Discours 2005-2013 1413

1413 Vendredi 23 mars 2012

Très Saint-Père, le Mexique et Cuba ont été des terres dans lesquelles les voyages de votre prédécesseur ont marqué l’histoire. Dans quel esprit et avec quelles espérances vous mettez-vous à présent sur ses traces ?

Chers amis, avant tout, je voudrais vous souhaiter la bienvenue et vous remercier de m’accompagner dans ce voyage qui, nous l’espérons, sera béni par le Seigneur. Au cours de celui-ci, je me sens en parfaite continuité avec le Pape Jean-Paul II. Je me souviens très bien de son premier voyage au Mexique, qui a été réellement historique. Dans une situation juridique encore très confuse, il a ouvert les portes, il a commencé une nouvelle phase de collaboration entre l’Église, la société et l’État. Et je me souviens bien également de son voyage historique à Cuba. Je m’efforce donc d’aller sur ses traces et de continuer ce qu’il a commencé. Pour moi, il y avait, dès le début, un désir de visiter le Mexique. En tant que cardinal, je me suis rendu au Mexique, où j’ai de très bons souvenirs, et chaque mercredi, j’entends les applaudissements, la joie des Mexicains. Être à présent ici, en tant que Pape, est pour moi une grande joie et répond à un désir que j’avais depuis très longtemps. Pour exprimer quels sentiments m’animent, me viennent à l’esprit les paroles de Vatican ii «gaudium et spes, luctus et angor», joie et espérance, mais également deuil et angoisse. Je partage les joies et les espérances, mais je partage également le deuil et les difficultés de ce grand pays. Je m’y rends pour encourager et pour apprendre, pour réconforter dans la foi, dans l’espérance, et dans la charité, et pour réconforter dans l’engagement pour le bien et dans l’engagement pour la lutte contre le mal. Espérons que le Seigneur nous aide !

Le Mexique est un pays ayant des ressources et des possibilités merveilleuses, mais ces dernières années, nous avons vu qu’il s’agit également d’une terre de violence à cause du problème du trafic de drogue. On parle de 50.000 morts au cours des cinq dernières années. De quelle façon l’Église catholique affronte-t-elle cette situation ? Qu’avez-vous à dire aux responsables, aux trafiquants qui se professent parfois catholiques et même bienfaiteurs de l’Eglise ?

Nous connaissons bien toutes les beautés du Mexique, mais également ce grand problème du trafic de drogues et de la violence. Il s’agit certainement d’une grande responsabilité pour l’Eglise catholique dans un pays qui abrite 80% de catholiques. Nous devons faire tout notre possible contre ce mal qui détruit l’humanité et notre jeunesse. Je dirais que le premier geste est d’annoncer Dieu : Dieu est le juge, Dieu qui nous aime, mais qui nous aime pour nous attirer vers le bien, vers la vérité contre le mal. L’Église a donc la grande responsabilité d’éduquer les consciences, d’éduquer à la responsabilité morale et de démasquer le mal, démasquer l’idolâtrie de l’argent, qui rend les hommes esclaves de cette chose uniquement ; démasquer également les fausses promesses, les mensonges, les tromperies qui se cachent derrière la drogue. Nous devons voir que l’homme a besoin de l’infini. Si Dieu est absent, l’infini crée ses propres paradis, une apparence d’«infinitudes» qui ne peut être qu’un mensonge. C’est pourquoi il est réellement important que Dieu soit présent, accessible; c’est une grande responsabilité face au Dieu juge qui nous guide, qui nous attire vers la vérité et vers le bien, et dans ce sens, l’Église doit démasquer le mal, rendre présente la bonté de Dieu, rendre présente sa vérité, le vrai infini dont nous avons soif. Tel est le grand devoir de l’Eglise. Tous ensemble, faisons le possible, toujours plus.

Nous vous souhaitons très sincèrement la bienvenue au Mexique : nous sommes tous heureux que vous veniez au Mexique. Ma question est la suivante : Très Saint-Père, du Mexique, vous avez déclaré vouloir vous adresser à l’Amérique latine tout entière à l’occasion du bicentenaire de l’indépendance. L’Amérique latine, malgré le développement, continue à être une région de contrastes sociaux, où les plus riches côtoient les plus pauvres. Il semble parfois que l’Eglise catholique ne soit pas suffisamment encouragée à s’engager dans ce domaine. Peut-on continuer à parler de « théologie de la libération » de manière positive, après que certains excès — sur le marxisme ou la violence — ont été corrigés ?

Naturellement l’Église doit toujours se demander si l’on fait assez au service de la justice sociale sur ce grand continent. C’est une question de conscience que nous devons toujours nous poser. Se demander : que peut et que doit faire l’Église, que ne peut-elle pas et que ne doit-elle pas faire. L’Église n’est pas un pouvoir politique, elle n’est pas un parti, mais une institution morale, un pouvoir moral. Dans la mesure où la politique doit fondamentalement être une réalité morale, l’Église, sur cette voie, a fondamentalement à voir avec la politique. Je répète ce que j’avais déjà dit: la première pensée de l’Église est d’éduquer les consciences et créer ainsi la responsabilité nécessaire; éduquer les consciences tant dans le domaine de l’éthique individuelle, que dans celui de l’éthique publique. Et peut-être y a-t-il ici une lacune. On voit, en Amérique latine mais ailleurs aussi, une certaine schizophrénie chez certains catholiques entre morale individuelle et publique: personnellement, dans la sphère privée, ils sont catholiques, croyants, mais dans la vie publique, ils suivent d’autres chemins qui ne correspondent pas aux grandes valeurs de l’Évangile, qui sont nécessaires pour la fondation d’une société juste. Par conséquent, il faut éduquer à surmonter cette schizophrénie, éduquer non seulement à une morale individuelle, mais à une morale publique, et c’est ce que nous essayons de faire avec la doctrine sociale de l’Église, parce que, naturellement, cette morale publique doit être une morale raisonnable, partagée et partageable même par des non-croyants, une morale de la raison. Bien sûr, quant à nous, à la lumière de la foi, nous pouvons mieux voir tant de choses que la raison elle aussi peut voir, mais c’est précisément la foi qui sert aussi pour libérer la raison des faux intérêts et des intérêts obscurcis, et créer ainsi dans la doctrine sociale les modèles substantiels pour une collaboration politique, surtout pour le dépassement de cette division sociale, antisociale, qui malheureusement existe. Nous voulons travailler dans ce sens. Je ne sais pas si le terme « théologie de la libération », que l’on peut interpréter dans un sens très positif, nous aiderait beaucoup. L’important c’est la rationalité commune à laquelle l’Eglise offre une contribution fondamentale et elle doit toujours aider dans l’éducation des consciences, tant pour la vie publique que pour la vie privée.

Votre Sainteté, tournons-nous vers Cuba. Tous se souviennent des célèbres paroles de Jean-Paul II : « Que Cuba s’ouvre au monde et que le monde s’ouvre à Cuba ». Quatorze années sont passées, mais il semble que ces mots soient encore actuels. Comme vous le savez, au cours de l’attente précédant votre voyage, les voix de beaucoup d’opposants et de défenseurs des droits de l’homme se sont fait entendre. Sainteté, pensez-vous reprendre le message de Jean-Paul II, en pensant tant à la situation intérieure de Cuba qu’à la situation internationale ?

Comme je l’ai dit, je me sens dans une absolue continuité avec les paroles du Saint-Père Jean-Paul II, qui sont encore tout à fait actuelles. Cette visite du Pape a inauguré un chemin de collaboration et de dialogue constructif ; un chemin qui est long et exige de la patience, mais qui se poursuit. Aujourd’hui, il est évident que l’idéologie marxiste telle qu’elle était conçue ne répond plus à la réalité : on ne peut plus répondre ainsi et construire une société ; il faut trouver de nouveaux modèles, avec patience et de manière constructive. Dans ce processus, qui exige de la patience mais aussi de la fermeté, nous voulons aider dans un esprit de dialogue, pour éviter des traumatismes et pour aider le cheminement vers une société fraternelle et juste comme nous le désirons pour le monde entier et nous voulons collaborer dans ce sens. Il est évident que l’Église est toujours du côté de la liberté ; liberté de conscience, liberté de religion. Nous apportons notre contribution dans ce sens, comme l’apportent également sur ce chemin vers l’avant les simples fidèles.

Après la Conférence d’Aparecida, on parle de « mission continentale » de l’Église en Amérique latine; dans quelques mois se déroulera le synode sur la nouvelle évangélisation et débutera l’Année de la foi. En Amérique latine aussi on doit affronter les défis de la sécularisation, des sectes. À Cuba, on constate les conséquences d’une longue propagande de l’athéisme et la religiosité afro-cubaine est très présente. Pensez-vous que ce voyage soit un encouragement pour la « nouvelle évangélisation » et quels sont les points qui vous tiennent le plus à coeur dans cette perspective ?

La période de la nouvelle évangélisation a commencé avec le Concile; il s’agissait fondamentalement de l’intention du Pape Jean XXIII ; elle a été profondément soulignée par le Pape Jean-Paul II et sa nécessité, dans un monde qui est en grande transformation, devient toujours plus évidente. Une nécessité dans le sens où l’Evangile doit s’exprimer de manières nouvelles ; une nécessité également dans l’autre sens, c’est-à-dire que le monde a besoin d’une parole dans la confusion, dans la difficulté à s’orienter aujourd’hui. Il existe une situation commune dans le monde, on y voit la sécularisation, l’absence de Dieu, la difficulté d’y accéder, de le voir comme une réalité qui concerne ma vie. Et, d’autre part, il existe les contextes spécifiques ; vous avez mentionné ceux de Cuba avec le syncrétisme afro-cubain, avec tant d’autres difficultés, mais chaque pays a sa situation culturelle spécifique. Et d’une part, nous devons partir du problème commun : comment aujourd’hui, dans ce contexte de notre rationalité moderne, nous pouvons de nouveau redécouvrir Dieu comme l’orientation fondamentale de notre vie, l’espérance fondamentale de notre vie, le fondement des valeurs qui construisent réellement une société, et comment nous pouvons tenir compte de la spécificité des différentes situations. Le premier point me semble très important: annoncer un Dieu qui répond à notre raison, parce que nous voyons la rationalité de l’univers, nous voyons qu’il y a quelque chose derrière, mais nous ne voyons pas comment ce Dieu est proche de nous, la manière dont il m’interpelle et cette synthèse du Dieu grand et majestueux et du Dieu petit qui est proche de moi, qui m’oriente, qui me montre les valeurs de ma vie, est le noyau de l’évangélisation. Un christianisme qui est donc ramené à l’essentiel, où se trouve réellement le noyau fondamental pour vivre aujourd’hui avec tous les problèmes de notre temps. Et d’autre part, tenir compte de la réalité concrète. En Amérique latine, en général, il est très important de constater que le christianisme n’est jamais vraiment quelque chose de la raison, mais du coeur. La Vierge de Guadalupe est reconnue et aimée de tous, car ils comprennent qu’elle est une Mère pour tous et elle est présente depuis le début de cette nouvelle Amérique latine, après l’arrivée des Européens. Et à Cuba aussi, nous avons la Vierge del Cobre, qui touche les coeurs et tous savent de façon intuitive que cela est vrai, que cette Vierge nous aide, qu’elle existe, qu’elle nous aime et qu’elle nous aide. Mais cette intuition du coeur doit être liée à la rationalité de la foi et à la profondeur de la foi qui va au-delà de la raison. Nous devons chercher à ne pas perdre le coeur, mais à relier coeur et raison, de manière à ce qu’ils coopèrent, car ce n’est qu’ainsi que l’homme est complet et peut réellement aider et oeuvrer pour un avenir meilleur.

VOYAGE APOSTOLIQUE AU MEXIQUE ET À CUBA

(23-29 MARS 2012)

CÉRÉMONIE DE BIENVENUE Aéroport international de Guanajuato Vendredi 23 mars 2012

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Monsieur le Président de la République,

Messieurs les Cardinaux,

Chers frères dans l’Épiscopat et le Sacerdoce,

Autorités présentes,

Cher peuple de Guanajuato et du Mexique tout entier,

Je suis très heureux d’être ici et je rends grâce à Dieu pour m’avoir permis de réaliser le désir, présent dans mon coeur depuis longtemps, de pouvoir confirmer dans la foi le peuple de Dieu de cette grande nation sur sa propre terre. La ferveur du peuple mexicain pour le Successeur de Pierre, qui le tient toujours présent dans sa prière, est proverbiale. Je le dis dans ce lieu considéré comme le centre géographique de votre territoire, lieu où depuis son premier voyage, mon vénéré prédécesseur, le bienheureux Jean-Paul II, désirait déjà venir. Ne pouvant le faire, il a laissé à cette occasion un message d’encouragement et de bénédiction lorsqu’il survola son espace aérien. Je suis heureux de me faire l’écho de ses paroles sur la terre ferme et en étant parmi vous : Je rends grâce – a-t-il écrit dans son message – pour l’affection envers le Pape et pour la fidélité au Seigneur des fidèles de Bajió et de Guanajuato. Que Dieu les accompagne toujours (cf. Télégramme, 30 janvier 1979).

Avec ce souvenir émouvant, je vous remercie, Monsieur le Président, pour votre accueil chaleureux, et je salue avec déférence votre épouse distinguée et les Autorités qui ont désiré m’honorer de leur présence. Un salut spécial va à Mgr José Guadalupe Martín Rábago, Archevêque de León, tout comme à Mgr Carlos Aguiar Retes, Archevêque de Tlalnepantla, Président de la Conférence épiscopale mexicaine et du Conseil épiscopal latino-américain. Par cette brève visite, je désire serrer les mains de tous les Mexicains et embrasser les nations et les peuples latino-américains, bien représentés ici par de nombreux évêques, précisément en ce lieu où le majestueux monument au Christ Roi, sur le mont du Cubilete, manifeste l’enracinement de la foi catholique parmi les Mexicains qui recourent à sa constante bénédiction dans tous les événements de leur vie.

Le Mexique et la majorité des peuples latino-américains ont commémoré le bicentenaire de leur indépendance ou le font en ces années. Nombreuses ont été les célébrations religieuses afin de rendre grâce à Dieu pour ce moment si important et significatif. En ces occasions, comme cela se fit durant la Sainte Messe dans la Basilique Saint-Pierre à Rome, en la solennité de Notre Dame de Guadalupe, on a invoqué avec ferveur Marie, la très Sainte, qui fit voir avec douceur comment le Seigneur nous aime tous et se donne pour chacun sans distinction. Notre Mère du ciel a continué de veiller sur la foi de ses fils, également lors de la formation de ces nations et continue à le faire aujourd’hui, alors que de nouveaux défis se présentent à eux.

1415 Je viens comme pèlerin de la foi, de l’espérance et de la charité. Je désire confirmer dans la foi les croyants dans le Christ, les fortifier en elle en les invitant à la revitaliser par l’écoute de la Parole de Dieu, par les sacrements et par la cohérence de vie. Ainsi, pourront-ils la partager avec les autres, étant missionnaires parmi leurs frères, et être un levain dans la société en contribuant à une cohabitation respectueuse et pacifique basée sur l’inégalable dignité de toute personne humaine, créée par Dieu, et qu’aucun pouvoir n’a le droit d’oublier ni de déprécier. Cette dignité s’exprime de manière éminente dans le droit fondamental à la liberté religieuse, pris dans son sens authentique et dans sa pleine intégrité.

Comme pèlerin de l’espérance, je vous dis avec saint Paul : « Il ne faut pas que vous vous désoliez comme les autres qui n’ont pas d’espérance » (
1Th 4,13). La confiance en Dieu offre la certitude de le rencontrer, de recevoir sa grâce, et sur cela se fonde l’espérance de celui qui croit. Et, le sachant, il s’efforce de transformer aussi les structures et les évènements présents désagréables, qui paraissent immuables et insurmontables, en aidant celui qui dans la vie ne trouve ni sens ni avenir. Oui, l’espérance change l’existence concrète de chaque homme et de chaque femme de façon réelle (cf. Spe salvi ). L’espérance indique « un ciel nouveau et une terre nouvelle » (Ap 21,1), permettant de rendre palpable déjà maintenant certains de ses reflets. En outre, quand elle s’enracine dans un peuple, quand elle se partage, elle se diffuse comme la lumière qui écarte les ténèbres qui obscurcissent et blessent. Ce pays, ce continent, sont appelés à vivre l’espérance en Dieu comme une conviction profonde, en la convertissant en une attitude du coeur et en un engagement concret à cheminer ensemble vers un monde meilleur. Comme je l’ai déjà dit à Rome, « qu’ils continuent de progresser sans se décourager dans l’édification d’une société fondée sur le développement du bien, sur le triomphe de l’amour et sur la diffusion de la justice » (Homélie en la solennité de Notre Dame de Guadalupe, Rome, 12 décembre 2011).

Avec la foi et l’espérance, le croyant dans le Christ et l’Église dans son ensemble, vivent et pratiquent la charité comme un élément essentiel de leur mission. Dans son acception première, la charité est « avant tout simplement la réponse à ce qui, dans une situation déterminée, constitue la nécessité immédiate » (Deus caritas est ) comme, secourir ceux qui souffrent de la faim, ceux qui manquent de domicile, qui sont malades ou nécessiteux dans certains aspects de leur existence. Personne, à cause de son origine ou de sa croyance, n’est exclu de cette mission de l’Église, qui n’entre pas en compétition avec d’autres initiatives privées ou publiques ; elle est davantage, avec joie elle collabore avec ceux qui poursuivent ces mêmes fins. Elle ne prétend pas autre chose que de faire de manière désintéressée et respectueuse le bien à celui qui est dans le besoin, à qui il manque précisément plus que tout une preuve d’amour authentique.

Monsieur le Président, chers amis, en ces jours, je demanderai instamment au Seigneur et à la Vierge de Guadalupe que ce peuple fasse honneur à la foi reçue et à ses traditions les meilleures. Et je prierai spécialement pour ceux qui en ont le plus besoin, particulièrement ceux qui souffrent à cause de rivalités anciennes ou nouvelles, de ressentiments et de formes de violence. Je sais que je suis dans un pays fier de son hospitalité et désireux que personne ne se sente étranger sur sa terre. Je le sais, je le savais déjà, mais maintenant, je le vois et je le ressens profondément dans mon coeur. J’espère de toute mon âme que le ressentent également tant de mexicains qui vivent en dehors de leur patrie natale, mais qui ne l’oublient jamais, et qui désirent la voir croître dans la concorde et dans un authentique développement intégral. Merci beaucoup.

VOYAGE APOSTOLIQUE AU MEXIQUE ET À CUBA

(23-29 MARS 2012)

RENCONTRE AVEC LES ENFANTS

SALUTATION Plaza de la Paz, Guanajuato Samedi 24 mars 2012

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Chers enfants,

Je suis content de pouvoir vous rencontrer et de voir vos visages joyeux remplir cette belle place. Vous occupez une place très importante dans le coeur du Pape. En ce moment, je voudrais que le sachent tous les enfants du Mexique, particulièrement ceux qui supportent le poids de la souffrance, de l’abandon, de la violence ou de la faim qui, durant ces mois, à cause de la sècheresse, s’est fait ressentir fortement dans certaines régions. Merci pour cette rencontre de foi, pour la présence festive et pour le recueillement que vous avez exprimé par des chants. Aujourd’hui, nous sommes pleins d’allégresse et c’est cela qui est important. Dieu veut que nous soyons toujours heureux. Il nous connaît et nous aime. Si nous laissons l’amour du Christ changer notre coeur, alors nous pourrons changer le monde. C’est là le secret de la vraie joie.

Ce lieu où nous nous rencontrons porte un nom qui exprime l’aspiration présente dans le coeur de tous les peuples : la paix, un don qui vient d’en-haut : « La paix soit avec vous ! » (Jn 20,21). Ce sont les paroles du Seigneur ressuscité. Nous les écoutons durant chaque messe et elles résonnent de nouveau ici aujourd’hui avec l’espérance que chacun se transforme en semeur et en messager de cette paix pour laquelle le Christ a donné sa vie.

Le disciple de Jésus ne répond pas au mal par le mal. Au contraire, il est toujours l’instrument du bien, le héraut du pardon, le porteur de la joie, le serviteur de l’unité. Jésus désire écrire en chacune de vos vies une histoire d’amitié. Tenez-le donc comme le meilleur de vos amis. Il ne se fatiguera pas de vous dire d’aimer toujours chacun et de faire le bien. Vous l’écouterez si vous entretenez à tout moment une relation constante avec Lui qui vous aidera même dans les situations les plus difficiles.

1416 Je suis venu afin que vous ressentiez mon affection. Chacun de vous est un cadeau de Dieu pour le Mexique et pour le monde. Votre famille, l’Église, l’école et ceux qui portent une responsabilité dans la société doivent travailler ensemble afin que vous puissiez recevoir en héritage un monde meilleur sans envie ni divisions.

Pour cela, je désire élever ma voix, pour inviter chacun à protéger les enfants et à avoir soin d’eux afin que jamais leur sourire ne s’éteigne, qu’ils puissent vivre en paix et voir l’avenir avec confiance.

Vous n’êtes pas seuls, mes chers petits amis. Comptez sur l’aide du Christ et de son Église pour mener un style de vie chrétien. Participez à la messe du dimanche, à la catéchèse, à quelque groupe d’apostolat, cherchant des lieux de prière, de fraternité et de charité. C’est ainsi qu’ont vécu les bienheureux Cristóbal, Antonio et Juan, les petits martyrs de Tlaxcala, qui, connaissant Jésus, au temps de la première évangélisation du Mexique, ont découvert qu’il n’existait pas de trésor plus grand que lui. Ils étaient petits comme vous, et d’eux, nous pouvons apprendre qu’il n’y a pas d’âge pour aimer et servir.

Je désirerais rester plus longtemps avec vous mais je dois déjà partir. Nous resterons unis par la prière. Je vous invite également à prier continuellement, aussi à la maison ; ainsi vous expérimenterez la joie de parler avec Dieu en famille. Priez pour tous, pour moi aussi. Je prierai pour vous, pour que le Mexique soit un lieu dans lequel tous ses enfants puissent vivre avec sérénité et dans l’harmonie. Je vous bénis de tout coeur et vous demande d’apporter l’affection et la bénédiction du Pape à vos parents et à vos frères et soeurs, ainsi qu’aux autres personnes qui vous sont chères. Que la Vierge Marie vous accompagne ! Merci beaucoup, mes petits amis.

VOYAGE APOSTOLIQUE AU MEXIQUE ET À CUBA

(23-29 MARS 2012)

PAROLES IMPROVISÉES PAR LE PAPE BENOÎT XVI

DIMANCHE SOIR DEVANT LE COLLÈGE MIRAFLORÈS Dimanche 25 mars 2012



Queridos amigos, muchisimas gracias Chers amis, merci infiniment pour cet enthousiasme. Je suis très heureux d’être avec vous. J’ai fait de nombreux voyages, mais jamais je n’ai été reçu avec tant d’enthousiasme. J’emporterai avec moi, dans mon coeur, une forte impression de ces jours. Le Mexique sera toujours dans mon coeur. Je peux dire que depuis des années déjà je prie chaque jour pour le Mexique, mais à l’avenir je prierai encore beaucoup plus. Maintenant je peux comprendre pourquoi le Pape Jean-Paul II a dit : « Je me sens un Pape mexicain ! ».

Chers amis, même si je suis très heureux de cette rencontre, pardonnez-moi si je me retire parce que demain sera une journée très exigeante. Je conclue cette journée avec ma bénédiction : Que Dieu tout puissant vous bénisse, Père Fils et Saint Esprit. Buenas noches ! (Bonne nuit !)

VOYAGE APOSTOLIQUE AU MEXIQUE ET À CUBA

(23-29 MARS 2012)

CÉRÉMONIE DE CONGÉ

Aéroport international del Bajío Lundi 26 mars 2012
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Monsieur le Président,

1417 Autorités présentes,

Messieurs les Cardinaux,

Chers frères dans l’Épiscopat,

Chers amis mexicains,

Ma visite au Mexique, brève mais intense, arrive maintenant à sa fin. Pourtant ce n’est pas la fin de mon affection et de ma proximité pour votre pays que je porte en moi. Je m’en vais comblé d’expériences inoubliables comme sont également inoubliables toutes les attentions et les démonstrations d’affection reçues. Je remercie pour les aimables paroles que Monsieur le Président m’a adressées ainsi que pour tout ce que les Autorités ont fait pour ce voyage émouvant. Je remercie de tout coeur ceux qui ont facilité ou qui ont collaboré pour que les évènements de ces journées se déroulent heureusement, tant dans leurs aspects les plus visibles que dans les détails les plus petits. Je demande au Seigneur que tous ces efforts n’aient pas été vains, et qu’avec son aide, ils produisent des fruits abondants et durables dans la vie de foi, d’espérance et de charité de León et de Guanajuato, du Mexique et des pays frères de l’Amérique latine et des Caraïbes.

Devant la foi dans le Christ Jésus que j’ai senti vibrer dans vos coeurs, et la dévotion affectueuse à sa Mère, invoquée ici sous des titres si beaux comme celui de Guadalupe ou de Luz, que j’ai vues resplendir sur vos visages, je désire réitérer avec énergie et clarté un appel au peuple mexicain à être fidèle à lui-même et à ne pas se laisser entraîner par les forces du mal, à être valeureux et à travailler pour que la sève de ses racines chrétiennes fasse fleurir son présent et son avenir.

J’ai été témoin aussi de signes de préoccupation pour différents aspects de la vie de ce pays bien-aimé, les uns plus récents, et d’autres qui viennent de plus loin et qui continuent de causer de nombreuses déchirures. Je les emporte également avec moi, partageant aussi bien les joies que les douleurs de mes frères mexicains pour les déposer dans la prière, au pied de la croix dans le coeur du Christ d’où coulent l’eau et le sang rédempteurs.

Dans ces circonstances, j’encourage ardemment les catholiques mexicains et tous les hommes et femmes de bonne volonté à ne pas céder à la mentalité utilitariste, qui aboutit toujours à sacrifier les plus faibles et ceux qui sont sans défense. Je les invite à un effort solidaire qui permette à la société de se rénover depuis ses fondations pour réaliser une vie digne, juste et en paix pour tous. Pour les catholiques, cette contribution au bien commun est également une exigence de la dimension essentielle de l’Évangile qu’est la promotion humaine et une très haute expression de la charité. Pour cela, l’Église exhorte tous ses fidèles à être aussi de bons citoyens conscients de leur responsabilité de se préoccuper du bien des autres, de tous, tant dans la sphère personnelle que dans les différents secteurs de la société.
Chers amis mexicains, je vous dis adieu dans le sens le plus beau de cette belle expression traditionnelle hispanique: Restez avec Dieu! Oui, adieu ; toujours dans l’amour du Christ, en qui nous nous rencontrons et nous nous rencontrerons tous. Que le Seigneur vous bénisse et que Marie la Très Sainte vous protège ! Merci beaucoup.

VOYAGE APOSTOLIQUE AU MEXIQUE ET À CUBA

(23-29 MARS 2012)

CÉRÉMONIE DE BIENVENUE

Aéroport international, Santiago de Cuba Lundi 26 mars 2012
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1418 Monsieur le Président,

Messieurs les Cardinaux et frères dans l’Épiscopat,

Autorités présentes,

Membres du Corps diplomatique

Mesdames et Messieurs,

Chers amis cubains,

Je vous remercie, Monsieur le Président, pour votre accueil et pour vos paroles courtoises de bienvenue par lesquelles vous avez voulu transmettre aussi les sentiments de respect du gouvernement et du peuple cubain envers le Successeur de Pierre. Je salue les Autorités qui nous accueillent, ainsi que les membres du Corps diplomatique qui sont présents ici. J’adresse un salut chaleureux à l’Archevêque de Santiago de Cuba et Président de la Conférence épiscopale, Mgr Dionisio Guillermo García Ibáñez, à l’Archevêque de La Havane, Monsieur le Cardinal Jaime Ortega y Alamino et aux autres frères Évêques de Cuba, à qui je manifeste toute ma proximité spirituelle. Je salue enfin avec une affection particulière les fidèles de l’Église catholique à Cuba, les chers habitants de cette belle île et tous les Cubains là où ils se trouvent. Je les tiens toujours tous très présents dans mon coeur et dans ma prière, et encore plus en ces jours qui ont précédé le moment tant désiré de les visiter, visite que j’ai pu réaliser grâce à la bonté divine.

En me trouvant parmi vous, je ne peux manquer de rappeler la visite historique de mon prédécesseur le Bienheureux Jean-Paul II, qui a laissé une empreinte indélébile dans l’âme des Cubains. Pour beaucoup, croyants ou non, son exemple et ses enseignements constituent un guide lumineux qui les oriente aussi bien dans leur vie personnelle, que dans leur agir public au service du bien commun de la nation. En effet, son passage à travers l’Île a été comme une brise suave d’air frais qui a donné une nouvelle vigueur à l’Église à Cuba, réveillant en beaucoup une conscience renouvelée de l’importance de la foi, encourageant à ouvrir les coeurs au Christ au moment même où s’illumine l’espérance et naît le désir de travailler audacieusement pour un avenir meilleur. Un des fruits importants de cette visite a été l’inauguration d’une nouvelle étape dans les relations entre l’Église et l’État cubain, avec un esprit de meilleure collaboration et confiance, bien que demeurent encore de nombreux aspects dans lesquels on peut et on doit avancer, spécialement dans celui qui se réfère à l’apport imprescriptible que la religion est appelée à développer dans le domaine public de la société.

Je suis heureux de m’unir à votre joie qui a pour motif le 400ème anniversaire de la découverte de l’image bénie de la Vierge de la Caridad del Cobre. Son image aimante a été depuis le début très présente aussi bien dans la vie personnelle des Cubains que dans les grands évènements du pays, de manière plus particulière durant son indépendance, étant vénérée par tous comme vraie mère du peuple cubain. La dévotion à la Virgen Mambisa a soutenu la foi et encouragé la défense et la promotion de ce qui donne dignité à la condition humaine et à ses droits fondamentaux et elle continue à le faire encore aujourd’hui avec plus de force, donnant ainsi un témoignage visible de la fécondité de la prédication de l’évangile en ces terres, et des profondes racines chrétiennes qui façonnent l’identité la plus profonde de l’âme cubaine. Suivant la trace de tant de pèlerins au long de ces siècles, je désire moi aussi, aller à El Cobre et me prosterner aux pieds de la Mère de Dieu pour la remercier de sa protection pour tous ses enfants cubains et pour lui demander son intercession afin qu’elle guide les destins de cette nation aimée sur les chemins de la justice, de la paix, de la liberté et de la réconciliation.

Je viens à Cuba comme pèlerin de la charité, pour confirmer mes frères dans la foi et les encourager dans l’espérance qui naît de la présence de l’amour de Dieu dans nos vies. Je porte dans mon coeur les justes aspirations et les désirs légitimes de tous les Cubains, où qu’ils se trouvent, leurs souffrances et leurs joies, leurs préoccupations et leurs souhaits les plus nobles, et de manière spéciale ceux des jeunes et des personnes âgées, des adolescents et des enfants, des malades et des travailleurs, des prisonniers et de leur famille, ainsi que ceux des pauvres et des nécessiteux.

De nombreuses parties du monde vivent aujourd’hui un moment de difficulté économique particulière, que de nombreuses personnes s’accordent à situer dans une profonde crise de type spirituel et moral, qui a laissé l’homme vide de valeurs et sans protection devant l’ambition et l’égoïsme de certains pouvoirs qui ne prennent pas en compte le bien authentique des personnes et des familles. On ne peut pas continuer à suivre plus longtemps la même direction culturelle et morale qui a causé la situation douloureuse que tant de personnes subissent. Au contraire, le progrès véritable nécessite une éthique qui place en son centre la personne humaine et qui prend en compte ses exigences les plus authentiques, de manière spéciale, sa dimension spirituelle et religieuse. Pour cela, dans le coeur et dans la pensée de beaucoup, s’ouvre toujours plus la certitude que la régénération des sociétés et du monde demande des hommes droits, de fermes convictions, des valeurs de fond morales et élevées qui ne soient pas manipulables par des intérêts étroits, et qui répondent à la nature immuable et transcendante de l’être humain.

1419 Chers amis, je suis convaincu que Cuba, en ce moment particulièrement important de son histoire, regarde déjà vers demain, et s’efforce pour cela de rénover et d’élargir ses horizons, ce à quoi coopère cet immense patrimoine de valeurs spirituelles et morales qui ont formé son identité la plus authentique, et qui se trouvent sculptées dans l’oeuvre et dans la vie de nombreux et nobles pères de la patrie tels le Bienheureux José Olallo y Valdés, le serviteur de Dieu Félix Varela ou l’éminent José Martí. L’Église, de son côté, a su contribuer avec diligence à la promotion de ces valeurs à travers sa mission pastorale généreuse et désintéressée, et elle renouvelle son intention de continuer à travailler inlassablement pour mieux servir tous les Cubains.

Je prie le Seigneur pour qu’il bénisse abondamment cette terre et ses fils, en particulier ceux qui se considèrent défavorisés, les marginaux et ceux qui souffrent dans leur coeur et dans leur esprit. Je demande en même temps à Dieu, par l’intercession de Notre Dame de la Caridad del Cobre, qu’il concède à tous un avenir plein d’espoir, de solidarité et de concorde. Merci beaucoup.

Discours 2005-2013 1413