Discours 2005-2013 61120

CÉRÉMONIE DE BIENVENUE Aéroport de Saint-Jacques-de-Compostelle Samedi 6 novembre 2010

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Altesses Royales,
Autorités nationales, régionales et locales,
Monsieur l’archevêque de Saint-Jacques-de-Compostelle,
Monsieur le Cardinal Président de la Conférence Épiscopale Espagnole,
Messieurs les Cardinaux et Frères dans l’Épiscopat,
Chers frères et soeurs,
Chers amis,

Merci, Altesse, des aimables paroles que vous venez de m’adresser au nom de tous, et qui se font l’écho profond des sentiments d’affection que les fils et les filles de ces nobles terres éprouvent à l’égard du Successeur de Pierre.

Je salue cordialement toutes les personnes présentes ici et toutes celles qui s’unissent à nous à travers les moyens de communication sociale, remerciant également celles qui ont collaboré généreusement et à différents niveaux, ecclésial et civil, pour que ce bref mais intense voyage à Saint-Jacques-de-Compostelle et à Barcelone porte beaucoup de fruits.

Dans son for intérieur, l’homme est toujours en chemin, il est à la recherche de la vérité. L’Église participe à cette aspiration profonde de l’être humain et elle se met elle-même en chemin, accompagnant l’homme qui aspire ardemment à la plénitude de son être. En même temps, l’Église accomplit son propre cheminement intérieur, celui qui la conduit à travers la foi, l’espérance et l’amour, à se faire transparente au Christ pour le monde. C’est là sa mission et c’est son chemin: être toujours plus, au milieu des hommes, la présence du Christ, «qui est devenu pour nous sagesse, justice et sanctification, rédemption» (
1Co 1,30). C’est pourquoi, je me suis mis moi aussi en chemin pour affermir mes frères dans la foi. (cf. Lc 22,32).

Je viens en pèlerin en cette Année Sainte compostellane et j’ai dans le coeur le même amour pour le Christ qui poussait l’Apôtre Paul à entreprendre ses voyages, avec le vif désir de se rendre aussi en Espagne (cf. Rm 15,22-29). Je souhaite m’unir ainsi au grand nombre d’hommes et de femmes qui, tout au long des siècles, sont venus à Compostelle de tous les coins de la Péninsule Ibérique et de l’Europe, et même, du monde entier, pour se mettre aux pieds de saint Jacques et se laisser transformer par son témoignage de foi. Avec les empreintes laissées par leurs pas et pleins d’espérance, ils tracèrent une route culturelle, de prière, de miséricorde et de conversion, qui s’est concrétisée par des églises et des hôpitaux, des hostelleries, des ponts et des monastères. C’est ainsi que l’Espagne et l’Europe acquirent une physionomie spirituelle marquée de façon indélébile par l’Évangile.

C’est précisément comme messager et témoin de l’Évangile que j’irai aussi à Barcelone pour fortifier la foi de son peuple accueillant et dynamique. Une foi semée dès l’aube du Christianisme, et qui germa et se développa à la chaleur d’innombrables exemples de sainteté, engendrant de nombreuses institutions de bienfaisance, de culture et d’éducation. Une foi qui poussa le brillant architecte Antoni Gaudí à entreprendre dans cette ville, avec la ferveur et la collaboration de beaucoup, cette merveille qu’est l’église de la Sagrada Familia [Sainte Famille]. J’aurai la joie de consacrer cette église, dans laquelle se reflète toute la grandeur de l’esprit humain qui s’ouvre à Dieu.

Je suis profondément heureux d’être à nouveau en Espagne, pays qui a donné au monde une multitude de grands saints, fondateurs et poètes, comme Ignace de Loyola, Thérèse de Jésus, Jean de la Croix, François-Xavier, et tant d’autres. L’Espagne qui, au XXème siècle, a suscité de nouvelles institutions, associations et communautés de vie chrétienne et d’action apostolique et qui, ces dernières décennies, chemine dans la concorde et l’unité, dans la liberté et la paix, en regardant l’avenir avec espérance et responsabilité. Animée par son riche patrimoine de valeurs humaines et spirituelles, elle s’efforce aussi de progresser au milieu des difficultés et d’offrir sa solidarité à la communauté internationale.

Ces contributions et ces initiatives de votre longue histoire, et celles d’aujourd’hui aussi, ainsi que l’importance de ces deux lieux de votre belle géographie que je visiterai à cette occasion, me poussent à élargir ma pensée à tous les peuples d’Espagne et d’Europe. Comme le Serviteur de Dieu Jean-Paul II qui, de Compostelle, exhorta le Vieux Continent à redonner vigueur à ses racines chrétiennes, je voudrais moi aussi exhorter l’Espagne et l’Europe à construire leur présent et à projeter leur avenir à partir de la vérité authentique de l’homme, de la liberté qui respecte cette vérité et ne la blesse jamais, et de la justice pour tous, en commençant par les plus pauvres et les délaissés. Une Espagne et une Europe préoccupées non seulement des besoins matériels des hommes, mais aussi des nécessités morales et sociales, spirituelles et religieuses, car ce sont là des exigences authentiques de l’unique homme et ainsi seulement, on oeuvre de manière efficace, intègre et féconde pour son bien.

[En galicien]

Chers amis, je vous redis toute ma gratitude pour votre accueil cordial et pour votre présence dans cet aéroport. Je redis mon affection et ma proximité aux bien-aimés fils de Galice, de Catalogne et des autres peuples de l’Espagne. En confiant à l’intercession de l’Apôtre saint Jacques ma présence parmi vous, je supplie Dieu d’accorder à tous sa bénédiction. Merci beaucoup.



VISITE À LA CATHÉDRALE DE SAINT-JACQUES-DE-COMPOSTELLE Samedi 6 novembre 2010

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Messieurs les Cardinaux,
Chers frères dans l’Épiscopat,
Chères Autorités,
Chers prêtres, séminaristes, religieux et religieuses,
Chers frères et soeurs,
Chers amis.

[en galicien:]

Je remercie Monseigneur Julian Barrio Barrio, Archevêque de Saint-Jacques-de-Compostelle, pour les aimables paroles qu’il vient de m’adresser et auxquelles je réponds avec plaisir, en vous saluant tous avec affection dans le Seigneur et en vous remerciant pour votre présence en ce lieu très significatif.

[En espagnol:]

Faire un pèlerinage ne veut pas dire simplement visiter un lieu quelconque pour admirer ses trésors naturels, artistiques ou historiques. Faire un pèlerinage signifie plutôt sortir de soi-même pour aller à la rencontre de Dieu là où Il s’est manifesté, là où la grâce divine s’est montrée avec une splendeur particulière et a produit d’abondants fruits de conversion et de sainteté chez les croyants. Les chrétiens se rendirent en pèlerinage, surtout, sur les lieux liés à la passion, à la mort et à la résurrection du Seigneur, en Terre Sainte. Puis à Rome, ville où Pierre et Paul ont été martyrisés, et à Compostelle qui est liée à la mémoire de saint Jacques et qui a accueilli des pèlerins du monde entier, désireux de fortifier leur âme à travers le témoignage de foi et d’amour de l’Apôtre.

En cette Année Sainte compostellane, en tant que Successeur de Pierre, j’ai voulu moi-aussi venir en pèlerinage dans la Maison du Señor Santiago [de saint Jacques], dont on célèbre le 800ème anniversaire de la consécration, pour affermir votre foi et raviver votre espérance, et pour confier à l’intercession de l’Apôtre vos aspirations, vos efforts et votre travail pour l’Évangile. En embrassant sa statue vénérée, j’ai aussi prié pour tous les fils de l’Église, qui a son origine dans le mystère de communion qui est Dieu. La foi nous introduit dans le mystère d’amour qu’est la Sainte Trinité. Nous sommes, d’une certaine manière, embrassés par Dieu, transformés par son amour. L’Église est cette étreinte de Dieu dans laquelle les hommes apprennent aussi à étreindre leurs propres frères, découvrant en eux l’image et la ressemblance divine qui constituent la vérité la plus profonde de leur être et qui sont à l’origine de la vraie liberté.

Il existe une relation étroite et nécessaire entre vérité et liberté. La recherche honnête de la vérité, l’aspiration à celle-ci, est la condition d’une authentique liberté. On ne peut vivre l’une sans l’autre. L’Église, qui désire servir de toutes ses forces la personne humaine et sa dignité, est au service des deux: de la vérité et de la liberté. Elle ne peut y renoncer, car c’est l’être humain qui est en jeu, car elle y est poussée par son amour pour l’homme, lui «qui est sur la terre la seule créature que Dieu ait voulue pour elle-même» (Gaudium et spes
GS 24,3), et parce que, sans cette aspiration à la vérité, à la justice et à la liberté, l’homme se perdrait lui-même.

Permettez-moi, depuis Compostelle, coeur spirituel de la Galice et, en même temps, école d’universalité sans frontières, d’exhorter tous les fidèles de ce cher Archidiocèse, et tous ceux de l’Église en Espagne, à vivre en se laissant éclairer par la vérité du Christ, en professant leur foi avec joie, cohérence et simplicité, à la maison, au travail et dans leur responsabilité de citoyens.

Que la joie de vous sentir fils aimés de Dieu vous incite à avoir un amour toujours plus profond pour l’Église, en collaborant avec elle dans sa tâche de porter le Christ à tous les hommes. Priez le Maître de la moisson, pour que de nombreux jeunes se consacrent à cette mission dans le ministère sacerdotal et dans la vie consacrée: aujourd’hui, comme toujours, cela vaut la peine de consacrer toute sa vie à proposer la nouveauté de l’Évangile!

Je ne veux pas terminer sans exprimer auparavant mes félicitations et mes remerciements à tous les catholiques espagnols pour la générosité avec laquelle ils soutiennent de nombreuses institutions de charité et de promotion humaine. Ne vous lassez pas de faire vivre ces oeuvres, qui profitent à toute la société, et dont l’efficacité s’est manifestée de façon spéciale durant la crise économique actuelle, de même qu’à l’occasion des graves calamités naturelles qui ont affligé divers pays!

[En galicien:]

Avec ces sentiments, je prie le Très-Haut d’accorder à tous l’audace qui animait saint Jacques pour que vous soyez témoins du Christ Ressuscité, afin qu’ainsi vous restiez fidèles sur les chemins de la sainteté et que vous vous dépensiez pour la gloire de Dieu et pour le bien de vos frères les plus démunis. Merci beaucoup.





VISITE À L’OEUVRE SOCIALE DE BIENFAISANCE DU NEN DÉU SALUT Barcelon\ie Dimanche 7 novembre 2010

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(En catalan)

Monsieur le Cardinal Archevêque de Barcelone,
Vénérés Frères dans l’Épiscopat,
Chers prêtres, diacres, religieuses et religieux,
Chères Autorités,
Chers amis,

J’éprouve une grande joie de pouvoir être ici avec vous tous qui formez cette OEuvre sociale de bienfaisance plus que centenaire du Nen Déu (du Divin Enfant). Je remercie pour l’accueil cordial que m’ont réservé, le Cardinal Lluís Martínez Sistach, Archevêque de Barcelone, Soeur Rosario, Supérieure de la Communauté, les enfants Antonio et Maria del Mar, qui ont pris la parole et tous ceux qui ont si merveilleusement chanté.

J’exprime aussi ma gratitude aux personnes ici présentes, en particulier aux membres du Patronage de l’OEuvre, à la Mère Générale et aux religieuses Franciscaines des Sacrés-Coeurs, aux enfants, aux jeunes et aux adultes accueillis dans cette institution, à leurs parents et à tous leurs proches, ainsi qu’au personnel et aux volontaires qui exercent ici leur travail si méritant.

Je voudrais en même temps manifester ma reconnaissance aux Autorités, les invitant à se dépenser pour que les personnes les plus défavorisées soient toujours rejointes par les services sociaux, et à ceux qui soutiennent de leur aide généreuse des organismes d’assistance d’initiative privée, comme cette École d’éducation spécialisée du Nen Déu. En ces temps où de nombreuses familles affrontent de sérieuses difficultés économiques, nous devons, comme disciples du Christ, multiplier les gestes concrets de solidarité tangible et constante, montrant ainsi que la charité est le signe distinctif de notre condition chrétienne.

(En espagnol)

À l’occasion de la dédicace de la Basilique de la Sagrada Familia (Sainte Famille)il a été mis en relief ce matin que l’édifice sacré est signe du véritable sanctuaire de Dieu parmi les hommes. Je voudrais maintenant souligner comment, grâce aux efforts de cette institution ecclésiale et de bien d’autres, – auxquelles s’ajoutera la nouvelle Résidence dont vous avez désiré qu’elle porte le nom du Pape – il est clairement montré que, pour le chrétien, tout homme est un véritable sanctuaire de Dieu, et doit être traité avec le plus grand respect et la plus grande affection, surtout quand il se trouve dans le besoin. L’Église veut ainsi réaliser les paroles du Seigneur dans l’Évangile: «En vérité, je vous le dis: chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait» (
Mt 25,40). Sur cette terre, ces paroles du Christ ont poussé de nombreux fils et filles de l’Église à consacrer leur vie à l’enseignement, aux oeuvres de bienfaisance ou au soin des personnes malades et handicapées. Vous inspirant de leur exemple, je vous demande de continuer à secourir les plus petits et les plus nécessiteux, leur donnant le meilleur de vous-mêmes.

Au cours des dernières décennies, les formidables progrès de la santé ont contribué à l’amélioration des soins prodigués aux plus faibles. Ils ont été accompagnés de la conviction croissante de l’importance d’une relation humaine attentive, pour le bon résultat du processus thérapeutique. C’est pourquoi, il est essentiel que les nouveaux développements technologiques dans le domaine médical n’aillent jamais à l’encontre du respect de la vie et de la dignité humaine, de façon que ceux qui souffrent de maladies ou de handicaps psychiques ou physiques puissent toujours recevoir cet amour et ces attentions qui leur permettent de se sentir reconnus comme des personnes dans leurs nécessités concrètes.

Chers enfants et chers jeunes, je prends congé de vous en rendant grâce à Dieu pour vos vies, si précieuses à ses yeux, et en vous assurant que vous occupez une place très importante dans le coeur du Pape. Je prie pour vous tous les jours et je vous demande de m’aider par votre prière à accomplir avec fidélité la mission que le Christ m’a confiée. Je n’omets pas en outre de prier pour ceux qui sont au service des personnes qui souffrent, travaillant inlassablement pour que celles qui portent un handicap puissent occuper leur juste place dans la société et ne soient pas marginalisées à cause de leurs limites. À ce propos, je voudrais reconnaître, de manière particulière, le témoignage fidèle des prêtres et de ceux qui visitent les malades à leur domicile, dans les hôpitaux ou dans d’autres institutions spécialisées. Ils incarnent l’important ministère de la consolation face aux fragilités de notre condition, que l’Église cherche à accomplir avec les sentiments mêmes du bon Samaritain (cf. Lc 10,29-37).

Par l’intercession de Notre Dame de la Merced et de la bienheureuse Mère Carmen del Niño Jesús, que Dieu vous bénisse, vous tous qui formez la grande famille de cette OEuvre magnifique, ainsi que les personnes qui vous sont chères et celles qui coopèrent avec cette institution ou d’autres semblables. Que la Bénédiction apostolique que je vous accorde de tout coeur à tous, vous soit le gage de tout cela!



CÉRÉMONIE DE DÉPART Aéroport international de Barcelone (El Prat) Dimanche 7 novembre 2010

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Majestés,
Monsieur le Cardinal Archevêque de Barcelone,
Monsieur le Cardinal Président de la Conférence Épiscopale Espagnole,
Messieurs les Cardinaux et Frères dans l’Épiscopat,
Monsieur le Président du Gouvernement,
Autorités nationales, régionales et locales,
Chers frères et soeurs,
Chers amis,

Merci infiniment. J’aimerais que ces deux mots renferment tous les sentiments de gratitude que j’éprouve au terme de ma visite à Saint-Jacques-de-Compostelle et à Barcelone. Merci infiniment, Majestés, d’être présents ici. Je vous suis reconnaissant, Majesté, des paroles courtoises que vous avez eu l’amabilité de m’adresser et qui expriment l’affection de votre noble peuple à l’égard du Successeur de Pierre. Je désire également manifester ma cordiale gratitude aux Autorités qui nous accompagnent, à Messieurs les Archevêques de Saint-Jacques-de-Compostelle et de Barcelone, à l’Épiscopat espagnol et aux nombreuses personnes qui, n’épargnant aucun sacrifice, ont collaboré à l’heureuse réussite de ce voyage. Je vous remercie vivement pour toutes les attentions délicates et continues que vous avez réservées au Pape ces jours-ci, et qui soulignent l’hospitalité et l’accueil des habitants de ces terres, qui sont si chères à mon coeur.

À Compostelle, j’ai voulu m’unir, comme un pèlerin parmi d’autres, aux nombreuses personnes d’Espagne, d’Europe et d’ailleurs qui viennent sur la tombe de l’Apôtre pour fortifier leur foi et recevoir le pardon et la paix. En tant que Successeur de Pierre, je suis aussi venu pour confirmer mes frères dans la foi. Cette foi qui, à l’aube du Christianisme, a atteint ces terres et s’y est enracinée si profondément qu’elle a forgé l’esprit, les coutumes, l’art et le caractère des personnes qui y habitaient. La volonté de préserver et d’accroître ce riche patrimoine spirituel est non seulement le signe de l’amour d’un pays pour son histoire et sa culture, mais c’est aussi une voie privilégiée pour transmettre aux jeunes générations les valeurs fondamentales si nécessaires à la construction d’un avenir où la vie ensemble soit harmonieuse et solidaire.

Les chemins qui traversaient l’Europe pour arriver à Saint-Jacques étaient très différents les uns des autres. Chacun avait sa propre langue et ses propres caractéristiques, mais la foi était la même. Il y avait un langage commun, l’Évangile du Christ. En n’importe quel lieu, le pèlerin pouvait se sentir chez lui. Au-delà des différences nationales, il savait qu’il était membre d’une grande famille, à laquelle appartenaient aussi les autres pèlerins et habitants qu’il rencontrait sur son chemin. Que cette foi retrouve une nouvelle vigueur sur ce continent et qu’elle devienne source d’inspiration, faisant grandir la solidarité et l’esprit de service à l’égard de tous, spécialement des populations et des nations les plus nécessiteuses !

[en catalan:]

À Barcelone, j’ai eu l’immense joie de consacrer la Basilique de la Sagrada Familia [Sainte Famille], que Gaudí a conçue comme une louange de pierre à Dieu et j’ai aussi visité une institution d’Église socio-caritative significative. Dans la Barcelone d’aujourd’hui, ce sont deux symboles de la fécondité de cette même foi, qui a marqué ce peuple au plus profond de lui-même et qui, à travers la charité et la beauté du mystère de Dieu, contribue à créer une société plus digne de l’homme. En effet, la beauté, la sainteté et l’amour de Dieu portent l’homme à vivre dans le monde avec espérance.

Je rentre à Rome ayant visité deux lieux seulement de votre merveilleuse terre. Malgré cela, par la prière et la pensée, j’ai désiré étreindre tous les Espagnols, sans exception, et tant d’autres personnes qui vivent parmi vous sans être nées ici. Je vous porte tous dans mon coeur et je prie pour tous, en particulier pour ceux qui souffrent et que je mets sous la protection maternelle de la Très Sainte Vierge Marie, si vénérée et invoquée en Galice, en Catalogne et dans les autres régions d’Espagne. J’intercède auprès d’elle afin qu’elle obtienne du Très-Haut d’abondantes bénédictions qui vous aident à vivre comme une seule famille, guidés par la lumière de la foi. Je vous bénis au nom du Seigneur. S’il le désire, nous nous reverrons à Madrid l’année prochaine pour célébrer la Journée Mondiale de la Jeunesse. Au revoir.




AUX PARTICIPANTS À L'ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE DU COMITÉ PONTIFICAL POUR LES CONGRÈS EUCHARISTIQUES INTERNATIONAUX Salle Clémentine Jeudi 11 novembre 2010

Messieurs les cardinaux,
1201 Vénérés frères dans l’épiscopat et dans le sacerdoce,
chers frères et soeurs!

Je suis heureux de vous accueillir en conclusion des travaux de l’assemblée plénière du Comité pontifical pour les Congrès eucharistiques internationaux. Je salue cordialement chacun de vous, en particulier le président, Mgr Piero Marini, que je remercie des paroles courtoises avec lesquelles il a introduit notre rencontre. Je salue les délégués nationaux des Conférences épiscopales et, de manière particulière, la délégation irlandaise, guidée par S.Exc. Mgr Diarmuid Martin, archevêque de Dublin, ville dans laquelle aura lieu le prochain Congrès eucharistique international en juin 2012. Votre assemblée a consacré une grande attention à cet événement, qui s’inscrit également dans le programme de renouveau de l’Eglise en Irlande. Le thème: «L’Eucharistie, communion avec le Christ et entre nous» rappelle le caractère central du Mystère eucharistique pour la croissance de la vie de foi et pour chaque chemin authentique de renouveau ecclésial. L’Eglise, dans son pèlerinage sur la terre, est le sacrement d’unité des hommes avec Dieu et entre eux (cf. Conc. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium
LG 1). C’est dans ce but qu’elle a reçu la Parole et les sacrements, en particulier l’Eucharistie, dont «vient continuellement [sa] vie et [sa] croissance» (ibid., n. 26) et dans laquelle, en même temps, elle s’exprime elle-même.

Le don du Christ et de son Esprit, que nous recevons dans l’Eucharistie, accomplit avec une plénitude surabondante les aspirations d’unité fraternelle qui résident dans le coeur humain et, en même temps, il les élève bien au-dessus de la simple expérience de coexistence humaine. A travers la communion au Corps du Christ, l’Eglise devient toujours plus elle-même: mystère d’unité «vertical » et «horizontal» pour tout le genre humain. Aux germes de désagrégation, que l’expérience quotidienne révèle profondément enracinés dans l’humanité à cause du péché, s’oppose la force génératrice d’unité du Corps du Christ. L’Eucharistie, en formant sans cesse l’Eglise, crée également la communion entre les hommes.

Très chers amis, certaines heureuses circonstances rendent encore plus significatifs les travaux que vous avez accomplis au cours de ces journées et les événements futurs. La présente assemblée s’est déroulée — comme l’a déjà dit Mgr Marini — en même temps que le 50e anniversaire du Congrès eucharistique de Munich, qui marqua un tournant dans la compréhension de ces événements ecclésiaux en élaborant l’idée de «statio orbis», qui sera reprise plus tard par le Rituel romain De sacra Communione et de cultu Mysterii eucharistici extra Missam. J’ai eu la joie de participer personnellement à cette réunion, comme l’a encore rappelé Mgr Marini, et également de voir se développer ce concept, alors que j’étais jeune professeur de théologie. En outre, le Congrès de Dublin de 2012 possédera un caractère jubilaire, ce sera en effet le 50e, et il se tiendra également cinquante ans après l’ouverture du Concile oecuménique Vatican II, auquel le thème fait explicitement référence, en rappelant le chapitre 7 de la Constitution dogmatique Lumen gentium.

Les Congrès eucharistiques internationaux possèdent désormais une longue histoire dans l’Eglise. A travers la forme caractéristique de la «statio orbis», ils soulignent la dimension universelle de la célébration: en effet, il s’agit toujours d’une fête de foi autour du Christ Eucharistie, le Christ du sacrifice suprême pour l’humanité, à laquelle participent non seulement des fidèles d’une Eglise particulière ou d’une nation, mais, autant que possible, de différentes parties du monde. C’est l’Eglise qui se rassemble autour de son Seigneur et son Dieu. A cet égard, le rôle des délégués nationaux est important. Ils sont appelés à sensibiliser les différentes Eglises à l’événement du Congrès, en particulier pendant la période de sa préparation, afin que de celui-ci découlent des fruits de vie et communion.

La tâche des Congrès eucharistique, en particulier dans le contexte actuel, est également celle d’apporter une contribution particulière à la nouvelle évangélisation, en promouvant l’évangélisation mystagogique (cf. Exhort. ap. post-synod. Sacramentum caritatis, n. 64), qui s’accomplit à l’école de l’Eglise en prière, à partir de la liturgie et à travers la liturgie. Mais chaque Congrès contient également en lui un souffle évangélisateur au sens le plus strictement missionnaire, si bien que le binôme Eucharistie-mission fait à présent partie des lignes directrices proposées par le Saint-Siège. La Table eucharistique, table du sacrifice et de la communion, représente ainsi le centre de diffusion du ferment de l’Evangile, force motrice pour l’édification de la société humaine et gage du Royaume qui vient. La mission de l’Eglise se trouve en continuité avec celle du Christ: «De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie» (Jn 20,21). Et l’Eucharistie est le principal intermédiaire de cette continuité missionnaire entre Dieu le Père, le Fils incarné, et l’Eglise en marche dans l’histoire, guidée par l’Esprit Saint.

Voici pour finir, une orientation liturgique et pastorale. Etant donné que la célébration eucharistique est le centre et le sommet de toutes les diverses manifestations et formes de piété, il est important que chaque Congrès eucharistique sache interpeler et faire participer, selon l’esprit de la réforme conciliaire, toutes les expressions du culte eucharistique «extra Missam» qui plongent leurs racines dans la dévotion populaire, ainsi que les associations de fidèles qui, à divers titres, tirent leur inspiration de l’Eucharistie. Toutes les dévotions eucharistiques, recommandées et encouragées également par l’Encyclique Ecclesia de Eucharistia (nn. 10; 47-52) et par l’Exhortation post-synodale Sacramentum caritatis, doivent être harmonisées selon une ecclésiologie eucharistique orientée vers la communion. Dans ce sens également, les Congrès eucharistiques constituent une contribution au renouveau permanent de la vie eucharistique de l’Eglise.

Chers frères et soeurs, l’apostolat eucharistique auquel vous consacrez vos efforts est très précieux. Persévérez dans celui-ci avec application et passion, en animant et en diffusant la dévotion eucharistique dans toutes ses expressions. Dans l’Eucharistie est contenu le trésor de l’Eglise, c’est-à-dire le Christ lui-même, qui sur la Croix s’est immolé pour le salut de l’humanité. J’accompagne votre service apprécié de l’assurance de ma prière, par l’intercession de la Très Sainte Vierge Marie, et de ma Bénédiction apostolique, que je vous donne de tout coeur, ainsi qu’à vos proches et à vos collaborateurs.




DISCOURS AUX PARTICIPANTS À L'ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE DU CONSEIL PONTIFICAL DE LA CULTURE Salle Clémentine Samedi 13 novembre 2010

1202 Messieurs les cardinaux,
Vénérés frères dans l’épiscopat et dans le sacerdoce,
Chers frères et soeurs,

Je suis heureux de vous rencontrer au terme de l’assemblée plénière du Conseil pontifical de la culture, au cours de laquelle vous avez approfondi le thème: «Culture de la communication et nouveaux langages». Je remercie le président, Mgr Gianfranco Ravasi, pour ses belles paroles, et je salue tous les participants, en leur exprimant ma reconnaissance pour la contribution qu’ils ont offerte à l’étude de ce thème, très important pour la mission de l’Eglise. Parler de communication et de langage signifie, en effet, non seulement aborder l’un des points cruciaux de notre monde et de ses cultures, mais, pour nous croyants, cela signifie s’approcher du mystère même de Dieu qui, dans sa bonté et sa sagesse, a voulu se révéler et manifester sa volonté aux hommes (Concile Vatican II, Const. dogm. Dei Verbum
DV 2). Dans le Christ, en effet, Dieu s’est révélé à nous comme Logos, qui se communique et nous interpelle, en établissant la relation qui fonde notre identité et dignité de personnes humaines, aimées comme fils de l’unique Père (cf. Exhort. ap. postsynodale Verbum Domini, nn. 6.22.23). Communication et langage sont également des dimensions essentielles de la culture humaine, constituée d’informations et de notions, de croyances et de styles de vie, mais également de règles, sans lesquelles les personnes pourraient difficilement progresser sur le plan humain et social. J’ai apprécié le choix original d’inaugurer l’assemblée plénière dans la «Sala della Protomoteca» au Capitole, coeur civil et institutionnel de Rome, par une table ronde sur le thème: «Dans la ville à l’écoute des langages de l’âme». De cette façon, le dicastère a voulu exprimer l’un de ses devoirs essentiels: se mettre à l’écoute des hommes et des femmes de notre temps, pour promouvoir de nouvelles occasions d’annonce de l’Evangile. En écoutant donc les voix du monde globalisé, nous nous apercevons qu’est en cours une profonde transformation culturelle, avec de nouveaux langages et de nouvelles formes de communication, qui favorisent également des modèles anthropologiques nouveaux et problématiques.

Dans ce contexte, les pasteurs et les fidèles ressentent avec préoccupation certaines difficultés dans la communication du message évangélique et dans la transmission de la foi au sein de la même communauté ecclésiale. Comme je l’ai écrit dans l’Exhortation apostolique post-synodale Verbum Domini: «Tant de chrétiens ont besoin que leur soit ré-annoncée de façon persuasive la Parole de Dieu, afin qu’ils puissent expérimenter concrètement la force de l’Evangile» (n. 96). Les problèmes semblent parfois s’accroître lorsque l’Eglise s’adresse aux hommes et aux femmes éloignés ou indifférents à une expérience de foi, auxquels le message évangélique arrive de façon peu efficace et personnelle. Dans un monde qui fait de la communication la stratégie gagnante, l’Eglise, dépositaire de la mission de communiquer à toutes les nations l’Evangile du salut, ne demeure pas indifférente ni étrangère; elle cherche au contraire à utiliser, avec un engagement créatif renouvelé, mais également avec un sens critique et un discernement attentif, les nouveaux langages et les nouvelles modalités de communication.

L’incapacité du langage à communiquer le sens profond et la beauté de l’expérience de la foi peut contribuer à l’indifférence de nombreuses personnes, en particulier des jeunes; elle peut devenir un motif d’éloignement, comme l’affirmait déjà la Constitution Gaudium et spes, en soulignant qu’une présentation inadéquate du message dissimule plus qu’elle ne manifeste le visage authentique de Dieu et de la religion (cf. n. 19). L’Eglise veut dialoguer avec tous, dans sa recherche de la vérité; mais afin que le dialogue et la communication soient efficaces et fructueux, il est nécessaire de se syntoniser sur la même fréquence dans des contextes de rencontres amicales et sincères, dans cette «cour des nations» idéale, que j’ai proposée en m’adressant à la Curie romaine il y a un an et que votre dicastère réalise dans divers lieux emblématiques de la culture européenne. Aujourd’hui, de nombreux jeunes, étourdis par les possibilités infinies offertes par les réseaux informatiques ou par d’autres technologies, établissent des formes de communication qui ne contribuent pas à la croissance en humanité, mais risquent au contraire d’accroître le sentiment de solitude et de dépaysement. Face à ces phénomènes, j’ai parlé à plusieurs reprises d’urgence éducative, un défi auquel on peut et on doit répondre avec une intelligence créative, en s’engageant à promouvoir une communication humaine, qui stimule le sens critique et la capacité d’évaluation et de discernement.

Dans la culture technologique actuelle également, c’est le paradigme permanent de l’inculturation de l’Evangile qui sert de guide, en purifiant, en guérissant et en élevant les éléments les meilleurs des nouveaux langages et des nouvelles formes de communication. Dans ce devoir, difficile et fascinant, l’Eglise peut puiser au patrimoine extraordinaire de symboles, d’images, de rites et de gestes de sa tradition. En particulier, le symbolisme riche et dense de la liturgie doit resplendir dans toute sa force comme élément de communication, jusqu’à toucher profondément la conscience humaine, le coeur et l’esprit. De plus, la tradition chrétienne a toujours étroitement lié à la liturgie le langage de l’art, dont la beauté possède une force communicative particulière. Nous en avons fait l’expérience également dimanche dernier, à Barcelone, dans la Basilique de la Sagrada Famiglia, oeuvre d’Antoni Gaudí, qui a allié avec génie le sens du sacré et de la liturgie à des formes artistiques aussi modernes qu’en harmonie avec les meilleures traditions architecturales. Toutefois, la beauté de la vie chrétienne est plus incisive encore que l’art et l’image dans la transmission du message évangélique. A la fin, seul l’amour est digne de foi et apparaît crédible. La vie des saints, des martyrs, révèle une beauté singulière qui fascine et attire, car une vie chrétienne vécue en plénitude parle sans avoir besoin de paroles. Nous avons besoin d’hommes et de femmes qui parlent à travers leur vie, qui sachent transmettre l’Evangile avec clarté et courage, par la transparence des actions, par la passion joyeuse de la charité.

Après m’être rendu en pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle, et avoir admiré chez des milliers de personnes, en particulier les jeunes, la force entraînante du témoignage, la joie de se mettre en chemin vers la vérité et la beauté, je souhaite qu’un grand nombre de nos contemporains puissent dire, en écoutant de nouveau la voix du Seigneur, comme les disciples d’Emmaüs: «Notre coeur n'était-il pas tout brûlant au-dedans de nous, quand il nous parlait en chemin?» (Lc 24,32). Chers amis, je vous remercie pour ce que vous faites chaque jour avec compétence et dévouement et, en vous confiant à la protection maternelle de la Très Sainte Vierge Marie, je vous donne de tout coeur à tous ma Bénédiction apostolique.





Discours 2005-2013 61120