Angelus Benoit XVI 93



Place Saint-Pierre

IV Dimanche de l'Avent, 17 décembre 2006

Chers frères et soeurs,


94 En ce troisième Dimanche de l'Avent, la liturgie nous invite à la joie de l'esprit. Elle le fait avec la célèbre antienne qui reprend une exhortation de l'Apôtre Paul: "Gaudete in Domino", "Soyez toujours dans la joie du Seigneur... Le Seigneur est proche" (cf. Ph Ph 4,4 Ph Ph 4,5). La première lecture biblique de la Messe est elle aussi une invitation à la joie. Le prophète Sophonie, à la fin du VII siècle avant Jésus Christ, s'adresse à la ville de Jérusalem et à sa population en disant: "Pousse des cris de joie, fille de Sion! Eclate en ovations, Israël! Réjouis-toi, tressaille d'allégresse, fille de Jérusalem!... le Seigneur ton Dieu est en toi, c'est lui, le héros qui apporte le salut" (So 3,14 So 3,17). Dieu lui-même est représenté avec des sentiments analogues. Le prophète dit: "Il aura en toi sa joie et son allégresse, il te renouvellera par son amour; il dansera pour toi avec des cris de joie comme aux jours de fête" (So 3,17-18). Cette promesse s'est pleinement réalisée dans le mystère de Noël que nous célébrerons dans une semaine, et qui nous demande de nous renouveler dans l'"aujourd'hui" de notre vie et de l'histoire.

La joie que la liturgie réveille dans les coeurs des chrétiens n'est pas réservée à nous seuls: elle est une annonce prophétique destinée à l'humanité tout entière, en particulier aux plus pauvres, dans ce cas aux plus pauvres de joie! Pensons à nos frères et soeurs qui, spécialement au Moyen-Orient, dans certaines régions d'Afrique et dans d'autres parties du monde vivent le drame de la guerre: quelle joie peuvent-ils vivre? Comment sera leur Noël? Pensons aux nombreux malades et personnes seules qui, en plus d'être éprouvés dans leur corps, le sont également dans leur âme, car il n'est pas rare qu'ils se sentent abandonnés: comment partager la joie avec eux, sans manquer de respect pour leur souffrance? Mais pensons également à ceux - spécialement les jeunes - qui ont perdu le sens de la vraie joie, et la cherchent en vain là où il est impossible de la trouver: dans la course désespérée vers l'affirmation de soi et le succès, dans les faux divertissements, dans la société de consommation, dans les moments d'ébriété, dans les paradis artificiels de la drogue et de toute forme d'aliénation. Nous ne pouvons pas ne pas confronter la liturgie d'aujourd'hui et son "Soyez dans la joie!" avec ces réalités dramatiques. Comme au temps du prophète Sophonie, c'est précisément à ceux qui sont dans l'épreuve, aux "blessés de la vie et orphelins de la joie" que s'adresse de manière privilégiée la Parole du Seigneur. L'invitation à la joie n'est ni un message aliénant, ni un palliatif stérile mais, au contraire, une prophétie de salut, un appel à un rachat qui part du renouvellement intérieur.

Pour transformer le monde, Dieu a choisi une humble jeune fille d'un village de Galilée, Marie de Nazareth, et l'a interpellée par cette salutation: "Réjouis-toi, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi". Le secret du véritable Noël réside dans ces paroles. Dieu le répète à l'Eglise, à chacun de nous: soyez dans la joie, le Seigneur est proche! Avec l'aide de Marie, faisons le don de nous-mêmes, avec humilité et courage, afin que le monde accueille le Christ, qui est la source de la vraie joie.

Au terme de l'Angelus

Mes pensées se tournent aujourd'hui vers les centaines de milliers de réfugiés irakiens en Syrie, contraints à abandonner leur pays en raison de la situation dramatique que l'on vit là-bas. La Caritas de Syrie s'engage déjà totalement en leur faveur; je m'adresse toutefois à la sensibilité des particuliers, des organisations internationales et des gouvernements, afin que d'autres efforts soient entrepris pour répondre à leurs nécessités les plus urgentes. J'élève ma prière vers le Seigneur, afin qu'il apporte le réconfort à ces frères et soeurs et donne un coeur généreux à de nombreuses personnes.

Bienvenue à vous, chers pèlerins francophones réunis ce matin pour la prière de l'Angelus. Puissiez-vous marcher dans la joie à la rencontre du Seigneur qui vient, vous laissant renouveler par l'amour de Dieu, pour répondre toujours plus généreusement aux besoins de vos frères. Avec ma Bénédiction apostolique pour vous tous.

Je souhaite à tous un bon dimanche et une fructueuse préparation au saint Noël. Bon dimanche de l'Avent. Bon dimanche "Gaudete". Tous mes voeux et au revoir.





Place Saint-Pierre

IV Dimanche de l'Avent, 24 décembre 2006


Chers frères et soeurs,

La célébration du Saint Noël est désormais imminente. La vigile d'aujourd'hui nous prépare à vivre intensément le mystère que, cette Nuit, la liturgie nous invitera à contempler avec les yeux de la foi. Dans le divin Nouveau-né, que nous déposerons dans la crèche, notre salut devient manifeste. Dans le Dieu qui se fait homme pour nous, nous nous sentons tous aimés et accueillis, nous découvrons que nous sommes précieux et uniques aux yeux du Créateur. Le Noël du Christ nous aide à prendre conscience de la valeur de la vie humaine, de la vie de chaque être humain, de son premier instant à son déclin naturel. A celui qui ouvre son coeur à cet "enfant enveloppé de langes" et qui est couché "dans une mangeoire" (cf. Lc Lc 2,12), il offre la possibilité de regarder la réalité de tous les jours avec des yeux nouveaux. Il pourra savourer la puissance de l'attrait intérieur de l'amour de Dieu, qui réussit même à transformer en joie la douleur.

95 Chers amis, préparons-nous à rencontrer Jésus, l'Emmanuel, Dieu avec nous. En naissant dans la pauvreté de Bethléem, Il veut devenir le compagnon de route de chacun. Dans ce monde, depuis qu'Il a lui-même voulu y planter sa "tente", personne n'est étranger. C'est vrai, nous sommes tous de passage, mais c'est précisément Jésus qui fait que nous nous sentons chez nous sur cette terre sanctifiée par sa présence. Il nous demande cependant d'en faire une maison accueillante pour tous. Le don surprenant de Noël est précisément celui-ci: Jésus est venu pour chacun de nous et en lui il nous a rendus frères. L'engagement correspondant est celui de toujours surmonter les idées préconçues et les préjugés, d'abattre les barrières et d'éliminer les oppositions qui divisent, ou pire, qui font s'affronter les individus et les peuples, pour construire ensemble un monde de justice et de paix.

Chers frères et soeurs, avec ces sentiments nous vivons les dernières heures qui nous séparent de Noël, en nous préparant spirituellement à accueillir l'Enfant Jésus. Dans le coeur de la nuit, il viendra pour nous. C'est cependant également son désir de venir en nous, c'est-à-dire d'habiter dans le coeur de chacun de nous. Pour que cela se produise, il est indispensable que nous soyons disponibles et que nous nous apprêtions à le recevoir, prêts à lui faire place en nous, dans nos familles, dans nos villes. Que sa naissance ne nous surprenne pas occupés à fêter Noël, en oubliant que l'artisan de la fête c'est précisément Lui! Que Marie nous aide à garder le recueillement intérieur indispensable pour goûter la joie profonde qu'apporte la naissance du Rédempteur. Nous nous adressons à présent à Elle avec notre prière, en pensant en particulier à ceux qui s'apprêtent à passer Noël dans la tristesse et dans la solitude, dans la maladie et dans la souffrance: que la Vierge apporte son réconfort et sa consolation à tous.

A l'issue de l'Angelus

Je salue cordialement les pèlerins francophones présents ce matin pour la prière de l'Angelus. En ces heures qui nous séparent de la naissance de Jésus, puissiez-vous préparer vos coeurs à accueillir dans la joie le Christ Sauveur, qui s'est fait pauvre, petit enfant, pour nous enrichir par sa pauvreté. Avec ma Bénédiction apostolique.

J'adresse un cordial salut au personnel de L'Osservatore Romano présent Place Saint-Pierre et j'exprime ma satisfaction pour l'initiative de destiner une partie des bénéfices de la vente extraordinaire du journal au cours des fêtes de Noël en faveur des enfants hospitalisés dans les services de pédiatrie de la Polyclinique "Gemelli". Merci de cette générosité.

Je salue avec affection les pèlerins de langue italienne et je souhaite à tous un Noël riche de sérénité et de dons spirituels. Bon dimanche. Joyeux Noël à tous.





Place Saint-Pierre

Fête de saint Etienne

Mardi 26 décembre 2006

Chers frères et soeurs!


Au lendemain de la solennité de Noël, nous célébrons aujourd'hui la fête de saint Etienne, diacre et premier martyr. A première vue, le rapprochement du souvenir du "Protomartyr" avec la naissance du Rédempteur peut nous surprendre, car on est frappé par le contraste entre la paix et la joie de Bethléem et le drame d'Etienne, lapidé à Jérusalem au cours de la première persécution contre l'Eglise naissante. En réalité, le désaccord apparent est dépassé si nous considérons plus en profondeur le mystère de Noël. L'Enfant Jésus, couché dans la grotte, est le Fils unique de Dieu qui s'est fait homme. Il sauvera l'humanité en mourant sur la croix. A présent, nous le voyons enveloppé de langes dans la crèche; après sa crucifixion, il sera à nouveau enveloppé de bandes et déposé dans un sépulcre. Ce n'est pas un hasard si l'iconographie de Noël représentait parfois le divin Nouveau-né couché dans un petit sarcophage, pour indiquer que le Rédempteur naît pour mourir, naît pour donner la vie en rançon pour tous.

96 Saint Etienne fut le premier à suivre les traces du Christ à travers le martyre; il mourut, comme le divin Maître, en pardonnant et en priant pour ses bourreaux (cf. Ac Ac 7,60). Au cours des quatre premiers siècles du christianisme, tous les saints vénérés par l'Eglise étaient des martyrs. Il s'agit d'un groupe innombrable, que la liturgie appelle "l'assemblée pure des martyrs", martyrum candidatus exercitus. Leur mort n'inspirait pas la peur ou la tristesse, mais un enthousiasme spirituel qui suscitait toujours de nouveaux chrétiens. Pour les croyants, le jour de la mort, et encore plus le jour du martyre, n'est pas la fin de tout, mais bien le "passage" vers la vie immortelle, c'est le jour de la naissance définitive, en latin dies natalis. On comprend alors le lien qui existe entre le "dies natalis" du Christ et le dies natalis de saint Etienne. Si Jésus n'était pas né sur la terre, les hommes n'auraient pas pu naître au Ciel. C'est précisément parce que le Christ est né que nous pouvons "renaître"!

Marie, qui serra entre ses bras le Rédempteur à Bethléem, souffrit Elle aussi un martyre intérieur. Elle partagea sa passion et dut, encore une fois, le prendre entre ses bras après qu'il ait été décloué de la croix. A cette Mère, qui a connu la joie de la naissance et le déchirement de la mort de son divin Fils, nous confions ceux qui sont persécutés et qui souffrent, de différentes manières, pour témoigner et servir l'Evangile. Avec une proximité spirituelle particulière, je pense également à ces catholiques qui restent fidèles au Siège de Pierre sans céder à des compromis, parfois même aux prix de graves souffrances. Toute l'Eglise en admire l'exemple et prie pour qu'ils aient la force de persévérer, en sachant que leurs épreuves sont source de victoire, même si sur le moment elles peuvent sembler un échec.

A tous, je souhaite encore une fois un bon Noël!

A l'issue de l'Angelus

Aux pèlerins francophones présents ce matin pour la prière de l'Angelus, j'adresse mes cordiales salutations. Puisse saint Etienne, qui a vécu sa fidélité au Christ jusqu'au martyre, vous inviter, vous aussi, à mettre vos pas dans les pas du Seigneur, témoignant avec audace de l'amour de Dieu offert à tous les hommes et pleinement révélé dans la naissance de Jésus. Avec ma Bénédiction apostolique.

Je vous adresse enfin mon salut cordial, pèlerins de langue italienne, et je vous souhaite de conserver en ces journées le climat spirituel de joie et de sérénité du Saint Noël.







Place Saint-Pierre

Dimanche 31 décembre 2006

Chers frères et soeurs!


En ce dernier dimanche de l'année, nous célébrons la fête de la Sainte Famille de Nazareth.J'adresse avec joie mes salutations à toutes les familles du monde, en leur souhaitant la paix et l'amour que Jésus nous a donnés en venant parmi nous à Noël. Dans l'Evangile, nous ne trouvons pas de discours sur la famille, mais un événement qui vaut davantage que toute parole: Dieu a voulu naître et grandir dans une famille humaine. De cette manière, il l'a consacrée comme voie première et ordinaire de sa rencontre avec l'humanité. Dans la vie passée à Nazareth, Jésus a honoré la Vierge Marie et le juste Joseph, en demeurant soumis à leur autorité pendant toute la période de son enfance et de son adolescence (cf. Lc Lc 2,51-52). Ainsi, il a mis en lumière la valeur primordiale de la famille dans l'éducation de la personne. Par Marie et Joseph, Jésus a été introduit dans la communauté religieuse, en fréquentant la synagogue de Nazareth. Avec eux, il a appris à faire le pèlerinage de Jérusalem, comme le raconte le passage évangélique que la liturgie d'aujourd'hui propose à notre méditation. Lorsqu'il eut douze ans, il demeura dans le Temple, et ses parents mirent trois jours à le retrouver. Par ce geste, il leur fit comprendre qu'il devait "être aux affaires de son Père", c'est-à-dire s'occuper de la mission que Dieu lui avait confiée (cf. Lc Lc 2,41-52).

Cet épisode évangélique révèle la vocation la plus authentique et la plus profonde de la famille: c'est-à-dire celle d'accompagner chacun de ses membres sur le chemin de la découverte de Dieu et du dessein qu'Il a préparé à son égard. Marie et Joseph ont éduqué Jésus avant tout par leur exemple: à travers ses parents, Jésus a connu toute la beauté de la foi, de l'amour pour Dieu et pour sa Loi, ainsi que les exigences de la justice, qui trouve son plein accomplissement dans l'amour (cf. Rm Rm 13,10). Il a appris d'eux qu'il faut en premier lieu accomplir la volonté de Dieu, et que le lien spirituel vaut plus que celui du sang. La Sainte Famille de Nazareth est vraiment le "prototype" de toute famille chrétienne qui, unie dans le Sacrement du mariage et nourrie par la Parole et l'Eucharistie, est appelée à réaliser l'extraordinaire vocation et mission d'être une cellule vivante non seulement de la société, mais de l'Eglise, signe et instrument d'unité pour tout le genre humain.

97 Invoquons à présent ensemble la protection de la Très Sainte Vierge Marie et de saint Joseph pour toutes les familles, en particulier pour celles qui connaissent des difficultés. Qu'ils les soutiennent afin qu'elles sachent résister aux poussées destructrices d'une certaine culture contemporaine, qui mine les bases mêmes de l'institution familiale. Qu'ils aident les familles chrétiennes à être, dans toutes les parties du monde, un image vivante de l'amour de Dieu.

A l'issue de l'Angelus

Je vous accueille avec joie, chers pèlerins francophones réunis ce matin pour la prière de l'Angelus, en particulier Monseigneur Jean-Pierre Cattenoz, Archevêque d'Avignon, accompagné par un groupe de séminaristes. Au seuil de la nouvelle année, puissiez-vous rendre grâce pour l'amour dont le Père vous a comblés, et trouver dans cet amour l'audace nécessaire pour vivre en authentiques artisans de paix, de justice, de réconciliation et de fraternité. Avec tous mes voeux d'heureuse et sainte année pour vous-mêmes et pour toutes les personnes qui vous sont chères.

Je salue enfin les pèlerins de langue italienne, en vous souhaitant un bon dimanche et une fin d'année sereine.




BENOÎT XVI ANGELUS 2007

FETE DE LA TRES SAINTE MERE DE DIEU

XL JOURNEE MONDIALE DE LA PAIX



98
Place Saint-Pierre

Lundi 1 janvier 2007



Chers frères et soeurs!

Au début de la nouvelle année, je suis heureux de vous adresser à tous, vous qui êtes présents sur la Place Saint-Pierre, ainsi qu'à tous ceux qui sont en liaison avec nous à travers la radio et la télévision, mes voeux les plus cordiaux de paix et de bien! Meilleurs voeux à tous: paix et bien! Que la lumière du Christ, Soleil apparu à l'horizon de l'humanité, éclaire votre chemin et vous accompagne tout au long de l'année 2007!

Avec une heureuse intuition, mon vénéré Prédécesseur, le Serviteur de Dieu Paul VI, a voulu que l'année s'ouvre sous la protection de la Très Sainte Vierge Marie, vénérée comme la Mère de Dieu. La communauté chrétienne, qui ces derniers jours est demeurée en adoration devant la crèche, tourne aujourd'hui son regard avec un amour particulier vers la Vierge Marie. Elle s'identifie à Elle tandis qu'elle contemple l'Enfant nouveau-né, emmailloté dans ses langes et déposé dans la mangeoire. Comme Marie, l'Église demeure elle aussi en silence, pour percevoir et garder en son coeur les échos intérieurs du Verbe fait chair et ne pas perdre la chaleur divine et humaine qui rayonne de sa présence. Il est la Bénédiction de Dieu! L'Église, comme la Vierge, ne fait rien de plus que de montrer à tous Jésus, le Sauveur, et elle reflète sur chacun la lumière de son Visage, splendeur de bonté et de vérité.

Aujourd'hui, nous contemplons Jésus, né de la Vierge Marie, dans sa prérogative de vrai "Prince de la Paix" (
Is 9,5). Il "est notre paix", venu abattre la "barrière de séparation" entre les hommes et les peuples, c'est-à-dire "la haine" (Ep 2,14). C'est pour cette raison que Paul VI, de vénérée mémoire, voulut que le 1 janvier devienne également la Journée mondiale de la Paix: pour que chaque nouvelle année commence dans la lumière du Christ, le grand pacificateur de l'humanité. Je renouvelle aujourd'hui mes voeux de paix aux gouvernants et aux responsables des nations et des Organisations internationales et à tous les hommes et les femmes de bonne volonté. Je le fais en particulier à travers le Message que j'ai préparé à cette occasion avec mes collaborateurs du Conseil pontifical "Justice et Paix", et qui cette année a pour thème: "La personne humaine, coeur de la paix". Celui-ci aborde un point essentiel, la valeur de la personne humaine, qui est le pilier de tout le grand édifice de la paix. On parle beaucoup aujourd'hui des droits de l'homme, mais l'on oublie souvent qu'ils ont besoin d'un fondement stable, qui ne soit ni relatif ni discutable. Et cela ne peut être que la dignité de la personne. Le respect pour cette dignité commence par la reconnaissance et la protection de son droit à vivre et à professer librement sa religion.

Nous adressons avec confiance notre prière à la Sainte Mère de Dieu, pour que se développe dans les consciences le respect sacré pour toute personne humaine et la ferme condamnation de la guerre et de la violence. Aide-nous, Marie, Toi qui as donné au monde Jésus, à recevoir de Lui le don de la paix et à être de sincères et courageux artisans de paix.

A l'issue de l'Angélus

Aux pèlerins francophones réunis ce matin pour la prière de l'Angelus, j'adresse mes cordiales salutations. Puisse la nouvelle année vous inviter à ouvrir toujours davantage votre coeur au Christ Sauveur, à l'exemple de la Vierge Marie, Mère de Dieu, pour le servir généreusement dans vos frères. Heureuse et sainte année à tous!

Je souhaite à tous de vivre la nouvelle année dans la grâce et dans la paix du Seigneur. En ce sens, heureuse année nouvelle à vous tous!





SOLENNITÉ DE L'EPIPHANIE



Place Saint-Pierre

99
Samedi 6 janvier 2007




Chers frères et soeurs,

En ce jour de la solennité de l'Epiphanie, nous célébrons la manifestation du Christ aux Rois Mages, un événement auquel saint Matthieu accorde une grande importance (cf. Mt
Mt 2,1-12). Il raconte dans son Evangile que quelques "Mages" - probablement des chefs religieux persans - arrivèrent à Jérusalem guidés par une "étoile", un phénomène lumineux céleste qu'ils avaient interprété comme le signe de la naissance d'un nouveau roi des Juifs. Personne dans la ville n'était au courant; le roi qui régnait, Hérode, fut même profondément troublé par la nouvelle et conçut le tragique dessein du "massacre des innocents", pour supprimer son rival qui venait de naître. Les Rois Mages, en revanche, se laissèrent guider par les Saintes Ecritures, en particulier la prophétie de Michée selon laquelle le Messie serait né à Bethléem, la ville de David, située à environ dix kilomètres au sud de Jérusalem (cf. Mi Mi 5,1). Partis dans cette direction, ils virent à nouveau l'étoile et, remplis de joie, ils la suivirent jusqu'à ce qu'elle s'arrête au-dessus d'une bergerie. Ils entrèrent et trouvèrent l'Enfant avec Marie; ils se prosternèrent devant Lui et, en hommage à sa dignité royale, ils Lui offrirent de l'or, de l'encens et de la myrrhe.

Pourquoi cet événement est-il si important? Car c'est là que commença à se réaliser l'adhésion des peuples païens à la foi dans le Christ, selon la promesse faite par Dieu à Abraham, à laquelle se réfère le Livre de la Genèse: "En toi seront bénies toutes les familles de la terre" (Gn 12,3). Si Marie, Joseph et les bergers de Bethléem représentent donc le peuple d'Israël qui a accueilli le Seigneur, les Rois Mages sont en revanche les prémices des nations appelées à faire partie elles aussi de l'Eglise, nouveau peuple de Dieu, non plus basé sur l'homogénéité ethnique, linguistique ou culturelle, mais uniquement sur la foi commune en Jésus, Fils de Dieu. Par conséquent, l'Epiphanie du Christ est en même temps épiphanie de l'Eglise, c'est-à-dire manifestation de sa vocation et de sa mission universelle. A ce propos, je suis heureux d'adresser une salutation cordiale aux bien-aimés frères et soeurs des Eglises orientales qui, conformément au calendrier Julien, célébreront demain le Saint Noël: je leur souhaite avec affection une abondance de paix et de prospérité chrétienne.

Je suis également heureux de rappeler qu'à l'occasion de l'Epiphanie, nous célébrons la Journée mondiale de l'Enfance missionnaire. Il s'agit de la fête des enfants chrétiens qui vivent dans la joie le don de la foi et qui prient afin que la lumière de Jésus parvienne à tous les enfants du monde. Je remercie les enfants de la "Sainte Enfance", présente dans 110 pays, car ils sont de précieux coopérateurs de l'Evangile, et des apôtres de la solidarité chrétienne envers les plus démunis. J'encourage les éducateurs à cultiver l'esprit missionnaire chez les enfants, afin que naissent parmi eux des missionnaires passionnés, témoins de la tendresse de Dieu et annonciateurs de son amour.

Nous nous tournons maintenant vers la Vierge Marie, Etoile de l'évangélisation: que les chrétiens du monde entier, par son intercession, puissent vivre comme des enfants de la lumière et conduire les hommes au Christ, véritable lumière du monde.

A l'issue de l'Angelus

Je vous salue cordialement, chers pèlerins francophones. A la suite des Mages, contemplons sans cesse l'Enfant Jésus et n'ayons pas peur de lui présenter ce que nous avons de plus précieux, pour que notre existence soit une louange à la gloire de Dieu le Père. Avec ma Bénédiction apostolique.

Je souhaite à tous une bonne fête de l'Epiphanie. Au revoir et à demain!





FÊTE DU BAPTÊME DU SEIGNEUR



Place Saint-Pierre

Dimanche 7 janvier 2007

100
Chers frères et soeurs,


Nous célébrons aujourd'hui la fête du Baptême du Seigneur, qui clôt le Temps de Noël. La liturgie nous propose le récit du Baptême de Jésus au Jourdain dans la rédaction de saint Luc (cf. 3, 15-16.21-22). L'évangéliste raconte que, tandis que Jésus était en prière, après avoir reçu le Baptême au milieu de tous ceux qui étaient attirés par la prédication du Précurseur, le ciel s'ouvrit et que, sous la forme d'une colombe, l'Esprit Saint descendit sur lui. Une voix résonna d'en haut à ce moment-là: "C'est toi mon Fils: moi, aujourd'hui, je t'ai engendré" (
Lc 3,22).

Le Baptême de Jésus au Jourdain est rappelé et mis en évidence, bien qu'à différents degrés, par tous les Evangélistes. Il faisait en effet partie de la prédication apostolique, puisqu'il constituait le point de départ de tout l'ensemble des faits et des paroles dont les apôtres devaient rendre témoignage (cf. Ac Ac 1,21-22 Ac 10,37-41). La communauté apostolique le considérait comme très important, non seulement parce qu'en cette circonstance, pour la première fois de l'histoire, s'était manifesté le mystère trinitaire de façon claire et complète, mais aussi parce que le ministère public de Jésus sur les routes de Palestine avait commencé à partir de cet événement. Le Baptême de Jésus au Jourdain est l'anticipation de son baptême de sang sur la croix, et également le symbole de toute l'activité sacramentelle par laquelle le Rédempteur mettra en oeuvre le salut de l'humanité. Voilà pourquoi la tradition patristique a accordé beaucoup d'intérêt à cette fête, qui est la plus ancienne après celle de Pâques. "Dans le Baptême du Christ, chante aujourd'hui la liturgie, le monde est sanctifié, les péchés sont pardonnés, dans l'eau et dans l'Esprit, nous devenons des créatures nouvelles" (Antienne du Benedictus, Off. des Laudes).

Il existe une étroite corrélation entre le Baptême du Christ et notre Baptême. Au Jourdain, les cieux se sont ouverts (cf. Lc Lc 3,21) pour indiquer que le Sauveur nous a ouvert la voie du salut et que nous pouvons la parcourir précisément grâce à la nouvelle naissance "d'eau et d'esprit" (Jn 3,5) qui se réalise lors du baptême. Par lui, nous sommes insérés dans le Corps mystique du Christ, qui est l'Eglise, nous mourons et nous ressuscitons avec Lui, nous nous revêtons de Lui, comme le souligne à plusieurs reprises l'apôtre Paul (cf. 1Co 12,13 Rm 6,3-5 Ga 3,27). L'engagement qui découle du Baptême est donc celui d'"écouter" Jésus: c'est-à-dire de croire en Lui, et de le suivre docilement en faisant sa volonté. C'est de cette façon que chacun peut tendre à la sainteté, un but qui, comme l'a rappelé le Concile Vatican II, constitue la vocation de tous les baptisés. Que Marie, la Mère du Fils bien-aimé de Dieu, nous aide à être toujours fidèles à notre Baptême.

A l'issue de l'Angelus

Ce matin, conformément à la coutume, lors de la fête du Baptême du Seigneur, j'ai eu la joie de baptiser des enfants. Je vous invite par conséquent à prier pour ces nouveaux chrétiens et pour leurs parents, leurs parrains et leurs marraines. Que la Vierge Marie veille sans cesse sur eux.

Je vous salue, chers pèlerins francophones, venus vous associer à la prière de l'Angelus. Alors que nous célébrons le Baptême du Seigneur, où nous est révélé qu'il est Fils de Dieu, prenez conscience de la beauté de votre Baptême, pour vivre chaque jour de votre dignité de fils de Dieu, dans le Christ Seigneur. Avec ma Bénédiction apostolique.

Je souhaite à tous un bon dimanche.







Place Saint-Pierre

Dimanche 14 janvier 2007


Chers frères et soeurs,

101 Ce dimanche, nous célébrons la Journée mondiale annuelle des Migrants et des Réfugiés. J'ai adressé à cette occasion, à tous les hommes de bonne volonté, et en particulier aux communautés chrétiennes, un Message spécial consacré à la famille migrante. Nous pouvons tourner notre regard vers la sainte Famille de Nazareth, icône de toutes les familles, car celle-ci reflète l'image de Dieu conservée dans le coeur de chaque famille humaine, même lorsque celle-ci est affaiblie et parfois défigurée par les épreuves de la vie. L'évangéliste Matthieu raconte que, peu après la naissance de Jésus, saint Joseph fut contraint à partir pour l'Egypte en prenant avec lui l'enfant et sa mère, afin de fuir la persécution du roi Hérode (cf. Mt Mt 2,13-15). Dans le drame de la Famille de Nazareth nous entrevoyons la douloureuse condition de tant de migrants, spécialement des réfugiés, des exilés, des personnes déplacées, des persécutés. Reconnaissons en particulier les difficultés de la famille migrante en tant que telle: les privations, les humiliations, la pauvreté, la fragilité.

En réalité, le phénomène de la mobilité humaine est très vaste et diversifié. Selon des estimations récentes des Nations unies, les migrants pour raisons économiques sont aujourd'hui près de 200 millions, les réfugiés environ 9 millions, et les étudiants internationaux environ 2 millions. A ce grand nombre de frères et soeurs nous devons ajouter les personnes déplacées à l'intérieur de leur pays, les personnes en situation irrégulière, en tenant compte du fait que chacun possède, d'une manière ou d'une autre, une famille. Il est donc important de soutenir les migrants et leurs familles au moyen d'une protection législative, juridique et administrative spécifique, et également à travers un réseau de services, de centres d'écoute et de structures d'assistance sociale et pastorale. Je forme le voeu que l'on parvienne rapidement à gérer de manière équilibrée les flux migratoires et la mobilité humaine en général, pour en faire profiter la famille humaine tout entière, en commençant par des mesures concrètes qui favorisent l'émigration régulière et le regroupement des familles, avec une attention particulière aux femmes et aux mineurs. La personne humaine doit en effet toujours être placée au centre, également dans le vaste domaine des migrations internationales. Seuls, le respect de la dignité humaine de tous les migrants, d'un côté, et la reconnaissance par les migrants eux-mêmes des valeurs de la société qui les accueille, de l'autre, rendent possible la juste intégration des familles dans les systèmes sociaux, économiques et politiques des pays d'accueil.

Chers amis, la réalité des migrations ne doit jamais être vue uniquement comme un problème mais également et surtout comme une ressource importante pour la marche de l'humanité. Et la famille migrante est de manière spéciale une ressource, si elle est respectée en tant que telle, si elle ne subit pas de déchirements irréparables et si elle peut demeurer unie ou se réunir et accomplir sa mission de berceau de la vie et de premier lieu d'accueil et d'éducation de la personne humaine. Nous le demandons ensemble au Seigneur, par l'intercession de la Bienheureuse Vierge Marie et de sainte Francesca Saverio Cabrini, patronne des migrants.

A l'issue de l'Angelus

Je vous salue, chers pèlerins de langue française. L'Evangile du jour nous invite à contempler, à travers le miracle de Cana, Jésus, véritable époux de l'Eglise. Le Christ aime son Eglise; il lui découvre le sens véritable de l'existence humaine, il la purifie et lui partage son bien le plus précieux. Que chacun se laisse ainsi aimer et pardonner par le Christ, vivant en intimité avec Lui. Avec ma Bénédiction apostolique.

Je souhaite à tous un bon dimanche.







Place Saint-Pierre

Dimanche 21 janvier 2007

21107
Chers frères et soeurs!


Ce dimanche tombe pendant la "Semaine de prière pour l'unité des chrétiens" qui, comme on le sait, est célébrée chaque année, dans notre hémisphère, entre le 18 et le 25 janvier. Le thème de l'année 2007 est une expression tirée de l'Evangile de Marc, qui rapporte l'émerveillement des personnes devant la guérison du sourd-muet accomplie par Jésus: "Il fait entendre les sourds et parler les muets!" (
Mc 7,37). J'ai l'intention de commenter plus amplement ce thème biblique le 25 janvier prochain, fête liturgique de la Conversion de saint Paul lorsque, à l'occasion de la conclusion de la "Semaine de prière", je présiderai à 17h30 la célébration des Vêpres dans la Basilique Saint-Paul-hors-les-Murs. Je vous attends nombreux à cette rencontre liturgique, car l'unité se réalise surtout en priant, et plus la prière est chorale, plus elle est agréable à Dieu.

Cette année, le projet initial pour la "Semaine", adapté ensuite par le Comité mixte international, a été préparé par les fidèles d'Umlazi, en Afrique du Sud, une ville très pauvre, où le SIDA a pris des proportions de pandémie et où les espérances humaines sont rares. Mais le Christ ressuscité est espérance pour tous. Il l'est en particulier pour les chrétiens. Héritiers de divisions ayant eu lieu au cours d'époques passées, ils ont voulu en cette circonstance lancer un appel: le Christ peut tout, il "fait entendre les sourds et parler les muets" (Mc 7,37), c'est-à-dire qu'il est capable de transmettre aux chrétiens le désir ardent d'écouter l'autre, de communiquer avec l'autre et de parler avec lui le langage de l'amour réciproque.

La Semaine de prière pour l'unité des chrétiens nous rappelle ainsi que l'oecuménisme est une expérience profonde de dialogue, une écoute et une parole, une meilleure connaissance réciproque; il s'agit d'un devoir que tous peuvent accomplir, en particulier en ce qui concerne l'oecuménisme spirituel, fondé sur la prière et le partage pour l'instant possible entre les chrétiens. Je souhaite que l'aspiration à l'unité, traduite en prière et en collaboration fraternelle pour soulager les souffrances de l'homme, puisse se diffuser toujours plus au niveau des paroisses et des mouvements ecclésiaux et entre les Instituts religieux. Je saisis cette occasion pour remercier la Commission oecuménique du Vicariat de Rome et les curés de la ville qui encouragent les fidèles à célébrer la "Semaine". Plus généralement, je suis reconnaissant à tous ceux qui, partout dans le monde, prient et oeuvrent pour l'unité avec conviction et constance. Que Marie, Mère de l'Eglise, aide tous les fidèles à laisser le Christ les ouvrir profondément à la communication réciproque dans la charité et dans la vérité, pour devenir en Lui un seul coeur et une seule âme (cf. Ac 4,32).

A l'issue de l'Angelus

Le diocèse de Rome célèbre aujourd'hui la Journée de l'Ecole catholique. J'adresse mon salut cordial aux nombreux représentants des directeurs, professeurs, parents et élèves ici présents, et je l'étends à tous ceux qui vivent et travaillent dans les écoles catholiques romaines. Chers amis, comme le souligne de façon expressive le thème de la Journée, les Instituts scolaires catholiques se placent au service de la croissance intégrale de la personne: "coeur, intelligence, liberté". Je vous renouvelle l'expression de ma reconnaissance pour le travail que vous accomplissez, en vous efforçant toujours de conjuguer la qualité de l'instruction avec l'engagement éducatif. A cette fin, je vous encourage et je vous soutiens par ma prière.

Je vous salue, chers pèlerins francophones venus vous associer à la prière de l'Angelus. Puissiez-vous rester les yeux fixés sur le Christ, source de notre vie. Au cours de cette semaine, je vous invite à le prier tout spécialement pour l'unité des chrétiens, afin que nous soyons ensemble des témoins de l'amour trinitaire. Avec ma Bénédiction apostolique.

Je souhaite à tous un bon dimanche.


Angelus Benoit XVI 93