qui ne le connaissent pas encore. Que la Très Sainte Vierge Marie nous aide à vivre avec un élan renouvelé, chacun dans la situation où la Providence l'a placé, la joie et le courage de la mission.

Au terme de l'Angelus

Je suis heureux d'adresser une salutation cordiale aux musulmans du monde entier qui, ces jours-ci, célèbrent la fin du mois de jeûne du Ramadan. J'adresse à tous mes voeux de sérénité et de paix!

Les nouvelles qui parviennent d'Irak sur la très grave situation d'insécurité et sur les actes de violence effroyable auxquels sont exposés de très nombreux innocents uniquement parce qu'ils sont chiites, sunnites ou chrétiens, contrastent de manière dramatique avec ce climat de joie.

Je suis conscient de la vive préoccupation qui touche la communauté chrétienne, et je désire l'assurer de ma proximité, ainsi que toutes les victimes. Je demande force et réconfort pour tous. Je vous invite par ailleurs à vous unir à ma prière au Tout-Puissant afin qu'il donne la foi et le courage nécessaires aux responsables religieux et politiques, locaux et du monde entier, pour soutenir ce peuple sur le chemin de la reconstruction de sa patrie, dans la recherche d'équilibres partagés, dans le respect réciproque, et conscients du fait que la multiplicité de ses composantes est une partie intégrante de sa richesse.

Je vous salue, chers pèlerins francophones, venus vous associer à la prière de l'Angelus. Demandons à Marie d'être des témoins humbles mais convaincants de l'amour de Dieu et du salut révélé en Jésus Christ. Le monde a besoin de votre témoignage pour découvrir l'Evangile, parole de vie pour les nations. Avec ma Bénédiction apostolique.

Je souhaite à tous un bon dimanche.





Place Saint-Pierre

85

Dimanche 29 octobre 2006



Chers frères et soeurs,

Dans l'Evangile de ce dimanche (Mc 10,46-52), nous lisons que, tandis que le Seigneur traverse les rues de Jéricho, un aveugle du nom de Bartimée s'adresse à lui en criant: "Fils de David, Jésus, aie pitié de moi!". Cette prière touche le coeur du Christ, qui s'arrête, le fait appeler et le guérit. Le moment décisif a été la rencontre personnelle et directe, entre le Seigneur et cet homme souffrant. Ils sont l'un en face de l'autre: Dieu, avec sa volonté de guérir, et l'homme avec son désir d'être guéri. Deux libertés, deux volontés convergentes: "Que veux-tu que je fasse pour toi?" lui demande le Seigneur. "Que je recouvre la vue!", répond l'aveugle. "Va, ta foi t'a sauvé". A travers ces paroles s'accomplit le miracle. Joie de Dieu, joie de l'homme. Et Bartimée, voyant le jour - rapporte l'Evangile - "cheminait à sa suite": il devient ainsi l'un de ses disciples et monte avec le Maître à Jérusalem, pour participer avec Lui au grand mystère du salut. Ce récit, dans la concision de ses passages, évoque l'itinéraire du catéchumène vers le sacrement du Baptême, qui, dans l'Eglise antique, était appelé également "Illumination".

La foi est un chemin d'illumination: elle part de l'humilité de reconnaître que l'on a besoin de salut et elle arrive à la rencontre personnelle avec le Christ, qui appelle à le suivre sur le chemin de l'amour. C'est sur ce modèle que se sont imposés dans l'Eglise les itinéraires d'initiation chrétienne, qui préparent aux sacrements du Baptême, de la Confirmation et de l'Eucharistie. Dans les lieux d'antique évangélisation, où le Baptême des enfants est répandu, sont proposés aux jeunes et aux adultes des expériences de catéchèse et de spiritualité qui permettent de parcourir un chemin de redécouverte de la foi de façon mûre et consciente, pour assumer ensuite un engagement cohérent de témoignage. Combien le travail que les pasteurs et les catéchistes accomplissent dans ce domaine est important! La redécouverte de la valeur de son Baptême est à la base de l'engagement missionnaire de chaque chrétien, car nous voyons dans l'Evangile que celui qui se laisse attirer par le Christ ne peut plus se passer de témoigner de la joie de suivre ses pas. En ce mois d'octobre, consacré de façon particulière à la mission, nous comprenons encore plus que, précisément en vertu du Baptême, nous possédons une vocation missionnaire innée.

Invoquons l'intercession de la Vierge Marie, afin que se multiplient les missionnaires de l'Evangile. Intimement uni au Seigneur, puisse chaque baptisé se sentir appelé à annoncer à tous l'amour de Dieu, à travers le témoignage de sa propre vie.

A l'issue de l'Angelus

Je salue avec joie les pèlerins de langue française présents aujourd'hui, en particulier le groupe de sénateurs des "Amitiés France-Saint-Siège". Que votre pèlerinage à Rome vous fortifie dans la foi au Christ ressuscité, en vous donnant l'audace de crier vers lui comme l'aveugle Bartimée! Que le Seigneur ouvre vos coeurs pour faire de vous des hommes et des femmes attentifs à leurs frères! Bon dimanche à tous. Avec ma Bénédiction apostolique.

Rencontre des jeunes à Lorette
Je salue à présent les jeunes délégués des Régions italiennes, réunis ces jours-ci à Rome pour la réalisation du projet triennal de l'Eglise italienne intitulé "Agorà des jeunes". Chers amis, je bénis votre chemin et je vous attends nombreux à la grande rencontre des jeunes italiens, prévue les 1 et 2 septembre 2007 à Lorette. A bientôt! Dans ce bien-aimé Sanctuaire marial, nous vivrons ensemble un moment de grâce, dans la joie de la foi et dans la perspective de la mission, également en préparation à la Journée missionnaire mondiale de la Jeunesse à Sydney en 2008.

Appel pour les personnes victimes d'enlèvement dans le monde
De diverses parts me proviennent des demandes d'intervention en faveur de personnes qui, dans plusieurs pays du monde, sont victimes d'enlèvements. Tandis que je répète ma plus ferme condamnation de ce crime, j'assure de mon souvenir dans la prière pour toutes les victimes, ainsi que pour leurs familles et amis. En particulier, je m'unis à l'appel pressant qui m'a été récemment adressé par l'Archevêque de la communauté de Sassari (Italie), en faveur de M. Giovanni Battista Pinna, enlevé le 14 septembre dernier, afin qu'il soit rendu au plus tôt à ses proches.

86 Je souhaite à tous un bon dimanche.



SOLENNITÉ DE LA TOUSSAINT



Place Saint-Pierre

Mercredi 1er novembre 2006

Chers frères et soeurs,


Nous célébrons aujourd'hui la solennité de la Toussaint, et demain, nous commémorerons les fidèles défunts. Ces deux fêtes liturgiques, très populaires, nous offrent une occasion particulière de méditer sur la vie éternelle. L'homme moderne attend-il encore cette vie éternelle, ou bien considère-t-il qu'elle appartient à une mythologie désormais dépassée? A notre époque, plus que par le passé, nous sommes tellement occupés par les choses terrestres, qu'il est parfois difficile de penser à Dieu comme le protagoniste de l'histoire et de notre vie elle-même. Toutefois, par sa nature, l'existence humaine est tendue vers quelque chose de plus grand, qui la transcende; le désir de justice, de vérité, et de bonheur complet inscrit dans l'être humain est irrépressible. Face à l'énigme de la mort, sont présents chez de nombreuses personnes le désir et l'espérance de retrouver leurs proches dans l'au-delà. De même qu'il existe la profonde conviction d'un jugement dernier qui rétablisse la justice, et l'attente d'une confrontation finale dans laquelle chacun reçoive ce qui lui est dû.

La "vie éternelle", pour nous, chrétiens, n'indique cependant pas une vie qui dure pour toujours, mais une nouvelle qualité de vie, pleinement plongée dans l'amour de Dieu, qui libère du mal et de la mort et nous place dans une communion sans fin avec tous les frères et les soeurs qui participent du même Amour. C'est pourquoi l'éternité peut être déjà présente au centre de la vie terrestre et temporelle, lorsque l'âme, à travers la grâce, est unie à Dieu, à son fondement ultime. Tout passe, seul Dieu reste immuable. Un Psaume dit: "Et ma chair et mon coeur sont consumés: roc de mon coeur, ma part, Dieu à jamais!" (Ps 73 [72], 26). Tous les chrétiens, appelés à la sainteté, sont des hommes et des femmes qui vivent solidement ancrés à ce "Roc"; ils ont les pieds sur terre, mais le coeur déjà au Ciel, demeure définitive des amis de Dieu.

Chers frères et soeurs, méditons sur ces réalités l'âme tournée vers notre destin ultime et définitif, qui donne un sens aux situations quotidiennes. Ravivons le sentiment joyeux de la communion des saints et laissons-nous attirer vers le but de notre existence: la rencontre face-à-face avec Dieu. Prions afin que cela soit l'héritage de tous les fidèles défunts, non seulement de nos proches, mais également de toutes les âmes, en particulier celles qui sont le plus oubliées et qui ont besoin de la miséricorde divine. Que la Vierge Marie, Reine de Tous les Saints, nous guide pour choisir en tout moment la vie éternelle, la "vie du monde à venir" comme nous le disons dans le Credo; un monde déjà inauguré par la résurrection du Christ, et dont nous pouvons hâter la venue par notre conversion sincère et les oeuvres de charité.

Au terme de l'Angelus

Je salue avec joie les pèlerins de langue française, en particulier les Orphelins Apprentis d'Auteuil, venus nombreux à l'occasion du 140 anniversaire de la Fondation d'Auteuil. Rendant grâce pour l'engagement des éducateurs, j'invite les jeunes à grandir avec confiance sous le regard de Dieu, qui veut les aider à développer le meilleur d'eux-mêmes et à marcher dans la voie de la sainteté, à l'exemple du Bienheureux Daniel Brottier et de tous les saints que nous fêtons aujourd'hui. Que Dieu vous bénisse tous!

Je souhaite à toutes les personnes présentes et à tous ceux qui nous suivent à travers la radio et la télévision une bonne fête de la Toussaint.





Place Saint-Pierre

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Angelus Benoit XVI 79