Angelus Benoit XVI 148


FÊTE DE SAINT ETIENNE, PREMIER MARTYR



Place Saint-Pierre

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Mercredi 26 décembre 2007





Chers frères et soeurs!

Au lendemain de Noël, la liturgie nous fait célébrer la "naissance au ciel" du premier martyr, saint Etienne. "Rempli de foi et d'Esprit Saint" (
Ac 6,5), il fut choisi comme diacre dans la Communauté de Jérusalem, avec six autres disciples de culture grecque. Grâce à la force qui lui venait de Dieu, Etienne accomplissait de nombreux miracles et annonçait l'Evangile dans les synagogues avec une "sagesse inspirée". Il fut lapidé aux portes de la ville et il mourut, comme Jésus, en invoquant le pardon pour ses bourreaux (Ac 7,59-60). Le lien profond qui unit le Christ à son premier martyr, Etienne, est la Charité divine: l'Amour qui poussa le Fils de Dieu à se dépouiller lui-même et à devenir obéissant jusqu'à la mort sur une croix (cf. Ph Ph 2,6-8), a ensuite poussé les Apôtres et les martyrs à donner leur vie pour l'Evangile.

Il faut toujours souligner cette caractéristique qui distingue le martyre chrétien: celui-ci est exclusivement un acte d'amour, envers Dieu et envers les hommes, y compris les persécuteurs. C'est pourquoi aujourd'hui, au cours de la Messe, nous prions le Seigneur qu'il nous enseigne "à aimer également nos ennemis sur l'exemple d'[Etienne] qui en mourant pria pour ses persécuteurs" (Prière de la collecte). Combien de fils et de filles de l'Eglise au cours des siècles ont-ils suivi cet exemple! De la première persécution à Jérusalem à celle des empereurs romains, jusqu'aux multitudes de martyrs de notre époque. Il n'est pas rare, en effet, qu'aujourd'hui aussi nous parviennent des nouvelles de différentes parties du monde de missionnaires, de prêtres, d'évêques, de religieux, de religieuses et de fidèles laïcs persécutés, emprisonnés, torturés, privés de la liberté ou ne pouvant pas l'exercer, car disciples du Christ et des Apôtres de l'Evangile; parfois, on souffre et on meurt aussi pour la communion avec l'Eglise universelle et la fidélité au Pape. Dans la Lettre encyclique Spe salvi (cf. n. 37), en rappelant l'expérience du martyr vietnamien Paul Le-Bao-Thin (mort EN 1857), je fais remarquer que la souffrance est transformée en joie grâce à la force de l'espérance qui provient de la foi. Le martyr chrétien, comme le Christ et à travers l'union avec Lui, "accepte au plus profond de lui la croix, la mort et il la transforme en un acte d'amour. Ce qui de l'extérieur est une violence brutale, devient de l'intérieur un acte d'amour qui se donne totalement. La violence se transforme ainsi en amour et donc la mort en vie" (Homélie à Marienfeld, Cologne, 21 août 2005). Le martyr chrétien réalise la victoire de l'amour sur la haine et sur la mort.

Prions pour ceux qui souffrent en raison de leur fidélité au Christ et à son Eglise. Que la Très Sainte Vierge Marie, Reine des Martyrs, nous aide à être des témoins crédibles de l'Evangile, en répondant aux ennemis avec la force désarmante de la vérité et de la charité.

A l'issue de l'Angelus

Je vous salue, chers pèlerins de langue française. Aujourd'hui, la mémoire de saint Etienne, premier de tous les martyrs, éclaire le mystère célébré à Noël: par amour, Dieu est devenu proche des hommes. Que l'intercession de saint Etienne vous aide à contempler les cieux ouverts par la naissance du Sauveur et à être des témoins de son amour par toute votre existence. Saintes et joyeuses fêtes à vous tous. Avec ma Bénédiction apostolique.





FÊTE DE LA SAINTE FAMILLE



Place Saint-Pierre

Dimanche, 30 décembre 2007



Chers frères et soeurs,

Nous célébrons aujourd'hui la fête de la Sainte Famille. En suivant les Evangiles de Matthieu et de Luc, nous fixons notre regard sur Jésus, Marie et Joseph, et nous adorons le mystère d'un Dieu qui a voulu naître d'une femme, la Sainte Vierge, et entrer dans ce monde par la voie commune à tous les hommes. En agissant ainsi, il a sanctifié la réalité de la famille, la comblant de la grâce divine et révélant pleinement sa vocation et sa mission. Le Concile Vatican II a consacré une grande attention à la famille. Les conjoints - affirme-t-il - sont l'un pour l'autre et pour les enfants des témoins de la foi et de l'amour du Christ (cf. LG LG 35). La famille chrétienne participe ainsi à la vocation prophétique de l'Eglise: à travers sa façon de vivre "elle proclame hautement à la fois les vertus actuelles du Royaume de Dieu et l'espoir de la vie bienheureuse" (ibid). Comme l'a ensuite répété sans se lasser mon vénéré et bien-aimé prédécesseur Jean-Paul II, le bien de la personne et de la société est étroitement lié à la "bonne santé" de la famille (cf. GS GS 47). C'est pourquoi l'Eglise est engagée dans la défense et la promotion de "la dignité originelle et [de] la valeur privilégiée et sacrée" - telles sont les paroles du Concile - du mariage et de la famille (ibid.). C'est dans ce but que se déroule précisément aujourd'hui une importante initiative à Madrid et je m'adresserai à présent en espagnol à ses participants.

150 Je salue les participants à la Rencontre des familles qui se déroule ce dimanche à Madrid, ainsi que les Cardinaux, les Evêques et les prêtres qui les accompagnent. En contemplant le mystère du Fils de Dieu, qui est venu au monde entouré de l'affection de Marie et de Joseph, j'invite les familles chrétiennes à faire l'expérience de la présence pleine d'amour du Seigneur dans leur vie. De même, je les encourage afin que, s'inspirant de l'amour du Christ pour les hommes, elles rendent témoignage face au monde de la beauté de l'amour humain, du mariage et de la famille. Cette dernière, fondée sur l'union indissoluble entre un homme et une femme, constitue le cadre privilégié dans lequel la vie humaine est accueillie et protégée, de son début jusqu'à son terme naturel. C'est pourquoi les parents ont le droit et l'obligation fondamentale d'éduquer leurs enfants dans la foi et dans les valeurs qui ennoblissent l'existence humaine. Il vaut la peine de se prodiguer pour la famille et le mariage, car il vaut la peine de se prodiguer pour l'être humain, l'être le plus précieux créé par Dieu. Je m'adresse de manière particulière aux enfants, afin qu'ils aiment et qu'ils prient pour leurs parents et leurs frères et soeurs; aux jeunes, afin que, soutenus par l'amour de leurs parents, ils suivent avec générosité leur vocation conjugale, sacerdotale ou religieuse; aux personnes âgées et aux malades, afin qu'ils trouvent l'aide et la compréhension nécessaires. Et vous, chers époux, comptez toujours sur la grâce de Dieu, pour que votre amour soit chaque jour plus fécond et fidèle. Je dépose les fruits de cette célébration entre les mains de Marie, "elle qui par son "oui" ouvrit à Dieu lui-même la porte de notre monde" (Spe salvi ). Merci et bonnes fêtes à tous.

Nous nous adressons à présent à la Sainte Vierge, en priant pour le bien de la famille humaine et pour toutes les familles du monde.

A l'issue de l'Angelus

Je vous salue, chers pèlerins francophones, venus pour l'Angelus. En ce dimanche ou nous célébrons la sainte Famille, nous prions tout spécialement pour les familles du monde, demandant pour elles au Seigneur la grâce de vivre la mission qui est la leur au service de l'amour et de la vie, afin qu'elles soient de lumineux foyers de sainteté pour chacun de leurs membres. Bonnes et joyeuses fêtes à tous. Avec ma Bénédiction apostolique.

Je souhaite à tous un dimanche serein et toutes sortes de biens pour la nouvelle année.




BENOÎT XVI ANGELUS 2008


SOLENNITÉ DE LA TRÈS SAINTE MÈRE DE DIEU

XLI JOURNÉE MONDIALE DE LA PAIX



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Place Saint-Pierre

Mardi, 1er janvier 2008

Chers frères et soeurs!


Nous avons commencé une nouvelle année et je souhaite qu'elle soit pour tous sereine et fructueuse. Je la confie à la protection céleste de la Vierge, que la liturgie nous fait invoquer aujourd'hui sous son titre le plus ancien et le plus important, celui de Mère de Dieu. Par son "oui" à l'Ange, le jour de l'Annonciation, la Vierge a conçu dans son sein, par l'oeuvre de l'Esprit Saint, le Verbe éternel, et lui a donné le jour dans la nuit de Noël. A Bethléem, dans la plénitude des temps, Jésus est né de Marie: le Fils de Dieu s'est fait homme pour notre salut et la Vierge est devenue la vraie Mère de Dieu. Ce don immense que Marie a reçu n'est pas réservé qu'à Elle, mais il nous est destiné à tous. Dans sa virginité féconde, en effet, Dieu a donné "aux hommes les biens du salut éternel... parce que par son intermédiaire nous avons reçu l'auteur de la vie" (cf. Prière de la collecte). Ainsi, Marie, après avoir donné une chair mortelle au Fils unique de Dieu, est devenue mère des croyants et de toute l'humanité.

Et c'est précisément au nom de Marie, mère de Dieu et des hommes, qu'est célébré depuis 40 ans, le premier jour de l'année, la Journée mondiale de Paix. Le thème que j'ai choisi pour la circonstance d'aujourd'hui est : "Famille humaine, communauté de paix". Le même amour qui construit et conserve unie la famille, cellule vitale de la société, favorise l'instauration entre les peuples de la terre de ces rapports de solidarité et de collaboration qui sont propres aux membres de l'unique famille humaine. Le Concile Vatican II le rappelle lors qu'il affirme que "tous les peuples forment une seule communauté; ils ont une seule origine... ils ont aussi une seule fin dernière, Dieu" (Déclaration Nostra aetate
NAE 1). Il existe donc un lien étroit entre famille, société et paix. "Celui qui, même inconsciemment, entrave l'institution familiale - ai-je observé dans le Message pour cette Journée de la Paix - rend fragile la paix dans la communauté tout entière, nationale et internationale, parce qu'il affaiblit ce qui, de fait, est la principale "agence" de paix" (n. 5). Et en outre, "nous ne vivons pas les uns à côté des autres par hasard; nous parcourons tous un même chemin comme hommes et donc comme frères et soeurs" (n. 6). Il est alors véritablement important que chacun assume ses propres responsabilités devant Dieu et reconnaisse en Lui la source originelle de sa propre existence et de celle d'autrui. De cette conscience naît un engagement à faire de l'humanité une vraie communauté de paix, soutenue par une "loi commune, qui permette à la liberté d'être vraiment elle-même... et qui protège le faible des abus du plus fort" (n. 11).

Que Marie, Mère de Dieu, soutienne l'Église dans son oeuvre inlassable au service de la paix, et aide la communauté des peuples, qui célèbre en 2008 le 60 anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, à parcourir un chemin de solidarité authentique et de paix stable.

Au terme de l'Angelus

Je remercie cordialement tous ceux qui m'ont fait parvenir l'expression de leurs voeux pour la nouvelle année. Je suis en particulier reconnaissant à Monsieur le Président de la République italienne, qui l'a fait hier soir dans son message télévisé à la nation. Je réponds bien volontiers à ses voeux, en formulant à mon tour, tous mes meilleurs voeux pour sa haute mission et pour la concorde et la prospérité du bien-aimé peuple italien.

A l'occasion de la Journée mondiale de la Paix, d'innombrables initiatives sont organisées par les communautés ecclésiales sur tous les continents. Que ma gratitude parvienne à tous les organisateurs et participants, avec l'encouragement à être toujours et partout des témoins de paix et de réconciliation. Je salue en particulier ceux qui ont donné le jour à la manifestation intitulée "Paix sur toutes les terres", organisée par la Communauté de Sant'Egidio à Rome et dans beaucoup d'autres villes du monde.

A vous tous, chers pèlerins francophones, j'adresse mes salutations cordiales. Que la Vierge Marie soit votre guide chaque jour et que, comme elle, vous soyez disponibles à l'oeuvre de l'Esprit Saint en vous. Priant pour que, tout au long des jours, le Seigneur vous accorde, ainsi qu'à vos familles, la paix et l'espérance, je vous souhaite une heureuse et sainte année. Avec ma Bénédiction apostolique.

Bonne année!



SOLENNITÉ DE L'EPIPHANIE DU SEIGNEUR Dimanche, 6 janvier 2008

60108
Place Saint-Pierre


Chers frères et soeurs,

Nous célébrons aujourd'hui avec joie, malgré la pluie, l'Epiphanie du Seigneur, c'est-à-dire sa manifestation aux peuples du monde entier, représentés par les Mages qui vinrent d'Orient pour rendre hommage au Roi des Juifs. Observant les phénomènes célestes, ces mystérieux personnages avaient vu surgir une étoile nouvelle et, également éclairés par les prophéties antiques, ils avaient reconnu en elle le signe de la naissance du Messie, descendant de David (cf.
Mt 2,1-12). Dès qu'elle apparaît, la lumière du Christ commence donc à attirer à elle les hommes "que Dieu aime" (Lc 2,14), de toute langue, peuple et culture. C'est la force de l'Esprit Saint qui pousse les coeurs et les esprits à rechercher la vérité, la beauté, la justice et la paix. C'est ce qu'affirme le serviteur de Dieu Jean-Paul II dans l'Encyclique Fides et ratio: "L'homme est engagé sur la voie d'une recherche humainement sans fin: recherche de vérité et recherche d'une personne à qui faire confiance" (FR 33): les Mages ont trouvé ces deux réalités dans l'Enfant de Bethléem.

Dans ce pèlerinage, les hommes et les femmes de chaque génération ont besoin d'être guidés: quelle étoile pouvons-nous donc suivre? Après s'être placée "au-dessus du lieu où se trouvait l'Enfant" (Mt 2,9), l'étoile qui avait guidé les Mages cessa sa fonction, mais sa lumière spirituelle est toujours présente dans la parole de l'Evangile, qui aujourd'hui aussi est en mesure de guider tout homme vers Jésus. Cette même parole, qui n'est autre que le reflet du Christ vrai Dieu et vrai homme, trouve un écho autorisé dans l'Eglise pour toute âme bien disposée. L'Eglise accomplit donc aussi pour l'humanité la mission de l'étoile. Mais on peut dire la même chose de chaque chrétien, appelé à éclairer les pas de ses frères par la parole et par le témoignage de sa vie. Comme il est donc alors important que nous, chrétiens, soyons fidèles à notre vocation! Chaque croyant authentique est toujours en marche dans son itinéraire personnel de foi et, dans le même temps, avec la petite lumière qu'il porte en lui, il peut et doit venir en aide à celui qui se trouve à ses côtés et a peut-être de la peine à trouver la route qui conduit au Christ.

Au moment où nous nous apprêtons à réciter la prière de l'Angelus, j'adresse mes voeux les plus cordiaux à nos frères et soeurs des Eglises orientales qui, suivant le calendrier julien, célébrerons le saint Noël demain: c'est une grande joie de partager la célébration des mystères de la foi, dans la richesse multiforme des rites qui attestent l'histoire bimillénaire de l'Eglise. Avec les communautés de l'Orient chrétien, qui ont une grande dévotion envers la Sainte Mère de Dieu, invoquons la protection de Marie sur l'Eglise universelle, afin qu'elle répande dans le monde entier l'Evangile du Christ, Lumen gentium, lumière de tous les peuples.

A l'issue de l'Angelus

On célèbre aujourd'hui la Journée mondiale missionnaire de l'Enfance. Depuis plus de 160 ans, à l'initiative de l'Evêque français Charles de Forbin Janson, l'Enfance de Jésus est devenue l'icône de l'engagement des enfants chrétiens qui, par la prière, le sacrifice et des gestes de solidarité, aident l'Eglise dans sa tâche d'évangélisation. Des milliers d'enfants viennent en aide à d'autres enfants dans le besoin, poussés par l'amour que le Fils de Dieu, qui s'est fait petit enfant, a apporté sur la terre. Je remercie ces petits enfants et je prie pour qu'ils soient toujours des missionnaires de l'Evangile. Je remercie également leurs animateurs qui les accompagnent sur la route de la générosité, de la fraternité, de la foi joyeuse qui engendre l'espérance.

Je salue avec joie les pèlerins francophones, notamment les scouts de la paroisse Saint-Séverin de Paris. En ce jour de l'Epiphanie, comme les Mages qui viennent adorer l'Enfant-Dieu et lui offrir leurs présents, je vous invite à contempler le Christ Sauveur, pour affermir votre foi et pour partager avec tous vos frères la bonne nouvelle de l'espérance du salut. Que la Vierge Marie vous aide dans votre vie chrétienne. Avec ma Bénédiction apostolique. Bonne fête de l'Epiphanie à tous.

Je souhaite à tous une bonne fête et encore tous mes voeux de bonne année.



FÊTE DU BAPTÊME DU SEIGNEUR



Place Saint-Pierre

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Dimanche, 13 janvier 2008

Chers frères et soeurs,


Avec la fête du Baptême de Jésus, que nous célébrons aujourd'hui, s'achève le temps liturgique de Noël. L'Enfant que les Mages étaient venus adorer de l'Orient, à Bethléem, en offrant leurs dons symboliques, nous le retrouvons maintenant adulte, au moment où il se fait baptiser dans le fleuve du Jourdain par le grand prophète Jean (cf. Mt Mt 3,13). L'Evangile fait remarquer que lorsque Jésus sortit de l'eau après avoir reçu le baptême, les cieux s'ouvrirent et l'Esprit Saint descendit sur lui comme une colombe (cf. Mt Mt 3,16). On entendit alors une voix venue du ciel qui disait : "Celui-ci est mon Fils bien-aimé; en lui j'ai mis tout mon amour" (Mt 3,17). Ce fut sa première manifestation publique après environ trente ans de vie cachée à Nazareth. Outre Jean Baptiste, ses disciples furent également des témoins oculaires de cet événement singulier. Certains d'entre eux commencèrent à le suivre à partir de ce moment (cf. Jn Jn 1,35-40). Ce fut dans le même temps une christophanie et une théophanie: tout d'abord Jésus se manifesta en tant que Christ, terme grec traduisant le mot hébreu Messia, qui signifie "oint": Il ne fut pas oint avec de l'huile à la manière des rois et des grands prêtres d'Israël, mais avec l'Esprit Saint. Dans le même temps, aux côtés du Fils de Dieu apparurent les signes de l'Esprit Saint et du Père céleste.

Quelle est la signification de cet acte que Jésus a voulu accomplir - en vainquant la résistance du Baptiste - pour obéir à la volonté du Père (cf. Mt Mt 3,14-15)? Son sens profond n'apparaîtra qu'à la fin de l'existence terrestre du Christ, c'est-à-dire dans sa mort et sa résurrection. En se faisant baptiser par Jean en même temps que les pécheurs, Jésus a commencé à prendre sur lui le poids de la faute de l'humanité tout entière, comme Agneau de Dieu qui "enlève" le péché du monde (cf. Jn Jn 1,29). Une oeuvre qu'Il a accomplie pleinement sur la croix, lorsqu'il a reçu également son "baptême" (cf. Lc Lc 12,50). En effet, en mourant il s'"immerge" dans l'amour du Père et répand l'Esprit Saint, afin que ceux qui croient en Lui puissent renaître de cette source intarissable de vie nouvelle et éternelle. Toute la mission du Christ se résume ainsi: nous baptiser dans l'Esprit Saint, pour nous libérer de l'esclavage de la mort et "nous ouvrir le ciel", c'est-à-dire l'accès à la vie véritable et pleine, qui sera "une immersion toujours nouvelle dans l'immensité de l'être, tandis que nous sommes simplement comblés de joie" (Spe salvi ).

C'est également ce qui s'est produit pour les treize enfants auxquels j'ai administré le sacrement du Baptême, ce matin dans la Chapelle Sixtine. Invoquons pour eux et pour leurs familles, la protection maternelle de la Très Sainte Vierge Marie. Et prions pour tous les chrétiens afin qu'ils comprennent toujours mieux le don du Baptême et s'engagent à le vivre avec cohérence, en témoignant de l'amour du Père, du Fils et du Saint Esprit.

Au terme de l'Angelus

Je vous salue, chers pèlerins francophones, venus pour la prière de l'Angelus. Aujourd'hui, avec la fête du Baptême du Seigneur s'achève le temps de Noël. Fortifiés par les célébrations que nous venons de vivre, puissiez-vous développer chaque jour les grâces de votre Baptême, pour annoncer au monde la Bonne Nouvelle du Salut. Je vous invite tout spécialement à porter une attention renouvelée aux jeunes, qui attendent que les adultes leur transmettent l'Evangile qui seul donne le sens véritable à leur existence. Avec ma Bénédiction apostolique.

On célèbre aujourd'hui la Journée mondiale du migrant et du réfugié qui, cette année, place les jeunes migrants au centre de l'attention. Nombreux sont en effet les jeunes qui sont poussés, pour différentes raisons, à vivre loin de leurs familles et de leurs pays. Les jeunes filles et les mineurs sont particulièrement à risque. Certains enfants et adolescents sont nés et ont grandi dans des "camps de réfugiés": eux aussi ont droit à un avenir! Je félicite ceux qui s'engagent en faveur des jeunes migrants, de leurs familles, pour leur intégration dans le milieu du travail et de l'école; j'invite les communautés ecclésiales à accueillir avec sympathie les jeunes et les plus petits avec leurs parents, en cherchant à comprendre leur histoire et à favoriser leur insertion. Chers jeunes migrants! Engagez-vous à construire avec ceux de votre âge, une société plus juste et plus fraternelle, en accomplissant vos devoirs, en respectant la loi et en ne vous laissant jamais emporter par la violence. Je vous confie tous à Marie, Mère de l'humanité tout entière.

Je vous souhaite à tous un bon dimanche



Place Saint-Pierre

Dimanche 20 janvier 2008

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Merci chers frères et soeurs, nous voulons prier ensemble l'Angelus,


Nous avons commencé, il y a deux jours, la Semaine de prière pour l'unité des chrétiens, pendant laquelle les catholiques, les orthodoxes, les anglicans, et les protestants, conscients que leurs divisions constituent un obstacle à l'accueil de l'Evangile, implorent ensemble du Seigneur, plus intensément encore, le don de la pleine communion. Cette initiative providentielle est née il y a cent ans, lorsque le Père Paul Wattson a lancé "c" de prière pour l'unité de tous les disciples du Christ. C'est pourquoi sont aujourd'hui présents place Saint-Pierre les fils et les filles spirituels du Père Wattson, les frères et les soeurs de l'"Atonement", que je salue cordialement et que j'encourage à continuer à se dévouer de manière particulière à la cause de l'unité. Nous avons tous le devoir de prier et de travailler pour surmonter chaque division entre chrétiens, en répondant au désir du Christ: "Ut unum sint". La prière, la conversion du coeur, le renforcement des liens de communion forment l'essence de ce mouvement spirituel, qui pourra bientôt conduire les disciples du Christ, nous l'espérons, à la célébration commune de l'Eucharistie, manifestation de leur unité.

Le thème biblique de cette année est riche de signification: "Priez sans cesse" (
1Th 5,17). Saint Paul s'adresse à la communauté de Thessalonique qui connaissait des oppositions et des conflits internes, pour rappeler avec force certaines attitudes fondamentales, parmi lesquelles ressort précisément la prière continuelle. Par cette invitation, il veut faire comprendre que la nouvelle vie en Christ et dans l'Esprit Saint donne la capacité de dépasser tout égoïsme, de vivre ensemble en paix, et en union fraternelle, de porter chacun de bon gré, les poids et les souffrances les uns des autres. Nous ne devons jamais nous lasser de prier pour l'unité des chrétiens! Lorsque Jésus, lors de la Dernière Cène, a prié afin que les siens "soient un", il avait à l'esprit un but précis: "afin que le monde croie" (Jn 17,21). La mission évangélisatrice de l'Eglise passe donc par le chemin oecuménique, le chemin de l'unité de la foi, du témoignage évangélique et de la fraternité authentique.

Comme chaque année, je me rendrai vendredi prochain, 25 janvier, à la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs, pour conclure, par les vêpres solennelles, cette Semaine de prière pour l'unité des chrétiens. J'invite les Romains et les pèlerins à s'unir à moi et aux chrétiens des Eglises et communautés ecclésiales qui prendront part à la célébration, pour demander à Dieu le don précieux de la réconciliation entre tous les baptisés. Que la sainte Mère de Dieu dont on rappelle aujourd'hui l'apparition à Alphonse Ratisbonne, dans l'église Sant'Andrea delle Fratte, obtienne du Seigneur pour tous ses disciples l'abondance de l'Esprit Saint, pour qu'ensemble nous puissions atteindre la parfaite unité et offrir ainsi le témoignage de foi et de vie dont le monde a un besoin urgent.

A l'issue de l'Angelus

Chers amis, je désire avant tout saluer les jeunes universitaires - merci de votre présence -, les professeurs et vous tous qui êtes venus aujourd'hui si nombreux Place Saint-Pierre pour participer à la prière de l'Angelus et pour m'exprimer votre solidarité. Il est bon de voir cette fraternité commune de la foi, merci pour cela. J'adresse aussi un salut aux nombreuses autres personnes qui s'unissent à nous spirituellement. Je vous remercie de tout coeur, chers amis; je remercie le Cardinal-Vicaire qui s'est fait le promoteur de ce moment de rencontre. Comme vous le savez, j'avais accueilli avec beaucoup de plaisir l'invitation courtoise qui m'avait été adressée de participer jeudi dernier à l'inauguration de l'année académique de "La Sapienza - Université de Rome" et j'ai travaillé mon discours avec beaucoup de plaisir. Je connais bien cette université, je l'estime et je suis attaché aux étudiants qui la fréquentent: chaque année, en différentes occasions, beaucoup d'entre eux viennent me voir au Vatican, avec leurs collègues des autres universités. Hélas, comme on le sait, le climat qui s'était créé a rendu inopportune ma présence à la cérémonie. J'ai dû surseoir, malgré moi, mais j'ai cependant voulu envoyer le texte que j'avais préparé, les jours qui ont suivi Noël, pour l'occasion. Je suis lié au milieu universitaire, qui pendant longtemps a été mon univers, par l'amour de la recherche de la vérité, de la confrontation, du dialogue franc et respectueux des positions réciproques. Tout cela fait aussi partie de la mission de l'Eglise, engagée à suivre fidèlement Jésus, Maître de vie, de vérité et d'amour. En tant que professeur, pour ainsi dire, émérite, qui a rencontré tant d'étudiants dans sa vie, je vous encourage tous, chers universitaires, à être toujours respectueux des opinions d'autrui, et à rechercher la vérité et le bien, avec un esprit libre et responsable. A tous et à chacun, je renouvelle l'expression de ma gratitude en vous assurant de mon affection et de ma prière.

Je salue maintenant les responsables, les dirigeants, les enseignants, les parents et les élèves des écoles catholiques, venus à l'occasion de la Journée de l'Ecole catholique, que le diocèse de Rome célèbre aujourd'hui. Dans l'éducation à la foi des adolescents et des jeunes, un rôle important est également confié à l'école catholique: je vous encourage donc à continuer votre travail qui place en son coeur l'Evangile, avec un projet éducatif qui vise à la formation intégrale de la personne humaine. Malgré les difficultés que vous rencontrez, poursuivez donc votre mission avec courage et avec confiance en cultivant une passion constante pour l'éducation et un engagement généreux au service des nouvelles générations.

Je salue avec joie les pèlerins francophones, en ce dimanche de la semaine de prière pour l'unité des chrétiens. J'invite tous ceux et celles qui, par le baptême, partagent la foi dans le Christ Jésus et les communautés chrétiennes à vivre intensément ce rendez-vous spirituel annuel et à implorer de Dieu le don de la pleine unité de tous les disciples du Christ. Que la Vierge Marie nous aide sur le chemin de l'unité. Avec ma Bénédiction apostolique.

Je souhaite à tous un bon dimanche.



Place Saint-Pierre

Dimanche 27 janvier 2008

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Chers frères et soeurs!


Dans la liturgie de ce jour, l'évangéliste Matthieu, qui nous accompagnera tout au long de cette année liturgique, présente le début de la mission publique du Christ. Celle-ci consiste essentiellement dans la prédication du Royaume de Dieu et la guérison des malades, pour démontrer que ce Royaume est proche, plus exactement, qu'il est désormais au milieu de nous. Jésus commence à prêcher en Galilée, la région dans laquelle il a grandi, un territoire de "périphérie" par rapport au centre de la nation juive qu'est la Judée, et dans celle-ci, Jérusalem. Mais le prophète Isaïe avait annoncé que cette terre, assignée aux tribus de Zabulon et de Nephtali, connaîtrait un avenir glorieux: que le peuple plongé dans les ténèbres verrait une grande lumière (cf. Is
Is 8, 23-9, 1), la lumière du Christ et de son Evangile (cf. Mt Mt 4,12-16). Au temps de Jésus, le terme "évangile" était utilisé par les empereurs romains pour leurs proclamations. Indépendamment du contenu, celles-ci étaient définies comme de "bonnes nouvelles", c'est-à-dire des annonces de salut, car l'empereur était considéré comme le seigneur du monde et chacun de ses édits comme annonciateur de bien. Le fait d'appliquer cette parole à la prédication de Jésus a donc eu un sens fortement critique, comme pour dire: "Le Seigneur du monde est Dieu, et non l'empereur, et le véritable Evangile est celui de Jésus Christ".

La "bonne nouvelle" que Jésus proclame se résume en ces paroles: "Le royaume de Dieu - ou royaume des cieux - est proche" (Mt 4,17 Mc 1,15). Que signifie cette expression? Elle n'indique certes pas un royaume terrestre délimité dans l'espace et dans le temps, mais elle annonce que c'est Dieu qui règne, que c'est Dieu le Seigneur et que sa seigneurie est présente, actuelle, qu'elle est en train de se réaliser. La nouveauté du message du Christ est donc qu'en Lui Dieu s'est fait proche, qu'il règne désormais au milieu de nous, comme le démontrent les miracles et les guérisons qu'il accomplit. Dieu règne dans le monde à travers son Fils fait homme et avec la force de l'Esprit Saint qui est appelé "le doigt de Dieu" (cf. Lc Lc 11,20). Là où Jésus arrive, l'Esprit créateur apporte la vie et les hommes sont guéris des maladies du corps et de l'esprit. La seigneurie de Dieu se manifeste alors dans la guérison intégrale de l'homme. Jésus veut ainsi révéler le visage du vrai Dieu, le Dieu proche, plein de miséricorde pour tout être humain; le Dieu qui nous donne la vie, sa vie, en abondance. Le royaume de Dieu est donc la vie qui s'affirme sur la mort, la lumière de la vérité qui dissipe les ténèbres de l'ignorance et du mensonge.

Prions la Très Sainte Vierge Marie afin qu'elle obtienne toujours pour l'Eglise cette même passion pour le Royaume de Dieu qui a animé la mission de Jésus Christ: passion pour Dieu, pour sa seigneurie d'amour et de vie; passion pour l'homme, rencontré dans la vérité avec le désir de lui donner le trésor le plus précieux: l'amour de Dieu, son Créateur et Père.

Au terme de l'Angelus

Je salue avec une grande affection les enfants et les jeunes de l'Action catholique de Rome, qui sont venus, comme chaque année au terme du "Mois de la paix", accompagnés par le Cardinal-vicaire, leurs parents et leurs éducateurs. Deux d'entre eux sont ici près de moi. Ils m'ont apporté un message et tout à l'heure ils libéreront avec moi deux colombes, symbole de paix. Chers petits amis, je sais que vous vous engagez en faveur des jeunes de votre âge qui souffrent de la guerre et de la pauvreté. Continuez à avancer sur le chemin que Jésus nous a indiqué pour construire la paix véritable!

On célèbre aujourd'hui la Journée mondiale des malades de la lèpre, lancée il y a 55 ans par Raoul Follereau. J'adresse une salutation affectueuse à toutes les personnes qui souffrent de cette maladie, leur assurant une prière spéciale que j'étends à ceux qui, de diverses manières, s'engagent à leurs côtés, en particulier aux volontaires de l'Association des amis de Raoul Follereau.

Lundi dernier, 21 janvier, j'ai adressé au diocèse et à la ville de Rome une Lettre sur la tâche urgente de l'éducation. J'ai ainsi voulu offrir ma contribution particulière à la formation des nouvelles générations, un engagement difficile et crucial pour l'avenir de notre ville. Samedi 23 février, je rencontrerai lors d'une audience spéciale au Vatican, tous ceux qui, comme éducateurs ou enfants, adolescents et jeunes en formation, sont plus directement impliqués dans le grand défi de l'éducation, et je leur remettrai ma Lettre de manière symbolique.

Je vous salue, chers pèlerins de langue française, venus pour la prière de l'Angélus. En ce dimanche où nous célébrons la cinquante-cinquième Journée mondiale des Lépreux, j'invite les responsables politiques et sanitaires à s'engager toujours davantage pour les soins aux malades. Puissent tous nos contemporains se faire proches de leurs frères et soeurs en humanité. Chacun de vous est appelé par le Christ et doit être un missionnaire de la Bonne Nouvelle, par la parole et par sa charité active. Avec ma Bénédiction apostolique.

Je vous souhaite à tous un bon dimanche. Et à présent, libérons les colombes de la paix apportées par les jeunes de Rome.





Place Saint-Pierre

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Dimanche 3 février 2008


Angelus Benoit XVI 148