Discours 2005-2013 967

À S. Exc. M. CARL-HENRI GUITEAU, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE ET PLÉNIPOTENTIAIRE D’HAÏTI PRÈS LE SAINT-SIÈGE Lundi 6 juillet 2009


Monsieur l’Ambassadeur,

C’est avec joie que j’accueille Votre Excellence à l’occasion de la présentation des Lettres qui L’accréditent comme Envoyé Extraordinaire et Plénipotentiaire d’Haïti près le Saint-Siège, mission qui n’est d’ailleurs pas inconnue à Votre Excellence, puisqu’Elle a déjà exercé la même charge près du Siège Apostolique de 2002 à 2004.

Je vous suis reconnaissant de m’avoir transmis le message cordial que m’adresse Son Excellence Monsieur René Garcia Préval, Président de la République. En retour, je vous saurais gré de bien vouloir Lui exprimer mes voeux les meilleurs pour sa personne et pour tous les Haïtiens, leur souhaitant de pouvoir vivre dans la dignité et dans la sécurité et de constituer une société toujours plus juste et plus fraternelle. Monsieur l’Ambassadeur, en vous remerciant de vos paroles courtoises, je voudrais aussi faire mention de la prochaine célébration du cent-cinquantième anniversaire du Concordat entre le Saint-Siège et Haïti, le plus ancien en Amérique. À cette occasion, je me réjouis des fruits nombreux que ces Accords ont produit pour l’Église et pour la Nation, soulignant encore à ce propos qu’en Haïti la communauté catholique a toujours joui de l’estime des Autorités et de la population.

Au cours des derniers mois, Excellence, votre pays a connu des catastrophes naturelles qui ont provoqué de graves dommages sur toute l’étendue du territoire national. Les nombreuses destructions causées par les ouragans dans le domaine de l’agriculture ont aggravé la situation déjà difficile de nombreuses familles. Je souhaite que la solidarité internationale à laquelle j’avais fait appel à plusieurs reprises l’an dernier continue à se manifester. En effet, il est nécessaire qu’en cette période particulièrement délicate de la vie nationale, la communauté internationale pose des signes concrets de soutien aux personnes qui sont dans le besoin. Par ailleurs, comme on le sait, au cours des dernières années, de nombreux Haïtiens ont quitté leur pays afin de chercher ailleurs des ressources pour faire vivre leurs familles. Aussi est-il souhaitable que, malgré les situations administratives parfois problématiques, des solutions rapides soient trouvées pour permettre à ces familles de vivre réunies.

Cette vulnérabilité de votre pays aux intempéries, parfois violentes, qui le frappent régulièrement, a aussi conduit à une meilleure prise de conscience de la nécessité de prendre soin de la création. Il y a en effet une sorte de parenté de l’homme avec la création qui doit le conduire à en respecter chaque réalité. La protection de l’environnement est un défi pour tous, car il s’agit de défendre et de valoriser un bien collectif, destiné à tous, responsabilité qui doit donc inciter les générations présentes à avoir le souci des générations à venir. L’exploitation inconsidérée des ressources de la création et ses conséquences, qui le plus souvent affectent gravement la vie des plus pauvres, ne pourront être affrontées efficacement que grâce à des choix politiques et économiques conformes à la dignité humaine ainsi qu’à une coopération internationale effective.

Cependant, dans votre pays les signes d’espérance ne manquent pas. Ils sont fondés notamment sur les valeurs humaines et chrétiennes qui existent dans la société haïtienne, comme le respect de la vie, l’attachement à la famille, le sens des responsabilités et surtout la foi en Dieu qui n’abandonne pas ceux qui se confient en Lui. L’attachement à ces valeurs permet d’éviter tant de maux qui menacent la vie sociale et familiale. Aussi, j’encourage vivement les efforts de tous ceux qui dans votre pays contribuent à développer la protection de la vie et à redonner à l’institution familiale toute son importance, en retrouvant notamment la valeur du mariage dans la vie sociale. En effet, « tout modèle de société qui entend servir le bien de l’homme ne peut pas faire abstraction du caractère central et de la responsabilité sociale de la famille » (Compendium de la Doctrine sociale de l’Église, n. 214). Dans cette perspective, il est indispensable de fournir un véritable soutien aux familles qui sont dans le besoin, et d’assurer une protection efficace aux femmes et aux enfants qui sont parfois victimes de violences, d’abandon ou d’injustice.

L’éducation des jeunes est aussi une priorité pour l’avenir de la Nation. Cette tâche est importante et urgente pour développer la qualité de la vie humaine, tant au niveau individuel que social. En effet, à la racine de la pauvreté se trouvent souvent diverses formes de privation culturelle. Dans ce domaine, l’Église catholique apporte une contribution notable, aussi bien par ses nombreuses institutions éducatives que par sa présence dans les régions rurales et éloignées, ou encore par la qualité de l’éducation et de la formation qu’apportent les écoles catholiques. Je me réjouis de savoir que ces institutions sont appréciées des Autorités comme de la population.

968 En cette heureuse occasion, Monsieur l’Ambassadeur, je voudrais aussi saluer chaleureusement la communauté catholique de votre pays qui, guidée par ses Évêques, témoigne généreusement de l’Évangile. Je l’encourage à poursuivre son service de la société haïtienne en étant toujours attentive aux nécessités des plus pauvres et en recherchant avec tous l’unité de la nation, dans la fraternité et la solidarité. Ainsi, est-elle un authentique signe d’espérance pour tous les Haïtiens.

Monsieur l’Ambassadeur, alors que commence votre noble mission de représenter votre pays auprès du Saint-Siège, je vous adresse mes voeux les plus cordiaux pour son heureuse réussite et je vous assure que vous trouverez toujours auprès de mes collaborateurs la compréhension et le soutien qui vous seront nécessaires!

Sur votre personne, sur votre famille, sur vos collaborateurs ainsi que sur le peuple haïtien tout entier et sur ses dirigeants, j’invoque de grand coeur l’abondance des Bénédictions divines.

À S. Exc. M. HÉCTOR FEDERICO LING ALTAMIRANO, NOUVEL AMBASSADEUR DU MEXIQUE PRÈS LE SAINT-SIÈGE Vendredi 10 juillet 2009



Monsieur l'ambassadeur,

1. Je suis heureux de recevoir Votre Excellence, en cet acte solennel au cours duquel vous me présentez les Lettres qui vous accréditent comme ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire des Etats-Unis du Mexique près le Saint-Siège. Je vous remercie cordialement des paroles respectueuses que vous m'avez adressées, en vous demandant dans le même temps de bien vouloir transmettre au président de la république, M. Felipe de Jesús Calderón Hinojosa, à son gouvernement et aux nobles populations de votre pays, mes meilleurs voeux, que j'accompagne de ma prière fervente, afin que, en affrontant avec courage, décision et de manière unie les vicissitudes du moment présent, le bien-aimé peuple mexicain puisse continuer à avancer le long des chemins de la liberté, de la solidarité et du progrès social.

2. Monsieur l'ambassadeur, vous venez en tant que représentant d'une grande nation dont l'identité s'est forgée au cours des siècles dans une relation féconde avec le message de salut que l'Eglise catholique proclame, comme on peut le voir dans ses nombreuses coutumes et fêtes populaires, dans son architecture et dans d'autres manifestations. La foi en Jésus Christ a engendré au Mexique une culture qui offre un sens spécifique et complet de la vie et une vision de l'existence pleine d'espérance, en illustrant dans le même temps une série de principes substantiels pour le développement harmonieux de toute la société, tels que la promotion de la justice, le travail pour la paix et la réconciliation, la défense de l'honnêteté et de la transparence, la lutte contre la violence, la corruption et la criminalité, la protection constante de la vie humaine et la sauvegarde de la dignité de la personne.

3. La célébration, il y a quelques mois, de la VI Rencontre mondiale des familles à Mexico a en outre souligné l'importance de cette institution, tant estimée du peuple mexicain. En effet, la famille, communauté de vie et d'amour, fondée sur le mariage indissoluble entre un homme et une femme, est la cellule de base de tout le tissu social, et il est donc d'une importance extrême qu'elle soit opportunément soutenue, de manière à ce que les foyers domestiques soient toujours des écoles de respect et de compréhension réciproques, des pépinières de vertus humaines et un motif d'espérance pour le reste de la société. Dans ce contexte, je désire réaffirmer ma satisfaction pour les fruits de cette importante rencontre ecclésiale et, dans le même temps, je désire remercier à nouveau les autorités de votre pays, et tous les Mexicains, pour la diligence dont ils ont fait preuve lors de son organisation.

4. Je me réjouis de constater les bonnes relations entre le Saint-Siège et le Mexique, après les importants progrès qui ont été accomplis au cours de ces années dans un climat d'autonomie réciproque et de saine collaboration. Cela doit nous encourager à nous engager pour les renforcer à l'avenir, en tenant compte de la place importante que la religion occupe dans l'âme et dans l'histoire de votre patrie. C'est précisément à l'occasion du XV anniversaire du rétablissement des relations diplomatiques entre votre pays et le Saint-Siège, qu'a été organisée à Mexico une série d'actes commémoratifs au cours desquels ont été approfondis divers thèmes d'intérêt commun, comme la façon correcte de comprendre un authentique Etat démocratique et son devoir de sauvegarder et de favoriser la liberté religieuse dans tous les aspects de la vie publique et sociale de la nation. De fait, la liberté religieuse n'est pas un droit parmi tant d'autres, ni même un privilège que l'Eglise catholique exige. Elle est le roc ferme sur lequel les droits humains se fondent solidement, car cette liberté révèle de manière particulière la dimension transcendante de la personne humaine et l'inviolabilité absolue de sa dignité. C'est pourquoi, la liberté religieuse appartient à l'essence de chaque personne, de chaque peuple et de chaque nation. Sa signification centrale ne permet pas de la limiter à une pure coexistence de citoyens qui pratiquent de manière privée leur propre religion, ou de la restreindre au libre exercice du culte, mais il faut offrir aux croyants la pleine garantie de pouvoir manifester publiquement leur propre religion, en apportant également leur contribution à l'édification du bien commun et à un ordre social correct dans tous les milieux de vie, sans aucun type de restriction ou d'obligation. A cet égard, l'Eglise catholique, en soutenant et en promouvant cette vision positive du rôle de la religion dans la société, ne désire pas interférer dans l'autonomie qui appartient aux institutions civiles. Celle-ci, fidèle au mandat reçu de son divin fondateur, cherche à encourager les initiatives qui sont bénéfiques pour la personne humaine, qui promeuvent intégralement sa dignité et qui reconnaissent sa dimension spirituelle, en sachant que le meilleur service que les chrétiens peuvent rendre à la société est la proclamation de l'Evangile, qui illumine une authentique culture démocratique et oriente dans la recherche du bien commun. Il devient ainsi évident que l'Eglise et la communauté politique sont et doivent se sentir, également à divers titres, au service de la vocation personnelle et sociale des hommes (cf. Gaudium et spes GS 76).

5. Vous accomplissez actuellement, à l'initiative des diverses instances de votre nation, de nombreux pas pour promouvoir un ordre social plus juste et solidaire et pour surmonter les difficultés qui continuent à tenailler le pays. En ce sens, il vaut la peine de souligner l'attention et l'engagement avec lesquels les autorités de votre pays affrontent des questions aussi graves que la violence, le trafic de drogues, les inégalités et la pauvreté, qui sont un terrain fertile pour la délinquance. Chacun sait que, pour une solution efficace et durable de ces problèmes, des mesures techniques ou de sécurité ne suffisent pas. Une vision large et l'union efficace des efforts sont nécessaires, de même que la promotion d'un renouveau moral nécessaire, de l'éducation des consciences et de la construction d'une véritable culture de la vie. Dans cette tâche, les autorités et les différentes forces de la société mexicaine trouveront toujours la collaboration loyale et la solidarité de l'Eglise catholique.

6. On n'insistera jamais assez sur le fait que le droit à la vie doit être reconnu dans toute sa dimension. En effet, chaque personne mérite le respect et la solidarité à partir du moment de sa conception jusqu'à sa mort naturelle. Cette noble cause, dans laquelle se sont courageusement engagés de nombreux hommes et femmes, doit également être soutenue par l'effort des autorités civiles dans la promotion de lois justes et de politiques publiques effectives, qui tiennent compte de la très haute valeur que chaque être humain possède à chaque étape de son existence. A ce propos, je désire saluer avec joie l'initiative du Mexique, en 2005, d'éliminer de sa législation la peine capitale, et également les récentes mesures que certains de ses Etats ont adoptées pour sauvegarder la vie humaine dès ses débuts. Ces paris lancés sur une question aussi fondamentale doivent être la marque distinctive de votre patrie, dont elle doit à juste titre se sentir fière, car sur la reconnaissance du droit à la vie "se fonde la coexistence humaine et la communauté politique elle-même" (Jean-Paul II, Lettre encyclique Evangelium vitae, EV 2).

969 7. Monsieur l'ambassadeur, avant de conclure cette rencontre, je désire vous présenter mes meilleurs voeux, ainsi qu'à votre famille et aux membres de votre représentation diplomatique, et également vous assurer de la coopération de mes collaborateurs dans l'exercice de votre haute charge au service de votre nation bien-aimée auprès du Siège apostolique.

Je demande à Dieu, par l'intercession de la Très Sainte Vierge Marie, Notre-Dame de Guadalupe, de bénir, de protéger et d'accompagner tous les Mexicains, si proches du coeur du Pape, afin que dans votre pays resplendissent sans cesse la concorde, la fraternité et la justice.



AUX PARTICIPANTS À LA PREMIÈRE RENCONTRE EUROPÉENNE DES ÉTUDIANTS UNIVERSITAIRES, Salle des Bénédictions Samedi 11 juillet 2009

11709
ORGANISÉE PAR LA COMMISSION CATÉCHÈSE-ÉCOLE-UNIVERSITÉ DU CONSEIL DES CONFÉRENCES ÉPISCOPALES EUROPÉENNES (CCEE)


Monsieur le cardinal,
vénérés frères dans l'épiscopat
et dans le sacerdoce,
chers frères et soeurs!

Merci de tout coeur de votre visite, qui a lieu le jour de la fête de saint Benoît, patron de l'Europe, à l'occasion de la première rencontre européenne des étudiants universitaires, organisée par la Commission catéchèse-école-université du Conseil des conférences épiscopales européennes (CCEE). Je souhaite à chacun de vous ici présents la plus cordiale bienvenue. Je salue en premier lieu Mgr Marek Jedraszewski, vice-président de la Commission, et je le remercie des paroles qu'il m'a adressées en votre nom à tous. Je salue de manière particulière, le cardinal-vicaire Agostino Vallini et je lui exprime toute ma gratitude pour le précieux service que la pastorale universitaire de Rome rend à l'Eglise qui est en Europe. Je ne peux manquer de faire l'éloge de Mgr Lorenzo Leuzzi, inlassable animateur du bureau diocésain. Je salue en outre avec une vive reconnaissance le professeur Renato Lauro, Recteur magnifique de l'université de Rome "Tor Vergata". Et c'est surtout à vous, chers jeunes, que j'adresse ma pensée: bienvenus dans la maison de Pierre! Vous appartenez à 31 pays, et vous vous préparez à assumer dans l'Europe du troisième millénaire des rôles et des fonctions importantes. Soyez toujours conscients de votre potentiel et, dans le même temps, de vos responsabilités.

Qu'est-ce que l'Eglise attend de vous? C'est le thème sur lequel vous êtes en train de réfléchir qui suggère lui-même la réponse adaptée: "Nouveaux disciples d'Emmaüs. En chrétiens à l'université". Après la rencontre des professeurs d'université qui s'est déroulée il y a deux ans, vous aussi, étudiants, vous vous retrouvez à présent ensemble pour offrir aux conférences épiscopales d'Europe votre disponibilité à poursuivre le chemin d'élaboration culturelle dont l'intuition de saint Benoît reconnut la nécessité pour la maturation humaine et chrétienne des peuples d'Europe. Cela peut avoir lieu si, en tant que disciples d'Emmaüs, vous rencontrez le Seigneur ressuscité dans l'expérience ecclésiale concrète, et en particulier dans la célébration eucharistique. "En effet, à chaque Messe - ainsi que je l'ai rappelé aux jeunes de votre âge il y a un an, au cours de la Journée mondiale de la jeunesse à Sydney -, l'Esprit Saint, invoqué par la prière solennelle de l'Eglise, descend de nouveau non seulement pour transformer nos offrandes, le pain et le vin, dans le Corps et le Sang du Seigneur, mais aussi pour transformer nos vies, pour faire de nous, par sa puissance, "un seul corps et un seul esprit dans le Christ"" (Messe à Sydney du 20 juillet 2008; cf. ORLF n. 29 du 22 juillet 2008). Votre engagement missionnaire dans le cadre universitaire consiste donc à témoigner de la rencontre personnelle que vous avez eue avec Jésus Christ, Vérité qui illumine le chemin de tout homme. C'est de la rencontre avec lui que naît cette "nouveauté du coeur", en mesure de donner une nouvelle orientation à l'existence personnelle; et c'est uniquement de cette manière que l'on devient ferment et levain d'une société vivifiée par l'amour évangélique.

Comme on le comprend facilement, l'action pastorale universitaire doit alors elle aussi s'exprimer dans toute sa dimension théologique et spirituelle, en aidant les jeunes à faire en sorte que la communion avec le Christ les conduise à percevoir le mystère le plus profond de l'homme et de son histoire. Et, précisément en vue de cette action évangélisatrice spécifique, les communautés ecclésiales engagées dans cette action missionnaire, comme par exemple les aumôneries universitaires, peuvent être le lieu de la formation de croyants mûrs, hommes et femmes conscients d'être aimés de Dieu et appelés, dans le Christ, à devenir des animateurs de la pastorale universitaire. Au sein de l'université, la présence chrétienne se fait de plus en plus exigeante et dans le même temps fascinante, parce que la foi est appelée, comme dans les siècles passés, à offrir son service irremplaçable à la connaissance qui, dans la société contemporaine, est le vrai moteur du développement. C'est de la connaissance, enrichie par la contribution de la foi, que dépend la capacité d'un peuple de savoir regarder vers l'avenir avec espérance, en surmontant les tentations d'une vision purement matérialiste de notre essence et de l'histoire.

970 Chers jeunes, vous êtes l'avenir de l'Europe. Plongés, au cours de ces années d'études, dans le monde de la connaissance, vous êtes appelés à investir vos meilleures ressources, non seulement intellectuelles, pour consolider vos personnalités et contribuer au bien commun. Travailler pour le développement de la connaissance est la vocation spécifique de l'université, et exige des qualités morales et spirituelles toujours plus élevées, face à l'étendue et à la complexité du savoir que l'humanité a à sa disposition. La nouvelle synthèse culturelle qui est en train d'être élaborée à notre époque, en Europe et dans l'univers mondialisé a besoin de la contribution d'intellectuels capables de reproposer dans les amphithéâtres des universités le discours sur Dieu, ou mieux, de faire renaître le désir de l'homme de rechercher Dieu - "quaerere Deum" -, auquel j'ai fait référence en d'autres occasions.

Tout en remerciant tous ceux qui oeuvrent dans le domaine de la pastorale universitaire, sous la conduite des organismes du Conseil des conférences épiscopales européennes, je souhaite que se poursuive le chemin fécond commencé depuis quelques années et pour lequel j'exprime mes appréciations et mes encouragements les plus vifs. Je suis certain que votre rencontre ces jours-ci à Rome pourra indiquer des étapes supplémentaires à parcourir en vue d'une élaboration plus organique de projets, favorisant l'implication et la communion entre les différentes expériences déjà à l'oeuvre dans un grand nombre de pays. Vous, chers jeunes, contribuez, avec vos professeurs, à créer des laboratoires de la foi et de la culture, en partageant la difficulté de l'étude et de la recherche avec tous les amis que vous rencontrez à l'université. Aimez vos universités, qui sont des écoles de vertu et de service. L'Eglise en Europe place une grande confiance dans l'engagement apostolique généreux de chacun de vous, consciente des défis et des difficultés, mais aussi des nombreuses potentialités de l'action pastorale dans le domaine universitaire. Pour ma part, je vous assure du soutien de ma prière, et je sais qu'à mon tour je peux compter sur votre enthousiasme, sur votre témoignage, surtout sur votre amitié que vous m'avez manifestée aujourd'hui et dont je vous remercie de tout coeur. Que saint Benoît, patron de l'Europe et patron de mon pontificat, et surtout la Vierge Marie, invoquée par vous comme Sedes Sapientiae, vous accompagnent et guident vos pas. Je vous donne à tous ma Bénédiction.

                                                        Aout 2009


AUX PARTICIPANTS AUX CHAMPIONNATS DU MONDE DE NATATION - ROME 2009 Cour du Palais pontifical de Castel Gandolfo Samedi 1\2er\0 août 2009

Chers amis,

C'est avec un grand plaisir que j'ai répondu à votre souhait de nous rencontrer, à l'occasion des championnats du monde de natation. Merci pour votre visite appréciée; je souhaite avec plaisir à chacun et chacune d'entre vous une cordiale bienvenue! J'adresse une pensée respectueuse avant tout au président de la Fédération internationale de natation (FINA), M. Julio Maglione, et au président de la Fédération italienne de natation (FIN), M. Paolo Barelli, et je les remercie également pour les aimables paroles qu'ils m'ont adressées en votre nom à tous. Je salue les autorités présentes, les dirigeants et les responsables, les techniciens, les délégués, les journalistes et les professionnels des mass-media, les volontaires, les organisateurs et tous ceux qui ont contribué à la réalisation de cet événement sportif mondial. Mon salut le plus affectueux s'adresse en particulier à vous, chers athlètes de diverses nationalités, qui êtes les protagonistes de ces championnats du monde de natation. A travers vos compétitions, vous offrez au monde un spectacle passionnant de discipline et d'humanité, de beauté artistique et de volonté tenace. Vous montrez quels objectifs peut atteindre la vitalité de la jeunesse, lorsqu'elle ne recule pas devant la fatigue de durs entraînements et qu'elle accepte volontiers de nombreux sacrifices et privations. Tout cela constitue également pour les jeunes de votre âge une importante leçon de vie.

Comme cela vient d'être rappelé, le sport, pratiqué avec passion et un sens éthique attentif, devient, en particulier pour les jeunes, une école de sain esprit de compétition et de perfectionnement physique, une école de formation aux valeur humaines et spirituelles, un moyen privilégié de croissance personnelle et de contact avec la société. En assistant à ces championnats mondiaux de natation, et en admirant les résultats obtenus, il n'est pas difficile de se rendre compte des potentialités que Dieu a conférées au corps humain, et des intéressants objectifs de perfection que celui-ci peut atteindre. Ma pensée va alors à l'émerveillement du Psalmiste qui, contemplant l'univers, chante la gloire de Dieu et la grandeur de l'être humain. "A voir ton ciel - lisons-nous dans le Psaume 8 -, ouvrage de tes doigts, la lune et les étoiles, que tu fixas, qu'est donc le mortel, que tu t'en souviennes, le fils d'Adam, que tu veuilles le visiter? A peine le fis-tu moindre qu'un Dieu; tu le couronnes de gloire et de beauté" (vv. 4-6). Comment ne pas remercier alors le Seigneur, pour avoir doté le corps humain de tant de perfection; pour l'avoir enrichi d'une beauté et d'une harmonie qui peuvent être exprimées de tant de façons!

Les disciplines sportives, chacune selon des modalités différentes, nous aident à apprécier ce don que Dieu nous a fait. L'Eglise suit et consacre son attention au sport, pratiqué non pas comme une fin en soi, mais comme un instrument précieux pour la formation parfaite et équilibrée de toute la personne. Dans la Bible également, nous trouvons d'intéressantes références au sport comme l'image de la vie. Par exemple, l'apôtre Paul le considère comme une authentique valeur humaine, il l'utilise non seulement comme métaphore pour illustrer des idéaux éthiques et ascétiques élevés, mais également comme moyen de formation de l'homme, et comme élément de sa culture et de sa civilisation.

Chers athlètes, vous êtes des modèles pour les jeunes de votre âge et votre exemple peut être déterminant pour eux, afin de construire leur avenir de façon positive. Soyez alors des champions dans le sport et dans la vie! Nous avons évoqué auparavant Jean-Paul II qui, en rencontrant en octobre de l'année jubilaire 2000 le monde du sport, souligna la grande importance de la pratique du sport précisément car "il peut favoriser chez les jeunes l'affirmation de valeurs importantes telles que la loyauté, la persévérance, l'amitié, le partage, la solidarité" (Insegnamenti, vol. XXIII/2, p. 729; cf. ORLF n. 44 du 31 octobre 2000). De plus, les manifestations sportives comme la vôtre, grâce aux moyens de communication modernes, exercent une influence importante sur l'opinion publique, étant donné que le langage du sport est universel et touche tout particulièrement les nouvelles générations. Transmettre des messages positifs à travers le sport contribue donc à édifier un monde plus fraternel et solidaire.

Chers amis sportifs de langue française, je suis heureux de vous recevoir et de vous saluer cordialement à l'occasion des championnats du monde de natation. Le sport que vous pratiquez est une école de générosité, de loyauté et de respect de l'autre. Puisse-t-il favoriser le développement des valeurs d'amitié et de partage entre les personnes et entre les peuples. Que Dieu vous bénisse!

971 Chers amis, et surtout vous, chers athlètes, tandis que je vous remercie à nouveau pour cette rencontre cordiale, je vous souhaite de "nager" vers des idéaux toujours plus inégalables. Je vous assure de mon souvenir dans la prière et j'invoque sur vous, sur vos familles et sur toutes les personnes qui vous sont chères, la Bénédiction divine, par l'intercession de la Bienheureuse Vierge Marie.

CONCERT DONNÉ EN L'HONNEUR DU SAINT-PÈRE

PAR LE "BAYERISCHES KAMMERORCHESTER BAD BRÜCKENAU"

PAROLES DE BENOÎT XVI Cour du Palais pontifical de Castel Gandolfo Dimanche 2 août 2009

Monsieur le doyen Kemmer,
Mesdames et Messieurs les musiciens,
chers amis,

Aujourd'hui, pour la première fois après un aussi beau concert, je n'ai pas pu applaudir avec vigueur. Je suis donc d'autant plus heureux de pouvoir exprimer à M. Albrecht Mayer et aux musiciens du Bayerisches Kammerorchester Bad Brückenau les remerciements et l'admiration de toutes les personnes présentes. Je remercie également le doyen Kilian Kemmer pour ses paroles d'hommage, ainsi que tous ceux qui ont organisé et rendu possible ce concert à Castel Gandolfo. Pour nous, naturellement, le charme de cette soirée a été le son du hautbois que, cher monsieur Mayer, vous nous avez magistralement offert.

Il a été émouvant d'observer comment d'un morceau de bois, de cet instrument, s'écoule tout un univers de musique: l'insondable et l'enjoué, le sérieux et le frivole, le grandiose et l'humble, le dialogue intérieur des mélodies. Je me suis dit qu'il est vraiment magnifique qu'un petit morceau de création puisse recéler une telle promesse, que le maître peut libérer. Et cela signifie que toute la création est emplie de promesses et que l'homme reçoit le don de feuilleter ce livre de promesses au moins en partie. Je pense que cette soirée nous invite non seulement à cultiver les forces de la raison qui nous aident à utiliser les énergies physiques, qui sont une promesse de la création, mais aussi à cultiver les promesses plus grandes, plus profondes, comme cette musique nous l'a indiqué, dans la vigilance du coeur, qui nous permet de faire s'exprimer cette part de création également.

Le programme de la soirée, avec la description du concert, nous a en partie introduits dans les oeuvres des compositeurs. Je pense qu'il est pour nous tous émouvant que de tels maîtres se soient comportés comme le bon père de famille de l'Evangile, dont nous parle le Seigneur. Ils ne puisent pas seulement l'ancien et le nouveau de leurs richesses. Sous l'élan de leur mission, ils peuvent non seulement créer des choses toujours nouvelles, mais ils prennent également en considération l'ancien et ainsi de nouvelles potentialités y deviennent visibles, qui étaient présentes dans l'oeuvre précédente. Ce concert, avec les parties solos du hautbois, était une continuation de cette capacité d'exprimer de nouvelles potentialités de ce qui a été reçu, dans lesquelles la musique se poursuit, demeure vivante et renaît à chaque interprétation, comme encore à présent.

Il me vient à l'esprit qu'aujourd'hui dans l'Eglise, nous fêtons le jour de la Portioncule, qui nous rappelle la miraculeuse vision de saint François. Dans la petite église de la Portioncule à Assise, il voit le Seigneur, sa Mère et les anges tout autour de lui. Le Seigneur lui concède d'exprimer un souhait et saint François demande de pouvoir ramener avec lui le pardon. La requête est accordée, il rentre chez lui et annonce avec joie à ses frères: mes amis, le Seigneur nous veut tous avec lui au Paradis! Je pense aujourd'hui que nous devrions passer ce moment comme une heure de paradis, observer et écouter le paradis et la beauté sans corruption et le bien de la création. Ce n'est pas une fuite de la misère de ce monde et de la vie de tous les jours, parce que nous ne pouvons continuer à nous opposer au mal et aux ténèbres que si nous-mêmes croyons dans le bien et nous ne pouvons croire dans le bien que si nous en faisons l'expérience et nous le vivons comme une réalité. Pendant l'heure qui vient de s'écouler, nous avons effleuré le bien et le beau avec notre coeur.

Chers amis,

972 J'ai parlé en allemand, parce que les musiciens et une grande partie des participants sont allemands. Malheureusement, après les événements de la tour de Babel, les langues nous séparent, créent des barrières. Mais ce soir, nous avons vu et entendu qu'il existe une part intacte du monde, même après la tour et l'orgueil de Babel: la musique, cette langue que nous pouvons tous comprendre, parce qu'elle touche notre coeur à tous. Cela est pour nous non seulement une garantie que la bonté et la beauté de la création de Dieu ne sont pas détruites, mais que nous sommes appelés et capables d'oeuvrer pour le bien et pour le beau, et c'est aussi une promesse que le monde à venir viendra, que Dieu l'emporte, que la beauté et la bonté l'emportent.

Pour cette consolation, pour ce réconfort dans notre travail quotidien, nous vous sommes reconnaissants, chers musiciens. Merci à vous tous, bonne soirée et bonne semaine.

                                                      Septembre 2009

PROJECTION DU FILM «SANT'AGOSTINO»

Salle des Suisses du Palais pontifical de Castel Gandolfo

Mercredi 2 septembre 2009




Chers amis,

Au terme du grand voyage spirituel accompli dans le film que nous avons vu, je ressens le devoir de remercier tous ceux qui nous ont offert cette projection. Merci à la télévision bavaroise pour l'engagement dont elle a fait preuve - c'est une grande joie qu'une observation lancée par hasard il y a trois ans soit devenue le début d'un chemin qui a conduit à cette grandiose représentation de la vie de saint Augustin. Merci à Lux Vide et merci à la Rai pour cette réalisation.

En réalité, il me semble que le film est un voyage spirituel dans un continent spirituel à la fois très éloigné et très proche de nous, car le drame humain est toujours le même. Nous avons vu que, dans un contexte très éloigné pour nous, est représentée toute la réalité de la vie humaine, avec tous les problèmes, les tristesses, les échecs, ainsi que le fait qu'à la fin, la Vérité est plus forte que n'importe quel obstacle et trouve l'homme. Telle est la grande espérance qui demeure à la fin: nous ne pouvons pas trouver la Vérité seuls, mais la Vérité, qui est Personne, nous trouve. Vue de l'extérieur, la vie de saint Augustin semble finir de façon tragique: le monde pour lequel et dans lequel il a vécu prend fin, il est détruit. Mais, comme cela a été affirmé ici, son message demeure et il perdure également dans les changements du monde, car il provient de la Vérité et mène vers la Charité, qui est notre destination commune.

Merci à tous. Espérons que de nombreuses personnes, en regardant ce drame humain, puissent être touchées par la Vérité et trouver la Charité.

VISITE PASTORALE À VITERBE ET BAGNOREGIO (ITALIE)

RENCONTRE AVEC LA POPULATION

Place Saint-Augustin - Bagnoregio Dimanche 6 septembre 2009




Discours 2005-2013 967