Discours 2005-2013 1218

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DISCOURS



JANVIER 2011

VISITE AUX ENFANTS HOSPITALISÉS DANS LES SERVICES DE PÉDIATRIE DE L'HÔPITAL “AGOSTINO GEMELLI” DE ROME Mercredi 5 janvier 2011

Monsieur le cardinal,
chers prêtres,
autorités académiques, dirigeants,
personnel médical et paramédical,
chers enfants, parents et amis!

Pourquoi suis-je venu ici, parmi vous, aujourd’hui, jour où nous commençons à célébrer la solennité de l’Epiphanie? Tout d’abord pour remercier. Merci à vous les enfants qui m’avez accueilli: je veux vous dire que je vous aime et que je suis proche de vous à travers ma prière et mon affection, également pour vous donner la force d’affronter la maladie. Je voudrais ensuite remercier vos parents, les familles, les dirigeants et tout le personnel de la polyclinique, qui avec compétence et charité prennent soin de la souffrance humaine; je voudrais en particulier remercier l’équipe de ce service de pédiatrie et du Centre pour la thérapie des enfants affectés de spina bifida. Je bénis les personnes, l’engagement et les milieux dans lesquels on exerce de manière concrète l’amour envers les plus petits et ceux qui en ont le plus besoin.

Chers enfants et jeunes, j’ai voulu venir vous voir également pour faire un peu comme les Mages, comme vous l’avez fait vous-mêmes: les Mages apportèrent à Jésus des dons — or, encens et myrrhe — pour lui manifester leur adoration et leur affection. Aujourd’hui, je vous ai apporté moi aussi quelques cadeaux, pour que vous sentiez, à travers un petit signe, la sympathie, la proximité, l’affection du Pape. Mais je voudrais que tous, adultes et enfants, en ce temps de Noël, nous nous rappelions que le plus grand cadeau, c’est Dieu qui l’a fait à chacun de nous.

Tournons-nous vers la grotte de Bethléem, vers la crèche, qui voyons-nous? Qui rencontrons-nous? Il y a Marie, il y a Joseph, mais il y a surtout un enfant, petit, qui a besoin d’attention, de soin, d’amour: cet enfant est Jésus, cet enfant est Dieu lui-même qui a voulu venir sur la terre pour nous montrer qu’il nous aime, c’est Dieu qui s’est fait comme vous, un enfant, pour vous dire qu’il est toujours à vos côtés et pour dire à chacun de nous que chaque enfant porte son visage.

A présent, avant de conclure, je ne peux qu’adresser un salut cordial à tout le personnel et à toutes les personnes hospitalisées dans ce grand hôpital. J’encourage les diverses initiatives de bien et de volontariat, ainsi que les institutions qui valorisent l’engagement au service de la vie, je pense en particulier, en cette circonstance, à l’Institut scientifique international «Paul VI», dont le but est de promouvoir la procréation responsable.

1219 Merci encore à tous! Le Pape vous aime!

AUX MEMBRES DU CORPS DIPLOMATIQUE

ACCRÉDITÉ PRÈS LR SAINT-SIÈGE, À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES VOEUX POUR LA NOUVELLE ANNÉE Salle royale Lundi 10 janvier 2011





Excellences,
Mesdames et Messieurs,

Je suis heureux de vous accueillir pour cette rencontre qui, chaque année, vous réunit autour du Successeur de Pierre, illustres Représentants de si nombreux pays. Elle revêt une haute signification, car elle est une image en même temps qu’une illustration du rôle de l’Eglise et du Saint-Siège dans la communauté internationale. J’adresse à chacun de vous des salutations et des voeux cordiaux, en particulier à ceux qui sont ici pour la première fois. Je vous suis reconnaissant pour l’engagement et l’attention avec lesquels, dans l’exercice de vos délicates fonctions, vous suivez mes activités, celles de la Curie romaine et, ainsi, d’une certaine façon, la vie de l’Eglise catholique partout dans le monde. Votre Doyen, l’Ambassadeur Alejandro Valladares Lanza, s’est fait l’interprète de vos sentiments, et je le remercie pour les souhaits qu’il m’a exprimés au nom de tous. Sachant combien votre communauté est unie, je suis sûr qu’est présente aujourd’hui dans votre pensée l’Ambassadrice du Royaume des Pays-Bas, la Baronne van Lynden-Leijten, retournée il y a quelques semaines à la maison du Père. Je m’associe dans la prière à votre émotion.

Alors que commence une année nouvelle, en nos coeurs et dans le monde entier résonne encore l’écho de la joyeuse annonce qui a éclaté voici vingt siècles dans la nuit de Bethléem, nuit qui symbolise la condition de l’humanité, dans son besoin de lumière, d’amour et de paix. Aux hommes d’alors comme à ceux d’aujourd’hui, les armées célestes ont apporté la bonne nouvelle de l’avènement du Sauveur : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre, une lumière a resplendi » (Is 9,1). Le Mystère du Fils de Dieu qui devient fils d’homme dépasse assurément toute attente humaine. Dans sa gratuité absolue, cet événement de salut est la réponse authentique et complète au désir profond du coeur. La vérité, le bien, le bonheur, la vie en plénitude que chaque homme recherche consciemment ou inconsciemment lui sont donnés par Dieu. En aspirant à ces bienfaits, toute personne est à la recherche de son Créateur, parce que « seul Dieu répond à la soif qui est dans le coeur de tout homme » (Exhortation Apostolique post-synodale Verbum Domini, n. 23). L’humanité, dans toute son histoire, à travers ses croyances et ses rites, montre une incessante recherche de Dieu et « ces formes d’expression sont tellement universelles que l’on peut appeler l’homme un être religieux » (Catéchisme de l’Eglise catholique CEC 28). La dimension religieuse est une caractéristique indéniable et incoercible de l’être et de l’agir de l’homme, la mesure de la réalisation de son destin et de la construction de la communauté à laquelle il appartient. Par conséquent, quand l’individu lui-même ou ceux qui l’entourent négligent ou nient cet aspect fondamental, se créent des déséquilibres et des conflits à tous les niveaux, aussi bien au plan personnel qu’au plan interpersonnel.

C’est dans cette vérité première et fondamentale que se trouve la raison pour laquelle j’ai indiqué la liberté religieuse comme la voie fondamentale pour la construction de la paix, dans le Message pour la célébration de la Journée Mondiale de la Paix de cette année. La paix, de fait, se construit et se conserve seulement quand l’homme peut librement chercher et servir Dieu dans son coeur, dans sa vie et dans ses relations avec les autres.

Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, votre présence en cette circonstance solennelle est une invitation à accomplir un tour d’horizon sur tous les pays que vous représentez et sur le monde entier. Dans ce panorama, n’y a-t-il pas de nombreuses situations, dans lesquelles, malheureusement, le droit à la liberté religieuse est lésé ou nié ? Ce droit de l’homme, qui est en réalité le premier des droits, parce que, historiquement, il a été affirmé en premier, et que, d’autre part, il a comme objet la dimension constitutive de l’homme, c’est à dire sa relation avec son Créateur, n’est-il pas trop souvent mis en discussion ou violé ? Il me semble que la société, ses responsables et l’opinion publique se rendent compte aujourd’hui davantage, même si ce n’est pas toujours de façon exacte, de cette grave blessure portée contre la dignité et la liberté de l’homo religiosus, sur laquelle j’ai tenu, à de nombreuses reprises, à attirer l’attention de tous.

Je l’ai fait durant mes voyages apostoliques de l’année dernière, à Malte et au Portugal, à Chypre, au Royaume Uni et en Espagne. Au-delà des caractéristiques diverses de ces pays, je conserve de tous un souvenir plein de gratitude pour l’accueil qu’ils m’ont réservé. L’Assemblée spéciale du Synode des Evêques pour le Moyen-Orient, qui s’est déroulée au Vatican au cours du mois d’octobre, a été un moment de prière et de réflexion, durant lequel la pensée s’est dirigée avec insistance vers les communautés chrétiennes de cette région du monde, si éprouvées à cause de leur adhésion au Christ et à l’Eglise.

1220 Oui, regardant vers l’Orient, les attentats qui ont semé mort, douleur et désarroi parmi les chrétiens d’Iraq, au point de les inciter à quitter la terre où leurs pères ont vécu pendant des siècles, nous ont profondément accablés. Je renouvelle aux Autorités de ce pays et aux chefs religieux musulmans mon appel anxieux à oeuvrer afin que leurs concitoyens chrétiens puissent vivre en sécurité et continuer à apporter leur contribution à la société dont ils sont membres à plein titre. En Egypte aussi, à Alexandrie, le terrorisme a frappé brutalement des fidèles en prière dans une église. Cette succession d’attaques est un signe de plus de l’urgente nécessité pour les Gouvernements de la Région d’adopter, malgré les difficultés et les menaces, des mesures efficaces pour la protection des minorités religieuses. Faut-il encore une fois le dire ? Au Moyen-Orient, « les chrétiens sont des citoyens originels et authentiques, loyaux à leurs patries et s’acquittant de tous leurs devoirs nationaux. Il est naturel qu’ils puissent jouir de tous les droits de la citoyenneté, de la liberté de conscience et de culte, de la liberté dans le domaine de l’éducation et de l’enseignement et dans l’usage des moyens de communication. » (Message au Peuple de Dieu de l’Assemblée Spéciale pour le Moyen-Orient du Synode des Evêques, n. 10). A cet égard, j’apprécie l’attention pour les droits des plus faibles et la clairvoyance politique dont certains pays d’Europe ont fait preuve ces derniers jours, en demandant une réponse concertée de l’Union Européenne afin que les chrétiens soient défendus au Moyen-Orient. Je voudrais rappeler enfin que le droit à la liberté religieuse n’est pas pleinement appliqué là où est garantie seulement la liberté de culte, qui plus est, avec des limitations. En outre, j’encourage à accompagner la pleine sauvegarde de la liberté religieuse et des autres droits humains par des programmes qui, depuis l’école primaire et dans le cadre de l’enseignement religieux, éduquent au respect de tous les frères en humanité. Pour ce qui concerne les Etats de la Péninsule Arabique, où vivent de nombreux travailleurs immigrés chrétiens, je souhaite que l’Eglise catholique puisse disposer des structures pastorales appropriées.

Parmi les normes qui lèsent le droit des personnes à la liberté religieuse, une mention particulière doit être faite de la loi contre le blasphème au Pakistan: j’encourage à nouveau les Autorités de ce pays à faire les efforts nécessaires pour l’abroger, d’autant plus qu’il est évident qu’elle sert de prétexte pour provoquer injustices et violences contre les minorités religieuses. Le tragique assassinat du Gouverneur du Pendjab montre combien il est urgent de procéder dans ce sens : la vénération à l’égard de Dieu promeut la fraternité et l’amour, et non pas la haine et la division. D’autres situations préoccupantes, avec parfois des actes de violence, peuvent être mentionnées dans le Sud et Sud-est du continent asiatique, dans des pays qui ont pourtant une tradition de rapports sociaux pacifiques. Le poids particulier d’une religion déterminée dans une nation ne devrait jamais impliquer que les citoyens appartenant à une autre confession soient discriminés dans la vie sociale ou, pire encore, que soit tolérée la violence à leur encontre. A cet égard, il est important que le dialogue interreligieux favorise un engagement commun à reconnaître et promouvoir la liberté religieuse de toute personne et de toute communauté. Enfin, comme je l’ai déjà rappelé, la violence contre les chrétiens n’épargne pas l’Afrique. Les attaques contre des lieux de culte au Nigeria, alors même que l’on célébrait la Nativité du Christ, en sont un autre triste témoignage.

Dans divers pays, d’autre part, la Constitution reconnaît une certaine liberté religieuse, mais, de fait, la vie des communautés religieuses est rendue difficile et parfois même précaire (cf. Concile Vatican II, Déclaration Dignitatis Humanae
DH 15) parce que l’ordonnancement juridique ou social s’inspire de systèmes philosophiques et politiques qui postulent un strict contrôle, pour ne pas dire un monopole, de l’Etat sur la société. Il faut que cessent de telles ambiguïtés, de manière à ce que les croyants ne se trouvent pas tiraillés entre la fidélité à Dieu et la loyauté à leur patrie. Je demande en particulier que soit garantie partout aux communautés catholiques la pleine autonomie d’organisation et la liberté d’accomplir leur mission, conformément aux normes et standards internationaux en ce domaine.

En ce moment, ma pensée se tourne à nouveau vers la communauté catholique de la Chine continentale et ses Pasteurs, qui vivent un moment de difficulté et d’épreuve. Par ailleurs, je voudrais adresser une parole d’encouragement aux Autorités de Cuba, pays qui a célébré en 2010 soixante-quinze ans de relations diplomatiques ininterrompues avec le Saint-Siège, afin que le dialogue qui s’est heureusement instauré avec l’Eglise se renforce encore et s’élargisse.

Déplaçant notre regard de l’Orient à l’Occident, nous nous trouvons face à d’autres types de menaces contre le plein exercice de la liberté religieuse. Je pense, en premier lieu, à des pays dans lesquels on accorde une grande importance au pluralisme et à la tolérance, mais où la religion subit une croissante marginalisation. On tend à considérer la religion, toute religion, comme un facteur sans importance, étranger à la société moderne ou même déstabilisant et l’on cherche par divers moyens à en empêcher toute influence dans la vie sociale. On en arrive ainsi à exiger que les chrétiens agissent dans l’exercice de leur profession sans référence à leurs convictions religieuses et morales, et même en contradiction avec celles-ci, comme, par exemple, là où sont en vigueur des lois qui limitent le droit à l’objection de conscience des professionnels de la santé ou de certains praticiens du droit.

Dans ce contexte, on ne peut que se réjouir de l’adoption par le Conseil de l’Europe, au mois d’octobre dernier, d’une Résolution qui protège le droit du personnel médical à l’objection de conscience face à certains actes qui lèsent gravement le droit à la vie, comme l’avortement. Une autre manifestation de la marginalisation de la religion, et, en particulier, du christianisme, consiste dans le bannissement de la vie publique des fêtes et des symboles religieux, au nom du respect à l’égard de ceux qui appartiennent à d’autres religions ou de ceux qui ne croient pas. En agissant ainsi, non seulement on limite le droit des croyants à l’expression publique de leur foi, mais on se coupe aussi des racines culturelles qui alimentent l’identité profonde et la cohésion sociale de nombreuses nations. L’année dernière, certains pays européens se sont associés au recours du Gouvernement italien dans la cause bien connue concernant l’exposition du crucifix dans les lieux publics. Je désire exprimer ma gratitude aux Autorités de ces nations, ainsi qu’à tous ceux qui se sont engagés dans ce sens, Episcopats, Organisations et associations civiles ou religieuses, en particulier le Patriarcat de Moscou et les autres représentants de la hiérarchie orthodoxe, ainsi qu’à toutes les personnes - croyants mais aussi non-croyants - qui ont tenu à manifester leur attachement à ce symbole porteur de valeurs universelles.

Reconnaître la liberté religieuse signifie, en outre, garantir que les communautés religieuses puissent opérer librement dans la société, par des initiatives dans les secteurs social, caritatif ou éducatif. Partout dans le monde, d’ailleurs, on peut constater la fécondité des oeuvres de l’Eglise catholique en ces domaines. Il est préoccupant que ce service que les communautés religieuses rendent à toute la société, en particulier pour l’éducation des jeunes générations, soit compromis ou entravé par des projets de loi qui risquent de créer une sorte de monopole étatique en matière scolaire, comme on le constate par exemple dans certains pays d’Amérique Latine. Alors que plusieurs d’entre eux célèbrent le deuxième centenaire de leur indépendance, occasion propice pour se souvenir de la contribution de l’Eglise catholique à la formation de l’identité nationale, j’exhorte tous les Gouvernements à promouvoir des systèmes éducatifs qui respectent le droit primordial des familles à décider de l’éducation des enfants et qui s’inspirent du principe de subsidiarité, fondamental pour organiser une société juste.

Poursuivant ma réflexion, je ne puis passer sous silence une autre atteinte à la liberté religieuse des familles dans certains pays européens, là où est imposée la participation à des cours d’éducation sexuelle ou civique véhiculant des conceptions de la personne et de la vie prétendument neutres, mais qui en réalité reflètent une anthropologie contraire à la foi et à la juste raison.

Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,

En cette circonstance solennelle, permettez-moi d’expliciter quelques principes dont le Saint-Siège, avec toute l’Eglise catholique, s’inspire dans son activité auprès des Organisations Internationales intergouvernementales, afin de promouvoir le plein respect de la liberté religieuse pour tous. En premier lieu, c’est la conviction que l’on ne peut créer une sorte d’échelle dans la gravité de l’intolérance envers les religions. Malheureusement, une telle attitude est fréquente, et ce sont précisément les actes discriminatoires contre les chrétiens qui sont considérés comme moins graves, moins dignes d’attention de la part des gouvernements et de l’opinion publique. En même temps, on doit aussi refuser le contraste périlleux que certains veulent instaurer entre le droit à la liberté religieuse et les autres droits de l’homme, oubliant ou niant ainsi le rôle central du respect de la liberté religieuse dans la défense et la protection de la haute dignité de l’homme. Moins justifiables encore sont les tentatives d’opposer au droit à la liberté religieuse de prétendus nouveaux droits, activement promus par certains secteurs de la société et insérés dans des législations nationales ou dans des directives internationales, mais qui ne sont, en réalité, que l’expression de désirs égoïstes et ne trouvent pas leur fondement dans l’authentique nature humaine. Enfin, il faut affirmer qu’une proclamation abstraite de la liberté religieuse n’est pas suffisante : cette norme fondamentale de la vie sociale doit trouver application et respect à tous les niveaux et dans tous les domaines; autrement, malgré de justes affirmations de principe, on risque de commettre de profondes injustices à l’égard des citoyens qui souhaitent professer et pratiquer librement leur foi.

La promotion d’une pleine liberté religieuse des communautés catholiques est aussi le but que recherche le Saint-Siège quand il conclut des Concordats ou autres Accords. Je me réjouis que des Etats de diverses régions du monde et de diverses traditions religieuses, culturelles et juridiques choisissent le moyen de Conventions internationales pour organiser les rapports entre la communauté politique et l’Eglise catholique, établissant par le dialogue le cadre d’une collaboration dans le respect des compétences réciproques. L’année dernière, a été conclu et est entré en vigueur un Accord pour l’assistance religieuse des fidèles catholiques des forces armées en Bosnie-Herzégovine, et des négociations sont actuellement en cours dans divers pays. Nous en espérons une issue positive, assurant des solutions respectueuses de la nature et de la liberté de l’Eglise pour le bien de toute la société.

1221 L’activité des Représentants Pontificaux auprès des Etats et des Organisations internationales est également au service de la liberté religieuse. Je voudrais relever avec satisfaction que les Autorités vietnamiennes ont accepté que je désigne un Représentant, qui exprimera par ses visites à la chère communauté catholique de ce pays la sollicitude du Successeur de Pierre. Je voudrais également rappeler que, durant l’année dernière, le réseau diplomatique du Saint-Siège s’est encore renforcé en Afrique, une présence stable étant désormais assurée dans trois pays où le Nonce n’est pas résident. S’il plaît à Dieu, je me rendrai encore dans ce continent, au Bénin, en novembre prochain, pour remettre l’Exhortation Apostolique qui recueillera les fruits des travaux de la deuxième Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Evêques.

Devant cet illustre auditoire, je voudrais enfin redire avec force que la religion ne constitue pas pour la société un problème, qu’elle n’est pas un facteur de trouble ou de conflit. Je voudrais répéter que l’Eglise ne recherche pas de privilèges, ni ne veut intervenir dans des domaines étrangers à sa mission, mais simplement exercer celle-ci avec liberté. J’invite chacun à reconnaître la grande leçon de l’histoire : « Comment nier la contribution des grandes religions du monde au développement de la civilisation ? La recherche sincère de Dieu a conduit à un plus grand respect de la dignité de l’homme. Les communautés chrétiennes, avec leur patrimoine de valeurs et de principes, ont fortement contribué à la prise de conscience de la part des personnes et des peuples, de leur identité et de leur dignité, de même qu’à la conquête d’institutions démocratiques et à l’affirmation des droits de l’homme ainsi que des devoirs correspondants. Aujourd’hui encore, dans une société toujours plus mondialisée, les chrétiens sont appelés, non seulement à un engagement civil, économique et politique responsable, mais aussi au témoignage de leur charité et de leur foi, à offrir une contribution précieuse à l’engagement rude et exaltant pour la justice, le développement humain intégral et le juste ordonnancement des réalités humaines » (Message pour la célébration de la Journée Mondiale de la Paix, 1er janvier 2011, n. 7).

Emblématique, à cet égard, est la figure de la Bienheureuse Mère Teresa de Calcutta : le centenaire de sa naissance a été célébré à Tirana, à Skopje et à Pristina comme en Inde ; un vibrant hommage lui a été rendu non seulement par l’Eglise, mais aussi par des Autorités civiles et des chefs religieux, sans compter les personnes de toutes confessions. Des exemples comme le sien montrent au monde combien l’engagement qui naît de la foi est bénéfique à toute la société.

Qu’aucune société humaine ne se prive volontairement de l’apport fondamental que constituent les personnes et les communautés religieuses ! Comme le rappelait le Concile Vatican II, en assurant pleinement et à tous la juste liberté religieuse, la société pourra ainsi « jouir des biens de la justice et de la paix découlant de la fidélité des hommes envers Dieu et sa sainte volonté » (Déclaration Dignitatis Humanae
DH 6).

Voici pourquoi, alors que nous formons des voeux afin que cette nouvelle année soit riche de concorde et de réel progrès, j’exhorte tous, responsables politiques, chefs religieux et personnes de toutes catégories, à entreprendre avec détermination la voie vers une paix authentique et durable, qui passe par le respect du droit à la liberté religieuse dans toute son étendue.

Sur cet engagement qui nécessite, pour sa mise en oeuvre, que toute la famille humaine s’y investisse, j’invoque la Bénédiction de Dieu Tout-Puissant, qui a opéré notre réconciliation avec lui et entre nous, par son Fils Jésus-Christ, notre paix (Ep 2,14).

Bonne année à tous!




AUX ADMINISTRATEURS DE LA RÉGION DU LATIUM, DE LA VILLE ET DE LA PROVINCE DE ROME Salle Clémentine Vendredi 14 janvier 2011

Mesdames et Messieurs!

Conformément à une heureuse tradition, cette année encore, j'ai l'agréable occasion de rencontrer les représentants des institutions de la région du Latium, de la Ville et de la province de Rome. Je remercie Mme Renata Polverini, présidente du Conseil régional du Latium, M. Giovanni Alemanno, maire de Rome, et M. Nicola Zingaretti, président de la province de Rome, des paroles courtoises qu'ils m'ont adressées au nom de tous. En réponse aux vôtres, j'adresse mes meilleurs voeux pour la nouvelle année aux habitants de Rome et de la province et à ceux du Latium, auxquels je me sens particulièrement lié comme évêque de cette Ville, Successeur de Pierre.

1222 La vocation singulière de Rome, centre du catholicisme et capitale de l'Etat italien, requiert de notre ville d'être un exemple de collaboration féconde et profitable entre les institutions publiques et la communauté ecclésiale. Cette collaboration, dans le respect des compétences réciproques, est aujourd'hui particulièrement urgente pour les nouveaux défis qui se dessinent à l'horizon. L'Eglise, en particulier à travers l’oeuvre des fidèles laïcs et des associations d'inspiration catholique, souhaite continuer à offrir sa contribution pour la promotion du bien commun et d'un progrès authentiquement humain.

La cellule originelle de la société est la famille, fondée sur le mariage entre un homme et une femme. C'est dans la famille que les enfants apprennent les valeurs humaines et chrétiennes qui permettent une coexistence constructive et pacifique. C'est dans la famille qu'on apprend la solidarité entre les générations, le respect des règles, le pardon et l'accueil de l'autre. C'est dans le foyer domestique que les jeunes, en faisant l'expérience de l'affection de leurs parents, découvrent ce qu'est l'amour et apprennent à aimer. La famille, par conséquent, doit être soutenue par des politiques articulées qui ne se limitent pas à proposer des solutions à des problèmes contingents, mais qui aient comme but sa consolidation et son développement et qui soient accompagnées par une action éducative adaptée. Parfois, malheureusement, des actes graves de violence sont commis, et certains aspects de crise de la famille sont amplifiés, causés par de rapides mutations sociales et culturelles. Approuver des formes d'union qui dénaturent l'essence et le but de la famille finit également par pénaliser ceux qui, non sans difficultés, s'engagent à vivre des liens d'affection stables, juridiquement garantis et publiquement reconnus. Dans cette perspective, l'Eglise considère favorablement toutes les initiatives qui visent à éduquer les jeunes à vivre l'amour dans la logique du don de soi, à travers une vision élevée et oblative de la sexualité. Dans ce but, une convergence éducative est nécessaire entre les différents acteurs de la société, pour que l'amour humain ne soit pas réduit à un objet de consommation, mais puisse être perçu et vécu comme une expérience fondamentale qui donne un sens et une finalité à l'existence.

Le don réciproque des conjoints porte en lui une ouverture à la procréation: le désir de paternité et de maternité est en effet inscrit dans le coeur de l'homme. Beaucoup de couples souhaiteraient accueillir le don de nouveaux enfants, mais sont contraints d’attendre. C'est pourquoi il est nécessaire de soutenir concrètement la maternité, et de garantir également, aux femmes qui ont une profession, la possibilité de concilier la famille et le travail. Trop souvent, en effet, elles sont placées dans l’obligation de choisir entre les deux. Le développement de politiques d'aides adaptées, ainsi que de structures destinées à l'enfance, comme les crèches, y compris celles gérées par des familles, peut aider à faire en sorte que l'enfant ne soit pas vu comme un problème, mais comme un don et une grande joie. En outre, puisque «l’ouverture à la vie est au centre du vrai développement » (Enc. Caritas in veritate ), le grand nombre d'avortements qui sont pratiqués dans notre Région ne peut laisser indifférents. La communauté chrétienne, à travers de nombreuses «Maisons-famille», les «Centres d'Aide à la Vie» et d'autres initiatives analogues, est engagée dans l'accompagnement et le soutien aux femmes qui se trouvent en difficulté pour accueillir une nouvelle vie. Les institutions publiques doivent offrir leur soutien afin que les plannings familiaux soient en mesure d'aider les femmes à surmonter les causes qui peuvent conduire à interrompre leur grossesse. A ce propos, je tiens à saluer la loi actuellement en vigueur dans la Région du Latium qui prévoit ce que l’on appelle le «quotient familial» et considère un fils conçu comme membre de la famille, et je souhaite que cette réglementation soit pleinement appliquée. Je suis heureux que la Ville de Rome se soit déjà engagée dans une telle direction.

Sur l'autre versant de la vie, le vieillissement de la population pose de nouveaux problèmes. Les personnes âgées sont une grande richesse pour la société. Leurs connaissances, leur expérience et leur sagesse sont un patrimoine pour les jeunes qui ont besoin de maîtres de vie. Si beaucoup de personnes âgées peuvent compter sur le soutien et la proximité de leur famille, le nombre de ceux qui sont seuls et qui ont besoin d'une assistance médico-sanitaire est en augmentation. L'Eglise, dans notre région également, a toujours été proche de ceux qui se trouvent dans des conditions de fragilité en raison de leur âge ou de leur santé précaire. Tout en me réjouissant de la synergie existant avec les grandes institutions médicales catholiques — comme par exemple dans le domaine de l'enfance, entre l'hôpital «Bambin Gesù» et les institutions publiques — je souhaite que ces structures puissent continuer à collaborer avec les institutions locales pour assurer leur service à ceux qui s'adressent à elles, et je renouvelle mon invitation à promouvoir une culture qui respecte la vie jusqu'à son terme naturel, dans la conscience que «la mesure de l'humanité se détermine essentiellement dans son rapport à la souffrance et à celui qui souffre» (Enc. Spe salvi ).

Ces derniers temps, la sérénité de nos familles est menacée par la crise économique grave et persistante, et de nombreuses familles ne parviennent plus à garantir un niveau de vie suffisant pour leurs enfants. Nos paroisses, à travers la Caritas, se prodiguent pour venir en aide à ces noyaux familiaux en soulageant, autant que possible, les difficultés et en faisant face aux exigences primaires. Je suis certain que des mesures adéquates pourraient être adoptées, visant à soutenir les familles à faibles revenus, en particulier les familles nombreuses, trop souvent pénalisées. A cela s'ajoute un problème chaque jour plus dramatique; je veux parler de la grave question du travail. Les jeunes, en particulier, qui après plusieurs années de formation, ne voient pas de débouchés professionnels et de possibilités d'insertion sociale et de projet pour l'avenir, se sentent souvent déçus et sont tentés de refuser la société elle-même. La prolongation de telles situations provoque des tensions sociales, qui sont exploitées par les organisations criminelles pour proposer des activités illicites. Il est donc urgent, malgré le moment difficile, de faire tous les efforts pour promouvoir des politiques d'emploi, qui puissent garantir un travail et un revenu digne, condition indispensable pour donner vie à de nouvelles familles.

Mesdames et messieurs représentant les autorités, nombreux sont les problèmes qui requièrent une solution. Puisse votre engagement d'administrateurs, qui s'efforcent de collaborer ensemble pour le bien de la communauté, savoir toujours considérer l'homme comme une fin, pour qu'il puisse vivre de manière authentiquement humaine. Comme Evêque de cette ville, je voudrais, par conséquent, vous inviter à trouver dans la Parole de Dieu la source d'inspiration pour votre action politique et sociale, dans «la recherche du véritable bien de tous, dans le respect et dans la promotion de la dignité de toutes les personnes» (Exhort. apost. post-synodale Verbum Domini, n. 100). Je vous assure de mon souvenir dans la prière, en particulier pour ceux qui commencent aujourd'hui leur service au bien commun et, tout en invoquant sur votre engagement la protection maternelle de la Vierge Marie, Salus Populi Romani, je vous donne de tout coeur ma Bénédiction, que j'étends volontiers aux habitants de Rome, de sa province et de tout le Latium.


Discours 2005-2013 1218