Discours 2005-2013 920


PÈLERINAGE

DU SAINT-PÈRE BENOÎT XVI

EN TERRE SAINTE

(8-15 MAI 2009)

VISITE DE COURTOISIE AU GRAND MUFTI Esplanade de la Mosquée - Jérusalem Mardi 12 mai 2009

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Chers Amis Musulmans,
As-salámu ‘aláikum ! La paix soit avec vous !

Je remercie cordialement le Grand Mufti, Muhammad Ahmad Hussein, ainsi que le Président du Waqf Islamique de Jérusalem, Sheikh Mohammed Azzam al-Khatib al-Tamimi, et le Chef du Conseil Awquaf, Sheikh Abdel Azim Salhab, pour leurs aimables paroles de bienvenue. Je vous suis profondément reconnaissant de m’avoir invité à visiter ce lieu sacré, et je présente volontiers mes respects à vous-mêmes et aux responsables de la Communauté musulmane de Jérusalem.

Le dôme du Rocher invite nos coeurs et nos esprits à réfléchir sur le mystère de la création et sur la foi d’Abraham. Ici, les chemins des trois grandes religions monothéistes du monde se rencontrent, nous rappelant ce qu’elles ont en commun. Chacune croit en un Dieu unique, créateur et régissant toute chose. Chacune reconnaît en Abraham un ancêtre, un homme de foi auquel Dieu accorda une bénédiction spéciale. Chacune a rassemblé de nombreux disciples tout au long des siècles et a inspiré un riche patrimoine spirituel, intellectuel et culturel.

Dans un monde tristement déchiré par les divisions, ce lieu sacré sert de stimulant et met aussi les hommes et les femmes de bonne volonté au défi de travailler afin que soient dépassés les malentendus et les conflits du passé et que soit ouvert le chemin d’un dialogue sincère destiné à construire un monde de justice et de paix pour les futures générations.

Puisque les enseignements des traditions religieuses concernent, en fin de compte, la réalité de Dieu, le sens de la vie et la destinée commune de l’humanité – c’est-à-dire, tout ce qu’il y a de plus sacré et de plus précieux pour nous -, on peut être tenté ici de s’engager dans un tel dialogue avec crainte et doute quant aux possibilités de succès. Néanmoins, nous pouvons commencer par nous appuyer sur la foi au Dieu unique, source infinie de justice et de miséricorde, puisqu’en lui ces deux qualités existent dans un parfaite unité. Ceux qui croient en son nom ont le devoir de s’efforcer inlassablement d’être justes en imitant son pardon, car les deux qualités sont orientées intrinsèquement vers la coexistence pacifique et harmonieuse de la famille humaine.

Pour cette raison, il est de la plus haute importance que ceux qui adorent le Dieu Unique puissent montrer qu’ils sont à la fois enracinés dans et orientés vers l’unité de la famille humaine tout entière. En d’autres termes, la fidélité au Dieu Unique, le Créateur, le Très-Haut, conduit à reconnaître que les êtres humains sont fondamentalement en relation les uns avec les autres, puisque tous doivent leur existence véritable à une seule source et tous marchent vers une fin commune. Marqués du sceau indélébile du divin, ils sont appelés à jouer un rôle actif en réparant les divisions et en promouvant la solidarité humaine.

Cela fait peser sur nous une grande responsabilité. Ceux qui honorent le Dieu Unique croient qu’il tiendra les êtres humains responsables de leurs actions. Les Chrétiens affirment que le don divin de la raison et de la liberté est à la base de ce devoir de répondre de ses actes. La raison ouvre l’esprit à la compréhension de la nature et de la destinée communes de la famille humaine, tandis que la liberté pousse les coeurs à accepter l’autre et à le servir dans la charité. L’amour indivisible pour le Dieu Unique et la charité envers le prochain deviennent ainsi le pivot autour duquel tout tourne. C’est pourquoi nous travaillons infatigablement pour préserver les coeurs humains de la haine, de la colère ou de la vengeance.

Chers amis, je suis venu à Jérusalem pour un pèlerinage de foi. Je remercie Dieu de cette occasion qui m’est donnée de vous rencontrer comme Évêque de Rome et Successeur de l’Apôtre Pierre, mais aussi comme fils d’Abraham, en qui « seront bénies toutes les familles de la terre » (
Gn 12,3 cf. Rm 4,16-17). Je vous assure que l’Église désire ardemment coopérer au bien-être de la famille humaine. Elle croit fermement que la réalisation de la promesse faite à Abraham est universelle dans son ampleur, embrassant tout homme et toute femme, sans considération pour sa provenance ou pour son statut social. Tandis que Musulmans et Chrétiens poursuivent le dialogue respectueux qu’ils ont entamé, je prie pour qu’ils cherchent comment l’Unicité de Dieu est liée de façon inextricable à l’unité de la famille humaine. En se soumettant à son dessein d’amour sur la création, en étudiant la loi inscrite dans le cosmos et gravée dans le coeur de l’homme, en réfléchissant sur le don mystérieux de l’autorévélation de Dieu, puissent les croyants continuer à maintenir leurs regards fixés sur la bonté absolue de Dieu, sans jamais perdre de vue la manière dont elle se reflète sur le visage des autres !

922 Avec ces sentiments, je demande humblement au Tout-Puissant de vous apporter la paix et de bénir l’ensemble des populations bien-aimées de cette région. Puissions-nous nous efforcer de vivre dans un esprit d’harmonie et de coopération, rendant témoignage au Dieu Unique en servant généreusement les autres ! Merci.

PÈLERINAGE

DU SAINT-PÈRE BENOÎT XVI

EN TERRE SAINTE

(8-15 MAI 2009)

PRIÈRE

AU MUR OCCIDENTAL DE JÉRUSALEM Mardi 12 mai 2009



Dieu de toute éternité,
au cours de ma visite à Jérusalem, la « Ville de la Paix »,
patrie spirituelle pour les Juifs, les Chrétiens et les Musulmans,
je te présente les joies, les espérances et les aspirations
les épreuves, la souffrance et la peine de tout ton peuple répandu à travers le monde.

Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob,
entends le cri de l’affligé, de qui a peur, du désespéré ;
envoie ta paix sur cette Terre Sainte, sur le Moyen-Orient,
sur la famille humaine tout entière ;
923 éveille le coeur de tous ceux qui invoquent ton nom
afin qu’ils marchent humblement sur le chemin de la justice et de la compassion.

« Le Seigneur est bon pour qui se tourne vers lui,
pour celui qui le recherche » (
Lm 3,25) !

PÈLERINAGE

DU SAINT-PÈRE BENOÎT XVI

EN TERRE SAINTE

(8-15 MAI 2009)

VISITE DE COURTOISIE

AU GRAND RABBINAT


Centre Hechal Shlomo - Jérusalem Mardi 12 mai 2009



Messieurs les Grands Rabbins,
Chers Amis,

Je vous suis reconnaissant de m’avoir invité à visiter Heichal Shlomo et à vous rencontrer durant mon voyage en Terre Sainte en tant qu’Évêque de Rome. Je remercie le Rabbin Sépharade Shlomo Amar et le Rabbin Ashkenaze Yona Metzger pour leurs paroles chaleureuses de bienvenue et pour le désir qu’ils ont exprimé de continuer à renforcer les liens d’amitié que l’Église catholique et le Grand Rabbinat se sont efforcés avec assiduité de forger au cours des dernières décennies. Vos visites au Vatican en 2004 et 2005 sont un signe de la bonne volonté qui caractérise le développement de nos relations.

Messieurs les Rabbins, en retour, je vous exprime mes propres sentiments de respect et d’estime, que j’étends à vos communautés, et je vous assure de mon désir d’approfondir la compréhension mutuelle et la coopération entre le Saint-Siège, le Grand Rabbinat d’Israël et le peuple juif à travers le monde.

C’est une source de grande satisfaction pour moi, depuis le début de mon pontificat, de voir les fruits produits par le dialogue en court entre la Délégation de la Commission du Saint-Siège pour les Relations religieuses avec les Juifs et le Grand Rabbinat de la Délégation d’Israël pour les Relations avec l’Église catholique. Je désire remercier les membres des deux délégations pour leur dévouement et leur dur labeur en vue de concrétiser cette initiative, si ardemment désirée par mon vénéré prédécesseur le Pape Jean-Paul II, comme il l’avait exprimé durant le Grand jubilé de l’An 2000.

924 Notre rencontre, aujourd’hui, est une occasion des plus appropriées de remercier le Tout-Puissant pour les nombreuses bénédictions qui ont accompagnées le dialogue conduit par la Commission bilatérale, et pour envisager avec confiance les prochaines sessions. La bonne volonté des délégués à discuter ouvertement et patiemment non seulement sur les points de convergence, mais aussi de désaccord, a déjà ouvert la voie à une collaboration plus effective dans la vie publique. Juifs et Chrétiens sont concernés de la même manière pour assurer le respect de la nature sacrée de la vie humaine, le caractère central de la famille, une éducation solide des jeunes, et la liberté de religion et de conscience dans une société saine. Ces thèmes de dialogue ne sont toutefois que les phases initiales de ce qui, nous le croyons, sera un cheminement continu et progressif vers une compréhension mutuelle plus grande.

Une indication du potentiel de ces rencontres peut être facilement aperçue à travers notre commune préoccupation face au relativisme moral et aux violations qu’il engendre contre la dignité de la personne humaine. En abordant les questions éthiques les plus urgentes de notre époque, nos deux communautés sont confrontées au défi d’engager les hommes de bonne volonté à se placer au niveau de la raison, tandis que simultanément, elles doivent mettre en évidence les fondements religieux qui soutiennent le mieux les valeurs morales ultimes. Puisse le dialogue qui a commencé, continuer à susciter des idées sur la manière dont les Chrétiens et les Juifs peuvent travailler afin que grandisse l’estime de la société envers la contribution remarquable de nos traditions religieuses et éthiques. Ici, en Israël, étant donné que les Chrétiens ne constituent seulement qu’une petite portion de la population totale, ils attachent une valeur particulière aux occasions de dialogue avec leurs voisins juifs.

La confiance est sans aucun doute un élément essentiel du dialogue véritable. Aujourd’hui, m’est offerte la possibilité de répéter que l’Église catholique est engagée de façon irrévocable sur le chemin choisi par le Concile Vatican II en faveur d’une réconciliation authentique et durable entre les Chrétiens et les Juifs. Comme Nostra Aetate le dit clairement, l’Église continue de valoriser le patrimoine commun aux Chrétiens et aux Juifs et désire une compréhension mutuelle et un respect toujours plus profonds à travers les études bibliques et théologiques comme à travers les dialogues fraternels. Puissent les sept rencontres des Commissions bilatérales qui se sont déjà tenues entre le Saint-Siège et le Grand Rabbinat en être une preuve ! Je vous suis donc reconnaissant de l’assurance que vous avez manifestée que les relations entre le Saint-Siège et le Grand Rabbinat continueront, à l’avenir, à croître dans le respect et la compréhension.

Chers amis, je vous exprime à nouveau ma profonde appréciation pour l’accueil que vous m’avez réservé aujourd’hui. Je suis sûr que notre amitié continuera d’être un exemple de confiance dans le dialogue entre Juifs et Chrétiens à travers le monde. En regardant les réalisations accomplies jusqu’à présent, et en tirant notre inspiration des Saintes Écritures, nous pouvons regarder l’avenir avec confiance concernant la coopération toujours plus ardente entre nos communautés – ainsi qu’avec toutes les personnes de bonne volonté – afin de dénoncer la haine et les persécutions à travers le monde. Je prie pour que Dieu, qui cherche nos coeurs et connaît nos pensées (
Ps 139,23), continue à nous éclairer de sa sagesse, afin que nous puissions suivre ses commandements de l’aimer de tout notre coeur, de toute notre âme et de toutes nos forces (cf. Dt Dt 6,5), et d’aimer notre prochain comme nous-mêmes (Lv 19,18). Je vous remercie.

PÈLERINAGE

DU SAINT-PÈRE BENOÎT XVI

EN TERRE SAINTE

(8-15 MAI 2009)

PRIÈRE DU REGINA CAELI

AVEC LES ÉVÊQUES DE TERRE SAINTE REGINA CAELI Cénacle de Jérusalem Mardi 12 mai 2009

Chers Frères Évêques,
Révérend Père Custode,

Je vous salue avec grande joie, vous les Évêques de Terre Sainte, en cette Chambre Haute où le Seigneur ouvrit son coeur aux disciples qu’il s’était choisis et où il célébra le Mystère pascal. Je remercie le Père Pizzaballa pour les paroles chaleureuses de bienvenue qu’il m’a adressées en votre nom. Vous représentez les communautés catholiques de Terre Sainte, lesquelles, par leur foi et leur ferveur, sont comme des chandelles allumées qui illuminent les lieux saints chrétiens sanctifiés par la présence de Jésus, notre Seigneur, le Vivant. Ce privilège unique vous donne, à vous-mêmes et à vos fidèles, une place particulièrement chère dans mon coeur de Successeur de Pierre.

« Jésus, sachant que son heure était venue de passer de ce monde vers le Père, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’à la fin » (Jn 13,1). La Chambre Haute évoque pour nous le souvenir de la dernière Cène de notre Seigneur avec Pierre et les autres Apôtres, et l'Église y est invitée à une contemplation priante. C’est dans ces sentiments que nous nous rassemblons, le Successeur de Pierre avec les successeurs des Apôtres, en ce lieu même où Jésus révéla, dans l’offrande de son corps et de son sang, les nouvelles profondeurs de l’alliance d’amour établie entre Dieu et son peuple. Dans la Chambre Haute, le mystère de la grâce et du salut, dont nous sommes les bénéficiaires en même temps que les hérauts et les ministres, ne peut s’exprimer que par l’amour. C’est parce que, le premier, il nous a aimés et qu’il continue à le faire, que nous pouvons répondre avec amour (cf. Deus caritas est ). Notre vie de chrétiens n’est pas simplement un effort humain pour vivre les exigences de l’Évangile comme des devoirs qui nous seraient imposés. Dans l’Eucharistie, nous sommes entraînés dans un mystère d’amour divin. Nos vies se transforment alors en une acceptation pleine de reconnaissance, docile et agissante de la puissance d’un amour qui nous est donné. Cet amour transformant, qui est grâce et vérité (cf. Jn 1,17), nous pousse, comme individus et comme communautés, à dépasser la tentation de nous retourner sur nous-mêmes dans l’égoïsme ou la paresse, dans l’isolement, les préjugés ou la crainte, et à nous donner généreusement au Seigneur et aux autres. Il nous engage, comme communautés chrétiennes, à être fidèles à notre mission, avec assurance et courage (cf. Ac Ac 4,13). Dans la figure du Bon Pasteur qui donne sa vie pour son troupeau, dans celle du Maître qui lave les pieds de ses disciples, vous trouvez, mes chers Frères, le modèle de votre propre ministère pour le service de notre Dieu qui promeut l’amour et la communion.

L’appel à la communion d’esprit et de coeur, si étroitement lié au commandement de l’amour et au rôle central et unifiant de l’Eucharistie dans nos vies, est particulièrement ressenti en Terre Sainte. Les différentes Églises chrétiennes que l’on trouve ici représentent un patrimoine spirituel riche et diversifié, et elles sont le signe qu’existent de multiples formes d’interaction entre l’Évangile et les différentes cultures. Elles nous rappellent aussi que la mission de l'Église est de prêcher l’amour universel de Dieu et de rassembler tous ceux qui, au loin ou plus près de nous, sont appelés par lui afin que, avec leurs traditions et leurs talents, ils arrivent à former l’unique famille de Dieu. Depuis le deuxième Concile du Vatican, en particulier, un nouveau dynamisme spirituel vers la communion dans la diversité a vu le jour à l’intérieur de l'Église catholique ainsi qu’une nouvelle conscience oecuménique. L’Esprit meut nos coeurs avec douceur vers l’humilité et la paix, vers l’acceptation mutuelle, la compréhension et la coopération. Cette disposition intérieure vers l’unité sous la motion de l’Esprit Saint est d’une importance décisive si nous voulons que les Chrétiens soient capables de remplir leur mission dans le monde (cf. Jn 17,21).

925 C’est dans la mesure où le don de l’amour est accepté et qu’il grandit dans l'Église, que la présence chrétienne en Terre Sainte et dans les régions voisines peut être une présence ardente. Et elle est d’une importance capitale pour le bien de la société toute entière. Les paroles sans équivoque de Jésus sur le lien intime entre l’amour de Dieu et l’amour du prochain, sur la miséricorde et la compassion, sur la douceur, la paix et le pardon, sont un ferment capable de transformer les coeurs et de modeler nos actions. Les Chrétiens au Moyen-Orient, avec toutes les personnes de bonne volonté, apportent leur contribution, en tant que citoyens responsables et loyaux, à la promotion et au renforcement d’un climat de paix dans la diversité, et cela en dépit des difficultés et des restrictions. Je désire leur redire ce que j’affirmais dans mon message de Noël 2006 aux Catholiques du Moyen-Orient : « J’exprime avec affection ma proximité personnelle dans la situation d’insécurité humaine, de souffrance quotidienne, de peur et d’espérance que vous êtes en train de vivre. Avant tout, je répète à vos communautés les paroles du Rédempteur : ‘Sois sans crainte, petit troupeau, car votre Père s’est complu à vous donner le Royaume’ (Lc 12,32) » (Message du Pape Benoît XVI aux Catholiques vivant au Moyen-Orient, 21 décembre 2006).

Chers Frères Évêques, vous pouvez compter sur mon soutien et sur mes encouragements tandis que vous faites tout votre possible pour permettre à vos frères et soeurs chrétiens de rester ici sur la terre de leurs ancêtres et à être des messagers et des promoteurs de la paix. J’apprécie vos efforts pour leur proposer, comme à des citoyens responsables et conscients, des valeurs et des principes d’action qui puissent les aider à jouer leur rôle dans la société. Par l’éducation, la formation professionnelle et d’autres initiatives économiques et sociales, leurs conditions de vie pourront être assurées et améliorées. Quant à moi, je renouvelle mon appel à nos frères et soeurs du monde entier afin qu’ils apportent leur soutien aux communautés chrétiennes de Terre Sainte et du Moyen-Orient, se souvenant d’elles dans leurs prières. Et dans ce contexte, je veux exprimer combien j’apprécie le service qui est rendu aux innombrables pèlerins et visiteurs qui viennent en Terre Sainte pour y chercher inspiration et renouveau de vie sur les pas de Jésus. Les récits de l’Évangile, contemplés dans leur environnement historique et géographique, prennent une coloration vivante et l’on en reçoit une compréhension plus claire de la signification des paroles de notre Seigneur et de ses gestes. Bien des expériences mémorables de pèlerins de la Terre Sainte ont été possibles grâce aussi à l’hospitalité et à l’aide fraternelle qui leur ont été offertes par vous, en particulier par les Franciscains de la Custodie. Pour ce service, je tiens à vous exprimer la reconnaissance et la gratitude de l'Église universelle.

Chers Frères, en adressant tous ensemble à Marie, Reine du Ciel, notre prière joyeuse, mettons avec confiance entre ses mains le bien-être et le renouveau spirituel de tous les Chrétiens de Terre Sainte. Puissent-ils, guidés par leurs Pasteurs, grandir dans la foi, l’espérance et l’amour, et persévérer dans leur mission de promoteurs de communion et de paix !

PÈLERINAGE

DU SAINT-PÈRE BENOÎT XVI

EN TERRE SAINTE

(8-15 MAI 2009)

SALUTATIONS DANS LA CO-CATHÉDRALE DES LATINS

Esplanade de la Mosquée - Jérusalem Mardi 12 mai 2009



Béatitude,

Je vous remercie pour vos paroles de bienvenue. Je remercie également le Patriarche émérite et je vous assure fraternellement l’un et l’autre de mes voeux les meilleurs et de mes prières.

Chers frères et soeurs dans le Christ, je suis heureux d’être ici avec vous aujourd’hui dans cette co-Cathédrale, où la communauté chrétienne de Jérusalem continue de se rassembler, comme elle le fait depuis des siècles, depuis les premiers jours de l’Église. Ici, dans cette ville, Pierre prêcha pour la première fois la Bonne Nouvelle de Jésus Christ, le jour de la Pentecôte, et environ trois mille personnes se joignirent aux disciples. Ici aussi, les premiers Chrétiens « étaient fidèles à l’enseignement des Apôtres et à vivre en communion fraternelle, à rompre le pain et à participer aux prières » (Ac 2,42). De Jérusalem, l’Évangile se répandit « sur toute la terre (…), jusqu’aux limites du monde » (Ps 19,5), durant tout ce temps, les efforts missionnaires de l’Église ont été soutenus par les prières des fidèles, rassemblés autour de l’autel du Seigneur, invoquant la puissance de l’Esprit Saint sur leur oeuvre de prédication.

Par-dessus tout, ce sont les prières de ceux dont la vocation est, selon les mots de sainte Thérèse de Lisieux, d’être « amour, profondément ancré dans le coeur de l’Église » (cf. Lettre à Soeur Marie du Sacré Coeur), qui soutient le travail de l’évangélisation. Je veux exprimer une marque particulière d’appréciation pour l’apostolat caché des religieuses contemplatives qui sont présentes ici. Je tiens à vous remercier de votre généreuse consécration à la vie de prière et au don de vous-mêmes. Je vous suis tout spécialement reconnaissant pour les prières que vous offrez pour mon ministère universel, et je vous demande de continuer à confier au Seigneur ma mission au service du peuple de Dieu dans le monde entier. En reprenant les mots du Psalmiste, je vous demande également « d’appeler la paix sur Jérusalem » (cf. Ps Ps 122,6), de prier sans cesse pour la fin du conflit qui a causé de si nombreuses souffrances aux peuples de ce pays. Et maintenant, je vous donne ma bénédiction.



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DU SAINT-PÈRE BENOÎT XVI

EN TERRE SAINTE

(8-15 MAI 2009)

MESSE

HOMÉLIE Josafat Valley - Jérusalem Mardi 12 mai 2009

926 Chers Frères et Soeurs,

« Le Christ est ressuscité, alléluia ! ». Par ces mots, je vous salue avec une très grande affection. Je remercie le Patriarche Fouad Twal pour les paroles de bienvenue qu’il m’a adressées en votre nom, et avant tout, j’exprime ma joie de pouvoir célébrer cette Eucharistie avec vous, qui êtes l'Église à Jérusalem. Nous sommes rassemblés sous le Mont des Oliviers, où notre Seigneur a prié et a souffert, où il a pleuré par amour de cette Ville et à cause du désir qu’elle puisse connaître ce qui pouvait lui « donner la paix » (
Lc 19,42). De ce lieu, il est retourné vers le Père, donnant son ultime bénédiction terrestre à ses disciples et à nous. Aujourd’hui, recevons cette bénédiction. Il vous la donne d’une façon particulière, chers frères et soeurs, qui êtes reliés par une chaîne interrompue avec les premiers disciples qui ont rencontré le Seigneur ressuscité et l’ont reconnu à la fraction du pain, ceux qui ont expérimenté dans la Chambre Haute l’effusion de l’Esprit-Saint, ceux qui ont été convertis en écoutant la prédication de saint Pierre et des autres Apôtres. Je salue également tous ceux qui sont présents, et aussi tous les fidèles de Terre sainte qui, pour diverses raisons, n’ont pu nous rejoindre aujourd’hui.

Comme Successeur de saint Pierre, j’ai mis mes pas dans les siens afin de proclamer au milieu de vous le Christ ressuscité, de vous confirmer dans la foi de vos pères et d’invoquer sur vous la consolation qui est le don du Paraclet. Me tenant devant vous aujourd’hui, je ne peux oublier les difficultés, les frustrations, les épreuves et les souffrances que tant de vous ont dû supporter à cause des conflits qui ont affecté ces terres, sans parler des amères expériences de déplacement auquel tant de vos familles ont été contraintes et – qu’à Dieu plaise – puissiez-vous ne plus connaître. J’espère que ma venue ici est ressentie comme le signe que vous n’êtes pas oubliés, que votre présence persévérante et votre témoignage sont hautement précieux aux yeux de Dieu et importants pour l’avenir de ces terres. En raison justement des profondes racines que vous avez dans cette terre, de votre culture chrétienne, forte et ancienne, ainsi que de votre confiance inébranlable dans la fidélité de Dieu à ses promesses, vous, Chrétiens de Terre Sainte, vous êtes appelés à servir non seulement comme une lumière-témoin de foi pour l'Église universelle, mais aussi comme un levain d’harmonie, de sagesse et d’équilibre dans la vie d’une société qui, traditionnellement, a été pluraliste, multiethnique et plurireligieuse et qui continue à l’être.

Dans la deuxième lecture de ce jour, l’Apôtre Paul demande aux Colossiens de « rechercher les réalités d’en haut : c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu » (Col 3,1). Ses paroles résonnent avec une force particulière ici, au pied du Mont des Oliviers où Jésus a accepté le calice de la souffrance dans une complète soumission à la volonté du Père, et d’où, selon la tradition, il est monté pour siéger à la droite du Père intercédant sans cesse pour nous, les membres de son Corps. Saint Paul, le héraut puissant de l’espérance chrétienne, savait bien quel est le prix de cette espérance, ce qu’elle coûte en souffrances et persécutions pour la cause de l’Évangile, néanmoins il n’a jamais fléchi dans sa conviction que la résurrection du Christ marque le début d’une nouvelle création. Et il nous dit : « Quand paraîtra le Christ, votre vie, alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui en pleine gloire » (Col 3,4) !

L’exhortation de Paul à « rechercher les réalités d’en haut » doit résonner sans cesse en nos coeurs. Par ses paroles, il nous oriente vers le plein accomplissement de la vision de foi dans la Jérusalem céleste, là où, conformément aux antiques prophéties, Dieu essuiera toute larme de nos yeux et préparera pour le salut de tous les peuples un festin (cf. Is Is 25 Is 6-8 Ap 21,2-4).

Voilà l’espérance, voilà la vision, qui inspire tous ceux qui aiment la Jérusalem terrestre et qui la voient comme une prophétie, la promesse de la réconciliation universelle et de la paix que Dieu désire pour toute la famille humaine. Mais, sous les murs de cette même Cité, nous sommes amenés à constater avec tristesse combien notre monde est éloigné de l’accomplissement plénier de cette prophétie et de cette promesse. Dans cette Ville Sainte où la Vie l’a emporté sur la mort, où l’Esprit a été répandu comme les prémices de la nouvelle création, l’espérance doit toujours se battre contre le désespoir, contre les frustrations et le cynisme, tandis que la paix, qui est don de Dieu et à laquelle il nous appelle, continue à être menacée par l’égoïsme, les conflits, les divisions et par le fardeau des erreurs du passé. C’est pour cela que la Communauté chrétienne de cette Cité, où eut lieu la résurrection du Christ et où fut répandu l’Esprit, doit d’autant plus tenir ferme dans l’espérance que donne l’Évangile, s’appuyant sur la promesse de la victoire définitive du Christ sur le péché et la mort, témoignant de la puissance du pardon et rendant visible la nature la plus profonde de l'Église qui est d’être signe et sacrement d’une humanité réconciliée, renouvelée et unie dans le Christ, nouvel Adam.

Tandis que nous sommes ici rassemblés au pied des remparts de cette cité, que les disciples de trois grandes religions considèrent comme sacrés, comment pouvons-nous ne pas songer à la vocation universelle de Jérusalem ? Annoncée par les prophètes, cette vocation apparaît aussi comme un fait indiscutable, comme une réalité à jamais enracinée dans l’histoire complexe de cette ville et de ses habitants. Les Juifs, les Musulmans tout comme les Chrétiens considèrent cette cité comme leur patrie spirituelle. Comme il reste beaucoup à faire pour faire en sorte qu’elle soit véritablement une « cité de paix » pour tous les peuples, où tous peuvent venir en pèlerinage pour chercher Dieu et écouter sa voix, une voix qui « annonce la paix » (cf. Ps Ps 85,9) !

De fait, Jérusalem est depuis toujours une ville où résonne dans les rues l’écho de langues différentes, où cheminent sur les pavés des peuples de toute race et langue, et dont les murs sont un symbole de l’amour providentiel de Dieu pour la famille humaine tout entière. Comme un microcosme de notre univers mondialisé, cette Ville, si elle veut vivre en conformité à sa vocation universelle, doit être un lieu qui enseigne l’universalité, le respect des autres, le dialogue et la compréhension mutuelle ; un lieu où les préjugés, l’ignorance et la peur qui les alimentent, sont mis en échec par l’honnêteté, le bon droit et la recherche de la paix. Il ne devrait pas y avoir place, à l’intérieur de ces murs, pour l’étroitesse d’esprit, la discrimination, la violence et l’injustice. Ceux qui croient en un Dieu miséricordieux – qu’ils se reconnaissent comme Juifs, Chrétiens ou Musulmans – doivent être les premiers à promouvoir cette culture de réconciliation et de paix, sans se laisser décourager par la pénible lenteur des progrès ni par le lourd fardeau des souvenirs du passé.

Ici, je voudrais parler sans détours de la tragique réalité – qui ne peut manquer d’être source de préoccupations pour tous ceux qui aiment cette Ville et cette terre – du départ de tant de membres de la Communauté chrétienne depuis ces dernières années. S’il est bien compréhensible que certaines raisons puissent pousser un grand nombre – spécialement les jeunes - à prendre la décision d’émigrer, il reste que cette décision a pour conséquence un véritable appauvrissement culturel et spirituel de la Ville. Je veux répéter aujourd’hui ce que j’ai déjà dit en d’autres occasions : en Terre Sainte, il y a de la place pour tous ! En demandant aux Autorités civiles de respecter et de soutenir la présence chrétienne ici, je veux également vous assurer de la solidarité, de l’amour et du soutien de toute l'Église et du Saint-Siège.

Chers amis, dans l’Évangile qui vient d’être proclamé, saint Pierre et saint Jean courent vers le tombeau vide, et Jean, nous dit-on : « vit et crut » (Jn 20,8). Ici, sur la Terre Sainte, avec les yeux de la foi, vous avez la grâce, avec tous les pèlerins du monde entier qui affluent dans ses églises et ses sanctuaires, de « voir » les lieux sanctifiés par la présence du Christ, par son ministère ici-bas, sa passion, sa mort et sa résurrection ainsi que par le don de l’Esprit Saint. Ici, tout comme l’Apôtre saint Thomas, vous pouvez « toucher » les réalités historiques qui sont à la base de notre profession de foi dans le Fils de Dieu. Ma prière pour vous aujourd’hui est que vous puissiez continuer, jour après jour, à « voir et reconnaitre dans la foi » les signes de la Providence de Dieu et de sa miséricorde infinie, que vous puissiez « écouter » avec une foi et une espérance renouvelées les paroles réconfortantes de la prédication apostolique, et « toucher » les sources de la grâce dans les sacrements afin d’incarner pour d’autres leur promesse de commencements nouveaux, la liberté qui jaillit du pardon, la lumière intérieure et la paix qui peuvent apporter guérison et espérance dans les réalités humaines les plus sombres.

Dans la Basilique du Saint-Sépulcre, les pèlerins de chaque siècle ont vénéré la pierre qui, selon la tradition, fermait l’entrée du tombeau au matin de la résurrection du Christ. Revenons souvent vers ce tombeau vide. Affirmons notre foi dans la victoire de la Vie et prions pour que chaque « lourde pierre » qui ferme nos coeurs, et bloque notre totale adhésion au Seigneur dans la foi, l’espérance et l’amour, puisse voler en éclats sous la puissance de la lumière et de la vie qui, au premier matin de Pâques, s’est répandue de Jérusalem jusqu’au bout du monde. Le Christ est ressuscité, alléluia ! Il est vraiment ressuscité, alléluia !

PÈLERINAGE

DU SAINT-PÈRE BENOÎT XVI

EN TERRE SAINTE

(8-15 MAI 2009)

MESSE Place de la Mangeoire - Bethléem Mercredi 13 mai 2009

13509

Chers Frères et Soeurs dans le Christ,

Je remercie le Dieu Tout-puissant de me donner la grâce de venir à Bethléem, non seulement pour vénérer le lieu de la naissance du Christ, mais aussi pour me tenir à vos côtés, chers frères et soeurs dans la foi qui vivez dans ces Territoires Palestiniens. Je suis reconnaissant au Patriarche Fouad Twal pour les sentiments qu’il a exprimés en votre nom, et je salue avec affection mes Frères Évêques et tous les prêtres, les personnes consacrées et les fidèles qui travaillent quotidiennement pour confirmer cette Église locale dans la foi, l’espérance et la charité. D’une façon particulière, mon coeur se tourne avec affection vers les pèlerins venant de la bande Gaza déchirée par la guerre : je vous demande de rapporter à vos familles et à vos communautés l’assurance que je les garde en mon coeur, leur partageant mes sentiments de tristesse pour les pertes que vous avez dû supporter. Soyez assurés de ma solidarité dans l’immense tâche de reconstruction à laquelle vous devez faire face, et de ma prière afin que l’embargo cesse bientôt .

« Ne craignez pas, car voici que je viens vous annoncer une grande nouvelle, une grande joie … Aujourd’hui vous est né un Sauveur, dans la ville de David » (
Lc 2,10-11). Le message de la venue du Christ, porté depuis les cieux par la voix des anges, continue de résonner dans cette ville, tout comme il résonne dans les familles, les maisons et les communautés à travers le monde. C’est une « bonne nouvelle », disent les anges « pour tout le peuple ». Elle proclame que le Messie, le Fils de Dieu et le Fils de David est né « pour vous » : pour vous et pour moi, pour les hommes et les femmes de tous les temps et de tous les lieux. Dans le dessein divin, Bethléem, « le plus petit des clans de Juda » (Mi 5,1), est devenu le lieu d’une gloire ineffaçable : lieu où, à la plénitude des temps, Dieu a choisi de se faire homme, pour mettre fin au long règne du péché et de la mort, et donner une nouvelle et abondante vie à un monde devenu vieux, las et opprimé par le manque d’espérance.

Pour tous les êtres humains, Bethléem est associée à l’heureux message de renaissance, de renouveau, de lumière et de liberté. Toutefois, ici, au milieu de nous, comme cette merveilleuse promesse semble loin d’être réalisée ! Combien lointain paraît être ce Royaume dont le pouvoir est étendu, royaume de paix, de sécurité, de justice et d’intégrité que le prophète Isaïe annonçait dans la première lecture (cf. Is Is 9,5-6) et que nous proclamons définitivement établi par la venue de Jésus Christ, Messie et Roi !

Depuis le jour de sa naissance, Jésus a été en fait « un signe de division » (Lc 2,34), et il continue à l’être, même de nos jours. Le Seigneur des armées, dont les « origines remontent aux temps anciens, à l’aube des siècles » (Mi 5,1), a souhaité inaugurer son Royaume en prenant naissance dans cette petite bourgade, entrant en notre monde dans le silence et l’humilité d’une grotte, et reposant, comme un enfant sans défense, dans une mangeoire. Ici, à Bethléem, au milieu de toutes sortes de contradictions, les pierres continuent à proclamer cette « bonne nouvelle », le message de la rédemption, que cette ville, plus que toute autre, est appelée à proclamer au monde. Car c’est ici que, d’une manière qui surpassa toute espérance et toute attente humaine, Dieu s’est montré fidèle à ses promesses. Par la naissance de son Fils, il a révélé la venue du Royaume de l’amour : un amour divin qui se penche sur nous afin de nous apporter la guérison et de nous relever ; un amour qui est manifesté dans l’humiliation et la faiblesse de la Croix, et qui cependant triomphe dans la gloire de la Résurrection pour une nouvelle vie. Le Christ a apporté un Royaume qui n’est pas de ce monde, mais c’est un Royaume capable de changer ce monde, car il a le pouvoir de changer les coeurs, d’illuminer les esprits et de fortifier les volontés. En prenant notre chair, avec toutes ses faiblesses et en la transfigurant par la puissance de son Esprit, Jésus a fait de nous les témoins de sa victoire sur le péché et la mort. Et c’est bien ce que le message de Bethléem nous appelle à être : témoins du triomphe de l’Amour de Dieu sur la haine, l’égoïsme, la peur et le ressentiment qui paralysent les relations humaines et engendrent la division là où des frères devraient habiter ensemble dans l’unité, les destructions là où les hommes devraient construire, le désespoir là où l’espérance devrait fleurir !
« En espérance, nous avons été sauvés » (Rm 8,24), dit l’Apôtre Paul. Mais il affirme en même temps, avec un parfait réalisme que la création continue à gémir en travail d’enfantement, alors même que, nous qui avons reçu les prémices de l’Esprit, nous attendons patiemment l’accomplissement de notre rédemption (cf. Rm 8,22-24). Dans la deuxième lecture d’aujourd’hui, Paul tire de l’Incarnation une leçon qui est particulièrement adaptée au travail dont vous-mêmes, peuple choisi de Dieu à Bethléem, faite l’expérience : « la grâce de Dieu s’est manifestée », nous dit-il, « elle nous apprend à rejeter le péché et les passions d’ici-bas, pour vivre dans le monde présent en hommes raisonnables, justes et religieux » (Tt 2,11-13) alors que nous attendons la manifestation de notre bienheureuse espérance, Jésus Christ, le Sauveur.

Est-ce que ce ne sont pas là les vertus requises pour les hommes et les femmes qui vivent dans l’espérance ? En premier lieu, la constante conversion au Christ qui rejaillit non seulement sur nos actes mais aussi dans nos raisonnements : avoir le courage d’abandonner des manières infructueuses de penser, d’agir et de réagir. Ensuite, cultiver un état d’esprit de paix fondée sur la justice, sur le respect des droits et des devoirs de tous et l’engagement à coopérer pour le bien commun. Et enfin la persévérance, persévérance dans le bien et dans le refus du mal. Ici à Bethléem, les disciples du Christ ont à faire la preuve d’une persévérance particulière : celle d’être des témoins fidèles de la gloire de Dieu qui s’est manifestée ici, par la naissance de son Fils, des témoins de la bonne nouvelle de sa paix qui est venue des cieux pour demeurer ici-bas.

« Ne craignez pas ! » C’est le message que le Successeur de saint Pierre désire vous laisser aujourd’hui, se faisant l’écho du message des anges et c’est la mission que notre bien-aimé Pape Jean-Paul II vous laissa lorsqu’il vint chez vous en l’année du Grand Jubilé de la naissance du Christ. Appuyez-vous sur la prière et la solidarité de vos frères et soeurs de l'Église universelle et, par des initiatives concrètes, travaillez à consolider votre présence ici et à offrir de nouvelles opportunités à ceux qui sont tentés de partir. Soyez des ponts de dialogue et de coopération constructive pour l’édification d’une culture de paix qui doit remplacer l’impasse actuelle des peurs et des agressions. Soyez des pierres vivantes de vos Églises locales, faisant d’elles des ateliers de dialogue, de tolérance et d’espérance, en même temps que des havres de solidarité et de charité concrète.

Par-dessus tout, soyez les témoins de la puissance de la vie, de la vie nouvelle apportée par le Christ ressuscité, la vie qui peut illuminer et transformer les situations humaines les plus sombres et les plus désespérantes. Votre patrie n’a pas seulement besoin de structures économiques et politiques nouvelles, mais d’une manière bien plus importante, pourrions-nous dire, il lui faut une nouvelle infrastructure « spirituelle », capable de galvaniser les énergies de tous les hommes et de toutes les femmes de bonne volonté pour le service de l’éducation, du développement et de la promotion du bien commun. Vous avez chez vous les ressources humaines pour construire cette culture de paix et de respect mutuel qui pourra garantir un avenir meilleur à vos enfants. Voilà la noble entreprise qui vous attend. N’ayez pas peur !

928 La vénérable Basilique de la Nativité, battue par les vents de l’histoire et le poids des ans, se tient devant nous en témoin de la foi qui supporte et triomphe du monde (cf. 1Jn 5,4). Toute personne qui visite Bethléem ne peut pas ne pas remarquer qu’au cours des siècles le grand portail qui ouvre sur la maison de Dieu est devenu progressivement plus petit. Prions aujourd’hui pour que, par la grâce de Dieu et avec notre engagement, la porte qui ouvre sur le mystère de Dieu venu demeurer parmi les hommes, temple de notre communion à son amour, et préfiguration d’un monde de paix éternelle et de joie, s’ouvre toujours davantage pour accueillir, renouveler et transformer chaque coeur humain. De cette manière, Bethléem continuera à se faire l’écho du message confié aux bergers, à nous-mêmes, et à toute l’humanité : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime » ! Amen.

Discours 2005-2013 920