Angelus Benoit XVI 156

Dimanche 3 février 2008

Chers frères et soeurs,


Aujourd'hui, je voudrais confier diverses intentions à votre prière. Tout d'abord, en rappelant qu'hier, fête liturgique de la Présentation du Seigneur, nous avons célébré la Journée de la Vie consacrée, je vous invite à prier pour ceux que le Christ appelle à le suivre de plus près à travers une consécration spéciale. Notre gratitude va à ces frères et soeurs qui se consacrent entièrement au service de Dieu et de l'Eglise avec les voeux de pauvreté, de chasteté et d'obéissance. Que la Sainte Vierge obtienne de nombreuses et saintes vocations à la vie consacrée, qui constitue une richesse inestimable pour l'Eglise et pour le monde.

Une autre intention de prière nous est offerte par la Journée pour la Vie, qui est célébrée aujourd'hui en Italie, et qui a pour thème Servir la vie. Je salue et je remercie ceux qui sont réunis ici, sur la Place Saint-Pierre, pour témoigner de leur engagement en faveur de la défense et de la promotion de la vie et pour réaffirmer que "le degré de civilisation d'un peuple se mesure à sa capacité de servir la vie" (Message de la Conférence épiscopale italienne pour la XXX Journée nationale pour la vie). Que chacun, selon ses possibilités, son professionnalisme et ses compétences, se sente toujours poussé à aimer et à servir la vie, de son début jusqu'à son déclin naturel. L'engagement de tous est en effet d'accueillir la vie humaine comme un don à respecter, à sauvegarder et à promouvoir, encore plus lors- que celle-ci est fragile et a besoin d'attentions et de soins, que ce soit avant la naissance où dans sa phase terminale. Je m'unis aux Evêques italiens pour encourager ceux qui, avec difficulté mais avec joie, sans bruit et avec un grand dévouement, assistent leurs proches âgés ou porteurs de handicap, et ceux qui consacrent régulièrement une partie de leur temps à aider les personnes de tout âge dont la vie est éprouvée par les nombreuses et différentes formes de pauvreté.

Nous prions également pour que le Carême, qui commencera mercredi prochain avec le Rite des Cendres - que je célébrerai comme chaque année dans la Basilique Sainte-Sabine sur l'Aventin - soit un temps de conversion authentique pour tous les chrétiens, appelés à un témoignage toujours plus authentique et courageux de leur foi. Nous confions ces intentions de prière à la Vierge. Depuis hier et jusqu'au 11 février inclus, fête de la Bienheureuse Vierge de Lourdes et 150 anniversaire des Apparitions, il est possible de recevoir l'indulgence plénière, applicable aux défunts, aux conditions habituelles - Confession, Communion et prière selon les intentions du Pape - et en s'arrêtant en prière devant une image bénie de la Vierge de Lourdes exposée à la vénération publique. Pour les personnes âgées et les malades cela est possible à travers le désir du coeur. Que Marie, Mère et Etoile de l'Espérance, illumine nos pas et nous rende des disciples toujours plus fidèles de Jésus Christ.

A l'issue de l'Angelus

Je vous invite à vous unir à nos frères et soeurs du Kenya - certains d'entre eux sont présents sur la Place Saint-Pierre - dans la prière pour la réconciliation, la justice et la paix dans leur pays. En assurant chacun de ma proximité, je souhaite que les efforts de médiation actuellement en cours puissent être couronnés de succès et conduire, grâce à la bonne volonté et à la collaboration de tous, à une solution rapide du conflit, qui a déjà provoqué trop de victimes.

Le mal, avec son cortège de douleurs, semble ne pas avoir de limites en Irak, comme nous le disent les nouvelles très tristes de ces jours derniers. J'élève à nouveau ma voix en faveur de cette population durement éprouvée et j'invoque pour elle la paix de Dieu.

Je ne cesse d'élever de ferventes prières à Dieu pour la Colombie, où, depuis longtemps déjà, de nombreux fils et filles de ce pays bien-aimé subissent des extorsions, des enlèvements et la disparition violente d'êtres qui leurs sont chers. Je demande au Seigneur que ces souffrances inhumaines cessent définitivement et qu'un chemin de réconciliation, de respect mutuel et de concorde sincère soit trouvé, rétablissant ainsi la fraternité et la solidarité, qui sont les bases solides pour parvenir au juste progrès et construire une paix stable.

Dans mon Message pour la récente Journée mondiale de la Paix, j'ai souligné le fait que c'est dans la famille que l'on apprend le vocabulaire de la coexistence civile et que l'on découvre les valeurs humaines. Les jours prochains, les fêtes du nouvel an lunaire verront réunies dans la joie les familles de différents pays asiatiques. Je leur souhaite toutes sortes de biens et de prospérité et j'espère qu'elles sauront conserver et valoriser ces belles et fructueuses traditions de la vie familiale, au bénéfice de leurs nations respectives et des pays dans lesquels elles vivent actuellement.

Dans le diocèse de Rome commence aujourd'hui la "Semaine diocésaine de la vie et de la famille", dont le moment culminant aura lieu dimanche prochain, au Sanctuaire de la Madone du Divin Amour, avec la "fête diocésaine de la famille". J'encourage tous les parents à redécouvrir la grandeur et la beauté de la mission éducative. Oui, éduquer est extrêmement difficile mais enthousiasmant! Faites vivre à vos enfants, dès leur plus jeune âge, l'expérience de cette proximité qui témoigne l'amour, donnez-vous vous-mêmes, afin qu'à leur tour ils s'ouvrent aux autres et au monde avec sérénité et générosité. Que l'âme de l'éducation soit toujours la confiance en Dieu, qui "donne l'espérance à notre avenir"!

157 Chers pèlerins, je vous adresse mes salutations cordiales, notamment aux membres du Rotary club de Besançon et de Regensburg. Que les Béatitudes, proposées par la liturgie de ce jour, soient la charte de votre existence. Elles donneront le dynamisme nécessaire à votre vie chrétienne et l'espérance qu'une vie belle et bonne vous conduira à la rencontre du Christ Sauveur. Avec ma Bénédiction apostolique.

Je souhaite à tous un bon dimanche.





Place Saint-Pierre

I Dimanche de Carême 3 février 2008




Chers frères soeurs,

Mercredi dernier, avec le jeûne et le rite des Cendres, nous sommes entrés en Carême. Mais que signifie "entrer en Carême"? Cela signifie commencer un temps d'engagement particulier dans le combat spirituel qui nous oppose au mal présent dans le monde, en chacun de nous et autour de nous. Cela signifie regarder le mal en face et se disposer à lutter contre ses effets, en particulier contre ses causes, jusqu'à la cause ultime, qui est satan. Cela signifie ne pas décharger le problème du mal sur les autres, sur la société ou sur Dieu, mais reconnaître ses propres responsabilités et les prendre consciemment en charge. A ce propos, retentit de manière plus que jamais urgente, pour nous chrétiens, l'invitation de Jésus à prendre chacun sa propre "croix" et à le suivre avec humilité et confiance (cf. Mt
Mt 16,24). La "croix", pour autant qu'elle puisse être lourde, n'est pas un synonyme de malchance, de malheur à éviter le plus possible, mais une opportunité pour se mettre à la suite du Christ et prendre ainsi force dans la lutte contre le péché et le mal. Entrer en Carême signifie donc renouveler la décision personnelle et communautaire d'affronter le mal avec le Christ. La voie de la Croix et en effet l'unique qui conduit à la victoire de l'amour sur la haine, du partage sur l'égoïsme, de la paix sur la violence. Vu ainsi, le Carême est vraiment l'occasion d'un profond engagement ascétique et spirituel fondé sur la grâce du Christ.

Cette année le début du Carême coïncide de manière providentielle avec le 150 anniversaire des apparitions de Lourdes. Quatre ans après la proclamation du dogme de l'Immaculée Conception par le bienheureux Pie IX, Marie se montra pour la première fois le 11 février 1858 à Bernadette Soubirous, dans la grotte de Massabielle. D'autres apparitions successives suivirent, accompagnées par des événements extraordinaires, et à la fin la Sainte Vierge se congédia en révélant à la jeune voyante, dans le dialecte local: "Je suis l'Immaculée Conception". Le message que la Vierge continue à diffuser à Lourdes rappelle les paroles que Jésus prononça précisément au début de sa mission publique et que nous entendons plusieurs fois en ces jours de Carême: "Convertissez-vous et croyez à l'Evangile", priez et faites pénitence. Accueillons l'invitation de Marie qui fait écho à celle du Christ et demandons-Lui de nous obtenir d'"entrer" avec foi dans le Carême, pour vivre ce temps de grâce avec joie intérieure et un généreux engagement.

Nous confions également à la Vierge les malades et ceux qui en prennent soin avec amour. On célèbre en effet demain, fête de la Vierge de Lourdes, la Journée mondiale du Malade. Je salue de tout coeur les pèlerins qui se rassembleront dans la Basilique Saint-Pierre, guidés par le Cardinal Lorenzo Barragán, Président du Conseil pontifical pour la Pastorale des Services de la Santé. Je ne pourrai malheureusement pas les rencontrer car je commencerai ce soir les Exercices spirituels, mais dans le silence et dans le recueillement je prierai pour eux et pour tous les besoins de l'Eglise et du monde. Je remercie dès à présent sincèrement ceux qui me rappelleront dans leur prière au Seigneur.

A l'issue de l'Angelus

J'adresse mon salut cordial aux pèlerins de langue française présents à cette prière mariale, en particulier aux jeunes confirmands des paroisses Notre-Dame de Lausanne et Saint-Martin de Lutry, en Suisse. Alors que nous entreprenons le chemin du Carême, je vous invite à ouvrir vos coeurs à la connaissance du Christ et à vivre dans une fidélité toujours plus grande à ses commandements, afin de parvenir dans la joie et dans la paix à la célébration du mystère de Pâques. Que Dieu vous bénisse.

Je souhaite à tous un bon dimanche et un fructueux chemin de Carême.





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Place Saint-Pierre

II Dimanche de Carême 17 février 2008

Chers frères et soeurs,


Les Exercices spirituels qui, comme chaque année, ont vu le Pape et ses collaborateurs de la Curie romaine réunis dans la prière et la méditation, se sont terminés hier, ici, au Palais apostolique. Je remercie ceux qui ont été proches de nous dans la prière: que le Seigneur daigne les récompenser pour leur générosité. Aujourd'hui, deuxième dimanche de Carême, poursuivant le chemin pénitentiel, la liturgie nous invite à réfléchir sur l'événement extraordinaire de la Transfiguration sur la montagne, après nous avoir présenté, dimanche dernier, l'Evangile des tentations de Jésus dans le désert. Considérés ensemble, ces deux épisodes anticipent le mystère pascal: la lutte de Jésus contre le tentateur annonce le grand duel final de la passion, tandis que la lumière de son Corps transfiguré anticipe la gloire de la Résurrection. D'une part nous voyons Jésus pleinement homme, qui partage avec nous jusqu'à la tentation; de l'autre nous le contemplons Fils de Dieu, qui divinise notre humanité. Ainsi, nous pourrions dire que ces deux dimanches servent de piliers sur lesquels repose tout l'édifice du Carême jusqu'à Pâques, et même toute la structure de la vie chrétienne, qui consiste essentiellement dans le dynamisme pascal: de la mort à la vie.

La montagne - le Thabor comme le Sinaï - est le lieu de la proximité avec Dieu. C'est le lieu élevé, par rapport à la vie de tous les jours, où l'on peut respirer l'air pur de la création. C'est le lieu de la prière, où l'on peut être en présence du Seigneur, comme Moïse et comme Elie qui apparaissent aux côtés de Jésus transfiguré et parlent avec Lui de l' "exode" qui l'attend à Jérusalem, c'est-à-dire de sa Pâque. La Transfiguration est un événement de prière: en priant, Jésus se plonge en Dieu, s'unit intimement à Lui, adhère avec sa volonté humaine à la volonté d'amour du Père, et ainsi la lumière l'envahit et la vérité de son être devient visible: Il est Dieu, Lumière née de la Lumière. Les vêtements de Jésus aussi deviennent blancs et éclatants. Cela fait penser au Baptême, à la robe blanche que revêtent les néophytes. Celui qui renaît dans le Baptême est revêtu de lumière, anticipant la vie au ciel, que l'Apocalypse représente par le symbole des robes blanches (cf. Ap
Ap 7,9 Ap Ap 7,13). Ici se trouve le point crucial: la transfiguration est une anticipation de la résurrection, mais celle-ci suppose la mort. Jésus manifeste sa gloire aux Apôtres, afin qu'ils aient la force de faire face au scandale de la croix, et comprennent qu'il faut passer à travers de nombreuses tribulations pour atteindre le Royaume de Dieu. La voix du Père, qui retentit du ciel, proclame Jésus comme son Fils bien-aimé, comme lors de son baptême dans le Jourdain, en ajoutant: "Ecoutez-le" (Mt 17,5). Pour entrer dans la vie éternelle il faut écouter Jésus, le suivre sur le chemin de la croix, en portant dans son coeur, comme Lui, l'espérance de la résurrection. "Spe salvi", sauvés dans l'espérance. Aujourd'hui nous pouvons dire: "Transfigurés dans l'espérance ".

Nous tournant à présent vers Marie dans la prière, nous reconnaissons en Elle la créature humaine transfigurée intérieurement par la grâce du Christ, et nous nous laissons conduire par elle pour parcourir avec foi et générosité l'itinéraire du Carême.

A l'issue de l'Angelus

Je suis avec inquiétude les tensions qui persistent au Liban. Depuis près de trois mois le pays ne réussit pas à se donner un chef d'Etat. Les efforts pour résoudre la crise et le soutien offert par de nombreux et illustres représentants de la Communauté internationale, même s'ils ne sont pas encore parvenus à un résultat, témoignent de l'intention de trouver un Président qui représente tous les Libanais, et de jeter ainsi les bases pour surmonter les divisions actuelles. Malheureusement, les motifs de préoccupation ne manquent pas, surtout en raison d'une violence verbale inhabituelle ou de ceux qui misent même sur la force des armes et l'élimination physique de leurs adversaires.

Uni au patriarche maronite et à tous les évêques libanais, je vous demande de prier avec moi Notre-Dame du Liban afin qu'elle encourage les citoyens de cette chère Nation, et en particulier les responsables politiques, à travailler avec persévérance en faveur de la réconciliation, d'un dialogue vraiment sincère, de la coexistence pacifique et du bien d'une patrie profondément ressentie comme une patrie commune.

Je vous salue, chers pèlerins de langue française, venus vous associer à la prière de l'Angelus, en particulier le groupe de laïcs du Burkina Faso accompagné de prêtres jubilaires. En ce temps de Carême, à l'imitation d'Abraham qui a quitté sa terre pour répondre à la promesse de Dieu, nous sommes invités à nous mettre en route pour suivre le Fils bien-aimé du Père. Puissions-nous, par la prière, la pénitence et le partage, marcher à la suite du Christ, pour nous laisser transfigurer par Lui. Avec ma Bénédiction apostolique.

Je souhaite à tous un bon dimanche.



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Place Saint-Pierre

III Dimanche de Carême 24 février 2008



Chers frères et soeurs,

En ce troisième dimanche de Carême, la liturgie propose à nouveau cette année l'un des textes les plus beaux et les plus profonds de la Bible: le dialogue entre Jésus et la Samaritaine (cf. Jn
Jn 4,5-42). Saint Augustin, dont je parle amplement dans les catéchèses du mercredi, était à juste titre fasciné par ce récit, et il en a fait un commentaire mémorable. Il est impossible de rendre, dans une brève explication, la richesse de cette page évangélique: il faut la lire et la méditer personnellement, en s'identifiant à cette femme qui, un jour comme tant d'autres, alla puiser de l'eau au puits et y trouva Jésus, assis à côté, "fatigué par le voyage", dans la chaleur de midi. "Donne-moi à boire", lui dit-il, ce qui l'étonna beaucoup: il était en effet tout à fait inhabituel qu'un juif adresse la parole à une femme samaritaine, qui plus est inconnue. Mais l'étonnement de la femme était destiné à grandir: Jésus lui parla d'une "eau vive" capable d'étancher la soif et de devenir en elle "source jaillissante pour la vie éternelle"; il montra en outre qu'il connaissait sa vie personnelle; il révéla que l'heure était venue d'adorer le Dieu unique en esprit et en vérité; et enfin il lui confia - chose rarissime - qu'il était le Messie.

Tout cela à partir de l'expérience réelle et sensible de la soif. Le thème de la soif traverse tout l'Evangile de Jean: de la rencontre avec la Samaritaine, à la grande prophétie au cours de la fête des Tentes (Jn 7,37-38), jusqu'à la Croix, lorsque Jésus, avant de mourir, dit pour accomplir l'Ecriture: "J'ai soif" (Jn 19,28). La soif du Christ est une porte d'accès au mystère de Dieu, qui a choisi de connaître la soif pour nous désaltérer, comme il s'est fait pauvre pour nous enrichir (cf. 2Co 8,9). Oui, Dieu a soif de notre foi et de notre amour. Comme un Père bon et miséricordieux désire pour nous tout le bien possible, ce bien étant Lui-même. La femme de Samarie représente en revanche l'insatisfaction existentielle de celui qui n'a pas trouvé ce qu'il cherche: elle a eu "cinq maris" et maintenant elle vit avec un autre homme; ses allées et venues au puits pour aller puiser de l'eau exprime un vie répétitive et résignée. Mais tout changea cependant pour elle ce jour-là, grâce à sa conversation avec le Seigneur Jésus, qui la bouleversa au point de la conduire à laisser sa cruche d'eau et à courir pour dire aux gens du village: "Venez voir un homme qui m'a dit tout ce que j'ai fait. Ne serait-il pas le Messie?" (Jn 4,28-29).

Chers frères et soeurs, nous aussi nous ouvrons nos coeurs à l'écoute confiante de la parole de Dieu pour rencontrer, comme la Samaritaine, Jésus qui nous révèle son amour et nous dit: le Messie, ton sauveur, "moi qui te parle, je le suis" (Jn 4,26). Que Marie nous obtienne ce don, elle qui est la première et parfaite disciple du Verbe fait chair.
A l'issue de l'Angelus

De récentes inondations ont dévasté de larges zones côtières de l'Equateur, provoquant des dégâts très importants, qui s'ajoutent à ceux déjà provoqués par l'éruption du volcan Tungurahua. Je confie au Seigneur les victimes de cette catastrophe et j'exprime ma proximité personnelle à ceux qui traversent des heures d'angoisse et d'épreuve, invitant chacun à faire preuve de solidarité fraternelle, afin que les populations de ces régions puissent retrouver au plus tôt une vie quotidienne normale.

Samedi prochain, 1 mars, à 17h00, dans la Salle Paul VI, je présiderai la veillée mariale des jeunes universitaires de Rome. Des étudiants d'autres pays d'Europe et des Amériques y participeront également en liaison radio-télévisée. Nous invoquerons l'intercession de Marie Sedes Sapientiae, afin que l'espérance chrétienne soutienne la construction de la civilisation de l'amour sur ces deux continents et dans le monde entier. Chers amis universitaires, je vous attends nombreux!

Je salue cordialement les pèlerins de langue française présents à cette prière mariale, en particulier les membres de la Fondation d'Auteuil Picardie et les jeunes du Collège Charles Péguy, de Paris. En cette période du Carême, comme la Samaritaine, nous sommes invités à nous adresser à Jésus avec confiance, pour qu'il nous donne l'eau qui fait vivre et qui purifie. Prenons le temps de revenir à Lui, il est la véritable source près de laquelle nous trouverons repos et force.

Je voudrais encore saluer les habitants de la ville de Québec, au Canada, qui fête cette année le quatre centième anniversaire de sa fondation. En cette circonstance importante, je suis heureux de m'associer par la prière et par l'action de grâce au diocèse de Québec qui se prépare aussi à accueillir le quarante-neuvième Congrès eucharistique international.

160 Je souhaite à tous un bon dimanche.



Place Saint-Pierre

VI Dimanche de Carême 2 mars 2008


Chers frères et soeurs,

En ces dimanches de Carême, la liturgie nous fait parcourir, à travers les textes de l'Evangile de Jean, un véritable itinéraire baptismal: dimanche dernier, Jésus a promis le don de "l'eau vive" à la Samaritaine, aujourd'hui, en guérissant l'aveugle de naissance, il se révèle comme "la lumière du monde"; dimanche prochain, en ressuscitant son ami Lazare, il se présentera comme "la résurrection et la vie". L'eau, la lumière, la vie, sont des symboles du baptême, sacrement qui "immerge" les croyants dans le mystère de la mort et de la résurrection du Christ, les libérant de l'esclavage du péché et leur donnant la vie éternelle.

Arrêtons-nous brièvement sur le récit de l'aveugle de naissance (
Jn 9,1-41). Selon la mentalité commune de l'époque, les disciples partent du principe que sa cécité est la conséquence d'un péché commis par lui ou par ses parents. Jésus écarte en revanche ce préjugé et affirme: "Ni lui, ni ses parents. Mais l'action de Dieu devait se manifester en lui" (Jn 9,3). Quel réconfort nous offrent ces paroles! Elles nous font entendre la voix vivante de Dieu, qui est Amour prévoyant et sage! Face à l'homme limité et marqué par la souffrance, Jésus ne pense pas à d'éventuelles fautes, mais à la volonté de Dieu qui a créé l'homme pour la vie. Et pour cette raison, il déclare de manière solennelle: "Il nous faut réaliser l'action de celui qui m'a envoyé... Tant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde" (Jn 9,4-5). Et il passe immédiatement à l'action: avec un peu de terre et de salive il fait de la boue et l'étale sur les yeux de l'aveugle. Ce geste est une allusion à la création de l'homme, que la Bible raconte avec le symbole de la terre façonnée et animée par le souffle de Dieu (cf. Jn Jn 2,7). "Adam" en effet, signifie "sol", et le corps humain est effectivement composé d'éléments de la terre. En guérissant l'homme, Jésus réalise une nouvelle création. Mais cette guérison suscite une discussion animée parce que Jésus la réalise un samedi, transgressant, selon les pharisiens: le précepte festif. Ainsi, à la fin du récit, Jésus et l'aveugle se retrouvent tous deux "expulsés" par les pharisiens; l'un parce qu'il a transgressé la loi et l'autre parce que, malgré sa guérison, il reste marqué comme pécheur depuis sa naissance.

Jésus révèle à l'aveugle guéri qu'il est venu dans le monde pour accomplir un jugement, pour séparer les aveugles que l'on peut guérir de ceux qui ne se laissent pas guérir, car ils sont persuadés d'être sains. L'homme possède effectivement la forte tentation de se construire un système de sécurité idéologique: la religion elle-même peut devenir un élément de ce système, tout comme l'athéisme ou le laïcisme, mais de cette manière on reste aveuglé par son égoïsme. Chers frères, laissons-nous guérir par Jésus, qui peut et veut nous donner la lumière de Dieu! Confessons nos cécités, nos myopies, et surtout, ce que la Bible appelle le "grand péché" (cf. Ps Ps 18,14): l'orgueil. Que la Très Sainte Vierge Marie nous vienne en aide, Elle qui, en engendrant le Christ dans la chair, a donné au monde la vraie lumière.

A l'issue de l'Angelus

C'est avec une profonde tristesse que je suis la question dramatique de l'enlèvement de Mgr Paulos Faraj Rahho, Archevêque de Mossoul des Chaldéens, en Irak. Je joins mon appel à celui du Patriarche, le Cardinal Emmanuel III Delly, et de ses collaborateurs, afin que le cher prélat, par ailleurs de santé précaire, soit libéré au plus vite. Je prie, dans le même temps, pour les âmes des trois jeunes tués, qui étaient avec lui au moment de l'enlèvement. J'exprime par ailleurs ma proximité à toute l'Eglise qui est en Irak et en particulier à l'Eglise chaldéenne, encore une fois durement frappée, et j'encourage les pasteurs et tous les fidèles à être forts et inébranlables dans l'espérance. Que se multiplient les efforts de ceux qui tiennent entre leurs mains le sort du cher peuple irakien, afin que, grâce à l'engagement et la sagesse de tous, il retrouve la paix et la sécurité, et que l'avenir auquel il a droit, ne lui soit pas nié.

Malheureusement, ces derniers jours, la tension entre Israël et la Bande de Gaza a atteint un seuil très grave. Je renouvelle mon invitation pressante aux Autorités, aussi bien israéliennes que palestiniennes, afin que prenne fin cette escalade de la violence, de manière unilatérale, sans conditions: ce n'est qu'en faisant preuve d'un respect absolu pour la vie humaine, également pour celle de l'ennemi, que l'on pourra espérer assurer un avenir de paix et de coexistence aux jeunes générations de ces peuples qui ont tous deux leurs racines en Terre Sainte. J'invite toute l'Eglise à élever des prières au Tout-Puissant pour la paix sur la terre de Jésus et à témoigner d'une solidarité attentive et concrète aux deux populations, israélienne et palestinienne.

Cette semaine, les médias italiens ont attiré l'attention sur la triste fin de deux enfants connus sous le nom de Ciccio et Tore. Une fin qui m'a profondément touché, ainsi que tant de familles et de personnes. Je voudrais saisir cette occasion pour lancer un appel en faveur de l'enfance: prenons soin des enfants! Il faut les aimer et les aider à grandir. Je le dis aux parents mais aussi aux institutions. En lançant cet appel, ma pensée va aux enfants du monde entier, en particulier les plus vulnérables, ceux qui sont exploités et victimes d'abus. Je confie chaque enfant au coeur du Christ qui a dit: "Laissez les petits enfants venir à moi!" (Lc 18,16).

Je vous salue chers pèlerins francophones, présents ce matin pour l'Angelus, notamment les élèves du Collège Charles-Péguy de Bobigny. L'Evangile du jour nous invite à reconnaître le Christ, venu pour guérir et sauver les hommes. Puissent les communautés chrétiennes, par une catéchèse toujours plus forte, aider les jeunes à découvrir et à suivre le Sauveur du monde, lui qui éclaire toute existence et en donne le sens véritable. Avec ma Bénédiction apostolique.

Je souhaite à tous un dimanche serein.



Place Saint-Pierre IV Dimanche de Carême, 9 mars 2008

9038 Chers frères et soeurs,

Dans notre itinéraire de Carême, nous sommes arrivés au cinquième dimanche, caractérisé par l'Evangile de la résurrection de Lazare (
Jn 11,1-45). Il s'agit du dernier grand "signe" accompli par Jésus, après lequel les grands prêtres réunirent le sanhédrin et décidèrent de le tuer; et ils décidèrent de tuer aussi Lazare, qui était la preuve vivante de la divinité du Christ, Seigneur de la vie et de la mort. En réalité, cette page évangélique montre Jésus en tant que vrai homme et vrai Dieu. L'évangéliste insiste avant tout sur son amitié pour Lazare et ses soeurs Marthe et Marie. Il souligne que "Jésus aimait Marthe et sa soeur, ainsi que Lazare" (Jn 11,5), et pour cette raison il voulut accomplir le grand prodige. "Lazare, notre ami, s'est endormi; mais je m'en vais le tirer de ce sommeil" (Jn 11,11) - a-t-il dit à ses disciples, en exprimant par la métaphore du sommeil le point de vue de Dieu sur la mort physique: Dieu la voit justement comme un sommeil, dont on peut se réveiller. Jésus a démontré un pouvoir absolu sur cette mort: on le voit lorsqu'il redonne la vie au jeune fils de la veuve de Naïm (cf. Lc Lc 7,11-17) et à la jeune fille de douze ans (cf. Mc Mc 5,35-43). Il a justement dit d'elle: "L'enfant n'est pas morte, mais elle dort" (Mc 5,39), s'attirant la dérision des personnes présentes. Mais en vérité, il en est précisément ainsi: la mort du corps est un sommeil dont Dieu peut nous tirer à n'importe quel moment.

Cette seigneurie sur la mort n'a pas empêché Jésus d'éprouver une compassion sincère face à la douleur du détachement. En voyant Marthe et Marie pleurer, ainsi que ceux qui étaient venus les consoler, Jésus aussi "fut bouleversé d'une émotion profonde" et finalement, "pleura" (Jn 11,33 Jn 11,35).Le coeur du Christ est divin et humain: en Lui, Dieu et Homme, se sont parfaitement rencontrés, sans séparation ni confusion. Il est l'image, et même l'incarnation du Dieu qui est amour, miséricorde, tendresse paternelle et maternelle, du Dieu qui est Vie. C'est pour cela qu'il a déclaré solennellement à Marthe: "Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s'il meurt, vivra et tout homme qui vit et qui croit en moi ne mourra jamais". Et il a ajouté: "Crois-tu cela?" (Jn 11,25-26). Une question que Jésus adresse à chacun de nous; une question qui nous dépasse certainement, qui dépasse notre capacité de comprendre, et il nous demande d'avoir confiance en lui, comme il a eu confiance dans le Père. La réponse de Marthe est exemplaire: "Oui, Seigneur, tu es le Messie, je le crois; tu es le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde" (Jn 11,27). Oui, ô Seigneur! Nous aussi, nous croyons, en dépit de nos doutes et de nos zones d'ombre; nous croyons en Toi, parce que Tu as les paroles de la vie éternelle; nous voulons croire en Toi, qui nous donnes une espérance fiable de vie au-delà de la vie, d'une vie authentique et pleine, dans ton Royaume de lumière et de paix.

Confions cette prière à la Très Sainte Vierge Marie. Puisse son intercession renforcer notre foi, et notre espérance en Jésus, en particulier dans les moments de grande épreuve et de difficulté.

A l'issue de l'Angelus

Jeudi prochain, 13 mars, à 17h30, je présiderai dans la Basilique Saint-Pierre une liturgie pénitentielle pour les jeunes du diocèse de Rome. Ce sera un temps fort de préparation à la XXIII Journée mondiale de la Jeunesse, que nous célébrerons le Dimanche des Rameaux, et qui atteindra son sommet en juillet prochain avec la grande rencontre de Sydney. Chers jeunes de Rome, je vous invite tous à ce rendez-vous avec la Miséricorde de Dieu! Aux prêtres et aux responsables, je recommande d'encourager la participation des jeunes en faisant vôtres les paroles de l'Apôtre Paul: "Nous sommes ambassadeurs du Christ: ... laissez-vous réconcilier avec Dieu" (2Co 5,20).

Ces derniers jours la violence et l'horreur ont de nouveau ensanglanté la Terre Sainte, en alimentant la spirale de destruction et de mort qui semble ne pas avoir de fin. Je vous invite à demander avec insistance au Seigneur tout-puissant le don de la paix pour cette région et je désire confier à sa miséricorde les nombreuses victimes innocentes ainsi qu'exprimer ma solidarité aux familles et aux blessés.

En outre, j'encourage les autorités israéliennes et palestiniennes dans leur intention de continuer à construire, par la négociation, un avenir pacifique et juste pour leurs peuples et je demande à tous, au nom de Dieu, d'abandonner les voies tortueuses de la haine et de la vengeance, et d'emprunter de façon responsable les chemins du dialogue et de la confiance.

Tel est aussi mon voeu pour l'Irak, alors que nous tremblons encore pour le sort de S.Exc. Mgr Rahho et de tant d'Irakiens qui continuent à subir une violence aveugle et absurde, assurément contraire à la volonté de Dieu.

Je vous salue, chers amis de langue française, particulièrement vous, les citoyens haïtiens venus, à l'occasion du vingt-cinquième anniversaire de la visite de Jean-Paul II en Haïti, qui coïncide avec la visite ad limina de vos Evêques. Il me plaît de rappeler en cette circonstance particulièrement significative l'invitation lancée par mon Prédécesseur: Que Dieu vous permette avec toutes les forces vives de votre Nation pleine de jeunesse de construire pour chaque personne un avenir digne de l'homme, digne de la foi chrétienne (9 mars 1983). Avec ma Bénédiction apostolique.

Je souhaite à tous un bon dimanche.



XXIII JOURNÉE MONDIALE DE LA JEUNESSE Place Saint-Pierre Dimanche des Rameaux, 16 mars 2008

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Au terme de cette célébration solennelle au cours de laquelle nous avons médité sur la Passion du Christ, je désire rappeler le défunt Archevêque de Mossoul des Chaldéens, Mgr Paulos Faraj Rahho, décédé de façon tragique il y a quelques jours. Son beau témoignage de fidélité au Christ, à l'Eglise et à son peuple, qu'il n'avait pas voulu abandonner malgré de nombreuses menaces, me pousse à lancer avec force un cri du coeur: Assez! Que cessent les massacres, que cesse la violence, que cesse la haine en Irak! Et je lance en même temps un appel au peuple irakien, qui depuis cinq ans subit les conséquences d'une guerre qui a détruit sa vie civile et sociale: bien-aimé peuple irakien, relève la tête et sois toi-même, en premier lieu, le reconstructeur de ta vie nationale! Que la réconciliation, le pardon, la justice et le respect de la cohabitation civile entre tribus, ethnies et groupes religieux, soient la voie solidaire vers la paix au nom de Dieu!


Et maintenant, chers frères et soeurs, je vous renouvelle à tous mon salut cordial. Je l'adresse de manière spéciale aux jeunes, venus de nombreux pays du monde à l'occasion de la Journée de la Jeunesse que le bien-aimé Serviteur de Dieu Jean-Paul II a voulu associer au Dimanche des Rameaux. Ma pensée va en ce moment à Sydney, en Australie, où se prépare la grande rencontre que j'aurai là-bas avec les jeunes du monde entier du 15 au 20 juillet prochain. Je remercie la Conférence épiscopale australienne, en particulier le Cardinal Pell, Archevêque de Sydney et ses collaborateurs, pour tout le travail qu'ils sont en train d'accomplir avec une grande générosité; je suis également reconnaissant aux autorités australiennes, aussi bien fédérales que de l'Etat, pour le soutien généreux qu'elles ont offert à cette importante initiative. A bientôt à Sydney!

A l'issue de l'Angelus, le Saint-Père adressait les paroles suivantes aux pèlerins de langue française:
Je salue les pèlerins francophones venus participer à la Messe des Rameaux, notamment les jeunes de Marseille et du Lycée français Chateaubriand de Rome. Je vous encourage à suivre le Christ tout au long de la Semaine Sainte, pour comprendre davantage le mystère de sa mort et de sa Résurrection, et pour découvrir son grand amour pour nous. Bonne Semaine Sainte.

Nous nous adressons à présent à travers la prière à la Vierge Marie, pour qu'elle nous aide à vivre la Semaine Sainte en union spirituelle avec le Christ Seigneur.






Angelus Benoit XVI 156