Angelus Benoit XVI 16038


REGINA CAELI


Castelgandolfo

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Lundi de Pâques 24 mars 2008





Chers frères et soeurs!

Au cours de la Veillée pascale solennelle, le chant de l'Alleluia, mot hébreu universellement connu, qui signifie "Louez le Seigneur", résonne de nouveau après les jours du Carême. Durant le temps pascal cette invitation à la louange passe de bouche en bouche, de coeur en coeur. Il retentit à partir d'un événement absolument nouveau: la mort et la résurrection du Christ. L'alleluia est né dans les coeurs des premiers disciples de Jésus, hommes et femmes, en ce matin de Pâques, à Jérusalem... Il nous semble presque entendre leurs voix: celle de Marie-Madeleine, qui, la première, vit le Seigneur ressuscité dans le jardin près du Calvaire; les voix des femmes, qui le rencontrèrent alors qu'elles couraient, apeurées mais heureuses, pour donner la nouvelle de la tombe vide aux disciples; les voix des deux disciples, qui s'étaient mis en marche vers Emmaüs avec le visage triste et qui retournèrent le soir à Jérusalem remplis de joie pour avoir écouté ses paroles et l'avoir reconnu "à sa façon de rompre le pain"; les voix des onze Apôtres, qui, ce même soir, le virent apparaître au milieu d'eux dans le cénacle, montrer les blessures des clous et de la lance et leur dire: "Que la paix soit avec vous!". Cette expérience a inscrit une fois pour toutes l'alleluia dans le coeur de l'Eglise! Et dans notre coeur également.

De cette même expérience vient aussi la prière que nous récitons en ce jour et chaque jour du temps pascal: le Regina caeli à la place de l'Angelus. Le texte, qui remplace durant ces semaines l'Angelus, est bref et a la forme directe d'une annonce: c'est comme une nouvelle "annonciation" à Marie, faite cette fois non par un ange, mais par nous chrétiens qui invitons la Mère à se réjouir parce que son Fils, qu'elle a porté en son sein, est ressuscité comme il l'avait promis. "Réjouis-toi" avait en effet été la première Parole adressée à la Vierge par le messager céleste à Nazareth. Et son sens était celui-ci: Réjouis-toi, Marie, parce que le Fils de Dieu vient se faire homme en toi. Maintenant, après le drame de la Passion, une nouvelle invitation à la joie retentit: "Gaude et laetare, Virgo Maria, alleluia, quia surrexit Dominus vere, alleluia - Réjouis-toi, Vierge Marie, alleluia, parce que le Seigneur est vraiment ressuscité, alleluia!".

Chers frères et soeurs, laissons l'alleluia pascal s'imprimer profondément aussi en nous, afin qu'il ne soit pas seulement un mot dans certaines circonstances extérieures, mais qu'il soit l'expression de notre vie même: l'existence de personnes qui invitent chacun à louer le Seigneur et le font avec leur comportement de "ressuscités". Nous disons à Marie: "Priez pour nous le Seigneur", afin que Celui qui, dans la résurrection de son Fils, a rendu la joie au monde entier, nous permette de jouir de cette même joie maintenant et pour toujours, dans notre vie et dans la vie éternelle.

Merci de votre présence joyeuse en ce jour également.

Après le Regina caeli

Au lendemain de la fête de Pâques, qui illumine notre vie chrétienne et lui donne tout son sens, rendons grâce au Seigneur pour son amour et demandons à la Vierge Marie de nous aider à entrer dans une foi toujours plus profonde au Christ ressuscité. Saint temps pascal à vous tous.

La Journée annuelle de prière pour les missionnaires martyrs, que l'on célèbre aujourd'hui, 24 mars, acquiert une valeur particulière dans la lumière du Christ ressuscité. Se rappeler et prier pour nos frères et nos soeurs - évêques, prêtres, religieux, religieuses et laïcs -, disparus en 2007 alors qu'ils assuraient leur service missionnaire, est une devoir de gratitude pour toute l'Eglise et une invitation pour chacun de nous à témoigner de façon toujours plus courageuse de notre foi et de notre espérance dans Celui qui, sur la Croix, a vaincu pour toujours le pouvoir de la haine et de la violence par la toute-puissance de son amour.

C'est aujourd'hui également que nous célébrons la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose. Je suis particulièrement proche des malades et de leurs familles et souhaite que se développe au niveau mondial l'engagement pour vaincre ce fléau. Mon appel s'adresse surtout aux institutions catholiques, afin que ceux qui souffrent puissent reconnaître, à travers leur action, le Seigneur Ressuscité qui leur donne la guérison, le réconfort et la paix.

Je souhaite à chacun et à tous de passer sereinement ce Lundi de l'Ange, dans lequel résonne avec force l'annonce joyeuse de la Pâque. Même le soleil nous fait, en ce moment, une brève visite. Bonne et Sainte Pâque à vous tous! Merci!



REGINA CAELI

Castelgandolfo

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Dimanche de la divine Miséricorde, 30 mars 2008


Chers frères et soeurs!

Lors du Jubilé de l'an 2000, le bien-aimé Serviteur de Dieu Jean-Paul II a décidé que dans toute l'Eglise, le Dimanche après Pâques soit appelé non seulement Dimanche in Albis, mais aussi Dimanche de la divine Miséricorde. Ceci a eu lieu au moment de la canonisation de Faustine Kowalska, une humble religieuse polonaise née en 1905 et morte en 1938, messagère zélée de Jésus miséricordieux. La miséricorde est en réalité le noyau central du message évangélique, c'est le nom même de Dieu, le visage par lequel Il s'est révélé dans l'ancienne Alliance et pleinement en Jésus Christ, incarnation de l'Amour créateur et rédempteur. Cet amour de miséricorde illumine également le visage de l'Eglise et se manifeste aussi bien à travers les sacrements, en particulier celui de la réconciliation, qu'à travers les oeuvres de charité, communautaires et individuelles. Tout ce que l'Eglise dit et fait, manifeste la miséricorde que Dieu nourrit pour les hommes, donc pour nous. Lorsque l'Eglise doit rappeler une vérité méconnue, ou un bien trahi, elle le fait toujours poussée par l'amour miséricordieux, afin que les hommes aient la vie et l'aient en abondance (cf. Jn Jn 10,10). De la miséricorde divine, qui pacifie les coeurs, naît ensuite la paix authentique dans le monde, la paix entre peuples, cultures et religions diverses.

Comme Soeur Faustine, Jean-Paul II s'est fait à son tour apôtre de la divine Miséricorde. Le soir de l'inoubliable samedi 2 avril 2005, quand il ferma les yeux à ce monde, était précisément la veille du deuxième Dimanche de Pâques, et nombreux sont ceux qui notèrent la singulière coïncidence, par laquelle la dimension mariale - le premier samedi du mois - se trouvait unie à celle de la divine Miséricorde. C'est là, en effet, que se trouve le noyau central de son pontificat long et multiforme; toute sa mission au service de la vérité sur Dieu et sur l'homme et de la paix dans le monde est résumée dans cette annonce, comme il le dit lui-même à Cracovie-Lagiewniki en 2002, lorsqu'il inaugura le grand sanctuaire de la divine Miséricorde: "Il n'y a aucune source d'espérance pour les êtres humains en dehors de la miséricorde de Dieu". Son message, comme celui de sainte Faustine, renvoie donc au visage du Christ, révélation suprême de la miséricorde de Dieu. Contempler constamment ce Visage: voilà l'héritage qu'il nous a laissé, que nous accueillons avec joie et que nous faisons nôtre.

On réfléchira de manière particulière, dans les prochains jours, sur la divine Miséricorde, à l'occasion du premier Congrès apostolique mondial de la divine Miséricorde, qui aura lieu à Rome et s'ouvrira, s'il plaît à Dieu, par une messe que je présiderai le mercredi matin, 2 avril, troisième anniversaire de la pieuse mort du Serviteur de Dieu Jean-Paul II. Plaçons le Congrès sous la protection céleste de la Très Sainte Vierge Marie Mater Misericordiae. Nous lui confions la grande cause de la paix dans le monde, afin que la miséricorde de Dieu réalise ce qui est impossible aux seules forces humaines, et distille dans les coeurs le courage du dialogue et de la réconciliation.

A l'issue du Regina Caeli

J'adresse avant tout une salutation cordiale aux nombreux pèlerins rassemblés en ce moment place Saint-Pierre, en particulier ceux qui ont participé à la messe célébrée dans l'église du Santo Spirito in Sassia, par le Cardinal Tarcisio Bertone, à l'occasion de la fête de la divine Miséricorde. Chers frères et soeurs, que l'intercession de sainte Faustine et du Serviteur de Dieu Jean-Paul II vous aident à être des témoins authentiques de l'amour miséricordieux. Je suis heureux d'indiquer aujourd'hui comme exemple à imiter, Mère Celestina Donati, fondatrice de la Congrégation des Figlie povere di San Giuseppe Calasanzio, qui sera proclamée bienheureuse aujourd'hui à Florence.

A l'occasion de la prière mariale du Regina caeli, je vous salue chers pèlerins francophones, en particulier les Religieuses de Saint-Joseph de l'Apparition de Syrie, ainsi que les jeunes du Centre Madeleine Daniélou de Rueil et les élèves de Saint-Jean de Passy venus à Rome pour leur profession de foi. Dans la prière et dans la vie sacramentelle, puissiez-vous contempler le Ressuscité, qui nous apporte la paix profonde et qui nous révèle le visage de miséricorde de notre Père des Cieux. Demeurez dans la lumière de Pâques, source de notre joie.

Je salue tous les pèlerins et visiteurs de langue anglaise présents ici aujourd'hui. L'Evangile de ce dimanche nous rappelle qu'à travers la foi nous reconnaissons la présence du Seigneur ressuscité dans l'Eglise et que nous recevons de lui le don de l'Esprit Saint. Puissions-nous au cours de ce temps pascal, renforcer notre désir de témoigner de la Bonne nouvelle de Jésus Christ qui nous appelle à une vie de paix et de joie. Sur vous tous ici présents et sur vos familles, j'invoque de Dieu des grâces de bonheur et de sagesse.

En ce Dimanche in Albis, je salue tous les pèlerins et visiteurs de langue allemande présents ici à Castel Gandolfo. Jésus, qui, après sa résurrection, donne aux apôtres les pleins pouvoirs pour pardonner les péchés, et conduit Thomas à la foi, nous révèle la divine Miséricorde. Faisons, nous aussi, toujours confiance au pouvoir salvifique des blessures du Christ qui nous a sauvés par son précieux sang. Que le Seigneur vous accorde, à vous et à vos familles, un temps pascal plein de grâces.

Je rentre aujourd'hui à Rome; nous nous verrons, si Dieu le veut, en juillet. Je vous souhaite à tous une bonne semaine. Au revoir et bon dimanche.





REGINA CAELI

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Place Saint-Pierre

III Dimanche de Pâques, 6 avril 2008



Chers frères et soeurs,

L'évangile de ce dimanche - le troisième dimanche de Pâques - est le célèbre récit dit des "disciples d'Emmaüs" (cf. Lc
Lc 24,13-35). Il parle de deux disciples du Christ qui, le jour après le sabbat, c'est-à-dire le troisième jour de sa mort, tristes et abattus, quittèrent Jérusalem en direction d'un village peu éloigné, appelé justement Emmaüs. Le long du chemin, Jésus ressuscité s'approcha d'eux, mais ils ne le reconnurent pas. Les sentant découragés, il leur expliqua, sur la base des Ecritures, que le Messie devait souffrir et mourir pour arriver à sa gloire. Entré avec eux dans la maison, il s'assit à table, bénit le pain et le rompit, et à ce moment-là, ils le reconnurent, mais lui disparut de leur vue en les laissant émerveillés devant ce pain rompu, nouveau signe de sa présence. Tous les deux retournèrent immédiatement à Jérusalem et racontèrent ce qui était arrivé aux autres disciples.

La localité d'Emmaüs n'a pas été identifiée avec certitude. Il y a différentes hypothèses, ce qui ne manque pas d'être assez évocateur, car cela nous permet de penser qu'Emmaüs représente, en réalité, chaque lieu: la route qui y conduit est le chemin de tout chrétien, et même de tout homme. C'est sur nos routes que Jésus ressuscité se fait notre compagnon de voyage, pour rallumer dans nos coeurs la chaleur de la foi et de l'espérance, et rompre le pain de la vie éternelle. Dans la conversation des disciples avec le voyageur inconnu, on est frappé par l'expression que l'évangéliste Luc place sur les lèvres de l'un d'entre eux: "Nous espérions..." (Lc 24,21). Ce verbe au passé dit tout: Nous avons cru, nous avons suivi, nous avons espéré..., mais désormais tout est fini. Jésus de Nazareth, lui qui s'était montré un prophète puissant en oeuvres et en paroles, a lui aussi échoué et nous avons été déçus. Ce drame des disciples d'Emmaüs apparaît comme un reflet de la situation de nombreux chrétiens de notre temps: il semble que l'espérance de la foi ait échoué. La foi elle-même entre parfois en crise à cause d'expériences négatives qui font que nous nous sentons abandonnés par le Seigneur. Mais cette route d'Emmaüs, sur laquelle nous marchons, peut devenir un chemin de purification et de maturation de notre foi en Dieu. Aujourd'hui aussi, nous pouvons entrer en conversation avec Jésus et écouter sa Parole. Aujourd'hui aussi, il rompt le pain pour nous et se donne lui-même comme notre Pain. Et ainsi, la rencontre avec le Christ ressuscité qui est possible aujourd'hui aussi, nous donne une foi plus profonde et authentique, trempée, pour ainsi dire, au feu de l'événement pascal; une foi robuste parce qu'elle se nourrit non d'idées humaines, mais de la Parole de Dieu, et de sa présence réelle dans l'Eucharistie.

Ce merveilleux texte évangélique contient déjà la structure de la messe: dans la première partie, l'écoute de la Parole à travers les Saintes Ecritures; dans la deuxième, la liturgie eucharistique et la communion avec le Christ présent dans le sacrement de son Corps et de son Sang. En se nourrissant à cette double table, l'Eglise s'édifie sans cesse et se renouvelle de jour en jour dans la foi, dans l'espérance et dans la charité. Par l'intercession de la Très Sainte Vierge Marie, nous prions afin que tout chrétien et toute communauté, en revivant l'expérience des disciples d'Emmaüs, redécouvre la grâce de la rencontre transformatrice avec le Seigneur ressuscité.

A l'issue du Regina caeli

Chers amis, le premier Congrès mondial sur la divine Miséricorde s'est conclu ce matin par la célébration de l'Eucharistie, dans la basilique Saint-Pierre. Je remercie les organisateurs, en particulier le Vicariat de Rome et j'adresse à tous les participants une salutation cordiale qui devient maintenant une consigne: allez et soyez des témoins de la miséricorde de Dieu, source d'espérance pour chaque homme et pour le monde entier. Que le Seigneur ressuscité soit toujours avec vous!

On célèbre aujourd'hui la Journée de l'Université catholique du Sacré-Coeur, en souvenir de la servante de Dieu Armida Barelli, co-fondatrice de l'Université avec le père Gemelli, et grande animatrice de la jeunesse féminine de l'Action catholique, dans la première moitié du siècle dernier. Je souhaite que cet anniversaire contribue à renouveler l'engagement de cette importante institution pour une culture catholique populaire.

Je vous salue, chers pèlerins francophones, venus sur la place Saint-Pierre pour la prière mariale du Regina Caeli, notamment les éducateurs et les jeunes du Collège Stanislas de Paris, dont certains préparent leur profession de foi. A l'exemple des disciples d'Emmaüs, puissiez-vous vous laisser conduire par Jésus, pour le reconnaître dans sa parole et dans l'Eucharistie, pain rompu pour que le monde ait la vie en abondance. Avec ma Bénédiction apostolique. Bon temps pascal.

Je souhaite à tous un bon dimanche.



REGINA CAELI Place Saint-Pierre IV Dimanche de Pâques, 13 avril 2008

13048 Chers frères et soeurs,

En ce quatrième dimanche de Pâques, alors que la liturgie nous présente Jésus comme le Bon Pasteur, nous célébrons la Journée mondiale de prière pour les vocations.Sur chaque continent, les communautés ecclésiales invoquent ensemble du Seigneur de nombreuses et saintes vocations au sacerdoce, à la vie consacrée et missionnaire et au mariage chrétien, et méditent sur le thème: "Les vocations au service de l'Eglise-mission". Cette année, la Journée mondiale de prière pour les vocations s'insère dans la perspective de l'Année de saint Paul qui commencera le 28 juin prochain pour célébrer le bimillénaire de la naissance de l'apôtre Paul, le missionnaire par excellence.

Dans l'expérience de l'apôtre des Nations, que le Seigneur appela pour être "ministre de l'Evangile", vocation et mission sont inséparables. Il représente par conséquent un modèle pour tout chrétien, de manière particulière pour les missionnaires ad vitam, c'est-à-dire pour les hommes et les femmes qui se consacrent entièrement à annoncer le Christ à ceux qui ne le connaissent pas encore: une vocation qui conserve aujourd'hui encore toute sa validité. Ce sont les prêtres qui, en premier lieu, accomplissent ce service missionnaire, en dispensant la parole de Dieu et les sacrements, en manifestant, à travers leur charité pastorale à tous, en particulier aux malades, aux plus petits et aux pauvres, la présence de Jésus Christ, qui guérit. Nous rendons grâce à Dieu pour ces frères qui se donnent sans réserve dans le ministère pastoral, en scellant parfois leur fidélité au Christ par le sacrifice de leur vie, comme les deux religieux tués hier en Guinée et au Kenya. Nous éprouvons à leur égard une admiration pleine de reconnaissance et nous prions pour eux. Prions également pour que la multitude de ceux qui décident de vivre l'Evangile de manière radicale à travers les voeux de chasteté, de pauvreté et d'obéissance, soit toujours plus grande. Ce sont des hommes et des femmes qui ont un rôle primordial dans l'évangélisation. Parmi eux, certains se consacrent à la contemplation et à la prière, d'autres à une action éducative et caritative multiforme, mais tous sont unis autour d'un même objectif: celui de témoigner de la primauté de Dieu sur tout, et de diffuser son royaume dans tous les domaines de la société. Nombre d'entre eux, écrivait le serviteur de Dieu Paul VI, sont "entreprenants, et leur apostolat est souvent marqué par une originalité, un génie qui forcent l'admiration. Ils sont généreux: on les trouve souvent aux avant-postes de la mission, et ils prennent les plus grands risques pour leur santé et leur propre vie" (Exhortation ap. Evangelii nuntiandi,
EN 69). Il ne faut pas oublier, enfin, que la vocation au mariage chrétien est aussi une vocation missionnaire: en effet, les époux sont appelés à vivre l'Evangile dans leur famille, dans leur milieu de travail, dans leur communauté paroissiale et civile. Par ailleurs, dans certains cas ils offrent leur collaboration précieuse dans la mission ad gentes.

Chers frères et soeurs, invoquons la protection maternelle de Marie sur les multiples vocations qui existent dans l'Eglise, afin qu'elles se développent avec une profonde empreinte missionnaire. Je confie également à la Mère de l'Eglise et Reine de la Paix, l'expérience missionnaire spéciale que je vivrai les jours prochains lors du voyage apostolique aux Etats-Unis et de la visite à l'ONU, et je vous demande à tous de m'accompagner par votre prière.

A l'issue du Regina caeli

Je vous salue, chers pèlerins de langue française présents à la prière mariale du Regina caeli, en particulier vous, les jeunes de Rouen, de Pont-Saint-Esprit et de Villeneuve-lès-Avignon. Puissiez-vous contempler le Christ qui, dans l'Evangile du jour, se présente comme le Bon Pasteur. Il vous invite à passer par Lui et à être ses amis pour accéder au bonheur véritable. N'ayez pas peur de l'écouter et de le suivre tout au long de votre vie. Vous ne serez pas déçus. Soyez aussi des apôtres de vos camarades, car Dieu est un Père miséricordieux qui veut communiquer son amour à tous les hommes. Avec ma Bénédiction apostolique. Bon temps pascal.

Je souhaite à tous un bon dimanche.



REGINA CAELI

Place Saint-Pierre

VI Dimanche de Pâques, 27 avril 2008

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Chers frères et soeurs,


La célébration au cours de laquelle j'ai ordonné 29 nouveaux prêtres vient de se terminer dans la basilique Saint-Pierre. Chaque année, ceci est un moment de grâce spéciale et de grande fête: une sève renouvelée est distillée dans le tissu de la communauté aussi bien ecclésiale que de la ville. La présence des prêtres est indispensable pour la vie de l'Eglise mais elle est précieuse pour tous. Dans les Actes des apôtres on lit que le diacre Philippe apporta l'Evangile dans une ville de la Samarie; les gens adhérèrent avec enthousiasme à sa prédication, voyant également les signes prodigieux qu'il accomplissait sur les malades; "et la joie fut vive en cette ville" (8, 8). Comme je l'ai rappelé aux nouveaux prêtres au cours de la célébration eucharistique, ceci est le sens de la mission de l'Eglise et en particulier des prêtres: semer la joie de l'Evangile dans le monde! Là où le Christ est annoncé avec la force de l'Esprit Saint et accueilli avec une âme ouverte, la société, même si elle doit faire face à une multitude de problèmes, devient "cité de la joie", pour reprendre le titre d'un ouvrage célèbre sur l'oeuvre de Mère Teresa à Calcutta. Voici donc le voeu que je forme pour les nouveaux prêtres, pour lesquels je vous invite tous à prier: qu'ils répandent la joie et l'espérance qui jaillissent de l'Evangile, là où ils seront envoyés.

En réalité, ceci est également le message que j'ai laissé ces derniers jours aux Etats-Unis d'Amérique, lors d'un voyage apostolique qui avait pour thème: "Christ our Hope - Le Christ notre espérance". Je rends grâce à Dieu d'avoir béni largement cette expérience missionnaire unique et de m'avoir permis de devenir un instrument de l'espérance du Christ pour cette Eglise et ce pays. Je lui rends grâce, dans le même temps, car j'ai moi-même été confirmé dans l'espérance par les catholiques américains: j'ai en effet trouvé une grande vitalité et la ferme volonté de vivre et de témoigner la foi en Jésus. Mercredi prochain, au cours de l'audience générale, j'ai l'intention de revenir plus amplement sur cette visite en Amérique.

Aujourd'hui, de nombreuses Eglises orientales, qui suivent le calendrier julien, célèbrent la grande solennité de Pâques. Je désire exprimer ma proximité fraternelle et spirituelle à nos frères et soeurs. Je les salue cordialement, en priant le Dieu un et trine de les confirmer dans la foi, de les combler de la lumière resplendissante qui émane de la résurrection du Seigneur et de les réconforter dans les situations difficiles dans lesquelles ils doivent souvent vivre l'Evangile et en témoigner. Je vous invite tous à invoquer avec moi la Mère de Dieu, afin que le chemin du dialogue et de la collaboration, emprunté depuis longtemps, conduise rapidement à une communion plus complète entre tous les disciples du Christ, afin qu'ils soient un signe d'espérance toujours plus lumineux pour l'humanité tout entière.

Au terme de l'Angelus

Les nouvelles qui nous parviennent de certains pays d'Afrique continuent d'être source de profonde souffrance et de vive préoccupation. Je vous demande de ne pas oublier ces situations tragiques et les frères et soeurs qui en sont victimes! Je vous demande de prier pour eux et d'être leur voix!

En Somalie, plus spécialement à Mogadiscio, de rudes conflits armés rendent toujours plus dramatique la situation humanitaire de cette chère population, opprimée depuis trop d'années sous le poids de la brutalité et de la misère.

Au Darfour, malgré quelques lueurs d'espoir momentanées, la situation reste dramatique pour des centaines de milliers de personnes sans défense et abandonnées à elles-mêmes.

Enfin, au Burundi, après les bombardements des derniers jours qui ont touché et terrorisé les habitants de la capitale Bujumbura, et également atteint le siège de la nonciature apostolique, et face au risque d'une nouvelle guerre civile, j'invite toutes les parties concernées à reprendre sans attendre la voie du dialogue et de la réconciliation.

Je forme le voeu que les autorités politiques locales, les responsables de la Communauté internationale et toutes les personnes de bonne volonté n'épargnent pas leurs efforts pour faire cesser la violence et tenir les engagements pris, afin de jeter des bases solides pour la paix et le développement.

Confions nos intentions à Marie, Reine de l'Afrique.
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168 Chers pèlerins de langue française, je vous adresse mes salutations cordiales. A l'exemple de Marie, puissiez-vous accueillir l'Esprit Saint; il vous fera connaître les mystères divins et il vous aidera à demeurer fidèles au Seigneur dans toute votre vie. Que le temps pascal illumine votre existence. Avec ma Bénédiction apostolique.



REGINA CAELI

Place Saint-Pierre

VII Dimanche de Pâques, 4 mai 2008

Chers frères et soeurs,


On célèbre aujourd'hui dans différents pays, dont l'Italie, la solennité de l'Ascension du Christ au ciel, mystère de la foi que le livre des Actes des Apôtres place quarante jours après la résurrection (cf. Ac Ac 1,3-11), et c'est pour cela qu'au Vatican et dans certaines nations du monde elle a déjà été célébrée jeudi dernier. Après l'Ascension, les premiers disciples restent réunis au Cénacle autour de la Mère de Jésus, dans l'attente fervente du don de l'Esprit Saint, promis par Jésus (cf. Ac Ac 1,14). En ce premier dimanche de mai, mois marial, nous revivons nous aussi cette expérience, en ressentant plus intensément la présence spirituelle de Marie. Et la place Saint-Pierre se présente aujourd'hui presque comme un "Cénacle" à ciel ouvert, remplie de fidèles, en grande partie membres de l'Action catholique italienne, auxquels je m'adresserai après la prière mariale du Regina caeli.

Dans ses discours d'adieu à ses disciples, Jésus a beaucoup insisté sur l'importance de son "retour au Père", couronnement de toute sa mission: en effet, il est venu dans le monde pour ramener l'homme à Dieu, pas idéalement - comme un philosophe ou un maître de sagesse - mais réellement, en tant que pasteur qui veut ramener les brebis au bercail. Cet "exode" vers la patrie céleste, que Jésus a vécu personnellement, il l'a entièrement affronté pour nous. C'est pour nous qu'il est descendu du ciel et c'est pour nous qu'il y est monté, après s'être fait en tout semblable aux hommes, humilié jusqu'à la mort sur la croix, et après avoir touché le fond de l'abîme du plus grand éloignement de Dieu. C'est justement pour cela que le Père s'est complu en lui et l'a "exalté" (Ph 2,9), en lui restituant la plénitude de sa gloire, mais cette fois avec notre humanité. Dieu dans l'homme - l'homme en Dieu: c'est désormais une vérité non théorique mais réelle. C'est pourquoi l'espérance chrétienne, fondée dans le Christ, n'est pas une illusion, mais, comme le dit la lettre aux Hébreux, "en elle, nous avons comme une ancre de notre âme" (He 6,19), une ancre qui pénètre dans le Ciel où le Christ nous a précédés.

Et de quoi l'homme d'aujourd'hui a-t-il le plus besoin, sinon de cela: d'un ancrage solide pour son existence? Voilà alors de nouveau le sens merveilleux de la présence de Marie au milieu de nous. En tournant vers elle notre regard, comme les premiers disciples, nous sommes immédiatement renvoyés à la réalité de Jésus: la mère renvoie au Fils, qui n'est plus physiquement au milieu de nous, mais qui nous attend dans la maison du Père. Jésus nous invite à ne pas rester à regarder vers le haut, mais à être unis dans la prière, pour invoquer le don de l'Esprit Saint. En effet, c'est seulement à celui qui "renaît d'en haut", c'est-à-dire de l'Esprit de Dieu, qu'est ouverte l'entrée dans le Royaume des Cieux (cf. Jn Jn 3,3-5), et la première à "renaître d'en haut" est justement la Vierge Marie. Nous nous adressons donc à elle dans la plénitude de la joie pascale.

A l'issue du Regina caeli

Chers pèlerins francophones présents à la prière mariale de ce jour, je vous adresse mes salutations chaleureuses. Avec l'aide de la Vierge Marie, puissiez-vous ouvrir vos coeurs à l'Esprit Saint, pour être témoins, personnellement et en Eglise, de la Bonne Nouvelle du salut.

Je souhaite à tous un bon dimanche.



SOLENNITÉ DE PENTECÔTE


REGINA CAELI


Place Saint-Pierre

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Dimanche 11 mai 2008

Chers frères et soeurs,


Nous célébrons aujourd'hui la solennité de la Pentecôte, antique fête juive au cours de laquelle on faisait mémoire de l'Alliance conclue entre Dieu et son peuple au mont Sinaï (cf. Ex Ex 19). Celle-ci devint également une fête chrétienne précisément à cause de ce qui se produisit lors de cette célébration, 50 jours après la Pâque de Jésus. Nous lisons dans les Actes des Apôtres que les disciples étaient réunis en prière au Cénacle lorsque l'Esprit Saint descendit sur eux avec puissance, comme du vent et comme du feu. Ils se mirent alors à annoncer en plusieurs langues la bonne nouvelle de la résurrection du Christ (cf. Ac 2,1-4). Ce fut "le baptême dans l'Esprit Saint ", qui avait déjà été annoncé par Jean Baptiste: "Pour moi, je vous baptise dans de l'eau, disait-il à la foule... mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi; lui vous baptisera dans l'Esprit Saint et le feu " (Mt 3,11). En effet, toute la mission de Jésus avait pour objectif de donner l'Esprit de Dieu aux hommes et de les baptiser dans son "bain " de régénération. Cela s'est réalisé par sa glorification (cf. Jn Jn 7,39), c'est-à-dire à travers sa mort et sa résurrection: l'Esprit de Dieu a alors été répandu en surabondance, comme une cascade capable de purifier tous les coeurs, d'éteindre l'incendie du mal et d'allumer dans le monde le feu de l'amour divin.

Les Actes des Apôtres présentent la Pentecôte comme l'accomplissement de cette promesse et donc comme le couronnement de toute la mission de Jésus. Après sa résurrection, il ordonna lui-même à ses disciples de rester à Jérusalem car, dit-il, "vous allez recevoir une force, celle de l'Esprit Saint qui descendra sur vous. Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre " (Ac 1,8). La Pentecôte est, par conséquent, de manière particulière, le baptême de l'Eglise qui entreprend sa mission universelle en partant des rues de Jérusalem, avec la prodigieuse prédication des différentes langues de l'humanité. Dans ce baptême d'Esprit Saint, la dimension personnelle et la dimension communautaire, le "moi " du disciple et le "nous " de l'Eglise, sont inséparables. L'Esprit consacre la personne et fait d'elle, en même temps, un membre vivant du Corps mystique du Christ, participant à la mission de témoigner de son amour. Cela se réalise à travers les sacrements de l'initiation chrétienne: le baptême et la confirmation. Dans mon Message pour la prochaine Journée mondiale de la jeunesse 2008, j'ai proposé aux jeunes de redécouvrir la présence de l'Esprit Saint dans leur vie et donc, l'importance de ces sacrements. Aujourd'hui, je voudrais étendre cette invitation à tous: chers frères et soeurs, redécouvrons la beauté d'être baptisés dans l'Esprit Saint; reprenons conscience de notre baptême et de notre confirmation, sources de grâce toujours actuelle.

Demandons à la Vierge Marie d'obtenir aujourd'hui aussi pour l'Eglise une Pentecôte renouvelée, qui insuffle en chacun, spécialement les jeunes, la joie de vivre l'Evangile et d'en témoigner.

A l'issue du Regina caeli

Ces derniers jours, j'ai suivi, avec une profonde inquiétude la situation au Liban où à l'impasse de l'initiative politique a succédé, d'abord la violence verbale puis les affrontements armés, avec de nombreux morts et blessés. Même si, ces dernières heures, la tension a diminué, j'estime aujourd'hui de mon devoir d'exhorter les Libanais à abandonner toute logique d'opposition agressive qui conduirait leur cher pays à l'irréparable.
Le dialogue, la compréhension mutuelle et la recherche du compromis raisonnable sont la seule voie pouvant redonner au Liban ses institutions et à la population la sécurité nécessaire pour une vie quotidienne digne et riche d'espérance pour l'avenir.
Que le Liban, par l'intercession de Notre-Dame du Liban, sache répondre avec courage à sa vocation d'être, pour le Moyen-Orient et le monde entier, signe de la possibilité réelle de coexistence pacifique et constructive entre les hommes. Les différentes communautés qui le composent - comme le rappelait l'Exhortation post-synodale Une nouvelle espérance pour le Liban (cf. n. 1) - sont à la fois "une richesse, une originalité et une difficulté. Mais pour tous les habitants de cette terre, faire vivre le Liban est une tâche commune". Avec Marie, Vierge en prière à la Pentecôte, demandons au Tout-Puissant une abondante effusion de l'Esprit Saint, l'Esprit d'unité et de concorde, qui inspire à tous des pensées de paix et de réconciliation.

Je salue avec affection le groupe important des "Jeunes pour l'unité" du Mouvement des Focolari, venus de nombreux pays des cinq continents. Chers jeunes, vous êtes un beau signe du fait que l'Eglise parle toutes les langues! En suivant le charisme de Chiara Lubich, poursuivez avec enthousiasme votre "course pour l'unité ".

Je fais mien le cri de douleur et d'aide de la chère population du Myanmar, qui a subi à l'improviste, du fait de la terrible violence du cyclone Nargis, la perte de nombreuses vies humaines, en plus des biens et des moyens de subsistance.
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Angelus Benoit XVI 16038