Angelus Benoit XVI 87

87

Dimanche 5 novembre 2006

Chers frères et soeurs,


En ces jours qui suivent la commémoration liturgique des fidèles défunts, de nombreuses paroisses célèbrent l'octave des défunts. Une occasion propice pour nous souvenir dans la prière de ceux qui nous sont chers, et méditer sur la réalité de la mort, que celle que l'on appelle la "civilisation du bien-être" tente souvent de chasser de la conscience des personnes, entièrement absorbées par les préoccupations de la vie quotidienne. En réalité, la mort fait partie de la vie, pas seulement à la fin, mais, si l'on fait bien attention, à chaque instant de la vie. Mais malgré toutes les distractions, la perte d'un être cher nous fait redécouvrir le "problème", en nous faisant sentir la mort comme une présence radicalement hostile et contraire à notre vocation naturelle à la vie et au bonheur.

Jésus a révolutionné le sens de la mort. Il l'a fait à travers son enseignement, mais surtout en affrontant lui-même la mort. "En mourant il a détruit la mort", répète la liturgie du temps pascal. "Le Christ a tué la mort qui tuait l'homme, grâce à I'Esprit qui ne pouvait mourir", écrit un Père de I'Eglise (Méliton de Sarde, Sur la Pâque, 66). Le Fils de Dieu a ainsi voulu partager jusqu'au bout notre condition humaine, pour l'ouvrir à nouveau à l'espérance. En dernière analyse, II est né pour pouvoir mourir, et ainsi nous libérer de l'esclavage de la mort. La Lettre aux Hébreux dit: "II fallait que [...] au bénéfice de tout homme, il goûtât la mort" (He 2,9). Depuis lors, la mort n'est plus la même: elle a été privée, pour ainsi dire, de son "poison". L'amour de Dieu, agissant en Jésus, a en effet donné un sens nouveau à toute l'existence de l'homme, et a ainsi également transformé sa mort. Si en Jésus Christ la vie humaine signifie "passer de ce monde vers le Père" (Jn 13,1), l'heure de la mort est le moment où cela se réalise de manière concrète et définitive. Celui qui s'engage à vivre comme Lui, est délivré de la peur de la mort, qui ne se présente plus avec la grâce sarcastique d'une ennemie mais, comme écrit saint François dans le Cantique des créatures, avec le visage ami d'une "soeur", pour laquelle on peut même bénir le Seigneur: "Loué sois-tu, mon Seigneur, pour notre soeur la Mort corporelle". La foi nous rappelle qu'il ne faut pas avoir peur de la mort corporelle car, que nous vivions ou que nous mourions, nous appartenons au Seigneur. Et avec saint Paul, nous savons que, libérés de notre corps, nous appartenons au Christ, dont le corps ressuscité, que nous recevons dans l'Eucharistie, est notre demeure éternelle et indestructible. La vraie mort, qu'il faut en revanche craindre, est celle de l'âme, que l'Apocalypse appelle la "seconde mort" (cf. Ap Ap 20,14-15 Ap 21,8). En effet, celui qui meurt en état de péché mortel, sans repentir, enfermé dans le refus orgueilleux de l'amour de Dieu, s'exclut lui-même du royaume de la vie.

Par l'intercession de la Très Sainte Vierge Marie et de saint Joseph, invoquons du Seigneur la grâce de nous préparer sereinement à quitter ce monde, lorsqu'Il voudra nous appeler, dans l'espérance de pouvoir demeurer éternellement avec Lui, en compagnie des saints et de nos proches défunts.

Au terme de l'Angelus

Je suis, avec une vive préoccupation, les nouvelles sur la grave détérioration de la situation dans la bande de Gaza, et je souhaite exprimer ma proximité aux populations civiles qui souffrent des conséquences des actes de violence. Je vous demande de vous unir à ma prière, afin que Dieu tout-puissant et miséricordieux éclaire les autorités israéliennes et palestiniennes, de même que celles des Nations qui ont une responsabilité particulière dans la région, afin qu'elles mettent tout en oeuvre pour faire cesser l'effusion de sang, multiplier les initiatives d'aide humanitaire et favoriser la reprise immédiate de négociations directes, sérieuses et concrètes.

Je salue cordialement les pèlerins de langue française, les invitant à accueillir la Bonne Nouvelle que le Seigneur nous adresse en ce dimanche. Que l'amour de Dieu et l'amour du prochain vous animent chaque jour dans vos responsabilités familiales et professionnelles, pour faire grandir le Royaume dans lequel le Seigneur nous appelle tous! Avec ma Bénédiction apostolique.

Je souhaite à tous un bon dimanche.







Place Saint-Pierre

Dimanche 12 novembre 2006

88
Chers frères et soeurs,


Nous célébrons aujourd'hui en Italie la Journée annuelle de l'Action de Grâce, qui a pour thème: "La terre: un don pour toute la famille humaine". Dans nos familles chrétiennes, l'on enseigne aux enfants à rendre toujours grâce au Seigneur, avant de se nourrir, par une brève prière et le signe de la croix. Cette habitude doit être conservée ou redécouverte, car elle apprend à ne pas considérer le "pain quotidien" comme quelque chose d'acquis, mais à reconnaître en lui le don de la Providence. Nous devrions nous habituer à bénir le Créateur pour toute chose: pour l'air et l'eau, éléments précieux qui sont le fondement de la vie sur notre planète; ainsi que pour les aliments que, à travers la fécondité de la terre, Dieu nous offre pour notre survie. Jésus a enseigné à ses disciples à prier, en demandant au Père céleste non pas "mon", mais "notre" pain quotidien. Il a voulu ainsi que chaque homme se sente coresponsable de ses frères, afin que ne manque à personne le nécessaire pour vivre. Les produits de la terre sont un don destiné par Dieu "à toute la famille humaine".

Nous abordons ici un sujet très douloureux: le drame de la faim qui, bien qu'ayant été affronté encore récemment dans les plus hautes instances institutionnelles, comme les Nations unies et en particulier la FAO, demeure toujours très grave. Le dernier Rapport annuel de la FAO a confirmé ce que l'Eglise sait très bien grâce à l'expérience directe des communautés et des missionnaires: c'est-à-dire que plus de 800 millions de personnes vivent dans un état de sous-alimentation et trop de personnes, en particulier les enfants, meurent de faim. Comment faire face à cette situation qui, bien que dénoncée à plusieurs reprises, ne semble pas se résoudre, mais plutôt, par certains côtés, est en train de s'aggraver? Il faut certainement éliminer les causes structurelles liées au système de gouvernement de l'économie mondiale, qui destine la majorité des ressources de la planète à une minorité de la population. Cette injustice a été dénoncée en diverses occasions par mes vénérés prédécesseurs, les Serviteurs de Dieu Paul VI et Jean-Paul II. Pour avoir un effet à grande échelle, il est nécessaire de "convertir" le modèle de développement mondial; c'est ce qu'exigent désormais non seulement le scandale de la faim, mais également les urgences liées à l'environnement et à l'énergie. Toutefois, toute personne et toute famille peut et doit faire quelque chose pour soulager la faim dans le monde en adoptant un style de vie et de consommation compatible avec la sauvegarde de la création et avec les critères de justice envers ceux qui cultivent la terre dans tous les pays.

Chers frères et soeurs, la Journée de l'Action de Grâce nous invite, d'une part, à rendre grâces à Dieu pour les fruits du travail agricole et, de l'autre, nous encourage à nous engager de façon concrète à vaincre le fléau de la faim. Que la Vierge Marie nous aide à être reconnaissants pour les bienfaits de la Providence et à promouvoir dans chaque partie du monde la justice et la solidarité.

Au terme de l'Angelus

Je suis heureux de saluer les Coopérateurs salésiens venus à Rome de diverses nations pour leur Congrès mondial, à l'occasion du 150 anniversaire de la mort de la servante de Dieu Margherita Occhiena, mère de saint Jean Bosco. Que, du Ciel, "Mamma Margherita" vous protège toujours, vous tous, chers amis, ainsi que la grande Famille salésienne.

Je salue cordialement les pèlerins francophones et je les invite à accueillir avec générosité l'invitation au partage que nous adresse l'Evangile de ce dimanche. Puissiez-vous donner de votre temps, de votre disponibilité, de vous-mêmes, et non seulement de votre superflu, pour que le Règne de Dieu grandisse au milieu des hommes. Bon dimanche! Avec ma Bénédiction apostolique.

Je souhaite à tous un bon dimanche et une bonne semaine. Au revoir!





Place Saint-Pierre

Dimanche 19 novembre 2006

Chers frères et soeurs,


89 Après-demain, 21 novembre, à l'occasion de la mémoire liturgique de la Présentation de la Très Sainte Vierge Marie au Temple, nous célébrerons la Journée pro Orantibus, consacrée aux communautés religieuses de clôture. ll s'agit d'une occasion particulièrement propice pour remercier le Seigneur pour le don de tant de personnes qui, dans les monastères et les ermitages, se consacrent totalement à Dieu dans la prière, dans le silence et retirées du monde. Certaines personnes se demandent quels peuvent être le sens et la valeur de leur présence à notre époque, où les situations de pauvreté et de besoin auxquelles il faut faire face sont nombreuses et urgentes. Pourquoi "s'enfermer" pour toujours entre les murs d'un monastère et priver ainsi les autres de la contribution de ses capacités et de ses expériences? Quelle efficacité peut avoir leur prière pour résoudre les nombreux problèmes concrets qui continuent d'affliger l'humanité?

Et pourtant, aujourd'hui, suscitant souvent la surprise parmi leurs amis et leur entourage, de nombreuses personnes abandonnent des carrières professionnelles souvent prometteuses pour embrasser la règle austère d'un monastère de clôture. Qu'est-ce qui les pousse à accomplir un pas aussi exigeant sinon le fait d'avoir compris, comme l'enseigne l'Evangile, que le Royaume des cieux est "un trésor" pour lequel il vaut vraiment la peine de tout abandonner (cf. Mt
Mt 13,44)? En effet, ces frères et soeurs témoignent en silence qu'au coeur des activités souvent frénétiques de chaque jour, le seul soutien qui ne vacille jamais est Dieu, rocher inébranlable de fidélité et d'amour. "Todo se pasa, Dios no se muda" (Tout passe, Dieu ne change pas), écrivait la grande maîtresse spirituelle sainte Thérèse d'Avila dans un de ses textes célèbres. Et face à la nécessité diffuse que ressentent de nombreuses personnes, de sortir de la routine quotidienne des grandes agglomérations urbaines à la recherche d'espaces propices au silence et à la méditation, les monastères de vie contemplative se présentent comme des "oasis" dans lesquelles l'homme, en pèlerinage sur la terre, peut mieux puiser aux sources de l'Esprit et se désaltérer le long du chemin. Ces lieux, par conséquent, apparemment inutiles, sont en revanche indispensables, comme les "poumons" verts d'une ville: ils font du bien à tous, y compris à ceux qui ne les fréquentent pas et en ignorent peut-être l'existence.

Chers frères et soeurs, rendons grâce au Seigneur, qui dans sa providence a voulu les communautés de clôture, masculines et féminines. Que notre soutien spirituel et même matériel, ne leur fasse pas défaut, afin qu'ils puissent accomplir leur mission, celle de maintenir vivante dans l'Eglise l'attente ardente du retour du Christ. Invoquons pour cela l'intercession de Marie, que, lors de la fête de sa Présentation au Temple, nous contemplerons comme Mère et modèle de l'Eglise, qui réunit en elle les deux vocations: à la virginité et au mariage, à la vie contemplative et à la vie active.

A l'issue de l'Angelus

Chaque année, nous faisons mémoire, en ce dimanche, des victimes de la route. Priant le Seigneur d'accueillir dans sa paix toutes les personnes décédées au cours d'accidents de la circulation, je confie à l'intercession de la Vierge Marie les nombreux blessés, souvent atteints d'une manière durable. Je demande instamment aux automobilistes de respecter avec vigilance les règles de la conduite et d'être toujours attentifs aux autres. Bon dimanche à tous! Que Dieu vous bénisse!

Je suis heureux de souhaiter la bienvenue à tous les pèlerins et visiteurs de langue allemande. Je salue aujourd'hui de manière particulière les invités, les promoteurs et les compositeurs du V Festival international Pro Musica e Arte Sacra, qui s'est conclu par la Messe du Couronnement, de Mozart, dans la Basilique Saint-Pierre. Dans la musique spirituelle et l'art sacré résonnent et rayonnent la beauté et la grandeur de la foi. La musique et l'art atteignent nos sens et nous aident à ouvrir notre esprit et notre coeur à Dieu et à sa Parole. Je vous souhaite à tous un bon séjour à Rome. Que le Seigneur vous bénisse et vous conduise sur le chemin de la vertu.

Je souhaite à tous un bon dimanche.





Place Saint-Pierre

Dimanche 26 novembre 2006

Chers frères et soeurs!


En ce dernier dimanche de l'année liturgique, nous célébrons la solennité du Christ Roi de l'Univers. L'Evangile d'aujourd'hui nous repropose une partie de l'interrogatoire dramatique auquel Ponce Pilate soumit Jésus, lorsqu'il lui fut livré avec l'accusation d'avoir usurpé le titre de "roi des Juifs". Aux questions du gouverneur romain, Jésus répondit en affirmant qu'il était en effet roi, mais pas de ce monde (cf. Jn Jn 18,36). Il n'est pas venu dominer les peuples et les territoires, mais libérer les hommes de l'esclavage du péché et les réconcilier avec Dieu. Et il ajouta: "Je ne suis né, et je ne suis venu au monde, que pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité écoute ma voix" (Jn 18,37).

90 Mais quelle est la "vérité" que le Christ est venu témoigner dans le monde? Toute son existence révèle que Dieu est amour: telle est donc la vérité dont Il a rendu pleinement témoignage à travers le sacrifice de sa vie elle-même sur le Calvaire. La Croix est le "trône" d'où il a manifesté la royauté sublime de Dieu Amour: en s'offrant en expiation du péché du monde, Il a vaincu la domination du "prince de ce monde" (Jn 12,31) et il a instauré définitivement le Royaume de Dieu. Un Royaume qui se manifestera en plénitude à la fin des temps, lorsque tous les ennemis, et en dernier lieu la mort, auront été soumis (Cf. 1Co 15,25-26). Alors, le Fils remettra le Royaume au Père et Dieu sera enfin "tout en tous" (1Co 15,28). Le chemin pour atteindre cet objectif est long et n'admet pas de raccourci: il faut, en effet, que chaque personne accueille librement la vérité de l'amour de Dieu. Il est Amour et vérité et l'amour autant que la vérité ne s'imposent jamais; ils frappent à la porte du coeur et de l'esprit et, là où ils peuvent entrer, ils apportent paix et joie. Telle est la façon de régner de Dieu; tel est son projet de salut, un "mystère" dans le sens biblique du terme, c'est-à-dire un dessein qui se révèle peu à peu dans l'histoire.

La Vierge Marie a été associée de façon très particulière à la royauté du Christ. A Elle, humble jeune fille de Nazareth, Dieu demanda de devenir Mère du Messie, et Marie répondit à cet appel de tout son coeur, unissant son "oui" inconditionnel à celui du Fils Jésus, et se faisant avec Lui obéissante jusqu'au sacrifice. C'est pourquoi Dieu l'a exaltée au-dessus de toute créature et le Christ l'a couronnée Reine du Ciel et de la terre. Nous confions à son intercession l'Eglise et toute l'humanité, afin que l'amour de Dieu puisse régner dans tous les coeurs et que s'accomplisse son dessein de justice et de paix.

A l'issue de l'Angelus

Le 1 décembre prochain sera célébrée la Journée mondiale contre le SIDA. Je souhaite vivement que cette occasion favorise une responsabilité accrue dans le traitement de la maladie, ainsi que l'engagement à éviter toute discrimination envers ceux qui en sont atteints. Tandis que j'invoque sur les malades et leurs familles le réconfort du Seigneur, j'encourage les multiples initiatives que l'Eglise promeut dans ce domaine.

Je souhaite la bienvenue aux pèlerins de langue française, en ce dernier dimanche de l'année liturgique, et je salue en particulier les membres de la Conférence Olivaint. Que le Christ Jésus soit toujours au coeur de votre vie de croyants, lui que nous fêtons spécialement aujourd'hui comme l'Alpha et l'Omega, Celui qui est, qui était et qui vient! Que son amour vous éclaire et vous inspire! Bon séjour à Rome.

Je salue les pèlerins de langue italienne, en particulier les nombreux directeurs de choeurs, les musiciens et les choristes - merci pour cette belle contribution que vous nous avez apportée - qui participent au XXVIII Congrès national de Musique sacrée, promu par l'Association italienne "Santa Cecilia". Chers amis, je suis heureux que vous ayez rappelé la mémoire, à 50 ans de sa mort, du grand Maître Lorenzo Perosi, véritablement un grand Maître, qui a été Directeur de la Chapelle Sixtine et qui a laissé des oeuvres musicales d'une très profonde inspiration religieuse. Je vous souhaite d'être d'authentiques évangélisateurs à travers l'expression de la beauté et de l'harmonie de votre art musical.

Enfin, à l'occasion de la Journée italienne pour la recherche sur le cancer, je désire exprimer mon encouragement aux associations et aux chercheurs engagés à combattre cette maladie. Je souhaite à tous un bon dimanche.

Chers frères et soeurs, comme vous le savez, au cours des prochains jours, je me rendrai en visite en Turquie. Je désire dès à présent envoyer un salut cordial au cher peuple turc, riche d'histoire et de culture; j'exprime à ce peuple et à ses représentants mes sentiments d'estime et de sincère amitié. J'attends avec une profonde émotion de rencontrer la petite communauté catholique, qui est toujours présente dans mon coeur, et de m'unir fraternellement à l'Eglise orthodoxe, à l'occasion de la fête de l'apôtre saint André. Je me place avec confiance sur les traces de mes vénérés prédécesseurs Paul VI et Jean-Paul II; et j'invoque la protection céleste du bienheureux Jean XXIII, qui fut pendant dix ans Délégué apostolique en Turquie et qui éprouva pour cette nation une grande affection et estime. Je vous demande à tous de m'accompagner par la prière, afin que ce pèlerinage puisse apporter tous les fruits que Dieu désire. Merci pour votre prière et votre affection!





Place Saint-Pierre

Dimanche 3 décembre 2006

Chers frères et soeurs!


91 Je voudrais une fois de plus rendre grâce avec vous au Seigneur, pour le voyage apostolique que j'ai accompli en Turquie ces derniers jours: au cours de celui-ci, je me suis senti accompagné et soutenu par la prière de toute la communauté chrétienne. Je vous remercie tous cordialement! Mercredi prochain, au cours de l'Audience générale, j'aurai l'occasion de parler plus amplement de cette inoubliable expérience spirituelle et pastorale de laquelle pourront, je l'espère, naître des fruits de bien pour une coopération toujours plus sincère entre tous les disciples du Christ, et pour un dialogue fructueux avec les croyants musulmans. Je voudrais maintenant exprimer une nouvelle fois ma reconnaissance à ceux qui ont organisé le voyage, et contribué de différentes manières à son déroulement pacifique et fructueux. J'adresse une pensée spéciale aux Autorités turques et au peuple ami de Turquie, qui m'a réservé un accueil digne de son traditionnel esprit hospitalier.

Je voudrais surtout rappeler avec reconnaissance et affection la chère communauté catholique qui vit en terre turque. Je pense à elle alors qu'en ce dimanche nous entrons dans le temps de l'Avent. J'ai pu rencontrer et célébrer la messe avec ces frères et soeurs qui se trouvent dans des situations souvent difficiles. Ils constituent vraiment un petit troupeau, varié, riche d'enthousiasme et de foi qui, d'une certaine façon, vit constamment et de manière forte l'expérience de l'Avent, soutenu par l'espérance. Au cours de l'Avent, la liturgie nous répète souvent et nous assure, comme pour vaincre notre méfiance naturelle, que Dieu "vient": il vient demeurer avec nous, dans chacune de nos situations; il vient habiter au milieu de nous, vivre avec nous et en nous; il vient combler les distances qui nous divisent et nous séparent; il vient nous réconcilier avec Lui et entre nous. Il vient, dans l'histoire de l'humanité, frapper à la porte de chaque homme et de chaque femme de bonne volonté, pour apporter aux personnes, aux familles et aux peuples le don de la fraternité, de la concorde et de la paix. Pour cette raison, l'Avent est par excellence le temps de l'espérance, au cours duquel les croyants en Christ sont invités à demeurer dans une attente vigilante et active, nourrie par la prière et l'engagement actif de I'amour. Puisse l'approche du Noël du Christ remplir les coeurs de tous les chrétiens de joie, de sérénité et de paix!

Pour vivre cette période de l'Avent de la manière la plus authentique et la plus féconde possible, la liturgie nous exhorte à tourner notre regard vers la Très Sainte Vierge Marie et à cheminer spirituellement avec elle vers la grotte de Bethléem. Lorsque Dieu frappa à la porte de sa jeune vie, Elle l'accueillit avec foi et amour. Dans quelques jours, nous la contemplerons dans le mystère lumineux de son Immaculée Conception. Laissons-nous attirer par sa beauté, reflet de la gloire divine, afin que "le Dieu qui vient" trouve en chacun de nous un coeur bon et ouvert, qu'il puisse combler de ses dons.

A l'issue de l'Angelus

Je salue affectueusement un groupe de jeunes filles du Mouvement des Focolari, venues de différents pays d'Europe et d'Amérique latine pour une rencontre de formation. Chères jeunes filles, apprenez de la Vierge Marie à devenir d'authentiques disciples de Jésus. Que le Seigneur vous bénisse!

Je salue cordialement les pèlerins francophones présents pour la prière de l'Angelus. Au début de la nouvelle année liturgique, puisse le Seigneur vous donner un amour de plus en plus intense et débordant, entre vous et à l'égard de tous les hommes, dans l'attente joyeuse de la venue du Christ. Avec ma Bénédiction apostolique.

Je souhaite à tous un bon dimanche et un bon Avent!



SOLENNITÉ DE L'IMMACULÉE CONCEPTION

DE LA BIENHEUREUSE VIERGE MARIE



Place Saint-Pierre

Vendredi 8 décembre 2006

Chers frères et soeurs,


Aujourd'hui nous célébrons l'une des plus belles fêtes de la Bienheureuse Vierge Marie, et l'une des plus populaires: l'Immaculée Conception. Non seulement Marie n'a commis aucun péché, mais elle a même été préservée de l'héritage commun à tout le genre humain: la faute originelle. Et cela en raison de la mission à laquelle Dieu l'a destinée depuis toujours: être la Mère du Rédempteur. Tout cela est contenu dans la vérité de foi de l'"Immaculée Conception". Le fondement biblique de ce dogme se trouve dans les paroles que l'Ange adressa à la jeune fille de Nazareth: "Réjouis-toi, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi" (Lc 1,28). "Comblée de grâce" - dans l'original grec kecharitoméne - est le plus beau nom de Marie, le nom que Dieu lui-même lui a donné, pour indiquer qu'elle est depuis toujours et pour toujours l'aimée, l'élue, celle qui a été choisie pour accueillir le don le plus précieux, Jésus, "l'amour incarné de Dieu" (Enc. Deus caritas est ).

92 Nous pouvons nous interroger: pourquoi, parmi toutes les femmes, Dieu a choisi précisément Marie de Nazareth? La réponse est cachée dans le mystère insondable de la volonté divine. L'Evangile met cependant une raison en évidence: son humilité. Dante Alighieri la souligne bien dans le dernier Chant du Paradis: "Vierge Mère, fille de ton Fils, / humble et élevée plus qu'aucune créature, / terme fixe d'un éternel conseil (Par. XXXIII, 1-3). La Vierge elle-même dans le Magnificat, son cantique de louange, dit ceci: "Mon âme exalte le Seigneur... II s'est penché sur son humble servante" (Lc 1,46 Lc 1,48). Oui, Dieu a été attiré par l'humilité de Marie, qui a trouvé grâce à ses yeux (cf. Lc Lc 1,30). Elle est ainsi devenue la Mère de Dieu, image et modèle de l'Eglise, élue parmi les peuples pour recevoir la bénédiction du Seigneur et la répandre sur la famille humaine tout entière. Cette "bénédiction" n'est autre que Jésus Christ lui-même. C'est Lui la Source de la grâce, dont Marie a été comblée dès le premier instant de son existence. Elle a accueilli Jésus avec foi et l'a donné au monde avec amour. Ceci est également notre vocation et notre mission, la vocation et la mission de l'Eglise: accueillir le Christ dans notre vie et le donner au monde, "pour que, par lui, le monde soit sauvé" (Jn 3,17).

Chers frères et soeurs, la fête de l'Immaculée, que nous célébrons aujourd'hui, illumine comme un phare le temps de l'Avent, qui est un temps d'attente vigilante et confiante du Sauveur. Tout en allant à la rencontre de Dieu qui vient, tournons notre regard vers Marie qui "brille, devant le Peuple de Dieu en marche, comme un signe d'espérance certaine et de consolation" (Lumen gentium LG 68). Avec cette conviction, je vous invite à vous unir à moi lorsque, cet après-midi, je renouvellerai place d'Espagne le traditionnel acte d'hommage à cette douce Mère par grâce et de la grâce. Nous nous adressons maintenant à Elle avec la prière qui rappelle l'annonce de l'Ange.

A l'issue de l'Angelus

Je suis heureux de saluer les membres de l'Académie pontificale de l'Immaculée, guidés par son Président, le Cardinal Andrea Maria Deskur. Je vous assure de ma prière et j'exprime mes meilleurs voeux pour l'activité de l'Académie et pour le service de grand mérite qu'elle accomplit.

En cette fête traditionnellement consacrée par l'Action catholique italienne au renouvellement de l'adhésion, j'adresse une salutation cordiale à la Présidence nationale et aux éducateurs de l'Action catholique des Jeunes, réunis à Rome pour leur congrès annuel, et je l'étends à toutes les associations diocésaines et paroissiales d'Italie. J'encourage l'Action catholique à développer toujours davantage l'engagement pour la formation, afin que ses membres grandissent en sainteté de vie et dans la communion ecclésiale et soient des témoins crédibles de Jésus ressuscité, espérance de l'humanité. Que la Vierge Immaculée bénisse l'Action catholique et la soutienne dans son engagement généreux à servir l'Eglise et sa mission d'évangélisation.

J'accueille avec plaisir les pèlerins de langue française présents pour la prière de l'Angelus. Puissiez-vous, en ce jour où l'Eglise célèbre l'Immaculée Conception de la Vierge Marie, accueillir comme elle la grâce de Dieu, dans la docilité à la Parole du Seigneur, pour grandir en sainteté et pour annoncer par toute votre vie les merveilles de Dieu. Avec ma Bénédiction apostolique!





Place Saint-Pierre

II Dimanche de l'Avent, 10 décembre 2006

Chers frères et soeurs!


Ce matin, j'ai eu la joie de consacrer une nouvelle église paroissiale, dédiée à Marie, Etoile de l'Evangélisation, dans le quartier Torrino Nord de Rome. C'est un événement qui, tout en concernant ce quartier en particulier, acquiert une signification symbolique au sein du temps liturgique de l'Avent, tandis que nous nous préparons à célébrer le Noël du Seigneur. En ces jours, la liturgie nous rappelle constamment que "Dieu vient" visiter son peuple, pour demeurer parmi les hommes et former avec eux une communion d'amour et de vie, c'est-à-dire une famille. L'Evangile de Jean exprime ainsi le mystère de l'Incarnation: "Et le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi nous", littéralement: "Il a placé sa Tente parmi nous" (Jn 1,14). La construction d'une église au milieu des maisons d'un village ou d'un quartier d'une ville n'évoque-t-elle pas ce grand don et ce mystère?

L'église-édifice est le signe concret de l'Eglise-communauté, formée par les "pierres vivantes" que sont les croyants, image si chère aux Apôtres. Saint Pierre (1P 2,4-5) et saint Paul (Ep 2,20-22), soulignent que la "pierre angulaire" de ce temple spirituel est le Christ et que, étroitement rassemblés autour de Lui, nous sommes nous aussi appelés à participer à l'édification de ce temple. Si c'est donc Dieu qui prend l'initiative d'habiter parmi les hommes, et qu'Il est toujours l'artisan principal de ce projet, il est également vrai qu'Il ne veut pas le réaliser sans notre active collaboration. C'est pourquoi se préparer à Noël signifie s'engager à édifier "la demeure de Dieu avec les hommes". Personne n'est exclu; chacun peut et doit contribuer à faire en sorte que cette maison de la communion soit plus spacieuse et belle. A la fin des temps, elle sera terminée et sera la "Jérusalem céleste": "Puis je vis un ciel nouveau, une terre nouvelle, - lit-on dans l'Apocalypse - [...] Et je vis la Cité Sainte, Jérusalem nouvelle, qui descendait du Ciel, de chez Dieu; elle s'est faite belle, comme une jeune mariée parée pour son époux [...] Voici la demeure de Dieu avec les hommes" (Ap 21,1-3). L'Avent nous invite à tourner notre regard vers la "Jérusalem céleste", qui est le but ultime de notre pèlerinage terrestre. Dans le même temps, il nous exhorte à nous engager par la prière, la conversion et les bonnes oeuvres, à accueillir Jésus dans notre vie, pour construire avec Lui cet édifice spirituel dont chacun de nous - nos familles et nos communautés - est la pierre précieuse.

93 Parmi toutes les pierres qui forment la Jérusalem céleste, la plus resplendissante et la plus précieuse, car de toutes, la plus proche du Christ pierre angulaire, est assurément la Très Sainte Vierge Marie. Par son intercession, prions afin que cet Avent soit pour toute l'Eglise un temps d'édification spirituelle et qu'arrive ainsi bientôt la venue du Royaume de Dieu.

A l'issue de l'Angelus

Jeudi 14 décembre, dans la Basilique Saint-Pierre, je rencontrerai les professeurs et les étudiants des Universités romaines. Chers jeunes, je vous attends nombreux pour nous préparer à Noël en invoquant du Seigneur Jésus le don de la charité intellectuelle pour toute la communauté universitaire.

Je souhaite la bienvenue aux pèlerins francophones présents ce matin sur la Place Saint-Pierre, en particulier les personnalités et les fidèles venus de Lorraine pour fêter saint Nicolas. Je salue également les représentants de la Communauté de Sant'Egidio provenant de vingt et un pays d'Afrique, réunis à Rome pour un temps de formation sur le thème: "L'Afrique tendra les mains vers Dieu". Puissiez-vous, à l'exemple de Jean-Baptiste, préparer les chemins du Seigneur, pour que tout homme puisse voir et accueillir la Bonne Nouvelle du salut de Dieu. Bon dimanche à tous!

Je suis avec une vive préoccupation les événements qui ont lieu au Moyen-Orient, où les ébauches de solutions aux crises qui tourmentent la région alternent avec les tensions et les difficultés qui font craindre de nouvelles violences.

Le Liban mérite une mention particulière, car sur son sol, aujourd'hui comme hier, sont appelés à "vivre ensemble [...] des hommes différents sur le plan culturel et religieux, pour édifier une nation de dialogue et de convivialité et pour concourir au bien commun" (Exhortation apostolique Une espérance nouvelle pour le Liban, n. 119). Je partage donc, face aux récents événements, les profondes préoccupations exprimées par le Patriarche, Sa Béatitude le Cardinal Nasrallah Boutros Sfeir, et par les Evêques maronites dans le Communiqué qu'ils ont rendu public mercredi dernier.

Avec eux, je demande aux Libanais et à leurs responsables politiques d'avoir à coeur exclusivement le bien du pays et l'harmonie entre ses communautés, inspirant leur engagement à cette unité qui est la responsabilité de tous et de chacun et qui exige des efforts patients et persévérants, ainsi qu'un dialogue confiant et permanent (cf. ibid. n. 120). Je souhaite également que la Communauté internationale contribue à trouver les solutions pacifiques et équitables urgentes et nécessaires pour le Liban et pour tout le Moyen-Orient, tandis que j'invite chacun à la prière en ce grave moment.

Je souhaite à tous un bon dimanche.




Angelus Benoit XVI 87