Discours 2005-2013 14510

SALUTATIONS AUX FIDÈLES RÉUNIS SUR L'AVENIDA DOS ALIADOS Palais municipal de Porto Vendredi 14 mai 2010

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Chers frères et amis,

Je suis heureux d’être parmi vous et je vous remercie pour l’accueil joyeux et cordial que vous m’avez réservé à Porto, la « Cité de la Vierge ». À sa protection maternelle, je confie vos vies et vos familles, vos communautés et vos structures qui sont au service du bien commun, en particulier les universités de cette ville dont les étudiants se sont donnés rendez-vous ici et m’ont manifesté leur gratitude et leur adhésion au magistère du Successeur de Pierre. Merci de votre présence et du témoignage de votre foi. Je veux une fois encore remercier tous ceux qui ont collaboré, de diverses manières, à la préparation et au déroulement de ma visite, à laquelle vous vous êtes préparés surtout par la prière. J’aurais volontiers accepté votre invitation à prolonger mon séjour dans votre ville, mais cela ne m’est pas possible. Permettez-moi donc, au moment de repartir, de vous embrasser tous affectueusement dans le Christ, notre Espérance, et en vous bénissant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.



CÉRÉMONIE D'ADIEU Aéroport international de Porto Vendredi 14 mai 2010

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Monsieur le Président de la République,
Illustres Autorités,
Frères bien-aimés dans l’Épiscopat,
Chers amis,

Au terme de ma visite, il me revient à l’esprit l’intensité de ces nombreux instants vécus durant ce pèlerinage au Portugal. Je conserve dans mon coeur la cordialité de votre accueil chaleureux, la manière tellement enthousiaste et spontanée avec laquelle se sont créés des liens de communion avec les groupes que j’ai pu rencontrer, l’engagement qu’a représenté la préparation et la réalisation du programme pastoral.

En ce moment où nous prenons congé les uns des autres, j’exprime à tous ma sincère gratitude : à Monsieur le Président de la République, qui m’a honoré de sa présence depuis que je suis arrivé ici, à mes frères Évêques avec lesquels j’ai renouvelé la communion profonde au service du Règne du Christ, au Gouvernement et à toutes les autorités civiles et militaires qui se sont dépensées avec un dévouement visible tout au long de mon voyage. Je vous souhaite tout le bien possible ! Les moyens de communication sociale m’ont permis de m’adresser à de nombreuses personnes qui ne pouvaient pas me voir de près. Je leur exprime aussi ma profonde gratitude.

À tous les Portugais, catholiques ou non, aux hommes et aux femmes qui vivent dans ce pays, même s’ils n’y sont pas nés, j’adresse mon salut en ce moment où je vous quitte. Que ne cesse pas de croître entre vous la concorde qui est essentielle pour une solide cohésion. C’est la voie nécessaire pour affronter avec responsabilité commune les défis qui se présentent à vous. Puisse cette glorieuse Nation continuer à manifester sa grandeur d’âme, le sens profond de Dieu, l’ouverture solidaire guidée par les principes et les valeurs imprégnés de l’humanisme chrétien. À Fatima, j’ai prié pour le monde entier, demandant que l’avenir soit porteur d’une plus grande fraternité et solidarité, d’un plus grand respect réciproque, d’une familiarité et d’une confiance renouvelée en Dieu, notre Père qui est aux cieux.

Je me réjouis d’avoir été témoin de la foi et de la dévotion de la communauté ecclésiale portugaise. J’ai pu constater l’enthousiasme des enfants et des jeunes, l’adhésion fidèle des prêtres, des diacres et des religieux, le dévouement pastoral des Évêques, la volonté évidente de rechercher la vérité et la beauté dans le monde de la culture, la créativité des acteurs de la pastorale sociale, la vivacité de la foi des fidèles des diocèses que j’ai visités. Je désire que ma visite soit source d’encouragement en faveur d’une nouvelle ardeur spirituelle et apostolique. Que l’Évangile soit accueilli dans son intégralité et témoigné avec passion par chaque disciple du Christ, afin qu’il devienne comme le levain d’un renouvellement authentique de la société entière !

Que descende sur le Portugal, sur tous ses fils et sur toutes ses filles ma Bénédiction Apostolique, porteuse d’espérance, de paix et de courage, Bénédiction que je demande à Dieu par l’intercession de Notre-Dame de Fatima, à laquelle vous vous adressez avec tant de confiance et avec un amour inébranlable. Puissions-nous continuer à marcher dans l’Espérance ! Au revoir !




À S.E. Mme HISSA ABDULLA AHMED AL-OTAIBA, PREMIÈRE AMBASSADEUR DES EMIRATS ARABES UNIS PRÈS LE SAINT-SIÈGE Jeudi 20 mai 2010

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Excellence,

Je suis heureux de vous accueillir au Vatican et d'accepter les Lettres qui vous accréditent comme ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire des Emirats arabes unis. En cette occasion significative, je vous prie de transmettre mes salutations à Son Altesse le cheikh calife Bin Zayed Al Nahayan. Je vous prie de l'assurer de ma gratitude pour les meilleurs voeux que vous venez de m'exprimer de sa part, et de mes prières pour son bien-être et celui de tout le peuple des Emirats.

Etant donné que les relations diplomatiques entre le Saint-Siège et les Emirats arabes unis n'ont été établies que récemment, votre présence ici aujourd'hui, en tant que premier ambassadeur de votre pays près le Saint-Siège représente un événement particulièrement propice. Le 15 avril 2008, au cours d'une cérémonie conjointe avec d'autres ambassadeurs, le président des Emirats arabes unis a souligné que le représentant pontifical « exerce une mission particulière, qui vise avant tout à la préservation de la foi en Dieu et à la promotion du dialogue interculturel et interreligieux ». La foi dans le Dieu tout-puissant ne peut que conduire à l'amour pour son prochain, car, comme je l'ai écrit récemment, « l'amour – caritas – est une force extraordinaire qui pousse les personnes à s'engager avec courage et générosité dans le domaine de la justice et de la paix » (Caritas in veritate, ).

L'amour de Dieu et le respect pour la dignité de son prochain est ce qui motive l'activité diplomatique du Saint-Siège et ce qui façonne la mission de l'Eglise catholique au service de la communauté internationale. L'action de l'Eglise dans le domaine des relations diplomatiques est de promouvoir la paix, les droits humains et le développement intégral, et donc de rechercher le progrès authentique de tous, sans considération de race, de couleur ou de croyance. En effet, c'est aux hommes et aux femmes, entendus comme unique dans leur nature donnée par Dieu, que s'adressent toutes les politiques, la culture, la technologie et le développement. Réduire les objectifs de ces efforts humains uniquement à la recherche du profit ou des intérêts personnels reviendrait à risquer de perdre de vue le caractère central de la personne humaine dans son intégrité, qui est le premier bien à préserver et à apprécier, car l'homme est la source, le centre et le but de toute vie économique et sociale (cf. Caritas in veritate, ). Ainsi, le Saint-Siège et l'Eglise catholique se préoccupent de souligner la dignité de l'homme afin de maintenir une vision claire et authentique de l'humanité sur la scène internationale et de rassembler de nouvelles énergies au service de ce qui est le mieux pour le développement des peuples et des nations.

Excellence, les Emirats arabes unis, en dépit des difficultés, ont connu une croissance économique importante au cours des dernières années. Dans ce contexte, votre pays a accueilli plusieurs centaines de milliers d'étrangers venus à la recherche d'un travail et d'un avenir économique plus sûr pour eux et leurs familles. Ils enrichissent l'Etat non seulement par leur travail mais par leur présence même, qui représente l'occasion propice d'une rencontre fructueuse et positive entre les grandes religions, les grandes cultures, et les grands peuples du monde. L'ouverture des Emirats arabes unis à ces travailleurs étrangers exige des efforts constants pour renforcer les conditions nécessaires à la coexistence pacifique et au progrès social, et cela doit être salué. Je voudrais observer ici avec satisfaction que plusieurs églises catholiques ont été construites sur des terrains donnés par les autorités publiques. Le Saint-Siège forme le souhait sincère que cette coopération puisse continuer et se développer, selon les nécessités pastorales croissantes de la population catholique qui vit là. La liberté de culte contribue de façon importante au bien commun et apporte l'harmonie sociale à toutes les sociétés où elle est pratiquée. Je vous assure du désir des chrétiens catholiques dans votre pays de contribuer au bien-être de votre société, de conduire une vie pieuse et de respecter la dignité de tous les peuples et religions.

Madame l'ambassadeur, en vous offrant mes meilleurs voeux pour le succès de votre mission, je vous assure que les divers bureaux de la Curie romaine vous apporteront leur aide et leur soutien dans l'accomplissement de vos fonctions. Le désir sincère du Saint-Siège est de renforcer les relations, désormais instaurées avec succès, avec les Emirats arabes unis. Sur vous, Excellence, sur votre famille et sur tous les peuples des Emirats arabes unis, j'invoque cordialement une abondance de Bénédictions divines.






À S.E. M. LNVSANTSEREN ORGIL, NOUVEL AMBASSADEUR DE MONGOLIE PRÈS LE SAINT-SIÈGE Jeudi 20 mai 2010

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Excellence,

Je suis heureux de vous accueillir au Vatican et d'accepter les Lettres qui vous accréditent en tant qu'ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de Mongolie près le Saint-Siège. Je suis profondément reconnaissant pour les salutations que vous m'avez transmises de la part du président, S.E. M. Tsakhia Elbegdorj, et je vous prie de lui transmettre, en retour, mes meilleurs voeux dans la prière, ainsi que pour tous vos concitoyens. Tandis que votre nation célèbre le vingtième anniversaire de son passage à la démocratie, j'exprime ma certitude que les immenses progrès accomplis au cours de ces années continueront à porter des fruits en vue de la consolidation d'un ordre social qui promeut le bien commun de vos citoyens, tout en renforçant leurs aspirations légitimes pour l'avenir.

Je profite également de cette occasion, Monsieur l'ambassadeur, pour exprimer ma solidarité et ma préoccupation pour les nombreuses personnes et familles qui ont souffert à la suite de l'hiver rigoureux et des effets des pluies torrentielles et des inondations de l'an dernier. Comme vous l'avez observé à juste titre, les questions liées à l'environnement, en particulier celles liées aux changements climatiques, sont des questions mondiales et doivent être affrontées au niveau mondial.

Excellence, comme vous l'avez souligné, l'établissement de relations diplomatiques entre la Mongolie et le Saint-Siège, qui a eu lieu après les grands changements sociaux et politiques il y a deux décennies, est le signe de l'engagement de votre nation en vue d'un échange réciproque enrichissant au sein du cadre plus vaste de la communauté internationale. La religion et la culture, en tant qu'expressions des aspirations spirituelles les plus profondes de notre humanité commune, servent naturellement d'encouragement pour le dialogue et la coopération entre les peuples au service de la paix et du développement véritable. En effet, le développement humain authentique doit prendre en considération chaque dimension de la personne, et donc aspirer aux biens supérieurs qui respectent la nature spirituelle et le destin ultime de l'homme (cf. Caritas in veritate, ). C'est pourquoi je désire exprimer mon appréciation pour le soutien constant du gouvernement en vue de garantir la liberté religieuse. L'établissement d'une commission chargée d'une correcte application de la loi et de la protection des droits de conscience et du libre exercice de la religion, expriment la reconnaissance de l'importance des groupes religieux au sein du tissu social et de leur potentiel en vue de promouvoir un avenir d'harmonie et de prospérité.

Monsieur l'ambassadeur, je profite de cette occasion pour vous assurer du désir des citoyens catholiques de Mongolie de contribuer au bien commun, en participant pleinement à la vie de la nation. La mission première de l'Eglise est de prêcher l'Evangile de Jésus Christ. Fidèle au message libérateur de l'Evangile, elle cherche également à contribuer au progrès de la communauté tout entière. C'est ce qui inspire les efforts de la communauté catholique en vue de coopérer avec le gouvernement et avec les personnes de bonne volonté, en oeuvrant afin de surmonter tous les types de problèmes sociaux. L'Eglise désire également jouer son rôle dans la tâche de la formation intellectuelle et humaine, en particulier en éduquant les jeunes aux valeurs du respect, de la solidarité et de l'attention à l'égard des personnes les plus désavantagées. De cette façon, elle s'efforce de servir son Seigneur en faisant preuve d'une préoccupation charitable pour les personnes dans le besoin et pour le bien de toute la famille humaine.

Monsieur l'ambassadeur, je vous offre mes meilleurs voeux dans la prière pour votre mission, et je vous assure que les bureaux du Saint-Siège vous assisteront dans l'accomplissement de vos hautes responsabilités. Je suis certain que votre représentation contribuera à renforcer les bonnes relations existant entre le Saint-Siège et la Mongolie. Sur vous et sur votre famille, ainsi que sur tout le peuple de votre nation, j'invoque cordialement une abondance de bénédictions divines.



CONCERT OFFERT PAR LE PATRIARCHE DE MOSCOU ET DE TOUTES LES RUSSIES, SA SAINTETÉ KIRILL I Jeudi 20 mai 2010

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Louez le nom de Yahvé,
louez, serviteurs de Yahvé,
Louez Yahvé, car il est bon,
Yahvé, jouez pour son nom, car il est doux,
Seigneur, ton nom est pour toujours;
Yahvé, ton nom à jamais! Yahvé, ton souvenir d'âge en âge. Alleluia



Vénérés frères,
Mesdames et Messieurs,
chers frères et soeurs,

Nous venons d'écouter il y a peu, dans une sublime mélodie, les paroles du Psaume 135, qui interprètent bien nos sentiments de louange et de gratitude au Seigneur, ainsi que notre intense joie intérieure pour ce moment de rencontre et d'amitié avec nos chers frères du patriarcat de Moscou. A l'occasion de mon anniversaire et du v anniversaire de mon élection comme Successeur de Pierre, Sa Sainteté Cyrille i, patriarche de Moscou et de toutes les Russies, a voulu m'offrir, avec les paroles très appréciées de son Message, cet extraordinaire interlude musical, présenté par le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département pour les relations extérieures du patriarcat de Moscou, ainsi qu'auteur de la Symphonie qui vient d'être interprétée.

J'exprime donc ma profonde gratitude avant tout à Sa Sainteté le patriarche Cyrille. Je lui adresse mon salut le plus fraternel et cordial, en exprimant vivement le souhait que la louange au Seigneur et l'engagement en vue du progrès de la paix et de la concorde entre les peuples nous rapprochent toujours plus et nous fassent croître dans une harmonie d'intentions et d'actions. Je remercie ensuite de tout coeur le métropolite Hilarion, pour le salut qu'il a voulu m'adresser avec tant de courtoisie et pour son engagement oecuménique constant, en le félicitant pour sa créativité artistique, que nous avons eu l'occasion d'apprécier. Avec lui, je salue avec une profonde sympathie la délégation du patriarcat de Moscou, ainsi que les illustres représentants du gouvernement de la Fédération russe. J'adresse un salut cordial à Messieurs les cardinaux et aux évêques ici présents, en particulier à Monsieur le cardinal Walter Kasper, président du Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens, et à Mgr Gianfranco Ravasi, président du Conseil pontifical de la culture, qui ont organisé, avec leurs dicastères et en étroite collaboration avec les représentant du patriarcat, les "Journées de la culture et de la spiritualité russe au Vatican". Je salue également les illustres ambassadeurs, les éminentes autorités et vous tous, chers amis, frères et soeurs, en particulier les communautés russes présentes à Rome et en Italie, qui participent à ce moment de joie et de fête.

Pour sceller cette occasion de façon véritablement exceptionnelle et suggestive, il a été fait appel à la musique, la musique de la Russie d'hier et d'aujourd'hui, qui nous a été proposée avec un grand talent par l'Orchestre national russe, dirigé par le maître Carlo Ponti, par le Choeur synodal de Moscou, et par la Chapelle des cors de Saint-Pétersbourg. J'adresse mes très vifs remerciements à tous les artistes pour le talent, l'engagement et la passion avec lesquels ils proposent à l'attention du monde entier les chefs-d'oeuvre de la tradition musicale russe. Dans ces oeuvres, dont nous avons eu aujourd'hui un aperçu significatif, est profondément présente l'âme du peuple russe et avec elle, la foi chrétienne, qui trouvent une extraordinaire expression précisément dans la Liturgie Divine et dans le chant liturgique qui l'accompagne toujours. En effet, il existe un lien étroit, originel, entre la musique russe et le chant liturgique: c'est dans la liturgie et de la liturgie que se libère en quelque sorte et prend son essor une grande partie de la créativité artistique des musiciens russes, pour donner vie à des chefs-d'oeuvre qui mériteraient d'être davantage connus dans le monde occidental. Nous avons eu aujourd'hui la joie d'écouter des pièces de grands artistes russes du xix et xx siècles, comme Moussorgsky et Rimski-Korsakov, Tchaïkosvski et Rachmaninov. Ces compositeurs, et ce dernier en particulier, ont su puiser au riche patrimoine musical et liturgique de la tradition russe, en le réélaborant et en l'harmonisant avec des sonorités et des expériences musicales de l'Occident et plus en phase avec la modernité. Je pense que c'est dans cette lignée que doit être située également l'oeuvre du métropolite Hilarion.

Dans la musique est déjà anticipée et se réalise donc d'une certaine manière la confrontation, le dialogue, la synergie entre l'Orient et l'Occident, ainsi qu'entre la tradition et la modernité. C'est précisément à une telle vision unitaire et harmonieuse de l'Europe que pensait le vénérable Jean-Paul ii, quand, reproposant l'image, suggérée par Vjaceslav Ivanovic Ivanov, des "deux poumons" avec lesquels il faut recommencer à respirer, il souhaitait une nouvelle conscience des profondes racines culturelles et religieuses communes du continent européen, sans lesquelles l'Europe d'aujourd'hui serait comme privée d'une âme et marquée quoi qu'il en soit par une vision réductrice et partielle. C'est précisément pour réfléchir ultérieurement sur ces problématiques que s'est déroulé hier le symposium, organisé par le patriarcat de Moscou, par le dicastère pour la promotion de l'unité des chrétiens et par celui de la culture, sur le thème: "Orthodoxes et catholiques en Europe aujourd'hui. Les racines chrétiennes et le patrimoine culturel commun de l'Orient et de l'Occident".

Comme je l'ai plusieurs fois affirmé, la culture contemporaine, et en particulier celle de l'Europe, court le risque de l'amnésie, de l'oubli et donc de l'abandon de l'extraordinaire patrimoine suscité et inspiré par la foi chrétienne, qui constitue l'ossature essentielle de la culture européenne, et pas seulement de celle-ci. Les racines chrétiennes de l'Europe sont en effet constituées, outre que par la vie religieuse et par le témoignage de générations de croyants, également par l'inestimable patrimoine culturel et artistique, orgueil et ressource précieuse des peuples et des pays où la foi chrétienne, dans ses diverses expressions, a dialogué avec les cultures et les arts, les a animés et inspirés, en favorisant et promouvant plus que jamais la créativité et le génie humain. Aujourd'hui aussi, de telles racines sont vivantes et fécondes, en Orient et en Occident, et peuvent, je dirais même plus doivent inspirer un nouvel humanisme, une nouvelle saison d'authentique progrès humain, pour répondre efficacement aux nombreux défis parfois cruciaux que nos communautés chrétiennes et nos sociétés doivent affronter, le premier étant celui de la sécularisation, qui non seulement pousse à faire abstraction de Dieu et de son projet, mais finit par nier la dignité humaine elle-même, en vue d'une société réglementée uniquement par des intérêts égoïstes.

Recommençons à faire respirer l'Europe à pleins poumons, à redonner une âme non seulement aux croyants, mais à tous les peuples du continent, à promouvoir la confiance et l'espérance, en les enracinant dans l'expérience millénaire de foi chrétienne! En ce moment ne peut manquer le témoignage cohérent, généreux et courageux des croyants, pour que nous puissions envisager ensemble l'avenir commun comme un avenir où la liberté et la dignité de chaque homme et de chaque femme soient reconnues comme valeur fondamentale et où soit valorisée l'ouverture au Transcendant, l'expérience de foi comme dimension constitutive de la personne.

Dans la pièce musicale de Moussorgsky, intitulée L'ange proclama, nous avons écouté les paroles adressées par l'Ange à Marie, et donc à nous également: "O nations, réjouissez-vous!" Le motif de la joie est clair: le Christ est ressuscité du sépulcre "et il a ressuscité les morts". Chers frères et soeurs, c'est la joie du Christ Ressuscité qui nous anime, qui nous encourage et qui nous soutient sur notre chemin de foi et de témoignage chrétien, pour offrir une joie véritable et une solide espérance au monde, pour donner des motifs valables de confiance à l'humanité, aux peuples de l'Europe, que je confie avec plaisir à l'intercession maternelle et puissante de la Vierge Marie.

Je renouvelle mes remerciements au patriarche Cyrille, au métropolite Hilarion, aux représentants russes, à l'orchestre, aux choeurs, aux organisateurs et à toutes les personnes présentes.


Que sur vous et vos proches descendent les Bénédictions abondantes du Seigneur.




AUX PARTICIPANTS À LA XXIVe ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE DU CONSEIL PONTIFICAL POUR LES LAÏCS Salle du Consistoire Vendredi 21 mai 2010

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Messieurs les cardinaux,
Vénérés frères dans l'épiscopat
et dans le sacerdoce,
Chers frères et soeurs!


C'est avec plaisir que je vous accueille tous, membres et consulteurs, participant à la XXIVe assemblée plénière du Conseil pontifical pour les laïcs. J'adresse un salut cordial au président, le cardinal Stanislaw Rylko, en le remerciant des paroles courtoises qu'il m'a adressées, au secrétaire, Mgr Josef Clemens, et à toutes les personnes présentes. La composition même de votre dicastère, où aux côtés des pasteurs, travaille une majorité de fidèles laïcs, provenant du monde entier et de situations et d'expériences les plus diverses, offre une image significative de la communauté organique qu'est l'Eglise, où le sacerdoce commun, propre aux fidèles baptisés, et le sacerdoce ordonné, plongent leurs racines dans l'unique sacerdoce du Christ, selon des modalités essentiellement différentes, mais ordonnées l'une à l'autre. Parvenus désormais au terme de l'année sacerdotale, nous nous sentons encore davantage les témoins reconnaissants du don et du dévouement surprenants et généreux d'un si grand nombre d'hommes « conquis » par le Christ et configurés à Lui dans le sacerdoce ordonné. Jour après jour, ils accompagnent le chemin des christifideles laici, en proclamant la Parole de Dieu, en apportant son pardon et la réconciliation avec Lui, en rappelant à la prière et en offrant comme nourriture le Corps et le Sang du Seigneur. C'est de ce mystère de communion que les fidèles laïcs tirent l'énergie profonde pour être des témoins du Christ dans toute la réalité concrète de leur vie, dans toutes leurs activités et les milieux où ils vivent.

Le thème de votre assemblée de cette année: « Témoins du Christ dans la communauté politique », revêt une importance particulière. Assurément, la formation technique des hommes politiques n'appartient pas à la mission de l'Eglise. Différentes institutions existent en effet dans ce but. Mais il appartient à sa mission de « porter un jugement moral, même en des matières qui touchent le domaine politique, quand les droits fondamentaux de la personne ou le salut des âmes l'exigent, en utilisant tous les moyens, et ceux-là seulement, qui sont conformes à l'Evangile et en harmonie avec le bien de tous, selon la diversité des temps et des situations » (Gaudium et spes
GS 76). L'Eglise se concentre en particulier sur l'éducation des disciples du Christ, afin qu'ils soient toujours davantage des témoins de sa Présence, partout. Il revient aux fidèles laïcs de montrer concrètement dans la vie personnelle et familiale, dans la vie sociale, culturelle et politique, que la foi permet de lire de manière nouvelle et approfondie la réalité et la transformer; que l'espérance chrétienne élargit l'horizon limité de l'homme et le projette vers l'élévation véritable de son être, vers Dieu; que la charité dans la vérité est la force la plus efficace en mesure de changer le monde; que l'Evangile est une garantie de liberté et un message de libération; que les principes fondamentaux de la doctrine sociale de l'Eglise – tels que la dignité de la personne humaine, la subsidiarité et la solidarité – sont d'une grande actualité et d'une grande valeur pour la promotion de nouvelles voies de développement au service de tout l'homme et de tous les hommes. Il revient alors aux fidèles laïcs de participer activement à la vie politique, de manière toujours cohérente avec les enseignements de l'Eglise, en partageant les raisons bien fondées et les grands idéaux dans la dialectique démocratique et dans la recherche d'un large consensus avec tous ceux qui ont à coeur la défense de la vie et de la liberté, la protection de la vérité et du bien de la famille, la solidarité avec les plus indigents et la recherche nécessaire du bien commun. Les chrétiens ne cherchent pas l'hégémonie politique ou culturelle mais, partout où ils s'engagent, ils sont animés par la certitude que le Christ est la pierre angulaire de toute construction humaine (cf. Cong. pour la doctrine de la foi, Note doctrinale à propos de certaines questions sur l'engagement et le comportement des catholiques dans la vie politique, 24 nov. 2002).

Reprenant l'expression de mes prédécesseurs, je peux moi aussi affirmer que la politique est un domaine très important de l'exercice de la charité. Celle-ci rappelle les chrétiens à un puissant engagement au service de la citoyenneté en vue de l'édification d'une vie sereine dans les nations, ainsi qu'à une présence concrète dans les institutions et dans les programmes de la communauté internationale. Il y a besoin d'hommes politiques authentiquement chrétiens, mais plus encore de fidèles laïcs qui soient témoins du Christ et de l'Evangile dans la communauté civile et politique. Cette exigence doit être bien présente dans les parcours éducatifs des communautés ecclésiales et exige de nouvelles formes d'accompagnement et de soutien de la part des pasteurs. L'appartenance des chrétiens aux associations de fidèles, aux mouvements ecclésiaux et aux nouvelles communautés, peut être une bonne école pour ces disciples et témoins, soutenus par la richesse charismatique, communautaire, éducative et missionnaire propre à ces institutions.

Il s'agit d'un défi exigeant. Les temps que nous vivons nous placent devant des problèmes vastes et complexes, et la question sociale est devenue, dans le même temps, une question anthropologique. Les paradigmes idéologiques qui prétendaient, dans un passé récent, proposer une réponse « scientifique » à cette question se sont effondrés. La diffusion d'un relativisme culturel confus et d'un individualisme utilitariste et hédoniste affaiblit la démocratie et favorise la domination des pouvoirs forts. Il faut retrouver et raviver une authentique sagesse politique; être exigeants en ce qui concerne sa propre compétence; se servir de manière critique des recherches des sciences humaines; affronter la réalité sous tous ses aspects, en allant au-delà de toute réduction idéologique ou prétention utopique; être ouverts à tout dialogue et toute collaboration véritables, en ayant à l'esprit que la politique est aussi un art complexe d'équilibre entre des idéaux et des intérêts, mais sans jamais oublier que la contribution des chrétiens est décisive uniquement si l'intelligence de la foi devient intelligence de la réalité, clé de jugement et de transformation. Une véritable « révolution de l'amour » est nécessaire. Les nouvelles générations se trouvent en face de grandes exigences et de grands défis dans leur vie personnelle et sociale. Votre dicastère les suit avec une attention particulière, surtout à travers les Journées mondiales de la jeunesse, qui, depuis 25 ans, produisent de riches fruits apostoliques chez les jeunes. Parmi ces derniers, il y a aussi celui de l'engagement social et politique, un engagement fondé non sur des idéologies ou des intérêts de parti, mais sur le choix de servir l'homme et le bien commun, à la lumière de l'Evangile.

Chers amis, tandis que j'invoque du Seigneur d'abondants fruits pour les travaux de votre assemblée et pour votre activité quotidienne, je confie chacun de vous, vos familles et vos communautés à l'intercession de la Bienheureuse Vierge Marie, Etoile de la nouvelle évangélisation, et de tout coeur je vous donne la Bénédiction apostolique.



AUX PARTICIPANTS À L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DES OEUVRES PONTIFICALES MISSIONNAIRES Salle Clémentine Vendredi 21 mai 2010

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Monsieur le cardinal,
Vénérés frères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce,
chers frères et soeurs!

Soyez les bienvenus! J'adresse un salut cordial au cardinal Ivan Dias, préfet de la Congrégation pour l'évangélisation des peuples, que je remercie de ses paroles cordiales, au secrétaire Mgr Robert Sarah, au secrétaire-adjoint Mgr Giuseppe Vacchelli, président des OEuvres pontificales missionnaires, à tous les collaborateurs du dicastère, et de manière particulière aux directeurs nationaux des OEuvres pontificales missionnaires venus à Rome de toutes les Eglises pour l'assemblée ordinaire annuelle du conseil supérieur.

Je suis particulièrement reconnaissant à cette Congrégation, à laquelle le Concile oecuménique Vatican II, en harmonie avec l'acte constitutif par lequel elle fut fondée en 1622, a confirmé la tâche de « réglementer et coordonner, dans le monde entier, l'oeuvre missionnaire et la coopération missionnaire » (Décr. Ad gentes
AGD 29). C'est une mission immense que celle de l'évangélisation, en particulier à notre époque, où l'humanité souffre d'une certaine absence de pensée axée sur la réflexion et la sagesse (cf. Caritas in veritate Caritas in veritate, nn. 19. 31) et où se diffuse un humanisme qui exclut Dieu (cf. ibid. n. 78). C'est pourquoi il est encore plus urgent et nécessaire d'éclairer les nouveaux problèmes qui apparaissent avec la lumière de l'Evangile qui ne change pas. Nous sommes en effet convaincus que le Seigneur Jésus Christ, témoin fidèle de l'amour du Père, « par sa mort et sa résurrection, est la force dynamique et essentielle du vrai développement de chaque personne et de l'humanité entière » (ibid. n. 1). Au début de mon ministère comme Successeur de l'Apôtre Pierre, j'ai affirmé avec force: « Nous existons pour montrer Dieu aux hommes. Seulement là où on voit Dieu commence véritablement la vie... Il n'y a rien de plus beau que de le connaître et de communiquer aux autres l'amitié avec lui » (Homélie au début du ministère pétrinien, 24 avril 2005; cf. ORLF n. 17 du 26 avril 2005). La prédication de l'Evangile est un service inestimable que l'Eglise peut offrir à toute l'humanité qui est en marche dans l'histoire. Provenant de diocèses du monde entier, vous êtes un signe éloquent et vivant de la catholicité de l'Eglise, qui se concrétise dans le souffle universel de la mission apostolique « jusqu'aux extrémités de la terre » (Ac 1,8), « jusqu'à la fin du monde » (Mt 28,20), pour qu'aucun peuple ou milieu de vie ne soit privé de la lumière et de la grâce du Christ. Tel est le sens, la trajectoire historique, la mission et l'espérance de l'Eglise.

La mission d'annoncer l'Evangile à toutes les nations est un jugement critique sur les transformations planétaires qui sont en train de changer de manière substantielle la culture de l'humanité. L'Eglise, présente et agissante sur les frontières géographiques et anthropologiques, est porteuse d'un message qui s'insère dans l'histoire, où elle proclame les valeurs inaliénables de la personne, avec l'annonce et le témoignage du plan salvifique de Dieu, rendu visible et actif dans le Christ. La prédication de l'Evangile est l'appel à la liberté des fils de Dieu, également pour la construction d'une société plus juste et solidaire et pour nous préparer à la vie éternelle. Celui qui participe à la mission du Christ doit inévitablement affronter des épreuves, des oppositions et des souffrances, car il se heurte aux résistances et aux pouvoirs de ce monde. Et nous, comme l'apôtre Paul, nous ne possédons comme armes que la parole du Christ et de sa Croix (cf. 1Co 1,22-25). La mission ad gentes demande à l'Eglise et aux missionnaires d'accepter les conséquences de leur ministère: la pauvreté évangélique qui leur confère la liberté de prêcher l'Evangile avec courage et franchise; la non-violence, selon laquelle ils répondent au mal par le bien (cf. Mt 5,38-42 Rm 12,17-21); la disponibilité à donner sa propre vie au nom du Christ et par amour des hommes.

De même que l'apôtre Paul démontrait l'authenticité de son apostolat à travers les persécutions, les blessures et les tourments subis (cf. 2Co 6-7), la persécution est également la preuve de l'authenticité de notre mission apostolique. Mais il est important de rappeler que l'Evangile « prend corps dans les consciences et dans les coeurs humains et ne se diffuse dans l'histoire que dans la puissance de l'Esprit Saint » (Jean-Paul II, Enc. Dominum et vivificantem DEV 64) et grâce à Lui l'Eglise et les missionnaires sont aptes à accomplir la mission qui leur est confiée (cf. ibid. n. 25). C'est l'Esprit Saint (cf. 1Co 14) qui unit et préserve l'Eglise, en lui donnant la force de se diffuser, en comblant les disciples du Christ d'une richesse débordante de charismes. C'est de l'Esprit Saint que l'Eglise reçoit l'autorité de l'annonce et du ministère apostolique. C'est pourquoi, je désire réaffirmer avec force ce que j'ai déjà dit à propos du développement. (cf. Caritas in veritate ), à savoir que l'évangélisation a besoin de chrétiens qui ont les bras levés vers Dieu selon le geste de la prière, de chrétiens animés par la conscience que la conversion du monde au Christ n'est pas notre fait personnel, mais nous est donnée. En vérité, la célébration de l'Année sacerdotale nous a aidés à prendre davantage conscience que l'oeuvre missionnaire demande une union toujours plus profonde avec Celui qui est l'Envoyé de Dieu le Père pour le salut de tous; elle demande le partage de ce « nouveau style de vie » qui a été inauguré par le Seigneur Jésus et qui a été repris par les Apôtres (cf. Discours aux participants à l'assemblée plénière de la Congrégation pour le clergé, 16 mars 2009; cf. ORLF n. 14 du 7 avril 2009).

Chers amis, mes remerciements s'adressent encore à vous tous, membres des OEuvres pontificales missionnaires, vous qui êtes engagés de différentes façons à garder éveillée la conscience missionnaire des Eglises particulières, en les poussant à une participation plus active à la missio ad gentes, avec la formation et l'envoi de missionnaires, hommes et femmes, et à travers l'aide solidaire aux jeunes Eglises. J'exprime également un vif remerciement pour l'accueil et la formation de prêtres, de religieuses, de séminaristes et de laïcs dans les Collèges pontificaux de la Congrégation. Alors que je confie votre service ecclésial à la protection de la Très Sainte Vierge Marie, Mère de l'Eglise et Reine des Apôtres, je vous bénis de tout coeur.







Discours 2005-2013 14510