Discours 2005-2013 1050

AUX ADMINISTRATEURS DE LA RÉGION DU LATIUM, DE LA VILLE ET DE LA PROVINCE DE ROME Salle Clémentine Jeudi 14 janvier 2010



Mesdames et Messieurs!

Je suis heureux de vous rencontrer à l'occasion de ce traditionnel rendez-vous, qui nous offre l'occasion d'échanger des voeux cordiaux pour la nouvelle année et de réfléchir sur la situation de notre territoire, sur lequel est présent depuis 2000 ans le Successeur de Pierre, comme Evêque de Rome et archevêque métropolitain de la Province ecclésiastique romaine, qui comprend tout le Latium. Je vous suis reconnaissant pour cette visite, et j'adresse mon salut respectueux et cordial au vice-président du Conseil régional du Latium, M. Esterino Montino, au maire de Rome, M. Gianni Alemanno, et au président de la province de Rome, M. Nicola Zingaretti, auxquels je désire exprimer mes vifs remerciements pour les paroles courtoises qu'ils m'ont adressées également au nom des administrations dont ils sont responsables. Avec eux, je salue les présidents des conseils respectifs ainsi que toutes les personnes présentes.

La crise qui a frappé l'économie mondiale – comme cela a été rappelé – a eu des conséquences également pour les habitants et les entreprises de Rome et du Latium. Dans le même temps, celle-ci a offert la possibilité de repenser le modèle de croissance poursuivi ces dernières années. Dans l'encyclique Caritas in veritate, j'ai rappelé que pour être authentique, le développement humain doit concerner l'homme dans sa totalité, et doit se réaliser dans la charité et dans la vérité. En effet, la personne humaine est au centre de l'action politique et sa croissance morale et spirituelle doit être la première préoccupation pour ceux qui ont été appelés à administrer la communauté civile. Il est fondamental que tous ceux qui ont reçu, de la confiance des citoyens, la haute responsabilité de gouverner les institutions ressentent comme prioritaire l'exigence de poursuivre constamment le bien commun, qui « n'est pas un bien recherché pour lui-même, mais pour les personnes qui font partie de la communauté sociale et qui, en elle seule, peuvent arriver réellement et plus efficacement à leur bien » (Caritas in veritate, ). Afin que cela ait lieu, il est opportun que dans les sièges institutionnels, l'on s'efforce de favoriser une saine dialectique, car plus les décisions et les mesures seront communes, plus elles permettront un développement efficace pour les habitants des territoires administrés.

Dans ce contexte, je désire exprimer mon appréciation pour les efforts accomplis par ces administrations pour répondre aux besoins des couches les plus faibles et défavorisées de la société, en vue de la promotion d'une coexistence plus juste et solidaire. A cet égard, je voudrais vous inviter à vous assurer le plus possible que le caractère central de la personne humaine et de la famille constituent le principe qui inspire chacun de vos choix. C'est en particulier à lui qu'il faut faire référence dans la réalisation des nouveaux quartiers de la ville, afin que les complexes résidentiels qui voient le jour ne soient pas seulement des villes-dortoirs. A cette fin, il est opportun de prévoir des structures qui favorisent les processus de socialisation, évitant ainsi qu'apparaisse et se diffuse le repli sur l'individualisme et l'attention exclusive aux propres intérêts, nuisibles pour toute coexistence humaine. En respectant les compétences des autorités civiles, l'Eglise est heureuse d'offrir sa contribution, afin que dans ces quartiers existe une vie sociale digne de l'homme. Je sais que dans diverses banlieues de la ville cela est déjà le cas, grâce à l'engagement de l'administration municipale pour la réalisation d'oeuvres importantes, et je souhaite que partout, l'on tienne compte de ces exigences. Je suis reconnaissant pour la collaboration consolidée existant entre les administrations que vous dirigez et le vicariat, en particulier en ce qui concerne la construction de nouveaux centres paroissiaux, qui, en plus d'être des points de référence pour la vie chrétienne, accomplissent également une fonction éducative et sociale fondamentale.

1051 Cette collaboration a permis d'atteindre des objectifs importants. A cet égard, je suis heureux de rappeler que dans certains quartiers, où vivent en particulier de jeunes familles avec des petits enfants, les communautés ecclésiales, conscientes que l'ouverture à la vie est au centre du véritable développement humain, (cf. ibid., n. 28), ont mis sur pied les « aumôneries des petits ». Ces structures utiles permettent aux enfants d'occuper les heures de la journée pendant que leurs parents travaillent. Je suis certain qu'une synergie toujours plus intense entre les diverses institutions permettra l'apparition dans les banlieues, ainsi que dans le reste de la ville, de structures analogues qui aident les jeunes parents dans leur tâche éducative. Je souhaite également que puissent être adoptées des mesures supplémentaires en faveur des familles, en particulier des familles nombreuses, afin que la ville tout entière bénéficie de la fonction irremplaçable de cette institution fondamentale, cellule première et indispensable de la société.

Dans le cadre de la promotion du bien commun, l'éducation des nouvelles générations, qui constituent l'avenir de notre région, représente une préoccupation prédominante que les administrateurs des affaires publiques partagent avec l'Eglise et avec tous les organismes de formation. Depuis quelques années, le diocèse de Rome et ceux du Latium sont engagés à offrir leur contribution en vue de faire face aux exigences toujours plus urgentes qui proviennent du monde des jeunes, et qui demandent des réponses éducatives adéquates de haut niveau. Chacun peut constater l'urgence d'aider les jeunes à programmer leur vie sur des valeurs authentiques, qui font référence à une vision « élevée » de l'homme, et qui trouvent dans le patrimoine religieux et culturel chrétien l'une de ses expressions les plus belles. Aujourd'hui, les nouvelles générations demandent de savoir qui est l'homme et quel est son destin, et cherchent des réponses capables de leur indiquer la voie à parcourir pour fonder l'existence sur les valeurs éternelles. En particulier, dans les propositions de formation en ce qui concerne les grands thèmes de l'affectivité et de la sexualité, si importants pour la vie, il faut éviter de proposer aux adolescents et aux jeunes des voies qui encouragent la banalisation de ces dimensions fondamentales de l'existence humaine. Dans ce but, l'Eglise demande la collaboration de tous, en particulier de ceux qui oeuvrent dans l'école, pour éduquer à une vision élevée de l'amour et de la sexualité humaine. A ce propos, je désire inviter chacun à comprendre que, en prononçant son non, l'Eglise dit en réalité oui à la vie, à l'amour vécu dans la vérité du don de soi à l'autre, à l'amour qui s'ouvre à la vie, et qui ne s'enferme pas dans une vision narcissique du couple. Elle est convaincue que seuls ces choix peuvent conduire à un modèle de vie dans lequel le bonheur est un bien partagé. Sur ces thèmes, ainsi que sur ceux de la famille fondée sur le mariage et sur le respect de la vie de sa conception à son terme naturel, la communauté ecclésiale ne peut qu'être fidèle à la vérité « qui seule est la garantie de la liberté et de la possibilité d'un développement humain intégral » (ibid., n. 9).

Enfin, je ne peux manquer d'exhorter les autorités compétentes à porter une attention constante et cohérente au monde de la maladie et de la souffrance. Les structures médicales, si nombreuses à Rome et dans le Latium, qui offrent un service important à la communauté, doivent être des lieux dans lesquels on trouve toujours plus une gestion attentive et responsable des affaires publiques, des compétences professionnelles et un dévouement généreux envers le malade, dont l'accueil et le soin doivent représenter le critère suprême de tous ceux qui travaillent dans ce secteur. A Rome et dans le Latium, à côté des structures médicales publiques, existent depuis des siècles des structures d'inspiration catholique, qui oeuvrent en faveur d'amples couches de la population. Dans celles-ci, on s'efforce de conjuguer la compétence professionnelle et l'attention au malade avec la vérité et la charité du Christ. En effet, s'inspirant de l'Evangile, celles-ci s'efforcent d'êtres proches des personnes qui souffrent avec amour et espérance, en soutenant également la recherche de sens et en cherchant à fournir des réponses adaptées aux interrogations qui apparaissent inévitablement dans le coeur de ceux qui vivent la dimension difficile de la maladie et de la douleur. En effet, l'homme a besoin d'être soigné dans son unité d'être spirituel et corporel. Je souhaite donc que, en dépit des difficultés économiques persistantes, ces structures puissent être soutenues de façon adéquate dans leur service précieux.

Messieurs les représentants des autorités, tandis que je vous exprime ma profonde gratitude pour votre visite, je vous assure de ma proximité cordiale et de ma prière pour vous, pour les hautes responsabilités qui vous ont été confiées et pour les habitants des lieux placés sous votre administration. Que le Seigneur vous soutienne, vous guide et réalise les attentes de bien présentes dans le coeur de chacun.

Avec ces sentiment, je vous donne avec affection et bienveillance ma Bénédiction apostolique, l'étendant de tout coeur à vos familles et à tous ceux qui vivent et travaillent à Rome, dans sa province et dans tout le Latium.






AUX PARTICIPANTS À L'ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE DE LA CONGRÉGATION POUR LA DOCTRINE DE LA FOI Salle Clémentine Vendredi 15 janvier 2010



Messieurs les cardinaux,
Vénérés frères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce,
Très chers fidèles collaborateurs,

C'est pour moi un motif de grande joie de vous rencontrer à l'occasion de l'assemblée plénière et de vous manifester mes sentiments de profonde reconnaissance et d'appréciation cordiale pour le travail que vous effectuez au service du Successeur de Pierre dans son ministère de confirmer ses frères dans la foi (cf. Lc 22,32).

1052 Je remercie le cardinal William Joseph Levada pour son adresse de salut, dans laquelle il a rappelé les thèmes qui font actuellement l'objet des travaux de la Congrégation, ainsi que les nouvelles responsabilités que le Motu Proprio « Ecclesiae Unitatem » lui a confiées, l'unissant de manière étroite au dicastère de la Commission pontificale Ecclesia Dei.

Monsieur le cardinal, je voudrais à présent m'arrêter brièvement sur certains aspects que vous avez exposés.

Tout d'abord, je désire souligner que votre Congrégation participe au ministère de l'unité, qui est confié, de manière particulière, au Pontife Romain, à travers son engagement pour la fidélité doctrinale. En effet, l'unité est en premier lieu unité de foi, soutenue par le dépôt sacré, dont le Successeur de Pierre est le premier gardien et défenseur. Confirmer les frères dans la foi, en les gardant unis dans la confession du Christ crucifié et ressuscité, constitue pour celui qui siège sur la Chaire de Pierre le devoir premier et fondamental que lui a confié Jésus. C'est un service incontournable, dont dépend l'efficacité de l'action évangélisatrice de l'Eglise jusqu'à la fin des siècles.

L'Evêque de Rome, à la potestas docendi duquel participe votre Congrégation, est constamment tenu de proclamer: « Dominus Iesus » – « Jésus est le Seigneur ». En effet, la potestas docendi comporte l'obéissance à la foi, afin que la Vérité qui est le Christ continue à resplendir dans sa grandeur et à retentir pour tous les hommes dans son intégrité et sa pureté, de sorte qu'il n'y ait qu'un unique troupeau, rassemblé autour de l'unique pasteur.

Parvenir au témoignage commun de la foi de tous les chrétiens constitue donc la priorité de l'Eglise de chaque époque, dans le but de conduire tous les hommes à la rencontre avec Dieu. Dans cet esprit, je compte en particulier sur l'engagement du dicastère pour que soient surmontés les problèmes doctrinaux qui demeurent encore, afin de parvenir à la pleine communion avec l'Eglise de la part de la Fraternité Saint Pie X.

Je désire, en outre, me réjouir de l'engagement en faveur de la pleine intégration de groupes de fidèles et de personnes, appartenant auparavant à l'anglicanisme, dans la vie de l'Eglise catholique, selon ce qui est établi dans la Constitution apostolique Anglicanorum coetibus. La fidèle adhésion de ces groupes à la vérité reçue du Christ et proposée par le Magistère de l'Eglise n'est en aucune manière contraire au mouvement oecuménique, mais révèle en revanche son objectif ultime qui consiste à parvenir à la communion pleine et visible des disciples du Seigneur.

Dans le précieux service que vous rendez au Vicaire du Christ, j'ai à coeur de rappeler également que la Congrégation pour la doctrine de la foi, en septembre 2008, a publié l'Instruction Dignitas personae sur plusieurs questions de bioéthique. Après l'encyclique Evangelium vitae du serviteur de Dieu Jean-Paul II, en mars 1995, ce document doctrinal, centré sur le thème de la dignité de la personne, créée en Christ et pour le Christ, représente un nouveau point de référence dans l'annonce de l'Evangile, en pleine continuité avec l'Instruction Donum vitae, publiée par ce dicastère en février 1987.

A propos de thèmes aussi délicats et actuels que ceux concernant la procréation et les nouvelles propositions thérapeutiques qui comportent la manipulation de l'embryon et du patrimoine génétique humain, l'Instruction a rappelé que « la valeur éthique de la science biomédicale se mesure par sa référence tant au respect inconditionné dû à tout être humain, à chaque instant de son existence, qu'à la sauvegarde de la spécificité des actes personnels qui transmettent la vie » (Instr. Dignitas personae, n. 10; cf. ORLF n. 51 du 23 décembre 2008). C'est ainsi que le Magistère de l'Eglise entend offrir sa propre contribution à la formation de la conscience non seulement des croyants, mais de tous ceux qui recherchent la vérité et entendent être à l'écoute des arguments qui proviennent de la foi, mais également de la raison elle-même. L'Eglise, en proposant des évaluations morales pour la recherche biomédicale sur la vie humaine, puise en effet à la lumière autant de la raison que de la foi (cf. ibid., n. 3), dans la mesure où sa conviction est que « ce qui est humain est non seulement écouté et respecté par la foi, mais il est aussi purifié, élevé et porté à la perfection » (ibid., n. 7).

Dans ce contexte est également apportée une réponse à la mentalité diffuse selon laquelle la foi est présentée comme un obstacle à la liberté et à la recherche scientifique, car elle serait constituée par un ensemble de préjugés qui empêcheraient la compréhension objective de la réalité. Face à une telle attitude, qui tend à remplacer la vérité par le consensus, fragile et facilement manipulable, la foi chrétienne offre en revanche une contribution de vérité également dans le domaine éthique et philosophique, en ne fournissant pas des solutions préconstituées à des problèmes concrets, comme la recherche et l'expérimentation biomédicale, mais en proposant des perspectives morales fiables au sein desquelles la raison humaine peut rechercher et trouver des solutions valables.

En effet, il existe des contenus déterminés de la révélation chrétienne qui éclairent les problématiques bioéthiques: la valeur de la vie humaine, la dimension relationnelle et sociale de la personne, le lien entre l'aspect unifiant et l'aspect procréatif de la sexualité, la place centrale de la famille fondée sur le mariage d'un homme et d'une femme. Ces contenus, inscrits dans le coeur de l'homme, sont compréhensibles également de manière rationnelle comme des éléments de la loi morale naturelle et peuvent trouver un accueil également chez ceux qui ne se reconnaissent pas dans la foi chrétienne.

La loi morale naturelle n'est pas exclusivement ou avant tout confessionnelle, même si la Révélation chrétienne et l'accomplissement de l'homme dans le mystère du Christ en illumine et développe en plénitude la doctrine. Comme l'affirme le Catéchisme de l'Eglise catholique, celle-ci « indique les normes primordiales et essentielles qui réglementent la vie morale » (n. 1955). Fondée dans la nature humaine elle-même et accessible à toute créature rationnelle, la loi morale naturelle constitue ainsi la base pour entrer en dialogue avec tous les hommes qui recherchent la vérité et, de manière plus générale, avec la société civile et séculière. Cette loi, inscrite dans le coeur de chaque homme, touche l'un des points essentiels de la réflexion sur le droit et interpelle également la conscience et la responsabilité des législateurs.

1053 En vous encourageant à poursuivre votre service exigeant et important, je désire vous exprimer également en cette circonstance ma proximité spirituelle, en donnant de tout coeur à chacun de vous, en gage d'affection et de gratitude, ma Bénédiction apostolique.







LE PAPE RECOIT LE TITRE DE CITOYEN D'HONNEUR

DE LA VILLE DE FREISING, EN ALLEMAGNE Salle Clémentine Samedi 16 janvier 2010


Monsieur le maire,
Monsieur le cardinal,
Monseigneur l'archevêque,
Monseigneur l'archevêque auxiliaire,
chères citoyennes et chers citoyens de Freising,
chers amis!

C'est pour moi un moment d'émotion d'être devenu à présent, également sur le plan juridique, citoyen de Freising et d'appartenir ainsi de façon nouvelle, ample et profonde à cette ville, à laquelle je me sens appartenir au plus profond de moi-même. C'est pourquoi je ne peux que vous dire de tout coeur: "Vergelt's Gott" (Que Dieu vous le rende). C'est une joie qui m'accompagne à présent et qui demeurera en moi. Dans la biographie de ma vie - dans la biographie de mon coeur si je puis dire - la ville de Freising occupe une place toute particulière. C'est là que j'ai reçu la formation qui depuis lors, caractérise ma vie. Ainsi, d'une certaine façon, cette ville est toujours présente en moi et moi en elle. Et le fait - comme vous l'avez observé, Monsieur le maire - que j'ai inclu dans mon blason le Maure et l'ours de Freising montre au monde entier combien j'appartiens à cette ville. De plus, le fait que je sois devenu à présent citoyen de Freising, également du point vue juridique, en est le couronnement, et je m'en réjouis profondément.

En cette occasion me revient à l'esprit un vaste horizon d'images et de souvenirs. Vous avez déjà évoqué certains d'entre eux, Monsieur le maire. Je voudrais reprendre certains points de réflexion. Avant tout, le 3 janvier 1946. Après une longue attente, était enfin arrivé le moment où le séminaire de Freising pouvait ouvrir ses portes à ceux qui revenaient. En fait, il s'agissait encore d'un hôpital militaire pour les anciens prisonniers de guerre, mais à présent, nous pouvions enfin commencer. Ce moment représentait un tournant dans notre vie: être sur le chemin auquel nous nous sentions appelés. Selon les paramètres actuels, nous avons vécu de façon très "démodée" et sans aucun confort: nous avions des dortoirs, des salles d'étude et ainsi de suite, mais nous étions heureux, non seulement car nous avions enfin fui les malheurs et les menaces de la guerre et de la domination nazie, mais également parce que nous étions libres et surtout, que nous parcourions le chemin auquel nous nous sentions appelés. Nous savions que le Christ était plus fort que la tyrannie, que le pouvoir de l'idéologie nazie et ses mécanismes d'oppression. Nous savions que le temps et l'avenir appartiennent au Christ, et nous savions qu'Il nous avait appelés et qu'Il avait besoin de nous, qu'on avait besoin de nous. Nous savions que les gens qui vivaient à cette époque de grands changements nous attendaient, attendaient des prêtres qui arrivent avec un nouvel élan de foi pour édifier la maison vivante de Dieu. En cette occasion, je dois également élever un petit hymne de gloire à la vieille université, à laquelle j'ai appartenu, d'abord en tant qu'étudiant, puis en tant que professeur. Il y avait des chercheurs très sérieux, certains de renommée internationale, mais ce qui était le plus important - selon moi - est qu'ils n'étaient pas seulement chercheurs, mais également maîtres, des personnes qui n'offraient pas juste un avant-goût de leur spécialisation, mais des personnes soucieuses de donner l'essentiel aux étudiants, le bon pain dont ils avaient besoin pour recevoir la foi de l'intérieur. Et il était important que nous - si je peux dire nous aujourd'hui - ne nous sentions pas des experts individuels, mais faisant partie d'un ensemble; que chacun d'entre nous travaillait à l'ensemble de la théologie; que notre action devait rendre visible la logique de la foi comme unité et, de cette façon, que devait croître la capacité de donner raison de notre foi, comme le dit saint Pierre (1 P 3, 15), de la transmettre à une époque nouvelle, au sein de nouveaux défis.

1054 La deuxième image que je voudrais évoquer est le jour de mon ordination sacerdotale. La cathédrale a toujours été le centre de notre vie, de même qu'au séminaire nous ne formions qu'une seule famille, et c'est le Père Höck qui a fait de nous une véritable famille. La cathédrale était le centre et l'est devenue pour toute la vie le jour inoubliable de l'ordination sacerdotale. Trois moments sont restés particulièrement gravés dans ma mémoire. Avant tout, être allongé par terre au cours de la litanie des saints. En étant prostré par terre, on devient une fois de plus conscient de toute sa pauvreté et on se demande: en suis-je véritablement digne? Et, dans le même temps, retentissent les noms de tous les saints de l'histoire et l'imploration des fidèles: "Ecoute-nous; aide-les". Ainsi s'accroît notre conscience: oui, je suis faible et inadéquat, mais je ne suis pas seul, il y a d'autres personnes avec moi, toute la communauté des saints est avec moi, ils m'accompagnent et je peux donc parcourir ce chemin et devenir un compagnon et un guide pour les autres. Le deuxième moment, l'imposition des mains de la part du vénérable cardinal Faulhaber, alors âgé, - qui m'a imposé les mains, ainsi que sur nous tous, de façon profonde et intense - et la conscience que c'est le Seigneur qui m'impose ses mains et dit: tu m'appartiens, tu n'appartiens pas seulement à toi-même, je te veux, tu es à mon service; mais également la conscience que cette imposition des mains est une grâce, qui ne crée pas seulement des obligations, mais qui est avant tout un don, qu'Il est avec moi et que son amour me protège et m'accompagne. Et puis, il y avait encore l'ancien rite, au cours duquel le pouvoir de remettre les péchés était conféré à un moment à part, qui commençait lorsque l'évêque disait, à travers les paroles du Seigneur: "Je ne vous appelle plus serviteurs, mais amis". Et je savais - nous savions tous - que cela n'est pas seulement une citation de Jean 15, mais une parole actuelle que le Seigneur m'adresse à présent. Il m'accepte comme ami; je suis dans cette relation d'amitié; il m'a donné sa confiance, et dans cette amitié, je peux agir et faire des autres des amis du Christ.

Monsieur le maire, vous avez déjà évoqué la troisième image: j'ai pu passer encore trois ans et demi inoubliables avec mes parents à Lerchenfeldhof et donc me sentir encore une fois pleinement chez moi. Ces trois dernières années et demi passées avec mes parents ont été pour moi un don immense et ont véritablement fait de Freising ma maison. Je pense aux fêtes, à la façon dont nous avons célébré ensemble Noël, Pâques, la Pentecôte; aux promenades que nous avons faites ensemble dans les prés; lorsque nous sommes allés dans les bois ramasser des branches de sapin et de la mousse pour la crèche, et à nos promenades dans les champs le long de l'Isar. Ainsi, Freising est devenue pour nous une véritable patrie, et en tant que patrie, elle demeure dans mon coeur.

Aujourd'hui, aux portes de Freising se trouve l'aéroport de Munich. Ceux qui y atterrissent ou y décollent voient les tours de la cathédrale de Freising, voient le mons doctus et peuvent sans doute percevoir un peu de son histoire et de son présent. Freising jouit depuis toujours d'un vaste panorama sur la chaîne des Alpes; avec l'aéroport, elle est devenue, d'une certaine façon, également mondiale et ouverte au monde. Et toutefois, je voudrais dire: la cathédrale, avec ses tours, atteint une hauteur de loin supérieure et différente de celle que l'on atteint avec les avions, c'est la véritable hauteur, la hauteur de Dieu, dont provient l'amour qui nous donne la véritable humanité. Mais la cathédrale n'indique pas seulement la hauteur de Dieu, qui nous forme et nous montre le chemin, mais elle indique également la vaste étendue, et cela non seulement parce que dans la cathédrale sont renfermés des siècles de foi et de prière, mais parce qu'en elle est présente, pour ainsi dire, toute la communauté des saints, de tous ceux qui ont cru, prié, souffert, et se sont réjouis avant nous. Elle indique, en général, la vaste étendue de tous les croyants de tout temps, révélant ainsi une étendue qui va au-delà de la mondialisation, car dans la diversité, et même dans l'opposition des cultures et des origines, elle donne la force de l'unité intérieure, elle donne ce qui peut nous unir: la force unificatrice qui vient de l'amour de Dieu pour nous. Ainsi, Freising demeure pour moi également l'indication d'un chemin.

En conclusion, je voudrais remercier une fois de plus pour le grand honneur que vous me faites, également pour l'orchestre, qui rend ici présent la culture véritablement bavaroise. Mon désir - ma prière - est que le Seigneur continue de bénir cette ville et que Notre Dame de la cathédrale de Freising la protège, afin qu'elle puisse être, à l'avenir également, un lieu de vie humaine, de foi et de joie. Merci beaucoup.







VISITE À LA COMMUNAUTÉ JUIVE DE ROME

PAROLES Synagogue de Rome Dimanche 17 janvier 2010

« Merveilles que fit pour eux le Seigneur!
Merveilles que fit pour nous le Seigneur,

nous étions dans la joie » (Ps 126)

« Voyez! Qu'il est bon, qu'il est doux

1055
d'habiter en frères tous ensemble! » (Ps 133)




Monsieur le grand rabbin de la communauté juive de Rome,
Monsieur le président de l'Union des communautés juives italiennes,
Monsieur le président de la communauté juive de Rome,
Messieurs les rabbins,
Eminentes autorités,
Chers amis et frères,

1. Au début de la rencontre dans le Grand Temple des juifs de Rome, les psaumes que nous avons écoutés nous suggèrent l'attitude spirituelle la plus authentique pour vivre ce moment de grâce particulier et joyeux: la louange au Seigneur, qui a fait de grandes choses pour nous, nous a ici rassemblés avec son Hèsed, l'amour miséricordieux, et l'action de grâce pour nous avoir fait le don de nous retrouver ensemble pour rendre plus solides les liens qui nous unissent et continuer à parcourir la route de la réconciliation et de la fraternité. Je désire tout d'abord vous exprimer ma vive gratitude, M. le grand rabbin Riccardo Di Segni, pour l'invitation que vous m'avez faite et pour les paroles significatives que vous m'avez adressées. Je remercie ensuite les présidents de l'Union des Communautés juives italiennes, M. Renzo Gattegna, et de la Communauté juive de Rome, M. Riccardo Pacifici, pour les paroles courtoises qu'ils ont bien voulu m'adresser. Ma pensée va aux Autorités et à toutes les personnes présentes et elle s'étend, de manière particulière, à la communauté juive romaine et à ceux qui ont collaboré pour rendre possible le moment de rencontre et d'amitié que nous sommes en train de vivre.

En venant pour la première fois parmi vous en tant que chrétien et que Pape, mon vénéré prédécesseur le Pape Jean-Paul II, il y a presque vingt-quatre ans, voulut apporter une contribution décisive au renforcement des bonnes relations entre nos communautés, pour surmonter toute incompréhension et préjugé. Ma visite s'inscrit dans le chemin tracé, pour le confirmer et le renforcer. C'est avec des sentiments de vive cordialité que je me trouve parmi vous pour vous manifester l'estime et l'affection que l'évêque de Rome et l'Eglise de Rome, ainsi que toute l'Eglise catholique, nourrissent à l'égard de votre communauté et des communautés juives présentes dans le monde.

2. La doctrine du Concile Vatican II a représenté pour les catholiques un point de référence vers lequel se tourner constamment dans l'attitude et dans les rapports avec le peuple juif, marquant une étape nouvelle et décisive. L'événement conciliaire a donné un élan décisif à l'engagement de parcourir un chemin irrévocable de dialogue, de fraternité et d'amitié, un chemin qui s'est approfondi et développé ces quarante dernières années avec des étapes et des gestes importants et significatifs, parmi lesquels je souhaite mentionner à nouveau la visite historique dans ce lieu de mon vénérable prédécesseur, le 13 avril 1986, les nombreuses rencontres qu'il a eues avec des représentants juifs, notamment au cours des voyages apostoliques internationaux, le pèlerinage jubilaire en Terre Sainte en l'an 2000, les documents du Saint-Siège qui, après la Déclaration Nostra aetate, ont offert de précieuses orientations pour un développement positif dans les rapports entre catholiques et juifs. Moi aussi, pendant ces années de pontificat, j'ai voulu montrer ma proximité et mon affection envers le peuple de l'Alliance. Je conserve bien vivant dans mon coeur tous les moments du pèlerinage que j'ai eu la joie d'accomplir en Terre Sainte, au mois de mai de l'année dernière, ainsi que les nombreuses rencontres avec des communautés et des organisations juives, en particulier dans les synagogues de Cologne et de New York.

En outre, l'Eglise n'a pas manqué de déplorer les fautes de ses fils et de ses filles, en demandant pardon pour tout ce qui a pu favoriser d'une manière ou d'une autre les plaies de l'antisémitisme et de l'antijudaïsme (cf. Commission pour les rapports religieux avec le judaïsme, Nous nous souvenons: une réflexion sur la Shoah, 16 mars 1998). Puissent ces plaies être guéries pour toujours! Il me revient à l'esprit la prière pleine de tristesse au Mur du Temple à Jérusalem du Pape Jean-Paul II, le 26 mars 2000, qui résonne avec vérité et sincérité au plus profond de notre coeur: « Dieu de nos pères, tu as choisi Abraham et sa descendance pour que ton Nom soit apporté aux peuples: nous sommes profondément attristés par le comportement de ceux qui, au cours de l'histoire, les ont fait souffrir, eux qui sont tes fils, et, en te demandant pardon, nous voulons nous engager à vivre une fraternité authentique avec le peuple de l'Alliance ».

1056 3. Le temps qui s'est écoulé nous permet de reconnaître dans le vingtième siècle une époque véritablement tragique pour l'humanité: des guerres sanglantes qui ont semé la destruction, la mort et la douleur comme jamais auparavant; des idéologies terribles qui ont trouvé leur racine dans l'idolâtrie de l'homme, de la race, de l'Etat qui ont conduit une fois de plus un frère à tuer son frère. Le drame singulier et bouleversant de la Shoah représente en quelque sorte le sommet d'un chemin de haine qui naît lorsque l'homme oublie son Créateur et se met lui-même au centre de l'univers. Comme je l'ai dit lors de ma visite du 28 mai 2006 au camp de concentration d'Auschwitz, encore profondément inscrite dans ma mémoire, « les potentats du Troisième Reich voulaient écraser le peuple juif tout entier » et, au fond, « au moyen de l'anéantissement de ce peuple, entendaient tuer ce Dieu qui appela Abraham, et qui, parlant sur le Sinaï, établit les critères d'orientation de l'humanité, qui demeurent éternellement valables » (Discours au camp d'Auschwitz-Birkenau: Insegnamenti de Benoît XVI, II, [2006], p. 727; cf. ORLF n. 24 du 13 juin 2006).

Comment ne pas rappeler en ce lieu les juifs romains qui furent arrachés de ces maisons, devant ces murs, et dans un horrible massacre furent tués à Auschwitz? Comment est-il possible d'oublier leurs visages, leurs noms, les larmes, le désespoir des hommes, des femmes et des enfants? L'extermination du peuple de l'Alliance de Moïse, d'abord annoncée puis systématiquement programmée et mise en oeuvre en Europe sous la domination nazie, atteint également Rome en ce jour tragique. Malheureusement, beaucoup demeurèrent indifférents, mais beaucoup, également parmi les catholiques italiens, soutenus par la foi et l'enseignement chrétien, réagirent avec courage, ouvrant les bras pour secourir les juifs traqués et en fuite, souvent au risque de leur propre vie, et méritant une gratitude éternelle. Le Siège apostolique également mena une action de secours, souvent cachée et discrète.

Le souvenir de ces événements doit nous pousser à renforcer les liens qui nous unissent pour que croissent toujours davantage la compréhension, le respect et l'accueil.

4. Notre proximité et notre fraternité spirituelles trouvent dans l'Ecriture Sainte – en hébreu Sifre Qodesh ou « Livres de Sainteté » – le fondement le plus solide et le plus durable, sur la base duquel nous sommes constamment mis devant nos racines communes, devant l'histoire et le riche patrimoine spirituel que nous partageons. C'est en scrutant son propre mystère que l'Eglise, Peuple de Dieu de la Nouvelle Alliance, découvre son lien profond avec les juifs, choisis les premiers entre tous par le Seigneur pour accueillir sa parole (cf. Catéchisme de l'Eglise catholique
CEC 839). « A la différence des autres religions non chrétiennes, la foi juive est déjà une réponse à la révélation de Dieu dans l'Ancienne Alliance. C'est au peuple juif qu'"appartiennent l'adoption filiale, la gloire, les alliances, la législation, le culte, les promesses et les patriarches, lui de qui est né, selon la chair, le Christ" (Rm 9,4-5) car "les dons et l'appel de Dieu sont sans repentance" (Rm 11,29) » (Ibid.).

5. Nombreuses peuvent être les implications qui dérivent de l'héritage commun tiré de la Loi et des Prophètes. Je voudrais en rappeler certaines: tout d'abord, la solidarité qui lie l'Eglise et le peuple juif « au niveau même de leur identité » spirituelle et qui offre aux chrétiens l'opportunité de promouvoir « un respect renouvelé pour l'interprétation juive de l'Ancien Testament » (cf. Commission biblique pontificale, Le peuple juif et ses Saintes Ecritures dans la Bible chrétienne, 2001, PP 12 et 55); la place centrale du Décalogue comme message éthique commun de valeur éternelle pour Israël, l'Eglise, les non-croyants et l'humanité tout entière; l'engagement pour préparer ou réaliser le Royaume du Très-Haut dans le « soin de la création » confiée par Dieu à l'homme pour la cultiver et la protéger de manière responsable (cf. Gn Gn 2,15).

6. En particulier, le Décalogue – les « Dix Paroles » ou Dix Commandements (cf. Ex Ex 20,1-17 Dt 5,1-21) – qui provient de la Torah de Moïse, constitue le flambeau de l'éthique, de l'espérance et du dialogue, étoile polaire de la foi et de la morale du peuple de Dieu, et il éclaire et guide également le chemin des chrétiens. Il constitue un phare et une norme de vie dans la justice et dans l'amour, un « grand code » éthique pour toute l'humanité. Les « Dix Paroles » jettent une lumière sur le bien et le mal, sur le vrai et le faux, sur le juste et l'injuste, également selon les critères de la conscience juste de toute personne humaine. Jésus lui-même l'a répété plusieurs fois, en soulignant qu'un engagement actif sur le chemin des commandements est nécessaire: « Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements » (Mt 19,17). Dans cette perspective, les domaines de collaboration et de témoignage sont divers. Je souhaiterais en rappeler trois particulièrement importants pour notre époque.

Les « Dix Paroles » demandent de reconnaître l'unique Seigneur, contre la tentation de se construire d'autres idoles, de se faire des veaux d'or. Dans notre monde, beaucoup ne connaissent pas Dieu ou estiment qu'il est superflu, sans importance pour la vie; ainsi ont été fabriqués d'autres et de nouveaux dieux devant lesquels l'homme s'incline. Réveiller dans notre société l'ouverture à la dimension transcendante, témoigner de l'unique Dieu est un service précieux que les juifs et les chrétiens peuvent et doivent offrir ensemble.

Les « Dix Paroles » demandent le respect, la protection de la vie, contre toute injustice ou tout abus de pouvoir, en reconnaissant la valeur de toute personne humaine, créée à l'image et à la ressemblance de Dieu. Combien de fois, dans toutes les régions de la terre, proches ou lointaines, sont encore piétinés la dignité, la liberté, les droits de l'être humain! Témoigner ensemble de la valeur suprême de la vie contre tout égoïsme, c'est offrir une contribution importante à un monde où puissent régner la justice et la paix, le « shalom » appelé de leurs voeux par les législateurs, par les prophètes et par les sages d'Israël.

Les « Dix Paroles » exigent de sauvegarder et de promouvoir la sainteté de la famille, où le « oui » personnel et réciproque, fidèle et définitif de l'homme et de la femme, ouvre l'espace pour l'avenir, pour l'authentique humanité de chacun, et s'ouvre, dans le même temps, au don d'une nouvelle vie. Témoigner que la famille continue d'être la cellule essentielle de la société et le contexte de base où l'on apprend et l'on exerce les vertus est un précieux service à offrir pour la construction d'un monde au visage plus humain.

7. Comme l'enseigne Moïse dans le Shemà (cf. Dt Dt 6,5 Lv 19,34) – et le réaffirme Jésus dans l'Evangile (cf. Mc 12,19-31), tous les commandements se résument dans l'amour de Dieu et dans la miséricorde envers le prochain. Cette Règle engage les juifs et les chrétiens à faire preuve, à notre époque, d'une générosité particulière envers les pauvres, les femmes, les enfants, les étrangers, les malades, les faibles, les personnes dans le besoin. Il existe dans la tradition juive un admirable dicton des Pères d'Israël: « Simon le Juste avait l'habitude de dire: le monde se fonde sur trois choses: la Torah, le culte et les actes de miséricorde » (Aboth 1, 2). A travers l'exercice de la justice et de la miséricorde, les juifs et les chrétiens sont appelés à annoncer et à témoigner du Royaume du Très-Haut qui vient, et pour lequel nous prions et nous oeuvrons chaque jour dans l'espérance.

8. Nous pouvons accomplir des pas ensemble dans cette direction, conscients des différences qui existent entre nous, mais également du fait que si nous réussissons à unir nos coeurs et nos mains pour répondre à l'appel du Seigneur, sa lumière deviendra plus proche pour illuminer tous les peuples de la terre. Les pas accomplis au cours de ces quarante années par le Comité international conjoint catholique-juif et, au cours des dernières années, par la Commission mixte du Saint-Siège et du grand rabbinat d'Israël, sont un signe de la volonté commune de poursuivre un dialogue ouvert et sincère. Demain précisément, la Commission mixte tiendra ici à Rome sa rencontre sur: « L'enseignement catholique et juif sur la création et l'environnement »; nous leur souhaitons un dialogue fructueux sur un thème d'actualité aussi important.

1057 9. Les chrétiens et les juifs ont en commun une grande partie de leur patrimoine spirituel, ils prient le même Seigneur, ils ont les mêmes racines, mais ils demeurent souvent ignorants les uns des autres. C'est à nous qu'il revient, en réponse à l'appel de Dieu, de travailler afin que demeure toujours ouvert l'espace du dialogue, du respect réciproque, de la croissance dans l'amitié, du témoignage commun face aux défis de notre temps, qui nous invitent à collaborer pour le bien de l'humanité dans ce monde créé par Dieu, le Tout-Puissant et le Miséricordieux.

10. J'exprime enfin une pensée particulière pour notre Ville de Rome, où, depuis environ deux millénaires, cohabitent, comme le disait le Pape Jean-Paul II, la communauté catholique avec son évêque et la communauté juive avec son grand rabbin. Que cette coexistence puisse être animée par un amour fraternel grandissant, s'exprimant également dans une coopération toujours plus étroite pour offrir une contribution valable à la résolution des problèmes et des difficultés à affronter.
J'invoque du Seigneur le don précieux de la paix dans le monde entier, en particulier en Terre Sainte. Au cours de mon pèlerinage à Jérusalem au mois de mai dernier, au Mur du Temple, j'ai demandé à Celui qui peut tout: « Envoie ta paix sur cette Terre Sainte, sur le Moyen Orient, sur la famille humaine tout entière; éveille le coeur de tous ceux qui invoquent ton nom, afin qu'ils marchent humblement sur le chemin de la justice et de la compassion » (Prière au Mur des Jérusalem, 12 mai 2009; cf. ORLF n. 20 du 19 mai 2009).

J'élève vers Lui, à nouveau, l'action de grâce et la louange pour notre rencontre, en lui demandant de renforcer notre fraternité et de rendre notre entente plus solide.
[« Louez le Seigneur, tous les peuples, fêtez-le tous les pays! Fort est son amour pour nous, pour toujours sa vérité » (
Ps 117)]






Discours 2005-2013 1050