Discours 2005-2013 1295


VISITE PASTORALE AU DIOCÈSE DE SAINT-MARINO-MONTEFELTRO

RENCONTRE OFFICIELLE AVEC LES MEMBRES DU GOUVERNEMENT,

DU CONGRÈS ET DU CORPS DIPLOMATIQUE


Salle du Grand Conseil général du palais public - République de Saint-Marin Dimanche 19 juin 2011





1296 Illustres capitaines régents,
Mesdames et Messieurs!

Je vous remercie sincèrement pour votre accueil; j’exprime en particulier ma reconnaissance aux capitaines régents, également pour les paroles courtoises qu’ils m’ont exprimées. Je salue les membres du gouvernement et du congrès, ainsi que le corps diplomatique et toutes les autres autorités ici rassemblées. En m’adressant à vous, j’embrasse en esprit le peuple de Saint-Marin tout entier. Dès sa naissance, cette République a entretenu des relations amicales avec le Siège apostolique, et ces derniers temps celles-ci se sont intensifiées et consolidées; ma présence ici, au coeur de cette antique République, exprime et confirme cette amitié.

Il y a plus de dix-sept siècles, un groupe de fidèles, gagnés à l’Evangile par la prédication du diacre Marin et par son témoignage de sainteté, se rassembla autour de lui pour donner vie à une nouvelle communauté. En recueillant cet héritage précieux, les habitants de Saint-Marin sont toujours restés fidèles aux valeurs de la foi chrétienne, en ancrant solidement à celles-ci leur propre coexistence pacifique, selon des critères de démocratie et de solidarité. Au cours des siècles, vos pères, conscients de ces racines chrétiennes, ont su mettre à profit le grand patrimoine moral et culturel qu’ils avaient reçu à leur tour, donnant vie à un peuple travailleur et libre qui, malgré l’exiguïté du territoire, n’a pas manqué d’offrir aux populations voisines de la péninsule italienne et au monde entier une contribution spécifique de civilisation, à l’enseigne de la coexistence pacifique et du respect mutuel.

En m’adressant aujourd’hui à vous, je me réjouis de votre attachement à ce patrimoine de valeurs et je vous exhorte à le conserver et à le valoriser, car celui-ci est à la base de votre identité la plus profonde, une identité qui demande aux populations et aux institutions de Saint-Marin d’être pleinement assumée. Grâce à celle-ci, on peut construire une société attentive au bien véritable de la personne humaine, à sa dignité et à sa liberté, et capable de sauvegarder le droit de chaque peuple à vivre en paix. Tels sont les piliers de la saine laïcité, à l’intérieur de laquelle les institutions civiles doivent agir, dans leur engagement constant en défense du bien commun. L’Eglise, respectueuse de l’autonomie légitime dont le pouvoir civil doit jouir, collabore avec celui-ci au service de l’homme, en défense de ses droits fondamentaux, de ces instances éthiques qui sont inscrites dans sa nature même. C’est pourquoi l’Eglise s’engage afin que les législations civiles promeuvent et sauvegardent toujours la vie humaine, de sa conception jusqu’à son terme naturel. En outre, elle demande pour les familles une juste reconnaissance et un soutien concret. En effet, nous savons bien que, dans le contexte actuel, l’institution familiale est mise en discussion, presque dans la tentative d’en nier la valeur incontournable. Ceux qui en subissent les conséquences sont les couches sociales les plus faibles, en particulier les jeunes générations, plus vulnérables et donc plus facilement exposées à l’égarement, à des situations d’auto- exclusion et à l’esclavage des dépendances. Parfois les réalités éducatives ont du mal à apporter aux jeunes des réponses adaptées et, le soutien familial faisant défaut, ceux-ci n’ont souvent pas accès à une insertion normale dans le tissu social. C’est également pour cela qu’il est important de reconnaître que la famille, telle que Dieu l’a constituée, est le sujet principal qui peut favoriser une croissance harmonieuse et faire mûrir des personnes libres et responsables, formées aux valeurs profondes et éternelles.

Dans la situation de difficultés économiques que traverse également la communauté saint-marinaise, dans le contexte italien et international, je tiens à exprimer une parole d’encouragement. Nous savons que les années qui ont suivi la seconde guerre mondiale ont été un temps de restrictions économiques, qui ont contraint des milliers de vos concitoyens à émigrer. Puis est venue une période de prospérité, dans le sillon du développement du commerce et du tourisme, en particulier le tourisme estival, favorisé par la proximité de la côte adriatique. Dans ces phases de relative abondance on a souvent pu constater un certain égarement du sens chrétien de la vie et des valeurs fondamentales. Toutefois la société saint-marinaise manifeste encore une bonne vitalité et conserve ses meilleures énergies; preuves en sont les multiples initiatives caritatives et de volontariat auxquelles se consacrent un grand nombre de vos concitoyens. Je voudrais également rappeler les nombreux missionnaires saint-marinais, laïcs et religieux, qui dans les dernières décennies ont quitté cette terre pour apporter l’Evangile du Christ dans différentes régions du monde. Les forces positives ne manquent donc pas à votre communauté et elles lui permettront d’affronter et de surmonter la situation de difficulté actuelle. A cet égard, je souhaite que la question des travailleurs frontaliers, qui voient leurs emplois menacés, puisse se résoudre en tenant compte du droit au travail et de la protection des familles.

Dans la République de Saint-Marin aussi, la situation actuelle de crise pousse à redessiner le chemin et devient une occasion de discernement (cf. Enc. Caritas in veritate ). Elle place en effet tout le tissu social devant l’exigence immédiate d’affronter les problèmes avec courage et sens des responsabilités, avec générosité et dévouement, en faisant référence à cet amour pour la liberté qui distingue votre peuple. A cet égard, je voudrais vous répéter les paroles adressées par le bienheureux Jean XXIII aux régents de la République de Saint-Marin, au cours d’une de leurs visites officielles près le Saint-Siège: «L’amour de la liberté — disait le Pape Jean XXIII — a chez vous des racines typiquement chrétiennes, et vos pères, en en saisissant la véritable signification, vous enseignèrent à ne jamais séparer son nom de celui de Dieu, qui en est son irremplaçable fondement» (Discours, Messages, Entretiens du Saint-Père Jean XXIII, I, 341-343: AAS 60 [1959], 423-424). Cette mise en garde du grand Pape conserve encore aujourd’hui sa valeur impérissable: la liberté que les institutions sont appelées à promouvoir et à défendre au niveau social, en manifeste une autre, plus grande et plus profonde, la liberté animée par l’Esprit de Dieu, dont la présence vivifiante dans le coeur de l’homme donne à la volonté la capacité de s’orienter et de se déterminer pour le bien. Comme l’affirme l’apôtre Paul: «Aussi bien, Dieu est là qui opère en vous à la fois le vouloir et l’opération même, au profit de ses bienveillants desseins» (
Ph 2,13). Et saint Augustin, commentant ce passage, souligne: «Il est certain que c’est nous qui voulons, lorsque nous voulons; mais c’est Lui qui fait en sorte que nous voulions le bien», c’est Dieu, et il ajoute: «C’est par le Seigneur que seront dirigés les pas de l’homme, et l’homme voudra suivre sa voie» (De gratia et libero arbitrio, 16, 32).

C’est donc à vous que revient, Mesdames et Messieurs, la tâche de constituer la cité terrestre dans l’autonomie nécessaire et dans le respect de ces principes humains et spirituels, auxquels chaque citoyen est appelé à adhérer avec toute la responsabilité de sa conscience personnelle; et, dans le même temps, le devoir de continuer à oeuvrer activement pour construire une communauté fondée sur des valeurs partagées. Illustres capitaines régents et illustres autorités de la République de Saint-Marin, je forme de tout coeur le souhait que toute votre communauté, dans la communion des valeurs civiles et avec ses particularités culturelles et religieuses spécifiques, puisse écrire une nouvelle et noble page d’histoire et devienne toujours davantage une terre où prospèrent la solidarité et la paix. Avec ces sentiments, je confie ce bien-aimé peuple à l’intercession maternelle de la Vierge des Grâces et de tout coeur j’invoque sur vous tous et sur chacun la Bénédiction apostolique.

VISITE PASTORALE AU DIOCÈSE DE SAINT-MARIN-MONTEFELTRO

RENCONTRE AVEC LES JEUNES DU DIOCÈSE

DE SAINT-MARIN-MONTEFELTRO


Place Vittorio Emanuele - Pennabilli Dimanche 19 juin 2011





Chers jeunes!

1297 Je suis très heureux de me trouver aujourd’hui parmi vous et avec vous! Je ressens toute votre joie et l’enthousiasme qui caractérisent votre âge. Je salue et je remercie votre évêque, Mgr Luigi Negri, pour ses aimables paroles d’accueil, ainsi que votre ami qui s’est fait l’interprète des pensées et des sentiments de tous, et qui a formulé plusieurs questions très sérieuses et importantes. J’espère qu’au cours de ma réflexion vous trouverez également les éléments pour apporter les réponses à ces questions. Je salue avec affection les prêtres, les soeurs, les animateurs qui partagent avec vous le chemin de la foi et de l’amitié; et naturellement aussi vos parents, qui se réjouissent en vous voyant grandir forts dans le bien.

Notre rencontre ici, à Pennabili, devant cette cathédrale, coeur du diocèse, et sur cette place, nous renvoie en pensée aux nombreuses et différentes rencontres de Jésus que nous rapportent les Evangiles. Je voudrais aujourd’hui rappeler le célèbre épisode dans lequel le Seigneur se trouvait en marche lorsqu’une personne — un jeune — courut vers lui et, s’étant agenouillé, lui posa cette question: «Bon Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle?» (
Mc 10,17). Peut-être ne le dirions-nous pas ainsi aujourd’hui, mais le sens de la question est précisément: que dois-je faire, comment dois-je vivre pour vivre réellement, pour trouver la vie. Dans cette interrogation nous pouvons donc voir contenue l’expérience humaine ample et variée qui s’ouvre à la recherche de la signification, du sens profond de la vie: comment vivre, pourquoi vivre. En effet, la «vie éternelle» à laquelle ce jeune de l’Evangile fait référence n’indique pas seulement la vie après la mort, il ne veut pas simplement savoir comment arriver au ciel. Il veut savoir: comment dois-je vivre maintenant pour avoir déjà la vie qui peut, ensuite, être aussi éternelle. Dans cette question, le jeune manifeste donc l’exigence que l’existence quotidienne trouve un sens, trouve sa plénitude, trouve la vérité. L’homme ne peut pas vivre sans cette recherche de la vérité sur lui-même — que suis-je, pour quoi dois-je vivre — une vérité qui pousse à ouvrir l’horizon et à aller au-delà de ce qui est matériel, non pour fuir cette réalité, mais pour la vivre de manière encore plus véritable, plus riche de sens et d’espérance, et pas seulement de manière superficielle. Et je pense que cela — je l’ai vu et entendu dans les paroles de votre ami — est également votre expérience. Les grandes interrogations que nous portons en nous demeurent toujours, renaissent toujours: qui sommes-nous?, d’où venons-nous?, pour qui vivons-nous? Et ces questions sont le signe le plus élevé de la transcendance de l’être humain et de la capacité que nous possédons de ne pas nous arrêter à la surface des choses. Et c’est précisément en regardant en nous-mêmes avec vérité, avec sincérité et avec courage que nous avons l’intuition de la beauté, mais également de la précarité de la vie et que nous ressentons une insatisfaction, une inquiétude qu’aucune chose concrète ne réussit à combler. A la fin, toutes les promesses se démontrent souvent insuffisantes.

Chers amis, je vous invite à prendre conscience de cette inquiétude saine et positive, à ne pas avoir peur de vous poser les questions fondamentales sur le sens et la valeur de la vie. Ne vous arrêtez pas aux réponses partielles, immédiates, certainement plus faciles sur le moment et plus commodes, qui peuvent procurer quelques instants de bonheur, d’exaltation, d’ivresse, mais qui ne conduisent pas à la joie véritable de vivre, celle qui naît de celui qui construit — comme le dit Jésus — non sur le sable, mais sur le roc solide. Apprenez alors à réfléchir, à lire de manière non superficielle, mais en profondeur votre expérience humaine: vous découvrirez, avec émerveillement et avec joie, que votre coeur est une fenêtre ouverte sur l’infini! Telle est la grandeur de l’homme et aussi sa difficulté. L’une des illusions produites au cours de l’histoire a été celle de penser que le progrès technique et scientifique aurait pu donner des réponses et des solutions, de manière absolue, à toutes les questions de l’humanité. Mais nous voyons qu’il n’en est pas ainsi. En réalité, même si cela avait été possible, rien ni personne n’aurait pu effacer les questions les plus profondes sur le sens de la vie et de la mort, sur le sens de la souffrance, de tout, car ces questions sont inscrites dans l’âme humaine, dans notre coeur, et dépassent le domaine des besoins. L’homme, même à l’ère du progrès scientifique et technologique — qui nous a tant donné — demeure un être qui désire davantage, davantage que le confort et le bien-être, il reste un être ouvert à la vérité entière de son existence, qui ne peut pas s’arrêter aux choses matérielles, mais qui s’ouvre à un horizon plus ample. Vous faites l’expérience de tout cela à chaque fois que vous vous demandez: mais pourquoi? Lorsque vous contemplez un coucher de soleil, ou qu’une musique touche votre coeur et votre esprit; quand vous éprouvez ce que signifie aimer véritablement; lorsque vous ressentez avec force le sens de la justice et de la vérité, et lorsque vos ressentez également le manque de justice, de vérité, de bonheur.

Chers jeunes, l’expérience humaine est une réalité qui nous rassemble tous, mais on peut donner à celle-ci différents niveaux de signification. Et c’est ici que l’on décide de quelle manière orienter sa propre vie et que l’on choisit à qui la confier, à qui se confier. Le risque est toujours celui de rester emprisonnés dans le monde des choses, de l’immédiat, du relatif, de l’utilité, en perdant la sensibilité à l’égard de ce qui se rapporte à notre dimension spirituelle. Il ne s’agit pas du tout de mépriser l’usage de la raison ou de rejeter le progrès scientifique, bien au contraire; il s’agit plutôt de comprendre que chacun de nous n’est pas seulement constitué d’une dimension «horizontale», mais comprend également la dimension «verticale». Les données scientifiques et les instruments technologiques ne peuvent pas remplacer le monde de la vie, les horizons de signification et de liberté, la richesse des relations d’amitié et d’amour.

Chers jeunes, c’est précisément dans l’ouverture à notre vérité tout entière, de nous-mêmes et du monde, que nous apercevons l’initiative de Dieu à notre égard. Il vient à la rencontre de chaque homme et lui fait connaître le mystère de son amour. Dans le Seigneur Jésus, qui est mort et ressuscité pour nous et qui nous a donné l’Esprit Saint, nous sommes même rendus participants de la vie de Dieu, nous appartenons à la famille de Dieu. En Lui, dans le Christ, nous pouvons trouver les réponses aux questions qui accompagnent votre chemin, non de manière superficielle, facile, mais en marchant avec Jésus, en vivant avec Jésus. La rencontre avec le Christ ne se résout pas dans l’adhésion à une doctrine, à une philosophie, mais ce qu’Il vous propose est de partager sa vie même et d’apprendre ainsi à vivre, d’apprendre ce qu’est l’homme, qui je suis. A ce jeune, qui Lui avait demandé quoi faire pour entrer dans la vie éternelle, c’est-à-dire pour vivre pleinement, Jésus répond, en l’invitant à se détacher de ses biens et il ajoute: «Viens et suis-moi» (Mc 10,21). La parole du Christ montre que votre vie trouve sa signification dans le mystère de Dieu, qui est Amour: un Amour exigeant, profond, qui va au-delà de la superficialité! Que serait votre vie sans cet amour? Dieu prend soin de l’homme de la création jusqu’à la fin des temps, lorsqu’il mènera à bien son projet de salut. Dans le Seigneur ressuscité nous avons la certitude de notre espérance! Le Christ lui-même, qui est allé dans la profondeur de la mort et qui est ressuscité, est l’espérance en personne, il est la Parole définitive prononcée sur notre histoire, il est une parole positive.

Ne craignez pas d’affronter les situations difficiles, les moments de crise, les épreuves de la vie, car le Seigneur vous accompagne, il est avec vous! Il vous encourage à croître dans l’amitié avec Lui à travers la lecture fréquente de l’Evangile et de toute l’Ecriture Sainte, la participation fidèle à l’Eucharistie comme rencontre personnelle avec le Christ, l’engagement à l’intérieur de la communauté ecclésiale, le chemin avec un guide spirituel valable. Transformés par l’Esprit Saint vous pourrez faire l’expérience de la liberté authentique, qui est telle lorsqu’elle est orientée vers le bien. De cette manière, votre vie, animée par une recherche incessante du visage du Seigneur et par la volonté sincère de vous donner vous-mêmes, sera pour tant de jeunes de votre âge un signe, un rappel éloquent à faire en sorte que le désir de plénitude qui se trouve en nous tous se réalise finalement dans la rencontre avec le Seigneur Jésus. Laissez le mystère du Christ illuminer toute votre personne! Vous pourrez alors apporter dans les divers milieux cette nouveauté qui peut changer les relations, les institutions, les structures, pour construire un monde plus juste et solidaire, animé par la recherche du bien commun. Ne cédez pas aux logiques individualistes et égoïstes! Soyez réconfortés par le témoignage de tant de jeunes qui ont atteint l’objectif de la sainteté: pensez à sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, saint Domenico Savio, sainte Marie Goretti, au bienheureux Pier Giorgio Frassati, au bienheureux Alberto Marvelli — qui est de cette terre! — et à tant d’autres, qui nous sont inconnus, mais qui ont vécu leur temps dans la lumière et dans la force de l’Evangile, et qui ont trouvé la réponse: comment vivre, que dois-je faire pour vivre.

En conclusion de cette rencontre, je veux confier chacun de vous à la Vierge Marie, Mère de l’Eglise. Comme Elle, puissiez-vous prononcer et renouveler votre «oui» et glorifier toujours le Seigneur par votre vie, car Il vous donne des paroles de vie éternelle! Courage, alors, chers jeunes; sur votre chemin de foi et de vie chrétienne je suis moi aussi toujours proche de vous et je vous accompagne avec ma Bénédiction. Merci de votre attention!

AUX PARTICIPANTS À L'ASSEMBLÉE DE LA RÉUNION

DES OEUVRES D'AIDE AUX ÉGLISES ORIENTALES (ROACO) Salle Clémentine Vendredi 24 juin 2011



Monsieur le cardinal,
Béatitude
1298 vénérés frères dans l’épiscopat et dans le sacerdoce,
chers membres et amis de la ROACO,

Je désire souhaiter à chacun de vous ma plus cordiale bienvenue et j’exprime avec plaisir tous mes meilleurs voeux, en réponse aux aimables paroles d’hommage prononcées par le cardinal Sandri, préfet de la Congrégation pour les Eglises orientales et président de la Réunion des OEuvres d’aide aux Eglises orientales, accompagné par le secrétaire, le sous-secrétaire et les collaborateurs ecclésiastiques et laïcs du dicastère. Je présente un salut fraternel au nouveau patriarche maronite, Sa Béatitude Bechara Boutros Rai, et j’étends ma pensée aux autres prélats, aux représentants des agences internationales et de l’université de Bethléem, ainsi qu’aux bienfaiteurs ici réunis. Je remercie chacun pour la coopération généreuse au mandat de charité universelle que le Seigneur Jésus confie sans cesse à l’Evêque de Rome, en tant que Successeur du bienheureux apôtre Pierre.

Hier, nous avons célébré la solennité du Corps et du Sang du Seigneur. La procession eucharistique, que j’ai présidée de la cathédrale du Latran jusqu’à la basilique Sainte-Marie-Majeure, lance toujours l’appel à la bien-aimée ville de Rome et à toute la communauté catholique de demeurer et de marcher sur les voies difficile de l’histoire, parmi les grandes pauvretés spirituelles et matérielles du monde, pour offrir la charité du Christ et de l’Eglise, qui naît du Mystère pascal, mystère d’amour, de don total qui engendre la vie. La charité «ne passera jamais» (
1Co 13,8), dit l’apôtre Paul, et elle est capable de changer les coeurs et le monde avec la force de Dieu, en semant et en réveillant partout la solidarité, la communion et la paix. Ce sont des dons confiés à nos mains fragiles, mais leur développement est sûr, car la puissance de Dieu oeuvre précisément dans la faiblesse, si nous savons nous ouvrir à son action, si nous sommes de véritables disciples qui cherchent à Lui être fidèles (cf. 2Co 12,10).

Chers amis de la ROACO, n’oubliez jamais la dimension eucharistique de votre objectif pour vous maintenir constamment dans le mouvement de la charité ecclésiale. Celui-ci désire rejoindre tout particulièrement la Terre Sainte mais aussi le Moyen-Orient dans son ensemble, pour y soutenir la présence chrétienne. Je vous demande de faire tout votre possible — y compris en intéressant les autorités publiques avec lesquelles vous êtes en contact à un niveau international — pour qu’en Orient où ils sont nés, les pasteurs et les fidèles du Christ puissent demeurer non comme des «étrangers» mais comme des «concitoyens» (Ep 2,19) qui témoignent de Jésus Christ, comme l’ont fait avant eux les saints du passé, fils eux-aussi des Eglises orientales. L’Orient est à juste titre leur patrie terrestre. C’est là qu’ils sont appelés aujourd’hui encore à promouvoir, sans faire de distinction, le bien de tous, par leur foi. Une égale dignité et une réelle liberté doivent être reconnues à toute personne qui professe cette foi, permettant ainsi une collaboration oecuménique et interreligieuse plus fructueuse.

Je vous suis reconnaissant d’avoir réfléchi sur les changements en cours dans les pays d’Afrique du Nord et du Proche-Orient, qui tiennent encore le monde en haleine. Grâce également à l’apport offert ces derniers jours par le cardinal-patriarche copte-catholique et par le patriarche maronite, ainsi que par le représentant pontifical à Jérusalem et par le custode franciscain de Terre Sainte, la Congrégation et les agences pourront se rendre compte des conditions concrètes dans lesquelles vivent l’Eglise et les populations, dans une région extrêmement importante pour l’équilibre et la paix dans le monde. Le Pape veut être proche, également à travers vous, de ceux qui souffrent et de ceux qui tentent désespérément de fuir, augmentant les flux migratoires parfois sans espérance. Je souhaite à cet égard que soit immédiatement apportée l’assistance nécessaire, mais surtout que l’on entreprenne toutes les médiations possibles, afin que cessent les violences et, dans le respect des droits des individus et des communautés, que soient rétablies partout la concorde sociale et la coexistence pacifique. La prière fervente et la réflexion nous aideront, dans le même temps, à lire les perspectives qui naissent de la saison actuelles d’efforts et de larmes: que le Seigneur de l’histoire veuille les orienter toujours vers le bien commun.

L’assemblée spéciale pour le Moyen-Orient du synode des évêques célébrée en octobre dernier au Vatican et à laquelle ont participé certains d’entre vous, a conduit les frères et les soeurs d’Orient de manière encore plus décidée au coeur de l’Eglise et nous a conduits à apercevoir les signes de nouveauté des temps présents. Mais immédiatement après cette assemblée, la violence absurde a frappé férocement des personnes sans défense (cf. Angelus du 1er novembre 2010) dans la cathédrale syro-catholique de Bagdad et, les mois suivants, dans divers autres lieux. La douleur éprouvée pour le Christ est en train d’irriguer les bonnes semailles du synode et en rendra les fruits plus abondants. Je confie donc à la bonne volonté des membres de la ROACO ce qui est apparu au cours du synode et également le précieux patrimoine spirituel constitué par le calice de la passion de nombreux chrétiens, comme exemple d’un service intelligent et généreux, commençant par les derniers et n’excluant personne, et mesurant toujours son authenticité sur le Mystère eucharistique.

Chers amis, sous la direction de leurs généreux pasteurs et également avec votre soutien irremplaçable, les Eglises orientales catholiques sauront toujours confirmer la communion avec le Siège apostolique, jalousement conservée au cours des siècles, et apporter une contribution originale à la nouvelle évangélisation, que ce soit dans leur patrie, ou dans la diaspora croissante. Je place ces voeux sous la protection de la Très Sainte Mère de Dieu et du précurseur du Christ, saint Jean-Baptiste, en la solennité liturgique de sa naissance. La solennité des saints apôtres Pierre et Paul approche également: en ce jour, je rendrai grâce au Bon Pasteur à l’occasion du 60e anniversaire de mon ordination sacerdotale. Je suis très reconnaissant pour la prière et les voeux, dont vous me faites un don apprécié. Je vous demande de partager ma supplication au «Maître de la moisson» (cf. Mt 9,38) pour qu’il accorde à l’Eglise et au monde de nombreux et ardents ouvriers de l’Evangile. Et en signe de mon affection, je suis très heureux de donner à chacun de vous, à ceux qui vous sont chers et aux communautés qui vous sont confiées, ma réconfortante Bénédiction apostolique

AUX MEMBRES DE L'ASSOCIATION SAINTS PIERRE ET PAUL Basilique vaticane Samedi 25 juin 2011



Chers amis de l’Association Saints Pierre et Paul!

1299 Je vous salue avec joie et avec affection! Je suis heureux de vous rencontrer alors que vous êtes réunis à l’occasion du 40e anniversaire de votre association: un heureux anniversaire, qui invite tout d’abord à l’action de grâce au Seigneur, et ensuite au bien-aimé serviteur de Dieu Paul VI, qui a tant fait pour renouveler également le milieu du Vatican selon les exigences contemporaines. Je salue en particulier le président, M. Calvino Gasparini, et je le remercie de ses paroles courtoises; je salue l’assistant spirituel, Mgr Joseph Murphy, les autres responsables et tous les membres, ainsi que les anciens assistants, parmi lesquels se trouve le cardinal Coppa, qui nous honore de sa présence, et le cardinal Bertone, qui lorsqu’il était jeune prêtre fut l’assistant-formateur de ce qui était alors la Garde palatine. Auprès de l’autel du Seigneur et de la tombe de saint Pierre, nous rappelons en ce moment de manière particulière tous ceux qui au cours de ces 40 ans se sont succédé à la direction de l’Association et qui avec dévouement en ont fait partie. Que le Seigneur donne la paix et la béatitude de son royaume à ceux qui, parmi eux, ont quitté ce monde.

En vous rencontrant, dans mon âme domine également le sentiment de reconnaissance, et il s’adresse à vous tous, pour le service que vous offrez, en particulier pour l’amour et l’esprit de foi avec lequel vous l’accomplissez. Vous consacrez une partie de votre temps, en l’harmonisant avec les engagements familiaux et en le prenant souvent sur vos loisirs, pour venir au Vatican et collaborer à la bonne organisation des célébrations. En outre, vous donnez vie à de nombreuses initiatives caritatives en collaboration avec les soeurs filles de la charité et avec les missionnaires de la charité. Ces engagements demandent une motivation profonde qui doit toujours être renouvelée, grâce à une intense vie spirituelle. Pour aider les autres à prier, il faut avoir le coeur tourné vers Dieu; pour les rappeler au respect des lieux saints et des choses saintes, il faut avoir en soi-même le sens chrétien de ce qui est sacré; pour aider son prochain avec un véritable amour chrétien, nous devons avoir une âme humble et un regard de foi. Votre attitude, souvent sans paroles, constitue une orientation, un exemple, un rappel, et comme telle elle possède également une valeur éducative.

Votre formation personnelle est bien évidemment le présupposé de tout cela; et je désire vous dire que c’est précisément pour celle-ci, ainsi que pour tout ce que vous faites, que je vous suis particulièrement reconnaissant. L’Association Saints Pierre et Paul, comme toute authentique association ecclésiale, se propose tout d’abord la formation de ses adhérents, jamais en remplacement ou en alternative aux paroisses, mais toujours de manière complémentaire par rapport à celles-ci. C’est pourquoi je me réjouis que vous soyez bien insérés dans vos communautés paroissiales et que vous éduquiez vos enfants au sens de la paroisse. Dans le même temps, je me réjouis du fait que l’Association soit dans une juste mesure exigeante en prévoyant des périodes de formation spécifiques pour ceux qui désirent devenir des membres effectifs et qu’elle offre régulièrement des moments opportuns pour soutenir la persévérance. J’adresse précisément une pensée particulière à ceux qui, ce matin, ont prononcé la Promesse solennelle de fidélité; je leur souhaite d’avoir toujours la joie de se sentir des disciples du Christ dans l’Eglise, et je les exhorte à donner un bon témoignage de l’Evangile dans chaque milieu de leur vie. Toujours dans cette perspective, j’ai soutenu dès le début le projet de donner vie à un groupe de jeunes. Je salue les jeunes avec une affection particulière, et je les encourage à suivre l’exemple du bienheureux Pier Giorgio Frassati, en aimant Dieu de tout leur coeur, en goûtant la beauté de l’amitié chrétienne et en servant le Christ avec une grande discrétion chez nos frères les plus pauvres.

Chers amis, je vous remercie également pour vos voeux, et surtout pour vos prières, à l’occasion de mon 60e anniversaire de sacerdoce. Le don que vous avez voulu m’offrir, une belle chasuble, me rappelle que je suis avant tout le Prêtre du Christ, et m’invite également à me rappeler de vous lorsque je célèbre le sacrifice rédempteur. Merci de tout coeur! Enfin, je veux tous vous confier à la Vierge Marie. Je sais que dans votre Association, elle est vénérée sous le titre de Virgo Fidelis.Aujourd’hui plus que jamais il y a besoin de fidélité! Nous vivons dans une société qui a égaré cette valeur. On exalte beaucoup l’aptitude au changement, la «mobilité», la «flexibilité», pour des motifs économiques et d’organisation également légitimes. Mais la qualité d’une relation humaine se voit à la fidélité! L’Ecriture Sainte nous montre que Dieu est fidèle. Avec sa grâce et l’aide de Marie, soyez donc fidèles au Christ et à l’Eglise, prêts à supporter avec humilité et patience le prix que cela comporte. Que la Virgo Fidelis obtienne la paix dans vos familles et que dans celles-ci naissent d’authentiques vocations chrétiennes, au mariage, au sacerdoce et à la vie consacrée. Pour cela je vous assure de mon souvenir spécial dans la prière, alors que de tout coeur je vous bénis tous, ainsi que vos proches.

À LA DÉLÉGATION DU PATRIARCAT OECUMÉNIQUE

DE CONSTANTINOPLE À L'OCCASION DE LA SOLENNITÉ DES SAINTS APÔTRES PIERRE ET PAUL Mardi 28 juin 2011



Chers frères en Christ,

Soyez les bienvenus à Rome à l’occasion de la Fête des Patrons de cette Église, les Saints Apôtres Pierre et Paul. Il m’est particulièrement agréable de vous saluer avec les paroles que Saint Paul adressait aux chrétiens de cette ville : « Que le Dieu de la paix soit avec vous tous » (Rm 15,32). Je remercie de tout coeur le Vénérable Frère, le Patriarche OEcuménique Sa Sainteté Bartolomeo Ier et le Saint Synode du Patriarcat OEcuménique qui ont voulu vous envoyer, chers Frères, comme leurs représentants pour participer ici avec nous à cette célébration solennelle.

Le Seigneur Jésus-Christ, apparu à ses disciples après sa résurrection, leur donna la mission d’être des témoins de l’Évangile du Salut. Les Apôtres ont accompli fidèlement cette mission, en témoignant de la foi dans le Christ Sauveur et de l’amour envers Dieu le Père jusqu’au sacrifice sanglant de la vie. Dans cette ville de Rome, les Apôtres Pierre et Paul ont affronté le martyr et depuis lors, leurs tombes sont l’objet de vénération. Votre participation à notre Fête, comme la présence de nos représentants à Constantinople pour la Fête de l’Apôtre André, manifeste l’amitié et l’authentique fraternité qui unit l’Église de Rome et le Patriarcat OEcuménique, liens solidement fondés sur cette foi reçue du témoignage des Apôtres. La profonde proximité spirituelle que nous expérimentons chaque fois que nous nous rencontrons est pour moi un motif de grande joie et de gratitude envers Dieu. En même temps, cependant, la communion non complète qui nous unit déjà doit croître jusqu’à atteindre la pleine unité visible.

Nous suivons avec grande attention le travail de la Commission mixte pour le dialogue théologique entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe dans son ensemble. Au regard purement humain, on pourrait avoir l’impression que le dialogue théologique a du mal à progresser. En réalité, le rythme du dialogue est lié à la complexité des thèmes en discussion, qui exigent un effort extraordinaire d’étude, de réflexion et d’ouverture réciproque. Nous sommes appelés à continuer ensemble dans la charité ce cheminement, invoquant de l’Esprit Saint lumière et inspiration, dans la certitude qu’il veut nous conduire au plein accomplissement de la volonté du Christ : que tous soient un (Jn 17,21). Je suis particulièrement reconnaissant à tous les membres de la Commission mixte et en particulier aux co-Présidents, Son Éminence le Métropolite de Pergame Ioannis et Son Éminence le Cardinal Kurt Koch, pour leur inlassable dévouement, leur patience et leur compétence.

Dans un contexte historique de violence, d’indifférence et d’égoïsme, beaucoup d’hommes et de femmes de notre temps se sentent égarés. C’est justement par le témoignage commun de la vérité de l’Évangile que nous pourrons aider l’homme de notre temps à retrouver le chemin qui le conduit à la vérité. La recherche de la vérité, en effet, est toujours aussi recherche de la justice et de la paix, et c’est avec grande joie que je constate l’important engagement avec lequel Sa Sainteté Bartolomeo se dépense pour ces sujets. Dans cette intention qui nous est commune, et me souvenant du bel exemple de mon prédécesseur, le Bienheureux Jean Paul II, j’ai voulu inviter les frères chrétiens, les représentants des autres traditions religieuses du monde et des personnalités du monde de la culture et de la science, à participer, le 27 octobre prochain dans la ville d’Assise, à une Journée de réflexion, de dialogue et de prière pour la paix et la justice dans le monde, qui aura comme thème : « Pèlerins dans la vérité, pèlerins dans la paix ». Cette marche commune dans les rues de la ville de Saint François sera le signe de la volonté de continuer à parcourir le chemin du dialogue et de la fraternité.

Éminence, chers membres de la Délégation, vous remerciant une fois encore de votre présence à Rome dans cette circonstance solennelle, je vous demande de transmettre mon salut fraternel à mon vénérable frère le Patriarche Bartolomeo Ier , au Saint Synode, au clergé et à tous les fidèles du Patriarcat OEcuménique, les assurant de mon affection et de la solidarité de l’Église de Rome, qui aujourd’hui est en fête pour ses Saints fondateurs.


REMISE DU « PRIX RATZINGER » Salle Clémentine Jeudi 30 juin 2011

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Discours 2005-2013 1295