Discours 2005-2013 1427

PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE DES AMBASSADEURS DE:

ÉTHIOPIE, MALAISIE, IRLANDE, FIDJI, ARMÉNIE Salle Clémentine Vendredi 4 mai 2012

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Madame et Messieurs les Ambassadeurs,

C’est avec joie que je vous reçois ce matin pour la présentation des Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeurs extraordinaires et plénipotentiaires de vos pays respectifs auprès du Saint-Siège : la République fédérale démocratique d’Éthiopie, la Malaisie, l’Irlande, la République de Fidji et l’Arménie. Vous venez de m’adresser des paroles aimables de la part de vos Chefs d’État et je vous en remercie. Je vous saurais gré de leur transmettre en retour mes salutations déférentes et mes voeux respectueux pour leurs personnes et pour la haute mission qu’ils accomplissent au service de leur pays et de leur peuple. Je désire également saluer par votre intermédiaire toutes les Autorités civiles et religieuses de vos Nations ainsi que l’ensemble de vos compatriotes. Mes pensées se tournent aussi naturellement vers les communautés catholiques présentes dans vos pays, pour les assurer de ma prière.

Le développement des moyens de communication a rendu notre planète, d’une certaine manière, plus petite. La capacité de connaître presqu’immédiatement les événements qui se déroulent dans le monde entier, comme les besoins des peuples et des personnes, est un appel pressant à leur être proches dans leurs joies comme dans leurs difficultés. Le constat de la grande souffrance provoquée dans le monde par la pauvreté et la misère aussi bien matérielles que spirituelles invite à une nouvelle mobilisation pour faire face, dans la justice et la solidarité, à tout ce qui menace l’homme, la société et son environnement.

L’exode vers les villes, les conflits armés, les famines et les pandémies, qui touchent tant de populations, développent de façon dramatique la pauvreté qui revêt aujourd’hui de nouvelles formes. La crise économique mondiale conduit des familles de plus en plus nombreuses à une précarité croissante. Alors que la création et la multiplication des besoins a fait croire à la possibilité illimitée de jouissance et de consommation, faute des moyens nécessaires à leur satisfaction, des sentiments de frustration sont apparus. La solitude due à l’exclusion a augmenté. Et quand la misère coexiste avec la très grande richesse, naît une impression d’injustice qui peut devenir source de révoltes. Il convient donc que les États veillent à ce que les lois sociales n’accroissent pas les inégalités et permettent à chacun de vivre de façon décente.

Pour cela, considérer les personnes à aider avant le manque à combler, c’est leur rendre un rôle d’acteur social, et leur permettre de prendre en main leur avenir, pour occuper à leur mesure une place dans la société. Car, « l’homme vaut plus par ce qu’il est que par ce qu’il a » (Conc. Vat. II, Gaudium et spes
GS 35). Le développement auquel toute nation aspire doit concerner chaque personne dans son intégralité, et non la seule croissance économique. Cette conviction doit devenir une volonté efficace d’action. Des expériences telles que le microcrédit, et des initiatives pour créer des partenariats équitables, montrent qu’il est possible d’harmoniser des objectifs économiques avec le lien social, la gestion démocratique et le respect de la nature. Il est bon aussi, par exemple, et en leur redonnant des lettres de noblesse, de promouvoir le travail manuel et de favoriser une agriculture qui soit tout d’abord au service des habitants. Là peut se trouver une aide véritable qui, mise en oeuvre au plan local, national et international, prend en compte l’unicité, la valeur et le bien intégral de chaque personne. La qualité des relations humaines et le partage des ressources sont à la base de la société, en permettant à chacun d’y avoir sa place et d’y vivre dignement conformément à ses aspirations.

Pour renforcer l’assise humaine de la réalité socio-politique, il faut être attentif à une autre sorte de misère : celle de la perte de référence à des valeurs spirituelles, à Dieu. Ce vide rend plus difficile le discernement du bien et du mal ainsi que le dépassement des intérêts personnels en vue du bien commun. Il rend aisé l’adhésion à des courants d’idées à la mode, en évitant l’effort nécessaire de réflexion et de critique. Et bien des jeunes en quête d’idéal, se tournent vers des paradis artificiels qui les détruisent. Addictions, consumérisme et matérialisme, bien-être ne comblent pas le coeur de l’homme fait pour l’infini. Car la plus grande pauvreté est le manque d’amour. Dans la détresse, la compassion et l’écoute désintéressée sont un réconfort. Même dépourvu de grandes ressources matérielles, il est possible d’être heureux. Vivre simplement en harmonie avec ce à quoi l’on croit, doit demeurer possible, et le devenir toujours plus. J’encourage tous les efforts entrepris, particulièrement auprès des familles. Par ailleurs, l’éducation doit éveiller à la dimension spirituelle car « l’être humain se développe quand il grandit dans l’esprit » (Caritas in veritate ). Une telle éducation permet de tisser et de fortifier des liens plus authentiques car elle ouvre vers une société plus fraternelle qu’elle contribue à construire.

Les États ont le devoir de valoriser leur patrimoine culturel et religieux qui contribue au rayonnement d’une nation, et d’en faciliter l’accès à tous, car en se familiarisant avec l’histoire, chacun est amené à découvrir les racines de sa propre existence. La religion permet de reconnaître en l’autre un frère en humanité. Laisser à quiconque la possibilité de connaître Dieu, et cela en pleine liberté, c’est l’aider à se forger une personnalité forte intérieurement qui le rendra capable de témoigner du bien et de l’accomplir quand bien même cela lui coûterait. « L’ouverture à Dieu entraine l’ouverture aux frères et à une vie comprise comme une mission solidaire et joyeuse » (Caritas in veritate ). Ainsi pourra s’édifier une société où la sobriété et la fraternité vécues feront reculer la misère, et prendront le pas sur l’indifférence et l’égoïsme, sur le profit et sur le gaspillage, et surtout sur l’exclusion.

Alors que vous débutez votre mission auprès du Saint-Siège, je tiens à vous assurer, Excellences, que vous trouverez toujours auprès de mes collaborateurs une attention courtoise et l’aide dont vous pourrez avoir besoin. Sur vous-mêmes, sur vos familles, sur les membres de vos Missions diplomatiques et sur toutes les nations que vous représentez, j’invoque l’abondance des Bénédictions divines.

AUX MEMBRES DE LA CONFÉRENCE DES ÉVÊQUES CATHOLIQUES

DES ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (RÉGION XIII), EN VISITE « AD LIMINA APOSTOLORUM » Samedi 5 mai 2012



Chers frères dans l’épiscopat,

1429 Je vous salue tous avec affection dans le Seigneur et je vous offre mes meilleurs voeux dans la prière pour un pèlerinage ad limina Apostolorum riche de grâce. Au cours de nos rencontres, j’ai réfléchi avec vous et avec vos frères dans l’épiscopat sur les défis intellectuels et culturels de la nouvelle évangélisation dans le contexte de la société américaine contemporaine. A l’occasion de ce discours, je désire aborder la question de l’éducation religieuse et de la formation dans la foi de la prochaine génération de catholiques dans votre pays.

Avant toute chose, je voudrais exprimer mon appréciation pour les grands progrès qui ont été accomplis ces dernières années pour améliorer la catéchèse, revoir les textes et les rendre conformes au Catéchisme de l’Eglise catholique. Des efforts importants ont également été réalisés pour préserver le grand patrimoine des écoles catholiques élémentaires et supérieures américaines, qui ont été profondément affectées par les changements démographiques et par les augmentations des coûts, tout en assurant dans le même temps que l’éducation qu’elles offrent demeure accessible à toutes les familles, quelle que soit leur situation financière. Comme nous l’avons souvent mentionné au cours de nos rencontres, ces écoles demeurent une ressource essentielle pour la nouvelle évangélisation, et la contribution importante qu’elles offrent à la société américaine tout entière devrait être plus appréciée et plus généreusement défendue.

Au niveau de l’éducation supérieure, un grand nombre d’entre vous ont souligné une reconnaissance croissante, de la part des collèges et universités catholiques, du besoin de réaffirmer leur identité spécifique dans la fidélité à leurs idéaux fondateurs et à la mission de l’Eglise au service de l’Evangile. Toutefois, il reste encore beaucoup à faire, en particulier dans les domaines fondamentaux comme la conformité au mandat établi dans le canon 812 pour les enseignants de disciplines théologiques. L’importance de cette norme canonique comme expression tangible de la communion ecclésiale et de la solidarité dans l’apostolat éducatif de l’Eglise devient encore plus évidente si nous considérons la confusion suscitée par les cas d’apparent désaccord entre certains représentants des institutions catholiques et la direction pastorale de l’Eglise: de tels désaccords nuisent au témoignage de l’Eglise et l’expérience nous a montré qu’ils peuvent être facilement exploités pour compromettre son autorité et sa liberté.

Il n’est pas exagéré de dire que fournir aux jeunes une solide éducation dans la foi représente le défi interne le plus urgent que doit affronter la communauté catholique dans votre pays. Le dépôt de la foi est un trésor inestimable que chaque génération doit transmettre à la suivante en ralliant les coeurs à Jésus Christ et en formant les esprits dans la connaissance, la compréhension et l’amour de son Eglise. Il est gratifiant de réaliser qu’à notre époque également, la vision chrétienne, présentée dans toute son étendue et intégrité, se révèle extrêmement séduisante pour l’imagination, les idéaux et les aspirations des jeunes, qui ont le droit de connaître la foi dans toute sa beauté, sa richesse intellectuelle et ses exigences radicales.

Je voudrais ici simplement suggérer plusieurs points qui, j’en suis certain, seront utiles pour votre discernement dans la réponse à apporter à ce défi.

Tout d’abord, comme nous le savons, la tâche essentielle d’une éducation authentique à tous les niveaux ne consiste pas simplement à transmettre des connaissances, aussi essentielles soient-elles, mais également à former les coeurs. Il existe un besoin constant d’équilibrer la rigueur intellectuelle dans la façon de communiquer de façon efficace, attrayante et intégrale la richesse de la foi de l’Eglise et la formation des jeunes dans l’amour de Dieu, dans la pratique de la morale chrétienne et la vie sacramentelle, et, de façon importante, dans la prière personnelle et liturgique.

Il s’ensuit que la question de l’identité catholique, surtout au niveau universitaire, comporte beaucoup plus que l’enseignement de la religion ou la simple présence d’une aumônerie sur les campus. Trop souvent, il semble que les écoles catholiques et les collèges n’aient pas réussi à proposer aux étudiants le défi de se réapproprier de leur foi comme une partie des découvertes intellectuelles stimulantes qui caractérisent l’expérience de l’éducation supérieure. Le fait que tant de nouveaux étudiants soient séparés de leur famille, de l’école et des systèmes de soutien communautaires qui facilitaient autrefois la transmission de la foi, devrait constamment encourager les institutions d’enseignement catholique à créer des réseaux de soutien nouveaux et efficaces. Dans chaque aspect de leur éducation, les étudiants ont besoin d’être encouragés à développer une vision de l’harmonie entre la foi et la raison capable de guider tout au long de leur vie la poursuite de la connaissance et de la vertu. Comme toujours, un rôle essentiel dans ce processus revient aux enseignants qui inspirent les autres par leur amour manifeste du Christ, leur témoignage de profonde dévotion et leur engagement à la sapientia Christiana qui intègre la foi et la vie, la passion intellectuelle et le respect de la splendeur de la vérité, autant humaine que divine.

En effet, la foi, par sa nature même, exige une conversion constante et intégrale à la plénitude de la vérité révélée dans le Christ. C’est Lui le Logos créateur, dans lequel toutes les choses ont été faites et dans lequel «tout subsiste» (
Col 1,17); il est le nouvel Adam qui révèle la vérité ultime sur l’homme et sur le monde dans lequel nous vivons. A une époque de grands changements culturels et de transformations sociales semblable à la nôtre, Augustin a indiqué le lien intrinsèque entre la foi et l’entreprise intellectuelle humaine en ayant recours à Platon, qui affirmait, selon lui, qu’«aimer la sagesse signifie aimer Dieu» (cf. De Civitate Dei, VIII, 8). L’engagement chrétien en faveur de l’enseignement, qui a donné naissance aux universités médiévales, était fondé sur cette conviction que le Dieu unique, en tant que source de toute vérité et bonté, est également la source du désir passionné de savoir, propre à l’esprit, et de l’aspiration à l’accomplissement dans l’amour de la volonté.

Ce n’est qu’à cette lumière que nous pouvons apprécier la contribution spécifique de l’éducation catholique, qui engage dans une «diakonia de vérité» inspirée par une charité intellectuelle qui sait que conduire les autres à la vérité est en fin de compte un acte d’amour (cf. Discours aux éducateurs catholiques, Washington, 17 avril 2008). La reconnaissance, de la part de la foi, de cette unité fondamentale de toute la connaissance constitue un rempart contre l’aliénation et la fragmentation qui ont lieu lorsque l’utilisation de la raison est détachée de la poursuite de la vérité et de la vertu; dans ce sens, les institutions catholiques ont un rôle spécifique à jouer pour aider à surmonter la crise des universités aujourd’hui. Profondément enraciné dans cette vision de la relation intrinsèque entre foi, raison et la poursuite de l’excellence humaine, tout intellectuel chrétien et toutes les institutions éducatives de l’Eglise doivent être convaincus, et désireux d’en convaincre d’autres qu’aucun aspect de la réalité ne demeure étranger ou épargné par le mystère de la rédemption et la domination du Seigneur ressuscité sur toute la création.

Au cours de ma visite pastorale aux Etats-Unis, j’ai évoqué le besoin pour l’Eglise qui est en Amérique de cultiver «une façon de penser, une culture intellectuelle qui soit authentiquement catholique» (cf. Homélie au Nationals Park Stadium de Washington, 17 avril 2008). Relever ce défi comporte certainement un renouveau de l’apologétique et un accent placé sur la spécificité catholique; mais en ultime analyse, il doit viser à proclamer la vérité libératrice du Christ et encourager davantage de dialogue et de coopération dans l’édification d’une société toujours plus solidement enracinée dans un humanisme authentique inspiré par l’Evangile et fidèle aux plus hautes valeurs de l’héritage civil et culturel américain. A l’époque actuelle de l’histoire de votre nation, il s’agit d’un défi et d’une opportunité qui attendent la communauté catholique tout entière, et que les institutions éducatives de l’Eglise devraient être les premières à reconnaître et à relever.

En concluant ces brèves réflexions, je désire exprimer une fois de plus ma gratitude, ainsi que celle de toute l’Eglise, pour l’engagement généreux, souvent accompagné par le sacrifice personnel, manifesté par de si nombreux enseignants et administrateurs qui oeuvrent dans le vaste réseau des écoles catholiques dans votre pays. A vous, chers frères, et à tous les fidèles confiés à vos soins pastoraux, je donne cordialement ma Bénédiction apostolique en signe de sagesse, de joie et de paix dans le Seigneur ressuscité.


AUX NOUVELLES RECRUES DE LA GARDE SUISSE PONTIFICALE, AVEC LEURS FAMILLES, À L'OCCASION DE LA CÉRÉMONIE D'ASSERMENTATION Salle Clémentine Lundi 7 mai 2012

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Monsieur le commandant,
Mgr l’aumônier,
Messieurs les officiers et membres de la Garde suisse pontificale,
illustres invités,
chers frères et soeurs!

Je désire tous vous saluer de tout coeur. Je souhaite en particulier la bienvenue aux recrues, qui sont aujourd’hui entourées de leurs parents, familles et amis; ainsi qu’aux représentants des autorités suisses, venus en cette heureuse circonstance. Chers gardes, vous avez le privilège de travailler pendant quelques années au coeur de la chrétienté et de vivre dans la «Ville éternelle». Vos familles, et tous ceux qui ont voulu partager avec vous ces jours de fête, ont associé leur participation à la cérémonie de prestation de serment à un pèlerinage aux Tombes des Apôtres. Je souhaite à tous de faire ici à Rome l’expérience particulière de l’universalité de l’Eglise, de fortifier et d’approfondir la foi, en particulier dans les moments de prière et au cours des rencontres qui caractérisent ces journées.

Les fonctions qu’accomplit la Garde suisse constituent un service direct au Souverain Pontife et au Siège apostolique. Le fait que des jeunes choisissent de consacrer quelques années de leur vie dans une disponibilité totale au Successeur de Pierre et à ses collaborateurs est donc un motif de profonde satisfaction. Votre travail se situe dans le sillage d’une fidélité indiscutable au Pape, qui est devenue héroïque à l’occasion du Sac de Rome de 1527 lorsque, le 6 mai, vos prédécesseurs offrirent leur vie en sacrifice. Le service particulier à la Garde suisse ne pouvait alors pas et ne peut pas non plus se réaliser aujourd’hui sans les caractéristiques qui distinguent tous les membres du Corps: fermeté dans la foi catholique, fidélité et amour envers l’Eglise de Jésus Christ, diligence et persévérance dans les devoirs quotidiens grands et petits, courage et humilité, altruisme et disponibilité. Votre coeur doit être empli de ces vertus lorsque vous prêtez votre service d’honneur et de sécurité au Vatican.

Soyez attentifs les uns aux autres, pour vous soutenir dans le travail quotidien et pour vous édifier réciproquement, et conservez le style de charité évangélique à l’égard des personnes que vous rencontrez chaque jour. Dans la Sainte Ecriture, l’appel à l’amour du prochain est lié au commandement d’aimer Dieu de tout son coeur, de toute son âme et de toutes ses forces (cf.
Mc 12,29-31). Pour donner de l’amour aux frères, il est nécessaire de le puiser à la fournaise de la charité divine, grâce à des moments prolongés de prière, à l’écoute constante de la Parole de Dieu, et à une existence toute centrée sur le mystère de l’Eucharistie.

Le secret de l’efficacité de votre travail ici au Vatican, comme aussi de chacun de vos projets est, par conséquent, la référence constante au Christ. C’est là le témoignage de nombre de vos prédécesseurs qui se sont distingués, non seulement dans l’accomplissement de leur travail, mais aussi dans leur engagement dans la vie chrétienne. Certains ont été appelés à suivre le Seigneur dans la voie du sacerdoce ou de la vie consacrée, et ont répondu avec promptitude et enthousiasme. D’autres, par contre, ont couronné heureusement leur vocation conjugale par le sacrement du mariage. Je rends grâce à Dieu, source de tout bien, pour les divers dons et les missions variées qu’Il vous confie, et je prie pour que vous aussi, qui commencez votre service, vous puissiez répondre pleinement à l’appel du Christ en le suivant avec une fidèle générosité.

1431 Chers amis! Profitez du temps que vous passez ici, à Rome, pour croître dans l’amitié avec le Christ, pour aimer toujours plus l’Eglise et pour marcher vers le but de toute véritable vie chrétienne: la sainteté.

Que la Vierge Marie, que nous honorons de façon particulière au mois de mai, vous aide à faire l’expérience toujours plus chaque jour de la communion profonde avec Dieu qui pour nous, croyants, commence sur terre et sera complétée au Ciel. Nous sommes en effet appelés, comme le rappelle saint Paul, à être «concitoyens des saints,... de la maison de Dieu» (
Ep 2,19). Avec ces sentiments, je vous assure de mon souvenir constant dans la prière et je donne de tout coeur à chacun de vous la Bénédiction apostolique.


À UNE DÉLÉGATION DU CONGRÈS JUIF LATINO-AMÉRICAIN Salle des Papes Jeudi 10 mai 2012

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Chers amis juifs,

Je suis très heureux de souhaiter la bienvenue à cette délégation du Congrès juif latino-américain. Notre rencontre est particulièrement significative, car vous êtes le premier groupe qui représente des organisations et des communautés juives en Amérique latine que je rencontre ici, au Vatican. Dans toute l’Amérique latine, et en particulier en Argentine et au Brésil, se trouvent des communautés juives dynamiques, qui vivent avec une grande majorité de catholiques. A partir des années du Concile Vatican ii, les relations entre juifs et catholiques se sont renforcées également dans votre région, et différentes initiatives ont lieu qui continuent à approfondir l’amitié réciproque.

Comme vous le savez, au mois d’octobre prochain sera célébré le cinquantième anniversaire du début du Concile Vatican II, dont la Déclaration Nostra Aetate continue à être le fondement et le guide de nos efforts pour promouvoir une compréhension, un respect et une coopération plus grands entre nos deux communautés. Cette Déclaration prit non seulement nettement position contre toute forme d’antisémitisme, mais elle jeta également les bases d’une nouvelle valorisation théologique de la relation de l’Eglise avec le judaïsme, et elle montra sa confiance dans le fait que l’appréciation de l’héritage spirituel partagé par les juifs et les chrétiens aurait porté à une compréhension et à une estime réciproques toujours plus grandes (n. 4).

En considérant les progrès, accomplis au cours des cinquante dernières années de relations juives-catholiques dans le monde entier, nous ne pouvons manquer de rendre grâce au Tout Puissant pour ce signe évident de sa bonté et de sa providence. Grâce au développement de la confiance, du respect et de la bonne volonté, des groupes qui, au début, entretenaient des relations empreintes d’une certaine méfiance, sont peu à peu devenus des interlocuteurs confiants et des amis, de bons amis même, capables de faire face ensemble à la crise et de surmonter les conflits de manières positive. Bien sûr, il reste encore beaucoup à accomplir pour surmonter les obstacles du passé, pour promouvoir de meilleures relations entre nos deux communautés, et répondre aux défis que les croyants affrontent toujours plus dans le monde actuel. Toutefois, le fait que nous soyons engagés à parcourir ensemble le chemin du dialogue, de la réconciliation et de la coopération, constitue un motif d’action de grâce.

Chers amis, dans un monde toujours plus menacé par la perte des valeurs spirituelles et morales, qui sont celles qui peuvent garantir le respect de la dignité humaine et la paix durable, un dialogue sincère et respectueux entre les religions et les cultures est fondamental pour l’avenir de notre famille humaine. Je nourris l’espérance que cette visite d’aujourd’hui soit une source d’encouragement et de confiance renouvelée au moment d’affronter le défi de construire des liens d’amitié et de collaboration toujours plus forts, et de rendre un témoignage prophétique de la force de la vérité de Dieu, de la justice et de l’amour réconciliateur, pour le bien de toute l’humanité.

Chers amis, avec ces sentiments, je demande au trois fois Saint de vous bénir, ainsi que vos familles, à travers d’abondants dons spirituels et de guider vos pas le long du chemin de la paix.


À LA COMMUNAUTÉ DU COLLÈGE PONTIFICAL ESPAGNOL SAINT-JOSEPH DE ROME Salle Clémentine Jeudi 10 mai 2012

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Messieurs les cardinaux,
vénérés frères dans l’épiscopat,
cher Monsieur le recteur, supérieurs, religieuses, étudiants du Collège pontifical espagnol Saint-Joseph de Rome

C’est pour moi une grande joie de vous recevoir à l’occasion de la commémoration des cinquante ans du siège actuel du Collège pontifical espagnol Saint-Joseph, et précisément en la mémoire liturgique de saint Jean d’Avila, patron du clergé séculier espagnol, que je déclarerai bientôt Docteur de l’Eglise universelle. Je salue monsieur le cardinal Antonio María Rouco Varela, archevêque de Madrid et président de la Conférence épiscopale espagnole, que je remercie pour ses paroles cordiales, tout comme je remercie aussi les archevêques membres du «Patronato», Monsieur le recteur, les formateurs, les religieuses et vous, chers étudiants.

Cet anniversaire marque une étape importante sur l’itinéraire déjà long de ce couvent, qui débuta à la fin du XIXe siècle lorsque le bienheureux Manuel Domingo y Sol, fondateur de la fraternité des prêtres ouvriers diocésains, se lança dans l’aventure de créer un collège à Rome, avec la bénédiction de mon vénéré prédécesseur, Léon XIII, et suscitant l’intérêt de l’épiscopat espagnol.

Des milliers de séminaristes et de prêtres sont passés par votre collège, en servant l’Eglise qui est en Espagne avec un amour profond et en fidélité à leur mission. La formation spécifique des prêtres est toujours l’une des priorités les plus grandes de l’Eglise. Envoyés à Rome pour approfondir vos études sacerdotales, vous devez penser surtout, non tant à votre bien personnel qu’à votre service au saint peuple de Dieu, qui a besoin de pasteurs qui se consacrent au beau service de la sanctification des fidèles avec une grande préparation et compétence.

Toutefois, rappelez-vous que le prêtre renouvelle sa vie et puise la force pour son ministère dans la contemplation de la Parole divine et dans le dialogue intense avec le Seigneur. Il est conscient qu’il ne pourra pas conduire ses frères au Christ, ni le rencontrer chez les pauvres et les malades, s’il ne le découvre pas auparavant dans la prière fervente et constante. Il est nécessaire de promouvoir le contact personnel avec Celui qu’ensuite on annonce, on célèbre et on transmet. C’est là que réside le fondement de la spiritualité sacerdotale, qui va jusqu’à être un signe transparent et un témoignage vivant du Bon Pasteur. L’itinéraire de formation sacerdotale est aussi une école de communion missionnaire: avec le Successeur de Pierre, avec son propre presbyterium, et toujours au service de l’Eglise particulière et universelle.

Chers prêtres, que la vie et la doctrine du saint maître Jean d’Avila éclaire et soutienne votre séjour au Collège pontifical espagnol Saint-Joseph. Sa profonde connaissance de l’Ecriture Sainte, des saints Pères, des conciles, des sources liturgiques et de la saine théologie, avec son amour fidèle et filial pour l’Eglise, fit de lui un authentique rénovateur, à une époque difficile de l’histoire de l’Eglise. C’est précisément pour cette raison qu’il fut «un esprit clairvoyant et ardent qui, à la dénonciation des maux, à la suggestion des remèdes canoniques, a ajouté une école d’intense spiritualité» (Paul VI, Homélie au cours de la canonisation de saint Jean d’Avila, 31 mai 1970).

L’enseignement central de l’apôtre de l’Andalousie est le mystère du Christ, prêtre et bon pasteur, vécu en harmonie avec les sentiments du Seigneur, à l’imitation de saint Paul (cf.
Ph 2,5). «C’est dans ce miroir sacerdotal que doit se regarder le prêtre pour se conformer aux désirs et à la prière avec Lui» (Traité sur le sacerdoce, n. 10). Le sacerdoce requiert de manière essentielle son aide et son amitié: «Cette communication du Seigneur avec le prêtre est une relation entre amis», dit le saint (ibid., n. 9).

Animés par les vertus et par l’exemple de saint Jean d’Avila, je vous invite donc à exercer votre ministère presbytéral avec le même zèle apostolique qui le caractérisait, avec la même austérité de vie, ainsi qu’avec la même affection filiale qu’il nourrissait pour la Très Sainte Vierge Marie, Mère des prêtres.

1433 Sous le titre affectueux de «Mater clementissima» d’innombrables étudiants lui ont confié leur vocation, leurs études, leurs aspirations et leurs projets les plus nobles, tout comme leurs tristesses et leurs inquiétudes. Ne cessez jamais de l’invoquer chaque jour, ne vous lassez jamais de répéter son nom avec dévotion. Ecoutez saint Jean d’Avila, qui exhortait les prêtres à l’imiter: «Examinons-nous, pères, de la tête aux pieds, âme et corps, et nous verrons que nous sommes d’une facture semblable à la Très Ssainte Vierge Marie, qui avec ses paroles porta Dieu dans son sein... et le prêtre le porte avec les paroles de la consécration» (Sermon 1 aux prêtres). La Mère du Christ est le modèle de cet amour qui conduit à donner sa vie pour le Royaume de Dieu, sans rien attendre en retour.

Que, sous la protection de Notre Dame, la communauté du Collège pontifical espagnol de Rome puisse continuer à poursuivre ses objectifs d’approfondissement et de mise à jour des études ecclésiastiques, dans le climat de profonde communion presbytérale et de grande rigueur scientifique qui le distingue, afin de réaliser, dès à présent, l’intime fraternité demandée par le Concile Vatican II «en raison de la communauté d’ordination et de mission» (Lumen gentium
LG 28). Ainsi formera-t-on des pasteurs qui, reflétant la vie de Dieu Amour, un et trine, serviront leurs frères avec rectitude d’intentions et un dévouement total, en promouvant l’unité de l’Eglise et le bien de toute la société humaine.

Avec ces sentiments, je vous donne ma Bénédiction apostolique particulière, que j’étends avec plaisir à vos proches, à vos communautés d’origine et à tous ceux qui collaborent à votre itinéraire de formation au cours de votre séjour à Rome. Merci.

AUX DIRECTEURS NATIONAUX DES

OEUVRES PONTIFICALES MISSIONNAIRES Salle Clémentine Vendredi 11 mai 2012

Monsieur le cardinal,
vénérés frères dans l’épiscopat et le dans le sacerdoce,
chers frères et soeurs,

Je vous adresse à tous un salut cordial, en commençant par Monsieur le cardinal Fernando Filoni, préfet de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, que je remercie pour ses paroles cordiales et pour ses informations relatives à l’activité des OEuvres pontificales missionnaires. J’étends une pensée reconnaissante au secrétaire, Mgr Savio Hon Tai-Fai, au secrétaire-adjoint, Mgr Piergiuseppe Vacchelli, président des OEuvres pontificales missionnaires, aux directeurs nationaux et à tous les collaborateurs, ainsi qu’à ceux qui prêtent leur généreux service dans le dicastère. Ma pensée et la vôtre se tournent en ce moment vers le père Massimo Cenci, soudainement disparu. Que le Seigneur le récompense pour tout le travail qu’il a accompli en mission et au service du Saint-Siège.

La rencontre d’aujourd’hui se déroule dans le cadre de l’assemblée annuelle du Conseil supérieur des OEuvres pontificales missionnaires, auxquelles est confiée la coopération missionnaire de toutes les Eglises dans le monde.

L’évangélisation, qui revêt toujours un caractère d’urgence, pousse l’Eglise de notre temps à oeuvrer avec un rythme toujours plus soutenu sur les chemins du monde, pour conduire chaque homme à la connaissance du Christ. En effet, ce n’est que dans la Vérité, qui est le Christ lui-même, que l’humanité peut découvrir le sens de l’existence, trouver le salut et croître dans la justice et dans la paix. Chaque homme et chaque peuple a le droit de recevoir l’Evangile de la vérité. Dans cette perspective, votre engagement en vue de célébrer l’Année de la Foi, désormais proche, assume une importance particulière, pour renforcer l’engagement de diffuser le Royaume de Dieu et de connaître la foi chrétienne. Cela exige de la part de ceux qui ont déjà rencontré Jésus Christ «une conversion authentique et renouvelée au Seigneur» (Lettre apost. Porta fidei, n. 6). En effet, les communautés chrétiennes «ont besoin, elles aussi, d’écouter à nouveau la voix de l’Epoux qui les invite à la conversion, qui les pousse à se lancer avec audace sur des chemins nouveaux et qui les appelle à s’engager dans la grande oeuvre de la nouvelle évangélisation» (Jean-Paul II, Exhort. apost. Ecclesia in Europa, n. 23). Jésus, le Verbe incarné, est toujours le centre de l’annonce, le point de référence pour la sequela, et pour la méthodologie même de la mission évangélisatrice, car Il est le visage humain de Dieu qui veut rencontrer chaque homme et chaque femme pour les faire entrer en communion avec Lui, dans son amour. Parcourir les chemins du monde pour proclamer l’Evangile à tous les peuples de la terre et les guider vers la rencontre avec le Seigneur (cf. Lettre apost. Porta fidei, n. 7), exige alors que celui qui annonce ait une relation personnelle et quotidienne avec le Christ, qu’il le connaisse et l’aime profondément.


Discours 2005-2013 1427