Chrysostome sur 1Tm 1300

HOMÉLIE XIII (4,11-5,7). PRESCRIVEZ ET ENSEIGNEZ CELA. QUE NUL NE MÉPRISE VOTRE JEUNESSE,

MAIS SOYEZ L'EXEMPLE DES FIDÈLES PAR VOS PAROLES, VOS RELATIONS, VOTRE CHARITÉ, VOTRE FOI, VOTRE CHASTETÉ. JUSQU'À MON ARRIVÉE, APPLIQUEZ-VOUS A LA LECTURE, A L'EXHORTATION, A L'ENSEIGNEMENT. NE NÉGLIGEZ POINT LA GRACE QUI EST EN VOUS, QUI VOUS A ÉTÉ DONNÉE PAR LA PROPHÉTIE, AVEC L'IMPOSITION DES MAINS SACERDOTALES. (1Tm 4,11-5,7)

Analyse.

1. Devoirs d'un évêque; de la conduite qu'il doit tenir envers les vieillards et les jeunes gens, envers les femmes âgées et les jeunes femmes, envers les veuves.
2. Devoirs de la veuve.
3, 4. Contre les excès de la table. — Effrayante peinture.


1301 1. Il est des objets qui ont besoin de prescriptions, et d'autres, d'enseignement. Si donc vous commandez là où il faut instruire, vous vous rendrez ridicule, et il en sera de même si vous enseignez là où il faut commander. Ainsi, ne pas être pervers, il ne faut pas l'enseigner, mais l'ordonner, l'interdire avec une grande énergie; ne pas judaïser, c'est matière à prescription. Mais si vous dites que l'on doit répandre ses biens, garder la virginité, si vous discourez sur la foi, alors il faut un enseignement. Aussi Paul établit-il les deux choses : « Prescrivez et enseignez», dit-il. Par exemple, si quelqu'un porte des amulettes ou quelque objet semblable, et sait qu'il fait mal, c'est de prescription qu'il a besoin; s'il l'ignore, c'est d'instruction.

« Que nul ne méprise votre jeunesse », dit-il. Vous voyez que le prêtre doit prescrire, parler avec énergie et non toujours enseigner. La jeunesse est souvent méprisée par le préjugé commun; c'est pourquoi il dit . « Que nul ne méprise votre jeunesse ». Car il faut que celui qui enseigne soit honoré. — Mais, dira-t-on, que devient le mérite de la modération et de la condescendance, si l'on est défendu contre le mépris? Dans tes choses qui le concernent lui seul, qu'il souffre le mépris; car c'est ainsi que par la longanimité, l'enseignement chrétien se perfectionne; mais, pour ce qui regarde le prochain, il n'en doit plus être de même, car ce ne serait plus modération, mais, indifférence. S'il tire vengeance des injures qu'il a reçues, des insultes, des trames ourdies contre lui, on a raison de le blâmer; mais, quand il s'agit du salut d'autrui, qu'il parle avec autorité, qu'il unisse l'énergie à la prévoyance : c'est d'énergie qu'il est alors besoin et non de douceur, afin d'éviter un dommage public. Il n'y a pas d'ailleurs de moyen terme: «Que nul ne méprise votre jeunesse »; c'est qu'en effet, si l'on mène une vie contraire à la légèreté de cet âge, au lieu du mépris on s'acquiert une haute estime. « Mais soyez (323) l'exemple des fidèles par vos paroles, vos relations, votre charité, votre foi, votre chasteté ; vous montrant en toutes choses un modèle de bonnes oeuvres ». (
Tt 2,7) C'est-à-dire, soyez un parfait modèle de conduite, et comme une image offerte aux regards de tous, une loi vivante, une règle, un exemplaire de bonne vie, car tel doit être celui qui enseigne. « Par vos paroles» : qu'elles soient donc empreintes d'affabilité, « dans vos relations, dans la charité, la foi » orthodoxe, « la charité », la réserve.


« Jusqu'à mon arrivée, appliquez-vous à la lecture, à l'exhortation, à l'enseignement ». L'apôtre ordonne à Timothée de s'appliquer à la lecture. Ecoutons-le tous et apprenons à ne pas négliger la méditation des choses divines. Il dit aussi : « Jusqu'à mon arrivée ». Voyez comment il le console, car ce disciple orphelin devait chercher son maître. « Jusqu'à mon arrivée, appliquez-vous à la lecture » des Ecritures divines, « à l'exhortation » mutuelle, « à l'enseignement. Ne négligez point la grâce qui est en vous, qui vous a été donnée par la prophétie ». C'est de la grâce d'enseigner qu'il parle. « Avec l'imposition des mains sacerdotales » ; non du simple sacerdoce, mais de l'épiscopat, car ce n'étaient pas des prêtres qui créaient un évêque.

« Méditez ces choses, arrêtez-y votre esprit (15) ». Voyez comment il revient auprès de Timothée sur les mêmes exhortations, voulant montrer que tel doit être l'objet principal du zèle de celui qui enseigne. « Veillez sur vous et sur votre enseignement, ne vous en laissez pas distraire ». C'est-à-dire, veillez sur vous-même et enseignez les autres. « Car en agissant ainsi, vous vous sauverez, vous et a ceux qui vous écoutent (16) ». Car celui qui se nourrit des paroles de l'enseignement en recueille le premier les fruits : en avertissant les autres, il atteint son propre coeur. Ce que dit l'apôtre, il ne le dit pas à Timothée seul, mais à tous. S'il parle ainsi à un homme qui ressuscitait les morts, que pourrons-nous répondre? Le Christ a dit : « Semblable à un père de famille qui tire de son trésor des choses nouvelles et anciennes ». (Mt 13,52) Et le bienheureux Paul dit à son tour : « Afin que, par la patience et la consolation des Ecritures, nous possédions l'espérance ». (Rm 15,4) Surtout il l'a pratiqué lui-même, lorsqu'il s'instruisait de la loi de ses pères auprès de Gamaliel, en sorte que depuis lors il avait dû s'appliquer à la lecture; il s'adressait sans doute les avertissements qu'il adressa depuis à autrui. Vous le voyez sans cesse citer les témoignages des prophètes et en scruter le sens caché. Ainsi Paul s'appliquait à la lecture, et ce n'est pas un mince profit que celui qu'on peut tirer des Ecritures ; mais aujourd'hui nous les négligeons. — « Afin que votre progrès soit manifeste à tous (1Tm 4,15) ». Vous voyez qu'il voulait que son disciple devînt, sur ce point aussi, grand et digne d'admiration, mais que Timothée avait encore besoin de cet avis. « Afin que votre progrès soit manifeste à tous » ; non seulement dans sa conduite, mais dans les discours de son enseignement.

1302 2. « Ne réprimandez point un ancien ». (1Tm 5,1) Veut-il ici parler d'un prêtre? je ne le pense pas : il parle de tout homme avancé en âge. Mais quoi ! s'il a besoin d'être redressé? Comportez-vous envers lui, suivant l'avis de Paul, comme envers un père qui aurait commis une faute, parlez-lui de la même façon. « Reprenez les femmes âgées comme des mères, les jeunes gens comme des frères, les femmes jeunes comme des soeurs, en toute chasteté (1Tm 5,2) ». La chose est pénible de sa nature, je dis la nécessité de reprendre; elle l'est surtout quand il s'agit d'un vieillard; et, si c'est un jeune homme qui doit le faire, il est trois fois exposé à l'accusation de témérité. La rudesse du fond est adoucie par la douceur de la forme. Car il est possible de reprendre sans blesser, si l'on veut s'y appliquer; il y faut une grande prudence, mais on le peut. « Les jeunes gens comme des frères ». Pourquoi l'apôtre lui donne-t-il ici cet avis? Il fait entendre par là que la jeunesse est fière. Il faut donc là aussi adoucir la réprimande par la modération du langage. « Les femmes jeunes comme des soeurs ». Et il ajoute: « En toute chasteté ». N'évitez pas seulement des relations coupables, mais toute occasion de soupçon. Comme les rapports avec les jeunes femmes y échappent difficilement, mais que l'évêque doit en avoir, il ajoute : « En toute chasteté ». Mais, Paul, pourquoi adresser cette prescription à Timothée? Je le fais, me répond-il, parce qu'en m'adressant à lui je parle à toute la terre. S'il parle ainsi à Timothée, que chacun de nous comprenne ce qu'il doit être, évitant toute occasion de soupçon et ne donnant pas l'ombre d'un prétexte à ceux qui veulent nous calomnier.

1. Les mots neoterous os adelphous, sont ici transposés.

« Honorez les veuves qui sont véritablement veuves (1Tm 5,3) ». Pourquoi ne parle-t-il pas ici de la virginité, pas même pour dire : Honorez les vierges ?Apparemment parce qu'il ne s'en trouvait point alors, ou qu'elles. avaient succombé. Car, dit-il, Satan en a entraîné plusieurs à sa suite. « Honorez les veuves qui sont véritablement veuves ». L'on peut donc n'avoir plus de mari et n'être pas veuve. De même que l'on n'est pas vierge, pour vivre en dehors du mariage, mais qu'il faut être irréprochable et toujours appliquée à ses devoirs, de même en est-il de la viduité : ce qui fait la veuve, ce n'est pas la perte d'un époux, mais la vie passée dans la continence, la patience et la solitude. Voilà les veuves que l'apôtre recommande d'honorer avec raison: On doit en effet un grand respect à ces femmes, puisqu'elles sont seules, puisqu'elles n'ont plus un homme pour les protéger; mais, auprès de la foule, leur état est exposé au blâme et paraît de mauvais augure. Aussi l'apôtre veut-il qu'elles soient grandement honorées par le prêtre; et ce n'est pas seulement pour cela, mais parce que leur état en est digne.

« Si une veuve a des enfants ou des petits-enfants, qu'elle apprenne d'abord à faire régner la piété dans sa maison et à rendre ce qu'elle doit à ses parents (1Tm 5,4) ». Voyez la prudence de Paul et comment, dans ses avis, il fait souvent appel à des raisonnements humains. Il n'a point apporté ici une idée grande et sublime, mais quelque chose qui fût accessible à tous : rendre ce qu'elle doit à ses parents. Comment cela? Vous avez été nourrie, vous avez grandi, vous avez joui de l'honneur qu'ils vous transmettaient. Ils ont quitté ce monde, et vous n'avez pu les payer de retour, car vous ne leur avez donné ni la vie ni la nourriture; rendez-leur ce bienfait dans leurs descendants, acquittez dans vos enfants votre dette envers eux : « Que ces veuves apprennent d'abord à faire régner la piété dans leurs maisons ». L'apôtre exprime ainsi par un mot l'accomplissement de tous les devoirs. « Car », dit-il, « cela est favorablement accueilli de Dieu (1Tm 5,4) ». Et comme il a dit : « Qui sont véritablement veuves», il exprime ce qu'est une véritable veuve. «Celle-là est véritablement veuve qui vit dans la solitude, espérant en Dieu et persévérant nuit et jour dans la n prière et l'oraison ; mais celle qui est dans les délices est morte toute vivante (1Tm 5,5-6) ». Ainsi l'apôtre nous dit: Celle qui n'a pas choisi une vie mondaine, et qui vit dans la viduité, celle-là est véritablement veuve; celle qui espère en Dieu comme on le doit faire, qui s'adonne à l'oraison et y persévère nuit et jour, celle-là est veuve; ce qui ne veut pas dire que la veuve qui a des enfants ne le soit pas véritablement, car l'apôtre admire aussi celle qui donne à ses enfants l'éducation qu'elle leur doit, mais il parle ici de celle qui n'a pas d'enfants, qui est seule. Il la console ensuite de ne point avoir d'enfants, en lui disant que c'est ainsi qu'elle est parfaitement veuve, parce qu'elle se trouve privée non-seulement de la consolation que lui eût donnée son mari, mais de celle qu'elle eût reçue de ses enfants; elle a Dieu pour les remplacer tous. Car celle qui est privée d'enfants n'est pas au-dessous de l'autre; mais l'apôtre remplit par ses consolations le vide que cette privation lui fait éprouver. Ne vous affligez pas, lui dit l'apôtre, si vous entendez cette parole qu'il faut élever des enfants (4), vous qui n'en avez pas, comme si votre dignité en était amoindrie, car vous êtes véritablement veuve. « Celle qui vit dans les délices est morte toute vivante ».

1303 3. Plusieurs en effet, ayant des enfants, con. servent la viduité, non pour s'interdire les jouissances de la vie, mais plutôt pour en nourrir le goût chez elles, pour vivre avec plus d'indépendance et se donner davantage aux passions du monde; que leur dit-il? « Celle qui vit dans les délices est morte toute vivante ». Quoi ! une veuve ne doit pas vivre dans les délices? Non, vous dit l'apôtre. Si donc la faiblesse de l'âge et de la nature ne rend point nécessaire une pareille vie, mais si cette manière d'agir procure la mort et la mort éternelle, que pourraient alléguer des hommes qui vivent ainsi? C'est avec justice qu'il a dit « Celle qui vit dans les délices est morte toute vivante ». Voyons ce que font les vivants, quelle est la condition des morts et dans quels rangs nous devons la placer. Les vivants sont ceux qui font les oeuvres de la vie à venir, de la véritable vie. Or, quelles sont les couvres de la vie à venir, dont nous devons nous occuper sans cesse ? Ecoutez la parole du Christ . « Venez hériter du royaume qui vous a été (325) préparé depuis la création du monde. Car j'ai a eu faim, et vous m'avez donné à manger; j'ai eu soif, et vous m'avez donné à boire ». (Mt 25,34-35) Les vivants ne sont pas distingués des morts seulement par la vue du soleil et des cieux; non, dis-je, ce n'est point ainsi qu'ils diffèrent, mais par la pratique du bien, et s'ils ne le pratiquent pas, ils ne vaudront pas mieux que des morts.

Et, pour vous en instruire, écoutez comment on peut vivre, bien qu'on soit mort. « Dieu », dit l'Evangile, « n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants». (Mt 22,32) Mais, dira-t-on, c'est une autre énigme. Eh bien ! éclaircissons-les toutes deux. Celui-là est mort quoique vivant, qui vit dans les délices. Et comment? c'est qu'il ne vit que par son ventre et non par ses autres sens; ainsi il ne voit pas ce qu'il doit voir, n'entend pas ce qu'il doit entendre, ne dit pas ce qu'il doit dire, ce que doivent voir, entendre et dire les vivants; mais, tel qu'un homme qui, étendu sur son lit, ferme les yeux, et rapprochant ses paupières ne s'aperçoit plus de rien de ce qui se passe, tel est cet homme, ou plu tôt il est dans un état bien pire. Car le premier est également insensible à ce qui est bon et à ce qui est mauvais; l'autre n'est sensible qu'au mal, et quant au bien il n'en éprouve pas plus l'impression qu'un cadavre. Rien ne l'émeut des choses de la vie future; en cela donc il est mort; sa passion le saisit dans ses bras et l'entraîne comme dans une sombre retraite, dans un lieu obscur, dans un antre impur, et le fait demeurer dans les ténèbres, comme les morts dans leur sépulcre. En effet, quand il passe tout son temps à table ou dans l'ivresse, n'est-il pas dans les ténèbres? n'est-il pas mort? Le matin même où il paraît à jeun, il ne l'est pas franchement; il n'a pas cuvé tout son vin de la soirée, il est en proie au violent désir de la débauche qui va commencer, lui qui passe et la soirée et le milieu du jour dans les festins, toute la nuit et la meilleure partie de la matinée dans un sommeil pesant. Dites-moi, devons-nous compter cet homme au nombre des vivants? Et que dire des tempêtes produites dans l'âme par la volupté, tempêtes qui se répandent jusque dans le corps? De même qu'un amas continu de nuages ne laisse plus passer un rayon de soleil, de même les vapeurs de la volupté et du vin, occupent le cerveau comme un point culminant, y condensent un épais nuage, ne permettent plus à la raison de se manifester et retiennent dans une nuit profonde celui qui est dans cet état. Et encore quelle tempête au-dedans !

De même que, quand une inondation se produit et que l'eau franchit le seuil des ateliers, nous voyons ceux qui les habitent s'empresser, pleins de trouble, de saisir des plats, des amphores, des éponges et d'autres objets pour épuiser l'eau et l'empêcher de ruiner les fondements de la maison, de mettre hors d'usage tout ce qu'elle renferme; de même, lorsque la volupté s'est glissée de toutes parts dans une âme, les facultés intellectuelles sont troublées et ne peuvent suffire à la débarrasser de ce qui l'a envahie, parce que l'invasion se renouvelle sans cesse, et que la tempête est terrible. Ne considérez pas le visage qui est riant et illuminé, mais fouillez au dedans et vous verrez un homme plein d'une tristesse qui l'abat. S'il était possible de faire sortir l'âme du corps et de l'exposer sous nos yeux, vous verriez celle du voluptueux, morne, triste, endolorie, exténuée. Plus le corps s'engraisse et s'épaissit, plus l'âme s'exténue, s'affaiblit et s'ensevelit. Et de même que, devant la prunelle de 1'oei1, si la cornée s'épaissit, elle ne peut plus laisser passer le rayon visuel, le sens de la vue s'altère et la cécité se produit souvent, de même quand le corps est engraissé, il doit obstruer les abords de l'âme. Mais les morts se gâtent et se corrompent, le sang corrompu s'en échappe; de même on voit chez les hommes livrés à la vie sensuelle, le rhume, l'inflammation, la pituite, les hoquets, les vomissements, les éructations; je passe le reste, que j'aurais honte d'énoncer. Car telle est cette tyrannie, qu'elle leur fait faire ce qu'on n'ose pas exprimer.

1304 4. Leur corps aussi laisse échapper la corruption de toutes parts. — Mais ils mangent et boivent? Est-ce donc là le témoignage de la vie humaine, puisque les bêtes aussi mangent et boivent? Quand l'âme est morte, quel besoin est-il d'aliments et de boisson? Quand un corps est devenu cadavre, le vêtement parfumé qui l'enveloppe ne lui sert de rien, et quand une âme est morte, un corps parfumé ne lui sert pas davantage. Si sa pensée ne se préoccupe que de cuisiniers, de maîtres d'hôtel, de boulangers, si elle ne prononce pas une parole de piété, n'est-elle pas morte ? Qu'est-ce en effet que l'homme? Les (326) philosophes païens nous disent que c'est un animal raisonnable, mortel, susceptible d'intelligence et de science; mais ce n'est pas par leur témoignage, c'est par l'Ecriture sainte que nous déterminons sa nature. Or, comment la détermine-t-elle? Ecoutez-la : « Il était un homme », et qu'était-il? «juste, véridique, pieux, s'éloignant de tout ce qui est mal ». (Jb 1,1) Voilà le type de l'homme. Un autre écrivain sacré nous dit : « C'est une grande chose que l'homme, et l'homme miséricordieux est un objet précieux ». Mais ceux qui ne sont pas tels, quand ils seraient doués d'intelligence, et mille fois aptes à la science, l'Ecriture ne les reconnaît pas pour dés hommes, mais pour des chiens, des chevaux, des vipères, des serpents, des renards, des loups et des animaux plus odieux que ceux-là, s'il en existe. Si donc tel est l'homme, le voluptueux n'est pas un homme; et comment le serait-il, puisqu'il ne se préoccupe de rien de tel? On ne peut être à la fois voluptueux et sobre : l'un exclut l'autre. Les païens eux-mêmes le disent :

A ventre épais, jamais esprit subtil (1).


1 Le grec forme un vers iambique trimètre, emprunté sans doute à quelque poète comique.

L'Ecriture a bien su désigner les hommes dépourvus d'âme par ces mots : « Parce qu'ils sont chair. » (Gn 6,3) Ils avaient cependant une âme, mais elle était morte. Car de même que nous disons des hommes vertueux qu'ils sont tout âme, tout esprit, bien qu'ils aient un corps, nous pouvons employer l'expression inverse. C'est ainsi que Paul a dit : « Pour vous, vous n'êtes pas dans la chair » (Rm 8,9), parce qu'ils n'accomplissaient pas les oeuvres de la chair. De même les voluptueux ne sont point dans l'âme ni dans l'esprit.

« Celle qui vit dans les délices est morte « toute vivante ». Ecoutez, vous qui passez tout votre temps dans les festins et dans l'ivresse, vous qui n'arrêtez point vos regards sur les pauvres qui languissent et meurent de faim, mais qui mourez sans cesse dans les délices. Vous produisez une double mort par votre intempérance, la mort de ces infortunés et la vôtre ; et si vous aviez uni votre superflu à leur misère, vous auriez produit une double vie. Pourquoi donc gonfler votre estomac par vos excès et faire languir le pauvre par sa détresse?, Vous gâtez l'un en dépassant la mesure, et c'est outre mesure aussi que vous faites sécher l'autre. Pensez à ce que sont les aliments, comment ils se transforment et ce qu'ils deviennent. Ah! cela vous blesse de m'entendre ? eh bien, pourquoi tant d'empressements à en produire plus largement la réalité, en vous gorgeant de nourriture? La nature a ses bornes, et ce qui les dépasse n'accroît pas l'alimentation, mais devient inutile et nuisible. Nourrissez votre corps, ne le tuez pas. Nourriture ne veut pas dire ce qui tue, mais ce qui alimente. L'économie de la digestion est ainsi disposée, je pense, pour que nous ne soyons pas amis de l'intempérance; car si la nourriture ne pouvait devenir inutile et nuisible, nous nous serions sans cesse dévorés les uns les autres : si l'estomac recevait tout ce que nous voulons lui donner, s'il le transformait en notre substance, combien ne verrait-on pas de guerres et de combats? Si en effet, bien que tout né soit pas absorbé, mal. gré ce qui se transforme soit en sang, soit en graisse inutile et parasite, nous sommes si avides des plaisirs de la table, si souvent nous consumons dans un festin tout un héritage, que ferions-nous sans cela? Nous nous infectons nous-mêmes en nous livrant à ces excès où notre corps devient semblable à une outre qui laisse échapper le vin (1). Si les autres en sont incommodés, que ne doivent pas souffrir et le cerveau sans cesse atteint par ces vapeurs, et les vaisseaux obstrués d'un sang qui bouillonne, et le foie et la rate qui doivent le recevoir, et les intestins eux-mêmes? Chose désolante, nous songeons à prévenir l'obstruction des égouts, de peur qu'ils ne regorgent; nous avons grand soin de les dégager avec des crocs et des hoyaux, et, pour ceux de notre estomac, loin de les tenir libres, nous les obstruons et les engorgeons : les immondices montent à la résidence du roi, je veux dire au cerveau, et nous n'y veillons pas. Nous agissons comme si nous n'avions pas là un roi ami de la décence, mais un chien immonde. Le Créateur a relégué au loin ces organes, afin qu'ils ne nous incommodent pas; mais nous troublons son oeuvre et gâtons tout par notre intempérance. Mais que dire des maux qui en résultent? Bouchez les canaux des égouts, et vous verrez bientôt naître la peste. Elle est produite par l'infection qui vient du dehors; mais celle qui est au dedans, qui est concentrée par le corps et n'a point d'issue, ne produit-elle pas mille maux pour le corps et pour l'âme? Ce qu'il y a de terrible, c'est que plusieurs murmurent contre Dieu pour les nécessités auxquelles notre corps est soumis, et eux-mêmes les accroissent. Dieu nous a donné ces lois, afin de nous détourner de l'intempérance, afin de nous persuader même par ces moyens de ne pas nous égarer dans les choses de ce monde. Mais vous ne vous laissez pas même par là détourner de l'intempérance; vous vous y plongez jusqu'au gosier, tant que dure le temps du repas, ou plutôt vous n'attendez pas jusque-là. Le plaisir du goût ne s'éteint-il pas, dès que l'aliment a dépassé la langue et la gorge? La sensation disparaît alors, mais le malaise se prolonge, parce que l'estomac n'opère pas ou opère avec grand'peine.

1 Sans avoir rien d'alarmant pour la pudeur la plus stricte, la phrase suivante ne peut se traduire qu'en latin et en note : Eructat aliquis adeo ut vel extra conclave cerebrum audientis concutiat, ùndique e corpore caliginosus effluit quasi e camino fumus, calore intus in putredinem verso.

L'apôtre a donc dit avec raison : « Celle qui vit dans les délices est morte toute vivante». Elle ne peut ni se faire entendre, ni entendre, l'âme qui vit ainsi; elle est amollie, sans générosité, sans courage, sans liberté, timide et impudente, vile flatteuse, ignorante, colère, irascible, pleine de tous les maux et privée de tous les biens. « Celle qui vit dans les délices est morte toute vivante. Et prescrivez-leur d'être irréprochables ». (1Tm 5,6-7) Vous le voyez, c'est une loi; il ne le livre pas à leur choix. Prescrivez-leur, dit-il, de ne pas vivre dans les délices, car c'est assurément un mal, et l'on ne peut admettre aux mystères ceux qui vivent ainsi: « Prescrivez-leur d'être irréprochables » ; vous voyez donc qu'il met cette conduite au nombre des péchés; car ce qui est libre, quand on ne le pratiquerait pas, n'empêche pas d'être irréprochable. Ainsi, obéissant à Paul, nous aussi nous vous avertissons que les veuves qui vivent dans les délices ne sont pas au nombre des veuves. Car si un soldat qui donne son temps aux bains, aux théâtres et à ses affaires est regardé comme un déserteur, combien plus le doit-on dire des veuves? Ne cherchons point ici notre repos, afin de le trouver dans l'autre vie; ne vivons pas ici dans les délices, afin de jouir dans la vie future des délices véritables, des véritables plaisirs qui ne produisent aucun mal et nous mettent en possession de tant de biens, que je souhaite à vous tous en le Christ Jésus Notre-Seigneur avec qui soient au Père et au Saint-Esprit, gloire, puissance, honneur, maintenant et toujours, et aux siècles des siècles. Ainsi soit-il.



HOMÉLIE XIV (5,8-10). SI QUELQU'UN N'A PAS UN SOIN PRÉVOYANT DES SIENS, ET SURTOUT DE CEUX DE SA MAISON,

1400
IL A RENIÉ LA FOI ET EST PIRE QU'UN INFIDÈLE. (
1Tm 5,8-10)

Analyse.

1. C'est un devoir rigoureux que de s'occuper du salut de ses proches.
2. Des veuves.
3-5. De la pratique de l'aumône. — Vie admirable des solitaires.
6. Il y a aussi des saints dans la vie commune.


1401 1. Beaucoup pensent que leurs vertus personnelles leur suffisent pour le salut et que, s'ils règlent bien leur propre vie, rien ne leur manque plus pour l'opérer. Ils se trompent, et c'est ce que nous montre l'homme qui avait enfoui son unique talent; il le représenta tout entier, sans perte aucune, et tel que le lui avait confié son maître. C'est aussi ce que nous montre ici le bienheureux Paul, en disant : « Si quelqu'un n'a pas un soin prévoyant des siens ». Et il entend par là toute sorte de prévoyance, tant pour l'âme que pour le corps, car celle-ci est aussi prévoyance. « Des siens et surtout de ceux de sa maison », c'est-à-dire de sa famille. « Celui-là », dit-il, « est pire qu'un infidèle ». C'est ce que dit encore Isaïe, le plus grand des prophètes. « Ne dédaignez point ceux de votre sang ». (Is 58,7) 328

Car l'homme qui dédaignerait les besoins de ceux qui lui sont proches par la naissance, unis par la parenté, comment serait-il tendre envers les autres? Chacun ne regarderait-il pas comme effet de la vanité la bienfaisance qu'exercerait envers les étrangers celui qui serait dédaigneux et impitoyable pour les siens? Et que penser de celui qui, enseignant la foi aux étrangers, laisse les siens dans l'erreur, quand il lui serait plus facile de les instruire, quand cette bonne oeuvre est plus instamment réclamée par la justice? Non certes, dira-t-on, les chrétiens qui laissent sans soins ceux qui leur tiennent de près, ne sont guère charitables. « Et il est», dit l'apôtre, « pire qu'un infidèle ». Pourquoi? parce que l'infidèle, s'il néglige les autres, ne néglige pas ses proches. Ainsi, celui qui ne remplit pas ce devoir, viole la loi divine et celle de la nature. Mais si celui qui ne prend pas soin de ses proches a renié la foi et est pire qu'un infidèle, quel rang assigner à celui qui commet des injustices envers eux? avec qui le placer? Il a renié la foi; et comment? C'est que, suivant la parole de l'apôtre, « ils professent qu'ils connaissent Dieu, mais ils le renient par leurs oeuvres ». (Tt 1,16) Qu'a prescrit ce Dieu, objet de leur foi? de ne pas négliger ceux de sa famille. Et quelle est donc la foi de celui qui renie ainsi Dieu?

Comprenons-le, nous tous qui, pour épargner nos richesses, dédaignons les besoins de nos proches. Dieu a institué les liens de la parenté afin que nous ayons des motifs multipliés de nous faire du bien les uns aux autres. Quand donc vous ne pratiquez pas une vertu que pratique un infidèle, n'avez-vous pas renié la foi? Car il appartient à la foi, non-seulement de confesser de bouche sa croyance, mais de produire des couvres qui en soient dignes. La foi et l'incrédulité s'appliquent à chaque objet. L'apôtre donc, après avoir parlé de la mollesse et de la veuve qui vit dans les délices, nous dit qu'elle ne périt pas seulement par sa sensualité, mais parce qu'elle est par là obligée de négliger sa famille. Et cela est vrai, car elle vit pour son ventre, et par là elle périt puisqu'elle renie sa foi. « Est pire qu'un infidèle». Car ce n'est pas une faute égale que de négliger les besoins d'un parent ou d'un étranger, d'une personne connue ou d'une personne inconnue, d'un ami, ou de celui qui ne l'est pas; dans le premier cas le reproche mérité est plus sévère.

« Que la veuve qui sera choisie n'ait pas moins de soixante ans, qu'elle n'ait eu qu'un mari et que l'on rende témoignage de ses bonnes oeuvres (1Tm 5,9-10) ». L'apôtre a dit « Qu'elles apprennent d'abord à faire régner la piété dans leurs maisons et à rendre ce qu'elles doivent à leurs parents ». Il a dit ensuite « Celle qui vit dans les délices est morte toute «vivante ». Il a dit : « Ne pas avoir un soin prévoyant de ceux de sa maison, c'est être pire qu'un infidèle ». Il a énoncé les défauts qui rendent une femme indigne de figurer parmi les veuves; il énonce maintenant les conditions qu'elle doit remplir. Mais quoi? la choisirons-nous d'après son âge? Quel est donc ce mérite ? car il ne dépend pas d'elle d'avoir soixante ans. Non, ce n'est pas seulement d'après son âge; quand elle l'aurait atteint, si elle ne possède pas les vertus que demande l'apôtre, elle ne doit pas être inscrite parmi les veuves. Mais il va dire pourquoi il exige un âge déterminé, et le motif ne vient pas de lui, mais des veuves elles-mêmes; écoutons donc ce qui vient ensuite : « Aux bonnes oeuvres de laquelle on rende témoignage». Et quelles couvres? « Si elle a élevé ses enfants ». Ce n'est pas là une oeuvre de peu de valeur; car il ne s'agit pas seulement de les nourrir, mais de les élever, comme l'apôtre l'a dit plus haut: « Si les femmes persévèrent dans la foi, la charité et la sanctification ». (1Tm 2,15) Vous voyez comment partout il met le bien fait à ses parents avant le bien fait aux étrangers. Car il dit en premier lieu : « Si elle a élevé ses enfants », et ensuite : « Si elle a exercé l'hospitalité, lavé les pieds des saints, pourvu aux besoins de ceux qui endurent tribulation, si elle s'est appliquée à toute sorte de bonnes oeuvres (1Tm 5,10) ». Mais quoi? si elle est pauvre? Elle n'est pas pour cela privée d'élever ses enfants, d'exercer l'hospitalité, de pourvoir aux besoins de ceux qui endurent tribulation. Est-il une veuve plus pauvre que celle qui avait versé deux oboles (Lc 21)? Quand elle serait pauvre, elle a une demeuré ; elle n'habite pas en plein air. « Lavé les pieds des saints » ; ce n'est pas une grande dépense. « Si elle s'est appliquée à toute sorte de bonnes oeuvres ». A quoi se rapporte ce précepte? Par là elle est exhortée à rendre des services corporels, car les femmes y sont (329) particulièrement propres, comme de dresser un lit, de procurer le repos.

1402 2. Ah ! quelle exactitude dans ses devoirs il demande à une veuve ; presque autant qu'à celui qui est chargé de l'épiscopat. Car ce mot : « Si elle s'est appliquée à toute sorte de bonnes oeuvres », il le prononce, bien qu'elle n'ait pu les accomplir toutes elle-même, mais elle y a pris part, elle en a été l'auxiliaire. Il écarte ainsi d'elle la mollesse, il veut qu'elle soit vigilante, bonne économe, qu'elle persévère sans cesse dans la prière. Telle était Anne. Considérez quelle perfection l'apôtre réclame des veuves, plus grande presque que celle des vierges mêmes, à qui pourtant il demande une perfection bien haute; car lorsqu'il dit: « Ce qui est honnête et donne toute facilité pour a s'adresser au Seigneur » (1Co 7,35), il comprend en abrégé la vertu tout entière. Vous le voyez, ne pas contracter un second mariage ne suffit pas pour faire une veuve, il faut bien d'autres conditions. Pourquoi en effet ne pas se remarier? Condamne-t-il ce fait ? Nullement: ce serait une hérésie; mais c'est qu'il veut qu'elle vaque désormais aux oeuvres spirituelles, et qu'elle se consacre tout entière à la vertu. Le mariage n'est point impur, mais il enlève le libre emploi du temps; l'apôtre en effet dit : Pour vaquer (à la prière), et non : Pour se purifier. Et réellement le mariage amène de perpétuelles occupations. Si donc vous ne vous mariez pas, afin de donner votre temps à la crainte de Dieu, et si vous ne le donnez point en effet, vous n'en tirez point l'avantage de donner vos soins aux étrangers, aux saints. Lors donc que vous négligez ces oeuvres, il semble que vous vous êtes plutôt éloignée du mariage parce que vous le condamnez. C'est ainsi qu'une vierge qui n'est pas vraiment crucifiée s'est apparemment abstenue du mariage, parce qu'elle le croit coupable et impur.

Vous voyez que l'apôtre parle de l'hospitalité et non de la simple affabilité, mais de la charité empressée, résultant d'une volonté joyeuse, zélée, accomplissant son oeuvre comme si elle accueillait le Christ lui-même. Le Christ, en effet, ne veut point que ces soins soient remis à des servantes ; il veut qu'ils soient remplis par celles mêmes, qui exercent l'hospitalité. « Si j'ai lavé les pieds de mes disciples », dit-il, « combien plus devez-vous le faire les uns envers les autres». (Jn 13,14)

Quelque riche que soit une femme, de quelque considération qu'elle jouisse, quand elle serait fière de la noblesse de ses ancêtres, il n'y a pas là tant de distance que du Maître à ses disciples. Si donc vous recevez votre hôte comme le Christ, n'ayez pas honte, mais plutôt soyez glorieuse du soin que vous lui rendez ; si vous ne le recevez pas comme le Christ, vous ne le recevez point du tout : « Celui qui vous reçoit me reçoit », dit-il. (Mt 10,40) Si vous ne recevez pas ainsi votre hôte, vous n'aurez point de récompense. Abraham crut accueillir des voyageurs qui passaient, et cependant il ne confia pas tout à ses serviteurs, mais il commanda à sa femme de pétrir de la farine, lui qui avait trois cent dix-huit serviteurs chez lui et parmi eux assurément des servantes; mais il voulait acquérir lui-même avec son épouse la récompense, non des frais seulement,. mais des services.

C'est ainsi qu'il faut témoigner son hospitalité, faisant tout par soi-même, afin que nous soyons sanctifiés et que nos mains soient bénies. Si vous donnez aux pauvres, ne dédaignez pas de donner vous-même, car ce n'est pas au pauvre que vous donnez, mais au Christ. Et qui serait assez malheureux pour dédaigner de tendre la main au Christ? C'est là l'hospitalité, c'est là vraiment agir pour Dieu. Mais si vous commandez avec orgueil, quand vous assigneriez le premier rang à votre hôte, ce n'est point là de l'hospitalité. Un hôte demande de grands soins, il faut s'estimer heureux qu'il ne rougisse pas de les avoir reçus. Puisque la nature est telle que l'on rougit d'un bienfait reçu, il faut vaincre la honte par l'empressement des services, et montrer par ses actes et ses paroles que le bienfaiteur est l'obligé et reçoit plutôt qu'il ne donne. C'est ainsi que l'action elle-même s'agrandit par la bonne volonté. Car, de même que celui qui croit subir une perte ou être le bienfaiteur, a tout perdu, celui qui se regarde comme favorisé par la bonne oeuvre qu'il accomplit a reçu plus qu'il n'a donné. « Dieu aime celui qui donne avec joie ». (2Co 9,7) Vous devez au pauvre plus de reconnaissance qu'il ne vous en doit. S'il n'y avait pas de pauvres, vous n'auriez su effacer la multitude de vos péchés; ils sont les médecins de vos blessures, et leurs mains qu'ils vous tendent sont les remèdes qu'ils vous offrent. La main que le médecin étend vers le (330) malade, les remèdes qu'il lui présente ne le guérissent pas aussi bien que le pauvre en étendant sa main vers vous et recevant votre aumône ne fait disparaître vos maux. Tels les prêtres, « ils mangeront les péchés de mon peuple ». (Os 4,8) Ainsi vous recevez plus que vous ne donnez, c'est le pauvre, plutôt que vous, qui est le bienfaiteur. Vous prêtez à usure à Dieu, non à l'homme; vous accroissez votre richesse au lieu de la diminuer; vous la diminueriez si vous n'y preniez rien pour le donner.

1403 3. « Si elle a exercé l'hospitalité », dit l'apôtre, « si elle a lavé les pieds des saints». Quels saints ? Ceux qui endurent tribulation et non simplement des saints ; car on peut être saint et recevoir des hommages universels. Ne vous attachez point à ceux qui sont dans l'abondance, mais à ceux qui sont dans la tribulation, inconnus ou peu connus. Celui qui a fait du bien à l'un de ces petits, c'est à moi qu'il l'a fait, dit le Seigneur. Ne chargez pas ceux qui sont à la tête de l'Eglise de distribuer vos aumônes, servez vous-même les pauvres, afin de ne pas obtenir seulement la récompense de vos dons, mais aussi de vos services; donnez de vos propres mains, semez vous-même votre sillon. Il n'est point ici question d'enfoncer la charrue, d'atteler les boeufs, d'attendre la saison, de fendre la terre, de lutter contre la gelée ; tous ces soins laborieux, cette semence en est franche. Car vous semez dans le ciel où il n'y a point de gelée, ni d'hiver, ni rien de semblable; vous semez dans les âmes où nul ne vient ravir le grain, mais où il est gardé sûrement avec le zèle le plus exact. Semez; pourquoi vous priver de la récompense ? Et elle est grande, même quand on administre ce qui est donné par les autres. On est récompensé, non seulement pour donner le sien, mais pour administrer les aumônes d'autrui. Pourquoi ne pas obtenir la récompense? Oui, ce soin est récompensé ; écoutez : Les apôtres, comme nous l'apprend l'Ecriture, établirent Etienne pour le service des veuves. Soyez votre propre économe; l'humanité, la crainte de Dieu vous élisent. Cette couvre, exempte de vaine gloire, donne le repos à l'âme, sanctifie les mains, ruine l'orgueil, enseigne l'amour de la sagesse, accroît le zèle et fait obtenir des bénédictions; c'est la tête chargée de leurs bénédictions, que vous quittez les veuves. Devenez plus zélé dans la prière, inquiétez-vous des saints; je dis les véritables saints, ceux qui vivent dans les déserts et ne peuvent rien demander, se reposant sur Dieu; faites une longue route, donnez par vos propres mains, car, en donnant ainsi, vous pouvez acquérir beaucoup. Vous voyez une tente et une retraite hospitalière, un désert, un monastère. Souvent, en allant porter des aumônes, vous y donnez votre âme tout entière ; vous êtes retenu, vous en devenez captif, vous vivez en étranger au monde. C'est une grande chose que devoir les pauvres. Il vaut mieux, dit l'Ecriture, entrer dans la maison du deuil que dans celle du rire. (Qo 7,3) Dans celle-ci, l'âme se gonfle. Si vous pouvez rire comme ses habitants, vous devenez à la mollesse; si vous ne le pouvez pas, vous y trouvez un sujet de peine. Rien de semblable dans la demeure du deuil ; mais, si vous ne pouvez vivre dans les délices, vous n'êtes point choqué; si vous le pouvez, votre désir est réprimé. La vraie maison de deuil, c'est le monastère; là sont le sac et la cendre, là est la solitude, là jamais le rire ni le tumulte des affaires temporelles, mais le jeûne, un lit d'herbes étendues à terre; là tout est pur de la fumée des viandes et du sang des animaux; tout est exempt de trouble, d'agitation, d'inquiétudes. C'est un port toujours calme; ce sont comme des phares élevés sur les hauteurs pour briller de loin aux yeux des voyageurs, établis auprès d'un port et attirant chacun dans les eaux tranquilles, empêchant le naufrage de ceux qui les aperçoivent et dissipant pour eux les ténèbres. Allez donc trouver leurs habitants, donnez-leur l'hospitalité, présentez-vous aux saints et prosternez-vous à leurs pieds, car il est plus honorable de toucher leurs pieds que la tête des autres. Dites-moi, si quelques hommes embrassent les pieds à des statues, seulement parce qu'elles offrent l'image de l'empereur, vous qui, en la personne de ces hommes, trouvez celle du Christ, ne saisirez-vous pas leurs pieds pour être sauvé? Leurs pieds sont saints, tout vulgaires qu'ils paraissent, et chez les profanes la tête même n'a rien de vénérable. Les pieds des saints ont une grande puissance, car ils apportent le châtiment quand ils en secouent la poussière.

Et, lorsqu'un saint se trouve au milieu de nous, ne rougissons pas d'agir de même. (331) Tous ceux-là sont saints qui reproduisent dans leur vie l'orthodoxie de la foi; quand ils ne feraient pas de miracles, quand ils ne chasseraient pas les démons, ce sont des saints. Allez vers les tentes des saints. Pour un saint, se réfugier dans un monastère, c'est comme s'enfuir de la terre au ciel. Vous ne voyez pas là tout ce qu'on voit dans vos demeures; ce lieu est pur de tout ce qui souille, là règnent le silence et la tranquillité; on n'y connaît pas le tien et le mien. Mais, si vous y demeurez un jour ou deux, vous éprouverez plus de joie. Le jour vient, ou plutôt, avant le jour, le coq a chanté. Ce n'est point l'aspect d'une maison, où les serviteurs ronflent encore, où les portes sont fermées et où tous les habitants endormis ressemblent à des morts; où le muletier agite ses clochettes. Là, rien de semblable; mais tous sans retard cessent pieusement leur sommeil et se lèvent, réveillés par leur supérieur; alors debout, formant un choeur saint, étendant leurs mains, ils chantent les hymnes sacrées. Il ne leur faut pas comme à nous des heures entières pour secouer le sommeil et la pesanteur de tête. . Mais, à peine nous sommes-nous dressés sur nos lits que nous retombons pour étendre longtemps les bras. Plus tard nous nous lavons le visage et les mains, puis nous prenons nos chaussures, nos vêtements, et un long temps se passe.

1404 4. Là, rien de pareil; point de serviteur pour les appeler; on se suffit à soi-même ; point tant de vêtements à prendre, point de temps pour secouer le sommeil, mais à peine ont-ils ouvert les yeux que les sobres habitants du monastère sont aussi éveillés que s'ils l'étaient depuis longtemps. Car, lorsque le coeur n'est pas appesanti et incliné vers la terre par la nourriture qui remplit l'estomac, il faut peu de temps pour recueillir ses esprits; on le fait vite quand on est sobre; les mains sont propres, le sommeil est bien réglé, on n'y entend pas ronfler ni haleter ; nul ne s'est jeté à bas de son lit ni dépouillé durant le sommeil; mais ils ont, en dormant, une attitude plus décente que des gens éveillés; et tout cela grâce à l'ordre parfait qui règne dans leur âme. Ce sont, vraiment des saints et des anges parmi les hommes. Leur grande crainte de Dieu ne leur permet pas de s'engourdir dans le sommeil et d'y ensevelir leur intelligence; mais, en leur procurant le repos, le sommeil ne s'étend qu'à la surface de leur être, et leurs songes ne sont point l'oeuvre d'une imagination désordonnée ni étrange. Mais, comme je le disais, le coq a chanté et aussitôt le supérieur s'est mis en marche ; il a simplement touché du pied chaque moine endormi et les a tous fait lever, car il ne leur est pas permis de se dépouiller pour dormir. S'étant donc levés, ils se tiennent debout, chantant les hymnes des prophètes avec un grand accord et une modulation cadencée. Ni cithare, ni flûte champêtre, ni aucun instrument de musique ne produit des sons tels que ceux que l'on entend lorsque ces saints chantent dans leur solitude, au milieu d'un calme profond; chants salutaires et respirant l'amour de Dieu. « Durant les nuits, étendez vos mains vers Dieu » (Ps 133), dit l'Ecriture ; et ailleurs: « Dès la nuit mon esprit veille vers vous, ô Dieu, parce que vos commandements sont une lumière sur la terre ». (Is 26,9) Les chants de David produisent des sources de larmes. En effet, lorsque l'on chante : « Je me suis fatigué dans mes gémissements ; chaque nuit je laverai mon lit, j'arroserai de mes larmes ma couche ». (Ps 6,7) — « Je mangeais la cendre comme du pain ». (Ps 101,10) — « Qu'est-ce que l'homme pour que vous vous souveniez de lui? » (Ps 8,5) — « L'homme est devenu semblable à ce qui est vain, et ses jours passent comme une ombre ». (Ps 119,4) — « Ne craignez point quand un homme est devenu riche et quand la gloire de sa maison s'est multipliée ». (Ps 49,17) — « C'est Dieu qui fait habiter ensemble des hommes dont les moeurs s'accordent ». (Ps 68,7) — « Sept fois le jour je vous ai loué pour les jugements de votre justice ». (Ps 119,164) — « Je m'éveillais au milieu de la nuit pour confesser devant vous les jugements de votre justice ». (Ps 62) — « Dieu, rachetez mon âme de la main de l'enfer ». (Ps 49,16) — « Quand je marcherais au milieu des ombres de la mort, je ne craindrais point de mal, parce que vous êtes avec moi ». (Ps 23,4) — « Je ne craindrai point la terreur de la nuit, ni la flèche qui vole durant le jour, ni ce qui marche dans les ténèbres, ni les mauvaises rencontres, ni le démon du midi ». (Ps 91,5-6) — « Nous avons été estimés comme des brebis pour la boucherie ». (Ps 44,22) Quand ils chantent avec les anges, car les anges aussi chantent alors avec eux : « Louez le Seigneur du haut (332) des cieux » (Ps 149,1); et cela à l'heure où nous bâillons, où nous ronflons, où nous sommes étendus sur nos lits et où nous méditons mille fraudes, que penser d'hommes qui emploient si saintement les nuits ?

Lorsque le jour va paraître, ils se reposent un peu, et, à l'heure où nous commençons nos travaux, le temps de prendre du repos est venu pour eux. Quand le jour a paru, chacun de nous appelle quelqu'un, calcule l'argent distribué, court à la place, va trouver un magistrat, tremble et craint pour les comptes qu'il doit rendre; un autre se rend sur la scène, un autre à ses occupations. Pour les moines, après qu'ils ont achevé leurs prières du matin et leurs hymnes, ils s'adonnent à la lecture des Ecritures ; il en est aussi qui ont appris à transcrire des livres. Chacun se retire dans la chambre qui lui est assignée et s'y tient dans une tranquillité constante, sans que personne bavarde ou même parle. Ils disent Tierce, Sexte, None et les prières du soir, partageant la journée en quatre parts, et à la fin de chacune, ils louent Dieu par leurs hymnes. Tandis que tous les autres hommes dînent, rient, jouent et se gorgent d'aliments, eux s'appliquent à chanter ses louanges. Jamais de temps pour les plaisirs de la table et des sens. Après le repas, ils se livrent aux mêmes occupations, ayant d'abord fait la sieste; car, au lieu que les gens du monde dorment le jour, eux ils ont veillé la nuit. Ce sont vraiment des enfants de lumière. Les gens du monde, après avoir perdu un long temps dans le sommeil, marchent tout appesantis; eux, toujours sobres, restent longtemps sans nourriture, adonnés au chant des hymnes. Quand le soir est venu, les autres vont se baigner ou se reposer ; pour eux, ayant achevé leurs travaux, ils s'approchent de la table sans mettre en mouvement une troupe d'esclaves, sans courir la maison, sans désordre; ils ne chargent point leur table de mets somptueux, exhalant l'odeur des viandes, mais les uns se contentent de pain et de sel, d'autres y joignent de l'huile, d'autres, les plus faibles, font usage d'herbes potagères et de légumes. Puis, après être demeurés peu de temps assis et ayant clos la journée par des hymnes, chacun va dormir sur un lit de feuilles fait pour le repos et non pour le luxe.

1405 5. Là, point de crainte des magistrats, point d'orgueil insensé des maîtres, point de terreurs des esclaves, point d'agitation des femmes ni de tapage des enfants, point de multitude de coffres ni de réserve inutile d'habits, point d'or ni d'argent, point de garde ni de précautions, point d'office ni rien de semblable; tout respire la prière, les hymnes, la bonne odeur spirituelle; rien de charnel ne s'y trouve. Ils ne craignent point l'arrivée des voleurs, car ils n'ont rien à perdre; point de richesses, ils n'ont que leurs corps et leurs âmes; si on leur prend la vie, ils n'en éprouvent point de tort, mais plutôt un avantage. « Ma vie, c'est le Christ, et la mort m'est un gain » (Ph 1,21) : ils seraient alors délivrés de leurs liens. Vraiment, « la voix de l'allégresse est dans les tentes des justes». (Ps 117,15) On n'entend là ni sanglots ni lamentations ; leur toit est exempt de ces peines et de ces clameurs. Ils meurent dans les mêmes sentiments, car leurs corps ne sont point immortels, mais ils ne pensent pas que la mort soit une mort. Ils accompagnent avec des hymnes ceux qui sont décédés, et ils appellent cette cérémonie une conduite et non des funérailles. Si on leur apprend que tel ou tel est mort, c'est une grande et douce joie; on n'ose pas même dire : Il est mort, mais plutôt : Il a achevé sa carrière. Puis ce sont des actions de grâces, on le glorifie, on se réjouit; chacun prie Dieu d'avoir une semblable fin, de sortir ainsi du combat, pour voir le Christ à la fin de ses combats et de ses travaux. Si quelqu'un d'eux est malade, ce ne sont point des larmes et des lamentations, mais des prières; et souvent ce ne sont pas les soins des médecins, mais la foi seule qui guérit le malade. Mais s'il est besoin de médecins, on trouve là une grande philosophie et une grande fermeté. On ne voit pas auprès du malade une femme qui s'arrache les cheveux, des enfants qui se lamentent d'avance d'être orphelins, des serviteurs qui conjurent le mourant de les léguer à un bon maître; l'âme est libre de ce spectacle et ne pense qu’à se préparer au dernier instant pour paraître devant Dieu agréable à ses yeux. Et si une maladie survient, elle n'a pas pour cause la gourmandise ni l'appesantissement de la tête, mais l'origine en est digne de louange et non de flétrissure : un excès de veilles ou de jeûne ou quelque chose de semblable; aussi est-elle facile à guérir, car il suffit de ne plus se fatiguer pour être délivré de tout.

1406 6. Mais, dira-t-on, où trouver des saints tels que ceux-là pour leur laver les pieds? Il y en a dans l'Eglise. N'allez point, parce que nous vous avons décrit la vie des solitaires, mépriser les saints qui sont dans les églises. Beaucoup de saints tels que ceux-là vivent au milieu des fidèles; mais ils sont cachés. Non, ne les dédaignons point parce qu'ils habitent des maisons, parce qu'ils se montrent sur les places publiques, parce qu'ils exercent quelque charge. C'est Dieu lui-même qui l'a prescrit : « Rendez la justice en faveur de l'orphelin, et faites justice à la veuve ». (Is 1,17) La vertu a divers sentiers, de même qu'il y a des perles bien différentes les unes des autres, et que toutes pourtant sont des perles ; l'une est brillante et parfaitement ronde, l'autre n'a pas la même beauté, mais a une beauté d'autre sorte. Comment cela? De même qu'il est un art de donner au corail de longues branches et des angles bien ciselés, qu'il en est d'une couleur plus agréable à la vue que le blanc, qu'il en est de la nuance verte la plus agréable ; que telle pierre est d'un rouge de sang éclatant, telle autre d'un bleu plus vif que celui de la mer, qu'une autre surpasse la pourpre par son éclat; que dans les fleurs et dans les couleurs du soleil on peut trouver tant de teintes diverses (1); il en est de même des saints, les uns mènent la vie ascétique, les autres édifient les églises. « Si elle a lavé les pieds des saints et pourvu aux besoins de ceux qui endurent tribulation ».

1 Est-ce qu'on connaissait la décomposition de la lumière solaire au IVe siècle ?

Hâtons-nous de le faire, afin de pouvoir nous féliciter au ciel d'avoir lavé les pieds des saints. S'il faut laver leurs pieds, il faut surtout que notre main leur fasse l'aumône. « Que votre main gauche », dit l'Evangile, «ignore ce que fait votre main droite ». (Mt 6,3) Pourquoi tant de témoins ? Que votre serviteur et votre femme même l'ignorent, s'il est possible. Les scandales produits par le perfide sont nombreux; souvent une femme qui n'a jamais mis obstacle à vos bonnes oeuvres s'avise de le faire par vanité ou pour quelque autre motif. Abraham, qui avait une femme admirable, lui cacha qu'il allait immoler son fils parce qu'il ignorait ce qui allait se produire et croyait le sacrifier en effet. Qu'est-ce qu'aurait dit à sa place un homme de sentiments vulgaires? — Qui donc a jamais fait pareille chose, eût-il dit? quelle cruauté ! quelle barbarie ! Ce juste ne songea à rien de semblable, son amour pour son fils ne l'égara pas à ce point. Mais sans permettre à la mère de voir une dernière fois son fils, d'entendre ses dernières paroles, de recueillir sa dernière palpitation, il emmena le jeune homme comme un captif. Il n'avait qu'une seule chose en vue, accomplir l'ordre divin. Ni sa femme ni son fils n'étaient présents à sa pensée. L'enfant ignorait ce qui allait arriver, Abraham faisait tous ses efforts pour offrir une victime pure, et pour ne point la souiller par des larmes et des murmures. Isaac lui dit : « Voici le bois et le feu; où donc est la brebis ? » (Gn 22,7) Et que lui répond son père ? « Dieu pourvoira, mon fils, à la victime de son holocauste ». (Gn 8) Parole prophétique, car Dieu verra son propre fils offert en holocauste ; et Abraham s'est mis en marche. — Dites-moi : pourquoi lui. cachez-vous qu'il doit être immolé ? — C'est que je crains qu'il ne faiblisse et ne paraisse une indigne victime. Vous avez vu avec quelle exactitude il accomplit cette parole : « Que votre main gauche ignore ce que fait votre main droite » ; c'est-à-dire : ne cherchons point sans nécessité à le faire connaître à ceux qui font partie de nous-même; il en résulterait bien des maux. On est entraîné vers la vanité, souvent des obstacles se présentent. Cachons-nous donc à nous-même, s'il est possible, afin d'obtenir les biens promis, en Jésus-Christ Notre-Seigneur, avec qui soient au Père et au Saint-Esprit, gloire, puissance, honneur, maintenant et toujours, et aux siècles des siècles. Ainsi soit-il.



1500

HOMÉLIE XV (5,11-21). MAIS ÉVITEZ LES VEUVES TROP JEUNES; CAR, LORSQU'ELLES SONT SORTIES DES BORNES DE LA MODESTIE CHRÉTIENNE,


Chrysostome sur 1Tm 1300