Discours 2005-2013 18910

VISITE À ST PETER’S RESIDENCE - MAISON D'ACCUEIL POUR PERSONNES ÂGÉES London Borough of Lambeth Samedi 18 septembre 2010

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Bien chers frères et soeurs,

Je suis très heureux d’être parmi vous, résidents de la Maison Saint-Pierre et de remercier Soeur Marie-Claire et Madame Fasky pour les aimables paroles de bienvenue qu’elles m’ont adressées en votre nom. Je suis heureux aussi de rencontrer l’Archevêque de Southwark, Monseigneur Peter Smith, ainsi que les Petites Soeurs des Pauvres, le personnel et les bénévoles qui veillent sur vous.

Alors que les progrès de la médecine ainsi que d’autres facteurs permettent de prolonger la durée de la vie, il est important de voir dans la présence d’un nombre croissant de personnes âgées une bénédiction pour la société. Chaque génération peut apprendre de l’expérience et de la sagesse de la génération qui l’a précédée. En effet, l’attention apportée aux aînés devrait être considérée non pas tant comme un acte de générosité que comme le remboursement d’une dette de gratitude.

Pour sa part, l’Église a toujours eu un grand respect pour les aînés. Le quatrième commandement, « Honore ton père et ta mère comme te l’a commandé le Seigneur ton Dieu » (
Dt 5,16), est lié à la promesse, « afin que se prolongent tes jours et que tu sois heureux sur la terre que le Seigneur ton Dieu te donne » (Dt 5,16). Ce travail de l’Église en faveur des personnes âgées et handicapées n’est pas seulement porteur d’amour et de soins pour ces derniers ; mais il est aussi récompensé par Dieu à travers les bénédictions qu’il a promises en faveur de la terre où ce commandement est observé. Dieu veut un respect vrai pour la dignité et la valeur, la santé et le bien-être des personnes âgées ; à travers les institutions de charité en Grande-Bretagne et au-delà, l’Église cherche à accomplir le commandement du Seigneur de respecter la vie quels que soient l’âge ou les circonstances.

Au tout début de mon pontificat, j’ai dit, « Chacun de nous est voulu, chacun de nous est aimé, chacun est nécessaire » (Homélie lors de la messe inaugurale du pontificat, 24 avril 2005). La vie est un don unique, à chaque stade, de la conception jusqu’à la mort naturelle, et c’est Dieu seul qui donne et qui reprend. On peut jouir d’une bonne santé dans le grand âge ; mais les chrétiens ne devraient pas craindre d’avoir part aux souffrances du Christ, si Dieu veut que nous luttions avec nos infirmités. Mon prédécesseur, le pape Jean-Paul II, a souffert très visiblement durant les dernières années de sa vie. Il était clair pour nous tous qu’il le faisait en union avec les souffrances de son Sauveur. La gaieté et la patience avec lesquelles il affronta ses derniers jours furent un exemple remarquable et émouvant pour nous tous qui avons à porter le poids de nombreuses années.

En ce sens, je viens parmi vous non seulement comme un père, mais aussi comme un frère qui connaît bien les joies et les peines qui viennent avec l’âge ! Nos longues années de vie nous permettent d’apprécier à la fois la beauté du plus grand don que Dieu nous ait fait, le don de la vie, aussi bien que la fragilité de l’esprit humain. A ceux parmi nous qui vivent longtemps, est donné une merveilleuse chance d’approfondir notre conscience du mystère du Christ, qui s’humilia pour partager notre humanité. Tandis que la durée normale de nos vies s’accroît, nos forces physiques sont souvent diminuées : et pourtant, ce temps peut être spirituellement parmi les plus féconds de nos vies. Ces années nous donnent l’opportunité de nous souvenir dans une prière affectueuse de tous ceux que nous avons chéris en cette vie, et pour présenter tout ce que nous avons été personnellement et tout ce que nous avons fait, devant la miséricorde et la tendresse de Dieu. Cela sera certainement un grand réconfort spirituel et nous permettra de découvrir de façon nouvelle son amour et sa bonté tous les jours de notre vie.

Animé de ces sentiments, chers frères et soeurs, je suis heureux de vous assurer de mes prières pour vous tous, et je vous demande de prier pour moi. Puissent Notre-Dame et saint Joseph, son époux, intercéder pour notre bonheur en cette vie, et nous obtenir la bénédiction d’un passage serein vers l’autre vie.

Que Dieu vous bénisse tous !


Allocution du Saint Père à l’attention de personnes en charge de la protection de l’enfance

Chers amis,

1173 Je suis heureux d’avoir cette opportunité de vous saluer, vous qui représentez les nombreux professionnels et bénévoles responsables de la protection de l’enfance dans les milieux ecclésiaux. L’Eglise a une longue tradition d’éducation des enfants, depuis leurs premières années jusqu’à l’âge adulte, à l’exemple du Christ, qui bénissait avec tendresse les enfants qu’on lui présentait, et qui enseignait à ses disciples que c’est à leurs pareils qu’appartient le Royaume de Dieu (cf. Mc 10,13-16).

Par votre travail, accompli dans le cadre des recommandations données en tout premier lieu dans le Rapport Nolan d’abord, puis dans la Commission Cumberlege, vous avez apporté une contribution essentielle à la promotion d’environnements sûrs pour les jeunes. Vous aidez à assurer l’efficacité des mesures préventives mises en place, en veillant à ce qu’elles soient appliquées sans défaillance et à ce que tout cas d’abus soit traité rapidement et selon la justice. De la part des nombreux enfants au service desquels vous êtes, et de leurs parents, permettez-moi de vous remercier pour le bon travail que vous avez réalisé dans ce domaine et que vous poursuivez encore.

Il est à déplorer que, en contradiction totale avec la longue tradition de l'Église d’éducation et de protection de l’enfance, des enfants ! aient pu être victimes d’abus et de mauvais traitements de la part de certains prêtres et religieux. Nous avons tous acquis aujourd’hui une conscience beaucoup plus vive de la nécessité de protéger les enfants, et vous représentez une part importante dans les nombreuses réponses apportées par l'Église à ce problème.

S’il ne peut y avoir aucune complaisance à cet égard, il faudrait toutefois reconnaître, en les lui comptant comme crédit, les efforts que l’Eglise a déployés dans ce pays et ailleurs, en particulier ces dix dernières années, pour garantir la sécurité des enfants et des jeunes et pour leur manifester le plus grand respect tout au long de leur croissance. Je prie pour que le service que vous rendez avec générosité aide à susciter, dans un climat de confiance renouvelée, un engagement déterminé en faveur du bien des enfants qui sont un don très précieux de Dieu.

Que le Seigneur fasse porter du fruit à votre travail et qu’il répande sur vous toutes ses bénédictions.



VEILLÉE DE PRIÈRE POUR LA BÉATIFICATION DU CARDINAL JOHN HENRY NEWMAN Hyde Park - London Samedi, 18 septembre 2010

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Chers Frères et Soeurs dans le Christ,

C’est une soirée pleine de joie, d’une immense joie spirituelle, pour nous tous. Nous sommes rassemblés ici en veillée de prière pour nous préparer à la Messe de demain, au cours de laquelle un fils éminent de ce pays, le Cardinal John Henry Newman, sera béatifié. Combien de personnes, en Angleterre et dans le monde entier, ont attendu ce moment ! C’est aussi une grande joie pour moi, personnellement, de partager cette expérience avec vous. Comme vous le savez, Newman a longtemps exercé une influence importante dans ma vie et ma pensée, comme il l’a exercée dans la vie de nombreuses personnes bien au-delà de ces îles. L’histoire de la vie de Newman nous invite à examiner nos vies, à les confronter au vaste horizon du plan de Dieu, et à grandir dans la communion avec l’Église de tout temps et de tout lieu : l’Église des Apôtres, l’Église des martyrs, l’Église des saints, l’Église que Newman aimait et à la mission de laquelle il a consacré toute sa vie.

Je remercie Monseigneur Peter Smith pour les aimables paroles de bienvenue qu’il m’a adressées en votre nom, et je suis particulièrement heureux de voir tant de jeunes présents à cette veillée. Ce soir, dans le contexte de notre prière commune, je voudrais réfléchir avec vous sur certains aspects de la vie de Newman que je considère très importants pour notre vie de croyants et pour la vie de l’Église aujourd’hui.

Permettez-moi de commencer en rappelant que Newman, selon son propre récit, fait remonter l’histoire de sa vie entière à une forte expérience de conversion qu’il a faite quand il était jeune homme. Il s’agit d’une expérience immédiate de la vérité de la Parole de Dieu, de la réalité objective de la Révélation chrétienne telle qu’elle a été transmise dans l’Église. C’est cette expérience, à la fois religieuse et intellectuelle, qui devait inspirer sa vocation à devenir un ministre de l’Évangile, lui donner de discerner la source de l’enseignement magistériel dans l’Église de Dieu, et stimuler son zèle pour un renouveau de la vie ecclésiale dans la fidélité à la tradition apostolique. À la fin de sa vie, Newman a pu décrire l’oeuvre de sa vie comme une lutte contre la tendance croissante, qui se répandait alors, à considérer la religion comme une affaire purement privée et subjective, comme une question d’opinion personnelle. C’est la première leçon que nous pouvons tirer de sa vie : de nos jours, là où un relativisme intellectuel et moral menace de saper les fondements-mêmes de notre société, Newman nous rappelle que, en tant qu’hommes et femmes créés à l’image et à la ressemblance de Dieu, nous sommes faits pour connaître la vérité, pour trouver dans cette vérité notre ultime liberté et l’accomplissement de nos aspirations humaines les plus profondes. En un mot, nous avons été destinés à connaître le Christ, qui est lui-même « le chemin, la vérité, et la vie » (
Jn 14,6).

La vie de Newman nous enseigne aussi que la passion pour la vérité, l’honnêteté intellectuelle et la conversion authentique ont un prix élevé. Nous ne pouvons garder pour nous-mêmes la vérité qui rend libres ; celle-ci exige le témoignage, elle demande à être entendue, et finalement sa force de conviction vient d’elle-même et non pas de l’éloquence humaine ni des arguments avec lesquelles elle peut être formulée. Non loin d’ici, à Tyburn, un grand nombre de nos frères et soeurs sont morts pour leur foi ; le témoignage de leur fidélité jusqu’au bout a été plus fort que les mots inspirés que beaucoup d’entre eux ont prononcés avant de s’en remettre totalement au Seigneur. À notre époque, le prix à payer pour la fidélité à l’Évangile n’est plus la condamnation à mort par pendaison ou par écartèlement, mais cela entraine souvent d’être exclus, ridiculisés ou caricaturés. Et cependant, l’Église ne peut renoncer à sa tâche : proclamer le Christ et son Évangile comme vérité salvifique, source de notre bonheur individuel ultime et fondement d’une société juste et humaine.

Finalement, Newman nous enseigne que, si nous avons accepté la vérité du Christ et lui avons donné notre vie, il ne peut y avoir de différence entre ce que nous croyons et notre manière de vivre. Toutes nos pensées, nos paroles et nos actions doivent être pour la gloire de Dieu et pour l’avènement de son Royaume. Newman a compris cela et il a été le grand défenseur de la mission prophétique des laïcs chrétiens. Il a vu clairement qu’il ne s’agissait pas tant d’accepter la vérité par un acte purement intellectuel que de l’embrasser dans une dynamique spirituelle qui pénètre jusqu’au coeur de notre être. La vérité est transmise non seulement par un enseignement en bonne et due forme, aussi important soit-il, mais aussi par le témoignage de vies vécues dans l’intégrité, la fidélité et la sainteté. Ceux qui vivent dans et par la vérité reconnaissent instinctivement ce qui est faux et, précisément parce que faux, hostile à la beauté et à la bonté qui sont inhérentes à la splendeur de la vérité, Veritatis splendor.

La première lecture de ce soir est la magnifique prière dans laquelle saint Paul demande qu’il nous soit accordé de connaître « l’amour du Christ qui surpasse toute connaissance » (Ep 3,14-21). L’Apôtre prie pour que le Christ puisse habiter dans nos coeurs par la foi (Cf. Ep Ep 3,17) et que nous puissions arriver à « comprendre, avec tous les saints, ce qu’est la Largeur, la Longueur, la Hauteur et la Profondeur » de cet amour. Par la foi, la Parole de Dieu devient pour nous une lampe sur nos pas et une lumière sur notre route (Cf. Ps Ps 119,105). Newman, comme les innombrables saints qui l’ont précédé à la suite du Christ, enseignait que la « douce lumière » de la foi nous amène à comprendre la vérité sur nous-mêmes, sur notre dignité d’enfants de Dieu, et sur la destinée sublime qui nous attend au ciel. En laissant la lumière de la foi briller dans nos coeurs, et en demeurant dans cette lumière par notre union quotidienne avec le Seigneur, par la prière et par notre participation aux sacrements de l’Église qui donnent la vie, nous devenons nous-mêmes lumière pour ceux qui nous entourent ; nous exerçons notre « mission prophétique ». Souvent, sans même le savoir, nous amenons les personnes un peu plus près du Seigneur et de sa vérité. Sans une vie de prière, sans une transformation intérieure, fruit de la grâce des sacrements, nous ne pouvons, selon les paroles de Newman, « irradier le Christ » ; nous ne devenons qu’une « cymbale » de plus « qui retentit » (1Co 13,1), dans un monde de plus en plus bruyant et confus, où abondent les chemins erronés ne menant qu’à la déception et à l’illusion.

Dans l’une des méditations préférées du Cardinal se trouvent ces mots : « Dieu m’a créé pour un service précis. Il m’a confié un travail qu’il n’a confié à personne d’autre » (Méditations sur la Doctrine chrétienne). Nous voyons là la fine pointe du réalisme chrétien de Newman, le lieu où la foi et la vie se rencontrent inévitablement. La foi nous est donnée pour transformer le monde et lui faire porter du fruit par la puissance de l’Esprit Saint qui agit dans la vie et l’activité des croyants. Pour qui regarde avec réalisme notre monde d’aujourd’hui, il est manifeste que les Chrétiens ne peuvent plus se permettre de mener leurs affaires comme avant. Ils ne peuvent ignorer la profonde crise de la foi qui a ébranlé notre société, ni même être sûrs que le patrimoine des valeurs transmises par des siècles de chrétienté, va continuer d’inspirer et de modeler l’avenir de notre société. Nous savons qu’en des temps de crise et de bouleversement, Dieu a suscité de grands saints et prophètes pour le renouveau de l’Église et de la société chrétienne ; nous comptons sur sa Providence et nous prions pour qu’il continue de nous guider. Mais chacun de nous, selon son propre état de vie, est appelé à oeuvrer pour l’avènement du Royaume de Dieu en imprégnant la vie temporelle des valeurs de l’Évangile. Chacun de nous a une mission, chacun de nous est appelé à changer le monde, à travailler pour une culture de la vie, une culture façonnée par l’amour et le respect de la dignité de toute personne humaine. Comme notre Seigneur nous le dit dans l’Évangile que nous venons d’entendre, notre lumière doit briller aux yeux de tous, pour que, en voyant nos bonnes oeuvres, ils rendent gloire à notre Père qui est dans les cieux (Cf. Mt 5,16).

À ce point, je désire m’adresser spécialement aux nombreux jeunes ici présents. Chers jeunes amis : seul Jésus sait quel « service précis » il a pensé pour vous. Soyez ouverts à sa voix qui résonne au fond de votre coeur : maintenant encore son coeur parle à votre coeur. Le Christ a besoin de familles qui rappellent au monde la dignité de l’amour humain et la beauté de la vie de famille. Il a besoin d’hommes et de femmes qui consacrent leur vie à la noble tâche de l’éducation, veillant sur les jeunes et les entraînant sur les chemins de l’Évangile. Il a besoin de personnes qui consacrent leur vie à s’efforcer de vivre la charité parfaite, en le suivant dans la chasteté, la pauvreté et l’obéissance, et en le servant dans le plus petit de nos frères et soeurs. Il a besoin de la force de l’amour des religieux contemplatifs qui soutiennent le témoignage et l’activité de l’Église par leur prière constante. Et il a besoin de prêtres, de bons et saints prêtres, d’hommes prêts à offrir leur vie pour leurs brebis. Demandez au Seigneur ce qu’il a désiré pour vous ! Demandez-lui la générosité pour dire oui ! N’ayez pas peur de vous donner totalement à Jésus. Il vous donnera la grâce dont vous avez besoin pour réaliser votre vocation. Je termine ces quelques mots en vous invitant chaleureusement à vous joindre à moi l’année prochaine à Madrid pour la Journée Mondiale de la Jeunesse. C’est toujours une merveilleuse occasion d’approfondir votre amour pour le Christ et d’être encouragés dans une joyeuse vie de foi avec des milliers d’autres jeunes. J’espère y voir beaucoup d’entre vous !

Et maintenant, chers amis, continuons notre veillée de prière en nous préparant à rencontrer le Christ, présent au milieu de nous dans le Saint Sacrement de l’Autel. Ensemble, dans le silence de notre adoration commune, ouvrons nos esprits et nos coeurs à sa présence, à son amour, et à la force convaincante de sa vérité. En particulier, remercions-le pour le témoignage constant rendu par le Cardinal John Henry Newman à cette vérité. Confiants en sa prière, demandons au Seigneur d’éclairer notre chemin, et le chemin de la société britannique, dans la « douce lumière » de sa vérité, de son amour et de sa paix. Amen.




RENCONTRE AVEC LES ÉVÊQUES D'ANGLETERRE, DU PAYS DE GALLES ET D'ÉCOSSE - Birmingham Dimanche 19 septembre 2010

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Chapelle du Francis Martin House de l’Oscott College


Chers Frères Évêques,

Nous venons de vivre une journée de grande joie pour la communauté catholique de ces Iles. Le bienheureux John Henry Newman, ainsi que nous pouvons maintenant l’appeler, a été élevé aux honneurs des autels comme un exemple de fidélité héroïque à l’Évangile et un intercesseur pour l’Église de cette terre qu’il a tant aimée et qu’il a si bien servie. Ici, en cette chapelle même, en 1852, il se fit l’écho de la confiance renouvelée et de la vitalité de la communauté catholique d’Angleterre et du Pays-de-Galles après la restauration de la hiérarchie, et ses mots pouvaient s’appliquer de la même manière à l’Écosse un quart de siècle plus tard. Sa béatification aujourd’hui nous rappelle que l’Esprit Saint ne cesse d’agir pour faire fructifier les dons de sainteté au sein du peuple de Grande-Bretagne, si bien que d’est en ouest, du nord au sud, une offrande parfaite de louange et d’action de grâce peut s’élever pour la gloire du nom de Dieu.

Je remercie le Cardinal O’Brien et Monseigneur Nichols, Archevêque de Westminster, pour leurs mots de bienvenue, et ce faisant je me souviens comment récemment j’ai pu tous vous recevoir à Rome, pour la visite ad Limina de vos Conférences épiscopales respectives. Nous avions alors évoqué quelques-uns des défis auxquels vous êtes confrontés dans la mission qui est la vôtre de guider votre peuple dans la foi, en particulier en ce qui concerne l’urgente nécessité de proclamer l’Évangile avec un élan nouveau dans un milieu très sécularisé. Au cours de cette visite, il m’est apparu clairement combien le peuple britannique a une soif profonde de la bonne nouvelle de Jésus Christ. Vous avez été choisis par Dieu pour offrir à vos compatriotes l’eau vive de l’Évangile, les encourageant à mettre leur espérance, non pas dans les vaines tentations du monde, mais dans la ferme assurance du monde à venir. En proclamant que le Royaume est proche avec ses promesses d’espérance pour les pauvres et les nécessiteux, pour les malades et les personnes âgées, pour les enfants à naître et pour les laissés pour compte, ayez à coeur de présenter sans rien omettre le message porteur de vie de l’Évangile, y compris les questions qui sont en opposition avec les principes largement répandues dans la culture d’aujourd’hui. Comme vous le savez, un Conseil pontifical vient d’être créé pour la Nouvelle évangélisation des pays qui ont une longue tradition chrétienne, et je voudrais vous encourager à recourir à ce service pour affronter la tâche qui vous revient. En outre, nombre des nouveaux mouvements ecclésiaux ont un charisme particulier pour l’Évangélisation, et je sais que vous ne manquerez pas de continuer à chercher comment les impliquer de manière appropriée et effective dans la mission de l’Église.

Depuis que vous êtes venus à Rome, des changements politiques dans le Royaume-Uni ont concentré l’attention sur les conséquences de la crise financière, qui a causé tant de difficultés à un grand nombre de familles et d’individus. Le spectre du chômage étend son ombre sur la vie de bien des personnes, et le coût à long terme des pratiques d’investissements hasardeux de ces derniers temps devient criant. Dans de telles circonstances, il y aura une demande accrue de la générosité caractéristique des catholiques britanniques, et je sais que vous serez les premiers à en appeler à la solidarité en faveur de ceux qui sont dans le besoin. La voix prophétique des chrétiens joue un rôle important pour mettre en lumière les besoins des pauvres et des personnes en situation précaire qui peuvent si facilement être oubliés quand il s’agit d’accorder des allocations et que les ressources sont limitées. Dans leur document magistériel Choosing the Common Good, les Évêques d’Angleterre et du Pays de Galles ont souligné l’importance de la pratique de la vertu dans la vie publique. Les circonstances actuelles nous donnent l’opportunité de revenir avec force sur ce message, et d’encourager en effet les personnes à aspirer à des valeurs morales élevées dans tous les domaines de leur vie, ce qui contraste avec un contexte qui considère avec un cynisme grandissant la simple éventualité de pouvoir mener une vie vertueuse.

Une autre question a retenu l’attention ces derniers mois, et mine gravement la crédibilité des responsables de l’Église; c’est celle des abus honteux qui ont eu lieu contre des enfants et des jeunes de la part de prêtres et de religieux. J’ai souvent parlé des blessures profondes que causent de tels comportements, chez les victimes d’abord et surtout, mais aussi dans les relations de confiance qui devraient exister entre les prêtres et les personnes, entre les prêtres et leurs Évêques, et entre les autorités de l’Église et le public. Je sais que vous avez pris des mesures sérieuses pour porter remède à cette situation, pour faire en sorte que les enfants soient effectivement protégés de toute atteinte et pour gérer de manière adéquate et dans la transparence les plaintes au moment où elles surgissent. Vous avez publiquement exprimé vos profonds regrets pour ce qui est arrivé, et pour la manière souvent inadéquate avec laquelle de tels faits ont été traités dans le passé. Ayant davantage conscience de l’étendue des abus contre les enfants dans la société, avec leurs effets dévastateurs, et de la nécessité d’offrir un soutien adéquat aux victimes, vous devriez vous sentir stimulés pour partager les enseignements ainsi reçus avec l’ensemble de la communauté. En effet, quel meilleur moyen d’offrir réparation pour ces péchés, sinon de vous tourner, dans un esprit d’humble compassion, vers les enfants qui, ailleurs, continuent à souffrir de ces abus? Notre devoir de veiller sur les jeunes n’exige pas moins que cela.

En réfléchissant sur la fragilité humaine que ces événements tragiques révèlent de manière si violente, nous devons nous souvenir que, pour être de véritables guides chrétiens, il nous faut vivre notre vie dans la plus grande honnêteté, humilité et sainteté. Comme l’écrivait le bienheureux John Henry Newman: «O si Dieu voulait accorder aux membres du clergé de sentir leur faiblesse d’hommes pécheurs, et aux fidèles de se sentir en sympathie avec eux, de les aimer et de prier afin qu’ils grandissent dans tous les dons de la grâce!» (Sermon, 22 mars 1829). Je prie pour que, parmi les grâces de cette visite, ceux qui ont reçu la mission de guider les chrétiens s’engagent avec un nouvel élan dans la vocation prophétique qui est la leur et pour que les fidèles redécouvrent la beauté de ce grand don qu’est le ministère ordonné. La prière pour les vocations alors jaillira spontanément, et nous pouvons être sûrs que le Seigneur répondra en envoyant des ouvriers pour engranger l’abondante moisson qu’il a préparée dans tout le Royaume-Uni (cf.
Mt 9,37-38). Je me réjouis, à cet égard, d’avoir bientôt la joie de rencontrer les séminaristes d’Angleterre, d’Écosse et du Pays de Galles, pour les assurer de ma prière alors qu’ils se préparent à prendre leur part du travail de la moisson.

Enfin, je voudrais évoquer avec vous encore deux questions qui concernent votre ministère épiscopal à l’heure actuelle. Il s’agit, d’une part, de l’imminente publication de la nouvelle traduction du Missel Romain. Je veux à cette occasion remercier chacun de vous pour la contribution que vous avez apportée, non sans peine, à cette tâche collégiale de révision et d’approbation des textes. C’est un immense service qui est ainsi rendu aux catholiques anglophones de par le monde. Je vous encourage à saisir l’occasion de cette nouvelle traduction pour proposer des catéchèses approfondies sur l’Eucharistie et favoriser un renouveau de dévotion dans la manière de la célébrer. «Plus vive est la foi eucharistique dans le peuple de Dieu, plus profonde est sa participation à la vie ecclésiale par l’adhésion convaincue à la mission que le Christ a confiée à ses disciples» (Sacramentum caritatis, 6). Quant à l’autre question, j’y ai déjà fait allusion en février avec les Évêques d’Angleterre et du Pays de Galles, quand je vous demandais d’être généreux dans la mise en application de la Constitution apostolique Anglicanorum Coetibus. Il faudrait que cela soit compris comme un geste prophétique qui peut contribuer à développer de manière positive les relations entre Anglicans et Catholiques. Cela nous aide à fixer notre regard sur le but ultime de toute activité oecuménique: la restauration de la pleine communion ecclésiale au sein de laquelle l’échange mutuel des dons de nos patrimoines spirituels respectifs nous permet à nous tous d’être enrichis. Continuons à prier et à travailler sans cesse afin que soit hâté le jour de joie où ce but sera atteint.

Dans ces sentiments, je vous remercie chaleureusement de votre hospitalité tout au long de ces quatre jours. En vous recommandant chacun ainsi que le peuple qui vous est confié à l’intercession de saint André, de saint David et de saint Georges, je suis heureux de vous accorder ma Bénédiction apostolique, à vous, à tous les prêtres, aux religieux et religieuses et aux fidèles laïcs d’Angleterre, d’Écosse et du Pays de Galles.




CÉRÉMONIE DE CONGÉ Aéroport international de Birmingham Dimanche 19 septembre 2010

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Monsieur le Premier Ministre,

Merci pour vos aimables paroles d’adieu au nom du Gouvernement de sa Majesté et des populations du Royaume-Uni. Je suis très reconnaissant pour le remarquable travail de préparation, de la part du Gouvernement actuel et du précédent, des services publics, des autorités locales et de la police, et des nombreux bénévoles qui ont patiemment aidé à préparer les événements de ces quatre jours. Merci pour la chaleur de votre accueil et pour l’hospitalité dont j’ai bénéficié.

Durant mon séjour parmi vous, j’ai pu rencontrer des représentants de nombreuses communautés, cultures, langues et religions qui composent la société britannique. La grande diversité de la Grande-Bretagne moderne est un défi pour son gouvernement et pour son peuple, mais elle représente aussi une réelle opportunité pour poursuivre le dialogue interculturel et interreligieux dans l’intérêt de la communauté toute entière.

Je suis reconnaissant d’avoir pu, durant ces jours-ci, rencontrer Sa Majesté la Reine, vous-même ainsi que les autres responsables politiques, et d’avoir ainsi pu discuter de sujets qui intéressent autant la Grande-Bretagne que les autres pays. J’ai été particulièrement honoré d’être invité à parler aux deux Chambres du Parlement dans l’enceinte historique de Westminster Hall. J’espère sincèrement que ces occasions contribueront à confirmer et à renforcer les excellentes relations qui existent entre le Saint-Siège et le Royaume-Uni. Puissions-nous en particulier persévérer dans nos efforts de coopérations au développement international, dans notre souci pour la protection de l’environnement et dans notre engagement à édifier une société civile renouvelée dans sa conscience des valeurs que nous partageons et des objectifs que nous poursuivons.

Ce fut aussi pour moi un plaisir de rendre visite à Sa Grâce l’Archevêque de Canterbury et aux Évêques de l’Église d’Angleterre, et ensuite de prier avec eux et avec nos frères chrétiens dans le cadre historique de l’Abbaye de Westminster, lieu qui évoque avec tant d’éloquence nos traditions et notre culture commune. La Grande-Bretagne étant une terre qui accueille tant de traditions religieuses, j’ai été heureux de pouvoir rencontrer leurs représentants et échanger avec eux quelques réflexions sur la contribution que les religions peuvent apporter au développement d’une société saine et pluraliste.

Evidemment, ma visite s’adressait tout particulièrement aux Catholiques du Royaume-Uni. Je garde précieusement le souvenir des moments passés avec les Évêques, le clergé, les religieux et les laïcs, ainsi qu’avec les professeurs, les élèves et les personnes âgées. Un événement des plus émouvants fut la célébration avec eux, ici à Birmingham, de la béatification d’un fils éminent de l’Angleterre, le Cardinal John Henry Newman. Par l’immense patrimoine intellectuel et les écrits spirituels qu’il nous a légués, je suis certain qu’il a encore beaucoup à nous enseigner sur la vie et le témoignage chrétiens face aux défis du monde d’aujourd’hui, défis qu’il avait entrevu à l’avance avec une clairvoyance remarquable.

Au moment de prendre congé de vous, permettez-moi de vous assurer une fois encore de mes voeux fervents et de mes prières pour la paix et la prospérité de la Grande-Bretagne. Merci beaucoup et que Dieu vous bénisse tous!






AUX ÉLÈVES DE L'ÉCOLE PONTIFICALE PAUL VI DES SOEURS MAÎTRESSES PIES PHILIPPINES DE CASTEL GANDOLFO Cour du Palais pontifical de Castel Gandolfo Jeudi 23 septembre 2010

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Chers enfants,
chers enseignants, chers parents,
chers amis,

Bienvenus ici au Palais, dans la maison du Pape. Je suis très heureux de vous accueillir enfin, et de voir cette Ecole pontificale Paul VI des soeurs Maîtresses Pies philippines, pour passer avec vous au moins un moment. Spirituellement, nous sommes toujours ensemble, ici, dans cette belle ville de Castel Gandolfo, mais à présent je peux aussi vous voir, et je suis très heureux.

Chers enfants, vous allez à l'école, vous vous instruisez naturellement, et j'ai pensé que j'ai commencé à aller à l'école il y a 77 ans. C'était dans un petit village de 300 âmes, un peu «perdu derrière la lune», dirait-on; toutefois, nous avons appris l'essentiel. Nous avons appris surtout à lire et à écrire, et je pense que c'est une grande chose de pouvoir écrire et lire, parce qu'ainsi, nous pouvons connaître la pensée des autres, lire les journaux, les livres; nous pouvons savoir ce qui a été écrit il y a deux mille ans ou même il y a plus longtemps encore; nous pouvons connaître les continents spirituels du monde et communiquer ensemble; et surtout, il y a une chose extraordinaire: Dieu a écrit un livre, c'est-à-dire qu'il nous a parlé à nous les hommes, et il a trouvé des personnes qui ont écrit le livre avec la Parole de Dieu, si bien que, en le lisant, nous pouvons également lire ce que Dieu nous dit. Et cela est très important: apprendre à l’école toutes les choses nécessaires pour la vie et apprendre aussi à connaître Dieu, à connaître Jésus et ainsi, à connaître comment l'on vit bien. Vous retrouvez beaucoup d'amis à l'école et c'est une belle chose; ainsi l'on forme une grande famille. Mais parmi les grands amis, le premier que nous trouvons, que nous connaissons, devrait être Jésus, qui est l'ami de tous et qui nous montre réellement le chemin de la vie.

Merci de votre présence, de votre joie et meilleurs voeux à tous.



Discours 2005-2013 18910