Angelus Benoit XVI 170

170 Comme je l'ai déjà assuré dans le message de solidarité envoyé au Président de la Conférence épiscopale, je suis spirituellement proche des victimes. Je voudrais, en outre, répéter à tous l'invitation à ouvrir leur coeur à la piété et à la générosité afin que, grâce à la collaboration de ceux qui sont en mesure de prêter secours et qui le désirent, l'on puisse soulager les souffrances causées par une si terrible tragédie.

Je vous salue cordialement, chers pèlerins francophones, présents place Saint-Pierre en ce dimanche de Pentecôte. Comme la Vierge Marie et les Apôtres au Cénacle, puissiez-vous accueillir l'Esprit Saint, qui vient renouveler votre être intérieur et faire de vous des témoins de l'Evangile là où vous demeurez. Par l'annonce des mystères du salut, qui est l'oeuvre de tous les fidèles, vous donnez aux hommes de notre temps l'espérance qui ne déçoit pas. Avec ma Bénédiction apostolique.

Je souhaite à tous un bon dimanche de Pentecôte.



VISITE PASTORALE À SAVONE ET GÊNES



Place Matteotti, Gênes

Dimanche 18 mai 2008

Chers frères et soeurs!


Au coeur de ma visite pastorale à Gênes, nous sommes arrivés à l'heure du rendez-vous dominical traditionnel de l'Angelus, et ma pensée va naturellement au sanctuaire de Notre-Dame de la Garde, où j'ai prié ce matin. Le Pape Benoît XV, votre illustre concitoyen, qui fit placer une reproduction de la très chère représentation de la Vierge de la Garde dans les Jardins du Vatican, se rendit très souvent comme pèlerin dans cette oasis de montagne. Et comme le fit mon vénéré prédécesseur Jean-Paul II, lors de son premier pèlerinage apostolique à Gênes, j'ai moi aussi voulu commencer ma visite pastorale avec l'hommage à la céleste Mère de Dieu, qui du haut du mont Figogna veille sur la ville et sur ses habitants.

La tradition raconte que Benedetto Pareto, inquiet car il ne savait comment répondre à l'invitation de construire une église en ce lieu si éloigné de la ville, la Vierge, lors de sa première apparition, dit à Benedetto: "Fais-moi confiance! les moyens ne te manqueront pas. Avec mon aide tout te sera facile. Garde seulement ferme ta volonté". "Fais-moi confiance!": c'est ce que nous répète aujourd'hui Marie. Une prière très ancienne, très chère à la tradition populaire, nous fait Lui adresser ces paroles de confiance, que nous faisons nôtres aujourd'hui: "Rappelle-toi, ô Vierge Marie, que l'on n'a jamais entendu que quelqu'un ait recouru à ton patronage, ait imploré ton aide, demandé ta protection, et ait été abandonné". C'est avec cette certitude que nous invoquons l'assistance maternelle de la Vierge de la Garde sur votre communauté diocésaine, sur ses pasteurs, les personnes consacrées, les fidèles laïcs: les jeunes, les familles, les personnes âgées. Nous lui demandons de veiller, de manière particulière, sur les malades et sur toutes les personnes qui souffrent, et de rendre fructueuses les initiatives missionnaires qui sont en chantier, pour porter à tous l'annonce de l'Evangile. Nous confions ensemble à Marie toute la ville, avec sa population variée, ses activités culturelles, sociales et économiques; les problèmes et les défis de notre époque, et l'engagement de tous ceux qui coopèrent au bien commun.

Mon regard s'élargit à présent à toute la Ligurie, parsemée d'églises et de sanctuaires mariaux, placés comme une couronne entre la mer et les montagnes. Avec vous, je rends grâce à Dieu pour la foi robuste et tenace des générations passées qui, au cours des siècles, ont écrit des pages mémorables de sainteté et de civilisation humaine. La Ligurie, et Gênes en particulier, est depuis toujours une terre ouverte sur la Méditerranée et sur le monde entier: combien de missionnaires sont partis de ce port pour les Amériques et pour d'autre terres lointaines! Combien de personnes ont émigré d'ici vers d'autres pays, pauvres en ressources matérielles peut-être, mais riches de foi et de valeurs humaines et spirituelles, qu'elles ont transplanté dans les lieux où elles ont débarqué! Continue, Marie, Etoile de la mer, de briller sur Gênes; continue Marie, Etoile de l'espérance, de conduire le chemin des Génois, en particulier des nouvelles générations, pour qu'ils suivent, avec ton aide, le bon cap sur la mer souvent tempétueuse de la vie.

A l'issue de l'Angelus

Je voudrais à présent rappeler un évènement important qui commencera demain à Dublin, en Irlande: la Conférence diplomatique sur les bombes à sous-munitions, convoquée dans le but de rédiger une Convention qui interdise ces engins de mort. Je souhaite que, grâce à la responsabilité de tous les participants l'on puisse parvenir à un instrument international puissant et crédible: en effet, il est nécessaire de remédier aux erreurs du passé et d'éviter qu'elles se répètent à l'avenir. J'accompagne de ma prière, les victimes de bombes à sous-munitions et leurs familles, ainsi que tous ceux qui prendront part à la Conférence en formant les meilleurs voeux de succès.

171 Je salue à nouveau tous les jeunes et toutes les personnes présentes. Merci de votre présence! Au revoir et que le Seigneur vous bénisse!



Place Saint-Pierre

Dimanche 25 mai 2008

Chers frères et soeurs!


On célèbre aujourd'hui en Italie et dans différents pays la solennité du Corpus Domini, déjà célébrée jeudi dernier au Vatican et dans d'autres nations. C'est la fête de l'Eucharistie, don merveilleux du Christ qui au cours de la Dernière Cène a voulu nous laisser le mémorial de sa Pâque, le sacrement de son Corps et de son Sang, gage d'amour immense pour nous. Il y a une semaine nos regards étaient attirés par le mystère de la Très Sainte Trinité; aujourd'hui, nous sommes invités à fixer notre regard sur la sainte Ostie: c'est le même Dieu! Le même Amour! C'est la beauté de la vérité chrétienne: le Créateur et Seigneur de toute chose s'est fait "grain de blé" pour être semé dans notre terre, dans les sillons de notre histoire; il s'est fait pain pour être rompu, partagé, mangé; il s'est fait notre nourriture pour nous donner la vie, sa vie divine. Il naquit à Bethléem qui en hébreu signifie "Maison du pain", et quand il commença à prêcher aux foules il révéla que le Père l'avait envoyé dans le monde comme "pain vivant descendu du ciel", comme "pain de la vie".

L'Eucharistie est école de charité et de solidarité. Celui qui se nourrit du Pain du Christ ne peut rester indifférent devant celui qui, aujourd'hui encore, est privé du pain quotidien. De nombreux parents ont du mal à se le procurer pour leurs enfants et pour eux-mêmes. C'est un problème de plus en plus grave, que la Communauté internationale a beaucoup de difficulté à résoudre. L'Eglise non seulement prie "donne-nous aujourd'hui notre pain de ce jour" mais, à l'exemple de son Seigneur, s'engage par tous les moyens à "multiplier les cinq pains et les deux poissons" à travers d'innombrables initiatives de promotion humaine et de partage, afin que chacun reçoive ce dont il a besoin pour vivre.

Chers frères et soeurs, que la fête du Corpus Domini soit une occasion pour accroître cette attention concrète envers nos frères, spécialement les pauvres. Que la Vierge Marie nous obtienne cette grâce, Elle dont le Fils de Dieu a pris sa chair et son sang, comme nous le répétons dans un célèbre hymne eucharistique mis en musique par les plus grands compositeurs: "Ave verum corpus natum de Maria Virgine" qui se termine par l'invocation: "O Iesu dulcis, o Iesu pie, o Iesu fili Mariae!". Que Marie, qui en portant Jésus dans son sein fut le "tabernacle" vivant de l'Eucharistie, nous transmette sa foi dans le saint mystère du Corps et du Sang de son divin Fils, afin qu'il soit vraiment le centre de notre vie. Nous nous retrouverons autour d'elle samedi prochain, 31 mai, à 20h00, place Saint-Pierre, pour une célébration spéciale de clôture du mois de Marie.

A l'issue de l'Angelus

Je salue avec une grande affection les pèlerins de langue chinoise venus à Rome de toute l'Italie à l'occasion de la Journée mondiale de prière pour l'Eglise qui est en Chine. Je confie à l'amour miséricordieux de Dieu tous vos concitoyens morts ces derniers jours suite au tremblement de terre qui a frappé une partie importante de votre pays. Je renouvelle ma proximité personnelle à ceux qui traversent des heures d'angoisse et d'épreuve. Puissent les populations de ces régions retrouver au plus vite une vie quotidienne normale, grâce à la solidarité fraternelle de tous. Avec vous, je demande à Marie, Aide des chrétiens, Notre-Dame de Sheshan, de soutenir "l'engagement de tous ceux qui, en Chine, au milieu des difficultés quotidiennes, continuent à croire, à espérer, à aimer, afin qu'ils ne craignent jamais de parler de Jésus au monde et du monde à Jésus", en restant "toujours des témoins crédibles" de son amour et en demeurant "unis au roc de Pierre sur lequel est construite l'Eglise". Ni men hao!

Chers pèlerins francophones, je vous adresse mes salutations cordiales. Beaucoup de pays célèbrent aujourd'hui la solennité du Corps et du Sang du Christ, la Fête-Dieu. Puissiez-vous demeurer proches du Christ, réellement présent dans l'Eucharistie, en prenant notamment des temps d'adoration devant le Saint-Sacrement. Le Seigneur viendra affermir votre foi et vous donner la force pour le témoignage. Avec ma Bénédiction apostolique.

Je souhaite à tous un bon dimanche.



172
Place Saint-Pierre

Dimanche 1er juin 2008

Chers frères et soeurs,


Il me plaît de rappeler que ce dimanche, qui coïncide avec le début du mois de juin, est traditionnellement dédié au Coeur du Christ, symbole de la foi chrétienne particulièrement cher au peuple comme aux mystiques et aux théologiens, parce qu'il exprime de façon simple et authentique la "bonne nouvelle" de l'amour, en réassumant en soi le mystère de l'incarnation et de la rédemption. Vendredi dernier, nous avons célébré la solennité du Sacré Coeur de Jésus, troisième et dernière des fêtes qui font suite au Temps pascal, après la Très Sainte Trinité et le Corpus Domini. Cette succession fait penser à un mouvement vers le centre: un mouvement de l'esprit que Dieu lui-même guide. En fait, de l'horizon infini de son amour, Dieu a voulu entrer dans les limites de l'histoire et de la condition humaine, prenant un corps et un coeur; si bien que nous pouvons contempler et rencontrer l'infini dans le fini, le Mystère invisible et ineffable dans le Coeur humain de Jésus, le Nazaréen. Dans ma première encyclique sur le thème de l'amour, le point de départ a été justement le regard tourné vers le côté transpercé du Christ, dont nous parle Jean dans son Evangile (cf. 19, 37; Deus caritas est ). Et ce centre de la foi est aussi la source de l'espérance dans laquelle nous avons été sauvés, espérance dont j'ai fait l'objet de ma seconde encyclique.

Chaque personne a besoin d'un "centre" à sa vie, d'une source de vérité et de bonté, à laquelle puiser dans l'approche de différentes situations et dans la fatigue quotidienne. Lorsqu'on se recueille en silence, chacun de nous a besoin de sentir non seulement le battement de son coeur, mais plus profondément, la pulsation d'une présence fiable, perceptible par les sens de la foi et cependant beaucoup plus réelle: la présence du Christ, coeur du monde. C'est pourquoi j'invite chacun à renouveler pendant le mois de juin sa dévotion au Coeur du Christ, en mettant également en valeur la prière traditionnelle d'offrande de la journée et gardant à l'esprit les intentions que je propose à toute l'Eglise.

A côté du Coeur de Jésus, la liturgie nous invite à vénérer le Coeur immaculé de Marie. Remettons-nous toujours entre ses mains avec une grande confiance. Je voudrais invoquer l'intercession maternelle de la Vierge une nouvelle fois pour les populations de Chine et du Myanmar, frappées par les catastrophes naturelles, et pour ceux qui traversent les si nombreuses situations de douleur, de maladie, et de pauvreté matérielle et spirituelle qui marquent le chemin de l'humanité.

A l'issue de l'Angelus

Je vous adresse mon salut cordial, chers pèlerins francophones. Le Christ vous invite aujourd'hui à bâtir votre vie et votre foi sur le roc, qui est sa personne. Pour cela, il vous invite à suivre les commandements de Dieu et à les mettre dans votre coeur. Vous pourrez dire alors avec le psalmiste: "Ma forteresse et mon roc, c'est toi, Seigneur: pour l'honneur de ton nom, tu me guides et me conduis". Que le Christ et Marie vous accompagnent chaque jour. Je vous accorde ma Bénédiction apostolique.

Je souhaite à tous un bon dimanche.



Place Saint-Pierre

Dimanche 8 juin 2008

173
Chers frères et soeurs,


Au centre de la liturgie de la Parole de ce dimanche se trouve une expression du prophète Osée que Jésus reprend dans l'Evangile: "C'est l'amour qui me plaît et non les sacrifices, la connaissance de Dieu plutôt que les holocaustes" (
Os 6,6). Il s'agit d'une parole-clé, l'une de celles qui nous introduisent au coeur de l'Ecriture sainte. Le contexte dans lequel Jésus la fait sienne est celui de la vocation de Matthieu, "publicain" de profession, c'est-à-dire collecteur d'impôts pour le compte de l'autorité impériale romaine: c'est pour cette raison qu'il était considéré comme un pécheur public par les juifs. L'ayant appelé précisément alors qu'il était assis au bureau des impôts - un célèbre tableau du Caravage illustre bien cette scène -, Jésus se rendit chez lui avec les disciples et se mit à table avec d'autres publicains. Voici ce qu'il répondit aux pharisiens scandalisés: "Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades... Je suis venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs" (Mt 9,12-13). Toujours attentif au lien entre l'Ancien et le Nouveau Testament, l'évangéliste Matthieu met alors dans la bouche de Jésus la prophétie d'Osée: "Allez apprendre ce que veut dire cette parole: C'est la miséricorde que je désire, et non les sacrifices".

Cette expression du prophète est tellement importante que le Seigneur la cite à nouveau dans un autre contexte, à propos de l'observance du sabbat (cf. Mt Mt 12,1-8). Dans ce cas également Il prend la responsabilité de l'interprétation du précepte, se révélant comme le "Seigneur" des institutions légales. S'adressant aux pharisiens il ajoute: "Si vous aviez compris ce que signifie: C'est la miséricorde que je veux, et non le sacrifice, vous n'auriez pas condamné des gens qui sont sans faute" (Mt 12,7). Donc, dans cet oracle d'Osée, Jésus, Verbe fait homme, s'est d'une certaine manière "retrouvé" pleinement; il l'a fait vraiment de tout son coeur et l'a réalisé par son comportement, au risque même de heurter la susceptibilité des chefs de son peuple. Cette parole de Dieu nous est parvenue, à travers les Evangiles, comme une des synthèses de tout le message chrétien: la vraie religion consiste dans l'amour de Dieu et du prochain. Voilà ce qui donne de la valeur au culte et à la pratique des préceptes.

En nous tournant maintenant vers la Vierge Marie demandons, par son intercession, de vivre toujours dans la joie de l'expérience chrétienne. Que la Vierge Marie, Mère de Miséricorde, suscite en nous des sentiments d'abandon filial envers Dieu, qui est miséricorde infinie; qu'elle nous aide à faire nôtre la prière que saint Augustin formule dans un célèbre passage de ses "Confessions": "Aie pitié de moi, Seigneur! Voilà, je ne cache pas mes blessures: tu es le médecin, moi le malade; tu es miséricordieux, moi misérable... Je place toute mon espérance dans ta grande miséricorde" (X, 28.39; 29.40).

A l'issue de l'Angelus

Chers pèlerins francophones, je vous salue cordialement. L'Evangile du jour nous montre le visage d'amour et de miséricorde de Jésus, qui mange avec les publicains et les pécheurs. Puissiez-vous découvrir ce visage du Seigneur pour vous, notamment dans les Sacrements du Pardon et de l'Eucharistie, et devenir autour de vous des témoins de l'amour de Dieu pour toute l'humanité. Avec ma Bénédiction apostolique.

Je salue cordialement tous les Polonais. J'adresse aujourd'hui une prière spéciale pour les mineurs qui ont perdu la vie mercredi dernier dans la catastrophe de la mine Borynia. Je demande pour eux la grâce du repos éternel, le réconfort spirituel pour leur famille et une prompte guérison pour les blessés. Que Dieu miséricordieux nous préserve de la mort brutale. Qu'il vous protège, vous guide et vous bénisse

Je souhaite à tous un bon dimanche.



VISITE PASTORALE À SANTA MARIA DI LEUCA ET BRINDISI (ITALIE)

ANGELUS DU PAPE BENOÎT XVI

Banchina di Sant’Apollinare au port de Brindisi

Dimanche 15 juin 2008

Chers frères et soeurs,


174 Avant de conclure cette célébration, j'exprime ma reconnaissance à ceux qui l'ont préparée avec tant de soin et qui l'ont animée par la musique et le chant. Je remercie ceux qui ont organisé mon voyage et qui offrent leur contribution pour qu'il se déroule au mieux: je pense aux autorités locales, aux forces de l'ordre, aux bénévoles et à vous, chers habitants de Brindisi. Je vous invite tous, comme chaque dimanche, à vous unir à moi dans la prière de l'Angelus. Le lieu où nous nous trouvons, le port, est chargé d'une forte signification symbolique. Chaque port parle d'accueil, de refuge, de sécurité; il parle d'un havre attendu après la navigation, peut-être longue et difficile. Mais il parle aussi de départs, de projets, d'aspirations, d'avenir. En particulier, le port de Brindisi revêt un rôle de premier plan pour les communications vers la Mer Méditerranée, et vers l'Orient, et c'est pour cela qu'il abrite aussi une base des Nations unies, qui joue un rôle important dans le domaine humanitaire.

Depuis ce lieu si suggestif, non loin du bourg désigné comme le "bon jour" d'Italie (Calimera), je désire donc renouveler le message chrétien de coopération et de paix entre tous les peuples, spécialement parmi ceux qui entourent cette mer, antique berceau de civilisations, et ceux du Proche et du Moyen-Orient. Et il me plaît de le faire avec les paroles que j'ai employées il y a deux mois à New York, en m'adressant à l'assemblée des Nations unies : "L'action de la Communauté internationale et de ses institutions, dans la mesure où elle est respectueuse des principes qui fondent l'ordre international, ne devrait jamais être interprétée comme une coercition injustifiée ou comme une limitation de la souveraineté. A l'inverse, c'est l'indifférence ou la non-intervention qui causent de réels dommages. Il faut réaliser une étude approfondie des modalités pour prévenir et gérer les conflits, en utilisant tous les moyens dont dispose l'action diplomatique et en accordant attention et soutien même au plus léger signe de dialogue et de volonté de réconciliation" (Discours à l'ONU, vendredi 18 avril 2008).

De cette partie de l'Europe tendue vers la Méditerranée, entre Orient et Occident, nous nous adressons encore une fois à Marie, Mère qui nous "indique le chemin" - Odegitria -, en nous donnant Jésus, Chemin de paix. Nous l'invoquons idéalement avec tous les titres par lesquels elle est vénérée dans les sanctuaires des Pouilles, et en particulier ici, depuis ce port antique, nous la prions en tant que "port du salut", pour tout homme et pour l'humanité tout entière. Que sa protection maternelle défende toujours votre ville et votre région, l'Italie, l'Europe, et le monde entier des tempêtes qui menacent la foi et les vraies valeurs; qu'elle permette aux jeunes générations de prendre le large sans peur d'affronter avec l'espérance chrétienne le voyage de la vie. Marie, Port de salut, prie pour nous!



Place Saint-Pierre

Dimanche 22 juin 2008

Chers frères et soeurs,


Dans l'évangile de ce dimanche nous trouvons deux invitations de Jésus: d'une part "ne craignez pas les hommes", de l'autre "craignez" Dieu (cf. Mt Mt 10,26 Mt Mt 10,28). Nous sommes ainsi encouragés à réfléchir sur la différence qui existe entre les peurs humaines et la crainte de Dieu. La peur est une dimension naturelle de la vie. Dès l'enfance on expérimente des formes de peur qui se révèlent par la suite imaginaires et qui disparaissent; ensuite naissent d'autres peurs, qui ont des fondements précis dans la vie réelle: celles-ci doivent être affrontées et surmontées avec l'engagement humain et la confiance en Dieu. Mais il y a ensuite, surtout aujourd'hui, une forme de peur plus profonde, de type existentiel, qui touche parfois à l'angoisse: elle naît d'un sentiment de vide lié à une certaine culture imprégnée d'un nihilisme théorique et pratique diffus.

Face à l'éventail large et diversifié des peurs humaines, la Parole de Dieu est claire: qui "craint" Dieu "n'a pas peur". La crainte de Dieu, que les Ecritures définissent comme "le principe de la vraie sagesse", coïncide avec la foi en Lui, avec le respect sacré de son autorité sur la vie et sur le monde. "Ne pas craindre Dieu" équivaut à se mettre à sa place, à se sentir maître du bien et du mal, de la vie et de la mort. Qui craint Dieu éprouve en revanche la sécurité de l'enfant dans les bras de sa mère (cf. Ps Ps 130,2): qui craint Dieu est tranquille même au coeur de la tempête, car Dieu, comme Jésus nous l'a révélé, est un Père plein de miséricorde et de bonté. Qui l'aime n'a pas peur: "Il n'y a pas de crainte dans l'amour - écrit l'apôtre Jean -, au contraire, le parfait amour bannit la crainte, car la crainte implique un châtiment, et celui qui craint n'est point parvenu à la perfection de l'amour" (1Jn 4,18). Le croyant ne s'effraye donc devant rien, car il sait qu'il est dans les mains de Dieu, il sait que le mal et l'irrationnel n'ont pas le dernier mot, mais que le seul Seigneur du monde et de la vie, c'est le Christ, le Verbe de Dieu incarné, qui nous a aimés jusqu'à se sacrifier lui-même, en mourant sur la croix pour notre salut.

Plus nous grandissons dans cette intimité avec Dieu, imprégnée d'amour, plus nous surmontons toute forme de peur avec facilité. Dans le passage de l'évangile d'aujourd'hui, Jésus exhorte à plusieurs reprises à ne pas avoir peur. Il nous rassure, comme il le fit avec les apôtres, comme il le fit avec saint Paul en lui apparaissant une nuit dans une vision, à un moment particulièrement difficile de sa prédication: "Sois sans crainte, lui dit-il, car je suis avec toi! (Ac 18,9). Fort de la présence du Christ et réconforté par son amour, l'Apôtre des nations, dont nous nous apprêtons à célébrer le bimillénaire de la naissance par une année jubilaire spéciale, ne craignit même pas le martyre. Que ce grand événement spirituel et pastoral suscite aussi en nous une confiance renouvelée en Jésus Christ qui nous appelle à annoncer et témoigner de son Evangile, sans aucune crainte. Je vous invite donc, chers frères et soeurs, à vous préparer à célébrer avec foi l'Année paulinienne que, si Dieu le veut, j'inaugurerai solennellement samedi prochain à 18 heures, dans la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs, par la liturgie des premières vêpres de la solennité des saints Pierre et Paul. Confions d'ores et déjà cette grande initiative ecclésiale à l'intercession de saint Paul et de la Très Sainte Vierge Marie, Reine des apôtres et mère du Christ, source de notre joie et de notre paix.

Au terme de l'Angelus

Prière du Pape pour les Philipines
175 J'ai appris ce matin avec une vive émotion le naufrage d'un ferry emporté par le typhon Fengshen, dans l'archipel des Philippines. J'assure les populations des îles frappées par le typhon de ma proximité spirituelle et j'élève une prière au Seigneur pour les victimes de cette nouvelle tragédie de la mer, dans laquelle il semblerait que de nombreux enfants soient également impliqués.

Abuna Yaaqub, nouveau bienheureux libanais
Aujourd'hui à Beyrouth, capitale du Liban, Yaaqub de Ghazir Haddad, dans le siècle Khalil, prêtre de l'Ordre des frères mineurs capucins et fondateur de la Congrégation des soeurs franciscaines de la croix du Liban, est proclamé bienheureux. J'adresse mes félicitations à ses filles spirituelles, en espérant de tout coeur que l'intercession du bienheureux Abuna Yaaqub, unie à celle des saints libanais, obtienne pour ce bien-aimé pays martyrisé, qui a trop souffert, de marcher enfin vers une paix stable.

49 Congrès eucharistique international à Québec
Chers pèlerins francophones, je vous adresse mes salutations cordiales. Aujourd'hui à Québec s'achève le 49 Congrès eucharistique international, dont le thème est: "L'Eucharistie, don de Dieu pour la vie du monde". Puissiez-vous chaque jour être plus proches du Christ, réellement présent dans l'Eucharistie, source et sommet de la vie chrétienne. Prenez le temps nécessaire pour puiser à ce don de Dieu et l'adorer en vérité dans le Saint-Sacrement. Je vous accorde ma Bénédiction apostolique.

Je souhaite à tous un bon dimanche.



Fête des saints Apôtres Pierre et Paul

Dimanche 29 juin 2008

Chers frères et soeurs,


Cette année, la fête des saints Apôtres Pierre et Paul est célébrée un dimanche, si bien que toute l'Eglise, et non seulement l'Eglise de Rome, la célèbre de manière solennelle. Cette coïncidence permet également de donner davantage de relief à un événement extraordinaire: l'Année paulinienne, que j'ai inaugurée officiellement hier soir, auprès de la tombe de l'Apôtre des Nations, et qui durera jusqu'au 29 juin 2009. Les historiens datent en effet la naissance de Saul, devenu par la suite Paul, entre l'an 7 et 10 après Jésus Christ. C'est pourquoi, après qu'environ deux mille ans se sont écoulés, j'ai souhaité ce jubilé spécial qui aura naturellement Rome comme barycentre, notamment la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs et le lieu du martyre, aux Trois Fontaines. Mais il impliquera l'Eglise tout entière, à partir de Tarse, la ville natale de Paul, et des autres lieux pauliniens destinations de pèlerinages dans la Turquie actuelle, comme en Terre Sainte, et dans l'Ile de Malte, où l'Apôtre débarqua après un naufrage et jeta la semence féconde de l'Evangile. En réalité, l'horizon de l'Année paulinienne ne peut qu'être universel, car saint Paul a été par excellence l'apôtre de ceux qui, par rapport aux juifs, "étaient loin" et qui "grâce au sang du Christ" sont "devenus proches" (cf. Ep Ep 2,13). C'est pourquoi encore aujourd'hui, dans un monde devenu plus "petit", mais où très nombreux sont encore ceux qui n'ont pas rencontré le Seigneur Jésus, le Jubilé de saint Paul invite tous les chrétiens à être des missionnaires de l'Evangile.

Cette dimension missionnaire a toujours besoin de s'accompagner de celle de l'unité, représentée par saint Pierre, le "roc" sur lequel Jésus Christ a édifié son Eglise. Comme le souligne la liturgie, les charismes des deux grands apôtres sont complémentaires pour l'édification de l'unique peuple de Dieu et les chrétiens ne peuvent pas rendre un témoignage valable au Christ s'ils ne sont pas unis entre eux. Le thème de l'unité est aujourd'hui souligné par le rite traditionnel du pallium, qu'au cours de la Messe j'ai remis aux archevêques métropolitains nommés au cours de l'année écoulée. Ils sont au nombre de 40, et deux autres le recevront dans leur sièges. A eux aussi j'adresse mon salut cordial. En outre, c'est avec une joie particulière qu'en la solennité de ce jour, l'Evêque de Rome accueille le Patriarche oecuménique de Constantinople, en la bien-aimée personne de Sa Sainteté Bartholomaios I, auquel je renouvelle mes salutations fraternelles en les étendant à toute la délégation de l'Eglise orthodoxe qu'il conduit.

176 Année paulinienne, évangélisation, communion dans l'Eglise et pleine unité de tous les chrétiens: prions à présent pour ces grandes intentions en les confiant à l'intercession céleste de la Très Sainte Vierge Marie, Mère de l'Eglise et Reine des Apôtres.

Après l'Angelus

Chers pèlerins francophones, en cette fête des saints Apôtres Pierre et Paul, vous avez voulu entourer le Pape et les archevêques qui ont reçu le pallium. C'est une occasion pour affermir la communion dans l'Eglise et pour fortifier votre engagement chrétien. Que le Seigneur soutienne votre foi pour que, à l'exemple des saints que nous célébrons aujourd'hui, vous deveniez de vrais apôtres de la Parole de Dieu. Au début de l'année jubilaire consacrée à saint Paul, que l'enseignement de l'Apôtre des Nations vous indique le chemin à suivre. Avec ma Bénédiction apostolique.

J'adresse un salut spécial à la ville de Rome et à tous ceux qui y habitent: que les saints Patrons Pierre et Paul obtiennent à toute la communauté de la ville et à la communauté diocésaine de protéger et de mettre en valeur la richesse de ses trésors de foi, d'histoire et d'art. Bonne fête à tous!



Palais apostolique de Castelgandolfo

Dimanche 6 juillet 2008

Chers frères et soeurs,

Je voudrais avant tout adresser une salutation affectueuse et reconnaissante aux autorités et à toute la communauté civile et ecclésiale de Castel Gandolfo, qui me réservent toujours, pendant mon séjour, un accueil cordial et empressé. Ma pensée va ensuite à l'Australie où, s'il plaît à Dieu, je me rendrai samedi prochain, 12 juillet. A Sydney, dans le sud-est du pays, se tiendra en effet la XXIII Journée mondiale de la jeunesse. Ces derniers mois, la "Croix des jeunes" a traversé toute l'Océanie, et Sydney sera une nouvelle fois témoin silencieux du pacte d'alliance entre le Seigneur Jésus Christ et les nouvelles générations. Le 15 juillet, est prévue une fête d'accueil des jeunes, samedi 19, aura lieu la grande veillée, et dimanche 20, la célébration eucharistique, moment culminant et clôture de l'événement. La conférence épiscopale australienne a prévu toute chose avec soin, avec le soutien important de la collaboration des autorités civiles. Les premiers groupes de jeunes gens et de jeunes filles partent déjà des autres continents en direction de l'Australie. J'invite toute l'Eglise à se sentir comme participant à cette nouvelle étape du grand pèlerinage des jeunes à travers le monde, qui a été lancé en 1985 par le Serviteur de Dieu Jean-Paul II.

La prochaine Journée mondiale de la jeunesse s'annonce comme une nouvelle pentecôte: en effet, depuis un an déjà, les communautés chrétiennes se préparent à suivre les traces que j'ai indiquées dans le message sur le thème: "Vous aurez la force de l'Esprit Saint qui descendra sur vous et vous serez mes témoins" (Ac 1,8). C'est la promesse que Jésus a faite à ses disciples après la résurrection, et qui reste toujours valable et actuelle dans l'Eglise: l'Esprit Saint, attendu et accueilli dans la prière, instille chez les croyants la capacité d'être des témoins de Jésus et de son Evangile. En soufflant dans la voile de l'Eglise, l'Esprit divin la pousse à "prendre le large" toujours à nouveau, de génération en génération, pour apporter à tous la bonne nouvelle de l'amour de Dieu, pleinement révélé en Jésus Christ, mort et ressuscité pour nous. Je suis certain que, de tous les coins du monde, les catholiques s'uniront à moi et aux jeunes rassemblés, comme dans un Cénacle, à Sydney, en invoquant intensément l'Esprit Saint, afin qu'il inonde les coeurs de lumière intérieure, d'amour pour Dieu et pour nos frères, d'initiative courageuse pour introduire le message éternel de Jésus dans la diversité des langues et des cultures.

Avec la Croix, les Journées mondiales de la jeunesse sont accompagnées par l'Icône de la Vierge Marie. Nous confions à sa protection maternelle ce voyage en Australie et la rencontre des jeunes à Sydney. En outre, en ce premier dimanche de juillet, je désire invoquer l'intercession de Marie afin que la période d'été puisse offrir à tous l'occasion d'un temps de repos et de renouveau physique et spirituel.

A l'issue de l'Angelus

177 Demain, 7 juillet, les chefs d'Etat et de gouvernement des pays membres du G8, avec d'autres responsables politiques du monde, se réuniront au Japon pour leur sommet annuel. Ces derniers, jours de nombreuses voix se sont élevées - dont celles des présidents des conférences épiscopales de ces pays - pour demander la mise en application des engagements pris lors des précédents sommets du G8 et que soient adoptées avec courage toutes les mesures nécessaires pour vaincre les fléaux de l'extrême pauvreté, de la faim, des maladies, de l'analphabétisme, qui frappent encore une large part de l'humanité. Je m'unis moi aussi à cet appel pressant à la solidarité! Je m'adresse donc aux participants à la rencontre d'Hokkaido-Toyako, afin qu'ils placent au coeur de leurs délibérations les besoins des populations les plus faibles et les plus pauvres, dont la vulnérabilité est encore plus grande aujourd'hui en raison des spéculations et des turbulences financières et de leurs effets pervers sur les prix de l'alimentation et de l'énergie. Je souhaite que la générosité et la clairvoyance permettent de prendre des décisions en vue de relancer un processus équitable de développement intégral, en sauvegardant la dignité humaine.

Chers pèlerins francophones, je vous adresse un salut cordial. Le Christ dans l'Evangile d'aujourd'hui nous invite à découvrir la douceur et l'humilité de son coeur. Il nous introduit à la simplicité spirituelle. Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus en a témoigné et elle figure parmi les saints patrons des Journées mondiales de la jeunesse qui se dérouleront à Sydney du 15 au 20 juillet prochains. Parmi eux se trouve aussi sainte Marie Goretti, que nous fêtons aujourd'hui. Priez pour les jeunes qui se rendront en Australie et aussi pour tous ceux qui n'ont pas encore découvert le chemin vers Dieu. Avec ma Bénédiction apostolique.

Je souhaite à tous un bon dimanche!



Angelus Benoit XVI 170