Discours 2005-2013 1016


VISITE PASTORALE À BRESCIA ET CONCESIO (ITALIE)

BENOÎT XVI

ANGELUS Place Paul VI - Brescia Dimanche 8 novembre 2009



Au terme de cette célébration solennelle, je remercie cordialement tous ceux qui ont assuré l'animation liturgique et ceux qui, de différentes façons, ont collaboré à la préparation et à la réalisation de ma visite pastorale ici, à Brescia. Merci à tous! Je salue aussi ceux qui nous suivent à travers la radio et la télévision, et depuis la place Saint-Pierre, spécialement les nombreux bénévoles de l'Union nationale "Pro Loco" d'Italie. En cette heure de l'Angelus, je désire rappeler la profonde dévotion que le Serviteur de Dieu Giovanni Battista Montini nourrissait pour la Vierge Marie. Il a célébré sa première messe au sanctuaire de Notre-Dame des Grâces, coeur marial de votre ville, pas très loin de cette place. De cette façon, il a placé son sacerdoce sous la protection maternelle de la Mère de Jésus, et ce lien l'a accompagné toute sa vie.

1017 Au fur et à mesure que ses responsabilités ecclésiales augmentaient, il développait une vision toujours plus ample et organique du rapport entre la bienheureuse Vierge Marie et le mystère de l'Eglise. Dans cette perspective, le discours de clôture de la troisième session du Concile Vatican II, le 21 novembre 1964, reste mémorable. La Constitution sur l'Eglise, Lumen gentium, qui - ce sont les paroles de Paul vi - "a comme sommet et couronnement tout un chapitre consacré à la Vierge Marie", a été promulguée lors de cette session. Le Pape a fait remarquer qu'il s'agissait de la synthèse de doctrine mariale la plus ample jamais élaborée par un Concile oecuménique, en vue de "manifester le visage de la sainte Eglise, à laquelle Marie est intimement liée" (Enchiridion Vaticanum, Bologne 1979, p. [185], nn. 300-302). C'est dans ce contexte qu'il a proclamé la très Sainte Vierge Marie "Mère de l'Eglise" (cf. ibid., n. 306), en soulignant, avec une vive sensibilité oecuménique, que "la dévotion à Marie (...) est un moyen essentiellement ordonné à l'orientation des âmes vers le Christ et à leur union au Père, dans l'amour de l'Esprit Saint" (ibid., n. 315).

En faisant écho aux paroles de Paul vi, nous prions nous aussi aujourd'hui: "O Vierge Marie, Mère de l'Eglise, nous te recommandons cette Eglise de Brescia, et toute la population de cette région. Souviens-toi de tous tes enfants; présente leurs prières à Dieu; garde leur foi solide; fortifie leur espérance; augmente leur charité. O clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie (cf. ibid., nn. 317.320.325).



Angelus Domini…

VISITE PASTORALE À BRESCIA ET CONCESIO (ITALIE)

RENCONTRE OFFICIELLE POUR L'INAUGURATION

DU NOUVEAU SIÈGE DE L'INSTITUT PAUL VI ET ATTRIBUTION DU PRIX INTERNATIONAL PAUL VI


Auditorium Vittorio Montini de l’Institut Paul VI - Concesio Dimanche 8 novembre 2009



Messieurs les cardinaux,
vénérés frères évêques et prêtres,
chers amis,

Je vous remercie cordialement de m'avoir invité à inaugurer le nouveau siège de l'Institut consacré à Paul VI, construit à côté de sa maison natale. Je salue chacun de vous avec affection, à commencer par Messieurs les cardinaux, les évêques, les autorités et les personnalités présentes. J'adresse un salut particulier au président M. Giuseppe Camadini, reconnaissant pour les paroles courtoises qu'il m'a adressées, illustrant les origines, le but et l'activité de l'Institut. Je prends volontiers part à la cérémonie de remise du "Prix international Paul vi", assigné cette année à la collection française "Sources chrétiennes". Un choix consacré au domaine de l'éducation, qui entend mettre en évidence - comme cela a été bien souligné - l'engagement dont fait preuve cette collection historique, fondée en 1942 par, entre autres, Henri de Lubac et Jean Daniélou, pour une découverte renouvelée des sources chrétiennes antiques et médiévales. Je remercie le directeur Bernard Meunier du salut qu'il m'a adressé. Je saisis cette occasion propice pour vous encourager, chers amis, à mettre toujours davantage en lumière la personnalité et la doctrine de ce grand Pontife, pas tant du point de vue hagiographique et célébratif, que celui - et cela a été à juste titre souligné - de la recherche scientifique, pour offrir une contribution à la connaissance de la vérité et à la compréhension de l'histoire de l'Eglise et des Papes du XX siècle. A mesure que l'on approfondit sa connaissance, le serviteur de Dieu Paul VI est toujours plus apprécié et aimé. J'ai été uni à ce grand Pape par un lien d'affection et de dévotion dès les années du Concile Vatican II. Comment ne pas rappeler qu'en 1977, ce fut précisément Paul VI qui me confia le soin pastoral du diocèse de Munich, me créant également cardinal? J'éprouve à l'égard de ce grand Pontife une immense gratitude pour l'estime qu'il a manifestée à mon égard en diverses occasions.

J'aurais plaisir, en ce lieu, à approfondir les divers aspects de sa personnalité; je limiterai cependant mes considérations à un seul aspect de son enseignement, qui me semble de grande actualité et en harmonie avec la motivation du Prix de cette année, c'est-à-dire sa capacité éducative. Nous vivons à une époque où l'on ressent une véritable "urgence éducative". Former les jeunes générations, dont dépend l'avenir, n'a jamais été facile, mais à notre époque cela semble devenu encore plus complexe. Les parents, les enseignants, les prêtres et ceux qui revêtent des responsabilités éducatives directes le savent bien. Une atmosphère, une mentalité et une forme de culture se diffusent, qui conduisent à douter de la valeur de la personne, de la signification de la vérité et du bien, en dernière analyse de la bonté de la vie. Et pourtant l'on ressent avec force une soif diffuse de certitudes et de valeurs. Il faut alors transmettre aux générations futures quelque chose de valable, des règles solides de comportement, indiquer des objectifs élevés vers lesquels orienter avec décision sa propre existence. La demande d'une éducation capable de prendre en charge les attentes de la jeunesse augmente; une éducation qui soit tout d'abord témoignage et, pour l'éducateur chrétien, un témoignage de foi.

A ce propos, me vient à l'esprit cette phrase-programme incisive de Giovanni Battista Montini, écrite en 1931: "Je veux que ma vie soit un témoignage à la vérité... J'entends par témoignage la conservation, la recherche, la profession de la vérité" (Spiritus veritatis, in Colloqui religiosi, Brescia 1981, p. 81). Ce témoignage - notait le Pape Montini en 1933 - devient urgent face à la constatation que "dans le domaine profane, les hommes de pensée, également et peut-être spécialement en Italie, ne pensent rien du Christ. Il est un inconnu, un oublié, un absent, dans une grande partie de la culture contemporaine" (Introduzione allo studio di Cristo, Rome 1933, p. 23). L'éducateur Montini, étudiant et prêtre, évêque et Pape, ressentit toujours la nécessité d'une présence chrétienne qualifiée dans le monde de la culture, de l'art et du social, une présence enracinée dans la vérité du Christ, et, dans le même temps, attentive à l'homme et à ses exigences vitales.

1018 Voilà pourquoi, l'attention au problème éducatif, la formation des jeunes, constitue une constante dans la pensée et dans l'action du Pape Montini, une attention qui dérive également de son milieu familial. Il est né dans une famille appartenant au catholicisme brescian de l'époque, engagé et fervent en oeuvres, et il a grandi à l'école de son père Giorgio, à la tête d'importantes batailles pour l'affirmation de la liberté des catholiques dans l'éducation. Dans l'un de ses premiers écrits consacrés à l'école italienne, Giovanni Battista Montini observait: "Nous ne demandons rien d'autre qu'un peu de liberté pour éduquer comme nous le voulons cette jeunesse qui vient au christianisme attirée par la beauté de sa foi et de ses traditions" (Per la nostra scuola: un libro del prof. Gentile, in Scritti giovanili, Brescia 1979, p. 73). Montini a été un prêtre d'une grande foi et d'une vaste culture, un guide d'âmes, une enquêteur perspicace du "drame de l'existence humaine". Des générations de jeunes universitaires ont trouvé en lui, comme assistant de la FUCI, un point de référence, un formateur de conscience, capable d'enthousiasmer, de rappeler à la tâche d'être des témoins à chaque moment de la vie, en faisant transparaître la beauté de l'expérience chrétienne. En l'entendant parler - attestent ses étudiants de l'époque - on percevait le feu intérieur qui donnait une âme à ses paroles, en contraste avec un physique qui apparaissait fragile.

L'un des fondements de la proposition de formation des cercles universitaires de la FUCI, qu'il guidait, consistait à tendre à l'unité spirituelle de la personnalité des jeunes: "Pas de compartiments séparés dans l'âme - disait-il -, la culture d'une part, et la foi de l'autre; l'école d'un côté, l'Eglise de l'autre. La doctrine, comme la vie, est unique" (Idee=Forze, in Studium 24 [1928], p. 343). En d'autres termes, pour Paul vi étaient essentielles la pleine harmonie et l'intégration entre la dimension culturelle et religieuse de la formation, avec un accent particulier sur la connaissance de la doctrine chrétienne, et les conséquences pratiques de la vie. C'est précisément pour cela que, dès le début de son activité, dans le cercle romain de la FUCI, en même temps qu'un sérieux engagement spirituel et intellectuel, il promut pour les universitaires des initiatives caritatives au service des pauvres, avec la Conférence de Saint Vincent. Il ne séparait jamais ce qu'il définira ensuite comme "charité intellectuelle", de la présence sociale, du fait de prendre en charge les besoins des derniers. De cette manière, les étudiants étaient éduqués à découvrir la continuité entre le devoir rigoureux de l'étude et les missions concrètes au sein des bidonvilles. "Nous croyons - écrivait-il - que le catholique n'est pas celui qui est tourmenté par cent mille problèmes, même d'ordre spirituel... Non! Le catholique est celui qui, fidèle à sa foi, peut regarder le monde non comme un abîme de perdition, mais un champ à moissonner" (La distanza dal mondo, in Azione Fucina, 10 févier 1929, p. 1).

Giovanni Battista Montini insistait sur la formation des jeunes, pour les rendre capables d'entrer en relation avec la modernité, une relation difficile et souvent critique, mais toujours constructive et dialogique. Il soulignait certaines caractéristiques négatives de la culture moderne, que ce soit dans le domaine de la connaissance ou dans celui de l'action, comme le subjectivisme, l'individualisme et l'affirmation illimitée du sujet. Dans le même temps, il considérait cependant nécessaire le dialogue toujours à partir d'une solide formation doctrinale, dont le principe unifiant était la foi en Christ; une "conscience" chrétienne mûre, donc, capable d'une confrontation avec tous, sans cependant céder aux modes de l'époque. En tant que Pape, il dit aux recteurs et aux proviseurs des Universités de la Compagnie de Jésus que "le mimétisme doctrinal et moral n'est certainement pas conforme à l'esprit de l'Evangile". "Du reste, ceux qui ne partagent pas les positions de l'Eglise - ajouta-t-il - nous demandent une extrême clarté de positions, pour pouvoir établir un dialogue constructif et loyal". Le pluralisme culturel et le respect ne doivent donc "jamais faire perdre de vue au chrétien son devoir de servir la vérité dans la charité, de suivre cette vérité du Christ qui, elle seule, apporte la véritable liberté" (cf. Insegnamenti XIII [1975], 817).

Pour le Pape Montini, le jeune doit être éduqué à juger le milieu dans lequel il vit et il oeuvre, à se considérer comme une personne et non un numéro dans la masse: en un mot, il doit être aidé à avoir une "pensée forte" capable d'une "action forte", en évitant le danger, que l'on court parfois, de placer l'action avant la pensée et de faire de l'expérience la source de la vérité. Il affirma à ce propos: "L'action ne peut être une lumière pour elle-même. Si l'on ne veut pas plier l'homme à penser comme il agit, il faut l'éduquer à agir comme il pense. Dans le monde chrétien aussi, où l'amour, la charité ont une importance suprême, décisive, on ne peut pas ignorer la lumière de la vérité, qui présente à l'amour ses objectifs et ses motifs" (Insegnamenti II, [1964], 194).

Chers amis, les années de la FUCI, difficiles en raison du contexte politique de l'Italie, mais enthousiasmantes pour les jeunes qui reconnurent dans le serviteur de Dieu un guide et un éducateur, restèrent imprimées dans la personnalité de Paul VI. Jamais ne manquèrent chez lui, archevêque de Milan et ensuite successeur de l'Apôtre Pierre, l'aspiration et la préoccupation pour le thème de l'éducation. C'est ce qu'attestent ses nombreuses interventions consacrées aux nouvelles générations, lors de périodes agitées et qui connurent des bouleversements, comme l'année soixante-huit. Avec courage, il indiqua la voie de la rencontre avec le Christ comme expérience éducative libératrice et une véritable réponse aux désirs et aux aspirations des jeunes, devenus victimes de l'idéologie. "Vous, les jeunes d'aujourd'hui - répétait-il -, vous êtes parfois ensorcelés par un conformisme qui peut devenir habituel, un conformisme qui plie inconsciemment votre liberté à la domination automatique de courants extérieurs de pensée, d'opinion, de sentiment, d'action, de mode: et ensuite, ainsi pris par un instinct grégaire qui vous donne l'impression d'être forts, vous devenez quelquefois rebelles en groupe, en masse, sans souvent savoir pourquoi". "Mais ensuite - ajoutait-il encore - si vous acquérez la conscience du Christ, et que vous adhérez à Lui... il se produit que vous devenez intérieurement libres.... vous savez pourquoi et pour qui vivre... Et dans le même temps, chose merveilleuse, vous sentirez naître en vous la science de l'amitié, de la socialité, de l'amour. Vous ne serez pas des personnes isolés" (Insegnamenti VI, [1968], 117-118).
Paul vi se définit lui-même un "vieil ami des jeunes": il savait reconnaître et partager leur tourment lorsqu'ils se débattent entre l'envie de vivre, le besoin de certitude, l'aspiration à l'amour, le sentiment d'égarement, la tentation du scepticisme, l'expérience de la déception. Il avait appris à comprendre leur âme et rappelait que l'indifférence agnostique de la pensée actuelle, le pessimisme critique, l'idéologie matérialiste du progrès social ne suffisent pas à l'esprit, ouvert à bien d'autres horizons de vérité et de vie (cf. Insegnamenti XII, [1974], 642). Aujourd'hui, comme alors, apparaît chez les nouvelles générations une demande de signification inéluctable, une recherche de rapports humains authentiques. Paul vi disait: "L'homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres, ou s'il écoute les maîtres il le fait parce qu'ils sont des témoins" (Insegnamenti XIII, [1975], 1458-1459). Mon vénéré prédécesseur a été un maître de vie et un témoin courageux d'espérance, pas toujours compris, et même plusieurs fois contrecarré et isolé par les mouvements culturels alors dominants. Mais, solide bien que physiquement fragile, il a conduit l'Eglise sans hésitations; il n'a jamais perdu confiance dans les jeunes, leur renouvelant, et pas seulement à eux, l'invitation à avoir confiance dans le Christ et à le suivre sur la route de l'Evangile.

Chers amis, je vous remercie encore une fois de m'avoir donné l'opportunité de respirer, ici, dans son village natal et dans ces lieux pleins de souvenirs de sa famille et de son enfance, le climat dans lequel se forma le Serviteur de Dieu Paul VI, le Pape du Concile Vatican ii et de l'après-Concile. Ici, tout parle de la richesse de sa personnalité et de sa vaste doctrine. Ici, se trouvent également les souvenirs significatifs d'autres pasteurs et acteurs de l'histoire de l'Eglise du siècle passé, comme par exemple le cardinal Bevilacqua, l'évêque Carlo Manziana, Mgr Pasquale Macchi, son fidèle secrétaire particulier, le père Paolo Caresana. Je souhaite de tout coeur que l'amour de ce Pape pour les jeunes, l'encouragement constant à se confier à Jésus - une invitation reprise par Jean-Paul II et que moi aussi j'ai voulu renouveler précisément au début de mon pontificat - soit perçue par les nouvelles générations. C'est pourquoi je vous assure de ma prière, alors que je vous bénis, vous tous ici présents, ainsi que vos familles, votre travail et les initiatives de l'Institut Paul VI.

VISITE PASTORALE À BRESCIA ET CONCESIO (ITALIE)

VISITE À L'ÉGLISE PAROISSIALE DE BOTTICINO SERA

Brescia Dimanche 8 novembre 2009



Chers frères et soeurs,

je suis très heureux de me trouver dans la paroisse de saint Tadini. Je l'ai canonisé il y a peu de temps et j'ai été frappé par cette figure de vie spirituelle et, dans le même temps, par cette grande personnalité de la vie sociale du xix et du xx siècle. Il a fait, à travers son oeuvre, un don à l'humanité et il nous invite tous à aimer Dieu, à aimer le Christ, à aimer la Vierge et à donner cet amour aux autres; à travailler pour que naisse un monde fraternel dans lequel chacun vive non pour lui-même, mais pour les autres. Alors, merci de cet accueil si chaleureux. C'est une grande joie de voir ici l'Eglise vivante et joyeuse. Je vous souhaite un bon dimanche et beaucoup de bonnes choses. Tous mes voeux, merci...


AUX PARTICIPANTS AU VI CONGRÈS MONDIAL POUR LA PASTORALE DES MIGRANTS ET DES PERSONNES EN DÉPLACEMENT

9119

Salle Clémentine Lundi 9 novembre 2009



Messieurs les cardinaux,
vénérés frères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce,
chers frères et soeurs,

Je suis heureux de vous accueillir au début du Congrès mondial de la pastorale des migrants et des personnes en déplacement. Je salue en premier lieu le président de votre Conseil pontifical, Mgr Antonio Maria Vegliò, et je le remercie pour les paroles cordiales à travers lesquelles il a introduit cette rencontre. Je salue le secrétaire, les membres, les consulteurs et le personnel du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement. J'adresse une salutation respectueuse à M. Renato Schifani, président du sénat de la République. Je vous salue, vous tous ici présents. J'adresse à chacun ma reconnaissance pour l'engagement et la sollicitude avec lesquels vous oeuvrez dans un milieu social aujourd'hui si complexe et délicat, en offrant un soutien à ceux qui, par choix ou par nécessité, quittent leur pays d'origine et émigrent dans d'autres nations.

Le thème du Congrès - "Une réponse au phénomène migratoire à l'époque de la mondialisation" - met en évidence le cadre particulier dans lequel s'inscrivent les migrations à notre époque. En effet, si le phénomène migratoire est aussi ancien que l'histoire de l'humanité, il n'avait jamais revêtu une dimension aussi vaste qu'aujourd'hui, en raison de son importance et de la complexité des problématiques. Il concerne désormais quasiment tous les pays du monde et s'inscrit dans le vaste processus de la mondialisation. Des femmes, des hommes, des enfants, des jeunes et des personnes âgées affrontent les drames de l'émigration parfois pour survivre, plus que pour rechercher de meilleures conditions de vie pour eux et pour leur familles. En effet, l'écart économique entre les pays pauvres et les pays industrialisés s'accroît toujours davantage. La crise économique mondiale, avec l'immense croissance du chômage, réduit la possibilité d'emploi et augmente le nombre de ceux qui ne réussissent pas à trouver un travail, même précaire. De nombreuses personnes se voient alors contraintes à abandonner leur terre et leur communauté d'origine; elles sont disposées à accepter des travaux dans des conditions qui ne sont absolument pas conformes à la dignité humaine, avec une insertion difficile dans la société d'accueil, en raison de la différence de langue, de culture, et d'organisation sociale.

La condition des migrants, et plus encore celle des réfugiés, rappelle à l'esprit, d'une certaine façon, l'épisode de l'antique peuple biblique qui, fuyant l'esclavage de l'Egypte, avec dans le coeur le rêve de la terre promise, traversa la Mer Rouge et, au lieu d'arriver immédiatement au but désiré, dut affronter les difficultés du désert. Aujourd'hui, de nombreux migrants abandonnent leur pays pour fuir des conditions de vie humainement inacceptables, sans toutefois trouver ailleurs l'accueil qu'ils espéraient. Face à des situations si complexes, comment ne pas s'arrêter pour réfléchir sur les conséquences d'une société fondée essentiellement sur le simple développement matériel? Dans l'encyclique Caritas in veritate, je soulignais que le véritable développement est uniquement le développement intégral, c'est-à-dire celui qui concerne chaque homme et tout l'homme.

Le développement authentique revêt toujours un caractère solidaire. En effet, "dans une société en voie de mondialisation, le bien commun et l'engagement en sa faveur - ai-je observé encore dans Caritas in veritate - ne peuvent pas ne pas assumer les dimensions de la famille humaine tout entière, c'est-à-dire de la communauté des peuples et des Nations". (cf. n. 7). Le processus même de mondialisation, selon ce qu'a souligné de façon opportune le Serviteur de Dieu Jean-Paul II, peut même constituer une occasion propice pour promouvoir le développement intégral, mais uniquement si "les différences culturelles sont perçues comme une occasion de rencontre et de dialogue et si la répartition inégale des ressources mondiales provoque une nouvelle conscience de la solidarité nécessaire qui doit unir les familles humaines" (Message pour la Journée mondiale du migrant et du réfugié 1999; Insegnamenti, XXII, 2, [1999], 988). Il en découle qu'il faut apporter des réponses adéquates aux grands changements sociaux en cours, en ayant clairement à l'esprit qu'il ne peut y avoir de développement efficace si l'on ne favorise pas la rencontre entre les peuples, le dialogue entre les cultures et le respect des différences légitimes.

Dans cette optique, pourquoi ne pas considérer l'actuel phénomène migratoire mondial comme une condition favorable pour la compréhension entre les peuples et pour la construction de la paix et d'un développement qui intéresse chaque nation? C'est précisément ce que j'ai voulu rappeler dans le Message pour la Journée mondiale du migrant et du réfugié en l'année jubilaire de saint Paul: les migrations invitent à mettre en lumière l'unité de la famille humaine, la valeur de l'accueil, de l'hospitalité et de l'amour pour le prochain. Toutefois, cela doit se traduire dans des gestes quotidiens de partage, de participation commune et de sollicitude pour les autres, en particulier pour les personnes dans le besoin. Pour être accueillants les uns envers les autres - enseigne saint Paul - les chrétiens savent qu'ils doivent être disponibles à l'écoute de la Parole de Dieu, qui appelle à imiter le Christ et à demeurer unis à Lui. Ce n'est que de cette façon qu'ils deviennent attentifs à l'égard du prochain et qu'ils ne cèdent jamais à la tentation du mépris et du refus de celui qui est différent. Configurés au Christ, tous les hommes et toutes les femmes sont considérés comme des frères et des soeurs, fils du même Père. Un tel trésor de fraternité les rend "avides de donner l'hospitalité", qui est la première fille de l'agapè (Insegnamenti IV, 2 [2008], 176-180).

Chers frères et soeurs, fidèles à l'enseignement de Jésus, chaque communauté chrétienne ne peut manquer de nourrir un respect et une attention pour tous les hommes, créés à l'image et la ressemblance du Christ, plus encore lorsqu'ils sont en difficulté. Voilà pourquoi l'Eglise invite les fidèles à ouvrir leur coeur aux migrants et à leur famille, en sachant qu'ils ne sont pas un "problème", mais qu'ils constituent une ressource qu'il faut savoir valoriser de façon opportune pour le chemin de l'humanité et pour son développement authentique. Je renouvelle à chacun de vous mes remerciements pour le service que vous apportez à l'Eglise et à la société, et j'invoque la protection maternelle de Marie sur chacune de vos action en faveur des migrants et des réfugiés. Pour ma part, je vous assure de ma prière, tandis que je vous bénis volontiers, ainsi que tous ceux qui font partie de la grande famille des migrants et des réfugiés.

VISITE À LA FAO À L'OCCASION DU

SOMMET MONDIAL SUR LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE Siège de la FAO, Rome Lundi 16 novembre 2009

16113

Monsieur le Président,
Mesdames et messieurs,

1. J’ai accueilli avec grand plaisir l’invitation de Monsieur Jacques Diouf, Directeur général de la FAO, à prendre la parole au cours de la session d’ouverture de ce Sommet mondial sur la Sécurité alimentaire. Je le salue cordialement et je le remercie pour ses courtoises paroles de bienvenue. Je salue les Hautes Autorités présentes et tous les participants. En continuité avec mes vénérés prédécesseurs Paul VI et Jean-Paul II, je désire exprimer à nouveau mon estime pour l’action de la FAO, que l’Église catholique et le Saint-Siège suivent avec l’attention et l’intérêt que mérite l’engagement quotidien de tous ceux qui s’y impliquent. Grâce à votre travail généreux que résume la devise Fiat Panis, le développement de l’agriculture et la sécurité alimentaire demeurent parmi les objectifs prioritaires de l’action politique internationale. Je suis certain que cet esprit orientera les décisions du présent Sommet, tout comme celles qui seront adoptées dans le but commun de remporter dès que possible le combat contre la faim et la malnutrition dans le monde.

2. La Communauté internationale affronte au cours de ces dernières années une grave crise économique et financière. Les statistiques témoignent de la croissance dramatique du nombre de ceux qui souffrent de la faim, à laquelle concourent l’augmentation des prix des produits alimentaires, la diminution des ressources économiques des populations plus pauvres, l’accès limité au marché et à la nourriture. Tout cela survient alors que se confirme le fait que la terre est en mesure de nourrir tous ses habitants. En effet, même si dans certaines régions des niveaux bas de production agricole persistent, parfois à cause du changement climatique, cette production est globalement suffisante pour satisfaire aussi bien la demande actuelle, que celle qui est prévisible dans le futur. Ces données indiquent l’absence d’une relation de cause à effet entre la croissance de la population et la faim, et cela est encore confirmé par la déplorable destruction de denrées alimentaires pour préserver certains profits. Dans l’Encyclique Caritas in Veritate, j’ai observé que « la faim ne dépend pas tant d’une carence de ressources matérielles, que d’une carence de ressources sociales, la plus importante d’entre elles étant de nature institutionnelle. Il manque en effet une organisation des institutions économiques qui soit aussi en mesure de bien garantir un accès régulier et adapté (…) à la nourriture et à l’eau, que de faire face aux nécessités liées aux besoins primaires et aux urgences des véritables crises alimentaires (…) ». Et j’ai ajouté : « Le problème de l’insécurité alimentaire doit être affronté dans une perspective à long terme, en éliminant les causes structurelles qui en sont à l’origine et en promouvant le développement agricole des pays les plus pauvres à travers des investissements en infrastructures rurales, en système d’irrigation, de transport, d’organisation des marchés, en formation et en diffusion des techniques agricoles appropriées, c’est-à-dire susceptibles d’utiliser au mieux les ressources humaines, naturelles et socio-économiques les plus accessibles au niveau local, de façon à garantir aussi leur durabilité sur le long terme » (n. 27). Dans ce contexte, il est aussi nécessaire de contester le recours à certaines formes de subventions qui perturbent gravement le secteur agricole, ainsi que la persistance de modèles alimentaires orientés seulement vers la consommation et dépourvus de perspectives de plus grande envergure et, au-delà de tout, l’égoïsme qui permet à la spéculation de pénétrer même sur le marché des céréales, mettant la nourriture sur le même plan que toutes les autres marchandises.

3. La convocation elle-même de ce Sommet, témoigne, dans un certain sens, de la faiblesse des mécanismes actuels de la sécurité alimentaire et de la nécessité de les repenser. En effet, même si les Pays plus pauvres sont plus largement intégrés que par le passé dans l’économie mondiale, le fonctionnement des marchés internationaux les rend plus vulnérables et les contraint à recourir à l’aide des Institutions intergouvernementales, qui offrent, certes, une aide précieuse et indispensable. Cependant, la notion de coopération doit être cohérente avec le principe de subsidiarité : il est nécessaire d’engager « les communautés locales dans les choix et les décisions relatives à l’usage des terres cultivables » (ibid.), parce que le développement humain intégral requiert des choix responsables de la part de tous et demande une attitude solidaire qui ne considère pas l’aide ou l’urgence comme une opportunité profitable pour qui met à disposition des ressources ou pour des groupes privilégiés qui se trouvent parmi les bénéficiaires. Face aux pays qui ont besoin d’aides externes, la Communauté internationale a le devoir de répondre avec les outils de la coopération, en se sentant coresponsable de leur développement, « par la solidarité de la présence, de l’accompagnement, de la formation et du respect » (ibid., 47). Au sein de ce contexte de responsabilité se situe le droit de chaque pays à définir son propre modèle économique, prévoyant les modalités pour garantir sa propre liberté de choix et d’objectifs. Selon cette perspective, la coopération doit devenir un instrument efficace, libre de contraintes et d’intérêts qui peuvent absorber une partie non négligeable des ressources destinées au développement. Il est en outre important de souligner combien la voie de la solidarité pour le développement des pays pauvres peut constituer aussi une voie de solution de la crise globale actuelle. En effet, en soutenant ces nations par des plans de financement inspirés par la solidarité, pour qu’elles pourvoient elles-mêmes à la satisfaction de la demande de consommation et de développement qui leur est propre, non seulement on favorise en leur sein la croissance économique, mais cela peut avoir aussi des répercussions positives sur le développement humain intégral dans d’autres pays (cf. ibid., 27).

4. Actuellement, subsiste encore un niveau inégal de développement au sein et entre les nations, qui entraîne, en de nombreuses régions du globe, des conditions de précarités, qui accentue le contraste entre pauvreté et richesse. Ce constat ne concerne plus seulement les mérites comparés des divers modèles économiques ; mais il concerne, d’abord et surtout, la perception même que l’on a d’un phénomène comme l’insécurité alimentaire : le risque existe concrètement que la faim soit considérée comme structurelle, comme partie intégrante de la réalité socio-politique des pays plus faibles, et fasse donc objet d’un découragement résigné, voire même de l’indifférence. Il n’en est pas ainsi, et il ne doit pas en être ainsi ! Pour combattre et vaincre la faim, il est essentiel de commencer par redéfinir les concepts et les principes jusqu’ici appliqués dans les relations internationales, de façon à répondre à la question : qu’est-ce qui peut orienter l’attention et la conduite des États - qui en découle - vers les besoins des plus démunis ? Il ne faut pas chercher une réponse dans le profil opérationnel de la coopération, mais dans les principes qui doivent l’inspirer. C’est seulement au nom de l’appartenance commune à la famille humaine universelle que l’on peut demander à chaque peuple et donc à chaque pays d’être solidaire, c’est-à-dire d’être disposé à assumer des responsabilités concrètes pour venir au-devant des besoins des autres, pour favoriser un vrai partage fondé sur l’amour.

5. Toutefois, même si la solidarité animée par l’amour dépasse la justice, parce qu’aimer c’est donner, offrir du ‘mien’ à l’autre, elle n’existe jamais sans la justice, qui pousse à donner à l’autre ce qui est ‘sien’ et qui lui revient en raison de son être et de son agir. Je ne peux pas, en effet, ‘donner’ à l’autre du ‘mien’, sans lui avoir donné tout d’abord ce qui lui revient selon la justice (cf. ibid., 6). Si on vise l’élimination de la faim, l’action internationale est appelée non seulement à favoriser une croissance économique équilibrée et durable ainsi que la stabilité politique, mais aussi à rechercher de nouveaux paramètres – nécessairement éthiques et ensuite juridiques et économiques – capables d’inspirer un mode de coopération susceptible de construire une relation paritaire entre les pays qui se trouvent à un degré différent de développement. Outre le fait de combler l’écart existant, ceci pourrait favoriser la capacité de chaque peuple à se sentir protagoniste, confirmant ainsi que l’égalité fondamentale des différents peuples plonge ses racines dans l’origine commune de la famille humaine, source des principes de la « loi naturelle » appelés à inspirer les orientations et les choix d’ordre politique, juridique et économique de la vie internationale (cf. ibid., 59). Saint Paul a des paroles éclairantes à cet égard : « Il ne s’agit pas - écrit-il – de vous mettre dans la gêne en soulageant les autres, il s’agit d’égalité. En cette occasion, ce que vous avez en trop compensera ce qu’ils ont en moins, pour qu’un jour ce qu’ils auront en trop compense ce que vous aurez en moins, et cela fera l’égalité, comme dit l’Écriture : « Celui qui en avait ramassé beaucoup n’a rien eu de plus, et celui qui en avait ramassé peu n’a manqué de rien » (
2Co 8,13-15).

6. Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, pour lutter contre la faim en promouvant un développement humain intégral, il faut également comprendre les besoins du monde rural, et aussi éviter que la tendance à la diminution de l’apport des donateurs ne crée des incertitudes sur le financement des activités de coopération : le risque que le monde rural puisse être considéré, par manque de clairvoyance, comme une réalité secondaire doit être écarté. En même temps, l’accès au marché international des produits provenant des régions plus pauvres doit être favorisé, alors qu’aujourd’hui il est souvent relégué dans des espaces limités. Pour atteindre ces objectifs, il est nécessaire de soustraire les règles du commerce international à la logique du profit pour lui-même, en les orientant en faveur de l’initiative économique des pays qui ont le plus besoin de développement et qui, disposant d’entrée plus importantes, pourront atteindre cette autosuffisance qui est le prélude à la sécurité alimentaire.

7. Il ne faut pas oublier non plus les droits fondamentaux de la personne parmi lesquels se détache le droit à une alimentation suffisante, saine et nourrissante, ainsi qu’à l’eau ; ceux-ci revêtent un rôle important à l’égard des autres droits, à commencer par le premier d’entre eux, le droit à la vie. Il faut donc que mûrisse « une conscience solidaire qui considère l’alimentation et l’accès à l’eau comme droits universels de tous les êtres humains, sans distinction ni discrimination » (Caritas in Veritate ). Si tout ce qui a été patiemment accompli au cours de ces années par la FAO a, d’un côté, favorisé l’élargissement des objectifs de ce droit par rapport à la seule garantie de satisfaire les besoins primaires de la personne, d’un autre côté cela a aussi mis en évidence la nécessité de sa juste réglementation.

1021 8. Les méthodes de production alimentaire imposent également une analyse attentive du rapport entre le développement et la sauvegarde de l’environnement. Le désir de posséder et d’user de façon excessive et désordonnée les ressources de la planète est la cause première de toute dégradation environnementale. La préservation de l’environnement se présente donc comme un défi actuel pour garantir un développement harmonieux, respectueux du dessein de Dieu, le créateur, et par conséquent en mesure de sauvegarder la planète (cf. ibid., 48-51). Si l’humanité entière est appelée à être consciente de ses propres obligations vis-à-vis des générations à venir, il est également vrai que le devoir de protéger l’environnement en tant que bien collectif revient aux États et aux Organisations internationales. Dans cette perspective, il est indispensable d’approfondir les interactions entre la sécurité environnementale et le préoccupant phénomène des changements climatiques, en se focalisant sur le caractère central de la personne humaine et en particulier des populations plus vulnérables à ces deux phénomènes. Des normes, des législations, des plans de développement et des investissements ne suffisent pas, il faut modifier les styles de vie personnels et collectifs, les habitudes de consommation et les véritables besoins ; mais, par-dessus tout, il est nécessaire d’être conscient du devoir moral de distinguer le bien du mal dans les actions humaines pour redécouvrir de cette façon le lien de communion qui unit la personne et la création.

9. Il est important de rappeler – je l’ai aussi observé dans l’Encyclique Caritas in Veritate – que « la dégradation de l’environnement est (…) étroitement liée à la culture qui façonne la communauté humaine : quand ‘l’écologie humaine’ est respectée dans la société, l’écologie proprement dite en tire aussi avantage ». C’est vrai : « le système écologique s’appuie sur le respect d’un projet qui concerne aussi bien la saine coexistence dans la société que le bon rapport avec la nature ». «Le point déterminant est la tenue morale de la société dans son ensemble ». C’est pourquoi, « les devoirs que nous avons vis-à-vis de l’environnement sont liés aux devoirs que nous avons envers la personne considérée en elle-même et dans sa relation aux autres. On ne peut exiger les uns et piétiner les autres. C’est là une grave antinomie de la mentalité et de la praxis actuelle qui avilit la personne, bouleverse l’environnement et détériore la société » (cf. ibid., 51).

10. La faim est le signe le plus cruel et le plus concret de la pauvreté. Il n’est pas possible de continuer d’accepter l’opulence et le gaspillage quand le drame de la faim prend des dimensions toujours plus grandes. Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, l’Église catholique prêtera toujours attention aux efforts pour vaincre la faim; elle soutiendra toujours, par la parole et par les actes, l’action solidaire – programmée, responsable et régulée - que toutes les composantes de la Communauté internationale seront appelées à entreprendre. L’Église ne prétend pas interférer dans les choix politiques. Respectueuse du savoir et des résultats des sciences, tout comme des choix déterminés par la raison quand ils sont éclairés de façon responsable par des valeurs authentiquement humaines, elle s’unit à l’effort pour éliminer la faim. C’est là le signe le plus immédiat et concret de la solidarité animée par la charité, signe qui ne laisse pas de place aux retards et aux compromis. Cette solidarité s’en remet à la technique, aux lois et aux institutions pour répondre aux aspirations des personnes, des communautés et de peuples entiers, mais elle ne doit pas exclure la dimension religieuse, qui recèle une puissante force spirituelle capable de servir la promotion de la personne humaine. Reconnaître la valeur transcendante de tout homme et de toute femme reste le premier pas pour favoriser la conversion du coeur qui peut soutenir l’engagement pour éradiquer la misère, la faim et la pauvreté sous toutes leurs formes.

Je vous remercie de votre aimable attention et, en conclusion, j’adresse mes voeux, dans les langues officielles de la FAO, à tous les États membres de l’Organisation : God bless your efforts to ensure that everyone is given their daily bread. Que Dieu bénisse vos efforts pour assurer le pain quotidien à chaque personne. Dios bendiga sus esfuerzos para garantizar el pan de cada día para cada persona.

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Merci.



Discours 2005-2013 1016