Discours 2005-2013 1074

AUX REPRÉSENTANTS DE L'AVIATION CIVILE ITALIENNE (ENAC - ENAV) Salle Paul VI Samedi 20 février 2010



Chers frères et soeurs,

Je suis heureux de vous accueillir et d'adresser ma cordiale bienvenue à vous tous, qui représentez le monde diversifié de l'aviation civile italienne. Je salue avec respect les autorités civiles et militaires, avec une pensée particulière pour le Ministre des infrastructures et des transports, M. Altero Matteoli, et M. Vito Reggio, président de l'ENAC (Organisme national de l'aviation civile), que je remercie pour les paroles courtoises qu'ils m'ont adressées. Je salue M. Gianni Letta, sous-secrétaire à la présidence du Conseil des Ministres, qui a voulu présider cette importante rencontre. J'adresse, enfin, une pensée aux dirigeants et à tout le personnel de l'ENAC, de l'ENAV (Organisme national pour l'assistance en vol) et de tous les autres organismes qui composent le système de l'aviation civile.

Au cours du siècle dernier, les frontières de la mobilité se sont largement étendues, avec l'utilisation toujours plus fréquente de l'avion. Le ciel représente aujourd'hui de façon croissante ce que nous pourrions définir une "autoroute" de la viabilité moderne, et, par conséquent, les aéroports sont devenus des carrefours privilégiés du village mondial; comme cela a été rappelé, chaque jour, des millions de personnes y transitent. C'est à vous et à la réalité que vous représentez que sont confiées la gestion et l'organisation toujours plus complexe de ce pivot de la vie contemporaine et de la communication entre les personnes et les peuples. Il s'agit d'un travail souvent discret et peu connu, qui passe fréquemment inaperçu aux yeux des usagers, mais qui n'échappe pas au regard de Dieu, qui voit le travail de l'homme, même celui qui est caché (cf. Mt 6,6).

Les devoirs qui vous sont confiés sont véritablement importants! Vous êtes appelés à réglementer et à contrôler le trafic aérien et à assurer l'efficacité du système national des transports, dans le respect des engagements internationaux du pays; à garantir aux usagers et aux entreprises la sécurité des vols, la protection des droits, la qualité des services dans les escales et la concurrence équitable dans le respect de l'environnement. Dans ces multiples engagements, il est important de rappeler que, dans chaque projet et activité, le premier capital à sauvegarder et à valoriser est la personne, dans son intégrité (cf. Lettre enc. Caritas in veritate ). Celle-ci, en effet, doit représenter la fin, et non pas le moyen, auquel tendre sans cesse. Saint Ambroise nous rappelle que l'"homme est le sommet et presque la somme de l'univers, et la beauté suprême de la création" (Exameron, ix, 75). Le respect de ces principes peut apparaître particulièrement complexe et difficile dans le contexte actuel, en raison de la crise économique qui provoque des effets problématiques dans le secteur de l'aviation civile, et de la menace du terrorisme international, qui vise également les aéroports et les avions pour accomplir son projet subversif. Dans cette situation également, il ne faut jamais perdre de vue que le respect du primat de la personne et l'attention à ses nécessités non seulement ne rendent pas moins efficace le service et ne pénalisent pas la gestion économique, mais au contraire, représentent d'importantes garanties de véritable efficacité et d'authentique qualité.

1075 L'aéroport apparaît aujourd'hui toujours plus comme un miroir du monde et un "lieu" d'humanité, où l'on rencontre des personnes de diverses nationalités, cultures et religions. Dans les aérogares circulent chaque année des millions de passagers pour se rendre sur leurs lieux de vacances ou de travail, pour rejoindre leur famille avec lesquels ils partageront des moments heureux ou douloureux. Un grand nombre de personnes utilisent l'avion pour accomplir un pèlerinage à la recherche de moments de spiritualité et d'expérience de Dieu. De plus, au cours des dernières années, l'aéroport est devenu le lieu où les migrants et les réfugiés vivent des périodes d'attente, d'espérance et de crainte pour leur avenir. En outre, la présence d'enfants et de personnes âgées, handicapées et malades, ayant besoin de soins et d'attentions particulières, est de plus en plus importante. Au cours des dernières décennies, pour le Successeur de Pierre également, l'avion est devenu un instrument irremplaçable d'évangélisation. Comment ne pas rappeler ici la place qu'ont eue les aéroports et les avions dans les voyages apostoliques accomplis par mes vénérés prédécesseurs et moi-même? Je ne peux que vous remercier tous pour ce précieux service!

En outre, l'Eglise accorde au monde de l'aviation civile une attention pastorale particulière. En effet, comme le rappelait le vénéré Pape Jean-Paul II, en pensant précisément à votre milieu si diversifié et complexe: "Combien souhaite-t-on... rencontrer un visage ami, écouter une parole sereine, recevoir un geste de courtoisie et de compréhension concrète!" (Homélie à l'aéroport de Fiumicino, 10 décembre 1991). La communauté chrétienne répond à ces exigences à travers le service des chapelles et des aumôniers des aéroports, qui s'adresse principalement au personnel de vol et de terre, au personnel de la police, de la douane et de la sécurité, et au personnel médical et paramédical, mais également à tous ceux qui transitent dans les aéroports. Cette présence rappelle que chaque personne possède une dimension transcendante, spirituelle, et contribue à nous reconnaître comme une seule famille, composée de sujets qui ne sont pas seulement les uns à côté des autres mais qui, se plaçant en relation avec les autres et avec Dieu, réalisent une solidarité fraternelle fondée sur la justice et sur la paix (cf. Lett. enc. Caritas in veritate ).

Chers amis, le 24 mars 1920, mon prédécesseur Benoît XV, de vénérée mémoire, couronnant le désir de certains pionniers de l'aviation, proclamait la Bienheureuse Vierge de Lorette patronne de tout le personnel navigant aérien, avec une référence à l'"ange Gabriel qui, du ciel, est descendu pour apporter à Marie "l'annonce joyeuse" de la Divine Maternité" (
Lc 1,26-38) et à la tradition de dévotion liée à la Sainte Maison. Je confie votre travail et chacune de vos initiatives à la Vierge de Lorette. Qu'elle vous aide à rechercher toujours et en toutes choses le "Royaume de Dieu et sa justice" (Mt 6,33). Que vous accompagne la Bénédiction apostolique, que je donne de tout coeur à chacun de vous, ainsi qu'à tous vos proches.



CONCLUSION DES EXERCICES SPIRITUELS DE LA CURIE ROMAINE

PAROLES Chapelle « Redemptoris Mater » Samedi 27 février 2010



Chers frères,
Cher père Enrico,

Au nom de toutes les personnes ici présentes, je voudrais de tout coeur vous remercier, père Enrico, pour ces exercices, pour la manière passionnée et très personnelle avec laquelle vous nous avez guidés sur le chemin vers le Christ, sur le chemin de renouveau de notre sacerdoce.

Vous avez choisi comme point de départ, comme toile de fond toujours présente, comme point d'arrivée – nous venons de le voir – la prière de Salomon pour « un coeur qui écoute ». En réalité, il me semble qu'est résumée ici toute la vision chrétienne de l'homme. L'homme n'est pas parfait en soi, l'homme a besoin de la relation, il est un être en relation. Ce n'est pas son cogito qui peut cogitare toute la réalité. Il a besoin de l'écoute, de l'écoute de l'autre, et surtout de l'Autre avec un A majuscule, de Dieu. Ce n'est qu'ainsi qu'il se connaît lui-même, ce n'est qu'ainsi qu'il devient lui-même.

De ma place ici, j'ai toujours vu la Mère du Rédempteur, la Sedes Sapientiae, le trône vivant de la sagesse, avec la Sagesse incarnée sur son sein. Et comme nous l'avons vu, saint Luc présente Marie précisément comme la femme dont le coeur est à l'écoute, qui est plongée dans la Parole de Dieu, qui écoute la Parole, la médite (synbàllein), la compose et la conserve, la garde dans son coeur. Les pères de l'Eglise disent qu'au moment de la conception du Verbe éternel dans le sein de la Vierge, l'Esprit Saint est entré en Marie par son oreille. Dans l'écoute, elle a conçu la Parole éternelle, elle a donné sa chair à cette Parole. Et elle nous dit ainsi ce que signifie avoir un coeur à l'écoute.

Marie est ici entourée par les pères et par les mères de l'Eglise, par la communion des saints. Et nous voyons ainsi et nous avons compris précisément ces jours-ci que ce n'est pas dans le moi isolé que nous pouvons réellement écouter la Parole: ce n'est que dans le nous de l'Eglise, dans le nous de la communion des saints.

1076 Et vous, cher père Enrico, vous nous avez montré, vous avez donné voix à cinq figures exemplaires du sacerdoce, en commençant par Ignace d'Antioche, jusqu'au cher et vénérable Pape Jean-Paul II. Nous avons ainsi réellement perçu à nouveau ce que signifie être prêtre, devenir toujours plus prêtres.

Vous avez également souligné que la consécration est orientée vers la mission, elle est destinée à devenir mission. Ces jours-ci, nous avons approfondi avec l'aide de Dieu notre consécration. Ainsi, avec un nouveau courage, nous voulons à présent affronter notre mission. Que le Seigneur nous aide. Merci, père Enrico, pour votre aide.







                                                                             Mars 2010




AUX ÉVÊQUES DE LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE D'OUGANDA EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM" Vendredi 5 mars 2010



Eminences,
chers frères dans l'épiscopat,

Je suis heureux de vous saluer, évêques d'Ouganda, à l'occasion de votre visite ad limina aux tombeaux des apôtres Pierre et Paul. Je remercie Mgr Ssekamanya pour les sentiments cordiaux de communion avec l'évêque de Pierre qu'il a exprimés en votre nom. Je suis heureux de lui exprimer en retour l'assurance de mes prières et mon affection pour vous et pour le peuple de Dieu confié à vos soins. Mes pensées s'adressent de façon particulière à tous ceux qui ont été frappés par les récents glissements de terrain dans la région de Bududa dans votre pays. J'offre mes prières à Dieu tout-puissant, le Père de toutes les miséricordes, afin qu'il puisse accorder le repos éternel aux âmes des défunts, et donner force et espérance à tous ceux qui souffrent des conséquences de cet événement tragique.

La deuxième assemblée spéciale pour l'Afrique du Synode des évêques, récemment célébrée, a été mémorable car elle a appelé à accomplir des efforts renouvelés au service d'une évangélisation plus profonde de votre continent (cf. Message au peuple de Dieu, 15). La force de la Parole de Dieu, la connaissance et l'amour de Jésus ne peuvent que transformer la vie des personnes, en améliorant leur façon de penser et d'agir. A la lumière du message évangélique, vous êtes conscients du besoin d'encourager les catholiques d'Ouganda à apprécier pleinement le sacrement du mariage, son unité et indissolubilité, et le droit sacré à la vie. Je vous exhorte à aider les prêtres, ainsi que les laïcs, à résister à l'attrait de la culture matérialiste de l'individualisme qui s'est enracinée dans de nombreux pays. Continuez d'exhorter à une paix durable fondée sur la justice, la générosité à l'égard de ceux qui sont dans le besoin et un esprit de dialogue et de réconciliation. Tout en promouvant un véritable oecuménisme, soyez particulièrement proches de ceux qui sont plus vulnérables à la diffusion des sectes. Conduisez-les à rejeter les sentiments superficiels et une prédication qui réduirait à néant la croix du Christ (1Co 1,17). De cette façon, vous continuerez, en tant que pasteurs responsables, à les conserver, ainsi que leurs enfants, fidèles à l'Eglise du Christ. A cet égard, je suis heureux d'apprendre que votre peuple trouve un réconfort spirituel dans les formes populaires d'évangélisation, telles que les pèlerinages organisés au sanctuaire des martyrs ougandais à Namugongo, où la présence pastorale active des évêques et de nombreux prêtres guide la piété des pèlerins vers le renouveau en tant que personnes et communautés. Continuez à soutenir tous ceux qui, avec un coeur généreux, assistent les personnes déplacées et les orphelins provenant de régions déchirées par la guerre. Encouragez tous ceux qui prennent soin des personnes frappées par la pauvreté, par le sida et d'autres maladies, en leur enseignant à voir dans ceux qu'ils servent le visage souffrant de Jésus (cf. Mt 25,40).

Une évangélisation renouvelée engendre à son tour une culture catholique plus profonde qui s'enracine dans la famille. Dans vos rapports quinquennaux, je constate que les programmes éducatifs dans les paroisses, les écoles et les associations, ainsi que vos interventions personnelles dans des domaines d'intérêt commun, diffusent une culture catholique plus forte. Un grand bien peut provenir de laïcs bien préparés et actifs dans les médias, dans la politique et la culture. Des cours pour leur formation adaptée, en particulier dans le domaine de la doctrine sociale de l'Eglise, devraient être offerts, en profitant des ressources de l'Université des martyrs d'Ouganda, ou d'autres institutions. Encouragez-les à être actifs et honnêtes au service de ce qui est juste et noble. De cette façon, la société tout entière pourra bénéficier de chrétiens bien formés et zélés, qui occupent des fonctions de responsabilité au service du bien commun. Les mouvements ecclésiaux méritent également votre soutien, en raison de leur contribution positive à la vie de l'Eglise dans de nombreux secteurs.

Les évêques, en tant que premiers agents de l'évangélisation, sont appelés à apporter un témoignage clair de la solidarité concrète qui naît de notre communion avec le Christ. Dans un esprit de charité chrétienne, les diocèses qui disposent de plus de ressources, tant matérielles que spirituelles, devraient assister ceux qui en ont moins. Dans le même temps, toutes les communautés ont le devoir de rechercher les moyens de garantir leur autosuffisance. Il est important que votre peuple développe un sens de responsabilité envers lui-même, sa communauté et son Eglise, et devienne toujours plus profondément imprégné par un esprit catholique sensible aux besoins de l'Eglise universelle.

Vos prêtres, en tant que ministres dévoués de l'évangélisation, bénéficient déjà dans une large mesure de votre sollicitude et de votre direction paternelles. En cette année sacerdotale, offrez-leur votre assistance, votre exemple, et votre enseignement clair. Exhortez-les à la prière et à la vigilance, en particulier en ce qui concerne les ambitions individualistes, matérialistes ou politiques, ou l'attachement excessif à la famille ou à un groupe ethnique. Continuez de promouvoir les vocations, en assurant le discernement nécessaire des candidats et de leur motivation, ainsi que leur formation adaptée, en particulier leur formation spirituelle. Les prêtres doivent être des hommes de Dieu, capables de guider les autres le long des voies du Seigneur, à travers des conseils sages et l'exemple.

1077 Les religieux et les religieuses en Ouganda sont appelés à être un exemple et une source d'encouragement pour l'Eglise tout entière. A travers vos conseils et vos prières, assistez-les tandis qu'ils s'efforcent d'atteindre l'objectif de la charité parfaite et apportent le témoignage du Royaume. Les prêtres et les religieux requièrent un soutien constant dans leur vie de célibat et de virginité consacrée. A travers votre propre exemple, enseignez-leur la beauté de ce style de vie, de la paternité et de la maternité spirituelles à travers lesquels ils peuvent enrichir et approfondir l'amour des fidèles pour le Créateur et le Dispensateur de tous biens. Vos catéchistes représentent également une grande ressource. Continuez d'être attentifs à leurs besoins et à leur formation, et offrez-leur, pour les encourager, l'exemple de martyrs tels que les bienheureux Daudi Okello et Jildo Irwa.

Chers frères dans l'épiscopat, avec l'apôtre Paul, je vous exhorte: "Pour toi, sois prudent en tout, supporte l'épreuve, fais oeuvre de prédicateur de l'Evangile, acquitte-toi à la perfection de ton ministère" (
2Tm 4,5). Dans les bienheureux martyrs ougandais, votre peuple et vous-mêmes trouverez des modèles de grand courage et d'endurance dans la souffrance. Comptez sur leur prière et cherchez toujours à être fidèles à leur héritage. En vous recommandant, ainsi que tous ceux qui sont confiés à votre soin pastoral, à la protection affectueuse de Marie, Mère de l'Eglise, je donne avec affection à tous ma Bénédiction apostolique.




AUX DIRIGEANTS, AU PERSONNEL ET AUX VOLONTAIRES

DE LA PROTECTION CIVILE ITALIENNE Salle Paul VI Samedi 6 mars 2010



Chers amis,

Je suis très heureux de vous accueillir et d'adresser une cordiale bienvenue à chacun de vous. Je salue mes confrères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce, ainsi que toutes les autorités. Je salue M. Guido Bertolaso, sous-secrétaire à la présidence du conseil des ministres et chef du département de la Protection civile, et je le remercie pour les paroles courtoises qu'il m'a adressées au nom du tous et pour tout ce qu'il fait pour la société civile et pour nous tous. Je salue M. Gianni Letta, sous-secrétaire à la présidence du conseil des ministres, présent à cette rencontre. J'adresse mon salut affectueux aux nombreux hommes et femmes volontaires, ainsi qu'aux représentants de certains secteurs du Service national de la Protection civile.

Cette rencontre a été précédée par un joyeux moment de fête, égayé également par les interprétations musicales de l'Orchestre symphonique des Abruzzes. J'adresse à tous une pensée reconnaissante. Vous avez voulu reparcourir l'activité menée par la Protection civile au cours des dix dernières années, tant à l'occasion de situations d'urgence nationales et internationales, que dans l'activité de soutien aux grands événements spéciaux. Comment ne pas rappeler, à ce propos, les interventions en faveur des victimes du tremblement de terre de San Giuliano di Puglia et, surtout, des Abruzzes? Moi-même, en visitant Onna et L'Aquila en avril dernier, j'ai pu constater en personne avec quel engagement vous vous prodiguez pour assister ceux qui avaient perdu leurs proches et leurs habitations. Les paroles que je vous ai alors adressées me semblent appropriées: « Merci de ce que vous avez fait et surtout de l'amour avec lequel vous l'avez fait. Merci de l'exemple que vous avez donné » (Discours lors de la rencontre avec les fidèles et le personnel engagé dans les secours, 28 avril 2009; cf. ORLF n. 18 du 5 mai 2009). Et comment ne pas penser avec admiration aux nombreux hommes et femmes volontaires qui ont garanti l'assistance et la sécurité à la foule immense de jeunes, et pas seulement, présente à l'inoubliable Journée mondiale de la Jeunesse en l'an 2000, ou venue à Rome pour rendre un dernier salut au Pape Jean-Paul II ?

Chers volontaires de la Protection civile: je sais que vous avez fortement désiré cette rencontre; je peux vous assurer que je la désirais également vivement. Vous représentez l'une des expressions les plus récentes et développées de la longue tradition de solidarité qui plonge ses racines dans l'altruisme et dans la générosité du peuple italien. Le volontariat de la Protection civile est devenu un phénomène national, qui a revêtu un caractère de participation et d'organisation particulièrement significatif, et qui comprend aujourd'hui environ un million trois cent mille membres, répartis dans plus de trois mille organisations. Les finalités et les intentions de votre association ont trouvé une reconnaissance dans des normes législatives appropriées, qui ont contribué à la formation d'une identité nationale du volontariat de la Protection civile, attentive aux besoins primordiaux de la personne et du bien commun.

Les termes « protection » et « civile » représentent des coordonnées précises et expriment de manière profonde votre mission, je dirais votre « vocation »: protéger les personnes et leur dignité – biens centraux de la société civile – dans les cas tragiques de catastrophes et d'urgence qui menacent la vie et la sécurité des familles ou de communautés tout entières. Cette mission ne consiste pas seulement dans la gestion de l'urgence, mais dans la contribution ponctuelle et de grand mérite à la réalisation du bien commun, qui représente toujours l'horizon de la coexistence humaine, également et surtout dans les moments de grande épreuve; Celles-ci sont des occasions de discernement et non de désespoir. Elles offrent l'opportunité d'élaborer un nouveau projet social, visant davantage à la vertu et au bien de tous.

La double dimension de la protection, qui s'exprime aussi bien pendant l'urgence qu'après celle-ci, est bien exprimée par la figure du bon Samaritain, décrite par l'Evangile de Luc (cf. Lc 10,30-35). Ce personnage a fait preuve sans aucun doute de charité, d'humilité et de courage en assistant le malheureux au moment du plus grand besoin. Et cela lorsque tous – certains par indifférence, d'autres par sécheresse du coeur – détournent le regard. Le bon Samaritain enseigne, toutefois, à aller au-delà de l'urgence et à anticiper, pourrions-nous dire, le retour à la normalité. En effet, il panse les blessures de l'homme tombé à terre, mais ensuite il se préoccupe de le confier à l'hôtelier afin que, passée l'urgence, il puisse se rétablir.

1078 Comme nous l'enseigne la page évangélique, l'amour pour le prochain ne peut pas être délégué: l'Etat et la politique, même avec les nécessaires attentions pour les politiques sociales, ne peuvent pas remplacer celui-ci. Comme je l'ai écrit dans l'encyclique Deus caritas est: « L'amour sera toujours nécessaire, même dans la société la plus juste. Il n'y a aucun ordre juste de l'Etat qui puisse rendre superflu le service de l'amour. Celui qui veut s'affranchir de l'amour se prépare à s'affranchir de l'homme en tant qu'homme. Il y aura toujours de la souffrance, qui réclame consolation et aide. Il y aura toujours de la solitude. De même, il y aura toujours des situations de nécessité matérielle, pour lesquelles une aide est indispensable, dans le sens d'un amour concret pour le prochain » (n. 28). Celui-ci exige et exigera toujours l'engagement personnel et volontaire. C'est précisément pour cette raison que les volontaires ne sont pas des « bouche-trous » du réseau social, mais des personnes qui contribuent véritablement à dessiner le visage humain et chrétien de la société. Sans volontariat, le bien commun et la société ne peuvent pas durer longtemps, car leur progrès et leur dignité dépendent dans une large mesure précisément de ces personnes qui font plus que leur simple devoir.

Chers amis! Votre engagement est un service rendu à la dignité de l'homme fondée sur sa nature d'être créé à l'image et à la ressemblance de Dieu (cf. Gn
Gn 1,26). Comme nous l'a montré l'épisode du bon Samaritain, certains regards peuvent se perdre dans le vide voire dans le mépris, mais d'autres regards sont aussi pleins d'amour. Plus encore que des gardiens du territoire, soyez toujours des icônes vivantes du bon Samaritain, en portant attention à votre prochain, en vous rappelant la dignité de l'homme et en suscitant l'espérance. Lorsqu'une personne ne se limite pas seulement à faire son devoir dans sa profession et dans sa famille, mais s'engage au service des autres, son coeur s'agrandit. Celui qui aime et qui sert gratuitement l'autre comme son prochain, vit et agit selon l'Evangile et prend part à la mission de l'Eglise, qui regarde toujours l'homme tout entier et veut lui faire ressentir l'amour de Dieu.

Chers volontaires, hommes et femmes, l'Eglise et le Pape soutiennent votre précieux service. Que la Vierge Marie, qui se rend « en hâte » auprès de sa cousine Elisabeth pour l'aider (cf. Lc 1,39), soit votre modèle. Tandis que je vous confie à l'intercession de votre patron, saint Pio da Pietrelcina, je vous assure de mon souvenir dans la prière et je vous donne avec affection, à vous et aux personnes qui vous sont chères, la Bénédiction apostolique.


DISCOURS

AUX PARTICIPANTS AU COURS SUR LE FOR INTERNE

ORGANISÉ PAR LA PÉNITENCERIE APOSTOLIQUE Salle Clémentine Jeudi 11 mars 2010



Chers amis,

Je suis heureux de vous rencontrer et de souhaiter à chacun de vous la bienvenue, à l'occasion du cours annuel sur le For interne organisé par la Pénitencerie apostolique. Je salue cordialement Mgr Fortunato Baldelli qui, pour la première fois, en tant que Pénitencier majeur, a conduit votre session d'études et je le remercie pour les paroles qu'il m'a adressées. Je salue avec lui Mgr Gianfranco Girotti, le régent, le personnel de la Pénitencerie et vous tous qui, à travers la participation à cette initiative, manifestez la forte exigence d'approfondir une thématique essentielle pour le ministère et la vie des prêtres.

Votre cours prend place, de manière providentielle, dans l'Année sacerdotale, que j'ai proclamée pour le 150 anniversaire de la naissance au ciel de saint Jean-Marie Vianney, qui a exercé de manière héroïque et féconde le ministère de la Réconciliation. Comme je l'ai affirmé dans la Lettre d'indiction: "Nous tous, prêtres, nous devrions réaliser que les paroles qu'il mettait dans la bouche du Christ nous concernent personnellement: "Je chargerai mes ministres de leur annoncer que je suis toujours prêt à les recevoir, que ma miséricorde est infinie". Du Saint Curé d'Ars, nous pouvons apprendre, nous prêtres, non seulement une inépuisable confiance dans le sacrement de la Pénitence au point de nous inciter à le remettre au centre de nos préoccupations pastorales, mais aussi une méthode pour le "dialogue de salut" qui doit s'établir en lui". D'où proviennent les racines de l'héroïcité et de la fécondité, avec lesquelles saint Jean-Marie Vianney a vécu son ministère de confesseur? Avant tout d'une intense dimension pénitentielle personnelle. La conscience de sa propre limite et le besoin de recourir à la Miséricorde divine pour demander pardon, pour convertir le coeur et pour être soutenus sur le chemin de la sainteté, sont fondamentales dans la vie du prêtre: seul celui qui le premier a fait l'expérience de sa grandeur peut être un annonciateur convaincu et un administrateur de la Miséricorde de Dieu. Tout prêtre devient ministre de la Pénitence en raison de sa configuration ontologique au Christ, Prêtre suprême et éternel, qui réconcilie l'humanité avec le Père; toutefois, la fidélité dans l'administration du Sacrement de la Réconciliation est confiée à la responsabilité du prêtre.

Nous vivons dans un contexte culturel marqué par la mentalité hédoniste et relativiste, qui tend à effacer Dieu de l'horizon de la vie, ne favorise pas l'acquisition d'un cadre clair de valeurs de référence et n'aide pas à discerner le bien du mal et à développer un sens juste du péché. Cette situation rend encore plus urgent le service d'administrateurs de la Miséricorde divine. Nous ne devons pas oublier, en effet, qu'il y a une sorte de cercle vicieux entre l'obscurcissement de l'expérience de Dieu et la perte du sens du péché. Toutefois, si nous considérons le contexte culturel dans lequel vécut saint Jean-Marie Vianney, nous voyons que, sous divers aspects, il n'était pas si éloigné du nôtre. De son temps, en effet, il existait aussi une mentalité hostile à la foi, exprimée par des forces qui tentaient même d'empêcher l'exercice du ministère. Dans de telles circonstances, le saint Curé d'Ars fit "de l'église sa maison", pour conduire les hommes à Dieu. Il vécut avec radicalité l'esprit de prière, le rapport personnel et intime avec le Christ, la célébration de la Messe, l'Adoration eucharistique et la pauvreté évangélique, en apparaissant à ses contemporains comme un signe si évident de la présence de Dieu, qu'il poussait beaucoup de pénitents à s'approcher de son confessionnal. Dans les conditions de liberté où il est aujourd'hui possible d'exercer le ministère sacerdotal, il est nécessaire que les curés vivent de "manière élevée" leur réponse à la vocation, parce que seul celui qui devient chaque jour présence vivante et claire du Seigneur peut susciter chez les fidèles le sens du péché, donner courage et faire naître le désir du pardon de Dieu.

Chers confrères, il faut revenir au confessionnal, comme lieu dans lequel célébrer le Sacrement de la Réconciliation, mais aussi comme lieu où "habiter" plus souvent, pour que le fidèle puisse trouver miséricorde, conseil et réconfort, se sentir aimé et compris de Dieu et ressentir la présence de la Miséricorde divine, à côté de la présence réelle de l'Eucharistie. La "crise" du Sacrement de la Pénitence, dont on parle souvent, interpelle avant tout les prêtres et leur grande responsabilité d'éduquer le peuple de Dieu aux exigences radicales de l'Evangile. En particulier, elle exige d'eux de se consacrer généreusement à l'écoute des confessions sacramentelles; de guider avec courage le troupeau, pour qu'il ne se conforme pas à la mentalité de ce monde (cf. Rm 12,2), mais sache faire des choix également à contre-courant, en évitant les accommodements ou les compromis. C'est pour cette raison qu'il est important que le prêtre soit animé d'une tension ascétique permanente, nourrie par la communion avec Dieu et qu'il se consacre à une mise à jour constante dans l'étude de la théologie morale et des sciences humaines.

Saint Jean-Marie Vianney savait instaurer avec les pénitents un véritable "dialogue de salut", en montrant la beauté et la grandeur de la bonté du Seigneur et en suscitant ce désir de Dieu et du Ciel, dont les saints sont les premiers porteurs. Il affirmait: "Le Bon Dieu sait tout. Avant même que vous vous confessiez, il sait déjà que vous pécherez encore et, toutefois, il vous pardonne. L'Amour de notre Dieu est si grand, il va jusqu'à oublier volontairement l'avenir, pour nous pardonner" (Monnin A., Le Curé d'Ars. Vie de Jean-Baptiste-Marie Vianney, vol. i, Turin, 187, p. 130). Le devoir du prêtre est de favoriser cette expérience du "dialogue de salut" qui, naissant de la certitude d'être aimés de Dieu, aide l'homme à reconnaître son péché et à s'introduire progressivement dans cette dynamique stable de conversion du coeur, qui conduit au renoncement radical au mal et à une vie selon Dieu (cf. Catéchisme de l'Eglise catholique CEC 1431).

1079 Chers prêtres, quel ministère extraordinaire le Seigneur nous a confié! De même que dans la célébration eucharistique, il se place entre les mains du prêtre pour continuer à être présent au milieu de son peuple, ainsi, dans le Sacrement de la Réconciliation, il se confie au prêtre pour que les hommes fassent l'expérience du baiser avec lequel le père accueille à nouveau le fils prodigue, en lui rendant sa dignité filiale et le reconstituant pleinement héritier (cf. Lc 15,11-32). Que la Vierge Marie et le saint Curé d'Ars nous aident à faire l'expérience dans notre vie de la largeur, de la longueur, de la hauteur et de la profondeur de l'Amour de Dieu (cf. Ep Ep 3,18-19), pour en être des administrateurs fidèles et généreux. Je vous remercie tous de tout coeur et je vous donne volontiers ma Bénédiction.


DISCOURS

AUX PARTICIPANTS AU CONGRÈS THÉOLOGIQUE

ORGANISÉ PAR LA CONGRÉGATION POUR LE CLERGÉ Salle des Bénédictions Vendredi 12 mars 2010



Messieurs les cardinaux,
Chers confrères dans l'épiscopat
et dans le sacerdoce,
Chers participants,

Je suis heureux de vous rencontrer en cette occasion particulière et je vous salue tous avec affection. J'adresse une pensée particulière au cardinal Cláudio Hummes, préfet de la Congrégation pour le clergé, et je le remercie pour les paroles qu'il m'a adressées. Ma gratitude va à tout le dicastère, pour l'engagement avec lequel il coordonne les multiples initiatives de l'Année sacerdotale, parmi lesquelles ce Congrès théologique, sur le thème: « Fidélité du Christ, fidélité du prêtre ». Je me réjouis de cette initiative, qui voit la présence de plus de 50 évêques et de plus de 500 prêtres, dont un grand nombre sont responsables nationaux ou diocésains du clergé et de la formation permanente. Votre attention à l'égard des thèmes concernant le sacerdoce ministériel est l'un des fruits de cette Année spéciale, que j'ai voulu proclamer précisément pour « promouvoir un engagement de renouveau intérieur de tous les prêtres afin de rendre plus incisif et vigoureux leur témoignage évangélique dans le monde d'aujourd'hui » (Lettre pour l'indiction de l'Année sacerdotale; cf. ORLF n. 25 du 23 juin 2009).

Le thème de l'identité sacerdotale, objet de votre première journée d'étude est déterminant pour l'exercice du sacerdoce ministériel à l'heure actuelle et à l'avenir. A une époque comme la nôtre, si « polycentrique » et qui tend à amoindrir tout type de conception identitaire, considérée par beaucoup comme contraire à la liberté et à la démocratie, il est important d'avoir clairement à l'esprit la particularité théologique du Ministère ordonné pour ne pas céder à la tentation de le réduire aux catégories culturelles dominantes. Dans un contexte de sécularisation diffuse, qui exclut progressivement Dieu du domaine public, et, tendanciellement, également de la conscience sociale commune, le prêtre apparaît souvent « étranger » au sentiment commun, précisément en raison des aspects les plus fondamentaux de son ministère, comme ceux d'être l'homme du sacré, en retrait du monde pour intercéder en faveur du monde, constitué, dans cette mission, par Dieu et non par les hommes (cf. He 5,1). Pour cette raison, il est important de surmonter de dangereux réductionnismes, qui, dans les décennies passées, en utilisant des catégories plus fonctionnalistes qu'ontologiques, ont présenté le prêtre presque comme un « agent social », risquant de trahir le sacerdoce du Christ lui-même. De même que se révèle toujours plus urgente l'herméneutique de la continuité, pour comprendre de manière adaptée les textes du Concile oecuménique Vatican II, se fait aussi jour la nécessité d'une herméneutique que nous pourrions définir « de la continuité sacerdotale », qui, partant de Jésus de Nazareth, Seigneur et Christ, et passant à travers les deux mille ans de l'histoire de grandeur et de sainteté, de culture et de piété, que le sacerdoce a écrit dans le monde, parvienne jusqu'à notre époque.

Chers frères prêtres, à l'époque où nous vivons, il est particulièrement important que l'appel à participer à l'unique sacerdoce du Christ dans le Ministère ordonné fleurisse dans le « charisme de la prophétie »: il y a un grand besoin de prêtres qui parlent de Dieu au monde et qui présentent le monde à Dieu; d'hommes qui ne soient pas sujets à des modes culturelles éphémères, mais capables de vive authentiquement cette liberté que seule la certitude de l'appartenance à Dieu est en mesure de donner. Comme votre congrès l'a bien souligné, la prophétie aujourd'hui la plus nécessaire est celle de la fidélité, qui à partir de la Fidélité du Christ à l'humanité, à travers l'Eglise et le sacerdoce ministériel, conduise à vivre son propre sacerdoce en totale adhésion au Christ et à l'Eglise. En effet, le prêtre n'appartient plus à lui-même, mais, par le sceau sacramentel reçu (cf. Catéchisme de l'Eglise catholique CEC 1563 CEC 1582), il est « propriété » de Dieu. Ce fait d'« être à un Autre » doit devenir reconnaissable par tous, à travers un témoignage transparent.

Dans la manière de penser, de parler, de juger les faits du monde, de servir et d'aimer, de se mettre en relation avec les personnes, même dans l'habit, le prêtre doit tirer la force prophétique de son appartenance sacramentelle, de son être profond. En conséquence, il doit avoir soin de se soustraire à la mentalité dominante, qui tend à associer la valeur du ministre non à son être, mais seulement à sa fonction, méconnaissant ainsi l'oeuvre de Dieu, qui marque l'identité profonde de la personne du prêtre, le configurant à Lui de manière définitive (cf. ibid., n. 1583).


Discours 2005-2013 1074