Discours 2005-2013 1263


VISITE PASTORALE À AQUILÉE ET VENISE

RENCONTRE AVEC LA POPULATION VÉNITIENNE

Môle Saint-Marc - Venise Samedi 7 mai 2011




Monsieur le cardinal-patriarche,
1264 chers confrères dans l’épiscopat,
Monsieur le maire et éminentes autorités,
chers frères et soeurs!

J’adresse un salut cordial à chacun de vous qui, des diverses «calli» (rues) et des «campi» (places) de cette merveilleuse ville, vous êtes rassemblés sur ce môle, pour exprimer votre affection au Successeur de Pierre, venu en pèlerinage dans les terres de saint Marc. Votre présence, accompagnée par un vibrant enthousiasme, exprime votre foi et votre dévotion, et cela constitue pour moi un motif de grande joie. En particulier, je remercie Monsieur le maire pour les nobles expressions que, également au nom de la ville tout entière, il m’a adressées et pour les sentiments qu’il m’a manifestés: avec lui, je salue et je remercie toutes les autres autorités civiles et militaires, qui sont venues m’accueillir.

Aujourd’hui, j’ai la joie de pouvoir rencontrer la population de cette lagune. Je viens parmi vous pour renforcer ce lien profond de communion qui vous unit historiquement à l’Evêque de Rome et dont sont tout d’abord les témoins les vénérés pasteurs qui, de ce siège patriarcal, sont passés à celui de saint Pierre: un grand nombre d’entre vous gardent un vif souvenir du patriarche Albino Luciani, fils de ces terres vénitiennes, qui devint Pape sous le nom de Jean-Paul Ier; et comment ne pas rappeler le patriarche Angelo Giuseppe Roncalli qui, devenu le Pape Jean XIII, a été élevé par l’Eglise à la gloire des autels et proclamé bienheureux? Rappelons enfin le patriarche Giuseppe Sarto, le futur saint Pie X, qui par son exemple de sainteté continue à vivifier cette Eglise particulière et toute l’Eglise universelle. Un témoignage de la sollicitude pastorale des Papes pour votre ville sont également les visites pastorales accomplies par le serviteur de Dieu Paul VI et par le bienheureux Jean-Paul II. Moi aussi, sur les traces de mes prédécesseurs, j’ai voulu venir aujourd’hui parmi vous, pour vous apporter une parole d’amour et d’espérance et vous confirmer dans la foi de l’Eglise, que le Seigneur Jésus a voulu fonder sur le roc qui est Pierre et a confiée à la direction des apôtres et de leurs successeurs, dans la communion avec l’Eglise de Rome «qui préside à la charité» (saint Ignace).

Chers amis, selon les traditions vénitiennes vous avez voulu m’accueillir dans ce lieu suggestif, qui est comme la porte d’accès au coeur de la ville. D’ici, le regard embrasse le bassin calme de Saint-Marc, l’élégant palais ducal, la merveilleuse silhouette de la basilique marcienne, l’incomparable profil de la ville, appelée à juste titre «la perle de l’Adriatique». Depuis ce môle, on peut saisir cet aspect d’ouverture singulière qui depuis toujours caractérise Venise, carrefour de personnes et de communautés de toute provenance, culture, langue et religion. Point d’arrivée et de rencontre pour les hommes de tous les continents, en raison de sa beauté, de son histoire et de ses traditions civiles, cette ville a répondu au cours des siècles à la vocation spéciale d’être un pont entre l’Occident et l’Orient. A notre époque aussi, avec ses nouvelles perspectives et ses défis complexes, elle est appelée à assumer d’importantes responsabilités en vue de la promotion d’une culture d’accueil et de partage, capable de jeter des ponts de dialogue entre les peuples et les nations; une culture de la concorde et de l’amour, qui a son solide fondement dans l’Evangile.

La splendeur des monuments et la notoriété des institutions séculaires manifestent l’histoire glorieuse et le caractère de la population vénitienne, honnête et laborieuse, dotée d’une grande sensibilité, d’un sens de l’organisation et de ce qui, dans le langage commun, est appelé le «bon sens». Ce patrimoine de traditions civiles, culturelles et artistiques a trouvé un développement fécond également grâce à l’accueil de la foi chrétienne, qui plonge ses racines très loin, dès la naissance des premières installations humaines dans cette lagune. Avec le passage des siècles, la foi transmise par les premiers évangélisateurs s’est enracinée toujours plus profondément dans le tissu social, jusqu’à en devenir une partie essentielle. Le témoignage visible en sont les splendides églises et les nombreux édicules de dévotion présents entre les rues, les canaux et les ponts. Je voudrais rappeler, en particulier, les deux importants sanctuaires qui, à différentes époques, furent édifiés par les Vénitiens pour répondre à un voeu, afin d’obtenir de la Providence divine la libération de la plaie de la peste: les voici face à ce môle, il s’agit de la basilique du Rédempteur et du sanctuaire de la Vierge de la Santé, tous deux destinations de nombreux pèlerins lors de leurs fêtes annuelles respectives. Vos pères savaient bien que la vie humaine est placée entre les mains de Dieu et que sans sa bénédiction l’homme construit en vain. C’est pourquoi, en visitant votre ville, je demande au Seigneur qu’il vous donne à tous une foi sincère et féconde, capable de nourrir une grande espérance et une recherche patiente du bien commun.

Chers amis, ma prière s’élève à Dieu pour implorer qu’il déverse ses bénédictions sur Venise et sur son territoire. Je vous invite tous, chers Vénitiens, à rechercher et à conserver toujours l’harmonie entre le regard de la foi et de la raison qui permet à la conscience de percevoir le bien véritable, de manière à ce que les choix de la communauté civile soient toujours inspirés des principes éthiques correspondant à la vérité profonde de la nature humaine. L’homme ne peut pas renoncer à la vérité sur lui-même, sans qu’en souffrent le sens de la responsabilité personnelle, la solidarité envers les autres, l’honnêteté dans les relations économiques et de travail.

Alors que, au crépuscule de ce jour, nous nous introduisons dans la fête dominicale, disposons-nous à célébrer la Pâque hebdomadaire du Seigneur avec la joie qui caractérise le temps pascal et dans la certitude que Jésus a vaincu la mort par sa résurrection et veut nous faire participer à sa vie même. En vous confiant à la protection maternelle de la Très Sainte Vierge, j’invoque sur cette ville, sur ceux qui y vivent, sur ceux qui la gouvernent, sur ceux qui se prodiguent pour la rendre toujours plus digne de Dieu et de l’homme, la Bénédiction du Seigneur. Merci à vous tous et bon dimanche.

VISITE PASTORALE À AQUILÉE ET VENISE

ASSEMBLÉE DE CLÔTURE DE LA

VISITE PASTORALE DIOCÉSAINE


Basilique Saint-Marc - Venise Dimanche 8 mai 2011




1265 «Magnificat anima mea Dominum»

Chers frères et soeurs! Avec les paroles de la Vierge Marie, je désire élever avec vous un hymne de louange et d’action de grâce au Seigneur pour le don de la visite pastorale, commencée dans le patriarcat de Venise en 2005 et parvenue aujourd’hui à sa conclusion providentielle au cours de cette assemblée générale. A Dieu, dispensateur de tout bien, nous adressons notre louange pour avoir soutenu vos intentions spirituelles et vos efforts apostoliques au cours de ce temps de la visite pastorale, accomplie par votre pasteur, le cardinal Angelo Scola, que je salue et que je remercie pour les aimables paroles qu’il m’a adressées en votre nom à tous. Avec lui, je salue l’évêque auxiliaire et évêque élu de Vicenza, les vicaires épiscopaux et tous ceux qui l’ont accompagné dans cette longue et complexe tâche pastorale, événement de grâce et de profonde expérience ecclésiale, au cours duquel tout le peuple chrétien s’est régénéré dans la foi, à travers un élan renouvelé vers la mission. C’est donc en particulier à vous, chers prêtres, religieux et fidèles laïcs, que j’adresse mon salut affectueux et mon appréciation sincère pour votre service, en particulier dans le déroulement des assemblées ecclésiales. Je suis heureux de saluer la communauté arménienne historique de Venise avec l’abbé et les moines mékhitaristes. J’adresse une pensée au métropolite grec-orthodoxe d’Italie Ghennadios et à l’évêque de l’Eglise orthodoxe russe Nestor ainsi qu’aux représentants des communautés luthérienne et anglicane.

Gratitude et joie sont donc les sentiments qui caractérisent notre rencontre. Celle-ci se déroule dans l’espace sacré, empli d’art et de mémoire, de la basilique Saint-Marc, où la foi et la créativité humaine ont donné naissance à une éloquente catéchèse par les images. Le serviteur de Dieu Albino Luciani, qui fut votre inoubliable patriarche, décrivit ainsi sa première visite dans cette basilique, en tant que jeune prêtre: «Je me retrouvais plongé dans un fleuve de lumière... Enfin, je pouvais voir et apprécier du regard toute la splendeur d’un monde d’art et de beauté unique et irremplaçable, dont la fascination pénètre l’être en profondeur» (Io sono il ragazzo del mio Signore, Venezia-Quarto d’Altino, 1998). Ce temple est l’image et le symbole de l’Eglise de pierres vivantes que vous êtes, chrétiens de Venise.

«Il me faut aujourd'hui demeurer chez toi. Et vite il descendit et le reçut avec joie» (
Lc 19,5-6). Combien de fois, au cours de la visite pastorale, avez-vous écouté et médité ces paroles, adressées par Jésus à Zachée! Elles ont été le fil conducteur de vos rencontres communautaires, en vous offrant un encouragement efficace à accueillir Jésus Ressuscité, chemin sûr pour trouver la plénitude de vie et de bonheur. En effet, l’authentique réalisation de l’homme et sa véritable joie ne se trouvent pas dans le pouvoir, dans le succès, dans l’argent, mais uniquement en Dieu, que Jésus Christ nous fait connaître et rend proche de nous. Telle est l’expérience de Zachée. Selon la mentalité de l’époque, il a tout: pouvoir et argent. Il peut se vanter d’être un «homme arrivé»: il a fait carrière, il a atteint ce qu’il voulait et il pourrait dire, comme le jeune homme riche insensé de la parabole évangélique: «Mon âme, tu as quantité de biens en réserve pour de nombreuses années; repose-toi, mange, bois, fais la fête» (Lc 12,19). C’est pourquoi son désir de voir Jésus est surprenant. Qu’est-ce qui le pousse à rechercher la rencontre avec Lui? Zachée se rend compte que ce qu’il possède ne lui suffit pas, il sent le désir d’aller au-delà. Et voici que Jésus, le prophète de Nazareth, passe par Jéricho, sa ville. L’écho de certaines de ses paroles inhabituelles est parvenu jusqu’à lui: bienheureux les pauvres, les doux, les affligés, les assoiffés de justice. Des paroles pour lui étranges, mais sans doute précisément pour cela fascinantes et nouvelles. Il veut voir ce Jésus. Mais Zachée, bien que riche et puissant, est petit de taille. C’est pourquoi il court en avant, monte sur un arbre, un sycomore. Peut lui importe d’être exposé au ridicule: il a trouvé une façon de rendre la rencontre possible. Et Jésus arrive, élève le regard vers lui, l’appelle par son nom: «Zachée, descends vite, car il me faut aujourd'hui demeurer chez toi» (Lc 19,5). Rien n’est impossible à Dieu! De cette rencontre naît pour Zachée une vie nouvelle: il accueille Jésus avec joie, en découvrant finalement la réalité qui peut remplir véritablement et pleinement sa vie. Il a touché du doigt le salut, désormais il n’est plus le même qu’avant et, comme signe de conversion, il s’engage à donner la moitié de ses biens aux pauvres et à restituer le quadruple à ceux qu’il avait volés. Il a trouvé le véritable trésor, car le Trésor, qui est Jésus, l’a trouvé!

Bien-aimée Eglise qui es à Venise! Imite l’exemple de Zachée et va plus loin! Dépasse et aide l’homme d’aujourd’hui à surmonter les obstacles de l’individualisme, du relativisme; ne te laisse jamais tirer vers le bas par les défauts qui peuvent caractériser les communautés chrétiennes. Efforce-toi de voir de près la personne du Christ, qui a dit: «Je suis le chemin, la vérité, la vie» (Jn 14,6). En tant que successeur de l’apôtre Pierre, en visitant ces jours-ci votre terre, je répète à chacun de vous: n’ayez pas peur d’aller à contre-courant pour rencontrer Jésus, de viser vers le haut pour croiser son regard. Dans le «logo» de ma visite pastorale est représentée la scène de Marc qui remet l’Evangile à Pierre, tirée d’une mosaïque de cette Basilique. Aujourd’hui, je viens vous remettre à vous, fils spirituels de saint Marc, de façon symbolique l’Evangile pour vous confirmer dans la foi et vous encourager face aux défis du moment présent. Avancez avec confiance sur le sentier de la nouvelle évangélisation, au service plein d’amour des pauvres et dans le témoignage courageux au sein des diverses réalités sociales. Soyez conscients d’être porteurs d’un message qui est pour tout homme et tout l’homme: un message de foi, d’espérance et de charité.

Cette invitation s’adresse, en premier lieu, à vous, chers prêtres, configurés par le sacrement de l’Ordre au Christ «Tête et Pasteur» et placés à la tête de son peuple. Reconnaissants pour l’immense don reçu, continuez d’accomplir avec générosité et dévouement votre ministère, en cherchant un soutien tant dans la fraternité sacerdotale, vécue comme coresponsabilité et collaboration, que dans la prière intense et dans un renouveau théologique et pastoral approfondi. J’adresse une pensée affectueuse aux prêtres malades et âgés, unis à nous spirituellement. Cette invitation s’adresse également à vous, personnes consacrées qui constituez une précieuse ressource spirituelle pour tout le peuple chrétien et indiquez de façon spéciale, à travers la profession des voeux, l’importance et la possibilité du don total de soi à Dieu. Enfin, cette invitation vous est adressée à tous, chers fidèles laïcs. Sachez rendre toujours et partout raison de l’espérance qui est en vous (cf. 1P 3,15). L’Eglise a besoin de vos dons et de votre enthousiasme. Sachez dire «oui» au Christ qui vous appelle à être ses disciples, à être saints. Je voudrais rappeler, une fois de plus, que la «sainteté» ne signifie pas faire des choses extraordinaires, mais suivre chaque jour la volonté de Dieu, vivre vraiment bien sa vocation, avec l’aide de la prière, de la Parole de Dieu, des Sacrements et avec l’effort quotidien de la cohérence. Oui, nous avons besoin de fidèles laïcs fascinés par l’idéal de la «sainteté», pour édifier une société digne de l’homme, une civilisation de l’amour.

Au cours de la visite pastorale, vous avez consacré un soin particulier au témoignage que vos communautés chrétiennes sont appelées à rendre, en partant des fidèles les plus motivés et les plus conscients. A ce propos, vous vous êtes préoccupés à juste titre de relancer l’évangélisation et la catéchèse des adultes et des nouvelles générations précisément à partir de petites communautés d’adultes et de parents qui, constituant comme des cénacles domestiques, puissent vivre la logique de l’événement chrétien avant tout dans le témoignage de la communion et de la charité. Je vous exhorte à ne pas épargner vos énergies dans l’annonce de l’Evangile et dans l’éducation chrétienne, en promouvant tant la catéchèse à tous les niveaux que les opportunités de formation et culturelles qui constituent pour vous un patrimoine spirituel important. Sachez consacrer un soin particulier à la formation chrétienne des enfants, des adolescents et des jeunes. Ils ont besoin de points de référence valables: soyez pour eux des exemples de cohérence humaine et chrétienne. Tout au long de la visite pastorale est apparue également la nécessité d’un engagement toujours plus grand dans la charité, comme expérience du don généreux et gratuit de soi, ainsi que l’exigence de manifester avec clarté le visage missionnaire de la paroisse, allant jusqu’à créer des réalités pastorales qui, sans renoncer à leur présence sur le terrain, soient davantage capables d’élan apostolique.

Chers amis, la mission de l’Eglise porte du fruit car le Christ est réellement présent parmi nous, de façon toute particulière dans la Sainte Eucharistie. Sa présence est une présence dynamique, qui nous saisit pour nous faire siens, pour nous assimiler à Lui. Le Christ nous attire à Lui, il nous fait sortir de nous-mêmes pour faire en sorte que nous ne fassions qu’un avec Lui. De cette façon, Il nous inscrit également dans la communauté des frères: la communion avec le Seigneur est également toujours communion avec les autres. C’est pourquoi notre vie spirituelle dépend essentiellement de l’Eucharistie. Sans elle, la foi et l’espérance s’éteignent, la charité se refroidit. Je vous exhorte donc à soigner toujours plus la qualité des célébrations eucharistiques, en particulier celle du dimanche, afin que le Jour du Seigneur soit vécu pleinement et illumine la vie et les activités de tous les jours. A l’Eucharistie, source inépuisable d’amour divin, vous pourrez puiser l’énergie nécessaire pour apporter le Christ aux autres et pour conduire les autres au Christ, pour être chaque jour des témoins de charité et de solidarité et pour partager les biens que la Providence vous accorde avec vos frères qui manquent du nécessaire.

Chers amis, je vous assure de ma prière, afin que le chemin difficile de croissance dans la communion, que vous avez accompli au cours de ces années de la visite pastorale, renouvelle la vie de foi de toute votre Eglise particulière, et, dans le même temps, suscite un dévouement toujours plus généreux au service de Dieu et de vos frères. Que la Très Sainte Vierge Marie, que vous vénérez sous le titre de Vierge Nicopeia, dont l’image suggestive resplendit dans cette basilique, obtienne en don pour vous tous et pour toute la communauté diocésaine, la pleine fidélité au Christ. Je confie le chemin qui vous attend à l’intercession de la Mère céleste du Rédempteur et au soutien des saints et bienheureux de votre terre, tandis que je vous donne avec affection, ainsi qu’à toute l’Eglise de saint Marc, une Bénédiction apostolique particulière, en l’étendant aux malades, aux détenus, et à tous ceux qui souffrent dans leur corps et dans leur esprit. Amen.

VISITE PASTORALE À AQUILÉE ET VENISE

RENCONTRE AVEC LE MONDE

DE LA CULTURE ET DE L'ÉCONOMIE


Basilique Santa Maria della Salute - Venise Dimanche 8 mai 2011




Chers amis,

1266 Je suis heureux de vous saluer cordialement, en tant que représentants du monde de la culture, de l’art et de l’économie de Venise et son territoire. Je vous remercie de votre présence et de votre sympathie. J’exprime ma reconnaissance au patriarche et recteur qui, au nom du Studium Generale Marcianum, s’est fait l’interprète de vos sentiments à tous et a introduit cette rencontre, la dernière de mon intense visite, entamée hier à Aquilée. Je voudrais vous présenter quelques réflexions très synthétiques qui, je l’espère, vous seront utiles pour la réflexion et l’engagement commun. Je tire ces réflexions de trois mots qui sont des métaphores suggestives: trois mots liés à Venise et, en particulier, au lieu où nous nous trouvons: le premier mot est eau; la deuxième est santé, la troisième est sérénissime.

Je commence par l’eau — comme il est logique pour de nombreuses raisons. L’eau est un symbole ambivalent: de vie, mais aussi de mort; les populations frappées par des inondations et des raz-de-marée le savent bien. Mais l’eau est avant tout un élément essentiel pour la vie. Venise est appelée «Ville d’eau». Pour vous aussi qui vivez à Venise, cette condition a une double valeur, négative et positive: elle a beaucoup d’inconvénients et, dans le même temps, une beauté extraordinaire. Que Venise soit une «ville d’eau» fait penser à un célèbre sociologue contemporain, qui a défini notre société comme «liquide», de même que la culture européenne: une culture «liquide», pour exprimer sa «fluidité», son peu de stabilité, voire son absence totale, l’inconstance, l’inconsistance qui semble parfois la caractériser. Et je voudrais ici vous soumettre ma première réflexion: Venise non pas comme une ville «liquide» — au sens que nous avons évoqué — mais comme une ville «de la vie et de la beauté». Bien sûr, c’est un choix, mais dans l’histoire, il faut choisir: l’homme est libre d’interpréter, de donner un sens à la réalité, et c’est précisément dans cette liberté que consiste sa grande dignité. Dans le cadre d’une ville, quelle qu’elle soit, même les choix à caractère administratif, culturel et économique dépendent, au fond, de cette orientation fondamentale, que nous pouvons appeler «politique» dans le sens le plus noble et le plus élevé du terme; il s’agit de choisir entre une ville «liquide», patrie d’une culture qui apparaît toujours plus celle du relatif et de l’éphémère, et une ville qui renouvelle constamment sa beauté en puisant aux sources bénéfiques de l’art, du savoir, des relations entre les hommes et les peuples.

Venons-en au deuxième mot: «santé». Nous nous trouvons dans le «Polo della Salute», le Pôle de la santé: une réalité nouvelle qui a toutefois des racines anciennes. Ici, à la Punta della Dogana, s’élève l’une des églises les plus célèbres de Venise, oeuvre de Longhena, construite suite à un voeu à la Vierge pour la libération de la peste de 1630: Santa Maria della Salute, Sainte-Marie de la Santé. A côté d’elle, le célèbre architecte construisit le Couvent des Somaschi, devenu par la suite le séminaire patriarcal. «Unde origo, inde salus», dit la devise inscrite au centre de la coupole majeure de la Basilique, expression qui indique combien est étroitement liée à la Mère de Dieu l’origine de la ville de Venise, fondée, selon la tradition, le 25 mars 421, jour de l’Annonciation. Et c’est précisément par l’intercession de Marie que vint la santé, que Venise fut sauvée de la peste. Mais en réfléchissant sur cette devise, nous pouvons en saisir aussi une signification encore plus profonde et plus ample. De la Vierge de Nazareth eut son origine Celui qui nous donne la «santé». La «santé» est une réalité comprenant beaucoup d’aspects, intégrale: cela va du fait «d’aller bien» qui nous permet de vivre sereinement une journée d’étude et de travail, ou de vacances, jusqu’à la salus animae, dont dépend notre destin éternel. Dieu est attentif à tout cela, sans rien exclure. Il est attentif à notre santé au sens plein. Jésus le démontre dans l’Evangile: Il a guéri des malades en tout genre, mais il a aussi libéré les possédés, il a racheté les péchés, il a ressuscité les morts. Jésus a révélé que Dieu aime la vie et veut la libérer de toute négation, jusqu’à la négation radicale qu’est le mal spirituel, le péché, racine venimeuse qui pollue toute chose. C’est pourquoi Jésus lui même peut s’appeler «Santé» de l’homme: Salus nostra Dominus Jesus.Jésus sauve l’homme en le plaçant à nouveau dans la relation salutaire avec le Père dans la grâce de l’Esprit Saint; il le plonge dans ce courant pur et vivifiant qui libère l’homme de ses «paralysies» physiques, psychiques et spirituelles; il le guérit de la dureté du coeur, de la fermeture égocentrique et lui fait goûter la possibilité de se trouver vraiment lui-même en se perdant par amour de Dieu et du prochain. Unde origo, inde salus. Cette devise évoque de multiples références: je me limite à n’en rappeler qu’une, la célèbre expression de saint Irénée: «Gloria Dei vivens homo, vita autem hominis visio Dei [est]» (Adv. haer. iv, 20, 7). Que l’on pourrait paraphraser ainsi: la gloire de Dieu est la pleine santé de l’homme, et celle-ci consiste à être en relation profonde avec Dieu. Nous pouvons aussi le dire avec les mots du nouveau bienheureux Jean-Paul II: l’homme est le chemin de l’Eglise, et le Rédempteur de l’homme est le Christ.

Enfin, le troisième mot: «Sérénissime», le nom de la République de Venise. Un titre vraiment extraordinaire, utopique pourrait-on dire, par rapport à la réalité terrestre, et toutefois capable de susciter non seulement des souvenirs de gloires passées, mais aussi des idéaux stimulants pour l’élaboration de projets aujourd’hui et demain, dans cette grande région. Seule la Cité céleste est «Sérénissime» au sens plein, cette nouvelle Jérusalem, qui apparaît au terme de la Bible, dans l’Apocalypse, comme une vision merveilleuse (cf. Ap
Ap 21, 1-22, 5). Pourtant, le christianisme conçoit cette Ville sainte, entièrement transfigurée par la gloire de Dieu, comme un objectif qui bouleverse le coeur des hommes et entraîne leurs pas, qui anime l’engagement difficile et patient pour améliorer la ville terrestre. Il faut toujours rappeler à cet égard les paroles du Concile Vatican II : «Certes, nous savons bien qu’il ne sert à rien à l’homme de gagner l’univers s’il vient à se perdre lui-même, mais l’attente de la nouvelle terre, loin d’affaiblir en nous le souci de cultiver cette terre, doit plutôt le réveiller: le corps de la nouvelle famille humaine y grandit, qui offre déjà quelque ébauche du siècle à venir» (Const. Gaudium et spes GS 39). Nous écoutons ces mots à une époque où s’est épuisée la force des utopies idéologiques et où non seulement l’optimisme s’est assombri, mais où l’espérance aussi est en crise. Nous ne devons alors pas oublier que les pères conciliaires, qui nous ont laissé cet enseignement, avaient vécu l’époque des deux guerres mondiales et des totalitarismes. Leur perspective n’était certes pas dictée par un facile optimisme, mais par la foi chrétienne, qui anime une espérance à la fois grande et patiente, ouverte sur l’avenir et attentive aux situations historiques. Dans cette même perspective, le nom de «Sérénissime» nous parle d’une civilisation de la paix fondée sur le respect mutuel, sur la connaissance réciproque, sur les relations d’amitié. Venise possède une longue histoire et un riche patrimoine humain, spirituel et artistique pour être capable aujourd’hui aussi d’offrir une précieuse contribution pour aider les hommes à croire en un avenir meilleur et à s’engager à le construire. Mais c’est pour cette raison qu’elle ne doit pas avoir peur d’un autre élément emblématique, contenu dans les armes de saint Marc: l’Evangile. L’Evangile est la plus grande force de transformation du monde, mais il n’est pas une utopie ni une idéologie. Les premières générations chrétiennes l’appelaient plutôt le «chemin», c’est-à-dire la manière de vivre que le Christ a pratiquée le premier et qu’il nous invite à suivre. C’est à la ville «sérénissime» que conduit ce chemin, qui est le chemin de la charité dans la vérité, tout en sachant bien, comme nous le rappelle encore le Concile, que «cette charité ne doit pas seulement s’exercer dans des actions d’éclat, mais, avant tout, dans le quotidien de la vie» et qu’à l’exemple du Christ, «nous devons aussi porter cette croix que la chair et le monde font peser sur les épaules de ceux qui poursuivent la justice et la paix» (ibid., n. 38).

Voilà, chers amis, les quelques réflexions que je voulais partager avec vous. Pour moi, ce fut une joie de conclure ma visite en votre compagnie. Je remercie à nouveau le cardinal-patriarche, l’auxiliaire et tous les collaborateurs pour le magnifique accueil. Je salue la communauté juive de Venise — qui a des racines très anciennes et qui est une présence importante dans le tissu de la ville — et son président, M. Amos Luzzatto. J’adresse aussi une pensée aux musulmans qui vivent dans cette ville. De ce lieu si significatif, je transmets mes salutations cordiales à Venise, à l’Eglise qui est en pèlerinage et à tous les diocèses des Trois Vénéties, en laissant, en gage de mon souvenir éternel, la Bénédiction apostolique. Merci de votre attention.

À UNE DÉLÉGATION DU "B’NAI B’RITH INTERNATIONAL" Salle des Papes Jeudi 12 mai 2011

Chers amis,

Je suis heureux de saluer votre délégation du B’nai B’rith International. Je me souviens avec plaisir de ma première rencontre avec une délégation de votre organisation, il y a cinq ans environ.

En cette occasion, je désire vous exprimer mon appréciation pour votre engagement dans le dialogue entre catholiques et juifs et, en particulier, pour votre participation active à la rencontre du Comité international de liaison entre catholiques et juifs, qui s’est tenue à Paris à la fin du mois de février. Cette rencontre a marqué le 40e anniversaire du dialogue, qui a été organisé de façon conjointe par la Commission pour les rapports religieux avec le judaïsme du Saint-Siège et le Comité juif international pour les consultations interreligieuses. Ce qui s’est passé au cours des quarante dernières années doit être considéré comme un grand don du Seigneur et un motif de sincère gratitude envers Celui qui guide nos pas de sa sagesse infinie et éternelle.

La rencontre de Paris a affirmé le désir des catholiques et des juifs d’affronter ensemble les immenses défis auxquels nos communautés font face, dans un monde en rapide mutation, et, de façon significative, notre devoir religieux commun de combattre la pauvreté, l’injustice, la discrimination, et la négation des droits humains universels. Il existe de nombreuses façons dont les juifs et les chrétiens peuvent coopérer pour améliorer le monde, en accord avec la volonté du Tout-Puissant pour le bien de l’humanité. Nos pensées se tournent immédiatement vers les actions concrètes de charité et de service aux pauvres et aux personnes dans le besoin; toutefois, l’une des choses les plus importantes que nous puissions faire ensemble est d’apporter le témoignage commun de notre croyance profonde que chaque homme et chaque femme est créé à l’image de Dieu (cf. Gn Gn 1,26-27) et possède donc une dignité inviolable. Cette conviction demeure donc la base la plus sûre pour tout effort en vue de défendre et de promouvoir les droits inaliénables de chaque être humain.

1267 Au cours de récents entretiens entre les délégations du grand rabbinat d’Israël et de la Commission pour les rapports religieux avec le judaïsme du Saint-Siège, qui se sont tenus à Jérusalem au mois de mars, l’accent a été mis sur le besoin de promouvoir une juste compréhension du rôle de la religion dans la vie de nos sociétés actuelles et pour corriger une vision purement horizontale, et par conséquent incomplète, de la personne humaine et de la coexistence sociale. La vie et l’action de tous les croyants devraient apporter un témoignage constant du transcendant, indiquer les réalités invisibles qui nous dépassent, et incarner la conviction selon laquelle une Providence emplie d’amour et de compassion guide le destin final de l’histoire, quelles que soient les difficultés et les menaces qui peuvent apparaître parfois le long du chemin. Le prophète nous transmet cette assurance: «Car je sais, moi, les desseins que je forme pour vous — oracle de Yahvé — desseins de paix et non de malheur, pour vous donner un avenir et une espérance» (Jr 29,11).
Avec ces sentiments, j’invoque sur vous et sur vos familles les Bénédictions divines de sagesse, de miséricorde et de paix.


AUX PARTICIPANTS À LA RENCONTRE ORGANISÉE

PAR L'INSTITUT PONTIFICAL JEAN-PAUL II POUR LES ÉTUDES SUR LE MARIAGE ET LA FAMILLE Salle Clémentine Vendredi 13 mai 2011

Messieurs les cardinaux,
vénérés frères dans l’épiscopat et dans le sacerdoce,
chers frères et soeurs,

C’est avec joie que je vous accueille aujourd’hui, quelques jours après la béatification du Pape Jean-Paul II, qui, il y a trente ans, comme nous l’avons entendu, voulut fonder dans le même temps le Conseil pontifical pour la famille et votre institut pontifical; deux organismes qui montrent qu’il était fermement convaincu de l’importance décisive de la famille pour l’Eglise et pour la société. Je salue les représentants de votre grande communauté présente désormais sur tous les continents, ainsi que la Fondation de grand mérite pour le mariage et la famille que j’ai créée pour soutenir votre mission. Je remercie le président, Mgr Melina, pour les paroles qu’il m’a adressées au nom de tous. Le nouveau bienheureux Jean-Paul II, qui, comme cela a été rappelé, fut victime il y a trente ans précisément du terrible attentat Place Saint-Pierre, vous a confiés, en particulier, pour l’étude, la recherche et la diffusion, ses «catéchèses sur l’amour humain», qui contiennent une profonde réflexion sur le corps humain. Conjuguer la théologie du corps et celle de l’amour pour trouver l’unité du chemin de l’homme: tel est le thème que je voudrais vous indiquer comme horizon pour votre travail.

Peu de temps après la mort de Michel-Ange, Paolo Veronese fut convoqué par l’Inquisition, accusé d’avoir peint des figures inappropriées autour de la Dernière Cène. Le peintre répondit que dans la chapelle Sixtine également, les corps étaient représentés nus, de façon peu respectueuse. Ce fut précisément l’inquisiteur qui prit la défense de Michel-Ange à travers une réponse devenue célèbre: «Ne sais-tu pas qu’il n’y a rien dans ces figures qui ne soient de l’esprit?». Vivant à l’époque moderne, nous avons du mal à comprendre ces paroles, car le corps nous apparaît comme une matière inerte, lourde, opposée à la connaissance et à la liberté propres à l’esprit. Mais les corps peints par Michel-Ange sont habités de lumière, de vie, de splendeur. Il voulait montrer ainsi que nos corps cachent un mystère. En eux, l’esprit se manifeste et est à l’oeuvre. Ils sont appelés à être des corps spirituels, comme le dit saint Paul (1Co 15,44). Nous pouvons alors nous demander: ce destin du corps peut-il illuminer les étapes de son chemin? Si notre corps est appelé à être spirituel, son histoire ne devra-t-elle pas être celle de l’alliance entre le corps et l’esprit? En effet, loin de s’opposer à l’esprit, le corps est le lieu où l’esprit peut habiter. A la lumière de cela, il est possible de comprendre que nos corps ne sont pas une matière inerte, lourde, mais qu’ils parlent, si nous savons les écouter, le langage du véritable amour.

Le premier mot de ce langage se trouve dans la création de l’homme. Le corps nous parle d’une origine que nous n’avons pas conférée à nous-mêmes. «C'est toi... qui m'as tissé au ventre de ma mère» dit le Psalmiste au Seigneur (Ps 139,13). Nous pouvons affirmer que le corps, en nous révélant l’Origine, porte en lui une signification filiale, car il nous rappelle notre engendrement, qui puise, à travers nos parents qui nous ont transmis la vie, au Dieu Créateur. Ce n’est que lorsqu’il reconnaît l’amour originel qui lui a donné la vie que l’homme peut s’accepter, qu’il peut se réconcilier avec la nature et avec le monde. A la création d’Adam suit celle d’Eve. La chair, reçue de Dieu, est appelée à rendre possible l’union d’amour entre l’homme et la femme et à transmettre la vie. Les corps d’Adam et d’Eve apparaissent, avant la chute, en parfaite harmonie. Il y a en eux un langage qu’ils n’ont pas créé, un eros enraciné dans leur nature, qui les invite à se recevoir mutuellement par le Créateur, pour pouvoir ainsi se donner. Nous comprenons alors que, dans l’amour, l’homme est «recréé». Incipit vita nova, disait Dante (Vita Nuova, i, 1), la vie de la nouvelle unité des deux en une seule chair. La véritable fascination de la sexualité naît de la grandeur de cet horizon qui s’ouvre: la beauté intégrale, l’univers de l’autre personne et du «nous» qui naît dans l’union, la promesse de communion qui se cache, la fécondité nouvelle, le chemin que l’amour ouvre vers Dieu, source de l’amour. L’union en une seule chair se fait alors union de toute la vie, tant que l’homme et la femme deviennent également un seul esprit. C’est ainsi que s’ouvre un chemin dans lequel le corps nous enseigne la valeur du temps, de la lente maturation dans l’amour. Dans cette lumière, la vertu de la chasteté reçoit un nouveau sens. Ce n’est pas un «non» aux plaisirs et à la joie de la vie, mais le grand «oui» à l’amour comme communication profonde entre les personnes, qui exige temps et respect, comme chemin parcouru ensemble vers la plénitude et comme amour qui devient capable d’engendrer la vie et d’accueillir généreusement la vie nouvelle naissante.

Il est certain que le corps contient également un langage négatif: il nous parle de l’oppression de l’autre, du désir de posséder et d’exploiter. Toutefois, nous savons que ce langage n’appartient pas au dessein originel de Dieu, mais qu’il est le fruit du péché. Lorsqu’on le détache de son sens filial, de son lien avec le Créateur, le corps se rebelle contre l’homme, il perd sa capacité de faire transparaître la communion et devient le terrain de l’appropriation de l’autre. N’est-ce pas là le drame de la sexualité, qui demeure aujourd’hui renfermée dans le cercle restreint de son corps et dans l’émotivité, mais qui en réalité ne peut s’accomplir que dans l’appel à quelque chose de plus grand? A ce propos, Jean-Paul II parlait de l’humilité du corps. Un personnage de Claudel dit à son bien-aimé: «de cette promesse que mon corps t'a faite je suis impuissante à m'acquitter», et se voit répondre: le corps «se dissout mais la promesse qu'il m'a faite ne se dissout pas» (Le soulier de satin, Jour III, scène XIII). La force de cette promesse explique que la Chute n’est pas la dernière parole sur le corps dans l’histoire du salut. Dieu offre à l’homme également un chemin de rédemption du corps, dont le langage est préservé dans la famille. Si, après la Chute, Eve reçoit ce nom, Mère des vivants, cela témoigne que la force du péché ne réussit pas à effacer le langage originel du corps, la bénédiction de vie que Dieu continue d’offrir quand l’homme et la femme s’unissent en une seule chair. La famille, voilà le lieu où la théologie du corps et la théologie de l’amour se mêlent. Ici, on apprend la bonté du corps, son témoignage d’une origine bonne, dans l’expérience d’amour que nous recevons de nos parents. Ici l’on vit le don de soi dans une seule chair, dans la charité conjugale qui allie les époux. Ici, l’on fait l’expérience de la fécondité de l’amour, et la vie se mêle à celle d’autres générations. C’est dans la famille que l’homme découvre sa capacité à être en relation, non comme un individu autonome qui se réalise seul, mais comme fils, époux, parent, dont l’identité se fonde dans le fait d’être appelé à l’amour, à être reçu par les autres et à se donner aux autres.


Discours 2005-2013 1263