Catéchisme Eglise Cath. 141


Chapitre troisième

La réponse de l’homme à Dieu


142 Par sa révélation, " provenant de l’immensité de sa charité, Dieu, qui est invisible s’adresse aux hommes comme à ses amis et converse avec eux pour les inviter à entrer en communion avec lui et les recevoir en cette communion " (DV 2). La réponse adéquate à cette invitation est la foi.


143 Par la foi l’homme soumet complètement son intelligence et sa volonté à Dieu. De tout son être l’homme donne son assentiment à Dieu révélateur (cf. DV 5). L’Écriture Sainte appelle " obéissance de la foi " cette réponse de l’homme au Dieu qui révèle (cf. Rm 1,5 Rm 16,26).

Article 1

Je crois


I. L’obéissance de la foi

144 Obéir (ob-audire) dans la foi, c’est se soumettre librement à la parole écoutée, parce que sa vérité est garantie par Dieu, la Vérité même. De cette obéissance, Abraham est le modèle que nous propose l’Écriture Sainte. La Vierge Marie en est la réalisation la plus parfaite.


Abraham – " le père de tous les croyants "

145 L’Épître aux Hébreux, dans le grand éloge de la foi des ancêtres, insiste particulièrement sur la foi d’Abraham : " Par la foi, Abraham obéit à l’appel de partir vers un pays qu’il devait recevoir en héritage, et il partit ne sachant où il allait " (He 11,8 cf. Gn 12,1-4). Par la foi, il a vécu en étranger et en pèlerin dans la Terre promise (cf. Gn 23,4). Par la foi, Sara reçut de concevoir le fils de la promesse. Par la foi enfin, Abraham offrit son fils unique en sacrifice (cf. He 11,17).


146 Abraham réalise ainsi la définition de la foi donnée par l’épître aux Hébreux : " La foi est la garantie des biens que l’on espère, la preuve des réalités qu’on ne voit pas " (He 11,1). " Abraham eut foi en Dieu, et ce lui fut compté comme justice " (Rm 4,3 cf. Gn 15,6). Grâce à cette " foi puissante " (Rm 4,20), Abraham est devenu " le père de tous ceux qui croiraient " (Rm 4,11 Rm 4,18 cf. Gn 15,5).


147 De cette foi, l’Ancien Testament est riche en témoignages. L’Épître aux Hébreux proclame l’éloge de la foi exemplaire des anciens " qui leur a valu un bon témoignage " (He 11,2 He 11,39). Pourtant, " Dieu prévoyait pour nous un sort meilleur " : la grâce de croire en son Fils Jésus, " le chef de notre foi, qui la mène à la perfection " (He 11,40 He 12,2).


Marie – " Bienheureuse celle qui a cru "

148 La Vierge Marie réalise de la façon la plus parfaite l’obéissance de la foi. Dans la foi, Marie accueillit l’annonce et la promesse apportées par l’ange Gabriel, croyant que " rien n’est impossible à Dieu " (Lc 1,37 cf. Gn 18,14), et donnant son assentiment : " Je suis la servante du Seigneur, qu’il m’advienne selon ta parole " (Lc 1,38). Élisabeth la salua : " Bienheureuse celle qui a cru en l’accomplissement de ce qui lui a été dit de la part du Seigneur " (Lc 1,45). C’est pour cette foi que toutes les générations la proclameront bienheureuse (cf. Lc 1,48).


149 Pendant toute sa vie, et jusqu’à sa dernière épreuve (cf. Lc 2,35), lorsque Jésus, son fils, mourut sur la croix, sa foi n’a pas vacillé. Marie n’a pas cessé de croire " en l’accomplissement " de la parole de Dieu. Aussi bien, l’Église vénère-t-elle en Marie la réalisation la plus pure de la foi.


II. " Je sais en qui j’ai mis ma foi "\b (@2TM 1,12@)

Croire en Dieu seul

150 La foi est d’abord une adhésion personnelle de l’homme à Dieu ; elle est en même temps, et inséparablement, l’assentiment libre à toute la vérité que Dieu a révélé. En tant qu’adhésion personnelle à Dieu et assentiment à la vérité qu’il a révélé, la foi chrétienne diffère de la foi en une personne humaine. Il est juste et bon de se confier totalement en Dieu et de croire absolument ce qu’Il dit. Il serait vain et faux de mettre une telle foi en une créature (cf. Jr 17,5-6 Ps 40,5 Ps 146,3-4).


Croire en Jésus-Christ, le Fils de Dieu

151 Pour le chrétien, croire en Dieu, c’est inséparablement croire en Celui qu’Il a envoyé, " son Fils bien-aimé " en qui Il a mis toute sa complaisance (cf. Mc 1,11) ; Dieu nous a dit de L’écouter (cf. Mc 9,7). Le Seigneur Lui-même dit à ses disciples : " Croyez en Dieu, croyez aussi en moi " (Jn 14,1). Nous pouvons croire en Jésus-Christ parce qu’Il est Lui-même Dieu, le Verbe fait chair : " Nul n’a jamais vu Dieu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, Lui, L’a fait connaître " (Jn 1,18). Parce qu’il " a vu le Père " (Jn 6,46), Il est seul à Le connaître et à pouvoir Le révéler (cf. Mt 11,27).


Croire en l’Esprit Saint

152 On ne peut pas croire en Jésus-Christ sans avoir part à son Esprit. C’est l’Esprit Saint qui révèle aux hommes qui est Jésus. Car " nul ne peut dire : ‘Jésus est Seigneur’, que sous l’action de l’Esprit Saint " (1Co 12,3). " L’Esprit sonde tout, jusqu’aux profondeurs de Dieu (...) Nul ne connaît ce qui concerne Dieu, sinon l’Esprit de Dieu " (1Co 2,10-11). Dieu seul connaît Dieu tout entier. Nous croyons en l’Esprit Saint parce qu’il est Dieu.

L’Église ne cesse de confesser sa foi en un seul Dieu, Père, Fils et Esprit Saint.


III. Les caractéristiques de la foi


La foi est une grâce

153 Lorsque S. Pierre confesse que Jésus est le Christ, le Fils du Dieu vivant, Jésus lui déclare que cette révélation ne lui est pas venue " de la chair et du sang, mais de mon Père qui est dans les cieux " (Mt 16,17 cf. Ga 1,15 Mt 11,25). La foi est un don de Dieu, une vertu surnaturelle infuse par Lui. " Pour prêter cette foi, l’homme a besoin de la grâce prévenante et aidante de Dieu, ainsi que des secours intérieurs du Saint-Esprit. Celui-ci touche le coeur et le tourne vers Dieu, ouvre les yeux de l’esprit et donne ‘à tous la douceur de consentir et de croire à la vérité’ " (DV 5).


La foi est un acte humain

154 Croire n’est possible que par la grâce et les secours intérieurs du Saint-Esprit. Il n’en est pas moins vrai que croire est un acte authentiquement humain. Il n’est contraire ni à la liberté ni à l’intelligence de l’homme de faire confiance à Dieu et d’adhérer aux vérités par lui révélées. Déjà dans les relations humaines il n’est pas contraire à notre propre dignité de croire ce que d’autres personnes nous disent sur elles-mêmes et sur leurs intentions, et de faire confiance à leurs promesses (comme, par exemple, lorsqu’un homme et une femme se marient), pour entrer ainsi en communion mutuelle. Dès lors, il est encore moins contraire à notre dignité de " présenter par la foi la soumission plénière de notre intelligence et de notre volonté au Dieu qui révèle " (Cc. Vatican I : DS 3008) et d’entrer ainsi en communion intime avec Lui.


155 Dans la foi, l’intelligence et la volonté humaines coopèrent avec la grâce divine : " Croire est un acte de l’intelligence adhérant à la vérité divine sous le commandement de la volonté mue par Dieu au moyen de la grâce " (S. Thomas d’A., s. th. II-II 2,9 ; cf. Cc. Vatican I : DS 3010).


La foi et l’intelligence

156 Le motif de croire n’est pas le fait que les vérités révélées apparaissent comme vraies et intelligibles à la lumière de notre raison naturelle. Nous croyons " à cause de l’autorité de Dieu même qui révèle et qui ne peut ni se tromper ni nous tromper ". " Néanmoins, pour que l’hommage de notre foi fût conforme à la raison, Dieu a voulu que les secours intérieurs du Saint-Esprit soient accompagnés des preuves extérieures de sa Révélation " (ibid. , DS 3009). C’est ainsi que les miracles du Christ et des saints (cf. Mc 16,20 He 2,4), les prophéties, la propagation et la sainteté de l’Église, sa fécondité et sa stabilité " sont des signes certains de la Révélation, adaptés à l’intelligence de tous ", des " motifs de crédibilité " qui montrent que l’assentiment de la foi n’est " nullement un mouvement aveugle de l’esprit " (Cc. Vatican I : DS 3008-3010).


157 La foi est certaine, plus certaine que toute connaissance humaine, parce qu’elle se fonde sur la Parole même de Dieu, qui ne peut pas mentir. Certes, les vérités révélées peuvent paraître obscures à la raison et à l’expérience humaines, mais " la certitude que donne la lumière divine est plus grande que celle que donne la lumière de la raison naturelle " (S. Thomas d’A., s. th. II-II 171,5, obj. 3). " Dix mille difficultés ne font pas un seul doute " (Newman, apol.).


158 " La foi cherche à comprendre " (S. Anselme, prosl. prooem. : PL 153, 225A) : il est inhérent à la foi que le croyant désire mieux connaître Celui en qui il a mis sa foi, et mieux comprendre ce qu’Il a révélé ; une connaissance plus pénétrante appellera à son tour une foi plus grande, de plus en plus embrasée d’amour. La grâce de la foi ouvre " les yeux du coeur " (Ep 1,18) pour une intelligence vive des contenus de la Révélation, c’est-à-dire de l’ensemble du dessein de Dieu et des mystères de la foi, de leur lien entre eux et avec le Christ, centre du mystère révélé. Or, pour " rendre toujours plus profonde l’intelligence de la Révélation, l’Esprit Saint ne cesse, par ses dons, de rendre la foi plus parfaite " (DV 5). Ainsi, selon l’adage de S. Augustin (serm. 43, 7, 9 : PL 38, 258), " je crois pour comprendre et je comprends pour mieux croire ".


159 Foi et science. " Bien que la foi soit au-dessus de la raison, il ne peut jamais y avoir de vrai désaccord entre elles. Puisque le même Dieu qui révèle les mystères et communique la foi a fait descendre dans l’esprit humain la lumière de la raison, Dieu ne pourrait se nier lui-même ni le vrai contredire jamais le vrai " (Cc. Vatican I : DS 3017). " C’est pourquoi la recherche méthodique, dans tous les domaines du savoir, si elle est menée d’une manière vraiment scientifique et si elle suit les normes de la morale, ne sera jamais réellement opposée à la foi : les réalités profanes et celles de la foi trouvent leur origine dans le même Dieu. Bien plus, celui qui s’efforce, avec persévérance et humilité, de pénétrer les secrets des choses, celui-là, même s’il n’en a pas conscience, est comme conduit par la main de Dieu, qui soutient tous les êtres et les fait ce qu’ils sont " (GS 36, § 2).


La liberté de la foi

160 Pour être humaine, " la réponse de la foi donnée par l’homme à Dieu doit être volontaire ; en conséquence, personne ne doit être contraint à embrasser la foi malgré soi. Par sa nature même, en effet, l’acte de foi a un caractère volontaire " (DH 10 cf. CIC 748, § 2). " Dieu, certes, appelle l’homme à le servir en esprit et vérité ; si cet appel oblige l’homme en conscience, il ne le contraint pas. (...) Cela est apparu au plus haut point dans le Christ Jésus " (DH 11). En effet, le Christ a invité à la foi et à la conversion, il n’y a nullement contraint. " Il a rendu témoignage à la vérité, mais il n’a pas voulu l’imposer par la force à ses contradicteurs. Son royaume (...) s’étend grâce à l’amour par lequel le Christ, élevé sur la croix, attire à lui tous les hommes " (DH 11).


La nécessité de la foi

161 Croire en Jésus-Christ et en Celui qui l’a envoyé pour notre salut est nécessaire pour obtenir ce salut (cf. Mc 16,16 Jn 3,36). " Parce que ‘sans la foi (...) il est impossible de plaire à Dieu’ (He 11,6) et d’arriver à partager la condition de ses fils, personne jamais ne se trouve justifié sans elle et personne à moins qu’il n’ait ‘persévéré en elle jusqu’à la fin’ (Mt 10,22 Mt 24,13), n’obtiendra la vie éternelle " (Cc. Vatican I : DS 3012 cf. Cc. Trente : DS 1532).


La persévérance dans la foi

162 La foi est un don gratuit que Dieu fait à l’homme. Ce don inestimable, nous pouvons le perdre ; S. Paul en avertit Timothée : " Combats le bon combat, possédant foi et bonne conscience ; pour s’en être affranchis, certains ont fait naufrage dans la foi " (1Tm 1,18-19). Pour vivre, croître et persévérer jusqu’à la fin dans la foi nous devons la nourrir par la Parole de Dieu ; nous devons implorer le Seigneur de l’augmenter (cf. Mc 9,24 Lc 17,5 Lc 22,32) ; elle doit " agir par la charité " (Ga 5,6 cf. Jc 2,14-26), être portée par l’espérance (cf. Rm 15,13) et être enracinée dans la foi de l’Église.


La foi – commencement de la vie éternelle

163 La foi nous fait goûter comme à l’avance, la joie et la lumière de la vision béatifique, but de notre cheminement ici-bas. Nous verrons alors Dieu " face à face " (1Co 13,12), " tel qu’Il est " (1Jn 3,2). La foi est donc déjà le commencement de la vie éternelle :

Tandis que dès maintenant nous contemplons les bénédictions de la foi, comme un reflet dans un miroir, c’est comme si nous possédions déjà les choses merveilleuses dont notre foi nous assure qu’un jour nous en jouirons (S. Basile, Spir. 15, 36 : PG 32,132; cf. S. Thomas d’A., s. th. II-II 4,1).


164 Maintenant, cependant, " nous cheminons dans la foi, non dans la claire vision " (2Co 5,7), et nous connaissons Dieu " comme dans un miroir, d’une manière confuse, (...), imparfaite " (1Co 13,12). Lumineuse par Celui en qui elle croit, la foi est vécue souvent dans l’obscurité. La foi peut être mise à l’épreuve. Le monde en lequel nous vivons semble souvent bien loin de ce que la foi nous assure ; les expériences du mal et de la souffrance, des injustices et de la mort paraissent contredire la Bonne Nouvelle, elles peuvent ébranler la foi et devenir pour elle une tentation.


165 C’est alors que nous devons nous tourner vers les témoins de la foi : Abraham, qui crut, " espérant contre toute espérance " (Rm 4,18) ; la Vierge Marie qui, dans " le pèlerinage de la foi " (LG 58), est allée jusque dans la " nuit de la foi " (Jean-Paul II, Rm 18) en communiant à la souffrance de son Fils et à la nuit de son tombeau ; et tant d’autres témoins de la foi : " Enveloppés d’une si grande nuée de témoins, nous devons rejeter tout fardeau et le péché qui nous assiège et courir avec constance l’épreuve qui nous est proposée, fixant nos yeux sur le chef de notre foi, qui la mène à la perfection, Jésus " (He 12,1-2).

Article 2

Nous croyons


166 La foi est un acte personnel : la réponse libre de l’homme à l’initiative de Dieu qui se révèle. Mais la foi n’est pas un acte isolé. Nul ne peut croire seul, comme nul ne peut vivre seul. Nul ne s’est donné la foi à lui-même comme nul ne s’est donné la vie à lui-même. Le croyant a reçu la foi d’autrui, il doit la transmettre à autrui. Notre amour pour Jésus et pour les hommes nous pousse à parler à autrui de notre foi. Chaque croyant est ainsi comme un maillon dans la grande chaîne des croyants. Je ne peux croire sans être porté par la foi des autres, et par ma foi, je contribue à porter la foi des autres.


167 " Je crois " (Symbole des Apôtres) : c’est la foi de l’Église professée personnellement par chaque croyant, principalement lors du baptême. " Nous croyons " (Symbole de Nicée-Constantinople, dans l’original grec) : c’est la foi de l’Église confessée par les évêques assemblés en Concile ou, plus généralement, par l’assemblée liturgique des croyants. " Je crois " : c’est aussi l’Église, notre Mère, qui répond à Dieu par sa foi et qui nous apprend à dire : " Je crois ", " Nous croyons ".


I. " Regarde, Seigneur, la foi de ton Église\b "

168 C’est d’abord l’Église qui croit, et qui ainsi porte, nourrit et soutient ma foi. C’est d’abord l’Église qui, partout, confesse le Seigneur (" C’est toi que par tout l’univers la Sainte Église proclame son Seigneur ", chantons-nous dans le " Te Deum "), et avec elle et en elle, nous sommes entraînés et amenés à confesser, nous aussi : " Je crois ", " Nous croyons ". C’est par l’Église que nous recevons la foi et la vie nouvelle dans le Christ par le baptême. Dans le " Rituale Romanum ", le ministre du baptême demande au catéchumène : " Que demandes-tu à l’Église de Dieu ? " Et la réponse : " La foi ". " Que te donne la foi ? " " La vie éternelle " (OICA 75 et 247).


169 Le salut vient de Dieu seul ; mais parce que nous recevons la vie de la foi à travers l’Église, celle-ci est notre mère : " Nous croyons l’Église comme la mère de notre nouvelle naissance, et non pas en l’Église comme si elle était l’auteur de notre salut " (Faustus de Riez, Spir. 1, 2 : CSEL 21, 104). Parce qu’elle est notre mère, elle est aussi l’éducatrice de notre foi.


II. Le langage de la foi

170 Nous ne croyons pas en des formules, mais dans les réalités qu’elles expriment et que la foi nous permet de " toucher ". " L’acte (de foi) du croyant ne s’arrête pas à l’énoncé, mais à la réalité (énoncée) " (S. Thomas d’A., s. th. II-II 1,2, ad 2). Cependant, ces réalités, nous les approchons à l’aide des formulations de la foi. Celles-ci permettent d’exprimer et de transmettre la foi, de la célébrer en communauté, de l’assimiler et d’en vivre de plus en plus.


171 L’Église qui est " la colonne et le soutien de la vérité " (1Tm 3,15), garde fidèlement " la foi transmise aux saints une fois pour toutes " (Jud 3). C’est elle qui garde la mémoire des Paroles du Christ, c’est elle qui transmet de génération en génération la confession de foi des apôtres. Comme une mère qui apprend à ses enfants à parler, et par là même à comprendre et à communiquer, l’Église, notre Mère, nous apprend le langage de la foi pour nous introduire dans l’intelligence et la vie de la foi.


III. Une seule foi

172 Depuis des siècles, à travers tant de langues, cultures, peuples et nations, l’Église ne cesse de confesser sa foi unique, reçue d’un seul Seigneur, transmise par un seul baptême, enracinée dans la conviction que tous les hommes n’ont qu’un seul Dieu et Père (cf. Ep 4,4-6). S. Irénée de Lyon, témoin de cette foi, déclare :


173 " En effet, l’Église, bien que dispersée dans le monde entier jusqu’aux extrémités de la terre, ayant reçu des apôtres et de leurs disciples la foi (...) garde [cette prédication et cette foi] avec soin, comme n’habitant qu’une seule maison, elle y croit d’une manière identique, comme n’ayant qu’une seule âme et qu’un seul coeur, et elle les prêche, les enseigne et les transmet d’une voix unanime, comme ne possédant qu’une seule bouche " (haer. 1, 10, 1-2).


174 " Car, si les langues diffèrent à travers le monde, le contenu de la Tradition est un et identique. Et ni les Églises établies en Germanie n’ont d’autre foi ou d’autre Tradition, ni celles qui sont chez les Ibères, ni celles qui sont chez les Celtes, ni celles de l’Orient, de l’Égypte, de la Libye, ni celles qui sont établies au centre du monde... " (ibid. 1, 10, 1-2) " Le message de l’Église est donc véridique et solide, puisque c’est chez elle qu’un seul chemin de salut apparaît à travers le monde entier " (ibid., 5, 20, 1).


175 " Cette foi que nous avons reçue de l’Église, nous la gardons avec soin, car sans cesse, sous l’action de l’Esprit de Dieu, telle un dépôt de grand prix renfermé dans un vase excellent, elle rajeunit et fait rajeunir le vase même qui la contient " (ibid., 3, 24, 1).


En bref

176 La foi est une adhésion personnelle de l’homme tout entier à Dieu qui se révèle. Elle comporte une adhésion de l’intelligence et de la volonté à la Révélation que Dieu a faite de lui-même par ses actions et ses paroles.


177 " Croire " a donc une double référence : à la personne et à la vérité ; à la vérité par confiance en la personne qui l’atteste.


178 Nous ne devons croire en nul autre que Dieu, le Père, le Fils et le Saint-Esprit.


179 La foi est un don surnaturel de Dieu. Pour croire, l’homme a besoin des secours intérieurs du Saint-Esprit.


180 " Croire " est un acte humain, conscient et libre, qui correspond à la dignité de la personne humaine.


181 " Croire " est un acte ecclésial. La foi de l’Église précède, engendre, porte et nourrit notre foi. L’Église est la mère de tous les croyants. " Nul ne peut avoir Dieu pour Père qui n’a pas l’Église pour mère " (S. Cyprien, unit. eccl. , PL 4, 503A).


182 " Nous croyons tout ce qui est contenu dans la parole de Dieu, écrite ou transmise, et que l’Église propose à croire comme divinement révélé " (SPF 20).


183 La foi est nécessaire au salut. Le Seigneur lui-même l’affirme : " Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé ; celui qui ne croira pas, sera condamné " (Mc 16,16).


184 " La foi est un avant-goût de la connaissance qui nous rendra bienheureux dans la vie future " (S. Thomas d’A., comp. 1, 2).


Le Credo

Symbole des Apôtres (DS 30)
Credo de Nicée-Constantinople (DS 150)


Je crois en Dieu,
Je crois en un seul Dieu,


le Père Tout-Puissant,
le Père Tout-Puissant,


Créateur du ciel et de la terre.
Créateur du ciel et de la terre

de l’univers visible et invisible.



Et en Jésus-Christ, son Fils unique
Je crois en un seul Seigneur, Jésus-Christ

notre Seigneur,
le Fils unique de Dieu,

né du Père avant tous les siècles

Il est Dieu, né de Dieu,

Lumière, né de la Lumière,

vrai Dieu, né du vrai Dieu,

engendré, non pas créé,

de même nature que le Père,

et par Lui tout a été fait.




Pour nous les hommes, et pour notre salut,
Il descendit du ciel ;


qui a été conçu du Saint-Esprit,
par l’Esprit Saint,

est né de la Vierge Marie,
Il a pris chair de la Vierge Marie,
et S’est fait homme.


a souffert sous Ponce Pilate,
Crucifié pour nous sous Ponce Pilate,


a été crucifié, est mort
Il souffrit sa passion et fut mis au tombeau.


et a été enseveli,
est descendu aux enfers.


Le troisième jour est ressuscité des morts,
II ressuscita le troisième jour,
conformément aux Ecritures,


est monté aux cieux,
et Il monta au ciel;


est assis à la droite de Dieu le Père
Il est assis à la droite du Père.


Tout-Puissant,



d’où Il viendra juger les vivants et les morts.
Il reviendra dans la gloire,
pour juger les vivants et les morts;
et son règne n’aura pas de fin.


Je crois en l’Esprit Saint,
Je crois en l’Esprit Saint,


qui est Seigneur et qui donne la vie;


Il procède du Père et du Fils;
avec le Père et le Fils,
Il reçoit même adoration et même gloire;

II a parlé par les prophètes.


à la sainte Eglise catholique,
Je crois en l’Eglise,


à la communion des saints,
une, sainte, catholique et apostolique.



Je reconnais un seul baptême
à la rémission des péchés,
pour le pardon des péchés.


à la résurrection de la chair,
J’attends la résurrection des morts,


à la vie éternelle,
et la vie du monde à venir.


Amen.
Amen.



Deuxième section

La profession de la foi chrétienne

Les symboles de la foi


185 Qui dit " Je crois ", dit " J’adhère à ce que nous croyons ". La communion dans la foi a besoin d’un langage commun de la foi, normatif pour tous et unissant dans la même confession de foi.


186 Dès l’origine, l’Église apostolique a exprimé et transmis sa propre foi en des formules brèves et normatives pour tous (cf. Rm 10,9 1Co 15,3-5 etc.). Mais très tôt déjà, l’Église a aussi voulu recueillir l’essentiel de sa foi en des résumés organiques et articulés, destinés surtout aux candidats au Baptême :

Cette synthèse de la foi n’a pas été faite selon les opinions humaines ; mais de toute l’Écriture a été recueilli ce qu’il y a de plus important, pour donner au complet l’unique enseignement de la foi. Et comme la semence de sénevé contient dans une toute petite graine un grand nombre de branches, de même ce résumé de la foi renferme-t-il en quelques paroles toute la connaissance de la vraie piété contenue dans l’Ancien et le Nouveau Testament (S. Cyrille de Jérusalem, catech. ill. 5, 12 : PG 33,521-524).


187 On appelle ces synthèses de la foi " professions de foi " puisqu’elles résument la foi que professent les chrétiens. On les appelle " Credo " en raison de ce qui en est normalement la première parole : " Je crois ". On les appelle également " Symboles de la foi ".


188 Le mot grec symbolon signifiait la moitié d’un objet brisé (par exemple un sceau) que l’on présentait comme un signe de reconnaissance. Les parties brisées étaient mises ensemble pour vérifier l’identité du porteur. Le " symbole de la foi " est donc un signe de reconnaissance et de communion entre les croyants. Symbolon signifie ensuite recueil, collection ou sommaire. Le " symbole de la foi " est le recueil des principales vérités de la foi. D’où le fait qu’il sert de point de référence premier et fondamental de la catéchèse.


189 La première " profession de foi " se fait lors du Baptême. Le " symbole de la foi " est d’abord le symbole baptismal.Puisque le Baptême est donné " au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit " (Mt 28,19), les vérités de foi professées lors du Baptême sont articulées selon leur référence aux trois personnes de la Sainte Trinité.


190 Le Symbole est donc divisé en trois parties : " d’abord il est question de la première Personne divine et de l’oeuvre admirable de la création ; ensuite, de la seconde Personne divine et du mystère de la Rédemption des hommes ; enfin de la troisième Personne divine, source et principe de notre sanctification " (Catech. R. 1, 1, 3). Ce sont là " les trois chapitres de notre sceau (baptismal) " (S. Irénée, dem. 100).


191 " Ces trois parties sont distinctes quoique liées entre elles. D’après une comparaison souvent employée par les Pères, nous les appelons articles. De même, en effet, que dans nos membres, il y a certaines articulations qui les distinguent et les séparent, de même, dans cette profession de foi, on a donné avec justesse et raison le nom d’articles aux vérités que nous devons croire en particulier et d’une manière distincte " (Catech. R. 1, 1, 4). Selon une antique tradition, attestée déjà par S. Ambroise, on a aussi coutume de compter douze articles du Credo, symbolisant par le nombre des apôtres l’ensemble de la foi apostolique (cf. symb. 8 : PL 17, 1158D).


192 Nombreux ont été, tout au long des siècles, en réponse aux besoins des différentes époques, les professions ou symboles de la foi : les symboles des différentes Églises apostoliques et anciennes (cf. DS 1-64), le Symbole " Quicumque ", dit de S. Athanase (cf. DS 75-76), les professions de foi de certains Conciles (Tolède : DS 525-541 Latran : DS 800-802 Lyon : DS 851-861 Trente : DS 1862-1870) ou de certains papes, tels la " Fides Damasi " (cf. DS 71-72) ou le " Credo du Peuple de Dieu " [SPF] de Paul VI (1968).


193 Aucun des symboles des différentes étapes de la vie de l’Église ne peut être considéré comme dépassé et inutile. Ils nous aident à atteindre et à approfondir aujourd’hui la foi de toujours à travers les divers résumés qui en ont été faits.

Parmi tous les symboles de la foi, deux tiennent une place toute particulière dans la vie de l’Église :


194 Le Symbole des apôtres, appelé ainsi parce qu’il est considéré à juste titre comme le résumé fidèle de la foi des apôtres. Il est l’ancien symbole baptismal de l’Église de Rome. Sa grande autorité lui vient de ce fait : " Il est le symbole que garde l’Église romaine, celle où a siégé Pierre, le premier des apôtres, et où il a apporté la sentence commune " (S. Ambroise, symb. 7 : PL 17, 1158D).


195 Le Symbole dit de Nicée-Constantinople tient sa grande autorité du fait qu’il est issu des deux premiers Conciles oecuméniques (325 et 381). Il demeure commun, aujourd’hui encore, à toutes les grandes Églises de l’Orient et de l’Occident.


196 Notre exposé de la foi suivra le Symbole des apôtres qui constitue, pour ainsi dire, " le plus ancien catéchisme romain ". L’exposé sera cependant complété par des références constantes au Symbole de Nicée-Constantinople, souvent plus explicite et plus détaillé.


197 Comme au jour de notre Baptême, lorsque toute notre vie a été confiée " à la règle de doctrine " (Rm 6,17), accueillons le Symbole de notre foi qui donne la vie. Réciter avec foi le Credo, c’est entrer en communion avec Dieu le Père, le Fils et le Saint-Esprit, c’est entrer aussi en communion avec l’Église toute entière qui nous transmet la foi et au sein de laquelle nous croyons :

Ce Symbole est le sceau spirituel, il est la méditation de notre coeur et la garde toujours présente, il est, à coup sûr, le trésor de notre âme (S. Ambroise, symb. 1 : PL 17, 1155C).

Chapitre premier

Je crois en Dieu le Père


198 Notre profession de foi commence par Dieu, car Dieu est " Le premier et Le dernier " (Is 44,6), le Commencement et la Fin de tout. Le Credo commence par Dieu le Père, parce que le Père est la Première Personne Divine de la Très Sainte Trinité ; notre Symbole commence par la création du ciel et de la terre, parce que la création est le commencement et le fondement de toutes les oeuvres de Dieu .

Article 1

" Je crois en Dieu le Père Tout-puissant

Créateur du ciel et de la terre "


Paragraphe 1. Je crois en Dieu


199 " Je crois en Dieu " : cette première affirmation de la profession de foi est aussi la plus fondamentale. Tout le Symbole parle de Dieu, et s’il parle aussi de l’homme et du monde, il le fait par rapport à Dieu. Les articles du Credo dépendent tous du premier, tout comme les commandements explicitent le premier. Les autres articles nous font mieux connaître Dieu tel qu’il s’est révélé progressivement aux hommes. " Les fidèles font d’abord profession de croire en Dieu " (Catech. R. 1, 2, 2).


I. " Je crois en un seul Dieu "

200 C’est avec ces paroles que commence le Symbole de Nicée-Constantinople. La confession de l’Unicité de Dieu, qui a sa racine dans la Révélation Divine dans l’Ancienne Alliance, est inséparable de celle de l’existence de Dieu et tout aussi fondamentale. Dieu est Unique : il n’y a qu’un seul Dieu : " La foi chrétienne confesse qu’il y a un seul Dieu, par nature, par substance et par essence " (Catech. R. 1, 2, 8).


201 A Israël, son élu, Dieu S’est révélé comme l’Unique : " Écoute, Israël ! Le Seigneur notre Dieu est le Seigneur Un. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de tout ton être, de toute ta force " (Dt 6,4-5). Par les prophètes, Dieu appelle Israël et toutes les nations à se tourner vers Lui, l’Unique : " Tournez-vous vers Moi et vous serez sauvés, tous les confins de la terre, car Je suis Dieu, il n’y en a pas d’autre (...). Oui, devant Moi tout genou fléchira, par Moi jurera toute langue en disant : en Dieu seul sont la justice et la force " (Is 45,22-24 cf. Ph 2,10-11).


202 Jésus Lui-même confirme que Dieu est " l’unique Seigneur " et qu’il faut L’aimer " de tout son coeur, de toute son âme, de tout son esprit et de toutes ses forces " (cf. Mc 12,29-30). Il laisse en même temps entendre qu’Il est Lui-même " le Seigneur " (cf. Mc 12,35-37). Confesser que " Jésus est Seigneur " est le propre de la foi chrétienne. Cela n’est pas contraire à la foi en Dieu l’Unique. Croire en l’Esprit Saint " qui est Seigneur et qui donne la Vie " n’introduit aucune division dans le Dieu unique :

Nous croyons fermement et nous affirmons simplement, qu’il y a un seul vrai Dieu, immense et immuable, incompréhensible, Tout-Puissant et ineffable, Père et Fils et Saint Esprit : Trois Personnes, mais une Essence, une Substance ou Nature absolument simple (Cc. Latran IV : DS 800).


II. Dieu révèle son nom

203 A son peuple Israël Dieu s’est révélé en lui faisant connaître son nom. Le nom exprime l’essence, l’identité de la personne et le sens de sa vie. Dieu a un nom. Il n’est pas une force anonyme. Livrer son nom, c’est se faire connaître aux autres ; c’est en quelque sorte se livrer soi-même en se rendant accessible, capable d’être connu plus intimement et d’être appelé, personnellement.


204 Dieu s’est révélé progressivement et sous divers noms à son peuple, mais c’est la révélation du nom divin faite à Moïse dans la théophanie du buisson ardent, au seuil de l’Exode et de l’alliance du Sinaï qui s’est avérée être la révélation fondamentale pour l’Ancienne et la Nouvelle Alliance.



Catéchisme Eglise Cath. 141