Discours 2005-2013 1419


VOYAGE APOSTOLIQUE AU MEXIQUE ET À CUBA

(23-29 MARS 2012)

VISITE AU SANCTUAIRE DE NOTRE-DAME DE LA CARIDAD

PAROLES

El Cobre
Mardi 27 mars 2012

[Vidéo]



Chers amis,

Je suis venu en pèlerin jusqu’à la maison de l’image bénie de Notre Dame de la Caridad, la Mambisa, comme vous l’invoquez affectueusement. Sa présence dans cette localité de El Cobre est un cadeau du ciel pour les Cubains.

Je désire saluer cordialement ceux qui sont présents ici. Recevez l’affection du Pape et portez-la partout afin que tous fassent l’expérience de la consolation et de la force de la foi. Faites savoir, à tous ceux que vous rencontrez, proches ou éloignés, que j’ai confié à la Mère de Dieu l’avenir de votre patrie qui avance sur des chemins de rénovation et d’espérance, pour le plus grand bien de tous les Cubains. J’ai supplié également la Vierge très sainte pour les besoins de ceux qui souffrent, de ceux qui sont privés de liberté, séparés des personnes qui leur sont chères ou qui connaissent de graves moments de difficulté. J’ai déposé également dans son Coeur Immaculé les jeunes, pour qu’ils soient d’authentiques amis du Christ et pour qu’ils ne succombent pas à des propositions qui laissent la tristesse derrière elles. Devant Marie de la Caridad, je me suis souvenu aussi de manière particulière des Cubains descendants de ceux qui arrivèrent ici, venant d’Afrique, tout comme de la proche population d’Haïti qui souffre encore des conséquences du tremblement de terre d’il y a deux ans. Et je n’ai pas oublié tant de paysans et leurs familles qui désirent vivre intensément l’Évangile dans leurs foyers, et qui offrent également leurs maisons comme centres de mission pour la célébration de l’Eucharistie.

À l’exemple de la Vierge très sainte, j’encourage tous les enfants de cette chère terre à continuer à édifier leur vie sur le roc solide qu’est Jésus-Christ, à travailler pour la justice, à être serviteur de la charité et persévérant au milieu des épreuves. Que rien ni personne ne leur enlève la joie intérieure si caractéristique de l’âme cubaine. Que Dieu vous bénisse ! Merci beaucoup.

VOYAGE APOSTOLIQUE AU MEXIQUE ET À CUBA

(23-29 MARS 2012)

CÉRÉMONIE DE CONGÉ

Aéroport international José Martí de La Havane Mercredi 28 mars 2012
[Vidéo]


1420 Monsieur le Président,

Messieurs les Cardinaux et chers frères dans l’épiscopat,

Autorités présentes,

Mesdames et messieurs,

Chers amis,

Je rends grâce à Dieu qui m’a permis de visiter cette belle Île, qui a laissé une empreinte si profonde dans le coeur de mon bien-aimé prédécesseur, le Bienheureux Jean-Paul II, quand il est venu dans ces terres comme messager de vérité et d’espérance. Moi aussi, j’ai désiré ardemment venir parmi vous comme pèlerin de la charité pour remercier la Vierge Marie, devant son image vénérée du sanctuaire de El Cobre, d’où, depuis quatre siècles, elle accompagne le cheminement de l’Église dans cette nation et insuffle du courage à tous les Cubains, pour que, avec l’aide du Christ, ils découvrent le sens authentique des aspirations et des désirs présents dans le coeur humain, et qu’ils aient la force nécessaire pour construire une société solidaire, où personne ne se sent exclu. « Le Christ, qui est ressuscité des morts, brille dans ce monde, et le fait d’une manière plus lumineuse justement là où, selon le jugement humain, tout semble être lugubre et privé d’espérance. Il a vaincu la mort – Il vit – et la foi en Lui, comme une petite lumière, pénètre tout ce qui est ténébreux et menaçant » (Veillée de prière avec les jeunes au palais des expositions de Fribourg, 24 septembre 2011).

Je remercie Monsieur le Président et les autres Autorités du pays pour l’intérêt et la généreuse collaboration offerte pour le bon déroulement de ce voyage. Ma vive gratitude va également aux membres de la Conférence des Évêques catholiques de Cuba, qui n’ont ménagé aucun effort ni aucun sacrifice à cette même fin. Et elle va aussi à tous ceux qui y ont contribué de diverses manières, particulièrement par la prière.

Je porte au plus profond de moi tous et chacun des Cubains qui m’ont entouré de leur prière et de leur affection, en me réservant un accueil chaleureux et en me rendant participant de leurs plus profondes et justes aspirations.

Je suis venu ici comme témoin de Jésus-Christ, convaincu que, là où il arrive, le découragement cède le pas à l’espérance, la bonté chasse les incertitudes et une force vigoureuse ouvre l’horizon à des perspectives inhabituelles et bénéfiques. En son Nom, et comme Successeur de l’Apôtre Pierre, j’ai voulu rappeler son message de salut, pour fortifier l’enthousiasme et la sollicitude des Évêques cubains, ainsi que de leurs prêtres, des religieux et de ceux qui se préparent avec enthousiasme au ministère sacerdotal et à la vie consacrée. Qu’il serve aussi de nouveau stimulant à tous ceux coopèrent, avec persévérance et abnégation, dans la tâche d’évangélisation, particulièrement aux fidèles laïcs, pour que, accroissant leur don à Dieu, dans leur milieu de vie et de travail, ils ne cessent d’offrir d’une manière responsable leur contribution au bien et au progrès intégral de la patrie.

Le chemin que le Christ propose à l’humanité, à chaque personne et à chaque peuple en particulier, ne les contraint en rien, au contraire il est le facteur premier et principal pour leur authentique développement. Que la lumière du Seigneur qui a ardemment brillé ces jours-ci, ne s’éteigne pas en ceux qui l’ont accueillie et qu’elle aide tous à renforcer la concorde et à faire fructifier le meilleur de l’âme cubaine, ses valeurs les plus nobles sur lesquelles il est possible d’édifier une société renouvelée et réconciliée, aux amples horizons. Que personne ne voit empêché de participer à cette tâche passionnante, par une limitation de ses libertés fondamentales, ni ne se sente exempté de cette tâche par négligence, ou par privation de ressources matérielles : situation qui se voit aggravée quand des mesures économiques restrictives, imposées de l’extérieur du pays, pèsent négativement sur la population.

Je conclus ici mon pèlerinage, mais je continuerai à prier avec ferveur pour que vous poursuiviez à aller de l’avant et pour que Cuba soit la maison de tous, et pour tous les Cubains, où cohabitent la justice et la liberté, dans un climat de sereine fraternité. Le respect et la culture de la liberté qui battent dans le coeur de tout homme est imprescriptible pour répondre de manière adéquate aux exigences fondamentales de sa dignité, et construire ainsi une société où chacun se considère comme un protagoniste indispensable de l’avenir de sa vie, de sa famille et de sa patrie.

1421 L’heure présente exige d’une manière pressante que, dans la cohabitation humaine, nationale et internationale, soient éradiquées des positions inamovibles et les points de vue unilatéraux qui tendent à rendre plus ardue l’entente, et inefficace l’effort de collaboration. Les éventuels désaccords et les problèmes doivent se résoudre dans la recherche infatigable de ce qui réunit tous dans un dialogue patient et sincère, dans la compréhension réciproque et dans une loyale volonté d’écoute, qui accepte des objectifs porteurs de nouvelles espérances.

Cuba, fais revivre en toi la foi de tes ancêtres, tire d’elle la force pour édifier un avenir meilleur, aie confiance dans les promesses du Seigneur et ouvre ton coeur à son Évangile pour renouveler authentiquement ta vie personnelle et sociale !

Alors que je prends congé de vous avec émotion, je demande à Notre-Dame de la Caridad del Cobre de protéger de son manteau tous les Cubains, de les soutenir dans les épreuves et de leur obtenir du Tout-Puissant la grâce qu’ils désirent le plus.

Salut, Cuba, terre embellie par la présence maternelle de Marie ! Que Dieu bénisse ton avenir ! Merci beaucoup.
Avril 2012


RENCONTR AVEC LES JEUNES ESPAGNOLS DE LA JOURNÉE MONDIALE DE LA JEUNESSE DE MADRID 2011


Salle Paul VI Lundi 2 avril 2012


Monsieur le cardinal-archevêque de Madrid,
vénérés frères dans l’épiscopat et dans le sacerdoce,
chers jeunes,
chers amis,

1422 Je remercie pour les aimables paroles que m’a adressées le cardinal Antonio María Rouco Varela, se faisant l’interprète des sentiments de toutes les personnes présentes, et je le salue avec une affection cordiale, de même que je salue les évêques de la province ecclésiastique de Madrid, l’évêque de San Sebastián et le responsable du département de la pastorale des jeunes de la Conférence épiscopale espagnole.

Je suis heureux de souhaiter la bienvenue au siège de Pierre à vous tous qui participez à ce pèlerinage, que vous avez organisé avec enthousiasme pour remercier le Pape de son voyage en Espagne à l’occasion de la Journée mondiale de la jeunesse, célébrée au mois d’août dernier.

Je salue cordialement les autorités, les organisateurs, les promoteurs et les volontaires, mais de façon particulière les jeunes, qui sont les acteurs et les principaux destinataires de cette initiative pastorale fortement voulue par mon prédécesseur, le bienheureux Jean-Paul II, dont nous rappelons aujourd’hui le trépas.

J’ai également présents à l’esprit tous les évêques d’Espagne et les délégués épiscopaux de la jeunesse, qui ont tant collaboré dans les diocèses à l’heureux déroulement de cet événement ecclésial significatif. Et je ne peux manquer de mentionner les membres de la vie consacrée et tant d’autres personnes et institutions qui ont offert leur précieuse et généreuse contribution à la réussite de cet événement.

Chaque fois que je pense à la XXVIe Journée mondiale de la jeunesse, mon coeur se remplit de gratitude à Dieu pour l’expérience de grâce de ces jours inoubliables. Dès mon arrivée se succédèrent et se multiplièrent les manifestations d’accueil et d’hospitalité, unies à la foi et à la joie des jeunes, qui devinrent des signes éloquents du Christ ressuscité.

Chers amis, cette splendide rencontre n’a pu avoir lieu qu’à la lumière de la présence de l’Esprit Saint dans l’Eglise. Celui-ci ne cesse de diffuser le courage dans les coeurs, et nous conduit constamment sur la place publique de l’histoire, comme lors de la Pentecôte, pour témoigner des merveilles de Dieu. Vous êtes appelés à coopérer à ce devoir passionnant et il vaut la peine de s’y consacrer sans réserve. Le Christ a besoin de vous à ses côtés pour étendre et édifier son Royaume de charité. Cela ne sera possible que si vous le considérez comme le meilleur des amis et que vous témoignez de lui en menant une vie selon l’Evangile, avec courage et fidélité.

On pourrait supposer que cela n’a rien à voir avec lui ou qu’il s’agit d’une entreprise qui dépasse les capacités et les possibilités. Mais il n’en est pas ainsi. Dans cette aventure, personne n’est de trop. C’est pourquoi ne négligez pas de vous demander à quoi vous appelle le Seigneur et comment vous pouvez l’aider. Vous avez tous une vocation personnelle qu’Il a voulu vous proposer pour votre bonheur et sainteté. Lorsque quelqu’un est conquis par le feu de son regard, aucun sacrifice ne semble assez grand pour le suivre et lui donner le meilleur de soi. C’est ce qu’ont toujours fait les saints en diffusant la lumière du Seigneur et la puissance de son amour, en transformant le monde jusqu’à le convertir en un foyer accueillant pour tous, où Dieu est glorifié et ses fils bénis.

Chers jeunes, comme ces apôtres de la première heure, soyez vous aussi des missionnaires du Christ dans vos familles, amis et connaissances, dans vos milieux d’étude ou de travail, parmi les pauvres et les malades. Parlez de son amour et de sa bonté avec simplicité, sans complexe, ni crainte. Le Christ lui-même vous donnera la force pour cela. Pour votre part, écoutez-le et ayez une relation fréquente et sincère avec Lui. Racontez-lui avec confiance vos désirs et vos aspirations, également vos peines et celles des personnes qui ont besoin de réconfort et d’espérance. Et réévoquant ces jours splendides, je désire vous exhorter également à n’épargner aucun effort afin que ceux qui vous entourent Le découvrent personnellement et Le rencontrent, Lui qui est vivant, ainsi que son Eglise.

Hier, en la solennité du Dimanche des Rameaux, nous avons commencé la Semaine sainte, au cours de laquelle nous suivons les pas du Christ jusqu’à la célébration de son mystère pascal. Nous l’acclamons comme Messie et Fils de David, en agitant, comme les enfants et les jeunes de Jérusalem, les rameaux du salut et de la joie. Dans le même temps, nous contemplons sa passion douloureuse et son humiliation jusqu’à la mort. Je vous invite, au cours de ces jours saints, à vous unir pleinement à notre Rédempteur, en vous rappelant de la Via Crucis solennelle de la Journée mondiale de la jeunesse. Au cours de celle-ci, nous avons prié émus devant la beauté de ces images sacrées, qui exprimaient avec profondeur les mystères de notre foi. Je vous encourage à vous charger vous aussi de votre croix, et de la croix de la douleur et des péchés du monde, pour mieux comprendre l’amour du Christ pour l’humanité. Ainsi, vous vous sentirez appelés à proclamer que Dieu aime l’homme et lui a envoyé son Fils, non pas pour le condamner, mais pour qu’il parvienne à une vie pleine et riche de sens.

Chers amis, je suis certain que vous pensez déjà à vous rendre à Rio de Janeiro, où de nombreux jeunes du monde entier reviendront se rassembler, au cours de ce qui sera sans aucun doute une pierre milliaire supplémentaire sur le chemin de l’Eglise, toujours jeune, qui veut élargir l’horizon des nouvelles générations avec le trésor de l’Evangile, énergie de vie pour le monde. Tandis que nous avançons à présent les yeux fixés sur l’aube imminente de Pâques, que la célébration de la Journée mondiale de la jeunesse au Brésil soit une nouvelle et joyeuse expérience du Christ ressuscité, qui conduit l’humanité tout entière vers la splendeur de la vie qui procède de Dieu.

Que la Très Sainte Vierge Marie, qui demeura silencieuse au pied de la croix de son Fils et attendit patiemment l’accomplissement de ses promesses, soit toujours pour vous une Mère de miséricorde, de vie, de douceur et d’espérance. Merci, merci beaucoup, chers jeunes, pour votre présence festive et joviale. Je vous bénis de tout coeur.

VIA CRUCIS AU COLISÉE


À LA FIN DE LA VIA CRUCIS AU COLISÉE Mont Palatin Vendredi Saint, 6 avril 2012

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Chers frères et soeurs,

Nous avons rappelé, dans la méditation, dans la prière et dans le chant, le parcours de Jésus sur le chemin de la Croix : un chemin qui semblait sans issue et qui au contraire a changé la vie et l’histoire de l’homme, a ouvert le passage vers les « cieux nouveaux et la terre nouvelle » (cf. Ap
Ap 21,1). Spécialement en ce jour du Vendredi Saint, l’Église célèbre, avec une intime adhésion spirituelle, la mémoire de la mort en croix du Fils de Dieu, et dans sa Croix elle voit l’arbre de la vie, fécond d’une nouvelle espérance.

L’expérience de la souffrance marque l’humanité, marque aussi la famille ; combien de fois le chemin se fait éprouvant et difficile ! Incompréhensions, divisions, préoccupation pour l’avenir des enfants, maladies, difficultés de toutes sortes. En notre temps, ensuite, la situation de nombreuses familles est aggravée par la précarité du travail et par les autres conséquences négatives provoquées par la crise économique. Le chemin de la Via Crucis, que nous avons spirituellement parcouru à nouveau ce soir, est une invitation pour nous tous, et spécialement pour les familles, à contempler le Christ crucifié pour avoir la force d’aller au-delà des difficultés. La Croix de Jésus est le signe suprême de l’amour de Dieu pour chaque homme, c’est la réponse surabondante au besoin qu’a chaque personne d’être aimée. Quand nous sommes dans l’épreuve, quand nos familles doivent affronter la souffrance, la détresse, regardons vers la Croix du Christ : là nous trouvons le courage pour continuer à marcher ; là nous pouvons répéter, avec une ferme espérance, les paroles de saint Paul : « Qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ? la détresse ? l’angoisse ? la persécution ? la faim ? le dénuement ? le danger ? le supplice ?...Oui, en tout cela nous sommes les grands vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés » (Rm 8,35 Rm 8,37).

Dans les malheurs et dans les difficultés nous ne sommes pas seuls ; la famille n’est pas seule : Jésus est présent avec son amour, il la soutient de sa grâce et lui donne l’énergie pour aller de l’avant, pour affronter les sacrifices et pour surmonter les obstacles. Et c’est à cet amour du Christ que nous devons nous adresser quand les déviations humaines et les difficultés risquent de blesser l’unité de notre vie et de la famille. Le mystère de la passion, mort et résurrection du Christ encourage à aller de l’avant avec espérance : le temps de la souffrance et de l’épreuve, s’il est vécu avec le Christ, avec foi en lui, renferme déjà la lumière de la résurrection, la vie nouvelle du monde ressuscité, la pâque de chaque homme qui croit à sa Parole.

Dans cet Homme crucifié, qui est le Fils de Dieu, la mort elle-même aussi acquiert un nouveau sens et une nouvelle orientation, elle est rachetée et vaincue, elle est un passage vers la nouvelle vie : « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruit » (Jn 12,24). Confions-nous à la Mère du Christ. Elle qui a accompagné son Fils sur le chemin douloureux, elle qui était au pied de la Croix à l’heure de sa mort, elle qui a encouragé l’Église à sa naissance pour qu’elle vive en présence du Seigneur, qu’elle conduise nos coeurs, les coeurs de toutes les familles à travers le vaste mysterium passionis vers le mysterium paschale, vers cette lumière qui déborde de la Résurrection du Christ et montre la victoire définitive de l’amour, de la joie, de la vie, sur le mal, sur la souffrance, sur la mort. Amen.
85e ANNIVERSAIRE DU SAINT-PÈRE


À UNE DÉLÉGATION DE LA BAVIÈRE Salle Clémentine Lundi 16 avril 2012

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1424 Monsieur le ministre-président,
Eminence,
chers frères dans l’épiscopat,
chers amis !

Permettez-moi de ne pas citer tous les noms et les titres un par un, ce serait trop long... Mais je vous assure que j’ai lu deux fois la liste des invités, de ceux qui sont venus, et je l’ai lue de tout mon coeur. Ce faisant, j’ai salué en moi-même chacun de vous personnellement, personne n’est présent de façon anonyme. Au fond de mon coeur, je vous ai tous vus et je suis heureux à présent de pouvoir vous saluer ici. Je me suis entretenu avec chacun de vous. Soyez tous les bienvenus !

Que dire en cette occasion ? Mon sentiment va au-delà des paroles et je dois donc proposer, comme remerciement, ce que je ne peux pas exprimer pleinement. Mais je tiens à vous remercier de tout coeur, Monsieur le ministre-président, pour vos paroles : vous avez fait parler le coeur de la Bavière, un coeur chrétien, catholique, et ce faisant, vous m’avez ému, vous avez reporté dans le présent tout ce qui a été important dans ma vie. Je désire vous remercier tout autant, Monsieur le cardinal, pour vos paroles courtoises, en tant que pasteur de mon diocèse d’origine et auquel j’appartiens comme prêtre, dans lequel j’ai grandi et auquel j’appartiens toujours au fond de moi, en rappelant dans le même temps l’aspect chrétien, notre foi et sa beauté et sa grandeur.

Cher Monsieur le président, vous avez rassemblé ici une sorte d’image spéculaire de la géographie intérieure et extérieure de ma vie ; de la géographie extérieure, mais qui est toujours également intérieure, et qui part de Marktl am Inn en passant par Tittmoning jusqu’à Aschau, puis à Hufschlag et Traunstein jusqu’à Pentling puis Ratisbonne... Dans toutes ces étapes qui sont ici présentes, il y a toujours une part de ma vie, une part dans laquelle j’ai vécu, j’ai lutté et qui a contribué à me faire devenir ce que je suis, tel que je suis à présent parmi vous et tel que je devrai me présenter un jour au Seigneur. Puis, tous les milieux de ma vie en Bavière : l’Église vivante de notre pays est présente — je remercie les évêques bavarois. Il y a également, grâce à Dieu, une dimension oecuménique, avec l’évêque de l’Église évangélique de Munich... Cela me rappelle la grande amitié qui m’avait lié à l’évêque Hanselmann, qui est l’un de mes souvenirs les plus chers qui témoignent de la façon dont aller de l’avant. Dans le même temps, je me souviens de la communauté juive avec le Dr Lamm et le Dr Snopkowski : avec eux aussi était née une amitié cordiale, qui m’avait rapproché de la partie juive de notre peuple et du peuple juif en tant que tel, et dont le souvenir est présent en moi. Il y a ensuite les médias, qui rapportent dans le monde ce que nous faisons et ce que nous disons... Nous devons parfois les corriger un peu, mais que serions-nous sans leur service ? Et puis, vous avez présenté la Bavière vivante, cher Monsieur le président, chez les enfants, en qui nous reconnaissons que la Bavière continue à être fidèle à elle-même et que, précisément parce qu’elle demeure fidèle à elle-même, elle demeure jeune et va de l’avant. Et à cela s’ajoute la musique que j’ai pu écouter, qui me rappelle mon père, qui jouait « Gott grüße Dich » à la cithare : voilà que me reviennent à l’esprit les mélodies de mon enfance, qui sont toutefois également un son du présent et du futur — « Gott grüße Dich »...

Mon coeur empli d’émotions voudrait dire tant de paroles, mais dans le même temps, me limite, car ce que j’ai à dire serait trop long. À la fin, toutefois, tout se résume dans l’unique parole par laquelle je voudrais conclure : « Vergelt’s Gott » — « Dieu vous en rende grâce ».



CONCERT OFFERT PAR L'ORCHESTRE GEWANDHAUS DE LEIPZIG

À L'OCCASION DU 85e ANNIVERSAIRE DU SAINT-PÈRE

DISCOURS

Salle Paul VI Vendredi 20 avril 2012

[Vidéo]


1425 Monsieur le ministre-président,
Eminents hôtes de l’Etat libre de Saxe et de la ville de Leipzig,
Messieurs les cardinaux,
Vénérés frères dans l’épiscopat et dans le sacerdoce,
Mesdames et Messieurs,

Avec cette splendide exécution de la symphonie n. 2 « Lobgesang » de Félix Mendelssohn Bartholdy, vous m’avez fait, ainsi qu’à toutes les personnes présentes, un cadeau précieux à l’occasion de mon anniversaire. En effet, cette symphonie est un grand hymne de louange à Dieu, une prière par laquelle nous avons loué et rendu grâce au Seigneur pour ses dons. Mais avant tout, je voudrais remercier ceux qui ont rendu ce moment possible. En premier lieu, l’orchestre du Gewandhaus qui n’a pas besoin d’être présenté : il s’agit de l’un des plus anciens orchestres du monde, avec une tradition d’excellence dans la qualité de l’exécution et une renommée indiscutée. J’adresse un remerciement cordial aux excellents choeurs et solistes, mais de façon particulière au maître Riccardo Chailly pour son interprétation intense. Ma gratitude va au ministre-président et aux représentants de l’État libre de Saxe, au maire et à la délégation de la ville de Leipzig, aux autorités ecclésiastiques, ainsi qu’aux responsables du Gewandhaus et à tous ceux qui sont venus d’Allemagne.

Mendelssohn, la symphonie « Lobgesang », Gewandhaus : trois éléments liés non seulement ce soir, mais dès le commencement. En effet, la grande symphonie pour choeur, solistes et orchestre que nous avons entendue a été composée par Mendelssohn pour célébrer le ive centenaire de l’invention de l’imprimerie et elle a été exécutée pour la première fois dans l’église Saint-Thomas de Leipzig, l’église de Jean-Sébastien Bach, le 25 juin 1840, précisément par l’orchestre du Gewandhaus ; Mendelssohn lui-même était au pupitre, ayant été pendant plusieurs années le chef de cet orchestre antique et prestigieux.

Cette composition est constituée par trois mouvements pour orchestre seul, sans continuité, puis par une sorte de cantate avec solistes et choeur. Dans une lettre à son ami Karl Klingemann, Mendelssohn lui-même expliquait que dans cette symphonie « ce sont d’abord les instruments qui louent selon leur génie propre, puis ensuite le choeur et les voix des solistes ». L’art en tant que louange à Dieu, Beauté suprême, est à la base de la manière de composer de Menselssohn, et cela non seulement en ce qui concerne la musique liturgique ou sacrée, mais toute sa production. Comme le rapporte Julius Schubring, pour lui, la musique sacrée en tant que telle ne se plaçait pas à un degré plus élevé que de l’autre ; chacune à sa façon devait servir et honorer Dieu. La devise que Mendelssohn écrivit sur la partition de la symphonie « Lobgesang » nous dit : « Je voudrais voir tous les arts, en particulier la musique, au service de Celui qui les a donnés et créés ». Le monde éthique et religieux de notre compositeur n’était pas détaché de sa conception de l’art, et en faisait même partie intégrante : « Kunst und Leben sind nicht zweierlei », l’Art et la vie ne sont pas deux choses distinctes, mais un tout, écrivait-il. Une profonde unité de vie qui trouve son élément unificateur dans la foi, qui a caractérisé toute l’existence de Mendelssohn et a guidé ses choix. Dans ses lettres, nous saisissons ce fil conducteur. À son ami Schirmer, il disait, le 9 janvier 1841, en faisant allusion à sa famille : « Parfois, certes, les préoccupations et les jours sérieux ne manquent pas… et pourtant, on ne peut rien faire d’autre que de prier Dieu avec ferveur de nous conserver la santé et le bonheur qu’il nous a donnés » ; et le 17 janvier 1843, il écrivait à Klingemann : « Chaque jour, je ne peux rien faire d’autre que rendre grâce à Dieu à genoux pour chaque bien qu’il me donne ». Une foi donc solide, convaincue, nourrie de façon profonde par l’Écriture Sainte, comme le montrent, entre autres, les deux oratorios Paulus et Elias, et la symphonie que nous venons d’écouter, riche de références bibliques, surtout des psaumes et de saint Paul. Il m’est difficile de mentionner certains de ces moments intenses que nous avons vécus ce soir ; je voudrais seulement rappeler le merveilleux duo des sopranos et du choeur sur les paroles tirées du Psaume 40 : Ich harrete des Herrn, und er neigte sich zu mir und hörte mein Fleh’n : « J’espérais le Seigneur d’un grand espoir, il s’est penché vers moi, il écouta mon cri » ; c’est le chant de celui qui place en Dieu toute son espérance et sait avec certitude qu’il ne sera pas déçu.

Je voudrais une fois de plus remercier l’orchestre et le choeur du Gewandhaus, le choeur de la Mitteldeutscher Rundfunk mdr, les solistes, le chef d’orchestre, ainsi que les autorités de l’État libre de Saxe et de la ville de Leipzig, pour l’exécution de cette « oeuvre lumineuse » — comme l’appelait Robert Schumann —, qui nous a permis à tous de louer Dieu et j’ai pu rendre grâce à Dieu, de façon particulière, encore une fois, pour mes années de vie et de ministère.

Je voudrais conclure par les paroles que Robert Schumann a écrites dans la revue Neue Zeitschrift für Musik après avoir assisté à la première exécution de la symphonie que nous avons écoutée, qui veulent être une invitation à la réflexion : « Comme le dit le texte si splendidement mis en musique par le maître, “abandonnons toujours plus les oeuvres des ténèbres pour prendre les armes de lumière” ». Merci à tous et bonne soirée !


AUX MEMBRES DE LA PAPAL FOUNDATION Salle Clémentine Samedi 21 avril 2012

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Chers amis,

Je suis heureux de saluer les membres de la Papal Foundation à l’occasion de votre pèlerinage annuel à Rome. Puisse votre visite aux tombes des apôtres et martyrs renforcer votre amour pour le Seigneur crucifié et ressuscité et votre engagement au service de son Église. Je suis heureux d’avoir l’occasion de vous remercier personnellement pour votre soutien à une vaste gamme d’apostolats chers au Successeur de Pierre.

Au cours des mois à venir, j’aurai l’honneur de canoniser deux nouveaux saints d’Amérique du Nord. La bienheureuse Kateri Tekakwitha et la bienheureuse mère Marianne Cope sont des exemples frappants de sainteté et de charité héroïque, mais elles nous rappellent également le rôle historique joué par les femmes dans l’édification de l’Église en Amérique. À travers leur exemple et leur intercession, puissiez-vous tous être confirmés dans la poursuite de la sainteté et dans vos efforts en vue de contribuer à la croissance du Royaume de Dieu dans le coeur des personnes d’aujourd’hui. À travers le travail de la Papal Foundation, vous contribuez à poursuivre la mission d’évangélisation de l’Église, à promouvoir l’éducation et le développement intégral de nos frères et soeurs dans les pays les plus pauvres, et à soutenir les efforts missionnaires de nombreux diocèses et congrégations religieuses dans le monde entier.

Au cours de ces jours, je demande vos prières constantes pour les besoins de l’Église universelle et en particulier pour la liberté des chrétiens de proclamer l’Évangile et d’apporter sa lumière aux questions morales urgentes de notre temps. Avec une grande affection, je vous confie, ainsi que vos familles, à l’intercession affectueuse de Marie, Mère de l’Église, et je vous donne de tout coeur ma Bénédiction apostolique en signe de joie et de paix dans le Seigneur ressuscité.
Mai 2012


VISITE À L'UNIVERSITÉ CATHOLIQUE DU SACRÉ-COEUR,

À L'OCCASION DU 50e ANNIVERSAIRE DE L'INSTITUTION

DE LA FACULTÉ DE MÉDECINE ET CHIRURGIE "AGOSTINO GEMELLI"

DISCOURS

Jeudi 3 mai 2012

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Messieurs les cardinaux, vénérés frères dans l’épiscopat et dans le sacerdoce,
Monsieur le président de la chambre des députés et Messieurs les ministres, illustre pro-recteur, autorités, professeurs, médecins, personnel médical et universitaire, chers étudiants et chers patients !

1427 C’est avec une joie particulière que je vous rencontre aujourd’hui pour célébrer les 50 ans de fondation de la faculté de médecine et de chirurgie de la polyclinique « Agostino Gemelli ». Je remercie le président de l’institut Toniolo, le cardinal Angelo Scola et le pro-recteur, le professeur Franco Anelli, pour les paroles courtoises qu’ils m’ont adressées. Je salue Monsieur le président de la chambre des députés, M. Gianfranco Fini, les ministres, MM. Lorenzo Ornaghi et Renato Balduzzi, les nombreuses autorités ainsi que les professeurs, les médecins, le personnel et les étudiants de la polyclinique et de l’Université catholique. Je vous adresse une pensée particulière, chers patients.

En cette circonstance, je voudrais vous offrir quelques réflexions. En cette époque qui est la nôtre, les sciences expérimentales ont transformé la vision du monde et la compréhension que l’homme a de lui-même. Les multiples découvertes, les technologies innovatrices qui se succèdent à un rythme rapide, sont autant de motifs d’orgueil justifié, mais souvent, elles ne sont pas dénuées d’aspects inquiétants. En effet, sur la toile de fond de l’optimisme diffus du savoir scientifique se projette l’ombre d’une crise de la pensée. Riche de moyens, mais pas autant de fins, l’homme de notre temps vit souvent conditionné par le réductionnisme et le relativisme, qui conduisent à perdre la signification des choses ; presque aveuglé par l’efficacité technique, il oublie l’horizon fondamental de la question du sens, privant ainsi de son importance la dimension transcendante. Sur cette toile de fonds, la pensée devient faible et fait place à un appauvrissement éthique accru, qui obscurcit les références et les normes de valeurs. Ce qui a été une racine européenne féconde de culture et de progrès semble oubliée. En elle, la recherche de l’absolu — le quaerere Deum — comprenait l’exigence d’approfondir les sciences profanes, le monde du savoir tout entier (cf. Discours au Collège des Bernardins de Paris, 12 septembre 2008). En effet, la recherche scientifique et la question du sens, bien qu'ayant chacune une physionomie épistémologique et méthodologique spécifique, jaillissent d'une unique source, le Logos qui préside à l'oeuvre de la création et qui guide l'intelligence de l'histoire. Une mentalité fondamentalement technopratique engendre un déséquilibre dangereux entre ce qui est techniquement possible et ce qui est moralement bon, avec des conséquences imprévisibles.

Il est important, alors, que la culture redécouvre la vigueur de la signification et le dynamisme de la transcendance, en un mot, qu'elle ouvre de façon décidée l'horizon du quaerere Deum. La célèbre phrase de saint Augustin vient à l’esprit : « Tu nous as faits pour Toi, Seigneur, et notre coeur est sans repos tant qu’il ne repose en Toi » (Confessions, i, 1). On peut dire que la même impulsion à la recherche scientifique jaillit de la nostalgie de Dieu qui habite le coeur humain: au fond, l’homme de science tend, même inconsciemment, à atteindre cette vérité qui peut donner un sens à la vie. Mais si passionnée et tenace qu’elle soit, la recherche humaine n’est pas capable par ses propres forces d’aboutir à un lieu sûr, car « l’homme n’est pas en mesure d’éclaircir complètement l’étrange pénombre qui enveloppe la question des réalités éternelles… Dieu doit prendre l’initiative de venir à la rencontre de l’homme et de s’adresser à lui » (J. Ratzinger, L’Europe de Benoît dans la crise des cultures). Pour redonner à la raison sa dimension originelle et intégrale, il faut alors redécouvrir le lieu d’origine que la recherche scientifique partage avec la recherche de foi, fides quaerens intellectum, selon l’intuition de saint Anselme. Science et foi possèdent une réciprocité féconde, presque une exigence complémentaire de l’intelligence du réel. Mais, paradoxalement, c’est précisément la culture positiviste, en excluant du débat scientifique la question sur Dieu, qui détermine le déclin de la pensée et l’affaiblissement de la capacité de com-préhension du réel. Mais le quaerere Deum de l’homme se perdrait dans un dédale de voies si ne s’ouvrait pas à lui un chemin d’illumination et d’orientation certaine, qui est celui de Dieu lui-même qui se fait proche de l’homme, à travers un amour immense : « En Jésus Christ, Dieu ne parle pas seulement à l'homme mais il le recherche... C'est une recherche qui naît au coeur même de Dieu et qui a son point culminant dans l'Incarnation du Verbe » (Jean-Paul II, Tertio millennio adveniente,
TMA 7).

Religion du Logos, le christianisme ne relègue pas la foi au domaine de l’irrationnel, mais attribue l’origine et le sens de la réalité à la Raison créatrice, qui, dans le Dieu crucifié, s’est manifestée comme amour et qui invite à parcourir la voie du quaerere Deum : « Je suis le chemin, la vérité, la vie ». Saint Thomas d’Aquin commente : « Le terme de ce chemin est la fin du désir humain. Or, l’homme désire avant tout deux choses: premièrement, la connaissance de la vérité, ce qui lui est propre ; en second lieu, la conservation de son être, ce qui est commun à toutes les réalités. Le Christ se trouve dans l’une et dans l’autre... Si donc tu cherches par où passer, accueille le Christ, parce qu’il est lui-même le Chemin » (Commentaire sur saint Jean, chap. 14, lectio 2). L’Évangile de la vie illumine alors le chemin difficile de l’homme, et devant la tentation de l’autonomie absolue, il rappelle que « la vie de l’homme vient de Dieu, c’est son don, son image et son empreinte, la participation à son souffle vital » (Jean-Paul II, Evangelium vitae EV 39). Et c’est précisément en parcourant le sentier de la foi que l’homme peut entrevoir dans les réalités mêmes de la souffrance et de la mort qui traversent son existence, une possibilité authentique de bien et de vie. Dans la croix du Christ, il reconnaît l’Arbre de la vie, révélation de l’amour passionné de Dieu pour l’homme. Le soin des personnes qui souffrent est alors une rencontre quotidienne avec le visage du Christ, et le dévouement de l’intelligence et du coeur devient un signe de miséricorde de Dieu et de sa victoire sur la mort.

Vécue dans son intégralité, la recherche est illuminée par la science et la foi et tire de ces deux « ailes » une impulsion et un élan, sans jamais perdre la juste humilité, le sens de ses limites. De cette façon, la recherche de Dieu devient féconde pour l’intelligence, ferment de culture, promotrice d’un véritable humanisme, une recherche qui ne se limite pas à la surface. Chers amis, laissez-vous toujours guider par la sagesse qui vient d’En-haut, par un savoir illuminé par la foi, en rappelant que la sagesse exige la passion et l’effort de la recherche.

C’est là que s’inscrit le devoir irremplaçable de l’Université catholique, lieu où la relation éducative est placée au service de la personne dans l’édification d’une compétence scientifique qualifiée, enracinée dans un patrimoine de savoirs que la succession des générations a distillé en une sagesse de vie; un lieu où la relation de soin n’est pas un métier, mais une mission; où la charité du Bon Samaritain est la première chaire et le visage de l’homme souffrant le Visage même du Christ: « C’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25,40). L’Université catholique du Sacré-Coeur, dans le travail quotidien de recherche, d’enseignement et d’étude, vit dans cette traditio qui exprime son potentiel d’innovation: aucun progrès, encore moins sur le plan culturel, ne se nourrit de simple répétition, mais exige un commencement toujours nouveau. Il exige en outre la disponibilité à la confrontation et au dialogue qui ouvre l’intelligence et témoigne de la riche fécondité du patrimoine de la foi. On donne ainsi forme à une personnalité solidement structurée, dans laquelle l’identité chrétienne pénètre le vécu quotidien et s’exprime de l’intérieur par un professionnalisme qui atteint un niveau d’excellence.

L’Université catholique, qui possède avec le siège de Rome un rapport particulier, est appelée aujourd’hui à être une institution exemplaire qui ne réduit pas l’apprentissage à la fonctionnalité d’un résultat économique, mais qui étend son horizon à des projets pour lesquels le don de l’intelligence exploite et développe les dons du monde créé, en dépassant une vision uniquement productiviste et utilitariste de l’existence, car « l’être humain est fait pour le don ; c’est le don qui exprime et réalise sa dimension de transcendance » (Caritas in veritate, ). C’est précisément cette alliance de recherche scientifique et de service inconditionnel à la vie qui définit l’identité catholique de la faculté de médecine et de chirurgie « Agostino Gemelli », car la perspective de la foi est intérieure — ni superposée ni juxtaposée — à la recherche profonde et tenace du savoir.

Une faculté catholique de médecine est un lieu où l’humanisme transcendant n’est pas un slogan rhétorique, mais une règle vécue de dévouement quotidien. En rêvant d’une faculté de médecine et de chirurgie véritablement catholique, le père Gemelli — et avec lui tant d’autres, comme le professeur Brasca — reportait au centre de l’attention la personne humaine dans sa fragilité et dans sa grandeur, avec les ressources toujours nouvelles d’une recherche passionnée et une conscience non moins importante de la limite et du mystère de la vie. C’est pourquoi vous avez voulu instituer un nouveau centre universitaire pour la vie, qui soutienne d’autres réalités déjà existantes comme, par exemple, l’Institut scientifique international Paul VI. J’encourage donc l’attention à la vie à toutes ses étapes.

Je voudrais à présent m’adresser en particulier à tous les patients présents ici, au « Gemelli », les assurer de ma prière et de mon affection et leur dire qu’ils seront toujours suivis avec amour ici, car dans leur visage se reflète celui du Christ souffrant.

C’est précisément l’amour de Dieu, qui resplendit dans le Christ, qui rend le regard de la recherche aigu et pénétrant, et qui saisit ce qu’aucune analyse n’est en mesure de saisir. Le bienheureux Giuseppe Toniolo le savait bien, en affirmant que la nature de l’homme est de lire l’image de Dieu amour dans les autres et son empreinte dans la création. Sans amour, même la science perd sa noblesse. Seul l’amour garantit l’humanité de la recherche. Merci de votre attention.


Discours 2005-2013 1419