Discours 2005-2013 1445


VISITE PASTORALE À L’ARCHIDIOCÈSE DE MILAN

ET VIIe RENCONTRE MONDIALE DES FAMILLES

(1-3 JUIN 2012)

CÉLÉBRATION DE L'HEURE DU MILIEU DU JOUR

HOMÉLIE Cathédrale de Milan Samedi 2 juin 2012

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Chers frères et soeurs !

Nous nous sommes recueillis en prière, en répondant à l’invitation de l’Hymne ambrosien de l’Heure Tierce : « C’est l’heure tierce. Jésus Seigneur, injurié, monte sur la croix ». C’est une claire référence à l’obéissance pleine d’amour de Jésus à la volonté du Père. Le mystère pascal a marqué le début d’un temps nouveau : la mort et la résurrection du Christ recrée l’innocence au sein de l’humanité et y fait naître la joie. En effet, l’hymne poursuit : « À partir d’ici commence l’époque du salut du Christ — Hinc iam beata tempora coepere Christi gratia ». Nous nous sommes rassemblés dans la basilique cathédrale, dans ce Dôme, qui est véritablement le coeur de Milan. D’ici la pensée s’étend au très vaste archidiocèse ambrosien qui, au cours des siècles et également à un époque récente, a donné à l’Église des hommes éminents par leur sainteté de vie et dans leur ministère, comme saint Ambroise et saint Charles, et plusieurs Papes d’une envergure peu commune, comme Pie IX et le serviteur de Dieu Paul VI, et les bienheureux cardinaux Andrea Carlo Ferrari et Alfredo Alfonso Schuster.

1446 Je suis très heureux de faire cette halte avec vous ! J’adresse une pensée affectueuse à tous et à chacun en particulier, et je voudrais la faire parvenir de manière particulière à ceux qui sont malades ou très âgés. Je salue avec une vive cordialité votre archevêque, le cardinal Angelo Scola, et je le remercie de ses aimables paroles. Je salue avec affection vos pasteurs émérites, les cardinaux Carlo Maria Martini et Dionigi Tettamanzi, avec les autres cardinaux et évêques présents.

En ce moment, nous vivons le mystère de l’Église dans son expression la plus élevée, celle de la prière liturgique. Nos lèvres, nos coeurs et nos esprits, dans la prière ecclésiale, se font les interprètes des nécessités et des aspirations de toute l’humanité. Avec les paroles du Psaume 118, nous avons supplié le Seigneur au nom de tous les hommes : « Incline mon coeur vers tes enseignements... Seigneur, que ta grâce vienne vers moi ». La prière quotidienne de la Liturgie des heures constitue une tâche essentielle du ministère ordonné dans l’Église. Également à travers l’Office divin, qui prolonge pendant la journée le mystère central de l’Eucharistie, les prêtres sont de manière particulière unis au Seigneur Jésus, qui vit et agit dans le temps. Le sacerdoce : quel don précieux ! Chers séminaristes qui vous préparez à le recevoir, apprenez à le goûter dès à présent et vivez avec engagement le temps précieux du séminaire ! Mgr Montini, au cours des ordinations de 1958, parlait précisément ainsi dans cette cathédrale : « La vie sacerdotale commence : un poème, un drame, un mystère nouveau... source de méditation perpétuelle... toujours objet de découverte et d’émerveillement ; [le sacerdoce] — dit-il — est toujours nouveauté et beauté pour qui y consacre une pensée pleine d’amour... il est la reconnaissance de l’oeuvre de Dieu en nous (Homélie pour l’ordination de 46 prêtres, 21 juin 1958).

Si le Christ, pour édifier son Église, se remet entre les mains du prêtre, celui-ci doit à son tour se confier à Lui sans réserve. L’amour pour le Seigneur Jésus est l’âme et la raison du ministère sacerdotal, de même qu’il fut la condition pour qu’il donne à Pierre la mission de paître son troupeau : « Simon... m’aimes-tu plus que ceux-ci ?... Sois le berger de mes agneaux » (
Jn 21,15). Le Concile Vatican II a rappelé que le Christ « demeure toujours la source et le principe d’unité de leur vie. Les prêtres réaliseront cette unité de vie en s’unissant au Christ dans la découverte de la volonté du Père, et dans le don d’eux-mêmes pour le troupeau qui leur est confié. Assumant ainsi le rôle du Bon Pasteur, ils trouveront dans l’exercice de la charité pastorale le lien de la perfection sacerdotale qui assure l’unité de leur vie et de leur action » (Décr. Presbyterorum ordinis PO 14). Il s’est précisément exprimé sur cette question: pendant les diverses activités, heure après heure, comment trouver l’unité de la vie, l’unité de l’état de prêtre, précisément de cette source de l’amitié profonde avec Jésus, être avec Lui de l’intérieur. Et il n’y pas d’opposition entre le bien de la personne du prêtre et sa mission. Au contraire, la charité pastorale est l’élément unifiant de la vie qui part d’une relation toujours plus intime avec le Christ dans la prière pour vivre le don total de soi pour le troupeau, de manière à ce que le peuple de Dieu croisse dans la communion avec Dieu et soit la manifestation de la communion avec la Très Sainte Trinité. Chacune de nos actions, en effet, a pour but de conduire les fidèles à l’union avec le Seigneur et à faire ainsi croître la communion ecclésiale pour le salut du monde. Ces trois choses, union personnelle avec Dieu, bien de l’Église, bien de l’humanité dans sa totalité, ne sont pas des choses distinctes ou opposées, mais une symphonie de la foi vécue.

Le célibat sacerdotal et la virginité consacrée sont un signe lumineux de cette charité pastorale et d’un coeur indivis. Dans l’Hymne de saint Ambroise, nous avons chanté : « Si en toi naît le Fils de Dieu, tu conserves la vie sans faute ». « Accueillir le Christ — Christum suscipere » est un motif qui revient souvent dans la prédication du saint évêque de Milan. Je cite un passage de son Commentaire sur saint Luc : « Celui qui accueille le Christ au coeur de sa maison est rassasié par les joies les plus grandes » (Expos. Evangelii sec. Lucam, V, 16). Le Seigneur Jésus a été le coeur, l’argument principal de sa réflexion et de sa prédication, et surtout le terme d’un amour vivant et confiant. Sans aucun doute l’amour pour Jésus vaut pour tous les chrétiens, mais il acquiert une signification particulière pour le prêtre célibataire et pour celui qui a répondu à la vocation à la vie consacrée : ce n’est qu’en Christ et toujours en lui que l’on trouve la source et le modèle pour répéter chaque jour le « oui » à la volonté de Dieu. « Par quels liens le Christ est-il retenu ? » — se demandait saint Ambroise, qui avec une intensité surprenante prêcha et cultiva la virginité dans l’Église, promouvant également la dignité de la femme. À la question citée, il répondait : « Non par des liens de corde, mais par les liens de l’amour et par l’affection de l’âme » (De virginitate, 13, 77). Et précisément dans un célèbre sermon aux vierges, il dit : « Le Christ est tout pour nous : si tu désires guérir tes blessures, il est le médecin ; si tu es angoissé par la brûlure de la fièvre, il est la source ; si tu es opprimé par la faute, il est la puissance ; si tu as peur de la mort, il est la vie ; si tu désires le paradis, il est le chemin ; si tu fuis les ténèbres, il est la lumière ; si tu es à la recherche de nourriture, il est la nourriture» (ibid., 16, 99).

Chers frères et soeurs consacrés, je vous remercie de votre témoignage et je vous encourage : envisagez l’avenir avec confiance ; en comptant sur la fidélité de Dieu, qui ne fera jamais défaut, et sur la puissance de sa grâce, capable de toujours accomplir de nouvelles merveilles, également en nous et avec nous. Les antiennes de la psalmodie de ce samedi nous ont conduits à contempler le mystère de la Vierge Marie. En effet, dans celle-ci nous pouvons reconnaître le « genre de vie virginale et pauvre que le Christ Seigneur choisit pour lui et que la Vierge sa Mère embrassa » (Lumen gentium LG 46), une vie en pleine obéissance à la volonté de Dieu.

L’Hymne nous a aussi rappelé les paroles de Jésus sur la Croix : « De la gloire de sa potence, Jésus parle à la Vierge : “Voici ton fils, ô femme”; “Jean, voici ta mère” ». Marie, Mère du Christ, étend et prolonge également en nous sa maternité divine, afin que le ministère de la Parole et des sacrements, la vie de contemplation et l’activité apostolique sous ses multiples formes persévèrent, sans lassitude et avec courage, au service de Dieu et pour l’édification de son Église.

En ce moment, j’ai à coeur de rendre grâce à Dieu pour la multitude de prêtres ambrosiens, de religieux et de religieuses qui ont prodigué leurs énergies au service de l’Évangile, allant parfois jusqu’au sacrifice suprême de leur vie. Certains d’entre eux ont été proposés au culte et à l’imitation des fidèles également à des époques récentes ; les bienheureux prêtres Luigi Talamoni, Luigi Biraghi, Luigi Monza, Carlo Gnocchi, Serafino Morazzone ; les bienheureux religieux Giovanni Mazzucconi, Luigi Monti et Clemente Vismara, et les religieuses Maria Anna Sala et Enrichetta Alfieri. Par leur intercession commune, nous demandons confiants au Dispensateur de tout bien de rendre toujours fécond le ministère des prêtres, de renforcer le témoignage des personnes consacrées, pour montrer au monde la beauté de se donner au Christ et à l’Église, et de renouveler les familles chrétiennes selon le dessein de Dieu, pour qu’elles soient des lieux de grâce et de sainteté, terrain fertile pour les vocations au sacerdoce et à la vie consacrée. Amen. Merci.

VISITE PASTORALE À L’ARCHIDIOCÈSE DE MILAN

ET VIIe RENCONTRE MONDIALE DES FAMILLES

(1-3 JUIN 2012)

RENCONTRE AVEC LES CONFIRMANDS

Stade « Meazza », San Siro Samedi 2 juin 2012
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1447 Chers jeunes garçons et filles,

C’est une grande joie pour moi de pouvoir vous rencontrer durant ma visite dans votre ville. Dans ce célèbre stade de football, aujourd’hui les acteurs c’est vous ! Je salue votre archevêque, le cardinal Angelo Scola, et je le remercie pour les paroles qu’il m’a adressées. Merci également à Don Samuele Marelli. Je salue votre ami qui en votre nom à tous m’a souhaité la bienvenue. Je suis heureux de saluer les vicaires épiscopaux qui, au nom de l’archevêque, vous ont administré ou vous administreront la confirmation. Un merci particulier à la fondation « Oratori Milanesi » qui a organisé cette rencontre, à vos prêtres, à tous les catéchistes, aux éducateurs, aux parrains et aux marraines, et à ceux qui, dans les communautés paroissiales, se sont faits vos compagnons de voyage et vous ont témoigné de leur foi en Jésus Christ, mort et ressuscité, et vivant.

Chers jeunes, vous vous préparez à recevoir le sacrement de la confirmation, ou l’avez déjà reçu depuis peu. Je sais que vous avez accompli un beau parcours de formation, appelé cette année « Le spectacle de l’Esprit ». Aidés par cet itinéraire, avec diverses étapes, vous avez appris à reconnaître les merveilles que l’Esprit Saint a fait et fait dans votre vie et dans tous ceux qui disent « oui » à l’Évangile de Jésus Christ. Vous avez découvert la grande valeur du baptême, le premier des sacrements, la porte d’entrée à la vie chrétienne. Vous l’avez reçu grâce à vos parents, qui avec vos parrains, en votre nom, ont professé le Credo et se sont engagés à vous éduquer dans la foi. Ceci a été pour vous — et pour moi aussi, il y a si longtemps ! — une immense grâce. À partir de ce moment, renés de l’eau et de l’Esprit Saint, vous êtes entrés dans la famille des enfants de Dieu, vous êtes devenus chrétiens, membres de l’Église.

À présent vous avez grandi, et vous pouvez dire vous-même votre « oui » personnel à Dieu, un « oui » libre et conscient. Le sacrement de la confirmation confirme le baptême et infuse en vous l’Esprit Saint avec abondance. Vous-mêmes maintenant, remplis de gratitude, avez la possibilité d’accueillir, ses grands dons qui vous aident, sur le chemin de la vie, à devenir témoins fidèles et courageux de Jésus. Les dons de l’Esprit sont des réalités magnifiques, qui vous permettent de vous former comme chrétiens, de vivre l’Évangile et d’être membres actifs de la communauté. Je rappelle brièvement ces dons, desquels parlait déjà le prophète Isaïe et puis Jésus :

— le premier don est la sagesse, qui vous fait découvrir combien le Seigneur est bon et grand, et comme son nom l’indique, rend votre vie pleine de saveur, pour que vous soyez, comme le disait Jésus, « sel de la terre » ;

— puis le don de l’intelligence, afin que vous puissiez comprendre en profondeur la Parole de Dieu et la vérité de la foi ;

— ensuite le don du conseil, qui guidera chacun de vous à la découverte du projet de Dieu sur votre vie, vie de chacun de vous ;

— le don de la force, pour vaincre les tentations du mal et faire toujours le bien, même si cela demande des sacrifices ;

— vient ensuite le don de la science, non pas la science au sens technique, comme enseignée à l’université, mais la science dans le sens plus profond, qui enseigne à trouver dans la création les signes, les traces de Dieu, à comprendre comment Dieu parle en tout temps et me parle à moi, et à animer le travail de chaque jour par l’Évangile; comprendre qu’il y a une profondeur dans les choses, et comprendre cette profondeur et ainsi donner saveur au travail, même celui qui est difficile;

— un autre don est celui de la piété, qui garde vivante en nos coeurs la flamme d’amour pour notre Père qui est aux cieux, de façon à Le prier chaque jour avec la confiance et la tendresse d’enfants aimés ; de façon aussi à ne pas oublier la réalité fondamentale du monde et de ma vie: que Dieu existe et que Dieu me connaît et attend ma réponse à son projet ;

— et finalement le septième et dernier don est la crainte de Dieu — nous avons parlé auparavant de la peur — ; crainte de Dieu ne veut pas dire peur, mais ressentir pour Lui un profond respect, le respect de la volonté de Dieu qui est le vrai dessein de ma vie et le chemin à travers lequel la vie personnelle et communautaire peut être bonne; et aujourd’hui, avec toutes les crises qui frappent le monde, nous voyons combien il est important que chacun respecte cette volonté de Dieu gravée dans nos coeurs, et en accord avec laquelle nous devons vivre; ainsi cette crainte de Dieu est désir de faire le bien, de faire la vérité, de faire la volonté de Dieu.

1448 Chers jeunes garçons et filles, toute la vie chrétienne est un chemin, c’est comme parcourir un sentier qui grimpe sur un mont — ce n’est donc pas toujours facile, mais escalader une montagne est une très belle chose — en compagnie de Jésus. Avec ces dons précieux, votre amitié avec Lui deviendra encore plus vraie et plus intime. Elle se nourrit continuellement du sacrement de l’Eucharistie, dans lequel nous recevons son Corps et son Sang. À cette fin, je vous invite à participer toujours avec joie et fidélité à la messe dominicale, quand toute la communauté se réunit pour prier, écouter la Parole de Dieu et prendre part au sacrifice eucharistique. Et approchez-vous aussi du sacrement de la pénitence, de la confession : c’est une rencontre avec Jésus qui pardonne nos péchés et nous aide à accomplir le bien. Recevoir ce don, recommencer de nouveau est un grand don dans la vie, savoir que je suis libre, que je peux recommencer, que tout est pardonné. Que ne manque pas non plus votre prière personnelle quotidienne. Apprenez à dialoguer avec le Seigneur, confiez-vous à Lui, dites-Lui vos joies et vos préoccupations, et demandez la lumière et le soutien pour votre chemin.

Chers amis, vous avez de la chance parce que dans vos paroisses il y a des aumôneries, un grand don du diocèse de Milan. L’aumônerie est un lieu où l’on prie, mais aussi où l’on se retrouve tous dans la joie de la foi, des lieux de catéchèses, où l’on joue, où l’on organise des activités de service et d’autres genres, et je dirais où l’on apprend à vivre. Fréquentez assidûment votre aumônerie, pour mûrir toujours plus dans la connaissance du Seigneur et à sa suite ! Ces sept dons du Saint Esprit grandissent justement dans cette communauté où s’exerce la vie dans la vérité, avec Dieu. En famille, obéissez à vos parents, écoutez les indications qu’ils vous donnent, pour grandir comme Jésus « en sagesse, en taille et en grâce, sous le regard de Dieu et des hommes » (
Lc 2,51-52). Enfin, ne soyez pas paresseux, soyez des jeunes engagés, en particulier dans vos études, en vue de votre vie future. C’est votre devoir quotidien et une grande opportunité que vous avez pour grandir et préparer l’avenir. Soyez disponibles et généreux envers les autres, surmontant la tentation de vous mettre vous-mêmes au centre, car l’égoïsme est l’ennemi de la vraie joie. Si vous goûtez maintenant la beauté de faire partie de la communauté de Jésus, vous pourrez vous aussi apporter votre contribution pour la faire grandir et vous saurez inviter les autres à en faire partie. Permettez-moi aussi de vous dire que le Seigneur chaque jour, y compris aujourd’hui, ici, vous appelle à de grandes choses. Soyez ouverts à ce qu’il vous suggère et s’il vous appelle à le suivre sur le chemin du sacerdoce ou de la vie consacrée, ne lui dites pas non ! Ce serait une triste erreur ! Jésus comblera votre coeur toute la vie !

Chers jeunes garçons, chères jeunes filles, je vous le dis avec force : tendez vers des idéaux élevés. Vous pouvez tous accomplir de grandes choses, pas seulement quelques-uns ! Soyez saints ! Mais est-il possible d’être saints à votre âge ? Je vous réponds : certainement ! Saint Ambroise, grand saint de votre ville, l’écrit aussi dans une de ses oeuvres : « Chaque âge est mûr pour le Christ » (De virginitate, 40). Le témoignage de nombreux saints de vos âges le démontre, comme Dominique Savio, ou Maria Goretti. La sainteté est la voie normale du chrétien. Elle n’est pas réservée à quelques élus, mais elle est ouverte à tous. Naturellement, avec la lumière et la force de l’Esprit Saint, qui ne fera pas défaut si nous étendons nos mains et ouvrons nos coeurs ! Et sous la direction de notre Mère. Qui est notre Mère ? C’est la Mère de Jésus, Marie. Jésus nous a tous confiés à elle, avant de mourir sur la croix. Que la Vierge Marie protège toujours la beauté de votre « oui » à Jésus, son Fils, le grand et fidèle Ami de votre vie. Ainsi soit-il !

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ET VIIe RENCONTRE MONDIALE DES FAMILLES

(1-3 JUIN 2012)

RENCONTRE AVEC LES AUTORITÉS

Salle du Trône de l’Archevêché de Milan Samedi 2 juin 2012
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Mesdames, Messieurs,

Je vous remercie sincèrement pour cette rencontre, qui révèle vos sentiments de respect et d’estime à l’égard du Siège apostolique et, en même temps, me permet, en qualité de pasteur de l’Église universelle, de vous exprimer mon appréciation pour l’oeuvre diligente et méritoire que vous ne cessez de promouvoir pour un bien-être civil, social et économique toujours plus grand des populations actives, milanaises et lombardes. Merci au cardinal Angelo Scola qui a introduit ce moment. En vous adressant un salut cordial et respectueux, ma pensée se tourne vers celui qui a été votre illustre prédécesseur, saint Ambroise, gouverneur — consularis — des provinces de Liguria et d’Aemilia, avec pour siège la cité impériale de Milan, carrefour et point de référence — dirait-on aujourd’hui — européen. Avant d’être élu évêque de Mediolanum, de façon inattendue et absolument contre sa volonté, car il ne pensait pas en avoir les qualités, il y avait été responsable de l’ordre public et y avait administré la justice. Les paroles avec lesquelles le préfet Probus l’invita comme consularis à Milan me semblent significatives. Il lui dit, en effet : « Allez et administrez non comme un juge, mais comme un évêque ». Et il fut effectivement un gouverneur équilibré et éclairé qui sut affronter les questions avec sagesse, bon sens et autorité, sachant dépasser les oppositions et réconcilier les divisions. Je voudrais m’arrêter brièvement sur quelques principes, qu’il suivait et qui sont encore précieux pour ceux qui sont appelés à travailler dans le domaine public.

Dans son commentaire de l’Évangile de Luc, saint Ambroise rappelle que « l’institution du pouvoir dérive si bien de Dieu, que celui qui l’exerce est lui-même ministre de Dieu » (Expositio Evangelii secundum Lucam, IV, 29). De telles paroles pourraient sembler étranges aux hommes du troisième millénaire, et pourtant elles indiquent clairement une vérité centrale sur la personne humaine, qui est le fondement solide de la coexistence sociale : aucun pouvoir de l’homme ne peut être considéré comme divin, donc aucun homme n’est maître d’un autre homme. Ambroise le rappellera courageusement à l’empereur en lui écrivant : « Toi aussi, ô auguste empereur, tu es un homme » (Epistula 51, 11).

Nous pouvons tirer un autre élément de l’enseignement de saint Ambroise. La première qualité de celui qui gouverne est la justice, vertu publique par excellence, car elle concerne le bien de la communauté entière. Pourtant elle ne suffit pas. Ambroise l’accompagne d’une autre qualité : l’amour de la liberté, qu’il considère comme un élément qui distingue les bons gouvernants des mauvais, puisque, comme on lit dans une autre de ses lettres, « les bons aiment la liberté, les mauvais aiment la servitude » (Epistula 40, 2). La liberté n’est pas le privilège de quelques-uns, mais un droit pour tous, un droit précieux que le pouvoir civil doit garantir. Cependant, liberté ne signifie pas volonté individuelle, mais implique plutôt la responsabilité de chacun. Il se trouve que c’est l’un des principaux éléments de la laïcité de l’État : assurer la liberté afin que tous puissent proposer leur vision de la vie commune, cependant toujours dans le respect de l’autre et dans le cadre des lois qui visent au bien de tous.

1449 D’autre part, dans la mesure où la conception d’un État confessionnel est dépassée, il est clair, en tous cas, que ses lois doivent trouver justification et force dans la loi naturelle, qui est le fondement d’un ordre juste pour la dignité de la personne humaine, dépassant une conception purement positiviste, dont ne peuvent dériver des indications qui seraient, d’une manière ou d’une autre, à caractère éthique (cf. Discours au parlement allemand, 22 septembre 2011). L’État est au service de la personne et il défend la personne et son « bien être » dans ses multiples aspects, à commencer par le droit à la vie, dont la suppression délibérée ne peut jamais être permise. Chacun peut alors voir que la législation et l’action des institutions étatiques doivent être en particulier au service de la famille, fondée sur le mariage et ouverte à la vie, et doivent également reconnaître le droit primaire des parents à la liberté d’éducation et de formation des enfants, selon le projet éducatif qu’ils jugent valable et pertinent. On ne rend pas justice à la famille si l’État ne soutient pas la liberté d’éducation pour le bien de la société tout entière.

Dans cette existence de l’État au service des citoyens, une collaboration constructive avec l’Église apparaît précieuse, non pas bien sûr dans la confusion des finalités et des rôles différents et distincts du pouvoir civil et de l’Église, mais pour la contribution que l’Église a apportée et qu’elle peut encore offrir à la société avec son expérience, sa doctrine, sa tradition, ses institutions et ses oeuvres, avec lesquelles elle s’est mise au service du peuple. Il suffit de penser aux foules remarquables de saints de la charité, de l’école et de la culture, de saints qui ont prodigué des soins aux malades et aux exclus, et qui les ont servis et aimés comme l’on sert et l’on aime le Seigneur. Cette tradition continue à porter ses fruits: l’activité des chrétiens lombards dans ces domaines est très forte et peut-être encore plus significative que par le passé. Les communautés chrétiennes promeuvent ces actions non pas tant par suppléance, mais plutôt en surabondance gratuite de la charité du Christ et de l’expérience totalisante de leur foi. Le temps de crise que nous traversons a besoin, en plus de choix techniques et politiques courageux, de gratuité, comme j’ai eu l’occasion de le rappeler : « La cité de l’homme n’est pas uniquement constituée par des rapports de droits et de devoirs, mais d’abord, par des relations de gratuité, de miséricorde et de communion » (Enc. Caritas in veritate ).

Nous pouvons recueillir une dernière invitation précieuse de saint Ambroise, dont la figure magistrale et éducatrice est inséparable de l’étendard de la cité de Milan. À tous ceux qui veulent collaborer au gouvernement et à l’administration publique, saint Ambroise demande qu’ils se fassent aimer. Dans son oeuvre De officiis, il affirme : « celui qui suscite l’amour, ne pourra jamais susciter la peur. Rien n’est aussi utile que de se faire aimer » (II, 29). Par ailleurs, la raison qui, à son tour, motive et stimule votre présence active et appliquée dans les divers domaines de la vie publique ne peut être que la volonté de vous consacrer au bien des citoyens, et c’est donc une expression claire et un signe évident d’amour. Ainsi, la politique est profondément ennoblie, devenant une forme élevée de la charité.

Mesdames, Messieurs ! Accueillez mes humbles considérations en signe de ma profonde estime pour les institutions que vous servez et pour votre action importante. Que vous assiste dans votre devoir la protection permanente du Ciel et que la Bénédiction apostolique que je vous donne, ainsi qu’à vos collaborateurs et à vos familles, en soit un gage et un souhait. Merci.

VISITE PASTORALE À L’ARCHIDIOCÈSE DE MILAN

ET VIIe RENCONTRE MONDIALE DES FAMILLES

(1-3 JUIN 2012)

FÊTE DES TÉMOIGNAGES

INTERVENTION Parc de Bresso Samedi 2 juin 2012

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1. CAT TIEN (fillette du Vietnam) : Ciao, Pape ! Je suis Cat Tien, je viens du Vietnam.

J’ai sept ans et je veux te présenter ma famille. Lui c’est mon papa, Dan, et ma maman s’appelle Tao, et lui c’est mon petit frère Binh.

J’aimerais beaucoup savoir quelque chose de ta famille et de quand tu étais petit comme moi…

1450 SAINT-PÈRE : Merci, ma très chère, et à tes parents : merci de tout coeur. Alors, tu as demandé quels sont mes souvenirs de ma famille : il y en aurait beaucoup ! Je voudrais dire seulement peu de chose. Le point essentiel pour la famille était pour nous toujours le dimanche, mais le dimanche commençait déjà le samedi après-midi. Le père nous faisait les lectures, les lectures du dimanche, dans un livre très répandu en ce temps là en Allemagne, où les textes étaient aussi expliqués. Ainsi commençait le dimanche : nous entrions déjà dans la liturgie, dans une atmosphère de joie. Le lendemain nous allions à la messe. J’habitais près de Salzbourg, donc nous avons eu beaucoup de musique – Mozart, Schubert, Haydn – et quand commençait le Kyrie c’était comme si le ciel s’ouvrait. Et ensuite à la maison, naturellement le grand déjeuner ensemble était important. Et puis nous avons beaucoup chanté : mon frère est un grand musicien, il a fait des compositions pour nous tous déjà quand il était enfant, ainsi toute la famille chantait. Mon papa jouait de la cithare et chantait ; ce sont des moments inoubliables. Puis, naturellement, nous avons fait ensemble des voyages, des promenades ; nous étions proches d’un bois et marcher ainsi dans les bois était quelque chose de très beau : aventures, jeux etc. En un mot, nous n’étions qu’un coeur et une âme, avec beaucoup d’expériences communes, même dans des temps très difficiles, parce que c’était le temps de la guerre, d’abord de la dictature, ensuite de la pauvreté. Mais cet amour réciproque qu’il y avait entre nous, cette joie aussi pour des choses simples était forte et ainsi on pouvait dépasser et supporter aussi ces choses. Il me semble que ceci fut très important : que de petites choses aussi ont donné de la joie, parce qu’ainsi s’exprimait le coeur de l’autre. Et ainsi nous avons grandi dans la certitude qu’il est bon d’être un homme, parce que nous voyions que la bonté de Dieu se reflétait dans les parents et dans les frères. Et, pour dire la vérité, si je cherche à imaginer un peu comment ce sera dans le Paradis, il me semble toujours être le temps de ma jeunesse, de mon enfance. Ainsi, dans ce contexte de confiance, de joie et d’amour, nous étions heureux et je pense que dans le Paradis ce devrait être semblable à ce que c’était dans ma jeunesse. En ce sens j’espère aller « à la maison », en allant vers « l’autre partie du monde ».

2. SERGE RAZAFINBONY ET FARA ANDRIANOMBONANA (Couple de fiancés de Madagascar) :

SERGE : Sainteté, nous sommes Fara et Serge, et nous venons de Madagascar. Nous nous sommes connus à Florence où nous faisons nos études, moi d’ingénieur et elle d’économie. Nous sommes fiancés depuis quatre ans et aussitôt diplômés nous pensons rentrer dans notre pays pour aider nos gens, aussi par notre profession.

FARA : Les modèles familiaux qui dominent l’Occident ne nous convainquent pas, mais nous sommes conscients qu’aussi beaucoup de traditions de notre Afrique sont en quelque sorte dépassées. Nous nous sentons faits l’un pour l’autre ; c’est pourquoi nous voulons nous épouser et construire un avenir ensemble. Nous voulons aussi que chaque aspect de notre vie soit orienté par les valeurs de l’Évangile.

Mais parlant du mariage, Sainteté, il y a une parole qui plus que toute autre nous attire et en même temps nous fait peur : le « pour toujours »…

SAINT-PÈRE : Chers amis, merci pour ce témoignage. Ma prière vous accompagne sur ce chemin des fiançailles et j’espère que vous pourrez créer, avec les valeurs de l’Évangile, une famille « pour toujours ». Vous avez indiqué divers types de mariage : nous connaissons le « mariage coutumier » de l’Afrique et le mariage occidental. En Europe aussi, pour dire la vérité, jusqu’au dix-neuvième siècle, il y avait un autre modèle de mariage dominant, comme maintenant : souvent le mariage était en réalité un contrat entre clans, où on cherchait à conserver le clan, à ouvrir l’avenir, à défendre les propriétés et cetera. On cherchait l’un pour l’autre de la part du clan, espérant qu’ils soient adaptés l’un à l’autre. C’était ainsi en partie aussi dans nos pays. Je me souviens que dans un petit village, où je suis allé à l’école, c’était encore en grande partie ainsi. Mais ensuite, depuis le dix-neuvième siècle, suit l’émancipation de l’individu, la liberté de la personne, et le mariage n’est plus basé sur la volonté des autres, mais sur le choix personnel ; le fait d’être amoureux précède, puis ce sont les fiançailles et ensuite le mariage. Dans ce temps-là tous étaient convaincus que c’était l’unique modèle juste et que l’amour en soi garantissait le « toujours », parce que l’amour est absolu, il veut tout et donc aussi la totalité du temps : il est « pour toujours ». Malheureusement, la réalité n’était pas ainsi : on voit qu’être amoureux c’est beau, mais que ce n’est pas toujours perpétuel, comme est le sentiment : il ne demeure pas pour toujours. Donc, on voit que le passage du fait d’être amoureux aux fiançailles et ensuite au mariage exige diverses décisions, expériences intérieures. Comme je l’ai dit, ce sentiment de l’amour est beau, mais il doit être purifié, il doit prendre un chemin de discernement, c’est-à-dire que la raison et la volonté doivent aussi intervenir ; raison, sentiment et volonté doivent s’unir. Dans le Rite du Mariage, l'Église ne dit pas « Es-tu amoureux ? » mais « Veux-tu », « Es-tu décidé ». C’est-à-dire : le fait d’être amoureux doit devenir un véritable amour impliquant la volonté et la raison sur un chemin, qui est celui des fiançailles, de purification, de plus grande profondeur, si bien que réellement tout l’homme, avec toutes ses capacités, avec le discernement de la raison, la force de la volonté, dit : « Oui, celle-ci est ma vie ». Je pense souvent aux noces de Cana. Le premier vin est très beau : c’est le fait d’être amoureux. Mais il ne dure pas jusqu’à la fin : un second vin doit venir, c’est-à-dire doit fermenter et grandir, mûrir. Un amour définitif qui devienne réellement « second vin » est plus beau, meilleur que le premier vin. Et ceci nous devons le chercher. Et ici il est important que le moi ne soit pas isolé, le moi et le toi, mais que soient aussi impliqués la communauté de la paroisse, l’Église, les amis. Ceci, toute la juste personnalisation, la communion de vie avec les autres, avec les familles qui s’appuient l’une sur l’autre, est très important et seulement ainsi, dans cette implication de la communauté, des amis, de l’Église, de la foi, de Dieu lui-même, grandit un vin qui est pour toujours. Avec tous mes voeux !

3. Famille Paleologos (Famille grecque)

NIKOS : Kalispera ! Nous sommes la famille Paleologos. Nous venons d’Athènes. Je m’appelle Nikos et voici ma femme Pania et nos deux enfants, Pavlos et Lydia.

Il y a quelques années avec deux autres associés, investissant tout ce que nous avions, nous avons lancé une petite entreprise d’informatique.

Avec l’arrivée de la très dure crise économique actuelle, les clients ont drastiquement diminué et ceux qui restent échelonnent toujours plus leurs paiements. Nous réussissons à grand peine à payer les salaires des deux employés, et à nous les associés, il reste très peu : de telle sorte que pour entretenir nos familles, chaque jour qui passe nous laisse toujours moins. Notre situation est l’une parmi tant d’autres, parmi des millions d’autres. En ville, les gens marchent la tête basse ; personne n’a plus confiance en personne, il manque l’espérance.

PANIA : Nous aussi, bien que continuant à croire en la providence, nous avons du mal à penser à un avenir pour nos enfants.

1451 Il y a des jours et des nuits, Saint-Père, où l’on se demande comment faire pour ne pas perdre l’espérance. Que peut dire l’Église à tous ces gens, à toutes ces personnes et ces familles sans aucune perspective ?

SAINT-PÈRE : Chers amis, merci pour ce témoignage qui a touché mon coeur et celui de nous tous. Que pouvons-nous répondre ? Les paroles sont insuffisantes. Nous devrions faire quelque chose de concret et tous nous souffrons du fait que nous soyons incapables de faire quelque chose de concret. Parlons pour commencer de la politique : il me semble que devrait croître le sens de la responsabilité dans tous les partis, qu’ils ne promettent pas des choses qu’ils ne peuvent pas réaliser, qu’ils ne cherchent pas seulement des votes pour eux, mais qu’ils soient responsables pour le bien de tous et que l’on comprenne que la politique est toujours une responsabilité humaine, morale devant Dieu et les hommes. Ensuite, naturellement, chacun souffre et doit accepter, souvent sans possibilité de se défendre, la situation comme elle est. Cependant, ici, nous pouvons aussi dire : faisons en sorte que chacun fasse son possible, pense à lui, à sa famille, aux autres, avec un grand sens de la responsabilité, sachant que les sacrifices sont nécessaires pour aller de l’avant. Troisième point : que pouvons-nous faire nous ? C’est ma question en ce moment. Je pense que des jumelages entre villes, entre familles, entre paroisses, pourraient peut-être aider. A présent, nous avons en Europe un réseau de jumelages, mais ce sont des échanges culturels, certes très bons et très utiles, mais peut-être faudrait-il des jumelages dans un autre sens : que réellement une famille d’Occident, d’Italie, d’Allemagne, de France… assume la responsabilité d’aider une autre famille. De la même façon pour les paroisses, les villes : que réellement elles assument une responsabilité, aident concrètement. Et soyez sûr, je prie ainsi que tant d’autres pour vous, et cette prière ne consiste pas seulement à dire des paroles, mais elle ouvre le coeur à Dieu et permet ainsi la créativité dans la recherche de solutions. Espérons que le Seigneur nous aide, que le Seigneur vous aide toujours ! Merci.

4. FAMILLE RERRIE (Famille des États-Unis)

JAY : Nous vivons près de New York.

Je m’appelle Jay, je suis d’origine jamaïcaine et je suis comptable. Voici ma femme Anna qui est enseignante de soutien, et nos six enfants, qui ont entre 2 et 12 ans. Avec cela, vous pouvez facilement imaginer, Sainteté, que notre vie, est faite de courses perpétuelles contre le temps, de soucis, d’assemblages très compliqués…

Pour nous aussi, aux États-Unis, une des priorités absolues est de garder son emploi, et pour cela il ne faut pas regarder aux horaires, et souvent ce sont justement les relations familiales qui en souffrent.

ANNA : Certes ce n’est pas toujours facile… L’impression, Sainteté, est que les institutions et les entreprises ne facilitent pas la conciliation des temps de travail avec les temps pour la famille.

Sainteté, nous imaginons que pour vous non plus, il n’est pas facile de concilier vos engagements innombrables avec le repos.

Avez-vous quelque conseil pour nous aider à retrouver cette nécessaire harmonie ? Dans le tourbillon de tant d’incitations imposées par la société contemporaine, comment aider les familles à vivre la fête selon le coeur de Dieu ?

SAINT-PÈRE : Grande question et je pense comprendre ce dilemme entre deux priorités : la priorité de l’emploi est fondamentale, et la priorité de la famille. Et comment réconcilier les deux priorités. Je peux seulement chercher à donner quelques conseils. Le premier point : il existe des entreprises qui permettent pratiquement quelques extra pour les familles – le jour de l’anniversaire, etc – et voient que concéder un peu de liberté, finalement est aussi positif pour l’entreprise, parce que cela renforce l’amour pour le travail, pour l’emploi. Je voudrais donc, inviter les employeurs à penser à la famille, à penser à aider pour que les deux priorités puissent être conciliées. Second point : il me semble que l’on doive naturellement chercher une certaine créativité, et cela n’est pas toujours facile. Mais au moins, chaque jour apporter quelques éléments de joie d’attention dans la famille, quelques renoncements à sa volonté propre pour être ensemble une famille, d’accepter et de vaincre les nuits, les obscurités dont on a aussi parlé avant, penser à ce grand bien qu’est la famille et ainsi, dans le grand empressement à donner quelque chose de bon chaque jour, trouver une réconciliation des deux priorités. Finalement, la fête, c’est le dimanche : j’espère qu’il est observé en Amérique le dimanche. Donc le dimanche, jour du Seigneur me semble très important, et en tant que tel il est aussi, le « jour de l’homme », parce que nous sommes libres. Ceci était, dans le récit de la Création, l’intention originelle du Créateur : qu’un jour tous soient libres. Dans cette liberté de l’un pour l’autre, pour soi-même, on est libre pour Dieu. Et ainsi, je pense que nous défendons la liberté de l’homme en défendant le dimanche et les fêtes comme jours de Dieu et ainsi jours pour l’homme. Tous mes voeux ! Merci.

5. Famille Araujo (Famille brésilienne de Porto Alegre)

1452 Maria Marta : Sainteté, comme dans le reste du monde, dans notre pays aussi, les échecs matrimoniaux continuent à augmenter.

Je m’appelle Maria Marta, et lui Manoel Angelo. Nous sommes mariés depuis 34 ans et nous sommes déjà grands-parents. En qualité de médecins et psychothérapeutes de familles, nous rencontrons beaucoup de familles, remarquant dans les conflits de couples une difficulté plus marquée à pardonner et à accepter le pardon, mais dans différents cas nous avons rencontré le désir et la volonté de construire une nouvelle union, quelque chose de durable, pour les enfants aussi qui naissent de la nouvelle union.

Manoel Angelo : Certains de ces couples remariés voudraient se rapprocher de l’Église, mais quand ils se voient refuser les sacrements, leur déception est grande. Ils se sentent exclus, marqués par un jugement sans appel.

Ces grandes souffrances blessent profondément celui qui en est touché ; déchirures qui deviennent aussi une partie du monde, et sont aussi nos blessures, de toute l’humanité.

Saint-Père, nous savons que ces situations et que ces personnes tiennent beaucoup à coeur à l’Église : quelles paroles et quels signes d’espérance pouvons-nous leur donner ?

Saint-Père : Chers amis, merci pour votre travail de psychothérapeutes pour les familles, très nécessaire. Merci pour tout ce que vous faites pour aider ces personnes souffrantes. En réalité, ce problème des divorcés remariés est une des grandes souffrances de l’Église d’aujourd’hui. Et nous n’avons pas de recettes simples. La souffrance est grande et nous pouvons seulement aider les paroisses, chacun à aider ces personnes à supporter la souffrance de ce divorce. Je dirais que naturellement, la prévention est très importante, c’est-à-dire approfondir dès le début le fait d’être amoureux en une décision profonde, mûre ; et aussi, l’accompagnement pendant le mariage afin que les familles ne soient jamais seules mais soient vraiment accompagnées sur leur chemin. Et nous devons dire à ces personnes, – comme vous avez dit – que l’Église les aime, mais elles-mêmes doivent voir et sentir cet amour. Cela m’apparaît être une grand tâche d’une paroisse, d’une communauté catholique, de faire réellement tout ce qu’il y a de possible pour qu’elles se sentent aimées, acceptées ; qu’elles ne sont pas « en dehors » même si elles ne peuvent recevoir l’absolution et l’Eucharistie : elles doivent voir que même ainsi, elles vivent pleinement dans l’Église. Même si l’absolution dans la Confession n’est pas possible, un contact permanent avec un prêtre, avec un guide de l’âme, est très important pour qu’elles puissent voir qu’elles sont accompagnées et guidées. Et puis, il est aussi très important qu’elles sentent que l’Eucharistie est vraie et qu’elles y participent si elles entrent vraiment en communion avec le Corps du Christ. Même sans la réception « corporelle » du sacrement, nous pouvons être spirituellement unis au Christ dans son Corps. Et faire comprendre cela est important. Que réellement elles trouvent la possibilité de vivre une vie de foi, avec la Parole de Dieu, avec la communion de l’Église et puissent voir que leur souffrance est un don pour l’Église, parce qu’elles servent ainsi à tous pour défendre aussi la stabilité de l’amour, du mariage ; et que cette souffrance n’est pas seulement un tourment physique et psychique, mais qu’elle est aussi une souffrance dans la communauté de l’Église pour les grandes valeurs de notre foi. Je pense que leur souffrance, si elle est réellement intérieurement acceptée, est un don pour l’Église. Elles doivent le savoir, qu’ainsi elles servent l’Église, elles sont dans le coeur de l’Église. Merci pour votre engagement.

Salut aux victimes du tremblement de terre

Saint-Père : Chers amis, vous savez que nous partageons profondément votre douleur, votre souffrance ; et, surtout, je prie chaque jour pour que finisse enfin ce tremblement de terre. Nous voulons tous collaborer pour vous aider : soyez sûrs que nous ne vous oublions pas, que nous faisons tout notre possible pour vous aider - La Caritas, toutes les organisations de l’Église, l’État, les différentes communautés - chacun de nous veut vous aider, que ce soit spirituellement par notre prière, par notre proximité de coeur, que ce soit matériellement, et je prie avec insistance pour vous. Que Dieu vous aide, qu’Il nous aide tous ! Avec mes voeux, que le Seigneur vous bénisse !

Discours 2005-2013 1445