Angelus Benoit XVI 141

141 A l'issue de l'Angelus

Chers amis francophones présents à la prière de l'Angelus, je vous salue cordialement. Puissiez-vous comme Zachée, dont l'Evangile du jour nous donne le récit, chercher à voir Jésus, qui veut vous rejoindre et vous apporter le salut. Rappelez-vous que personne n'est trop petit pour Dieu et que chacun peut accueillir le Seigneur et se laisser transformer par lui. Avec ma Bénédiction apostolique.

Les nouvelles de ces derniers jours concernant les événements survenus dans la région frontalière entre la Turquie et l'Irak sont pour moi, comme pour tous, une source de préoccupation. Je désire par conséquent encourager tous les efforts visant à une solution pacifique des problèmes qui ont surgi récemment entre la Turquie et le Kurdistan irakien.

Je ne peux pas oublier que dans cette région, de nombreuses populations ont trouvé refuge pour échapper à l'insécurité et au terrorisme qui ont rendu la vie difficile en Irak ces dernières années. C'est justement en considérant le bien de ces populations, qui comptent aussi de nombreux chrétiens, que je souhaite vivement que toutes les parties se prodiguent pour rechercher des solutions de paix.

Je forme également le voeu que les relations entre les populations migrantes et les populations locales se déroulent dans l'esprit de ce grand civisme moral, qui est le fruit des valeurs spirituelles et culturelles de chaque peuple et de chaque pays. Que ceux qui ont la responsabilité de la sécurité et de l'accueil sachent faire usage des moyens appropriés pour garantir les droits et les devoirs qui sont à la base de toute véritable cohabitation et de toute rencontre entre les peuples.

Je souhaite à tous un bon dimanche et une bonne semaine. Merci de votre attention.





Place Saint-Pierre

Dimanche 11 novembre 2007

Chers frères et soeurs,


Aujourd'hui, 11 novembre, l'Eglise rappelle saint Martin, évêque de Tours, l'un des saints les plus célèbres et les plus vénérés d'Europe. Né de parents païens en Pannonie, l'actuelle Hongrie, vers 316, il fut destiné par son père à la carrière militaire. Encore adolescent, Martin découvrit le christianisme et, surmontant de nombreuses difficultés, il s'inscrivit parmi les catéchumènes pour se préparer au Baptême. Il reçut le sacrement vers l'âge de vingt ans mais dut rester encore longtemps dans l'armée, où il donna un témoignage de sa nouvelle manière de vivre: il était respectueux et compréhensif envers tous, traitait son serviteur comme un frère et évitait les divertissements vulgaires. Lorsqu'il termina son service militaire, il se rendit à Poitiers, en France, auprès du saint évêque Hilaire. Ordonné diacre et prêtre par ce dernier, il choisit la vie monastique et fonda, avec quelques disciples, le plus ancien monastère connu en Europe, à Ligugé. Environ dix ans plus tard, les chrétiens de Tours, restés sans pasteur, l'acclamèrent Evêque de Tours. Martin se consacra alors avec un zèle ardent, à l'évangélisation des campagnes et à la formation du clergé. Même si de nombreux miracles lui sont attribués, saint Martin est surtout célèbre pour un acte de charité fraternelle. Alors qu'il était encore jeune soldat, il rencontra sur la route un pauvre transi de froid et tout tremblant. Il prit alors son propre manteau, le partagea en deux avec son épée et en donna la moitié à cet homme. La nuit même, Jésus lui apparut en songe, souriant, enveloppé dans ce même manteau.

Chers frères et soeurs, le geste de charité de saint Martin s'inscrit dans la logique qui poussa Jésus à multiplier les pains pour les foules affamées, mais surtout à se donner lui-même comme nourriture pour l'humanité dans l'Eucharistie, Signe suprême de l'amour de Dieu, Sacramentum caritatis. C'est la logique du partage, à travers lequel on exprime de manière authentique son amour pour son prochain. Que saint Martin nous aide à comprendre que ce n'est qu'à travers un engagement commun de partage que l'on peut répondre au grand défi de notre temps: celui de construire un monde de paix et de justice, dans lequel tout homme puisse vivre dignement. Cela pourra se produire si prévaut un modèle mondial de solidarité authentique, en mesure d'assurer à tous les habitants de la planète la nourriture, l'eau, les soins médicaux nécessaires, mais également le travail et les ressources énergétiques, de même que les biens culturels, les connaissances scientifiques et technologiques.

142 Nous nous tournons maintenant vers la Vierge Marie afin qu'elle aide tous les chrétiens à être, comme saint Martin, des témoins généreux de l'Evangile de la charité et d'infatigables constructeurs de partage solidaire.

A l'issue de l'Angelus

L'Assemblée nationale libanaise sera prochainement appelée à élire un nouveau chef de l'Etat. Comme le montrent les nombreuses initiatives entreprises ces jours derniers, il s'agit d'un passage crucial, dont dépend la survie même du Liban et de ses institutions. Je fais miennes les préoccupations exprimées récemment par le Patriarche maronite, Sa Béatitude le Cardinal Nasrallah Sfeir, ainsi que son voeu que tous les Libanais puissent se reconnaître dans le nouveau président. Supplions ensemble Notre-Dame du Liban, afin qu'elle inspire à toutes les parties intéressées le détachement nécessaire des intérêts personnels et une véritable passion pour le bien commun.

On célèbre aujourd'hui en Italie la "Journée d'Action de grâce" qui a pour thème: "Gardiens d'un territoire aimé et servi". De nos jours, en effet, les agriculteurs sont non seulement des producteurs de biens essentiels, mais aussi des gardiens du milieu naturel et de son patrimoine culturel. Par conséquent, tout en rendant grâce à Dieu pour les dons de la création, nous prions afin que ceux qui travaillent la terre puissent vivre et oeuvrer dans la sérénité et la prospérité et prendre soin de l'environnement, pour le bien de tous.

J'adresse une salutation spéciale à la communauté argentine de Rome. Chers amis, vous êtes venus nombreux à l'occasion de la béatification de Zeffirino Namuncurá, qui se déroulera aujourd'hui à Chimpay, en Argentine, où la célébration sera présidée par le Cardinal Tarcisio Bertone, qui s'est rendu là-bas en mon nom. Que le bienheureux Zeffirino intercède pour vous et pour vos familles!

Chers pèlerins francophones, je vous salue cordialement. Les textes de la liturgie de ce jour nous invitent à accueillir le message du Christ, qui nous parle de l'éternité bienheureuse, à laquelle nous sommes appelés. Le bonheur qui nous est préparé nous invite à l'espérance et à une vie belle et bonne. Que le Seigneur et la Vierge Marie vous accompagnent sur votre route quotidienne. Avec ma Bénédiction apostolique.

Je souhaite à tous un bon dimanche.





Place Saint-Pierre

Dimanche 18 novembre 2007

18117
Chers frères et soeurs,

Dans la page évangélique d'aujourd'hui, saint Luc propose à nouveau à notre réflexion la vision biblique de l'histoire et rapporte les paroles de Jésus qui invitent les disciples à ne pas avoir peur mais à affronter les difficultés, les incompréhensions et même les persécutions avec confiance, en persévérant dans la foi en Lui. "Quand vous entendrez parler de guerres et de soulèvements - dit le Seigneur -, ne vous effrayez pas: il faut que cela arrive d'abord, mais ce ne sera pas tout de suite la fin" (
Lc 21,9). Se souvenant de cet avertissement, l'Eglise vit, depuis le début, dans l'attente priante du retour du Seigneur, en scrutant les signes des temps et en mettant les fidèles en garde contre les messianismes récurrents, qui de temps en temps annoncent l'imminence de la fin du monde. En réalité, l'histoire, qui passe aussi par des drames humains et des calamités naturelles, doit suivre son cours. En elle se développe un dessein de salut que le Christ a déjà mené à terme, par son incarnation, sa mort et sa résurrection. L'Eglise continue à annoncer ce mystère et à le mettre en oeuvre par la prédication, la célébration des sacrements et le témoignage de la charité.

Chers frères et soeurs, accueillons l'invitation du Christ à affronter les événements quotidiens en se confiant à son amour providentiel. N'ayons pas peur de l'avenir, même lorsqu'il peut nous apparaître sombre, parce que le Dieu de Jésus Christ qui a assumé l'histoire pour l'ouvrir à son accomplissement transcendant, en est l'alpha et l'omega, le principe et la fin (cf. Ap Ap 1,8). Il nous garantit que dans tout acte d'amour, petit mais authentique, se trouve tout le sens de l'univers, et que celui qui n'hésite pas à perdre sa vie pour Lui la retrouve en plénitude (cf. Mt Mt 16,25).

Les personnes consacrées, qui ont placé sans réserve leur vie au service du Royaume de Dieu, nous invitent concrètement et de manière particulière à maintenir vivante une telle perspective. Parmi elles, je voudrais mentionner notamment celles qui sont appelées à la contemplation dans les monastères de clôture. L'Eglise leur consacre une Journée spéciale mercredi prochain, 21 novembre, en la fête de la Présentation au Temple de la Bienheureuse Vierge Marie. Nous devons tant à ces personnes qui vivent de ce que la Providence leur procure à travers la générosité des fidèles. "Comme une oasis spirituelle, un monastère indique au monde d'aujourd'hui la chose la plus importante, et c'est même en fin de compte la seule chose décisive: il existe une ultime raison pour laquelle il vaut la peine de vivre, qui est Dieu et son amour impénétrable" (Heiligenkreuz, 9 septembre 2007). La foi qui agit dans la charité est le véritable antidote à la mentalité nihiliste qui étend de plus en plus son influence dans le monde à notre époque.

Que Marie, Mère du Verbe incarné, nous accompagne dans notre pèlerinage terrestre. Nous lui demandons de soutenir le témoignage de tous les chrétiens afin qu'il s'appuie sur une foi toujours solide et persévérante.

A l'issue de l'Angelus

Je vous adresse mes salutations cordiales, chers pèlerins de langue française. Dans l'Evangile du jour, Jésus nous invite à persévérer dans notre vie chrétienne, dans l'assurance du bonheur éternel qu'il nous prépare. Puisse cette invitation maintenir vive votre espérance. En cette Journée des accidentés de la route, nous portons dans notre prière toutes les personnes qui sont mortes dans des accidents de la circulation et leurs familles. J'appelle chacun à redoubler d'efforts pour être prudent, afin de protéger sa vie et celle d'autrui. C'est un devoir de charité les uns envers les autres. Avec ma Bénédiction apostolique.

Ces derniers jours, un terrible cyclone a frappé le sud du Bangladesh, entraînant de très nombreuses victimes et de graves destructions. Renouvelant aux familles et à toute la nation, qui m'est si chère, l'expression de mes profondes condoléances, je lance un appel à la solidarité internationale, déjà en marche, pour faire face aux besoins immédiats. J'encourage à mettre en oeuvre tous les efforts possibles pour secourir nos frères si durement éprouvés.

Aujourd'hui s'ouvre en Jordanie la huitième Assemblée des Etats ayant souscrit à la Convention sur l'interdiction d'utilisation, de stockage, de production et de transport des mines antipersonnel et sur leur destruction. Le Saint-Siège figure parmi les principaux promoteurs de cette Convention, adoptée il y a dix ans. J'exprime donc de tout coeur mes voeux et mes encouragements pour une bonne issue de cette conférence, afin que ces engins, qui continuent à faire des victimes, dont de nombreux enfants, soient complètement bannis.

Cet après-midi sera béatifié à Novare le vénérable serviteur de Dieu Antonio Rosmini, grande figure de prêtre et homme de culture éminent, animé d'un amour fervent pour Dieu et pour l'Eglise. Il a témoigné de la vertu de la charité dans toutes ses dimensions et à un haut niveau, mais ce qui l'a rendu le plus célèbre, c'est son engagement généreux pour celle qu'il appelait la "charité intellectuelle", c'est-à-dire la réconciliation de la raison avec la foi. Que son exemple aide l'Eglise, spécialement les communautés ecclésiales italiennes, à prendre toujours davantage conscience que la lumière de la raison humaine et celle de la Grâce, lorsqu'elles cheminent ensemble, deviennent source de bénédiction pour la personne humaine et pour la société.

Je souhaite à tous un bon dimanche!





CONSISTOIRE ORDINAIRE PUBLIC POUR LA CRÉATION DE NOUVEAUX CARDINAUX Solennité du Christ Roi de l'univers

Parvis de la Basilique Vaticane


25117 Dimanche 25 novembre 2007



Mardi prochain, à Annapolis, aux Etats-Unis, Israéliens et Palestiniens, avec l'aide de la Communauté internationale, entendent relancer le processus de négociations pour trouver une solution juste et définitive au conflit qui depuis soixante ans ensanglante la Terre Sainte, et qui a provoqué tant de larmes et de souffrances au sein de ces deux peuples. Je vous demande de vous unir à la Journée de prière d'aujourd'hui lancée par la Conférence épiscopale des Etats-Unis d'Amérique pour implorer de l'Esprit de Dieu la paix pour cette région qui nous est si chère, et les dons de la sagesse et du courage pour tous les acteurs de cette rencontre importante.

A l'issue de la célébration solennelle de ce jour, je souhaite adresser une salutation cordiale à toutes les personnes présentes, y compris toutes celles qui sont restées à l'extérieur de la Basilique. Je suis particulièrement reconnaissant aux fidèles venus de loin pour accompagner les nouveaux Cardinaux et participer à cet événement, qui manifeste de manière unique l'unité et l'universalité de l'Eglise catholique. Je renouvelle ma pensée déférente aux autorités civiles.

Je salue cordialement les pèlerins francophones, particulièrement les personnes venues accompagner les nouveaux Cardinaux qui, en ce jour où nous célébrons le Christ Roi de l'univers, ont reçu une responsabilité plus grande au service de l'Eglise. Avec eux, demandons au Christ d'établir son règne sur le monde et de fortifier notre espérance.

Nous nous préparons maintenant à réciter, comme d'habitude, la prière de l'Angelus. Dans des occasions comme celle-ci, nous ressentons encore plus vivement la présence spirituelle de la Très Sainte Vierge Marie. Comme au Cénacle de Jérusalem, Elle est aujourd'hui au milieu de nous et nous accompagne dans cette étape du chemin ecclésial. Nous voulons confier à la Vierge les nouveaux membres du Collège cardinalice afin qu'elle obtienne pour chacun d'eux, comme pour tous les ministres de l'Eglise, de toujours imiter le Christ dans le service généreux de Dieu et de son Peuple, pour participer à sa royauté glorieuse.





Place Saint-Pierre

Ier Dimanche de l'Avent, 2 décembre 2007






Chers frères et soeurs,

En ce premier dimanche de l'Avent, une nouvelle année liturgique commence: le Peuple de Dieu se remet en marche pour vivre le mystère du Christ dans l'histoire. Le Christ est le même hier, aujourd'hui et toujours (cf. He
He 13,8); l'histoire en revanche change et demande à être constamment évangélisée; elle a besoin d'être renouvelée de l'intérieur et la seule vraie nouveauté c'est le Christ: c'est Lui son accomplissement plénier, l'avenir lumineux de l'homme et du monde. Ressuscité d'entre les morts, Jésus est le Seigneur auquel Dieu soumettra tous ses ennemis, y compris la mort elle-même (cf. 1Co 15,25-28). L'Avent est donc le temps propice pour réveiller dans nos coeurs l'attente de "Celui qui est, qui était et qui vient" (Ap 1,8). Le Fils de Dieu est déjà venu à Bethléem il y a vingt siècles, il vient à chaque instant dans l'âme et dans la communauté disposées à le recevoir, il viendra à nouveau à la fin des temps pour "juger les vivants et les morts". Le croyant est donc toujours vigilant, animé par l'intime espérance de rencontrer le Seigneur, comme le dit le Psaume: "J'espère le Seigneur, mon âme espère en sa parole; mon âme attend le Seigneur plus que les veilleurs l'aurore" (Ps 129,5-6).

Ce dimanche est donc un jour indiqué s'il en est pour offrir à toute l'Eglise et à tous les hommes de bonne volonté ma deuxième Encyclique que j'ai justement voulu consacrer au thème de l'espérance chrétienne. Elle s'intitule Spe salvi parce qu'elle s'ouvre par l'expression de saint Paul: "Spe salvi facti sumus - Dans l'espérance nous avons tous été sauvés" (Rm 8,24). Dans ce passage comme dans d'autres passages du Nouveau Testament, le mot "espérance" est étroitement lié au mot "foi". C'est un don qui change la vie de celui qui le reçoit, comme le démontre l'expérience de tant de saints et de saintes. En quoi consiste cette expérience, si grande et si "fiable" qu'elle nous fait dire qu'en elle nous avons le "salut"? Elle consiste, en substance, dans la connaissance de Dieu, dans la découverte de son coeur de Père bon et miséricordieux. Jésus, par sa mort sur la croix et par sa résurrection, nous a révélé son visage, le visage d'un Dieu tellement grand dans l'amour qu'il nous communique une espérance inébranlable, que pas même la mort ne peut entamer, parce que la vie de celui qui se confie à ce Père s'ouvre sur la perspective de l'éternelle béatitude.

Le développement de la science moderne a confiné la foi et l'espérance toujours davantage dans le domaine privé et individuel, si bien qu'aujourd'hui il apparaît de façon évidente, et parfois dramatique, que l'homme et le monde ont besoin de Dieu - du vrai Dieu! - autrement, ils restent dépourvus d'espérance. La science contribue beaucoup au bien de l'humanité, mais elle n'est pas en mesure de la racheter. L'homme est racheté par l'amour, qui rend la vie personnelle et sociale bonne et belle. C'est pourquoi la grande espérance, pleine et définitive, est garantie par Dieu qui est l'amour, par Dieu qui, en Jésus, nous a visités et nous a donné la vie, et en Lui reviendra à la fin des temps. C'est dans le Christ que nous espérons, c'est Lui que nous attendons! Avec Marie, sa Mère, l'Eglise va à la rencontre de l'Epoux: elle le fait à travers les oeuvres de charité, parce que l'espérance, comme la foi, se démontre par l'amour. Bon Avent à tous!

145 A l'issue de l'Angelus

Je vous salue, chers pèlerins de langue française, venus vous associer à la prière de l'Angelus. Le temps de l'Avent, qui ouvre une nouvelle année liturgique, nous invite à orienter nos regards vers l'avenir, non pas pour fuir le temps présent, mais pour vivre dans l'espérance et mener une existence bonne. Pour vous aider à entrer avec joie dans l'attente du Sauveur, je vous accorde à tous ma Bénédiction apostolique. Je vous souhaite à tous un bon dimanche et joyeux temps de l'Avent.

Je vous souhaite à tous un bon dimanche et un joyeux Avent. Joyeux Avent à vous tous.





SOLENNITÉ DE L'IMMACULÉE CONCEPTION

DE LA VIERGE MARIE



Place Saint-Pierre

Samedi 8 décembre 2007


Chers frères et soeurs!

Sur le chemin de l'Avent brille l'étoile de Marie Immaculée, "signe d'espérance certaine et de consolation" (Concile Vatican II, Lumen gentium LG 68). Pour parvenir à Jésus, lumière véritable, soleil qui a dissipé toutes les ténèbres de l'histoire, nous avons besoin de lumières proches de nous, de personnes humaines qui reflètent la lumière du Christ et illuminent ainsi le chemin à parcourir. Et quelle personne est plus lumineuse que Marie? Qui mieux qu'elle, aurore qui a annoncé le jour du salut, peut être pour nous étoile d'espérance? (cf. Encycl. Spe salvi ). C'est pour cette raison que la liturgie nous fait célébrer aujourd'hui, à proximité de Noël, la fête solennelle de l'Immaculée Conception de Marie: le mystère de la grâce de Dieu qui a enveloppé dès le premier instant de son existence la créature destinée à devenir la Mère du Rédempteur, en la préservant de la contagion du péché originel. En La regardant, nous reconnaissons la hauteur et la beauté du projet de Dieu pour chaque homme: devenir saints et immaculés dans l'amour (cf. Ep Ep 1,4), à l'image de notre Créateur.
Quel grand don d'avoir pour mère Marie Immaculée! Une mère resplendissante de beauté, transparente à l'amour de Dieu. Je pense aux jeunes d'aujourd'hui, qui grandissent dans un milieu saturé de messages proposant de faux modèles de bonheur. Ces jeunes, garçons et filles, risquent de perdre l'espérance car ils semblent souvent orphelins du véritable amour qui remplit la vie de sens et de joie. Il s'agissait d'un thème cher à mon vénéré prédécesseur Jean-Paul II, qui a si souvent proposé Marie, la "Mère du bel amour", aux jeunes de notre époque. De nombreuses expériences nous montrent malheureusement que les adolescents, les jeunes et même les enfants, sont des victimes faciles de la corruption de l'amour, trompés par des adultes sans scrupule qui, se mentant à eux-mêmes et leur mentant à eux, les attirent dans les méandres sans issue de la société de consommation: même les réalités les plus sacrées telles que le corps humain, temple du Dieu de l'amour et de la vie, deviennent ainsi des objets de consommation; et cela de plus en plus tôt, déjà lors de la pré-adolescence. Quelle tristesse lorsque les jeunes perdent l'émerveillement, l'enchantement des sentiments les plus beaux, la valeur du respect du corps, manifestation de la personne et de son mystère insondable!

Marie, l'Immaculée, que nous contemplons dans toute sa beauté et sa sainteté, nous rappelle tout cela. De la croix, Jésus l'a confiée à Jean et à tous les disciples (cf. Jn Jn 19,27) et depuis lors, elle est devenue Mère, Mère de l'espérance, pour l'humanité tout entière. Nous Lui adressons avec foi notre prière, en nous rendant, en esprit, en pèlerinage à Lourdes où aujourd'hui précisément s'ouvre une année jubilaire spéciale à l'occasion du 150 anniversaire de ses apparitions dans la grotte de Massabielle. Marie Immaculée, "Etoile de la mer, brille sur nous et conduis-nous sur notre route!" (Encycl. Spe salvi ).

A l'issue de l'Angelus

En cette solennité mariale, j'adresse, selon la tradition, une salutation particulière à l'Académie pontificale de l'Immaculée et à son président, le Cardinal Andrea Maria Deskur. J'invoque la constante protection de la Vierge Marie sur tous les membres et les amis de l'Académie. A cet après-midi place d'Espagne!

146 Je vous salue, chers pèlerins de langue française, particulièrement les personnes de l'ensemble paroissial de Labarthe et Venerque, dans le diocèse de Toulouse. En son Fils Jésus, Dieu le Père a choisi Marie, pour qu'elle soit sainte et irréprochable sous son regard, la préparant à être la terre où germerait le salut. A la suite de Marie, puissions-nous dire "oui" au Seigneur pour que tout se passe en nous selon sa parole. Avec ma Bénédiction apostolique.

Je souhaite à tous une bonne fête de l'Immaculée.





Place Saint-Pierre

II Dimanche de l'Avent, 9 décembre 2007




Chers frères et soeurs!

Hier, en la solennité de l'Immaculée Conception, la liturgie nous a invités à tourner notre regard vers Marie, mère de Jésus et notre mère, Etoile d'espérance pour tout homme. Aujourd'hui, deuxième dimanche de l'Avent, elle nous présente la figure austère du Précurseur, que l'évangéliste Matthieu présente ainsi: "En ces jours-là, paraît Jean le Baptiste, qui proclame dans le désert de Judée: "Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche"" (
Mt 3,1-2). Sa mission a été celle de préparer et d'aplanir le chemin devant le Messie, appelant le peuple d'Israël à se repentir de ses péchés et à corriger toute iniquité. Par des paroles exigeantes Jean Baptiste annonçait le jugement imminent: "Tout arbre qui ne produit pas de bons fruits va être coupé et jeté au feu" (Mt 3,10). Il mettait surtout en garde contre l'hypocrisie de ceux qui se sentaient en sécurité pour le seul fait d'appartenir au peuple élu: devant Dieu - disait-il - personne n'a de titres dont il peut se vanter, mais doit porter "des fruits qui expriment [sa] conversion" (Mt 3,8).

Alors que le chemin vers l'Avent se poursuit, alors que nous nous préparons à célébrer le Noël du Christ, cet appel de Jean Baptiste à la conversion retentit dans nos communautés. C'est une invitation pressante à ouvrir nos coeurs et à accueillir le Fils de Dieu qui vient au milieu de nous pour faire connaître le jugement divin. Le Père - écrit l'évangéliste Jean - ne juge personne, mais a confié au Fils le pouvoir de juger, parce qu'il est le Fils de l'homme (cf. Jn Jn 5,22 Jn Jn 5,27). Et c'est aujourd'hui, maintenant, que se joue notre destin futur; c'est avec le comportement concret que nous adoptons dans cette vie que nous décidons de notre sort éternel. Au crépuscule de notre vie sur terre, au moment de notre mort, nous serons jugés en fonction de notre ressemblance ou non avec l'Enfant qui va naître dans la pauvre grotte de Bethléem, car c'est Lui le critère de mesure que Dieu a donné à l'humanité. Le Père céleste, qui nous a manifesté son amour miséricordieux à travers la naissance de son Fils unique, nous appelle à suivre ses pas en faisant, comme Lui, un don d'amour de nos vies. Les fruits de l'amour sont ces "fruits qui expriment la conversion" auxquels se réfère Jean Baptiste, lorsqu'il s'adresse, avec des paroles incisives, aux pharisiens et aux sadducéens accourus parmi la foule, pour recevoir son baptême.

A travers l'Evangile, Jean Baptiste continue à parler, tout au long des siècles, à chaque génération. Ses paroles dures et claires sont particulièrement salutaires pour nous, hommes et femmes, à une époque où même la manière de vivre et de percevoir Noël subit malheureusement très souvent l'influence d'une mentalité matérialiste. La "voix" du grand prophète nous demande de préparer le chemin du Seigneur qui vient, dans les déserts d'aujourd'hui, déserts extérieurs et intérieurs, assoiffés de l'eau vive qui est le Christ. Que la Vierge Marie nous conduise vers une authentique conversion du coeur, afin que nous puissions faire les choix nécessaires pour accorder nos mentalités avec l'Evangile.

A l'issue de l'Angelus

Dans l'après-midi du jeudi 13 décembre prochain je rencontrerai les universitaires de Rome, au terme de la messe qui sera présidée par le Cardinal Camillo Ruini. Je vous attends nombreux, chers jeunes, pour nous préparer à Noël en invoquant le don de l'Esprit de sagesse pour toute la communauté universitaire.

Je vous salue, chers pèlerins francophones, venus pour la prière de l'Angelus. Pendant ce temps de l'Avent, la prédication de Jean le Baptiste éclaire notre attente du Sauveur: il n'est pas de meilleure façon, nous dit-il, pour préparer la venue du Seigneur que de nous convertir, de produire dès aujourd'hui un fruit de justice et de nous laisser purifier par Dieu. Puissions-nous ainsi aplanir le chemin du Seigneur qui vient. Avec ma Bénédiction apostolique.

147 Je souhaite à tous un bon dimanche!





Place Saint-Pierre

III Dimanche de l'Avent, 16 décembre 2007




Chers frères et soeurs,

"Gaudete in Domino semper - Réjouissez-vous sans cesse dans le Seigneur (
Ph 4,4). C'est par ces paroles de saint Paul que s'ouvre la Messe du III Dimanche de l'Avent, qui est par conséquent appelé dimanche "gaudete". L'apôtre exhorte les chrétiens à se réjouir parce que la venue du Seigneur, c'est-à-dire son retour glorieux, est certaine et ne tardera pas. L'Eglise fait sienne cette invitation, alors qu'elle se prépare à célébrer Noël et que son regard se dirige toujours davantage vers Bethléem. En effet, nous attendons avec une espérance sûre la deuxième venue du Christ, parce que nous avons connu la première. Le mystère de Bethléem nous révèle le Dieu-avec-nous, le Dieu qui est proche de nous, pas uniquement au sens géographique et temporel. Il est proche de nous parce qu'il a en quelque sorte "épousé" notre humanité. Il a pris sur lui notre condition, en choisissant d'être comme nous en toutes choses, excepté le péché, pour nous faire devenir comme Lui. La joie chrétienne jaillit donc de cette certitude: Dieu est proche, il est avec moi, il est avec nous, dans la joie et dans la douleur, dans la santé et la maladie, comme un ami et un époux fidèle. Et cette joie demeure aussi dans l'épreuve, dans la souffrance même, et elle ne reste pas à la surface, mais au plus profond de la personne qui se confie à Dieu et met en Lui sa confiance.

Certains se demandent: mais cette joie est-elle encore possible aujourd'hui? La réponse est donnée par la vie d'hommes et de femmes de tout âge et condition sociale, heureux de consacrer leur existence aux autres! La bienheureuse Mère Teresa de Calcutta n'a-t-elle pas été, à notre époque, un témoin inoubliable de la vraie joie évangélique? Elle vivait chaque jour au contact de la misère, de la déchéance humaine, de la mort. Son âme a connu l'épreuve de la nuit obscure de la foi, et pourtant elle a donné à tous le sourire de Dieu. Nous lisons dans l'un de ses écrits: "Nous attendons avec impatience le paradis, où il y a Dieu, mais il est en notre pouvoir d'être au paradis dès ici-bas, et dès ce moment-ci. Etre heureux avec Dieu signifie: aimer comme lui, aider comme lui, donner comme lui, servir comme lui" (La joie du don, Paris, Seuil, 1975). Oui, la joie entre dans le coeur de celui qui se met au service des petits et des pauvres. Dieu établit sa demeure chez celui qui aime ainsi, et son âme est dans la joie. Si, en revanche, on fait du bonheur une idole, on se trompe de chemin et il est vraiment difficile de trouver la joie dont parle Jésus. Telle est malheureusement la proposition des cultures qui mettent le bonheur individuel à la place de Dieu, une mentalité dont l'effet emblématique se trouve dans la recherche du plaisir à tout prix, dans la diffusion de l'usage des drogues comme fuite, comme refuge dans des paradis artificiels, qui se révèlent ensuite totalement illusoires.

Chers frères et soeurs, on peut aussi se tromper de chemin à Noël, confondre la vraie fête avec celle qui n'ouvre pas le coeur à la joie du Christ. Que la Vierge Marie aide tous les chrétiens, et les hommes à la recherche de Dieu, à parvenir jusqu'à Bethléem, pour rencontrer l'Enfant qui est né pour nous, pour le salut et le bonheur de tous les hommes.

A l'issue de l'Angelus

Je désire tout d'abord saluer les enfants et les adolescents de Rome, venus nombreux cette année aussi, malgré le froid, pour recevoir la bénédiction des "Petits Jésus" de leur crèche. Très chers enfants, c'est avec beaucoup d'affection que je vous souhaite un bon Noël, à vous et à vos familles. Et alors que je remercie le Centre des Patronages de Rome qui organise cette belle initiative, j'exhorte les prêtres, les parents et les catéchistes à collaborer avec enthousiasme à l'éducation chrétienne des enfants. Merci à vous tous et bon dimanche!

Je vous salue chers pèlerins de langue française, présents pour la prière de l'Angelus. En ce temps de l'Avent, puissiez-vous vous préparer à la venue du Sauveur avec la joie de ceux qui savent que l'espérance ne déçoit pas, priant de manière renouvelée pour la paix dans les parties du monde en conflit, afin que tous nos frères, notamment les enfants, puissent bénéficier du don de la paix, dont tous ont besoin. Avec ma Bénédiction apostolique.

Je souhaite à tous un bon dimanche: la joie du Seigneur de ce dimanche "Gaudete"





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Place Saint-Pierre

IV Dimanche de l'Avent, 23 décembre 2007





Chers frères et soeurs,

Un seul jour sépare ce quatrième dimanche de l'Avent, de Noël. Demain, dans la nuit, nous nous rassemblerons pour célébrer le grand mystère de l'amour qui ne cesse jamais de nous étonner. Dieu s'est fait fils de l'homme afin que nous devenions fils de Dieu. Au cours de l'Avent, une imploration s'est souvent élevée du coeur de l'Eglise: "Viens Seigneur, nous visiter avec ta paix, ta présence nous remplira de joie". La mission évangélisatrice de l'Eglise est la réponse au cri "viens, Seigneur Jésus", qui parcourt toute l'histoire du salut et qui continue à s'élever des lèvres des croyants. "Viens, Seigneur, transformer nos coeurs, afin que dans le monde se répandent la justice et la paix". Ceci, pour rappeler la Note doctrinale sur certains aspects de l'évangélisation qui vient d'être publiée par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Ce document se propose en effet de rappeler à tous les chrétiens, dans une situation dans laquelle la raison d'être même de l'évangélisation n'est souvent plus claire, même pour de nombreux fidèles, que "l'accueil de la bonne nouvelle dans la foi pousse en soi" (ibid., n. 7) à communiquer le salut reçu comme un don.

En effet, "la vérité qui sauve la vie - qui s'est faite chair en Jésus - allume le coeur de celui qui la reçoit, avec un amour envers son prochain qui pousse sa liberté à redonner ce qu'il a reçu gratuitement" (ibid.). Etre atteints par la présence de Dieu, qui se fait proche de nous à Noël, est un don inestimable, un don capable de nous faire "vivre dans l'étreinte universelle des amis de Dieu" (ibid.), dans ce "réseau d'amitié avec le Christ qui relie le ciel et la terre" (ibid., n. 9), qui fait tendre la liberté humaine vers son accomplissement et qui, si elle est vécue dans la vérité, "fleurit dans un amour gratuit et plein d'attention pour le bien de tous les hommes" (ibid., n. 7). Rien n'est plus beau, plus urgent et plus important que de redonner gratuitement aux hommes ce que nous avons reçu de Dieu.

Rien ne peut nous exempter ou nous décharger de cet engagement à la fois dur et fascinant. La joie de Noël, que nous ressentons déjà, nous remplit d'espérance et nous pousse dans le même temps à annoncer à tous la présence de Dieu parmi nous.

La Vierge Marie, qui a transmis au monde non pas une idée mais Jésus, le Verbe incarné, est un modèle incomparable d'évangélisation. Invoquons-la avec confiance afin que l'Eglise annonce également aujourd'hui le Christ Sauveur. Chaque chrétien et chaque communauté sent la joie de partager avec les autres la bonne nouvelle que "Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils Unique afin que le monde soit sauvé par lui" (
Jn 3,16-17). Voilà le vrai sens de Noël, que nous devons toujours redécouvrir et vivre intensément.

A l'issue de l'Angelus

J'adresse une salutation cordiale aux employés du journal du Vatican "L'Osservatore Romano" qui proposent ce matin place Saint-Pierre une initiative de solidarité en faveur d'enfants de l'Ouganda. Je me félicite de l'attention spéciale que L'Osservatore Romano consacre aux urgences humanitaires dans le monde entier et je loue le fait que cela se traduise aussi par des gestes concrets comme celui-ci, auquel je souhaite une bonne réussite.

Je vous adresse mes salutations cordiales, chers pèlerins de langue française. A l'approche des fêtes de Noël puissiez-vous demeurer dans l'espérance en contemplant le mystère du Verbe de Dieu fait homme, pour vivre chaque jour la grâce de la Nativité et être missionnaires auprès des hommes de notre temps qui cherchent des raisons d'espérer. Notre monde a besoin de votre témoignage. Joyeuses et saintes fêtes. Avec ma bénédiction apostolique.





Angelus Benoit XVI 141