Discours 2005-2013 1043

REPAS DE BENOÎT XVI AVEC LES PAUVRES ASSISTÉS PAR LA COMMUNAUTÉ DE SANT'EGIDIO DANS LE FOYER DU QUARTIER DE TRASTEVERE À ROME Dimanche 27 décembre 2009



DISCOURS DU PAPE AU TERME DU REPAS

SALUT FINAL



Chers amis!

C'est pour moi une expérience émouvante d'être avec vous, d'être ici dans la famille de la Communauté de Sant'Egidio, d'être avec les amis de Jésus, car Jésus aime en particulier les personnes qui souffrent, les personnes en difficulté et il veut les recevoir comme ses frères et ses soeurs. Merci pour cela! Je suis très heureux et je remercie ceux qui, avec amour et compétence, ont préparé le repas — j'ai réellement apprécié cette cuisine, tous mes compliments! — et également ceux qui l'ont servi avec zèle, si bien qu'en une heure nous avons fait un grand repas! Merci et tous mes compliments! J'adresse ma pensée cordiale au vice-gérant, Mgr Luigi Moretti, et à Mgr Vincenzo Paglia, évêque de Terni-Narni-Amelia. Je salue avec affection le professeur Andrea Riccardi, fondateur de la communauté - mon ami depuis longtemps, ainsi que Mgr Paglia et Mgr Spreafico - le remerciant pour les paroles courtoises et profondes qu'il a voulu m'adresser. Avec le professeur Riccardi je salue également le président, le professeur Marco Impagliazzo, et le curé de Santa Maria in Trastevere, Mgr Matteo Zuppi, assistant ecclésiastique. J'adresse enfin une pensée particulière à tous les amis de Sant'Egidio et à chacune des personnes présentes.

Au cours du repas, j'ai pu connaître un peu l'histoire de certains d'entre vous, comme reflet des situations humaines ici présentes; j'ai écouté des histoires douloureuses et riches d'humanité, également des histoires d'un amour retrouvé ici, à Sant'Egidio: des expériences de personnes âgées, d'immigrés, de personnes sans domicile fixe, de gitans, de porteurs de handicap, de personnes avec des problèmes économiques ou d'autres difficultés, toutes, d'une façon ou d'une autre, éprouvées par la vie. Je suis ici parmi vous pour vous dire que je suis proche de vous, que je vous aime et que vos personnes et vos histoires ne sont pas loin de mes pensées, mais au centre et au coeur de la communauté des croyants et donc également de mon coeur.

A travers les gestes d'amour de ceux qui suivent Jésus, la vérité apparaît selon laquelle « (Dieu) le premier nous a aimés; c'est pourquoi, nous aussi, nous pouvons répondre par l'amour » (Enc. Deus caritas est ). Jésus dit: « car j'avais faim, et vous m'avez donné à manger; j'avais soif, et vous m'avez donné à boire; j'étais un étranger, et vous m'avez accueilli; j'étais nu, et vous m'avez habillé; j'étais malade, et vous m'avez visité; j'étais en prison, et vous êtes venus jusqu'à moi » (Mt 25,35-36). Et il conclut: « chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces petits qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait » (v. 40). En écoutant ces paroles, comment ne pas se sentir vraiment les amis de ceux en qui le Seigneur se reconnaît? Et pas seulement des amis, mais aussi des membres de leur famille. Je suis venu parmi vous précisément en la fête de la Sainte-Famille car, dans un certain sens, celle-ci vous ressemble. En effet, dès ses premiers pas, la famille de Jésus a elle aussi rencontré des difficultés: elle a vécu le problème de ne pas trouver l'hospitalité, elle fut obligée d'émigrer en Egypte en raison de la violence du roi Hérode. Vous savez bien ce que signifie la difficulté, mais vous trouvez ici quelqu'un qui vous aime et qui vous aide, et certains ont même trouvé ici leur famille, grâce au service plein d'attention de la Communauté de Sant'Egidio, qui offre un signe de l'amour de Dieu pour les pauvres.

Ici, se réalise aujourd'hui ce qui se passe à la maison: celui qui sert et qui aide se confond avec celui qui est aidé et servi, et à la première place se trouve celui qui en a davantage besoin. L'expression suivante du Psaume me revient à l'esprit: « Voyez! Qu'il est bon, qu'il est doux d'habiter en frères tous ensemble! » (Ps 133,1). L'engagement pour que ceux qui sont seuls ou en difficulté se sentent en famille, mené à bien d'une manière digne d'éloges par la Communauté de Sant'Egidio, naît de l'écoute attentive de la Parole de Dieu et de la prière. Je désire encourager chacun à persévérer sur ce chemin de foi. Avec les paroles de saint Jean Chrysostome, je voudrais rappeler à chacun: « Penses que tu deviens prêtre du Christ, en donnant avec ta propre main non de la chair mais du pain, non du sang, mais un verre d'eau » (Homélies sur l'Evangile de Mt 42,3). Quelle richesse offre à la vie l'amour de Dieu, qui s'exprime dans le service concret envers nos frères qui sont dans le besoin! A l'époque, lorsque les magistrats romains intimèrent à saint Laurent, diacre de l'Eglise de Rome, de remettre les trésors de l'Eglise, il montra les pauvres de Rome comme le vrai trésor de l'Eglise. En rappelant le geste de saint Laurent, nous pouvons bien dire que vous qui êtes pauvres êtes aussi le trésor précieux de l'Eglise.

Aimer, servir donne la joie du Seigneur qui dit: « Il y a plus de bonheur à donner qu'à recevoir » (Ac 20,35). En cette époque de difficultés économiques particulières, que chacun soit signe d'espérance et témoin d'un monde nouveau pour celui qui, enfermé dans son propre égoïsme et ayant l'illusion de pouvoir être heureux tout seul, vit dans la tristesse ou dans une joie éphémère qui laisse le coeur vide.

Quelques jours se sont écoulés depuis le Saint Noël: Dieu s'est fait Enfant, il s'est fait proche de nous pour nous dire qu'il nous aime et qu'il a besoin de notre amour. Je souhaite à tous avec affection de bonnes fêtes et la joie de connaître toujours plus l'amour de Dieu. J'invoque la protection de la Vierge de la Visitation, Celle qui nous enseigne à nous « hâter » de répondre aux besoins de nos frères et je vous bénis avec affection.

Avant de quitter le foyer de la Communauté de Sant'Egidio, le Pape Benoît XVI a adressé un salut à la foule qui s'était rassemblée à l'extérieur:

Chers frères et soeurs,

1044 Après avoir participé au repas de fête du foyer de la Communauté de Sant'Egidio et avoir salué quelques étudiants de l'Ecole de langues et de culture de la Communauté, j'adresse mes voeux les plus chaleureux à vous tous qui n'avez pas pu rentrer, mais qui avez pris part à cette rencontre de l'extérieur, depuis déjà une heure ou deux m'a-t-on dit. Merci!

De nombreuses personnes, provenant de divers pays, marquées par le besoin, se retrouvent ici pour chercher une parole, une aide, une lumière pour un avenir meilleur. Engagez-vous afin que personne ne soit seul, que personne ne soit exclu, que personne ne soit abandonné.

Il y a une langue qui, au-delà des différentes langues, unit tout: celle de l'amour. Comme le dit l'apôtre Paul: « J'aurais beau parler toutes les langues de la terre et du ciel, si je n'ai pas la charité, s'il me manque l'amour, je ne suis qu'un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante » (
1Co 13,1). Telle est la langue, également dans cette école, que nous devons apprendre et pratiquer toujours plus. Cela nous est enseigné par l'Enfant Jésus, Dieu qui, par amour, s'est fait l'un de nous et nous parle tout d'abord à travers sa présence, à travers son humilité d'Enfant qui choisit d'être dépendant de notre amour. Cette langue rendra meilleurs notre ville et le monde.

Je vous bénis tous avec affection et avec reconnaissance pour ce que vous faites pour les pauvres, en vue de la construction de la civilisation de l'amour. Merci à vous tous. Bonnes fêtes et bonne année!

 










1045                                                         Janvier 2010


À S.E. M. KENAN GÜRSOY,: NOUVEL AMBASSADEUR DE TURQUIE PRÈS LE SAINT-SIÈGE Jeudi 7 janvier 2010



Monsieur l'Ambassadeur,

Je suis heureux de vous accueillir au Vatican et d'accepter les Lettres qui vous accréditent en tant qu'ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République de Turquie près le Saint-Siège. Je vous remercie pour vos aimables paroles et pour les salutations que vous me transmettez de la part de votre président, S.E. M. Abdullah Gül. Je vous prie de lui transmettre mes meilleurs voeux et de l'assurer de mes prières pour le bien-être et la prospérité de tous les citoyens de votre pays.

Comme vous l'avez observé, Votre Excellence, nous nous approchons rapidement du cinquantième anniversaire de l'établissement de relations diplomatiques entre la Turquie et le Saint-Siège, fruit du pontificat de mon prédécesseur, le Pape Jean XXIII, qui avait lui-même prêté service comme délégué apostolique à Istanbul et dont on connaît bien l'affection pour le peuple turc. Beaucoup a été obtenu au cours des cinquante dernières années dans les domaines d'intérêt commun que vous avez indiqués, et je suis certain que ces relations cordiales s'approfondiront et se renforceront à la suite de la collaboration constante sur les nombreuses questions importantes qui apparaissent actuellement dans les relations multilatérales.

Je me rappelle avec un grand plaisir de ma propre visite dans votre pays en 2006, lorsque j'ai pu rendre visite au peuple turc et aux membres de votre gouvernement. Je profite de cette occasion pour exprimer à nouveau ma reconnaissance pour l'accueil chaleureux que j'ai reçu. L'un des moments importants de ma visite a été ma rencontre avec le patriarche Bartholomaios I au Phanar. Au sein de la République laïque de Turquie, aux côtés de la population à majorité musulmane, les communautés chrétiennes sont fières de jouer leur rôle, conscientes de leur héritage antique et de la contribution importante qu'elles ont apportée à la civilisation, non seulement de votre pays, mais de toute l'Europe. Au cours des récentes célébrations du deux millième anniversaire de la naissance de Paul de Tarse, cet héritage chrétien est devenu le centre d'une attention particulière dans le monde; et je souhaite exprimer l'appréciation des chrétiens partout pour les mesures qui ont été prises afin de faciliter les pèlerinages et les célébrations liturgiques dans les sites associés au grand apôtre.
Ma visite en Turquie m'a également donné l'opportunité appréciée de saluer les membres de la communauté musulmane. En effet, ce fut ma première visite en tant que Pape dans un pays à majorité musulmane. J'ai été heureux de pouvoir exprimer mon estime pour les musulmans et de réitérer l'engagement de l'Eglise catholique en vue de faire progresser le dialogue interreligieux dans un esprit de respect et d'amitié réciproques, apportant un témoignage commun de la foi solide en Dieu qui caractérise les chrétiens et les musulmans, et en s'efforçant de mieux se connaître les uns les autres afin de renforcer les liens d'affection entre nous (cf. Discours, rencontre avec le président du département pour les affaires religieuses, Ankara, 28 novembre 2006; cf. ORLF n. 49 du 5 décembre 2006). Je forme des prières ferventes afin que ce processus conduise à une confiance accrue entre les personnes, les communautés et les peuples, en particulier dans les régions tourmentées du Moyen-Orient.

Les catholiques en Turquie apprécient la liberté de culte qui est garantie par la Constitution, et sont heureux de pouvoir contribuer au bien-être de leurs concitoyens, en particulier à travers l'engagement dans les activités caritatives et la santé. Ils sont fiers à juste titre de l'assistance offerte aux pauvres par les hôpitaux La Paix et Saint Georges à Istanbul. Afin que ces efforts louables puissent porter leurs fruits, je suis certain que votre gouvernement continuera de faire tout ce qui est en son pouvoir pour garantir qu'ils reçoivent tout le soutien dont ils ont besoin. De plus, l'Eglise catholique en Turquie attend une reconnaissance juridique civile. Cela lui permettrait de jouir d'une pleine liberté religieuse et d'apporter une contribution encore plus importante à la société.

En tant qu'Etat démocratique laïc à cheval sur les frontières entre l'Europe et l'Asie, la Turquie est bien placée pour servir de pont entre l'Islam et l'Occident, et pour apporter une contribution importante aux efforts en vue d'apporter la paix et la stabilité au Moyen-Orient. Le Saint-Siège apprécie les nombreuses initiatives que la Turquie a déjà prises à cet égard, et désire soutenir les efforts supplémentaires en vue de mettre un terme aux conflits qui perdurent dans la région. Comme l'histoire l'a si souvent montré, les disputes territoriales et les rivalités ethniques ne peuvent être résolues de façon satisfaisante que lorsque les aspirations légitimes de chaque pays sont dûment prises en considération, que les injustices du passé sont reconnues et, lorsque cela est possible, réparées. J'assure Votre Excellence de la grande priorité que le Saint-Siège accorde à la recherche d'une solution juste et durable à tous les conflits de la région, ainsi que de sa volonté à placer ses ressources diplomatiques au service de la paix et de la réconciliation.

En vous offrant mes meilleurs voeux pour le succès de votre mission, je vous assure que tous les bureaux de la Curie romaine seront toujours heureux de vous apporter une aide et un soutien dans l'accomplissement de vos devoirs. Sur Votre Excellence, sa famille et tout le peuple de Turquie, j'invoque cordialement une abondance de Bénédictions de Dieu tout-puissant.






À LA COMPAGNIE « ROMA SAN PIETRO » DE L'ARME DES CARABINIERS Salle Clémentine Jeudi 7 janvier 2010

7110

Vénéré frère,
Monsieur le commandant général,
Messieurs les généraux,
Monsieur le commandant et chers carabiniers
de la compagnie « Roma San Pietro » !

Je suis heureux de vous accueillir et de souhaiter à chacun de vous ma cordiale bienvenue. Je salue S.Exc. Mgr Vincenzo Pelvi, évêque aux armées pour l'Italie, et le commandant général de l'Arme des carabiniers, Monsieur le général Leonardo Gallitelli, en le remerciant pour les expressions courtoises qu'il m'a adressées au nom des personnes présentes. Avec eux, je salue les autres généraux et officiers, le commandant provincial de l'Arme, Monsieur le général Vittorio Tomasone, et le commandant de la Compagnie San Pietro, le capitaine Gabriele De Pascalis. J'adresse à tous mon remerciement, en particulier à vous, chers carabiniers, pour l'oeuvre diligente que vous accomplissez par votre présence vigilante et discrète autour du Vatican.

Votre engagement contribue à apporter la sécurité et la sérénité aux pèlerins et aux visiteurs qui arrivent au coeur de la foi catholique et leur permet le recueillement spirituel nécessaire lors de la visite de la Tombe de l'apôtre Pierre et de la basilique qui l'abrite. Cela crée, en outre, le climat favorable pour la rencontre avec le Successeur de Pierre, auquel le Crist a confié la tâche de confirmer ses frères dans la foi (cf.
Lc 22,31). Comme le suggère la majestueuse colonnade du Bernin, la maison de Pierre est toujours ouverte pour accueillir, en les embrassant de façon idéale, les croyants et tous les hommes de bonne volonté, qui reçoivent du magistère des Pontifes romains la lumière et l'encouragement pour croître dans la foi et devenir des artisans de paix et de coexistence sereine et civile. Cette convergence pacifique et intense de personnes diverses par leur âge, leur origine et leur culture, vous en êtes les témoins, les tuteurs et les garants, silencieux et diligents, mais aussi véritablement nécessaires et précieux.

Les fêtes de Noël, qui viennent de se terminer, ont permis également au plus grand nombre d'apprécier votre travail humble, mais indispensable, afin que le pèlerinage à Rome constitue pour chaque visiteur une occasion unique pour faire l'expérience de la joie de la foi et des valeurs de la fraternité, de l'accueil et du respect réciproque, à l'exemple de Celui qui étant Dieu s'est fait Enfant par amour pour nous.

Merci encore, chers amis, pour votre collaboration! Que le Seigneur vous récompense. Je souhaite que votre foi, la tradition de fidélité et de générosité dont vous êtes les héritiers, les idéaux de votre Arme, vous aident à trouver dans ce service difficile des motifs toujours nouveaux de satisfaction et à vivre des expériences positives pour votre vie professionnelle et personnelle.

Que Marie, la « Virgo fidelis », votre Patronne, vous accompagne, ainsi que toute l'Arme, en particulier tous ceux qui, dans différents pays du monde, sont engagés dans de délicates missions de paix, et qu'elle accueille vos intentions de bien en les présentant à son divin Fils.

1047 Je suis heureux de conclure cette rencontre agréable en vous présentant, ainsi qu'à vos familles, des voeux fervents de grâce et de prospérité dans le Seigneur pour la nouvelle année. Avec ces souhaits, je vous donne à tous et de tout coeur la Bénédiction apostolique.






AU PERSONNEL DE L’INSPECTORAT DE LA SÉCURITÉ PUBLIQUE DU VATICAN Salle Clémentine Vendredi 8 janvier 2010

Chers amis de l'Inspectorat de la sécurité publique du Vatican!

En conclusion des fêtes de Noël, au cours desquelles nous avons contemplé avec l'émerveillement de la foi le mystère de la naissance de Jésus, nous voici réunis pour ce rendez-vous, devenu désormais familier. Bienvenue dans la maison de Pierre!

J'adresse une pensée cordiale au préfet Antonio Manganelli, chef de la Police, ainsi qu'aux vice-chefs, les préfets Francesco Cirillo et Paola Basilone, au préfet Salvatore Festa et au questeur Giuseppe Caruso. Avec eux, je salue les directeurs et les fonctionnaires qui, à différents niveaux, partagent les responsabilités de la Police d'Etat, les agents et les collaborateurs, les aumôniers et toutes les personnes présentes. Je remercie en particulier M. Giulio Callini, directeur de l'Inspectorat de la sécurité publique du Vatican qui a bien voulu m'adresser des expressions d'estime cordiale et ses voeux au nom des personnes ici réunies.

L'engagement assuré quotidiennement pour protéger l'ordre public sur la place Saint-Pierre et aux alentours du Vatican est particulièrement important pour le déroulement de la mission du Pontife Romain. En effet, il permet le climat de tranquillité sereine qui consent à ceux qui viennent visiter le centre la chrétienté la possibilité d'une authentique expérience religieuse, au contact avec des témoignages fondamentaux de la foi chrétienne, tels que la tombe de l'apôtre Pierre, les reliques d'un grand nombre de saints et les tombes de nombreux Papes, aimés et vénérés par le peuple chrétien.

Merci de ce précieux service que vous rendez au Pape et à l'Eglise! Que le Seigneur vous récompense pour les sacrifices souvent cachés en faveur de tant de croyants et de visiteurs et en défense de la mission du Pape.

A chacun de vous est demandé un engagement et une grande responsabilité dans l'accomplissement de votre devoir, mais aux yeux de la foi, il doit constituer une manière particulière pour servir le Seigneur et en quelque sorte « lui préparer le chemin », car l'expérience vécue auprès du centre de la chrétienté représente pour chaque pèlerin ou visiteur une occasion particulière pour la rencontre avec le Seigneur, qui change la vie.

En de nombreuses occasions, j'ai pu noter l'attention et la sensibilité d'âme qui inspirent votre service, ainsi que la fidélité et le dévouement qui ne vont pas sans d'importants sacrifices que celui-ci comporte. Je suis certain qu'ils sont le fruit également de votre foi et de votre amour pour l'Eglise.
Puisse le service que vous êtes appelés à accomplir vous rendre toujours plus forts et cohérents dans la foi et vous permette de ne pas avoir de crainte ou de retenue en la manifestant dans le cadre de vos familles respectives, de votre travail et partout où vous vous trouvez.

1048 Je vous confie, ainsi que votre travail, à la protection maternelle de la Sainte Vierge Marie, Mère de Jésus et Reine de chaque famille; puisse-t-Elle accueillir vos intentions et les confirmer en les présentant à son Fils.

En vous exprimant à mon tour tous mes voeux de sereine prospérité pour la nouvelle année, pour vous, vos collègues et les personnes qui vous sont chères, je vous donne de tout coeur la Bénédiction apostolique.


AUX SUPÉRIEURS, ÉTUDIANTS ET ANCIENS ÉTUDIANTS DU COLLÈGE PONTIFICAL D'AMÉRIQUE DU NORD, À L'OCCASION DU 150e ANNIVERSAIRE DE SA FONDATION Salle des Bénédictions Samedi 9 janvier 2010

Eminences,
Chers frères dans l'épiscopat et le sacerdoce,

Je suis heureux de souhaiter la bienvenue aux anciens élèves du Collège pontifical d'Amérique du Nord, ainsi qu'au recteur, au corps enseignant et aux étudiants du séminaire sur la colline du Janicule, et aux prêtres étudiants de la Casa Santa Maria dell'Umiltà. Notre rencontre se déroule en conclusion des célébrations marquant le cent-cinquantième anniversaire de la fondation du Collège par mon prédécesseur, le Bienheureux Pie IX. En cette heureuse occasion, je me joins volontiers à vous pour rendre grâce au Seigneur des nombreuses manières à travers lesquelles le Collège est resté fidèle à sa vision fondatrice, formant des générations de prédicateurs de l'Evangile et de ministres des sacrements de grand mérite, dévoués au Successeur de Pierre et engagés à édifier l'Eglise aux Etats-Unis d'Amérique.

Il est juste, en cette Année sacerdotale, que vous soyez retournés au Collège et dans la Ville éternelle pour rendre grâce pour la formation universitaire et spirituelle qui a nourri votre ministère sacerdotal au fil des années. Cette réunion est une occasion non seulement de vous rappeler avec gratitude de l'époque de vos études, mais aussi de réaffirmer votre affection filiale pour l'Eglise de Rome, de vous souvenir des oeuvres apostoliques des innombrables anciens étudiants qui vous ont précédés, et de renouveler votre engagement personnel aux idéaux élevés de sainteté, de fidélité et de zèle pastoral que vous avez embrassés le jour de votre ordination. C'est également une occasion de renouveler votre amour pour le Collège et votre reconnaissance pour sa mission particulière à l'Eglise dans votre pays.

Au cours de ma visite pastorale aux Etats-Unis, j'ai exprimé ma conviction selon laquelle l'Eglise en Amérique est appelée à cultiver « une "culture" intellectuelle qui soit authentiquement catholique, confiante dans l'harmonie profonde entre foi et raison, et préparée à apporter la richesse de la vision de la foi en ce qui concerne les questions urgentes qui concernent l'avenir de la société américaine » (Homélie au Nationals Stadium, Washington, 17 avril 2008; cf. ORLF n. 16 du 22 avril 2008). Comme le bienheureux Pie IX l'avait imaginé, le Collège pontifical nord-américain à Rome est préparé de manière unique en vue de contribuer à atteindre ce défi constant. Au cours du siècle et demi qui s'est écoulé depuis sa fondation, le Collège a offert à ses étudiants une expérience exceptionnelle de l'universalité de l'Eglise, de l'ampleur de sa tradition intellectuelle et spirituelle, et de l'urgence de son mandat à apporter la vérité salvifique du Christ aux hommes et aux femmes de tous les temps et de tous les lieux. Je suis certain que, en soulignant ces caractéristiques d'une éducation romaine dans tous les aspects de son programme de formation, le Collège continuera de produire des pasteurs sages et généreux, capables de transmette la foi catholique dans son intégrité, en apportant la miséricorde infinie du Christ aux plus faibles et égarés, et permettra aux catholiques d'Amérique d'être un levain de l'Evangile dans la vie sociale, politique et culturelle de leur nation.

Chers frères, je prie pour qu'au cours de ces journées, le don de l'Esprit Saint que vous avez reçu le jour de votre ordination vous renouvelle. Dans la chapelle du Collège, consacrée à la Bienheureuse Vierge Marie sous le titre de l'Immaculée Conception, Notre Dame est représentée en compagnie de quatre éminents modèles et patrons de vie et de ministères sacerdotaux: saint Grégoire le Grand, saint Pie X, saint Jean-Marie Vianney et saint Vincent de Paul. Au cours de cette Année sacerdotale, puissent ces grands saints continuer à veiller sur les étudiants qui prient chaque jour au milieu d'eux; puissent-ils guider et soutenir votre propre ministère, et intercéder pour les prêtres des Etats-Unis. En formant des voeux cordiaux afin que les jours à venir apportent de nombreux fruits spirituels, et avec une grande affection dans le Seigneur, je vous donne ma Bénédiction apostolique, que j'étends volontiers à tous les anciens étudiants et aux amis du Collège pontifical d'Amérique du Nord.






AU CORPS DIPLOMATIQUE ACCRÉDITÉ PRÈS LE SAINT-SIÈGE POUR LA RENCONTRE TRADITIONNELLE POUR L'ÉCHANGE DES VOEUX Salle Royale Lundi 11 janvier 2010

11110


Excellences,
Mesdames et Messieurs,

Cette rencontre traditionnelle du début de l’année, deux semaines après la célébration de la naissance du Verbe incarné, est pour moi une grande joie. Comme nous l’avons proclamé dans la liturgie : « Dans le mystère de la Nativité, celui qui par nature est invisible se rend visible à nos yeux ; engendré avant le temps, Il entre dans le cours du temps. Faisant renaître en Lui la création déchue, Il restaure toute chose » (2ème préface de la Nativité). A Noël, nous avons donc contemplé le mystère de Dieu et celui de la création : par l’annonce des anges aux bergers, nous est parvenue la bonne nouvelle du salut de l’homme et du renouvellement de tout l’univers. C’est pourquoi, dans le Message pour la célébration de la Journée Mondiale de la Paix de cette année, j’ai invité toutes les personnes de bonne volonté, à qui les anges ont promis justement la paix, à protéger la création. Et c’est dans le même esprit que je suis heureux de saluer chacun d’entre vous, en particulier ceux qui sont présents pour la première fois à cette cérémonie. Je vous remercie vivement pour les voeux dont s’est fait l’interprète votre doyen, Monsieur l’Ambassadeur Alejandro Valladares Lanza, et vous redis combien j’apprécie la mission que vous accomplissez près le Saint-Siège. Par votre entremise, je désire faire parvenir de cordiales salutations et des souhaits de paix et de bonheur aux Autorités et à tous les habitants des pays que vous représentez dignement. Ma pensée s’étend aussi à toutes les autres nations de la terre : le Successeur de Pierre tient sa porte ouverte à tous et désire entretenir avec tous des relations qui contribuent au progrès de la famille humaine. Depuis quelques semaines, de pleines relations diplomatiques ont été établies entre le Saint-Siège et la Fédération de Russie, c’est là un motif de profonde satisfaction. De même, a été très significative la visite que m’a faite récemment le Président de la République Socialiste du Vietnam, pays cher à mon coeur, où l’Eglise célèbre sa présence multiséculaire par une Année jubilaire. Dans cet esprit d’ouverture, au cours de l’année 2009, j’ai reçu de nombreuses personnalités politiques venant de divers pays ; j’ai aussi visité certains d’entre eux et je me propose à l’avenir, dans la mesure du possible, de continuer à le faire.

L’Eglise est ouverte à tous parce que, en Dieu, elle existe pour les autres ! Elle participe donc intensément au sort de l’humanité qui, en cette année à peine commencée, apparaît encore marquée par la crise dramatique qui a frappé l’économie mondiale, provoquant une instabilité sociale grave et diffuse. Dans l’Encyclique « Caritas in veritate », j’ai invité à rechercher les racines profondes de cette situation : en dernière analyse, elles résident dans une mentalité courante égoïste et matérialiste, oublieuse des limites inhérentes à toute créature. Aujourd’hui, je voudrais souligner que cette même mentalité menace également la création. Chacun de nous pourrait citer, probablement, un exemple des dommages qu’elle provoque à l’environnement, partout dans le monde. J’en cite un, parmi tant d’autres, dans l’histoire récente de l’Europe : il y a vingt ans, quand tomba le mur de Berlin et quand s’écroulèrent les régimes matérialistes et athées qui avaient dominé pendant plusieurs décennies une partie de ce continent, n’a-t-on pas pu prendre la mesure des profondes blessures qu’un système économique privé de références fondées sur la vérité de l’homme avait infligé non seulement à la dignité et à la liberté des personnes et des peuples, mais aussi à la nature, avec la pollution du sol, des eaux et de l’air ? La négation de Dieu défigure la liberté de la personne humaine, mais dévaste aussi la création. Il s’ensuit que la sauvegarde de la création ne répond pas principalement à une exigence esthétique, mais bien davantage à une exigence morale, car la nature exprime un dessein d’amour et de vérité qui nous précède et qui vient de Dieu.

C’est pourquoi je partage la préoccupation majeure que causent les résistances d’ordre économique et politique à la lutte contre la dégradation de l’environnement. Il s’agit de difficultés qui ont pu être constatées encore dernièrement, lors de la XVème Session de la Conférence des Etats parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, qui s’est tenue à Copenhague du 7 au 18 décembre dernier. Je souhaite que dans le courant de cette année, d’abord à Bonn, et puis à Mexico, il soit possible de parvenir à un accord pour affronter cette question de façon efficace. Il s’agit d’un enjeu d’autant plus important qu’il en va du destin même de certaines nations, en particulier certains Etats insulaires.

Il convient, toutefois, que cette attention et cet engagement pour l’environnement soient bien ordonnés dans l’ensemble des grands défis qui se posent à l’humanité. Si l’on veut construire une vraie paix, comment serait-il possible de séparer, ou même d’opposer, la protection de l’environnement et celle de la vie humaine, y compris la vie avant la naissance ? C’est dans le respect que la personne humaine a d’elle-même que se manifeste son sens de la responsabilité pour la création. Car, comme saint Thomas d’Aquin l’enseigne, l’homme représente ce qu’il y a de plus noble dans l’univers (cf. Summa Theologiae, I, q. 29, a.3). En outre, et je l’ai rappelé lors du récent Sommet mondial de la FAO sur la Sécurité alimentaire, « la terre est en mesure de nourrir tous ses habitants » (Discours du 16 novembre 2009, n. 2), pourvu que l’égoïsme ne conduise pas à l’accaparement par quelques-uns des biens destinés à tous !

Je voudrais souligner encore que la sauvegarde de la création implique une gestion correcte des ressources naturelles des pays et, en premier lieu, de ceux qui sont économiquement défavorisés. Ma pensée va au continent africain, que j’ai eu la joie de visiter au mois de mars dernier, lors de mon voyage au Cameroun et en Angola, et auquel ont été consacrés les travaux de la récente Assemblée spéciale du Synode des Evêques. Les Pères synodaux ont signalé avec préoccupation l’érosion et la désertification de grandes étendues de terre cultivable, à cause de la surexploitation et de la pollution de l’environnement (cf. Propositio 22). En Afrique, comme ailleurs, il est nécessaire d’adopter des choix politiques et économiques qui assurent « des formes de production agricole et industrielle respectueuses de l’ordre de la création et satisfaisantes pour les besoins essentiels de tous » (Message pour la célébration de la Journée Mondiale de la Paix 2010, n. 10).

Comment oublier, d’autre part, que la lutte pour l’accès aux ressources naturelles est l’une des causes de plusieurs conflits, entre autres en Afrique, ainsi que la source d’un risque permanent dans d’autres cas ? C’est aussi pour cette raison que je répète avec force que, pour cultiver la paix, il faut protéger la création ! Par ailleurs, il y a encore de vastes étendues, par exemple en Afghanistan ou en certains pays de l’Amérique Latine, où malheureusement l’agriculture est encore liée à la production de drogue, et où elle constitue une source non négligeable d’emploi et de subsistance. Si on veut la paix, il faut préserver la création par la reconversion de telles activités et je voudrais demander, une fois encore, à la communauté internationale de ne pas se résigner au trafic de la drogue et aux graves problèmes moraux et sociaux que celle-ci engendre.

Oui, Mesdames et Messieurs, la protection de la création est un facteur important de paix et de justice ! Parmi les nombreux défis qu’elle lance, l’un des plus graves est celui de l’augmentation des dépenses militaires ainsi que du maintien et du développement des arsenaux nucléaires. D’énormes ressources économiques sont absorbées à ces fins, alors qu’elles pourraient être destinées au développement des peuples, surtout des plus pauvres. C’est pourquoi j’espère fermement que, lors de la Conférence d’examen du Traité de non prolifération des armes nucléaires, qui se tiendra au mois de mai prochain à New York, soient prises des décisions efficaces en vue d’un désarmement progressif, visant à libérer la planète des armes nucléaires. Plus généralement, je déplore que la production et l’exportation des armes contribuent à perpétuer conflits et violences, comme au Darfour, en Somalie ou en République Démocratique du Congo. A l’incapacité des parties directement impliquées à s’extraire de la spirale de violence et de douleur engendrée par ces conflits, s’ajoute l’apparente impuissance des autres pays et des Organisations internationales à ramener la paix, sans compter l’indifférence quasi résignée de l’opinion publique mondiale. Il n’est pas besoin de souligner combien de tels conflits endommagent et dégradent l’environnement. Comment, enfin, ne pas mentionner le terrorisme, qui met en danger tant de vies innocentes et provoque une anxiété diffuse ? En cette circonstance solennelle, je voudrais renouveler l’appel que j’ai lancé le 1er janvier, lors de la prière de l’Angelus, à ceux qui font partie de groupes armés, quels qu’ils soient, afin qu’ils abandonnent la voie de la violence et ouvrent leur coeur à la joie de la paix.

1050 Les graves violences que je viens d’évoquer, associées aux fléaux de la pauvreté et de la faim, ainsi qu’aux catastrophes naturelles et à la destruction de l’environnement, contribuent à grossir les rangs de ceux qui abandonnent leur propre terre. Face à un tel exode, je désire exhorter les Autorités civiles, intéressées à divers titres, à oeuvrer avec justice, solidarité et clairvoyance. En particulier, je voudrais mentionner ici les Chrétiens du Moyen-Orient. Assaillis de diverses manières, jusque dans l’exercice de leur liberté religieuse, ils quittent la terre de leurs pères, où se développa l’Eglise des premiers siècles. C’est pour leur apporter un soutien et pour leur faire sentir la proximité de leurs frères dans la foi que j’ai convoqué pour l’automne prochain l’Assemblée spéciale du Synode des Evêques sur le Moyen-Orient.

Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, je n’ai évoqué jusqu’ici que quelques aspects liés à la problématique de l’environnement. Cependant, les racines de la situation qui est sous les yeux de tous, sont d’ordre moral et la question doit être affrontée dans le cadre d’un grand effort d’éducation, afin de promouvoir un changement effectif des mentalités et d’établir de nouveaux modes de vie. La communauté des croyants peut et veut y participer, mais, pour ce faire, il faut que son rôle public soit reconnu. Malheureusement, dans certains pays, surtout occidentaux, se diffuse parmi les milieux politiques et culturels, ainsi que dans les médias, un sentiment de peu de considération et parfois d’hostilité, pour ne pas dire de mépris, envers la religion, en particulier la religion chrétienne. Il est clair que si le relativisme est considéré comme un élément constitutif essentiel de la démocratie, on risque de ne concevoir la laïcité qu’en termes d’exclusion ou, plus exactement, de refus de l’importance sociale du fait religieux. Une telle approche, cependant, crée confrontation et division, blesse la paix, perturbe l’écologie humaine et, en rejetant par principe les attitudes différentes de la sienne, devient une voie sans issue. Il est donc urgent de définir une laïcité positive, ouverte, qui, fondée sur une juste autonomie de l’ordre temporel et de l’ordre spirituel, favorise une saine collaboration et un esprit de responsabilité partagée. Dans cette perspective, je pense à l’Europe, qui, avec l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, a ouvert une nouvelle phase de son processus d’intégration, que le Saint-Siège continuera à suivre avec respect et avec une attention bienveillante. Notant avec satisfaction que le Traité prévoit que l’Union européenne maintienne avec les Eglises un dialogue « ouvert, transparent et régulier » (art. 17), je forme des voeux afin que, dans la construction de son avenir, l’Europe sache toujours puiser aux sources de sa propre identité chrétienne. Comme je l’ai dit, durant mon voyage apostolique en République Tchèque, au mois de septembre dernier, celle-ci a un rôle irremplaçable « pour la formation de la conscience de chaque génération et la promotion d’un consensus éthique de base qui est utile à toute personne qui appelle ce continent ‘ma maison’ ! » (Rencontre avec les Autorités politiques et civiles et avec le Corps diplomatique, 26 septembre 2009).

Poursuivant notre réflexion, il est nécessaire de relever que la problématique de l’environnement est complexe ; on pourrait dire qu’il s’agit d’un prisme aux facettes multiples. Les créatures sont différentes les unes des autres et peuvent être protégées, ou au contraire mises en danger de diverses manières, comme nous le montre l’expérience quotidienne. Une de ces attaques provient des lois ou des projets qui, au nom de la lutte contre la discrimination, attentent au fondement biologique de la différence entre les sexes. Je me réfère, par exemple, à des pays européens ou du continent américain. « Si tu enlèves la liberté, tu enlèves la dignité », dit saint Colomban (Epist. N. 4 ad Attela, in S. Columbani Opera, Dublin, 1957, p. 34). Toutefois la liberté ne peut être absolue, parce que l’homme n’est pas Dieu, mais image de Dieu, sa créature. Pour l’homme, le chemin à suivre ne peut être fixé par l’arbitraire ou le désir, mais doit consister, plutôt, à correspondre à la structure voulue par le Créateur.

La sauvegarde de la création comporte aussi d’autres défis, auxquels on ne peut répondre que par la solidarité internationale. Je pense aux catastrophes naturelles, qui, durant l’année passée, ont semé morts, souffrances et destructions aux Philippines, au Vietnam, au Laos, au Cambodge et dans l’Ile de Taiwan. Comment ne pas rappeler aussi l’Indonésie et, plus près de nous, la région des Abruzzes frappées par des tremblements de terre dévastateurs ? Face à de tels évènements, une généreuse assistance ne doit jamais manquer, parce que la vie même des créatures de Dieu est en jeu. Mais la sauvegarde de la création, en plus de la solidarité, a besoin aussi de la concorde et de la stabilité des Etats. Quand surgissent des divergences et des hostilités entre ces derniers, pour défendre la paix, ils doivent poursuivre avec ténacité la voie d’un dialogue constructif. C’est ce qui advint, il y a vingt-cinq ans, avec le Traité de Paix et d’Amitié entre l’Argentine et le Chili, conclu grâce à la médiation du Siège Apostolique. Il a porté d’abondants fruits de collaboration et de prospérité, qui ont profité, d’une certaine façon, à toute l’Amérique Latine. Dans cette même région du monde, je suis heureux du rapprochement que la Colombie et l’Equateur ont entrepris après plusieurs mois de tension. Plus près de nous, je me réjouis de l’entente conclue entre la Croatie et la Slovénie à propos de l’arbitrage relatif à leur frontière maritime et terrestre. Je me félicite également de l’Accord entre l’Arménie et la Turquie en vue de la reprise de relations diplomatiques, et je souhaite aussi qu’à travers le dialogue, les relations entre tous les pays du Caucase méridional s’améliorent. Durant mon pèlerinage en Terre Sainte, j’ai appelé de façon pressante les Israéliens et les Palestiniens à dialoguer et à respecter les droits de l’autre. Encore une fois, j’élève ma voix, afin que soit universellement reconnu le droit de l’Etat d’Israël à exister et à jouir de la paix et de la sécurité dans des frontières internationalement reconnues. Et que, de même, soit reconnu le droit du Peuple palestinien à une patrie souveraine et indépendante, à vivre avec dignité et à se déplacer librement. Je voudrais, en outre, demander le soutien de tous, afin que soient protégés l’identité et le caractère sacré de Jérusalem, son héritage culturel et religieux, dont la valeur est universelle. Seulement ainsi, cette ville unique, sainte et tourmentée, pourra être signe et anticipation de la paix que Dieu désire pour toute la famille humaine. Par amour du dialogue et de la paix, qui sauvegardent la création, j’exhorte les gouvernants et les citoyens de l’Iraq à dépasser les divisions, la tentation de la violence et l’intolérance, pour construire ensemble l’avenir de leur pays. Les communautés chrétiennes veulent elles aussi y apporter leur contribution, mais pour cela il faut que leur soient assurés respect, sécurité et liberté. Ces derniers mois, le Pakistan a été aussi durement frappé par la violence et certains épisodes ont visé directement la minorité chrétienne. Je demande que tout soit fait afin que de telles agressions ne se renouvellent plus et que les chrétiens puissent se sentir pleinement intégrés dans la vie de leur pays. S’agissant des violences contre les chrétiens, je ne puis omettre de mentionner, par ailleurs, le déplorable attentat dont vient d’être victime la communauté copte égyptienne ces derniers jours, alors même qu’elle fêtait Noël. Concernant l’Iran, je souhaite qu’à travers le dialogue et la collaboration, soient trouvées des solutions communes, aussi bien au niveau national qu’au plan international. Au Liban, qui a surmonté une longue crise politique, je souhaite de continuer sur la voie de la concorde. J’espère que le Honduras, après un temps d’incertitude et d’agitation, s’achemine vers une normalité politique et sociale retrouvée. Et je souhaite qu’il en aille de même pour la Guinée et pour Madagascar, avec l’aide effective et désintéressée de la communauté internationale.

Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, au terme de ce rapide tour d’horizon, qui, à cause de sa brièveté, ne peut mentionner toutes les situations qui mériteraient de l’être, me reviennent à l’esprit les mots de l’Apôtre Paul, pour qui « la création tout entière crie sa souffrance » et « nous aussi, nous crions en nous-mêmes notre souffrance » (
Rm 8,22-23). Oui, il y a tant de souffrances dans l’humanité et l’égoïsme humain blesse la création de bien des façons. C’est pour cela que l’attente du salut, qui concerne toute la création, est encore plus intense et qu’elle est présente dans le coeur de tous, croyants et incroyants. L’Eglise indique que la réponse à cette aspiration est le Christ « premier-né par rapport à toute créature, car c'est en lui que tout a été créé dans les cieux et sur la terre » (Col 1,15-16). Fixant sur Lui mon regard, j’exhorte toute personne de bonne volonté à oeuvrer avec confiance et générosité pour la dignité et la liberté de l’homme. Que la lumière et la force de Jésus nous aident à respecter l’écologie humaine, conscients que l’écologie environnementale en trouvera aussi un bénéfice, car le livre de la nature est unique et indivisible ! C’est ainsi que nous pourrons consolider la paix, aujourd’hui et pour les générations à venir. Bonne année à tous !



Discours 2005-2013 1043